Tout est dans le petit laps de temps qui les sépare. L’après où rien ne sera jamais plus comme avant. C’est un peu comme avant cette mi-novembre. L’esclavage existait et on faisait du trafic d’êtres humains en Libye. Et puis il y a l’après. L’esclavage existe toujours et on fait toujours du trafic d’êtres humains en Libye. Rien n’a changé et pourtant rien ne sera jamais plus comme avant. Parce que dans ce laps de temps, la chaine américaine CNN a diffusé des images qui rendent incontournable une réalité qui choque les plus endurcis : des personnes sont vendues. Nous sommes en 2017.
Vive le pouvoir des médias ! Vive les réseaux sociaux qui ont relayé massivement ces images et porté la légitime colère de Claudy Siar et Alpha Blondy qui ont enjoint les chefs d’État africains à prendre leurs responsabilités. Les citoyens manifestent comme au Mali lundi dernier, la Libye a ouvert une commission d’enquête et plusieurs de ses ambassadeurs ont été convoqués. Chacun, à son niveau s’insurge en affichant un profil « contre l’esclavage » sur Facebook. Nous voilà rassurés, cette situation d’un autre âge ne va pas perdurer.
Nous sommes surtout rassurés sur le fait que l’on ne pourra plus détourner les yeux. Car qui ose dire qu’avant ce reportage on ne savait pas ? Qui ose dire qu’avant on ignorait ce que subissaient les migrants sur la route de l’Europe ? Les tortures pour extorquer de l’argent aux familles, les viols, les détentions d’un lieu à un autre ? On ne peut oublier la campagne « Be aware, Brother » il y a quelques mois. Dans une vidéo minimaliste, des migrants racontaient leur calvaire en terre libyenne. Ils évoquaient déjà le fait d’avoir été vendus.
CNN n’a ouvert les yeux de personne, sauf ceux des hypocrites. Seulement maintenant, on ne peut plus regarder ailleurs.