Égypte : Ahmed Chafik se retire de la course à la présidentielle

L’ancien Premier ministre faisait figure de sérieux concurrent au chef de l’État, Abdel Fattah al Sissi, dans l’hypothèse où ce dernier se porte candidat à sa propre succession.

C’est sur Twitter qu’Ahmed Chafik a fait savoir sa décision. L’ex chef de l’exécutif égyptien, de retour de son exil des Émirats arabes unis, avait exprimé son souhait de briguer la présidence.

 

« J’ai vu que je n’étais pas la personne idéale pour diriger le pays dans la période à venir », affirme l’ancien Premier ministre pour justifier sa décision.

À la tête de l’exécutif sous la présidence d’Hosni Moubarak lors du soulèvement populaire de 2011, Ahmed Chafik s’est présenté à la présidentielle qui a finalement vu Mohamed Morsi, candidat islamiste des Frères musulmans à la tête du pays, en 2012. Il s’était exilé aux Emirats arabes unis où il vivait depuis. En plus de ce parcours politique, M. Chafik est en ancien général de l’armée de l’air.

Rentré en Égypte, en décembre dernier, suite à son expulsion des Émirats arabes unis, Ahmed Chafik a donné des raisons sur son retrait à la course à la présidence. « Mon absence pendant plus de cinq ans a sans doute mis une distance avec ma capacité à suivre de très près ce qui se passait dans notre pays en termes de développements et d’accomplissements en dépit des conditions difficiles », déclare-t-il dans un communiqué.

« Je vois que je ne serais pas la personne idéale pour diriger les affaires de l’État dans la période à venir. En conséquence, j’ai décidé de ne pas être candidat à la prochaine élection présidentielle de 2018 », poursuit-il.

 

Le pape en Egypte pour un voyage « d’unité et de fraternité »

Le pape François a entamé vendredi une visite de deux jours en Egypte, un voyage pour « l’unité » et « la fraternité », selon le pontife venu apporter son soutien à la minorité chrétienne cible d’attaques djihadistes.

Placée sous haute sécurité, la visite éclair du pontife argentin, la première dans le plus peuplé des pays arabes, intervient trois semaines après deux attaques contre des églises coptes orthodoxes qui ont fait 45 morts et ont été revendiquées par le groupe Etat islamique (EI).

« C’est un voyage d’unité et de fraternité. Moins de deux jours, mais très intense », a dit le pape aux journalistes dans l’avion l’emmenant au Caire.

« Il y a une attente spéciale du fait que l’invitation est arrivée du président de l’Egypte, du patriarche des coptes catholiques et du grand imam d’Al-Azhar », a-t-il ajouté.

Aussitôt après son arrivée, le pape François doit se rendre au palais présidentiel pour un entretien privé avec le président Abdel Fattah al-Sissi. Il doit aussi rencontrer le pape copte orthodoxe Tawadros II et le grand imam d’Al-Azhar, cheikh Ahmed al-Tayeb.

« Cette rencontre sera déjà un exemple et un modèle de paix parce que précisément ça sera une rencontre de dialogue », a dit le pape au sujet de son rendez-vous avec le grand imam.

La visite vise en effet à réchauffer les relations entre Al-Azhar et le Vatican, qui s’étaient crispées après des propos controversés en 2006 du pape Benoît XVI semblant associer islam et violence.

Menace omniprésente

Le long du parcours que doit emprunter François au Caire, des affiches géantes montrant le pontife sur fond de pyramides, lui souhaitaient la « bienvenue », en anglais et en italien.

Les abords de la Nonciature apostolique, où le pape doit séjourner, étaient fermés à la circulation et sous la garde d’une forte présence policière et militaire.

Près de la cathédrale, siège de l’église orthodoxe copte, des blindés étaient stationnés.

Et toutes les églises d’Egypte ont été placées sous haute surveillance dans la crainte d’un attentat durant le voyage du pape.

Les djihadistes se sont engagés à multiplier les attaques contre les coptes, majoritairement orthodoxes, qui représentent environ 10% des 92 millions d’Egyptiens.

En décembre, un attentat suicide revendiqué par l’EI avait déjà fauché 29 personnes dans une église copte du Caire, où François se recueillera en fin de journée avec Tawadros II.

Communauté chrétienne la plus importante en nombre du Moyen-Orient, les Coptes orthodoxes d’Egypte se disent victimes de discriminations de la part des autorités et de la majorité musulmane.

Mais M. Sissi a été le premier président égyptien à se rendre à la messe de Noël à la cathédrale copte du Caire. Il jouit d’une forte popularité au sein de la communauté depuis qu’il a destitué son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi en 2013.

Dégel

Le voyage de François est le deuxième d’un pape en Egypte contemporaine, après celui de Jean-Paul II en 2000, qui avait également rencontré le cheikh d’Al-Azhar.

Vieille de presque mille ans, l’institution sunnite s’oppose au djihadisme inspiré du salafisme rigoriste dominant en Arabie saoudite.

Mais Al-Azhar est également au cœur d’une lutte entre les autorités politiques et religieuses, depuis que M. Sissi fait campagne pour des réformes visant à éradiquer le discours extrémistes de la sphère religieuse.

L’institution religieuse a par exemple refusé d’amender la pratique islamique des divorces prononcés de manière orale.

L’institution cairote avait gelé ses relations avec le Vatican lorsque Benoît XVI avait appelé spécifiquement à protéger les chrétiens après un attentat suicide meurtrier contre une église copte.

Mais en mai 2016, le pape François avait reçu l’imam Ahmed al-Tayeb, une rencontre qui avait constitué le point culminant d’un rapprochement rapide entre le Saint-Siège et Al-Azhar.

Depuis son élection en 2013, Jorge Bergoglio, désireux de promouvoir la paix, multiplie les gestes d’ouverture envers les musulmans, au point de déconcerter parfois certains chrétiens.

Il s’est rendu dans des mosquées, a lavé à Pâques les pieds de migrants musulmans ou encore ramené à Rome à bord de son avion trois familles syriennes musulmanes lors d’un déplacement sur l’île grecque de Lesbos.

Le chef spirituel de près de 1,3 milliard de catholiques célébrera samedi une messe dans un stade militaire de la banlieue du Caire pour la très minoritaire communauté catholique égyptienne, 272.000 fidèles de différents rites, déterminés à lui offrir un accueil mémorable.

Trump – Al-Sissi : Une rencontre pour renforcer les liens

Le président américain Donald Trump accueille lundi son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, avec la volonté affichée de renforcer les liens et de mettre en sourdine les critiques sur les droits de l’homme de l’administration Obama.Pour l’homme fort de l’Egypte, qui fut l’un des premiers à féliciter chaleureusement le républicain lors de sa victoire surprise, le tête-à-tête dans le Bureau ovale aura une saveur particulière; il n’avait jamais été invité à la Maison Blanche par son prédécesseur démocrate. Le magnat de l’immobilier et l’ancien général, qui n’ont pas prévu de conférence de presse commune, s’étaient déjà rencontrés à New York en septembre, lorsque la campagne battait son plein.

Donald Trump n’avait alors pas tari d’éloges sur son interlocuteur: « C’est un type fantastique. Il a pris le contrôle de l’Egypte, vraiment pris le contrôle ».

L’administration Trump loue aujourd’hui avec force celui qui dirige l’Egypte d’une main de fer, saluant ses « mesures courageuses » dans le domaine économique et dans la lutte contre le terrorisme.

La lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), mais aussi la façon dont la Maison Blanche entend esquisser des propositions sur le conflit israélo-palestinien, devraient être au coeur des discussions.

Mais la rencontre donnera aussi de précieuses indications sur la façon dont le nouveau occupant de la Maison Blanche entend aborder la question des droits de l’homme avec des dirigeants montrés du doigt sur ce thème.

Indignation des ONG 

Son équipe a déjà donné une indication: ce sera de façon « privée et discrète ». « Nous pensons que c’est la façon la plus efficace d’aborder ces sujets », a indiqué un responsable américain.

Cette approche a provoqué l’indignation des ONG de défense des droits de l’homme.

« Inviter M. Sissi pour une visite officielle à Washington au moment où des dizaines de milliers d’Egyptiens croupissent en prison et où la torture est de nouveau à l’ordre du jour est une étrange façon de bâtir une relation stratégique stable », a estimé Sarah Margon, responsable de Human Rights Watch dans la capitale fédérale américaine.

L’administration Obama avait gelé son aide militaire à l’Egypte en 2013 après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi et la répression sanglante de ses partisans.

Mais le rôle incontournable de l’Egypte, le plus peuplé et le mieux armé des pays arabes, avait poussé la Maison Blanche à infléchir sa position et à reprendre les livraisons d’armes lourdes en 2015.

Les Etats-Unis allouent chaque année environ 1,5 milliard de dollars d’aide à l’Egypte, dont 1,3 milliard dans le domaine militaire.

La Maison Blanche, qui vient de lancer un débat budgétaire qui s’annonce houleux sur fond de réduction drastique de l’aide internationale, a promis de maintenir un niveau d’aide « fort » à l’Egypte. Mais ne s’est engagée sur aucun chiffre.

La nouvelle administration républicaine serait-elle prête à désigne la confrérie des Frères musulmans de Mohamed Morsi comme une « organisation terroriste » ?

« Le président souhaite entendre la position du président Sissi sur le sujet », a répondu, prudent, un haut responsable américain avant la visite. « Comme d’autres pays, nous avons des inquiétudes concernant diverses activités des Frères musulmans dans la région ».