Liberté d’expression et dérapages

  L’affaire Ras Bath en interpelle plus d’un. Ce jeune activiste, réputé pour ses diatribes sur les antennes radio à…

 

L’affaire Ras Bath en interpelle plus d’un. Ce jeune activiste, réputé pour ses diatribes sur les antennes radio à l’encontre de certaines personnalités bien ciblées, a été mis en examen pour « atteinte aux mœurs et injures publiques à caractère sexuel », qu’il aurait proférées contre le prêcheur Bandiougou Doumbia. Il n’en fallait pas moins pour mettre le feu aux poudres. Des centaines de jeunes regroupés mercredi matin devant le tribunal de la Commune IV, où il devait comparaitre, ont incendié des véhicules, entraînant une riposte des forces de l’ordre, et la mort de plusieurs manifestants. Le moment venu, on l’espère, la justice désignera les responsables de ce nouveau drame, comme elle l’a déjà promis après les événements de Gao, qui datent de juillet.

D’ici là, certains doivent s’interroger sur leur rôle. Au premier rang desquels Ras Bath lui-même. Certes il a le droit de bénéficier de sa liberté d’expression, comme chaque citoyen. Mais il a aussi le devoir de rendre des comptes, lorsque la justice le lui demande, comme n’importe quel justiciable, et sans pour autant que cela n’aboutisse à des débordements orchestrés par ses partisans. Après lui, les politiciens qui commanditent ses réquisitoires médiatisés devraient entamer un véritable examen de conscience, et se demander s’ils n’ont pas là créé une bête qui finira par leur échapper. Quant au ministre Mohamed Aly Bathily, en charge des Affaires foncières, on l’imagine bien mal à l’aise devant les dommages causés par l’interpellation de son fils. Les prochains échanges autour de la table du Conseil des ministres risquent d’être houleux, surtout quand il s’agira d’expliquer pourquoi Ras Bath a été interpellé puis emmené dans un camp de gendarmerie, pour une simple plainte de droit commun.