Drogue : qui consomme quoi ?

Ils ont entre 15 et 45 ans pour la plupart. Ils viennent de milieux différents, mais ont un point en commun, la consommation de drogue. Pour tenir le rythme au boulot, oublier son quotidien monotone ou tout simplement « planer », de nombreuses raisons mènent à cette addiction.

Les semaines se suivent et se ressemblent toutes. De nombreux stupéfiants sont saisis par les différents services en charge de la lutte contre le trafic des drogues. Plusieurs trafiquants utilisent le Mali comme zone de transit, mais cette tendance tend à évoluer et le Mali fait sa mue d’espace de transit à espace de consommation. Celle-ci prend des proportions inquiétantes et touche, selon le Directeur de l’Office central de lutte contre les stupéfiants, le magistrat colonel Adama Tounkara, « toutes les couches de la société ».

Pour se faire une idée  des profils des consommateurs, il faut s’intéresser aux prix. Le cannabis (chanvre indien, haschich), qui est la drogue la plus consommée, est très accessible. 100 francs CFA suffisent pour s’en procurer. Une aubaine pour de nombreux jeunes, en dépit de leur situation précaire.

Consommation en développement

Au-delà des idées préconçues, Bamako n’est pas la seule ville concernée par la consommation de drogue. Les régions de Sikasso et de Kayes sont particulièrement touchées, en partie à cause des activités d’orpaillage. « Ceux qui travaillent sur ces sites en consomment le plus souvent pour lutter contre la fatigue, oublier le stress et créer une certaine euphorie dans leurs têtes, ce qui leur fait oublier leur quotidien », explique notre interlocuteur. « Le marché du cannabis est devenu une activité malienne. Le trafic et la consommation sont l’apanage de Maliens et une brique de chanvre indien ne coûte que 30 000 francs CFA », ajoute-t-il. Pour le même prix, vous n’aurez droit qu’à un gramme de drogue dure (cocaïne, héroïne…). Dès lors, on change de dimension. La clientèle est plus « select » et la dépendance plus forte. « Le pouvoir d’achat ne permet pas à beaucoup de Maliens de se procurer ces produits. Heureusement, parce que, dans certains pays développés, les trafiquants sont capables d’en offrir gratuitement à de potentiels clients pour les tenter et les rendre dépendants ». Une très forte addiction se crée alors, et le client, même avec la meilleure volonté du monde, se départira difficilement de cette emprise.

« Nous nous attelons à réduire l’offre. Cela passe par l’arrestation des dealers et par la réduction de la demande, en sensibilisant efficacement les éventuels consommateurs », conclut le directeur de l’OCS.