Ramata…

C’était son nom, à ce petit bout de femme qui venait de s’ouvrir à la vie. Elle s’appelait Ramata et…

C’était son nom, à ce petit bout de femme qui venait de s’ouvrir à la vie. Elle s’appelait Ramata et elle dormait, comme des millions d’autres comme elle au même moment. Ramata, souffle de vie, de joie, d’espoir, à jamais éteint. Ramata, la petite de Fana.

Ramata, elle ne lira jamais les « RIP » et les publications outrées que nous avons  faites le matin où nous avons appris l’horreur qui avait frappé ses parents. Elle n’entendra jamais les murmures des mères, le souffle coupé, s’imaginant à la place de la sienne. Elle ne verra jamais le courroux des pères, serrant les dents pour ne pas hurler devant les photos de son corps que nous avons  partagées.

Petite tête rousse, tu ne verras plus le soleil se lever sur la petite maison où tes rires sont à jamais éteints. Pourquoi ? Pourquoi ? Qui ose poser cette question ? Lequel d’entre nous ? Nous qui avons décidé qu’autrui n’avait de prix que selon ce qu’il nous rapportait ? Nous qui crions le nom de Dieu et ne nous fions qu’à Ses ( ?) saints ? Nous qui ne donnons à nos enfants comme valeurs que celles de l’argent et de la « réussite » selon les hommes ? Nous qui…

Hurlons, crions, indignons-nous, le temps d’une journée sur Facebook et continuons à construire notre monde fou, qui tue ses enfants pour se nourrir de leur sang, qui envoie dans la tête de gamins jeteurs de pierre des balles perçantes tirées de fusils ultrasophistiqués, du haut d’un toit… Elles sont nombreuses les petites Ramata dont le sort ne nous intéresse pas quand nous donnons la pièce qu’elles partageront avec leur jumelle, ou quand nous crions leur nom pour venir torcher nos enfants, les nôtres…

Ramata… Ramatoulaye. Par la grâce de Dieu, pardonne-nous et repose en paix.