Nouveau Samaritain

Il n’est pas besoin d’être de confession chrétienne pour connaître l’histoire du Bon Samaritain. Rappelons-la tout de même. Un homme,…

Il n’est pas besoin d’être de confession chrétienne pour connaître l’histoire du Bon Samaritain. Rappelons-la tout de même. Un homme, d’une ethnie décriée (on pourrait dire de caste ou encore d’une minorité marginalisée, bref tous ces termes contemporains pour désigner ceux que nous excluons pour leurs origines) – cet homme donc, porte secours à un inconnu, trouvé blessé sur la route : des bandits l’ont agressé, frappé et dépouillé de tous biens. L’homme, le Samaritain, s’arrête et lui porte assistance, au détriment de son propre parcours, qui devait le mener vers des obligations importantes. Il paie pour lui une chambre d’hôtel, lui prodigue des soins et le, lendemain, part sans se faire connaître. Juste faire le bien et continuer sa route. Peu importe à qui, peu importe comment, faire ce qu’il faut, au moment où il le faut, sans chercher de récompense.

Cette récompense peut être simplement le sentiment d’être utile à autrui, la satisfaction de voir le soulagement ou le bonheur apparaître sur le visage de l’autre. Cela s’appelle l’altruisme. Normalement. Car, aujourd’hui, faire du bien à autrui c’est d’abord se valoriser soi-même. On s’empresse alors de convoquer la presse, de produire des rapports et des images qui montrent ce qui, la plupart du temps, n’est que baume sur les plaies, sans toucher la racine du mal. Difficile aujourd’hui, à l’heure des téléphones intelligents et d’Instagram, de faire du bien dans l’anonymat. Faut-il pour autant renoncer le faire ? Se taire et regarder la souffrance et la misère prospérer ? De chez nous, à Bambara Maoude, où l’on viole sans vergogne, à là-bas, en Birmanie, où l’on brûle les visages, se détourner, comme ceux qui avaient croisé le blessé avant le Samaritain ?

L’indifférence des justes est le pire des péchés de notre ère. Faisons naître une nouvelle race de Samaritains.