Le Premier Ministre s’est rendu à Soumpi

Cette petite bourgade de la région de Mopti est l’épicentre de l’influence du prédicateur radical Amadou Kouffa, leader de la Katiba Macina et membre de l’engeance terroriste qui réunit plusieurs autres groupes terroristes de la zone. Important dispositif militaire et attentes immenses des populations sont les symboles de cette visite inédite d’un chef de gouvernement dans le village.

Rester debout

C’est le lundi 6 novembre que la visite du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga était prévue dans les localités de Niafunké et Soumpi. Mais les attaques contre les forces de sécurité et les civils, qui ont coûté la vie à une dizaine de personnes pour cette seule journée dans la région, ont obligé une révision de l’agenda. Il faut rappeler qu’Abdoulaye Idrissa Maïga effectue une tournée au centre et au nord du Mali depuis le vendredi 3 novembre, prenant fin ce mardi 7 novembre. Kouakourou, Teninkou, Youwarou, dans la région de Mopti, ont été parmi les temps forts de cette mission qui avait pour objectif de rassurer les populations du soutien des autorités maliennes face à  l’insécurité chronique à  laquelle elles sont confrontées.

Soumpi, à 40 km de Niafunké, région de Tombouctou. Lundi 06 novembre, un véhicule de l’armée saute sur une mine provoquant trois blessés graves. Le Premier ministre sur place le lendemain veut réconforter les troupes et porter un  message de fermeté vis-à-vis des terroristes. Arrivé sur place à 7h, M. Maïga s’est rendu sur la base de vie de la SATOM où un briefing lui a été présenté par le comandant de GTIA El Farouk, le Colonel Dembélé. La dernière étape de la tournée a été Niafunké, également sous la menace des djihadistes. Le Premier ministre y a eu un échanges avec les populations sur les préoccupations du cercle. Il les a exhortées à « rester debout ».

 

Primature : Conversation avec les internautes reportée

Prévue initialement le mercredi 25 juillet à 15 heures, la conversation du Premier ministre avec les internautes sur le réseau social Facebook a été reportée à une date ultérieure.

Pas question de l’annuler, précise la communication de la Primature qui annonce un prochain rendez-vous dans les jours à venir. Le « tchat » inédit entre le Premier ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga et les Maliens devrait permettre au premier d’évoquer sa vision de la situation socio-politique au Mali et aux derniers de lui poser toutes les questions les intéressant sur les sujets d’actualité.

Après une déclaration liminaire du Premier ministre, la parole sera donc donnée aux internautes, « sans restriction mais dans le respect, pendant une heure ou deux», assure la communication de la Primature.

Utiliser tous les vecteurs pour amplifier et améliorer la communication gouvernementale, c’est le sens de cette initiative inédite prise par la Primature. Les réseaux sociaux en particulier sont le cadre de prédilection des Maliens pour exprimer et échanger leurs opinions, un cadre dont sont pour le moment plutôt absentes les institutions de la République, qui les utilisent plus comme un canal de promotion plutôt que comme un outil de communication avec le public.

DPG : Les députés donnent le feu vert à Abdoulaye Idrissa MAÏGA

Déposée le 12 juin dernier sur la table de l’Assemblée nationale, la déclaration de politique générale du premier ministre a été adoptée après une journée marathon ce jeudi 13 juin. Votée à 108 voix pour, 35 contre et zéro abstention.

Confiance et vigilance Le gouvernement d’Abdoulaye Idrissa MAÏGA, bénéficie donc de la confiance de sa majorité. Une confiance qui n’exclut cependant pas le contrôle, pourrait-on dire. Car la majorité exhorte le gouvernement à fournir davantage d’effort pour juguler l’insécurité bien présente dans le pays

Malgré leur soutien massif à la politique du gouvernement, certains membres de la majorité se posent encore de nombreuses questions. Notamment sur le plan sécuritaire. L’honorable CISSE Aïssata HAÏDARA souhaite par exemple savoir ce que la MINUSMA fait pour aider les FAMA à assurer la sécurité, ou encore les critères d’embauche des membres du MOC (Mécanisme opérationnel de Coordination). Si la DPG (Déclaration de Politique Générale) « prend en compte toutes les attentes des populations » selon les termes de l’honorable DIARASSOUBA du parti au pouvoir, certaines insuffisances sont relevées par le porte-parole du groupe APM, soutien de la majorité. Il pointe notamment l’absence dans la déclaration de la question du découpage administratif.

Une déclaration inefficace Refusant de donner son quitus à ce document qui ne répond pas du tout aux questions essentielles, l’opposition juge le gouvernement illégitime car ne respectant pas la loi sur la parité.

L’honorable Amadou MAÏGA du groupe VRD s’interroge aussi sur la mission de bons offices censée se rendre à Kidal le 30 juin prochain. Il interpelle par la même occasion le gouvernement sur le projet d’alimentation en eau potable de la ville de Bamako à partir de Kabala. Il s’interroge sur le coût et la durée des travaux car « nous ne sentons pas l’amélioration sur la vie des citoyens de Bamako en eau potable ».

Pour l’honorable Mody NDIAYE, président du groupe VRD, cette déclaration ne répond pas aux aspirations des populations et les mesures préconisées pour aboutir à la paix sont tout simplement « illusoires ». Il fustige l’inefficacité des outils utilisés et une mise en œuvre inefficiente de la loi de programmation militaire malgré les moyens colossaux consentis.

Dans sa réponse, le premier ministre Abdoulaye Idrissa MAÏGA, tout en reconnaissant la situation sécuritaire difficile au centre et au nord du Mali, s’est voulu rassurant. Il affirme que tout est mis en œuvre pour une bonne organisation du référendum du 09 juillet prochain sur toute l’étendue du territoire. Toutes les forces de sécurité seront mobilisées, a-t-il promis. L’armée sera à Kidal d’abord sous forme de MOC et le processus de DDR se poursuivra. Le premier ministre a aussi promis, la création de l’académie de Douentza en 2018, et le retour des trains voyageurs dans 07 mois.

Crise du Football : enfin un accord

Les deux parties protagonistes dans la crise du football, Boubacar Baba Diarra et Mamadou Dipa Fané, ont signé un protocole d’accord hier soir après plusieurs jours de négociation initiées par Abdoulaye Idrissa Maïga, nouveau chef de gouvernement.

L’information est officielle depuis hier soir, Boubacar Baba Diarra et Mamadou Dipa Fané respectivement président de la Fédération malienne de football (Femafoot) et président des ligues et clubs majoritaires (CLCM) ont échangé la poignée de main tant attendue. Un acte qui met donc fin à la plus grande crise du football de l’histoire du Mali. Abdoulaye Idrissa Maïga, nouveau Premier ministre accompagné de quelques membres de son gouvernement notamment Amion Guindo, ministre des Sports et Abdel Karim Konaté, porte-parole du gouvernement ont réussi là où plusieurs personnalités ont échoué. Une nouvelle page s’ouvre donc pour le football malien.

Quid de l’accord ? Le protocole d’accord signé entre les deux hommes prend en compte plusieurs aspects de la crise. Les plus importants sont les suivants : les sanctions liées à la crise et qui pèsent toujours sur certains membres du CLCM sont levées depuis hier soir, soit à partir de la date de signature. Par ailleurs, les deux parties s’engagent à suspendre toutes les actions et recours judiciaires au niveau national et international. Le gouvernement quant à lui s’engage à son tour à annuler la décision de dissolution du comité exécutif de la Femafoot et celle de la mise en place du comité provisoire de normalisation du football (CONOR). Précisons que l’accord prévoit que Boubacar Baba Diarra saisit la FIFA ce vendredi 28 avril pour lui notifier la décision prise par le gouvernement. Une Assemblée Générale sera convoquée par Boubacar Baba Diarra pour la mise en place du comité de normalisation.

Pour finir, il sera procédé à la nomination d’un nouveau Secrétaire Général et de son adjoint au plus tard le 5 mai prochain.

 

Nouveau gouvernement : les dernières cartes d’IBK ?

Le film du mandat d’Ibrahim Boubacar Keïta, pourrait être raconté comme une histoire qui redémarre continuellement. La constitution du nouveau gouvernement, autour du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga, le 4è depuis septembre 2013, marque ainsi une nouvelle étape, avec l’objectif de mettre en branle la machine gouvernementale pour répondre aux attentes des Maliens et de faire face aux nombreux défis auxquels le pays est confronté. Principale nouveauté : le PM est issu du parti majoritaire, le Rassemblement pour le Mali, alors que jusqu’ici, le président avait choisi son chef de gouvernement parmi des personnalités de la société civile, ou au sein de partis minoritaires. Cela suffira-t-il pour satisfaire une opinion publique impatiente, voire désabusée ?

C’est le mardi 4 avril, sous la pression de son parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM) qui menaçait de déposer une motion de censure à l’Assemblée nationale, que le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a accepté la démission de son Premier ministre, Modibo Keïta. Ce dernier était entré à la Primature 2 ans et 3 mois plus tôt, en remplacement de Moussa Mara, ouvertement en conflit avec plusieurs membres de son gouvernement, et à l’origine du drame de Kidal en mai 2014, où plusieurs civils avaient perdu la vie, avant que l’armée malienne ne soit mise en déroute par les mouvements rebelles.

Un départ attendu « Modibo Keïta a parfaitement compris la psychologie du président, mais l’inverse n’est pas vrai », se lamentait un cadre du parti majoritaire, tant ce dernier parvenait, contre toute attente, à se maintenir au poste de Premier ministre, alors que son départ était régulièrement annoncé pour redynamiser l’action gouvernementale. Grand de taille, adepte des discours grandiloquents, « il savait mieux que quiconque dire et agir pour plaire à un président lassé d’entendre des mauvaises nouvelles », commente un collaborateur de la présidence de la République, sous couvert d’anonymat. Bien qu’ayant lui même annoncé lors de sa prise de fonction, et plusieurs fois ensuite, « qu’il ne se sentait pas à sa place et qu’il devait partir pour laisser place à l’action politique », dans les faits, « Modibo semblait avoir pris goût à la fonction », affirme la même source. Il n’avait pas la force de s’attaquer aux problèmes du pays, commente Lamine Doumbia, cadre de banque, pour qui l’ancien PM était discrédité depuis la révélation en 2015 de l’attribution de logements sociaux à ses proches, mais avait pourtant su écarter ses rivaux trop ambitieux. Désormais de nouveau retraité, « Missié », comme le surnommaient certains de ses ministres pour moquer son style professoral, peut mettre à son actif la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation, en mai et juin 2015. Mais les difficultés de son application, le lancinant problème d’insécurité dans le septentrion, et l’absence de l’État de plus en plus ressentie dans le centre du pays, atténuent largement ce bilan. Sans parler des grèves dans les secteurs de la justice, de la santé et de l’enseignement supérieur, ainsi que du bras de fer avec les Maliens de France à la fin 2016, qui ont contribué à « mettre à nu les carences du gouvernement, le manque de cohésion au sein de l’équipe, et souvent obligé IBK à monter en première ligne », souligne un éditorialiste malien. En définitive, le bilan est plutôt en demi teinte, et Modibo Keïta, tout comme lors de son premier passage à la Primature en 2001, ne laissera sans doute pas un souvenir impérissable dans les annales de l’action gouvernementale.

Douche froide Si les caciques du RPM, à l’image de Nancouma Keïta, vice président du parti et ancien ministre, se réjouissaient à l’annonce de la nomination d’Abdoulaye Idrissa Maïga, le samedi 8 avril, que « le fait majoritaire soit enfin respecté », la composition du gouvernement dévoilé le 11 avril semble avoir quelque peu douché l’enthousiasme. Avec 10 portefeuilles dans l’équipe sortante, les personnalités se revendiquant du parti majoritaire ne sont désormais plus que 7 sur 35, sans compter le Premier ministre. Des figures du parti on en effet été limogées, telles qu’Oumou Ba, vice présidente, qui occupait le poste de ministre de la Promotion de la femme depuis 2013, Ousmane Koné, également vice président, ancien ministre du Logement, dont c’était la 3è affectation après la Santé et l’Environnement, et enfin Mahamane Baby, ancien président de la jeunesse du RPM, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle depuis le début du mandat. Maître Baber Gano, secrétaire général du parti depuis le congrès d’octobre 2016, est le seul à faire son entrée au gouvernement, en tant que ministre des Transports. Un poste qui apparaît comme un lot de consolation, car amputé du stratégique secteur de l’équipement, toujours détenu par Seynabou Diop. Alors que d’aucuns attendaient un gouvernement de combat pour préparer la réélection d’IBK en 2018, ils ont hérité d’un « gouvernement Modibo sans Modibo », avec les 2/3 des membres restés en fonction, et où le RPM n’hérite d’aucun poste régalien. Par ailleurs, ce remaniement ministériel a dévoilé des tensions toujours persistantes au sein du parti majoritaire, dont l’absence du président, le Dr Bokary Treta, pendant toute la séquence, en dit long. « Treta ne s’est pas donné la peine de rentrer de Paris, où il s‘était rendu en voyage privé, sans doute par défiance envers le nouveau Premier ministre qu’il considère comme son rival » au sein du parti, témoigne un militant membre du Bureau politique national. La fronde des députés RPM ne semble donc pas avoir porté ses fruits. Et l’attribution de l’Administration territoriale, à 15 mois de l’élection présidentielle, à Tièman Hubert Coulibaly, président de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD), un parti membre de la majorité présidentielle, en lieu et place de Mohamed Ag Erlaf, militant RPM désormais en charge de l’Éducation, ne fera qu’aggraver le malaise.

Équilibres ? En outre, la majorité présidentielle n’est représentée que par 6 partis : l’ADEMA, le RPM, l’UM-RDA, l’UDD, le MODEC de Konimba Sidibé et le PS-Yelen Coura d’Amadou Goïta, au grand dam des quelques soixante autres membres de la Convention de la majorité présidentielle (CMP), qui espéraient bénéficier de la proximité des prochaines échéances électorales pour intégrer l’équipe gouvernementale. C’est donc un paradoxe : la société civile, dont le symbole est le nouveau ministre de la Défense, Tiena Coulibaly, est majoritaire au sein du gouvernement Maïga avec 19 membres. Autre grande tendance, les ressortissants des communautés du Nord sont représentés par au moins 10 personnalités, ce qui ne manquera pas de faire grincer des dents, comme l’explique le journaliste écrivain Adam Thiam (voir page 5), alors qu’après le départ de Marie-Madeleine Togo, qui paie la grève dans les hôpitaux, et de Barthélemy Togo, il ne reste plus aucun représentant de la communauté chrétienne. Autre point notoire, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), l’ancienne rébellion, a refusé de faire son entrée au gouvernement, alors que la Plateforme y a deux représentants. Quant aux femmes, malgré la promesse qu’IBK leur a faite à l’occasion du 8 mars dernier, elles sont encore loin de représenter 30% de l’effectif, et ne comptent que 8 femmes représentantes, soit 23%. « Si la première institution du pays ne respecte pas la loi, qui d’autre va le faire ? », s’interroge un journaliste, faisant allusion à la loi sur les quotas qui prévoit 30% de femmes dans les postes nominatifs et électifs.

La patte IBK Constitué dans le cadre de tête-à-tête entre le président IBK et le nouveau Premier ministre, le gouvernement porte clairement la touche présidentielle. Le souhait d’Abdoulaye Idrissa Maïga de garder le portefeuille de la Défense et d’y nommer l’un de ses proches en tant que ministre délégué lui a été refusé, tout comme l’intégration et le maintien de certains cadres du RPM. Mais il a néanmoins obtenu le retour de Tièman H. Coulibaly, son prédécesseur à la Défense. L’arrivée de Maître Tapo (Droits de l’Homme et Réforme de l’État, compagnon de l’ADEMA des années 1990), d’Oumou Touré (Promotion de la femme), d’Arouna Modibo Touré, dit « Papou » (Économie numérique et Communication) et de Taher Dravé, témoigne que « ce gouvernement est surtout constitué de proches du président et de son entourage », affirme, frustré, un ministre recalé de la nouvelle équipe. « La plupart des collaborateurs de la présidence, y compris le secrétaire général, Soumeylou Boubeye Maïga, ont été tenus à l’écart de la constitution de l’équipe. Résultat, on assiste à de nouveaux saucissonnages et à un « turnover » sans précédent, comme à la Défense ou à la Communication, qui connaissent leur 5è titulaire en moins de 4 ans ! », ajoute-t-il. Le principal enseignement à tirer de cette séquence serait « le manque de perméabilité du président IBK aux pressions politiques, et dont le mode de désignation aux hautes fonctions est davantage basé sur l’affectif et les liens personnels », estime un diplomate ouest-africain en poste à Bamako.

Dans ce contexte, avec une équipe qui porte très peu sa touche, Abdoulaye Idrissa Maïga aura-t-il les marges de manœuvre pour agir ? C’est la question sur toutes les lèvres. Gestion des grèves dans les hôpitaux et au niveau de l’éducation, insécurité, instabilité dans le centre du pays, crise du football malien, application de l’accord pour la paix, etc, les défis ne manquent pas. Connu pour sa pigne, voire son intransigeance, ce natif de Gao est déjà sous pression, car la réaction plus que mitigée de l’opinion publique à l’annonce du nouveau gouvernement laisse présager qu’il n’aura pas d’état de grâce. Le président IBK joue sans doute ses dernières cartes pour améliorer son bilan, et tenter de conjurer le mythe de Sisyphe.

Abdoulaye Idrissa Maïga réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué ?

Avec l’ex-président de la république sénégalais, Abdoulaye Wade, dont le premier septennat a été fortement marqué par des départs de Premiers ministres, c’est sans doute Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) qui détient la palme d’or en termes de remaniements ministériels. En quatre ans de pouvoir, IBK est déjà à son quatrième Premier ministre.

Le premier s’appelait Omar Tatam Ly, qui a dû jeter l’éponge parce que se refusant à être le faire-valoir du fils du chef de l’Etat, en la personne de Karim Kéïta. Le deuxième est Moussa Mara, limogé pour son entêtement. On se rappelle, en effet, que c’est ce Premier ministre qui, envers et contre tous, avait décidé de se rendre à Kidal, occasionnant un affrontement meurtrier entre les forces armées maliennes et les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Quant au troisième PM, c’est-à-dire, Modibo Kéïta, il aura été emporté, dit-on, par le front social en ébullition depuis quelque temps ; en témoignent les grèves perlées dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Et vint maintenant Abdoulaye Idrissa Maïga qui, hier 10 avril 2017, a été officiellement installé dans ses fonctions. Précédemment ministre de la Défense, ce natif de Gao est connu pour être un hiérarque du sérail, du fait de sa proximité avec IBK dont il fut d’ailleurs le directeur de campagne. C’est dire que le nouveau Premier ministre bénéficie de beaucoup de préjugés favorables à même de lui permettre d’avoir les coudées franches. Seulement, réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué ? On attend de le voir à l’œuvre pour le juger, tel un maçon au pied du mur. Car, il faut le dire, la tâche est titanesque et les défis nombreux. L’un de ces défis à relever est de travailler à calmer le front social. Ce qui est loin d’être une sinécure, tant les attentes des Maliens sont immenses.

En un an, beaucoup d’eau pourrait couler sous les ponts

Encore faut-il que Abdoulaye Idrissa Maïga dont on dit qu’il est « un homme assez têtu », sache discuter et négocier avec les syndicats afin de détendre la situation dans un pays où les besoins sociaux de base restent entiers. Et toute autre attitude risquerait d’envenimer la situation. Le deuxième chantier sur lequel est attendu le nouveau chef du gouvernement malien, est la lutte contre l’insécurité. C’est la priorité des priorités, étant donné qu’on ne peut rien entreprendre ni construire dans un pays, sans sécurité. Or, c’est peu de dire que le Mali actuel est loin d’être un pays sûr ; en témoignent les attaques terroristes quasi-quotidiennes qui endeuillent de nombreuses familles. A cela s’ajoute le rapt d’Occidentaux par des bandes armées, faisant du Mali, notamment dans sa partie septentrionale, un no man’s land. Abdoulaye Idrissa Maïga doit donc travailler à rassurer les Maliens qui, de guerre lasse, ne savent plus à quel groupe armé ni à quel djihadiste se vouer. En le faisant, il donnera la preuve qu’il est un « Premier ministre qui est venu pour essayer de relever les défis et non pas un Premier ministre directeur de campagne », comme le pensent à tort ou à raison certains qui voient en sa nomination, une volonté à peine dissimulée du président IBK de préparer la prochaine présidentielle qui a lieu dans un an. Cela dit, en un an, beaucoup d’eau pourrait couler sous les ponts. Et qui dit d’ailleurs que d’ici là, IBK ne nommera pas un autre Premier ministre qui ferait le cinquième en un mandat, soit un Premier ministre par an ?

Abdoulaye Idrissa Maiga nommé Premier ministre

Abdoulaye Idrissa Maiga, ministre de la Défense a été nommé Premier ministre du gouvernement malien en remplacement de Modibo Keita, selon un décret rendu public samedi soir par le secrétaire général de la présidence de la république.Selon Soumeylou Boubeye Maïga, le chef de l’Etat a pris cette décision après avoir reçu, vendredi, la démission du Premier ministre sortant Modibo Keita.

En poste depuis janvier 2015, Modibo Keita était annoncé partant depuis plusieurs semaines par notamment la presse locale.

Abdoulaye Idrissa Maïga, le nouveau Premier ministre est un baron du Rassemblement pour le Mali (RPM, parti au pouvoir). Avant d’entrer dans le gouvernement comme ministre de l’administration territoriale, puis ministre de la Défense, il  a été le directeur de campagne de Ibrahim Boubacar Keita lors de la présidentielle de 2013.

Depuis l’arrivée du président IBK au pouvoir, son parti, le RPM réclamait, un Premier ministre choisi dans ses rangs. Ce qui n’était pas le cas des trois Premiers ministres qui ont dirigé jusqu’ici les gouvernement de l’actuel président malien.

Abdoulaye idrissa Maiga doit s’atteler à la formation d’un nouveau gouvernement.

Primature: le duel des Maïga ?

On l’annonçait pour l’après-sommet, et déjà les bruits de couloirs s’amplifient. Les noms sortent et les plus régulièrement cités sont ceux d’Abdoulaye Idrissa Maïga, ministre de la Défense et premier vice-président du RPM et Soumeylou Boubeye Maïga, président de l’ASMA-CFP, ancien ministre de la Défense et actuel secrétaire général de la Présidence.

Rassurer les partenaires techniques et financiers, améliorer le bilan du mandat et mettre en ordre de bataille la troupe pour la présidentielle de 2018, tel sera le cahier de charges du successeur de Modibo Keïta, dont le départ est annoncé pour les jours qui suivent le sommet Afrique-France qui s’est achevé le 14 janvier.

Deux favoris Ancien directeur de la Sécurité d’État, ancien ministre de la Défense et des Affaires étrangères, Soumeylou Boubèye Maïga a un bon profil pour être le Premier ministre d’un Mali en crise politico-sécuritaire. « Son parcours plaide très largement en sa faveur malgré les différents incidents de parcours qu’il a connu », commente un de ses proches. L’actuel secrétaire général de la Présidence a une grande connaissance des questions sécuritaires, militaires et de géostratégies régionales et internationales, et est crédité d’être un homme de réseau. Il a géré beaucoup de dossiers sulfureux et a un carnet d’adresses des plus étoffés. On dit de lui qu’il est l’homme de l’Algérie et de la France, les deux partenaires incontournables dans la résolution de la crise actuelle dans le septentrion malien. Mais en dépit de toutes ses qualités, Soumeylou Boubèye Maïga, passe aux yeux de  certains de ses détracteurs, pour un homme qui ne rêve que de devenir président de la République. « Pour ce faire, il est capable de pactiser avec le diable », souligne un cadre de son ancien parti, l’ADEMA. Sa plus grande faiblesse vient du côté politique. Même s’il appartient à la Convention de la majorité présidentielle (CMP), le fait qu’il n’appartienne pas au parti majoritaire, le Rassemblement pour le Mali (RPM), peut lui être fatal en période pré-électorale. C’est pourquoi Abdoulaye Idrissa Maïga émerge dans les pronostics. Sa rigueur et don autorité en font l’un des meilleurs profils pour le poste. Directeur de campagne d’IBK lors de la présidentielle de 2013, il pourrait se révéler être un atout pour le président dans la perspective de 2018. Il dispose de résultats favorables à la tête du ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, de même qu’au ministère de la Défense et des Anciens combattants dont il a pris les rênes à la fin août 2016. « Chaque jour, il s’affirme et s’affiche comme le futur le Premier ministre. N’en déplaise à ses détracteurs qui tentent de le discréditer parce qu’il n’a jamais cédé au chantage politique pour gérer les affaires de l’État », explique un proche collaborateur. Dans ce duel, il peut compter sur le soutien d’une frange de son parti le RPM, dont il est le premier vice-président, mais il n’affiche pas un carnet d’adresse international étoffé. Tous deux originaires de Gao, les « frères Maïga » de la cité des Askia devront, quoi qu’il arrive, collaborer pour assurer à IBK un second mandat.