L’esclavage de l’ignorance

Y a-t-il plus grande faiblesse que de ne posséder suffisamment de savoir pour se faire sa propre opinion, pour comprendre…

Y a-t-il plus grande faiblesse que de ne posséder suffisamment de savoir pour se faire sa propre opinion, pour comprendre le monde, si ce n’est dans son ensemble du moins selon un prisme suffisamment large, pour appréhender, vivre et méditer sa propre religion, pour déconstruire les beaux discours et mettre à jour l’envers du décor et le marionnettiste ? N’y a-t-il pas plus grande aliénation que celle d’ignorer et de confier à d’autres le soin de nous guider ?

Le savoir est une arme. Une phrase tant utilisée qu’elle est usée jusqu’à la trame. Mais si on y apporte quelques précisions, on peut lui donner toute sa dimension. Car oui, le savoir est une arme de libération individuelle et collective. L’instruction est le socle que tout citoyen doit acquérir à l’école. Une école de qualité, exigeante, performante et accessible à tous sur l’ensemble du territoire national est un devoir de l’État. L’école de la République doit nous fournir les outils nécessaires à l’acquisition de la connaissance. Mais la recherche de cette connaissance nous appartient. À chacun d’entre nous. Remettre en cause ce qui nous est livré comme une vérité, aller à la source, confronter les avis et surtout les arguments. Chacun de nous doit et peut s’accaparer la liberté du savoir, qu’il soit historique, politique, religieux ou économique.

« L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère ! », a dit l’ancien président burkinabè Thomas Sankara. Lisons, cherchons, soyons curieux et critiques en toutes circonstances, intéressons-nous, faisons connaissance, informons-nous, regardons derrière le miroir, apprenons chaque jour ce que nous ignorons, car seul le savoir fait de nous des hommes.