L’opium du peuple

À Bastia (France), le dimanche 16 avril, un match opposant l’équipe corse à l’Olympique lyonnais a dû être interrompu suite…

À Bastia (France), le dimanche 16 avril, un match opposant l’équipe corse à l’Olympique lyonnais a dû être interrompu suite au déferlement sur le terrain des supporteurs et stadiers locaux, qui s’en sont pris violemment aux joueurs de Lyon. La même semaine, le bus du Borussia Dortmund fut attaqué le mardi et les supporteurs du Besiktas Istanbul et de l’Olympique lyonnais (décidément !) se sont affrontés le jeudi. Grave. Affligeant. Mais il y a pire. Un mort et quelques blessés. C’est le bilan des affrontements entre supporteurs qui ont eu lieu lundi 24 avril à Heremakono, le centre d’entrainement du Djoliba AC, qui portait bien mal son nom ce jour-là. Des causes ayant généré ce conflit, faisons fi. Car ce que l’on ne peut s’empêcher de voir dans ces manifestations d’une violence sans nom, c’est l’aveuglement, la projection d’échecs et de frustrations collectives ou personnelles sur… un sport. C’est évidemment une bonne chose de soutenir de toutes ses forces un club ou son équipe nationale. Mais n’est-on pas capable de raisonner et de s’impliquer à la mesure des enjeux ? Un ballon vaut-il la vie d’un homme ? Si mon équipe bat la tienne, vais-je mieux manger demain ? Cela assurera-t-il un progrès social à mon pays, des emplois, un meilleur accès aux services publics ? De même, en regardant manifester ceux qui ont défilé cette semaine et la précédente pour protester contre la suspension du Mali aux  différentes compétitions internationales de football, l’on ne peut que remarquer qu’un mois de suspension des services de santé n’ont pas provoqué le moindre engagement citoyen pour résoudre la crise. Remettons les choses à leur place. Passionnons-nous pour le sport, pour l’enthousiasme et la joie indicible qu’il nous procure, pour la cohésion nationale qu’il suscite parfois, mais prenons garde à ce que le sport ne nous déshonore.