Affrontement inter communautaire à Gao: Une conséquence de la lenteur de l’Accord de paix ?

La cité des Askia est en ébullition ces derniers jours. Entre les Songhaï d’une part et les Arabes et Tamasheq de l’autre, ce n’est plus la symbiose de cœur et d’esprit, dans cette cité multi-ethnique.

Tout est parti du vol d’un véhicule du Mécanisme Opérationnel de Coordination (M.O.C), à Gao, dans la nuit du dimanche 02 au lundi 03 avril dernier. Le lundi, deux jeunes, l’un Arabe et l’autre Touareg ont été pris pour cible par une foule essentiellement composée de Songhaï, car soupçonnés d’être derrière cet vol. Ils ont été lynchés par la foule, traînés dans la rue. Ces actes ont été l’élément aggravant d’une situation déjà fragile. La tension est montée chez les membres de ces deux communautés qui cohabitaient des siècles durant. Une cohabitation mise à rude épreuve par la crise de 2012.

Le mercredi 05 avril, une altercation entre un jeune Songhaï, conducteur d’une moto tricycle pour le transport de bagages et un commerçant arabe, de retour d’un voyage en l’Algérie, à dégénéré. Selon un habitant de Gao joint au téléphone, le jeune transporteur une fois arrivé à destination aurait réclamé les frais de transport de bagages. Mais la somme que lui a proposé le commerçant ne lui a pas convenu, il réclamait plus. Une dispute a rapidement éclaté et a fini par dégénéré. Selon la même source le commerçant sidéré par les insultes du jeune homme, qui voulait repartir avec un de ses cartons de couscous, le poignarda deux fois à l’épaule avec un couteau.

Les deux hommes ont été conduits à la gendarmerie de Gao. Entre temps dans la ville, l’information s’est propagé dans tous les recoins de la cité des Askia et au-delà, échauffant les esprits. « On ne veut plus d’Arabes ni de Touaregs dans la ville de Gao » ont commencé a scandé certains constituant petit à petit une foule grossissante. Les forces de l’ordre sont intervenues pour contenir le mouvement de foule, mais des affrontements ont eu lieu entre les membres des deux communautés. Les forces de police, la gendarmerie, les soldats du MOC et les soldats français de l’opération Barkhane étaient tous mobilisés pour calmer la situation et éviter la catastrophe.

Ce conflit à Gao, interpelle. De plus en plus, au Mali, on observe des conflits entre communautés. Le tissu social jadis soudé semble petit à petit s’effriter alors que la paix tarde à faire son retour. L’Accord d’Alger considéré comme la réponse à un grand nombre de maux dans le pays n’a pas eu pour le moment d’effet positif. Pour Oumar Alhassane Touré, Président de la coordination nationale du réseau des jeunes patriotes du Nord pour la paix et le développement, les derniers événements à Gao qui ont opposé les Songhaï aux Arabes et Tamasheqs, sont les causes lointaines d’une frustration des populations Songhaï qui dénoncent leur « exclusion » ravivées par la Conférence d’entente nationale. «  C’est la question de l’Azawad abordée lors de la Conférence nationale qui a divisé les gens sur le terrain. Les gens n’étaient pas d’accord par rapport aux déclarations finales. Les gens pensent aussi que la participation à poser problème, beaucoup de sédentaires qui voulaient venir à la conférence n’ont pas eu d’invitation. Il y a le sentiment que certains étaient favorisés par rapport à d’autres. Tout cela à créer des frustrations. Il faut un comité consultatif qui va mettre les instruments de la mise en œuvre du MOC pour aboutir au processus de désarmement. C’est le point saillant dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. », explique Mr Touré, qui ajoute que « depuis l’installation du MOC, les dissensions se sont accrues, car il y a eu une guerre de positionnement pour le commandement du MOC entre les Tamasheqs, les Songhaïs et les Arabes. Les Songhaïs pensaient qu’ils auraient à gérer le MOC. Tout cela est dû à la gestion du problème des mouvements » conclut Le président de la coordination qui appelle à l’apaisement et à la cohésion sociale.