Nicaragua: une ONG dénonce l’agression de frères de la Belge Amaya Coppens

Une organisation de défense des droits de l’homme au Nicaragua a dénoncé jeudi l’agression de deux frères de la militante belgo-nicaraguayenne Amaya Coppens, victimes d’un « violente passage à tabac » de la part de sympathisants du gouvernement et de paramilitaires.

Selon le Centre nicaraguayen des droits de l’Homme (Cenidh), Santiago et Diego Coppens, ainsi que deux de leurs amis, ont été attaqués lors d’une manifestation contre l’incarcération de prisonniers politiques dans la soirée de mardi.

La manifestation pacifique était organisée à Chinandega (nord-ouest), avec le slogan « Un Noël en liberté ».

Des témoins ont rapporté que ces quatre jeunes hommes avaient été menacés de mort, entendant entre autres: « Si tu t’enfuis, il y a trois plombs qui vont t’atteindre ».

Des gens ont tenté d’aider les victimes de l’agression, mais les agresseurs « étaient armés » et « disaient à tout le monde de s’en aller, de ne rien dire, sinon ils allaient les abattre », d’après ces témoins.

Après le passage à tabac, les agresseurs ont amené leurs victimes à un poste de police, où elles sont restées une partie de la nuit. Puis ils ont été raccompagnés à leur domicile par les forces de l’ordre, qui leur ont demandé de préciser à leurs proches que la police n’y était pour rien.

Le Cenidh a estimé que cette agression relevait d’une « stratégie de répression », puisque « les agresseurs savaient qu’il s’agissait des frères d’Amaya Coppens, qui s’est transformée en symbole de la résistance au niveau mondial ».

La Belgo-Nicaraguayenne, étudiante en médecine de 24 ans, a été arrêtée deux fois: en avril 2018 pour avoir participé à des manifestations contre le régime du président Daniel Ortaga, puis en novembre 2019 pour avoir apporté de l’aide à des femmes proches d’opposants emprisonnés qui entamaient une grève de la faim.

Incarcérée depuis, elle doit être jugée le 30 janvier pour détention d’arme illégale.

D’après la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH), la violente répression des manifestations de 2018 avait fait 328 morts, abouti à des centaines d’incarcérations, et poussé à l’exil plus de 60.000 personnes.

Municipales à Levallois: les Balkany jettent l’éponge

Coup de théâtre à Levallois-Perret: Patrick et Isabelle Balkany ont renoncé mercredi à se présenter pour un sixième mandat à la tête de cette commune huppée des Hauts-de-Seine, le jour de la fin de leur procès en appel pour fraude fiscale lors duquel prison ferme et dix ans d’inéligibilité ont été requis contre eux.

« Le suffrage universel des citoyens français et des électeurs levalloisiens est volontairement confisqué par la justice », se sont insurgés les époux dans tweet d’Isabelle Balkany.

« Nous en prenons acte », annoncent-ils, laissant entendre que l’avenir de Levallois se jouera sans eux.

Interrogée plus tard lors d’un point-presse à la mairie sur l’éventualité qu’ils soient tout de même présents sur la liste de la « majorité municipale » en mars, Mme Balkany a préféré éluder la question, refusant d’y répondre clairement.

La situation paraissait désespérée pour le couple après un procès en appel lors duquel le parquet a requis quatre ans de prison contre Patrick Balkany, quatre ans dont deux avec sursis contre sa femme et surtout dix ans d’inéligibilité contre les deux avec « exécution provisoire ».

Le délibéré prévu pour le 4 mars, soit onze jours avant le premier tour des municipales (15 mars), faisait peser une épée de Damoclès trop menaçante sur leur candidature. « Ce délibéré n’est pas par hasard », a fustigé la première adjointe, car « les dépôts de candidatures aux municipales sont 15 jours avant les élections (…) et au 28 février toutes les listes doivent être enregistrées et validées par la préfecture ».

« La décision de Patrick et Isabelle Balkany est sage pour l’avenir de Levallois », a salué de son côté l’élu d’opposition Arnaud de Courson (DVD), lui-même candidat à la mairie.

Devant la mairie, les fans de toujours du couple d’édiles se faisaient plutôt discrets mercredi soir.

Hocine 70 ans, est de ceux-là: « En tant que Levalloisien, je regretterai M. Balkany. (…) Pour moi c’est un honnête homme ». « On va pouvoir enfin revenir à l’essentiel, avec une élection municipale normale », s’est réjoui au contraire Philippe, 69 ans, qui habite là depuis 30 ans.

Pour conduire la liste de la majorité municipale aux élections de mars prochain, les Balkany ont choisi un tandem jeune. Agnès Pottier-Dumas, 34 ans, ancienne directrice de cabinet de la mairie, et David-Xavier Weiss, 40 ans, adjoint délégué à la jeunesse et l’événementiel, sont également des fidèles indéfectibles du couple.

– « On va dans le mur » –

Patrick Balkany, qui a arraché la ville aux communistes en 1983, avait pourtant jusqu’ici constamment fait part de son souhait de se représenter malgré son incarcération à la prison de la Santé depuis le 13 septembre et sa condamnation à quatre ans de prison ferme pour fraude fiscale.

Le 2 décembre, Isabelle Balkany rappelait encore lors d’une réunion avec les élus de la majorité que son mari souhaitait conduire la liste pour les municipales.

De sa prison, le maire avait même appelé sur le portable de son épouse pour remercier des représentants de l’administration municipale présents à cette réunion ainsi que les élus pour leur travail effectué sur le budget.

Entre-temps, l’édile de 71 ans a été hospitalisé le 12 décembre en raison d’une occlusion intestinale et n’a pu assister à une partie de son procès en appel. Le premier jour, il était apparu très amaigri et affaibli, contraignant la présidente à lui installer une chaise capitonnée dans le box des prévenus.

Le 9 décembre, une adjointe historique de la majorité, Sylvie Ramond, avait démissionné en plein conseil municipal. « Ca fait 35 ans que je travaille pour cette ville. J’ai été fidèle, loyale, mais là, ce n’est plus possible. On va dans le mur », avait-elle déclaré, se disant inquiète pour Isabelle et Patrick Balkany.

D’autant que le couple n’en a pas fini avec la justice. Leur procès en appel cette fois pour blanchiment de fraude fiscale doit se tenir du 3 au 19 février prochain.

En première instance, Patrick Balkany avait écopé de cinq ans de prison tandis que sa femme a été condamnée à trois ans. Là aussi, la peine a été assortie d’une inéligibilité de dix ans.

Plusieurs leaders syndicaux saluent les qualités de « dialogue » de Delevoye

Le haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye, qui a démissionné, est un « homme de dialogue » qui connaissait parfaitement ses dossiers et les portait avec « conviction », ont salué lundi plusieurs responsables syndicaux, pourtant vent debout contre le projet de réforme du gouvernement.

« Ca doit être très difficile pour lui. C’est un homme de dialogue. Il portait avec une conviction qu’on ne peut pas lui reprocher le projet du gouvernement », a réagi le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Yves Veyrier, sur LCI. « J’aime bien M. Delevoye (en tant que) personne, mais ce n’est pas le sujet », a-t-il ajouté, rappelant que son syndicat était vent debout contre le projet.

Cette démission « tombe mal », a jugé de son côté Laurent Escure, de l’Unsa, également sur LCI. Il a dit « espérer » que le successeur de M. Delevoye « ait la même connaissance technique et le même respect pour les partenaires sociaux ». De toute façon, a souligné M. Escure, « les arbitrages et le dialogue se font (désormais) avec l’Elysée et Matignon » et « le haut-commissaire n’était pas au premier plan ».

Avant l’annonce de la démission de M. Delevoye, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger avait lui aussi loué la « loyauté » du haut-commissaire.

Tout en se disant « ébahi » et « abasourdi » par les révélations sur les mandats non déclarés du « Monsieur Retraites » du gouvernement, M. Berger a souligné que « la concertation avec lui a été loyale, il y a eu une confrontation d’idées intelligente, pour essayer de faire avancer les choses ». « Il ne nous a jamais pris en traîtres », a-t-il dit sur France Info.

La polémique sur les mandats non déclarés de M. Delevoye nuit « évidemment » à sa « crédibilité », mais « sur le fond, (…) il connaît très bien le sujet, il est celui qui connaît le mieux les positions des différents interlocuteurs », a jugé M. Berger.

Côte d’Ivoire: Guillaume Soro préparait une « insurrection », selon la justice

La justice ivoirienne a précisé jeudi ses accusations contre Guillaume Soro : l’ex-chef de la rébellion et candidat à la présidentielle de 2020 préparait selon elle « une insurrection civile et militaire » pour s’emparer « incessamment » du pouvoir. Des accusations balayées par sa défense.

L’ancien président de l’Assemblée nationale (2012-2019) devenu opposant, qui devait rentrer lundi en Côte d’Ivoire mais qui a dérouté son avion pour retourner en Europe, préparait « un complot » en deux parties : d’abord une opération de communication à l’étranger pour « jeter le discrédit sur le régime » ivoirien, puis « une insurrection civile et militaire », a affirmé le procureur de la République d’Abidjan Richard Adou lors d’une conférence de presse retransmise en direct à la télévision publique.

Ces accusations s’appuient en particulier sur un enregistrement sonore effectué par les services de renseignement ivoiriens, selon le procureur, qui a été diffusé pendant la conférence de presse. On y entend deux hommes dialoguer, dont M. Soro. Il n’a pas précisé où, ni quand, ni comment il a été réalisé, se retranchant derrière le secret de l’enquête.

Selon M. Adou, des armes ont aussi été découvertes lors de perquisitions, dont il n’a pas précisé les dates et les lieux.

« Nous avons dépassé une quinzaine d’arrestations » de complices, a indiqué le procureur, qui les accuse, comme M. Soro désormais visé par un mandat d’arrêt international, de « complot contre l’autorité de l’Etat », un crime passible de la prison à vie.

Parmi eux, cinq députés pro-Soro ont été arrêtés malgré leur immunité de parlementaires, en vertu d’une procédure de « flagrance », selon le procureur.

Les enquêtes ne font que commencer, a-t-il précisé, évoquant la possible mise en cause de « militaires » dans le « complot ».

M. Soro est aussi accusé de « détournement de fonds publics » et de « blanchiment » pour avoir tenté de s’approprier une résidence dans un quartier chic d’Abidjan, achetée pour 1,5 milliard de francs CFA (2,3 millions d’euros) sur les fonds de l’Etat lorsqu’il était Premier ministre en 2007. Des faits découverts tout récemment, selon le procureur.

– Une ‘opération d’espionnage mal montée’ –

La défense de Guillaume Soro a rejeté en bloc toutes ces accusations « fallacieuses », fustigeant une « opération d’espionnage mal montée par Abidjan », selon une déclaration de l’avocate Affoussiata Bamba-Lamine diffusée sur sa page Facebook jeudi.

Me Bamba-Lamine ne conteste l’authenticité de l’enregistrement audio, mais affirme qu’il « date de 2017 » et qu’il est « incomplet ».

Dans une précédente déclaration mercredi soir, elle dénonçait une « machination » politique : « toute cette entreprise vise à écarter Guillaume Soro de la course à la présidence de la République en 2020 ».

Mardi, Guillaume Soro avait déjà dénoncé sur Twitter « la décision (du pouvoir ivoirien), « dès septembre 2019″, de l' »écarter de la course » à la présidentielle, en raison d’un sondage qui établissait son « avance » dans les intentions de vote.

Après six mois de séjour en Europe, son retour était attendu avec impatience lundi par ses partisans pour lancer sa campagne électorale. Mais les forces de l’ordre ont empêché tout regroupement de ses partisans et donné violemment l’assaut au siège de son parti, Générations et Peuples solidaires (GPS).

Longtemps allié du président Alassane Ouattara, qu’il a aidé à porter au pouvoir pendant la crise post-électorale de 2010-2011, Guillaume Soro s’est ensuite brouillé avec lui, jusqu’à la rupture début 2019, le chef de l’Etat voulant brider ses ambitions présidentielles, selon les observateurs.

Jusqu’à cette affaire, M. Soro, 47 ans, était vu comme un challenger sérieux pour la présidentielle par les analystes politiques, qui le disent populaire, notamment auprès de la jeunesse.

Dans ce qui ressemble fort à un message politique, le président Ouattara a reçu lundi soir au palais présidentiel les anciens « com’zones », les ex-lieutenants de Guillaume Soro dans la rébellion des années 2000, selon plusieurs quotidiens ivoiriens jeudi, qui ont publié la photo de la rencontre.

Dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui a fait 3.000 morts, la prochaine présidentielle s’annonce tendue. Les élections municipales et régionales de 2018 avaient été marquées par de nombreuses violences et des fraudes.

Les Balkany renoncent à se représenter à Levallois-Perret

Le maire LR de Levallois-Perret Patrick Balkany, incarcéré depuis le 13 septembre à la prison de la Santé après deux condamnations pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, et son épouse et première adjointe Isabelle Balkany renoncent à se représenter à la mairie, a tweeté mercredi cette dernière.

« Le suffrage universel des citoyens français et des électeurs Levalloisiens est volontairement confisqué par la justice », est-il écrit dans un communiqué signé des deux époux qui annoncent la nomination de deux proches pour conduire la liste de la majorité aux municipales de mars prochain, que « nous soutiendrons »

Dénonçant pêle-mêle une « instruction à charge », un calendrier judiciaire ayant pour objectif « de nous empêcher d’être candidat aux élections municipales de 2020 » ou encore une incarcération « inédite dans une affaire de cette nature qui a mis gravement en danger la santé de Patrick », le couple a fait savoir qu’il ne briguerait pas de sixième mandat.

Mercredi, à l’issue de leur procès en appel pour fraude fiscale, le parquet a demandé une peine de quatre ans de prison contre Patrick Balkany, quatre ans dont deux ans avec sursis contre Isabelle mais surtout, dix ans d’inéligibilité contre les deux, avec « exécution provisoire ».

La décision doit être rendue le 4 mars prochain, soit onze jours avant le premier tour des municipales. « Nous en prenons acte », écrivent les Balkany dans le communiqué, sans plus de précision.

La liste de la majorité municipale sera donc conduite par l’adjoint délégué à la jeunesse et l’évènementiel David-Xavier Weiss et l’ancienne directrice de cabinet Agnès Pottier-Dumas.

D’ici les élections, Isabelle Balkany, 72 ans, « poursuivra sa mission de maire par intérim (….) car la gestion de la ville et les services rendus aux Levalloisiens ne doivent en aucun cas être pénalisés par ce diktat judiciaire », affirment les deux édiles.

Patrick Balkany, 71 ans, a été élu à la tête de Levallois avec sa femme Isabelle comme première adjointe pour la première fois en 1983. Depuis, le duo a régné quasiment sans discontinuer sur cette commune huppée des Hauts-de-Seine.

En février, ils ont à nouveau rendez-vous avec la justice pour leur procès en appel pour blanchiment de fraude fiscale. En première instance, Patrick Balkany avait été condamné à cinq ans de prison ferme et Isabelle à quatre ans.

Grève à la SNCF et la RATP: des caisses et des cagnottes pour tenir

Caisse de grève nationale à la CFDT, cagnottes sur internet ou collectes locales… Vrai soutien financier ou simple coup de pouce, différentes initiatives tentent de combler les trous sur les fiches de paie des agents de la SNCF et de la RATP en grève contre la réforme des retraites.

« Les grévistes perdent de l’argent. Les combatifs s’arrangent pour avoir un peu d’argent de côté, mais c’est dur, et plus dur quand le salaire est bas », souligne Fabien Dumas, secrétaire fédéral du syndicat SUD-Rail.

La CFDT est la « seule organisation syndicale française à disposer d’une caisse de grève pour ses adhérents », financée par une partie de leurs cotisations, note la confédération sur son site. Cette Caisse nationale d’action syndicale (Cnas) aide « financièrement » les adhérents au-delà de sept heures de grève: une indemnité de 7,30 euros par heure pour les salariés à temps plein.

« Ce n’est pas tout à fait un Smic, mais pas très loin. Cela compense une partie importante de la perte de salaire pour les plus basses rémunérations », relève Sébastien Mariani, secrétaire général adjoint de la CFDT-Cheminots. En parallèle, ce syndicat a lancé une cagnotte sur internet pour « aider financièrement les agents SNCF qui se mobilisent depuis le 5 décembre », premier jour de cette grève illimitée.

Ce type de collecte fleurit sur le web, comme la « cagnotte nationale en ligne » organisée par l’Unsa ferroviaire, selon son secrétaire général Didier Mathis. Ou celle lancée localement par des militants qui verseront « chaque euro » collecté « exclusivement à (leurs) collègues de l’Unsa ferroviaire de Languedoc-Roussillon en grève reconductible » pour « limiter un peu leurs pertes », expliquent-ils.

Chez SUD-Rail, « rien n’est prévu au niveau national », précise Erik Meyer, secrétaire fédéral. Mais « il y a des initiatives locales », ajoute Fabien Dumas. Par exemple, cette cagnotte ouverte sur internet par des militants parisiens à la Gare de Lyon, qui « redistribueront » la somme récoltée « à tous les grévistes » de la zone Paris-Sud-Est de la SNCF.

– « Fins de mois difficiles » –

A la CGT-RATP, « on n’organise pas de caisse de grève », indique Bertrand Hammache, son secrétaire général, mais il peut y avoir « des collectes autour des dépôts ». Pas de caisse de grève nationale non plus à la CGT-Cheminots, d’après son porte-parole Cédric Robert.

« Des caisses de solidarité locales peuvent exister mais elles n’ont pas vocation à compenser la totalité des pertes » car « les cheminots grévistes vont perdre entre 60 et 100 euros de salaire par jour », signale-t-il.

Sur les fiches de paie, des diminutions de salaires apparaîtront dès le bulletin de décembre à la SNCF. A la RATP, cela sera reporté à la fin janvier. Les cheminots ont reçu mi-décembre leur prime de fin d’année. Les agents RATP avaient eux perçu leur 13e mois à la fin novembre.

« Les grévistes font comme tous les Français qui ont des fins de mois difficiles. Certains ont envisagé de prendre des crédits, de piocher dans leur découvert » pour financer leur grève, rapporte Thierry Babec, secrétaire général de l’Unsa-RATP, syndicat qui n’a « pas de cagnotte ».

Lors de la grande grève de 36 jours en 2018 à la SNCF contre la réforme ferroviaire, des grévistes « avaient emprunté. Cette année, le mouvement a été annoncé à l’avance. Beaucoup ont différé des dépenses, des projets de vacances… Tout ce qui n’était pas indispensable », détaille Fabien Dumas.

En dehors du monde ferroviaire et de la RATP, le syndicat Info’Com-CGT dédie actuellement aux salariés en « grève reconductible » contre la réforme des retraites les fonds de sa « caisse de solidarité financière », lancée en 2016 lors du conflit contre la loi Travail. A son compteur arrêté vendredi dernier, elle affichait un « montant disponible » dépassant 330.000 euros.

L’an dernier, une cagnotte de soutien aux cheminots en grève avait gagné plus d’un million d’euros sur internet. Répartis entre eux tous, les grévistes avaient reçu « un soutien symbolique de 7 à 15 euros par jour de grève », selon Cédric Robert.

La Turquie s’apprête à envoyer des troupes en Libye

Le président Recep Tayyip Erdogan a ouvert jeudi la voie à une intervention militaire turque directe en Libye en annonçant le prochain vote au Parlement sur l’envoi de troupes pour soutenir le gouvernement de Tripoli face à l’homme fort de l’est libyen Khalifa Haftar.

Un déploiement de soldats turcs sur le terrain est susceptible d’aggraver le conflit fratricide, alimenté par des puissances régionales rivales, qui déchire le pays depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

Pour justifier une telle intervention, la Turquie fait valoir que le gouvernement d’union nationale libyen (GNA), qu’il soutient militairement, est reconnu par l’ONU alors que le maréchal Haftar n’a aucune légitimité internationale bien qu’il bénéficie de l’aide de certains pays.

Le maintien du GNA est d’autant plus crucial pour la Turquie qu’elle vient de signer avec lui un accord de délimitation maritime qui permet à Ankara de faire valoir des droits sur des vastes zones en Méditerranée orientale riches en hydrocarbures, au grand dam de la Grèce, de l’Egypte, de Chypre et d’Israël.

« Nous allons présenter la motion pour l’envoi de soldats en Libye dès la reprise des travaux du Parlement », le 7 janvier, a déclaré M. Erdogan lors d’un discours à Ankara.

« Si Dieu le veut, nous pourrons la faire adopter le 8 ou le 9 janvier et répondre ainsi favorablement à l’invitation du gouvernement libyen légitime », de l’aider militairement, a ajouté M. Erdogan.

« Nous soutiendrons par tous les moyens le gouvernement de Tripoli, qui résiste contre un général putschiste soutenu par des pays arabes et européens », a-t-il poursuivi, se référant au maréchal Haftar.

Le Parlement turc a déjà approuvé samedi un accord de coopération militaire et sécuritaire signé avec le GNA le 27 novembre lors d’une visite à Istanbul de son chef Fayez al-Sarraj.

Cet accord est entré en vigueur jeudi après sa publication par le journal officiel.

– « Un chef de guerre » –

L’accord permet aux deux parties d’envoyer dans l’un et l’autre pays du personnel militaire et policier pour des missions d’entraînement et d’éducation, ont indiqué des responsables turcs.

Pour obtenir l’autorisation de déployer des forces combattantes en Libye, le gouvernement turc doit faire approuver par le parlement un mandat séparé, comme il le fait tous les ans pour envoyer des militaires en Irak et en Syrie.

Ankara avait également signé lors de la visite de M. Sarraj l’accord de délimitation maritime qu’il entend mettre à profit pour s’imposer comme acteur incontournable dans l’exploitation des hydrocarbures en Méditerranée orientale.

« L’objectif de l’accord signé avec la Libye n’est pas d’entraver les droits de quiconque en Méditerranée, au contraire, c’est d’empêcher que nos droits le soient », a affirmé M. Erdogan jeudi.

Le maréchal Haftar est soutenu par l’Arabie saoudite, l’Egypte et les Emirats arabes unis, tous étant des rivaux régionaux de la Turquie et d’un autre allié du GNA, le Qatar.

« Ils soutiennent un chef de guerre. Quant à nous, nous répondons à l’invitation du gouvernement libyen légitime, telle est notre différence », a affirmé M. Erdogan.

M. Erdogan affirme que les forces de Haftar bénéficient aussi du soutien d’une compagnie de sécurité russe, donnant du crédit à des informations de presse, démenties par Moscou, sur la présence de mercenaires russes en Libye.

Interrogé sur les projets d’Ankara d’envoyer des troupes en Libye, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a estimé jeudi qu’il était « peu probable que l’ingérence des pays tiers dans cette situation puisse contribuer au règlement ».

« Mais toute tentative des pays tiers de contribuer directement à régler le problème et d’aider les parties du conflit à trouver une solution est toujours la bienvenue », a-t-il ajouté.

Selon le think tank Edam, basé à Istanbul, un déploiement militaire turc sur le terrain devrait consister de « forces spéciales » et des « personnels de combats hautement qualifiés » ainsi que des officiers de renseignement et de liaison.

« Depuis 2016, les forces armées turques ont acquis une expérience considérable pour ce genre de mission grâce aux opérations en Syrie », affirme Edam dans une note d’analyse.

Le projet Féminicides de l’AFP: un décompte et des mois d’enquêtes

Un décompte des femmes tuées fait par un collectif féministe, dont chaque cas a ensuite été étudié en détail: c’est le travail effectué par les bureaux de l’AFP pour estimer à au moins 122 le nombre de féminicides pour l’année en cours et les interpréter.

Depuis 2016, le collectif « Féminicides par conjoints ou ex » recense au jour le jour dans la presse locale chaque nouveau cas présumé et le publie sur les réseaux sociaux. En 2017, Libération, pionnier sur le sujet côté médias, a commencé à faire de même.

Peu connu au départ, le collectif tenu par quatre bénévoles a pris de la visibilité ces derniers mois, jusqu’à devenir un lanceur d’alertes sur ce thème longtemps ignoré, et de voir son décompte repris par les médias et politiques.

Car si le gouvernement compte ces meurtres depuis 2006, il ne publie ses chiffres que bien après les faits: en juillet 2019 pour l’année 2018, en novembre 2018 pour l’année 2017…

Alors que les chiffres restent plutôt stables d’année en année – 121 en 2018 selon le gouvernement, une femme tuée tous les trois jours en moyenne – l’AFP a décidé de mobiliser son réseau de journalistes national pour décortiquer et expliquer ce phénomène au plus près de l’actualité, sur les cas de l’année en cours.

Pour chaque cas comptabilisé par le collectif, les journalistes de l’AFP ont contacté services de police et gendarmerie, magistrats, avocats, maires ou proches des auteurs et victimes.

Ils leur ont notamment demandé le nom, l’âge et la profession de l’auteur et de la victime, leur relation au moment des faits, le lieu du meurtre, l’élément déclencheur du crime (dispute, séparation…), le mode opératoire (arme, coups…), le signalement de violences antérieures, la présence d’enfants au moment des faits.

– Des cas écartés –

Pour mieux tirer les enseignements de ces données, ils sont également allés à la rencontre de dizaines d’experts, proches, témoins, avocats et autorités diverses.

Mais ce travail se heurte parfois au temps de l’enquête. Car si dans la plupart des affaires le scenario du féminicide ne fait pas de doute pour les enquêteurs, d’autres sont plus complexes et ne livrent parfois pas leur vérité avant plusieurs mois, avec parfois des revirements.

Par rapport à la liste du collectif, les journalistes de l’AFP ont à ce stade une vingtaine de cas en moins, qui sont détaillés sur le blog AFP Factuel.

Parmi ces cas, une douzaine sont « en attente »: parce que trop récents ou plus complexes, les enquêtes n’ont pas encore permis de démontrer qu’il s’agissait bien de féminicides.

Et une dizaine d’autres ne s’avèrent pas être des féminicides. Parce que l’autopsie a révélé une mort naturelle, que l’enquête a montré que la femme et son meurtrier n’ont jamais eu de relation intime, etc.

S’est aussi posée la question des « suicides altruistes » – quand la conjointe est tuée à cause d’une maladie ou de sa vieillesse. Les journalistes de l’AFP ont compté ces cas comme des féminicides, comme le font aussi les autorités, sauf dans les cas où la volonté partagée de mourir a été prouvée.

L’AFP a ainsi retiré de son décompte plusieurs cas, comme celui de cet octogénaire qui a tué sa femme avant de mettre fin à ses jours début octobre à Fos-sur-Mer. Ce couple sans antécédents de violences conjugales avait laissé une lettre commune expliquant leur décision de mourir ensemble.

Idem en mai en Bourgogne-Franche-Comté, où l’analyse de la position des corps, des trajectoires des balles et les témoignages de proches ont finalement fait dire aux enquêteurs que la mort était souhaitée par les deux membres du couple.

burs-mdh-emd/epe/cbn

Centrafrique: à Bangui, de nouveaux affrontements font au moins 30 morts

De nouveaux affrontements meurtriers entre miliciens et commerçants mercredi et jeudi ont coûté la vie à au moins trente personnes au PK5, quartier majoritairement musulman de Bangui devenu l’une des zones les plus dangereuses de la capitale centrafricaine depuis 2014.

« 33 corps ont été apportés à la mosquée », a affirmé à l’AFP Awad Al Karim, imam de la mosquée Ali Babolo, selon lequel les commerçants ont pris les armes pour s’opposer à la taxation imposée par les groupes d’autodéfense qui règnent dans le quartier.

Une source sécuritaire évoque au moins trente morts, sans plus de précision. De son côté, le président de la Croix-Rouge centrafricaine, Antoine Mbaobogo, établit un bilan qui « était de 23 morts à 16H00 et serait désormais de 33 », affirmant qu’il « reste des corps près du marché ».

Ni la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca), ni les autorités centrafricaines ne contrôlent le PK5, et aucun bilan officiel des affrontements n’était disponible jeudi, la Minusca se contentant d’évoquer « des dizaines de victimes ».

La rue principale du PK5, artère économique de Bangui, était désertée par les passants jeudi après-midi. De nombreuses boutiques ont été pillées, a constaté un journaliste de l’AFP.

« On en a marre! A chaque fois, (les miliciens nous) demandent de l’argent », peste un commerçant, propriétaire de plusieurs boutiques, qui demande à garder l’anonymat.

Comme plusieurs de ses confrères, il monte la garde dans la rue, armé d’une kalachnikov. Des explosions de grenades et des rafales d’armes automatiques étaient encore audibles dans l’après-midi, après avoir retenti dans la capitale centrafricaine dès mercredi soir.

La détermination des commerçants a pris les miliciens de court, eux qui s’étaient habitués à les « taxer » depuis qu’ils avaient pris le contrôle du quartier, en 2013.

« On veut faire un vrai travail », affirme désormais un jeune milicien de 19 ans. Il faisait jusqu’à présent le guet pour un des groupes armés du quartier mais déclare à présent vouloir se ranger, blâmant « les grands » de son groupe pour les violences.

« Nous avons dépêché sur place une force de réaction rapide » a indiqué Bili Aminou Alao, porte-parole de la Minusca. « Une partie du marché a été brûlée, ainsi que quelques véhicules », a-t-il ajouté.

– Quartier inaccessible –

« Entre 40 et 50 boutiques ont été brûlées, ainsi que quatre à cinq maisons » a précisé à l’AFP le colonel Patrick Bidilou Niabode, directeur général de la protection civile centrafricaine.

Les sapeurs-pompiers volontaires qu’il encadre ont réussi à éteindre deux feux jeudi qui se propageaient dans le marché, mais ont dû abandonner deux maisons aux flammes en raison des échanges de tirs nourris à proximité, selon le colonel Bidilou.

Le PK5 est en proie à des violences sporadiques depuis 2014. C’est dans ce quartier commerçant que s’étaient réfugiés beaucoup de musulmans de Bangui après les affrontements entre rebelles de la Séléka et groupes anti-balaka qui ont ravagé la capitale après la chute du président François Bozizé en 2013.

Depuis, les ruelles du PK5 sont tenues par une myriade de groupes autoproclamés d’autodéfense constitués depuis 2013.

En avril 2018, la Minusca avait lancé l’opération Sukula (Nettoyage en sängö, la langue nationale) pour arrêter un chef de milice. Cette opération répondait à un appel lancé par l’association des commerçants du PK5 qui avait fixé un ultimatum à la Minusca pour qu’elle démantèle ces groupes armés, accusés de violences, d’exactions et d’extorsions de fonds.

L’opération s’était soldée par un échec, avec une trentaine de morts et une centaine de blessés.

Riche en ressources naturelles, la Centrafrique est déchirée par la guerre, qui a forcé près d’un quart des 4,5 millions d’habitants à fuir leur domicile.

Un accord de paix a été signé à Bangui début février entre le gouvernement et quatorze groupes armés. Il est le huitième signé depuis le début de la crise mais la situation sécuritaire reste particulièrement fragile dans ce pays qui compte parmi les plus pauvres au monde.

Star Wars au coeur de la bataille pour la diversité

Star Wars a beau se dérouler dans une galaxie très, très lointaine bourrée d’extra-terrestres plus exotiques les uns que les autres, le nouvel épisode de la saga n’échappe pas aux débats sur le racisme, le genre et autres discriminations qui minent notre société bien humaine.

La nouvelle trilogie lancée en 2015 par Disney avait commencé à propulser des femmes comme Rey (Daisy Ridley) et des Noirs comme Finn (John Boyega) à la place des héros des débuts, généralement blancs et masculins.

« Star Wars: Rise of the Skywalker », qui sort cette semaine, continue dans cette voie. Le film aligne le casting aux origines les plus diverses depuis le début de la saga voici 42 ans, avec par exemple l’actrice noire britannique Naomi Ackie dans le rôle de la guerrière Jannah et l’Américaine d’origine asiatique Kelly Marie Tran.

Seul hic, lorsqu’elle avait eu les honneurs d’un rôle de premier plan en 2017 pour « Les Derniers Jedi » en 2017, Kelly Marie Tran avait immédiatement essuyé des injures racistes et sexistes sur internet, ce qui l’avait poussée à disparaître des réseaux sociaux.

« Faire partie d’une équipe de gens qui ont l’air un peu différents, qui viennent de différents endroits, qu’il s’agisse du genre, de la race ou autre, c’est quelque chose dont on peut être fier », a lancé Daisy Ridley lors d’une conférence de presse près de Los Angeles.

Cela n’a pas empêché certains militants LGBTQ fans de Star Wars de critiquer l’absence de personnages gays ou transgenres dans leur univers favori.

« Star Wars est l’épicentre. C’est un univers qui a attiré des millions de personnes. Je ne pense pas qu’on puisse se contenter du minimum syndical de la part de Disney en termes de représentation », déclare à l’AFP Kayleigh Donaldson, critique spécialiste de la culture populaire.

– Idylle homosexuelle ? –

Billy Dee Williams, qui reprend son rôle de Lando Calrissian, a certes brièvement enflammé les réseaux sociaux en lâchant lors d’une interview qu’il se considérait comme féminin et masculin à la fois. Mais l’octogénaire a très vite dissipé tout doute à ce sujet, assurant qu’il n’était pas « non-binaire » et ignorait même le sens de ce terme.

Pourtant, « cela a suscité énormément de réactions positives parmi les jeunes fans de Star Wars. Il existe toute une génération de consommateurs potentiels, pour employer ce terme horrible, qui veulent de la diversité ou rien », estime Kayleigh Donaldson.

D’autres s’étaient enthousiasmés devant l’apparente alchimie entre les personnages de Finn et de Poe Dameron (Oscar Isaac), appelant de leurs voeux une idylle homosexuelle dans Star Wars après la sortie du « Réveil de la Force » en 2015.

Oscar Isaac a récemment douché leurs espoir. « Personnellement, j’espérais un peu que ça puisse être développé dans les films suivants, mais je n’ai pas de contrôle là-dessus », a-t-il dit dans une interview au magazine spécialisé Variety.

« Ca semblait être une progression naturelle, mais malheureusement, c’est une époque où les gens ont trop peur, je pense… je ne sais pas », a-t-il poursuivi.

Une relation entre deux hommes dans « Rise of Skywalker » aurait peut-être été un peu trop audacieux pour une firme comme Disney, à l’image conservatrice et familiale. Le réalisateur, J.J. Abrams, affirme toutefois avoir bel et bien eu le souci d’évoquer ces sujets dans son film et fait en sorte que les comédiens « reflètent davantage le monde tel qu’il est ».

Le message « porte sur le sens de l’appartenance à une communauté, les opprimés, et le fait de rassembler tout le monde, même les plus marginaux », a dit Abrams.

« Dans le cas de la communauté LGBTQ, il était important pour moi que les gens qui vont voir ce film se sentent représentés », a insisté le réalisateur, sans dévoiler davantage de détails sur ce qu’ils trouveront dans « The Rise of Skywalker ».

Israël: Netanyahu revendique une « immense victoire » à la primaire du Likoud

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, inculpé pour corruption, a annoncé vendredi avoir remporté une « immense victoire » à la primaire de son parti le Likoud, qu’il conduira de nouveau aux législatives, prévues en mars.

Le député et ancien ministre Gideon Saar avait peu de chances de l’emporter face à Benjamin Netanyahu, à la tête du Likoud (droite) depuis 1993 – hormis six ans où le parti était dirigé par Ariel Sharon. Mais des résultats serrés auraient pu fragiliser le Premier ministre.

Résultat final: 72,5% pour le chef de gouvernement, 27,5% pour son rival.

« Une immense victoire! Merci aux membres du Likoud pour leur confiance, leur soutien et leur affection », a lancé M. Netanyahu sur Twitter peu après minuit, soit une heure après la fin du scrutin.

« Avec votre aide et celle de Dieu, je dirigerai le Likoud vers une grande victoire aux élections à venir et nous continuerons à mener l’Etat d’Israël vers des réussites sans précédentes », a-t-il poursuivi.

Gideon Saar a concédé sa défaite et félicité le chef du gouvernement. « Je suis satisfait de ma décision de me dresser » contre lui, a-t-il écrit sur Twitter. « Ceux qui ne veulent pas prendre de risque ne gagneront jamais ».

« Félicitations au Premier ministre (…). Mes collègues et moi serons derrière lui lors de la campagne pour assurer la victoire du Likoud aux élections », a-t-il ajouté.

Quelque 57.000 membres du parti ont voté pour cette primaire, soit une participation légèrement inférieure à 50%.

Le scrutin avait été réclamé par Gideon Saar après l’inculpation le mois dernier de M. Netanyahu, 70 ans, pour corruption, abus de confiance et fraude dans trois affaires.

Premier ministre le plus pérenne de l’histoire d’Israël, M. Netanyahu a dénoncé de « fausses accusations motivées par des considérations politiques » après l’annonce de son inculpation.

Stephan Millier, politologue interrogé par l’AFP, a relevé qu’il avait mené une campagne particulièrement intense, pour ne laisser aucune chance à son adversaire. « Son poste était en jeu et il s’est battu », a-t-il souligné.

On a ainsi vu le Premier ministre tenir certains jours plusieurs réunions publiques dans des villes différentes. Et jeudi il apparaissait en direct sur Facebook en train d’appeler des adhérents du parti au téléphone pour les exhorter à voter.

– Impasse politique –

Il a désormais la lourde tâche de mener la campagne du Likoud pour les législatives de mars, les troisièmes en moins d’un an.

Au terme des élections anticipées d’avril, puis de septembre, ni M. Netanyahu ni le centriste Benny Gantz, du parti « Bleu-Blanc » n’ont réussi à rallier 61 députés, seuil de la majorité parlementaire pour former un gouvernement.

Le président Reuven Rivlin a dû confier cette tâche au Parlement lui-même, qui n’y est pas parvenu non plus, précipitant le pays vers un scrutin de plus.

Pour sortir le pays de l’impasse, des députés devront changer de camp pour rejoindre soit celui de M. Gantz, soit celui de M. Netanyahu. A moins que les deux rivaux ne s’unissent.

Mais le parti « Bleu-Blanc » de Benny Gantz refuse de partager le pouvoir avec un Premier ministre inculpé. Face à M. Netanyahu, l’ancien chef de l’armée Benny Gantz joue la carte de la probité.

Une victoire à la primaire du Likoud était une étape cruciale pour le chef du gouvernement, qui doit rester en fonction au vu de son inculpation: la loi israélienne prévoit que tout ministre étant poursuivi pénalement doit démissionner, mais cela ne s’applique pas au Premier ministre.

Selon Gayil Talshir, professeur de science politique à l’Université hébraïque de Jérusalem, cette victoire à la primaire pourrait enhardir M. Netanyahu dans sa croisade contre son inculpation.

« Il va arguer que le peuple l’a choisi » et dénigrer encore davantage la justice, a-t-elle estimé.

« Tout l’enjeu pour Netanyahu est d’assurer une immunité, et pour cela il a besoin de 61 votes » au Parlement, soit la majorité permettant de former le gouvernement, a-t-elle ajouté.

Les premiers sondages laissent cependant entrevoir le statu quo chez les électeurs.

Libye: deux civils tués et 20 blessés dans un raid aérien

Au moins deux civils ont été tués et 20 autres blessés jeudi dans un raid aérien contre une rue commerçante à Zawiya, à l’ouest de la capitale libyenne, selon un responsable local.

« Deux personnes ont été tuées et 20 autres blessées (…) dans une frappe aérienne contre des secteurs civils de la ville », a indiqué à l’AFP Jamal Baher, maire de cette ville située à 45 kilomètres à l’ouest de Tripoli.

Les victimes, toutes civiles, se trouvaient dans une rue commerçante, selon la même source.

Survenue à l’heure de pointe la veille du week-end, la frappe a touché une pharmacie, une boulangerie et des voitures en stationnement, a précisé le maire.

Le gouvernement libyen d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, a accusé les forces du maréchal Khalifa Haftar, qui mènent depuis avril une offensive pour conquérir la capitale, d’avoir mené le raid.

« Les frappes répétées, menées par des avions étrangers soutenant (Khalifa) Haftar contre des quartiers et des sites civils ne cherchent qu’à terroriser les citoyens et déstabiliser » le pays, a indiqué jeudi le GNA dans un communiqué sur Facebook.

« Le fait que la communauté internationale n’ait pas dissuader le criminel de guerre (Haftar) (de stopper son offensive, ndlr) l’a encouragé à commettre ces violation ignobles comparables à des crimes de guerre », a ajouté le GNA.

La frappe contre Zawiya n’a pas été revendiquée.

La Libye est déchirée entre deux pouvoirs rivaux: le GNA de Fayez al-Sarraj, basé à Tripoli (ouest) et, dans l’est, un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar.

A plusieurs reprises, la mission de l’ONU en Libye (Manul) a demandé à ce que les secteurs civils soient épargnés par les frappes qui « pourraient constituer des crimes de guerre ».

Depuis le début de l’offensive contre Tripoli, plus de 280 civils ont été tués, selon l’ONU. Plus de 2.000 combattants ont en outre péri et 146.000 Libyens ont été déplacés, selon la même source.

Qui est qui dans Star Wars? Petit mémo pour « L’Ascension de Skywalker »

Qui est qui dans la galaxie de personnages de « Star Wars »? Voici un bref récapitulatif des héros, méchants et autres personnages clefs de cet univers créé voici 42 ans, avant la sortie mondiale, à partir de mercredi, de « L’Ascension de Skywalker », qui conclut la saga spatiale de trois fois trois films.

– Luke Skywalker –

Un jeune fermier orphelin qui transcende ses humbles origines pour devenir le plus formidable chevalier Jedi de la Galaxie. Il se détourne de la Force et devient ermite lorsque ses tentatives d’entraîner de nouveaux Jedi tournent à la catastrophe. Il s’est sacrifié pour permettre à la Résistance de s’échapper à la fin de l’épisode « Les derniers Jedi » sorti en 2017.

– Leia Organa –

Jadis princesse aux célèbres tresses en macarons et chef de l’Alliance rebelle, elle est la soeur de Luke Skywalker et la mère du sinistre Kylo Ren, adepte du Côté obscur. Devenue générale, elle dirige la Résistance qui s’oppose aux visées dictatoriales du Premier Ordre.

– Han Solo –

Un contrebandier au grand coeur qui devient l’un des principaux meneurs de l’Alliance rebelle, grâce notamment à son célèbre vaisseau spatial, le Faucon Millenium. Séparé de Leia, il avait fait son retour dans « Le Réveil de la Force » en 2015, dans lequel il était tué par leur fils.

– Chewbacca –

Créature poilue appartenant à l’espèce extraterrestre des Wookiees, il s’exprime à l’aide de grognements et mugissements et est l’inséparable complice de Han Solo. Dans le premier épisode de la Guerre des Etoiles, en 1977, son nom avait été francisé en « Chiquetabbac ».

– Dark Vador –

L’un des méchants les plus adulés de l’histoire du cinéma, et très reconnaissable avec son uniforme et son masque noirs. Père de Luke Skywalker, né Anakin Skywalker avant de passer du Côté obscur de la Force. Il meurt à la fin du « Retour du Jedi » (1983) en sauvant son fils aux prises avec l’Empereur Palpatine.

– Lando Calrissian –

Séducteur et joueur, il commence par trahir son ami Han Solo puis, pris de remords, finit par venir en aide à l’Alliance rebelle dont il deviendra un général.

– C-3PO –

Droïde doré, à la démarche chancelante et aux manières guindées, il est programmé pour le protocole et parle six millions de langues. C’est l’acolyte de R2-D2.

– R2-D2 –

Petit robot roulant et cylindrique. Plein de ressources et de surprises, il ne s’exprime qu’à l’aide de sifflements et de bips.

– Yoda –

Petit, vert et avec de grandes oreilles, ce maître Jedi légendaire pour sa sagesse et sa maîtrise de la Force est mort dans « Le retour du Jedi ».

– Rey –

Une orpheline qui survit seule sur la planète Jakku mais est particulièrement douée pour pratiquer la Force. Ses origines mystérieuses font l’objet de folles rumeurs depuis son apparition dans « Le Réveil de la Force ».

– Finn –

Un soldat du Premier Ordre qui a fait défection et a rejoint la Résistance, où il s’est lié d’amitié avec Rey.

– Poe Dameron –

Il se décrit lui-même comme « le meilleur fichu pilote de la galaxie ». Il appartient à la Résistance mais désobéit fréquemment aux ordre de Leia et s’est même mutiné dans « Les derniers Jedi ».

– Kylo Ren –

Né Ben Solo, le fils de Leia et Han Solo a succombé au Côté obscur lorsque son maître, Luke Skywalker, effrayé par sa puissance, a tenté de l’éliminer. Il est depuis lors l’un des principaux méchants de la saga, dans la lignée de son grand-père Dark Vador dont il a emprunté l’habit et le masque noir.

– Snoke –

Chef suprême du Premier Ordre au visage difforme et effrayant, c’est un personnage entièrement numérisé filmé en capture de mouvements.

– BB-8 –

Un petit droïde tout en rondeurs, il est aussi entêté que R2-D2, dont il a pris la relève pour aider les héros.

– Rose Tico –

Une mécanicienne de la Résistance qui se prend d’amitié pour Finn et ses alliés dans « Les Derniers Jedi ».

Hong Kong : troisième jour d’affrontements dans des centres commerciaux

Hong Kong a connu jeudi, pour le troisième jour consécutif, des affrontements entre la police et les manifestants pro-démocratie dans des centres commerciaux particulièrement fréquentés en cette période de fêtes.

Les contestataires se sont rassemblés jeudi après-midi dans différents « malls » (centres commerciaux) de la mégapole et ont scandé des slogans hostiles au gouvernement et à la police.

Dans un centre commercial du quartier de Tai Po (nord-est), la police antiémeutes a fait usage de gaz au poivre et de teinture bleue – destinée à signaler les suspects – à l’encontre de dizaines de manifestants vêtus de noir, a constaté une journaliste de l’AFP.

Les forces de l’ordre ont en outre procédé à de nombreuses arrestations.

Dans un communiqué jeudi, le gouvernement a condamné les violences et les destructions.

« Cette violence sans précédent, cette destruction organisée sont devenues la norme », selon le communiqué.

A Hong Kong, théâtre depuis juin de la crise la plus grave traversée par l’ex-colonie britannique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997, la violence avait baissé d’intensité ces dernières semaines.

Mais des appels ont été lancés sur internet à des actions coup de poing pendant la période de Noël et du Nouvel An, ciblant en particulier les quartiers où se concentrent les boutiques et les grands magasins.

Pour le mouvement pro-démocratie, prendre pour cible les multiples centres commerciaux est une manière de perturber l’économie et de faire ainsi pression sur Pékin et le pouvoir exécutif local qui leur refusent toute concession.

La veille de Noël, de violents heurts ont mis aux prises pendant plusieurs heures des centaines de militants vêtus de noir aux forces de l’ordre dans un centre commercial de Tsim Sha Tsui, un des quartiers commerçants les plus animés de la ville.

Mercredi, des affrontements ont également éclaté dans des « malls » du quartier de Mong Kong, également très prisé des accros du shopping.

La cheffe de l’exécutif hongkongais, Carrie Lam, a accusé « les émeutiers irresponsables et égoïstes » d’avoir gâché les festivités de Noël.

A Hong Kong, où vit une importante communauté chrétienne, Noël est une fête importante et, traditionnellement, les bars et autres commerces sont très animés à cette occasion.

Le mouvement de constatation est né d’un projet de loi qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine continentale. L’exécutif local fidèle à Pékin a renoncé à ce projet, mais les manifestants ont élargi leurs revendications pour obtenir des élections libres et, de façon générale, plus de démocratie face à une mainmise grandissante de Pékin.

Le mouvement a eu un impact sur le tourisme et l’économie de la place financière, entrée en récession au troisième trimestre pour la première fois en dix ans, le PIB s’inscrivant en recul de 3,2%.

Maroc: un journaliste placé en détention pour un tweet sur la justice

Le journaliste et militant des droits humains marocain Omar Radi a été placé jeudi en détention pour un tweet dénonçant une décision de justice, a indiqué son avocat.

Selon Me Said Benhammani, M. Radi avait été entendu plus tôt jeudi par la police judiciaire qui l’a déféré devant le procureur. Celui-ci avait alors décidé de le placer en détention et son procès a débuté dans la foulée en soirée.

Au cours de cette première audience devant le tribunal de première instance de Casablanca, ses avocats ont demandé sa remise en liberté provisoire, ce qui a été rejeté par le tribunal.

La prochaine audience a été fixée au 2 janvier.

M. Radi, 33 ans, est jugé en vertu de l’article 263 du Code pénal, qui punit d’un mois à un an de prison « l’outrage à magistrat », selon Me Said Benhammani.

Selon sa défense, le journaliste est poursuivi pour un tweet publié en avril et fustigeant le verdict d’un magistrat contre des membres du Hirak, un mouvement de contestation sociale qui a agité le nord du Maroc en 2016 et 2017.

Un juge de la Cour d’appel de Casablanca (ouest) avait alors confirmé des peines allant jusqu’à 20 ans d’emprisonnement de 42 membres du Hirak.

« Lahcen Talfi, juge de la cour d’appel, bourreau de nos frères, souvenons-nous bien de lui. Dans beaucoup de régimes, les petits bras comme lui sont revenus supplier après en prétendant +avoir exécuté des ordres+. Ni oubli ni pardon avec ces fonctionnaires sans dignité! », avait écrit M. Radi dans son tweet.

Le journaliste avait déjà été entendu une première fois par la police judiciaire en avril et une enquête avait été ouverte pour ce tweet.

Son arrestation a suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, et a été dénoncée par Reporters sans frontières (RSF).

Un nouveau Code de la presse ne prévoyant plus de peines de prison est entré en vigueur en 2016, mais les journalistes continuent d’être poursuivis selon le Code pénal.

Plusieurs ONG internationales s’inquiètent des condamnations de journalistes en vertu du Code pénal.

Dans son dernier classement annuel sur la liberté de la presse, RSF a classé le Maroc 135e sur 180 pays.

« Star Wars », 42 ans à briller au sommet du box-office mondial

Voilà déjà 42 ans que George Lucas a fait une entrée fracassante au cinéma avec son film « Star Wars » (« La Guerre des étoiles » en France à l’époque), qui n’avait initialement été diffusé que dans 32 salles.

Rebaptisé depuis lors « Star Wars, épisode IV: Un nouvel espoir », cet univers de combats intergalactiques et duels au sabre laser a donné lieu à trois trilogies, que « L’Ascension de Skywalker » vient conclure cette semaine, et des longs-métrages indépendants.

Voici les sorties des différents épisodes, dans l’ordre décroissant des recettes qu’ils ont générées dans le monde (en dollars, chiffres non ajustés à l’inflation).

Episode VII – « Le réveil de la force » (2015)

2,07 milliards de dollars

Episode VIII – « Les Derniers Jedi » (2017)

1,33 milliard

« Rogue One: A Star Wars Story » (2016)

1,06 milliard

Episode I – « La Menace fantôme » (1999)

1,03 milliard

Episode III – « La Revanche des Sith » (2005)

850 millions

Episode IV – « Un nouvel espoir (La Guerre des étoiles) » (1977)

775,5 millions

Episode II – « L’Attaque des clones » (2002)

649,4 millions

Episode V – « L’Empire contre-attaque » (1980)

547,9 millions

Episode VI – « Le Retour du Jedi » (1983)

475,3 millions

« Solo: A Star Wars Story » (2018)

392,9 millions

Source: BoxOfficeMojo.com

La Turquie s’apprête à envoyer des troupes en Libye

Le président Recep Tayyip Erdogan a ouvert jeudi la voie à une intervention militaire turque directe en Libye en annonçant le prochain vote au Parlement sur l’envoi de troupes pour soutenir le gouvernement de Tripoli face à l’homme fort de l’est libyen Khalifa Haftar.

Un déploiement de soldats turcs sur le terrain est susceptible d’aggraver le conflit fratricide, alimenté par des puissances régionales rivales, qui déchire le pays depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

Pour justifier une telle intervention, la Turquie fait valoir que le gouvernement d’union nationale libyen (GNA), qu’il soutient militairement, est reconnu par l’ONU alors que le maréchal Haftar n’a aucune légitimité internationale bien qu’il bénéficie de l’aide de certains pays.

Le maintien du GNA est d’autant plus crucial pour la Turquie qu’elle vient de signer avec lui un accord de délimitation maritime qui permet à Ankara de faire valoir des droits sur des vastes zones en Méditerranée orientale riches en hydrocarbures, au grand dam de la Grèce, de l’Egypte, de Chypre et d’Israël.

« Nous allons présenter la motion pour l’envoi de soldats en Libye dès la reprise des travaux du Parlement », le 7 janvier, a déclaré M. Erdogan lors d’un discours à Ankara.

« Si Dieu le veut, nous pourrons la faire adopter le 8 ou le 9 janvier et répondre ainsi favorablement à l’invitation du gouvernement libyen légitime », de l’aider militairement, a ajouté M. Erdogan.

« Nous soutiendrons par tous les moyens le gouvernement de Tripoli, qui résiste contre un général putschiste soutenu par des pays arabes et européens », a-t-il poursuivi, se référant au maréchal Haftar.

Le Parlement turc a déjà approuvé samedi un accord de coopération militaire et sécuritaire signé avec le GNA le 27 novembre lors d’une visite à Istanbul de son chef Fayez al-Sarraj.

Cet accord est entré en vigueur jeudi après sa publication par le journal officiel.

– « Un chef de guerre » –

L’accord permet aux deux parties d’envoyer dans l’un et l’autre pays du personnel militaire et policier pour des missions d’entraînement et d’éducation, ont indiqué des responsables turcs.

Pour obtenir l’autorisation de déployer des forces combattantes en Libye, le gouvernement turc doit faire approuver par le parlement un mandat séparé, comme il le fait tous les ans pour envoyer des militaires en Irak et en Syrie.

Ankara avait également signé lors de la visite de M. Sarraj l’accord de délimitation maritime qu’il entend mettre à profit pour s’imposer comme acteur incontournable dans l’exploitation des hydrocarbures en Méditerranée orientale.

« L’objectif de l’accord signé avec la Libye n’est pas d’entraver les droits de quiconque en Méditerranée, au contraire, c’est d’empêcher que nos droits le soient », a affirmé M. Erdogan jeudi.

Le maréchal Haftar est soutenu par l’Arabie saoudite, l’Egypte et les Emirats arabes unis, tous étant des rivaux régionaux de la Turquie et d’un autre allié du GNA, le Qatar.

« Ils soutiennent un chef de guerre. Quant à nous, nous répondons à l’invitation du gouvernement libyen légitime, telle est notre différence », a affirmé M. Erdogan.

M. Erdogan affirme que les forces de Haftar bénéficient aussi du soutien d’une compagnie de sécurité russe, donnant du crédit à des informations de presse, démenties par Moscou, sur la présence de mercenaires russes en Libye.

Interrogé sur les projets d’Ankara d’envoyer des troupes en Libye, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a estimé jeudi qu’il était « peu probable que l’ingérence des pays tiers dans cette situation puisse contribuer au règlement ».

« Mais toute tentative des pays tiers de contribuer directement à régler le problème et d’aider les parties du conflit à trouver une solution est toujours la bienvenue », a-t-il ajouté.

Selon le think tank Edam, basé à Istanbul, un déploiement militaire turc sur le terrain devrait consister de « forces spéciales » et des « personnels de combats hautement qualifiés » ainsi que des officiers de renseignement et de liaison.

« Depuis 2016, les forces armées turques ont acquis une expérience considérable pour ce genre de mission grâce aux opérations en Syrie », affirme Edam dans une note d’analyse.

Niger: 14 militaires tués dans une attaque dans l’ouest

Quatorze militaires ont été tués mercredi dans une attaque de « terroristes lourdement armés » dans la région de Tillabéri, dans l’ouest du Niger, a annoncé jeudi le ministère nigérien de l’Intérieur dans un communiqué.

« Un convoi composé d’éléments de la gendarmerie et de la garde nationale escortant des équipes chargées de l’enrôlement électoral dans la commune de Sanam (département d’Abala) a été victime d’une embuscade tendue par des terroristes lourdement armés », selon le communiqué.

« A l’issue d’une bataille acharnée, plusieurs morts et blessés ont été enregistrés. Côté ami : sept gendarmes et sept gardes sont décédés. Un garde est porté disparu », selon le communiqué.

« L’ennemi quant à lui, a subi de nombreuses pertes », assure le ministère, sans préciser leur ampleur.

C’est dans cette même région de Tillabéri, proche du Mali, que 71 soldats nigériens ont été tués le 10 décembre, la pire attaque depuis le regain des attaques jihadistes en 2015 dans ce pays sahélien pauvre, revendiquée par l’Etat islamique.

Selon le ministère de l’Intérieur, l’équipe des agents d’enrôlement « a été sécurisée et a regagné Sanam en bonne santé ».

Cette équipe opérait pour le compte de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), qui doit organiser des élections générales (présidentielle et législatives) fin 2020.

Tout le Sahel – en particulier le Mali, le Niger et le Burkina -, est désormais visé par les assauts de plus en plus audacieux de groupes islamistes, en dépit du renforcement des armées locales et de la présence de 4.500 militaires français de la force antiterroriste Barkhane.

Le Burkina Faso observait jeudi son deuxième jour de deuil national après une attaque jihadiste qui a fait 42 morts dans le nord du pays, la pire depuis cinq ans.

Le président nigérien Mahamadou Issoufou avait annoncé dimanche, lors de la visite du président français Emmanuel Macron, que les pays du Sahel et la France lanceront « un appel à la solidarité internationale » durant un sommet à Pau (sud-ouest de la France) le 13 janvier consacré à la lutte contre les groupes jihadistes.

Ce qu’il faut savoir sur la procédure en destitution de Donald Trump

Suite à près de trois mois d’enquête sur l’affaire ukrainienne, les démocrates, maîtres de la Chambre des représentants, votent mercredi la mise en accusation de Donald Trump mais il ne devrait pas être destitué grâce au solide soutien des républicains, majoritaires au Sénat. Voici ce qu’il faut savoir sur la procédure en destitution du président américain.

. L’appel

Le 25 juillet, Donald Trump demande au nouveau président ukrainien Volodymyr Zelensky d’enquêter sur Joe Biden, un potentiel rival à la présidentielle de 2020, et son fils Hunter, lors d’un entretien téléphonique.

. L’enquête

Les démocrates à la Chambre basse ouvrent une enquête en destitution contre l’ex-magnat de l’immobilier le 24 septembre après avoir eu connaissance du contenu de la conversation par un lanceur d’alerte.

Ils le soupçonnent également d’avoir fait pression sur l’Ukraine en conditionnant notamment une aide militaire de près de 400 millions de dollars à l’annonce de ces investigations.

M. Trump affirme que ses conversations avec M. Zelensky étaient « parfaites » et martèle, sans preuves, que Joe et Hunter Biden sont « corrompus », notamment parce que le fils de l’ancien vice-président démocrate a siégé à la direction de Burisma, un groupe gazier ukrainien un temps soupçonné de pratiques douteuses.

. Des auditions publiques tendues

En octobre et novembre, la commission d’enquête de la Chambre entend une dizaine de témoins lors d’auditions à huis clos puis publiques. La Maison Blanche refuse de collaborer et le chef de cabinet du président, Mick Mulvaney, ainsi que l’ex-conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, ne témoignent pas.

Plusieurs témoignages indirects de diplomates ou de responsables de l’administration évoquent des pressions de M. Trump sur Kiev.

L’ambassadeur américain pour l’Union européenne, Gordon Sondland, livre le témoignage le plus embarrassant. L’homme d’affaires nommé par M. Trump confirme un « donnant-donnant »: une invitation du président Zelensky à la Maison Blanche contre l’annonce d’ouverture d’enquêtes par l’Ukraine, selon les « ordres » de Donald Trump.

Mais le président Trump ne lui a « jamais dit directement que l’aide » militaire faisait partie du marché, admettant avoir fait sa « propre déduction » en liant les deux affaires.

Les élus républicains font bloc derrière le milliardaire new-yorkais: il n’y a pas eu de « donnant-donnant » puisque l’aide militaire a été versée sans que Kiev annonce d’enquêtes et Donald Trump a utilisé ses prérogatives présidentielles pour lutter contre la corruption en Ukraine.

Ils contre-attaquent en dénonçant des témoignages basés sur des « ouï-dire » et évoquent une théorie complotiste selon laquelle l’Ukraine, et non la Russie, s’est ingérée dans les élections de 2016, au profit des démocrates.

. Deux articles d' »impeachment »

La commission judiciaire de la Chambre approuve le 10 décembre deux chefs de mise en accusation (« impeachment ») contre Donald Trump.

Le président a commis un « abus de pouvoir » en demandant à un pays étranger d’enquêter sur un rival politique et mis en danger l’intégrité de l’élection de novembre 2020.

Le président a fait « entrave à la bonne marche du Congrès » en interdisant aux membres du gouvernement de témoigner.

La Chambre vote mercredi sur ces articles en session plénière. Malgré plusieurs défections attendues, les démocrates comptent une confortable majorité (233 sièges contre 197).

Donald Trump devrait donc devenir le troisième président de l’Histoire américaine mis en accusation au Congrès, après Andrew Johnson (1868) et Bill Clinton (1998). En 1974, Richard Nixon avait démissionné avant le vote de la Chambre.

. Le procès au Sénat

Le milliardaire devrait être acquitté dans son procès en destitution au Sénat, en janvier.

A la chambre haute, contrôlée par les républicains (53 sièges sur 100), les démocrates devront convaincre 20 sénateurs de l’autre camp de voter pour l’un des deux articles. La tâche est quasi impossible tant les lignes partisanes sont fortes, au Sénat comme dans l’opinion publique.

Philippines: le typhon Phanfone a fait au moins 16 morts

Le typhon Phanfone qui a balayé les Philippines le jour de Noël a fait au moins 16 morts et les nombreux touristes étrangers venus passer les fêtes sur l’île de Boracay demeuraient jeudi coupés du monde.

Ce typhon, qui s’accompagnait de rafales de vent atteignant les 200 km/h, a provoqué d’importants dégâts matériels mercredi dans le centre de l’archipel, arrachant les toits des maisons et renversant des poteaux électriques.

Au moins seize personnes ont été tuées dans des villages et des villes de l’archipel des Visayas (centre), selon des responsables de l’autorité de gestion des catastrophes.

Phanfone a également frappé l’île très touristique de Boracay (centre), celle de Coron (ouest) ainsi que d’autres destinations prisées des étrangers notamment pour leurs plages de sable blanc.

Les communications via internet ou téléphones portables sont coupées sur l’île paradisiaque de Boracay depuis le passage du typhon, rendant difficile l’évaluation des dégâts sur l’île.

« Les communications ne fonctionnent plus. L’électricité est toujours coupée », a indiqué à l’AFP Jonathan Pablito, responsable de la police de Malay, une ville de la province d’Aklan, située non loin de Boracay.

Les liaisons en ferries, qui sont le principal moyen de relier Aklan (nord des Visayas occidentales) et Boracay, n’étaient toujours pas opérationnelles jeudi, a précisé M. Pablito.

– Ni ferrys ni avions –

« Nous n’avons aucune information en provenance des gardes-côtes permettant de savoir si les liaisons maritimes seront à nouveau autorisées. Depuis le 24 (décembre…) tous (les bateaux) qui allaient sur l’île et en revenaient n’ont pas pu traverser », a-t-il ajouté.

L’aéroport de Kalibo, situé à Aklan et qui dessert Boracay, a subi d’importants dégâts, selon un touriste coréen qui s’est retrouvé bloqué et a fourni des images à l’AFP.

« Les routes demeurent coupées mais des moyens sont mis en oeuvre pour déblayer les dégâts. C’est assez grave », a affirmé Jung Byung Joon via Instagram.

« Tout ce qui se trouve dans un rayon de moins de 100 mètres autour de l’aéroport semble endommagé. A l’aéroport, il y a beaucoup de personnes déçues car leurs vols ont été annulés », a-t-il expliqué.

« Les taxis roulent mais il y a du vent et il pleut toujours donc personne ne veut quitter l’aéroport, notamment moi », selon ce touriste.

Une autre touriste coréenne, également confinée dans l’aéroport, a affirmé ne pas avoir pu entrer en contact jeudi avec un ami se trouvant à Boracay.

« Je ne sais pas quand je pourrai rentrer chez moi », a-t-elle expliqué à l’AFP via Instagram.

Il était impossible de dire mercredi si Boracay a subi ou non d’importants dommages.

– Noël loin des familles –

Bien que moins puissant, Phanfone a suivi la même trajectoire que le typhon Haiyan, le plus dévastateur enregistré dans le pays, qui avait fait plus de 7.300 morts et disparus en 2013, frappant particulièrement la ville de Tacloban.

« C’est comme le petit frère de Haiyan. Il est moins destructeur, mais il a suivi une trajectoire similaire », a expliqué à l’AFP Cindy Ferrer, chargée de la communication au sein du service de gestion des catastrophes de la région des Visayas occidentales.

Dans ce pays à très grande majorité catholique, des dizaines de milliers de personnes ont été contraintes de quitter leurs maisons et de passer le réveillon et le jour de Noël dans des abris.

Un grand nombre de Philippins n’ont pas pu réveillonner au sein de leur famille, en raison de l’arrêt des liaisons aériennes et par ferries.

Parmi les personnes tuées, figure un policier qui a été électrocuté par la chute d’un poteau électrique au cours d’une patrouille.

Le typhon, en train de s’affaiblir, s’éloignait peu à peu du pays jeudi, se dirigeant vers la mer de Chine méridionale, selon le centre de prévisions météorologiques Weather Philippines.

Une vingtaine de typhons et tempêtes tropicales balayent chaque année en moyenne les Philippines, faisant des centaines de morts. Mi-décembre, une violente tempête tropicale dans le nord du pays avait fait 13 morts.

Le président érythréen promet de renforcer la coopération avec l’Ethiopie

Le président érythréen, Issaias Afeworki, a promis jeudi de travailler à renforcer la coopération avec l’Éthiopie, au deuxième et dernier jour de sa visite dans ce pays avec lequel il est engagé dans un processus de réconciliation.

M. Issaias a exprimé sa « gratitude pour l’hospitalité accordée à sa délégation » et réaffirmé l’engagement de l’Érythrée à travailler avec vigueur pour « promouvoir un nouveau chapitre de la coopération entre les deux pays », selon un tweet du ministre érythréen de l’Information, Yemane G. Meskel.

Il s’agissait de la première visite de M. Issaias depuis que le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, s’est vu décerner le prix Nobel de la paix pour avoir initié un rapprochement entre leurs deux pays.

Les deux dirigeants ont posé jeudi la première pierre de la future ambassade érythréenne à Addis Abeba, un geste décrit par M. Abiy comme un « cadeau de Noël » de l’Éthiopie à son voisin, a précisé M. Yemane.

Dans la matinée, ils avaient visité différents projets agricoles et industriels, et mercredi l’Observatoire spatial et centre de recherche d’Entoto, selon la même source.

Le président érythréen était accompagné du ministre éthiopien des Affaires étrangères, Osman Saleh, et du conseiller présidentiel Yemane Gebreab. Il devait s’entretenir avec M. Abiy « d’importants sujets régionaux et bilatéraux », selon M. Yemane.

La guerre entre l’Éthiopie et son ancienne province, en raison notamment d’un conflit territorial, avait fait quelque 80.000 morts entre 1998 et 2000.

M. Abiy, 43 ans, s’est vu attribuer le Nobel de la paix 2019 pour la réconciliation qu’il a menée tambour battant avec l’Érythrée, mettant fin avec le président Issaias à 20 ans d’état de guerre entre les deux voisins de la Corne de l’Afrique.

L’accord de paix de 2018 avec Asmara avait été suivi de la réouverture d’ambassades et de postes-frontières ou encore du rétablissement des liaisons aériennes. Mais depuis, plusieurs postes-frontières importants ont de nouveau été fermés, et la question épineuse du tracé d’une partie de la frontière reste en suspens.

Lors de la cérémonie de remise de son prix le 10 décembre à Oslo, M. Abiy avait associé à sa récompense son « partenaire et camarade de paix », le seul dirigeant que l’Érythrée ait connu depuis l’indépendance acquise en 1993.

A son retour à Addis Abeba, il avait formulé le vœu de rencontrer « bientôt » le président érythréen. Leur dernière rencontre datait de juillet, à Asmara.

Blouses blanches et « pom pom girls » en études de médecine: l’hôpital dans la rue

« On a beau travailler non stop, sans manger, sans boire, ça ne sert à rien »: Margot, urgentiste du Samu de Garches, fait partie du millier de blouses blanches et bleues, internes, infirmières, aides soignants ou étudiants en médecine qui manifestent mardi à Paris pour « sauver l’hôpital ».

Le cortège, orchestre des « blouses brothers » en tête, a relié l’hôpital Lariboisière, près de la gare du Nord, à la place de la République, où s’est élancée la manifestation contre la réforme des retraites.

« On a voulu défiler séparément pour rester visibles », explique Stéphanie Fry, pneumologue au CHU de Lille. En 13 ans d’exercice, elle a vu l' »ambiance changer: on nous demande d’être rentables, de prendre des parts de marché à l’hôpital privé », témoigne-t-elle. « Mais nous, on vend rien, on soigne. Il faut changer tout le système de financement de l’hôpital ».

Luc, médecin en soins palliatifs, dénonce la culture du chiffre: « on nous demande le taux d’occupation, la durée et le nombre de séjours, il faut toujours plus de séjours, on croule sous les injonctions contradictoires, il faut soigner bien, mais sans que ça coûte ».

Trois internes en blouses bleues de bloc opératoire échangent avec une médecin de la Pitié-Salpêtrière qui les supplie de « ne pas laisser tomber l’hôpital pour le privé ».

Omar, interne en anesthésie, raconte avoir trouvé la veille « un patient en état de choc sur un brancard dans un couloir ». « L’infirmière n’avait pas pu s’en occuper, on l’a brancardé avec un confrère médecin vers la réanimation ».

Faute de secrétaire, internes et médecins « font de plus en plus de tâches administratives », explique Aude, anesthésiste à la Pitié. « C’est du temps qu’on n’a plus pour parler aux familles ».

Elle a vu l’unité de soins de réhabilitation fermer dans l’hôpital faute de personnel. « On est obligé d’envoyer des patients à 70 km de là en Seine-et-Marne, où leurs familles ne peuvent pas aller les voir ».

Nathalie, pédopsychiatre à l’hôpital Avicenne à Bobigny, a vu « des patients qui restent bloqués aux urgences pendant parfois 24 heures, alors qu’ils devraient être réorientés vers un hôpital psychiatrique. Ca entraîne des fugues, parfois de la maltraitance, parce qu’ils sont livrés à eux-mêmes ».

– Hôpital en « sous-France » –

Les pancartes artisanales disent le malaise d’un hôpital « en sous-France »: « Soignants en colère, l’hôpital c’est la galère », ou encore « #soignants low cost, c’est non ».

Tous les métiers sont de la partie: pour Amaury, interne à Trousseau, « on est en tension à tous les échelons, les seniors comme les internes font les bouche-trous, on voit des médecins à la photocopieuse ».

Beaucoup de jeunes égayent le cortège comme ces « pom pom girls » en étude de médecine à Paris 13 Bobigny qui agitent leurs pompons pailletés.

« Les jeunes, on les épuise en quelques années, le risque c’est de les dégoûter du métier », relève Aude.

Les manifestants défilent à l’appel des collectifs Inter-Hôpitaux et Inter-Urgences, d’organisations de praticiens, d’internes (Isni) et des syndicats CGT, FO, CFDT, CFTC, CFE-CGC, SUD, Unsa.

Doublement du budget alloué à la santé, revalorisation salariale générale, recrutements immédiats et ouvertures de lits supplémentaires… Les revendications n’ont pas changé depuis le début d’un mouvement inédit dans les services d’urgences mi-mars, qui s’est étendu depuis à l’ensemble de l’hôpital.

Mardi, la réforme des retraites s’ajoute aux griefs des hospitaliers: « Rallonger le temps de travail, ce n’est pas possible, à 55 ans, les aide-soignants ont déjà mal au dos, ils manipulent des patients de 80 kg sans lève-malades… ils sont bousillés », raconte Adeline, 39 ans, infirmière dans un hôpital de l’AP-HP.

« On est inquiètes » du calcul de la retraite sur toute la carrière au lieu des six derniers mois, dit-elle, rappelant que « quand on est infirmière on démarre très bas, autour de 1.500 euros. En prenant la carrière dans l’ensemble, c’est sûr et certain que ça va faire baisser notre retraite ».

Attaque jihadiste au Burkina: le pays en deuil, messages de solidarité

L’attaque jihadiste qui a fait 42 morts dans le nord du Burkina Faso, la pire dans le pays depuis cinq ans, a plongé une nation dans le deuil à Noël, et suscité des messages de solidarité, entre autres du pape François et de l’ONU.

Trente-cinq civils, dont 31 femmes, et sept militaires (quatre soldats et trois gendarmes) ont été tués dans cette attaque armée non revendiquée, menée mardi à Arbinda, près de la frontière malienne, qui a visé à la fois le détachement militaire et la population civile.

Mercredi soir, des sources sécuritaires ont rapporté à l’AFP qu’une nouvelle attaque s’était produite dans la même région, à une soixantaine de kilomètres, une embuscade dans laquelle « une dizaine de militaires » ont péri.

« Une patrouille du détachement militaire de Namssiguia a été attaquée dans la nuit de mardi à mercredi » et « une dizaine de militaires ont été tués dans cette embuscade qui a eu lieu à Hallalé », localité située près de Tongomael, dans la province du Soum, selon une source sécuritaire.

A Arbinda mardi, la riposte militaire avait permis de tuer « 80 terroristes », selon l’état-major des armées burkinabè, et de saisir aux jihadistes en fuite « une centaine de motos, de l’armement et des munitions en grande quantité ».

Cette attaque avait été menée « aux environs de six heures du matin par plus de 200 individus lourdement armés, à bord de pick-up et de motocyclettes. Les échanges de tirs ont été vraiment intenses et ont duré près de trois heures. C’est le soutien aérien qui a permis de repousser l’attaque », a expliqué à l’AFP une source sécuritaire.

« Pendant que le détachement (militaire) essuyait des tirs nourris, un autre groupe d’individus armés s’en est pris aux populations civiles, majoritairement des femmes, dont des personnes déplacées qui avaient trouvé refuge à Arbinda », a précisé une autre source sécuritaire.

La commune rurale d’Arbinda, située à 90 km de Djibo, chef-lieu de la province du Soum, et sa région ont régulièrement été frappées cette année par des attaques jihadistes, visant aussi bien les civils que les forces de l’ordre.

Début avril, 62 personnes avaient été tuées en trois jours lors d’attaques jihadistes suivies d’affrontements intercommunautaires dans la commune.

Le président burkinabè Roch Kaboré en personne, à qui a souvent été reproché son manque de poigne face aux groupes jihadistes qui multiplient les actions violentes, avait annoncé mardi soir sur Twitter le macabre bilan de cette « attaque barbare ».

Six civils et une vingtaine de soldats ont été blessés, a précisé le ministre de la communication Remis Dandjinou.

Le président Kaboré a décrété 48 heures de deuil national, mercredi et jeudi, en hommage aux victimes de l’attaque, la pire qu’a connue le Burkina depuis le début des violences jihadistes il y a cinq ans.

Ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest est confronté à une multiplication des attaques jihadistes, comme ses voisins sahéliens le Mali et le Niger, et ne parvient pas à enrayer la spirale de violences.

Début novembre, 40 employés d’une société minière avaient été massacrés lors de l’attaque de leur convoi dans l’Est du pays.

– « Villes martyres » –

Le Burkina a reçu mercredi plusieurs messages de soutien, dont celui du Pape.

François a dénoncé dans son traditionnel message de Noël les agissements « des groupes extrémistes sur le continent africain, surtout au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Nigeria ».

Le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres « condamne fermement l’attaque perpétrée le 24 décembre par des individus armés non identifiés à Arbinda » et « transmet la solidarité des Nations Unies au peuple burkinabé », a-t-il indiqué dans un communiqué.

« Inates au Niger hier, Arbinda au Burkina Faso aujourd’hui… Villes martyres, victimes d’un terrorisme rampant qui nous menace tous. L’Union européenne est aux côtés de l’Afrique dans son combat contre le terrorisme », a tweeté le président du Conseil européen Charles Michel.

Le président du Niger Mahamadou Issoufou, dont le pays vient de subir une terrible attaque de jihadistes à Inates (71 soldats tués), a fait part sur Twitter de sa « solidarité » et présenté ses condoléances.

Depuis 2015, les attaques jihadistes au Burkina ont fait près de 750 morts, selon un décompte de l’AFP, et environ 560.000 déplacés et réfugiés, d’après l’ONU.

Le Nord et l’Est du pays sont particulièrement touchés. Ouagadougou, la capitale, a été frappée à trois reprises.

Ces attaques sont rarement revendiquées mais attribuées à des groupes armés jihadistes, certains affiliés à Al-Qaïda et d’autres au groupe État islamique.

Les forces de l’ordre burkinabè, qui paient un lourd tribut, sont sous-équipées et mal entraînées. Elles ont cependant revendiqué une série de succès depuis deux mois, affirmant avoir tué une centaine de jihadistes au cours de plusieurs opérations.

Cinq Etats sahéliens (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) qui tentent depuis 2015 de mettre sur pied une force militaire conjointe de 5.000 soldats, ont appelé mi-décembre la communauté internationale à les soutenir davantage.

Et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a adopté le 21 décembre un « plan d’action » d’un milliard de dollars sur cinq ans pour lutter contre le terrorisme, aux contours cependant flous.

Malgré la présence de forces françaises (4.500 soldats de l’opération Barkhane), de l’ONU (Minusma au Mali, 13.000 hommes), ainsi que de forces américaines, les pays sahéliens subissent des attaques jihadistes de plus en plus fréquentes et meurtrières, depuis les premières violences dans le nord du Mali en 2012.

La France a convié les cinq Etats sahéliens à un sommet en janvier pour « redéfinir plus clairement les objectifs militaires, politiques et de développement » de la lutte commune contre les groupes jihadistes, selon le président Emmanuel Macron, qui estime ambiguë l’attitude des présidents burkinabé et malien au sujet de la présence des soldats français, critiquée par une partie de l’opinion publique de ces deux pays.

En Libye, le calvaire de déplacés du sud de Tripoli pour se loger

Il y a des mois déjà, Laila Mohamad a eu à peine le temps de prendre quelques affaires avant de quitter sa maison précipitamment pour mettre ses enfants à l’abri des bombardements, hors de la banlieue sud de Tripoli, la capitale libyenne.

Ballotée d’un logement à l’autre, tandis que les loyers flambent, elle a épuisé toutes ses économies et fini, comme des dizaines d’autres familles, par squatter un appartement dans des immeubles inachevés du quartier de Tarik al-Sekka, en centre-ville de Tripoli.

Comme elle, plus de 140.000 Libyens ont fui les combats qui ont éclaté en banlieue sud de la capitale avec l’offensive lancée en avril par le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est du pays, pour tenter de prendre le contrôle de Tripoli, siège du gouvernement d’union(GNA).

A Tarik al-Sekka, six immeubles comptant un total de 150 appartements ont été laissés en chantier depuis 2008 en raison d’un contentieux immobilier.

Aujourd’hui, les squelettes gris de ces constructions à l’abandon abritent plus de 170 familles déplacées. Pour certaines d’entre elles, « c’est un cadeau du ciel », sinon, « c’était la rue ».

Mais « nous vivons comme des animaux. Sans eau, sans électricité, sans tout-à-l’égout », souligne auprès de l’AFP Laila Mohamad.

– « Vie digne » –

« Tout ce que nous voulons, c’est une vie digne », s’insurge cette mère de sept enfants, selon qui le fils cadet est désormais atteint d’une maladie respiratoire chronique. « Il a failli mourir à cause de la poussière! », clame-t-elle.

Samira, qui occupe avec ses quatre enfants un modeste pièce dans un immeuble voisin, dit avoir privilégié la chaleur de la promiscuité à davantage d’indépendance mais aussi de froideur.

Dans la pièce de huit mètres carrés, elle dit se sentir en sécurité, et loue la générosité d’un « bienfaiteur » qui lui a payé une porte et une fenêtre. « Même si ce n’est pas l’idéal, au moins c’est gratuit », ajoute-t-elle.

Samira avait choisi, dans un premier temps, de rester coûte que coûte dans sa maison d’Al-Khallatat, au sud de Tripoli, malgré la « terreur » due aux mois de combats.

Ce n’est qu’après la chute d’une roquette près de sa maison qu’elle s’est résignée à partir, raconte-t-elle.

Les immeubles squattés dans le centre-ville sont situés à quelques dizaines de mètres à peine du siège du GNA, qui semble avoir été dépassé par l’afflux des déplacés.

– « Inaction » –

Même si elle est membre d’un « Comité de crise » du GNA, Mayssoun al-Diab, chargée des déplacés, ne ménage pas le gouvernement, en critiquant l' »inaction des autorités ».

Selon elle, le gouvernement a été incapable de trouver des logements de substitution à ces victimes de l’offensive du maréchal Haftar, livrant ces familles à l’avidité des bailleurs.

« Le gouvernement ne leur a rien offert, même pas un soutien moral », dit-elle.

Son comité a d’abord réquisitionné des écoles, des bâtiments publics et des hôtels. Mais, face au nombre croissant de déplacés, la poursuite des combats et avec la rentrée scolaire, de nombreuses familles se sont retrouvées à la rue.

Après avoir trouvé refuge durant plusieurs mois dans une école de Tripoli, Khairi al-Doukali et les siens ont ainsi été « chassés avec des dizaines de familles », à l’heure du retour des écoliers.

Eux aussi ont terminé leur errement dans les immeubles « fantômes » de Tarik al-Sekka.

Relayé sur les réseaux sociaux, le calvaire de ces déplacés a ému des Tripolitains mieux lotis, qui leur sont venus en aide, alors qu’aucune issue au conflit libyen n’apparaît en vue.

Quotidiennement, ces habitants viennent apporter de la nourriture, des couvertures et des vêtements, explique Salem el-Chatti, membre d’un collectif de déplacés.

« Nous essayons de distribuer les dons (…) le plus équitablement possible », signale-t-il.

Abdel-Atti, un de ces Tripolitains, arrive les bras chargés d’un matelas et de couvertures.

« Je passe devant ces immeubles tous les jours et ça me fend le coeur que mes enfants mangent, boivent et dorment au chaud alors que nos frères vivent ce drame », résume-t-il.

« On est tous perdants »: paroles de manifestants contre la réforme des retraites

Employée d’une entreprise agroalimentaire, machiniste à la RATP, enseignant, comédien… A Paris et en régions, ils ont défilé mardi contre la réforme des retraites, exprimant leur crainte de « perdre de l’argent » demain ou de devoir travailler plus longtemps.

« Je vais devoir tirer 8 mois de plus »

Monique Betat, 58 ans, militante CFDT originaire des Landes, portant dans le cortège parisien une pancarte « T’es des sixties? Mauvaise surprise! »:

« Je suis au régime de la MSA (Mutualité sociale agricole) car je travaille dans une entreprise agroalimentaire. Normalement je pouvais partir à 62 ans, mais là je vais devoir tirer 8 mois de plus! Vous allez me dire +8 mois, qu’est-ce que c’est dans une vie? Pas grand-chose+. Mais c’est complètement injuste, et je me bats aussi pour tous les camarades. »

« On est tous perdants »

Emmanuel Dehu, 52 ans, infirmier à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris:

« Le gros problème (…) c’est la retraite à points, sachant qu’en étant infirmier on commence environ à 1.600 euros pour finir à 2.700. Ca risque de faire autour de 250-300 euros en moins par mois, en travaillant encore plus… Même si je suis né avant 1975, on est tous perdants. J’ai des enfants qui vont rentrer dans le monde du travail très tard, et dans une précarité qui dure assez longtemps. »

« C’est le flou »

Guillaume, 31 ans, professeur d’anglais dans un lycée de Marseille, adhérent Unsa:

« Je n’ai pas l’habitude de manifester, c’est contre ma nature, mais quand un syndicat comme l’Unsa, réformiste, appelle à la grève je me dis que l’heure est grave.

Ils ne nous disent pas ce que cette réforme implique, c’est le flou (…). Le gouvernement nous dit qu’il veut envoyer un signal pour plus d’égalité mais c’est quoi un signal? On est dans la com’ une fois de plus.

J’ai vécu dans un pays anglo-saxon où les conditions de travail sont moins bonnes, où la retraite est par capitalisation. Je ne défends pas ce modèle, mais là-bas les choses sont claires au moins.

Être transparent c’est dire +voilà notre réforme+, montrer, dire les points négatifs de ce changement sans essayer de cacher les choses. »

« On va perdre de l’argent »

Bruno Fady, 59 ans, directeur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) à Avignon, drapeau CGT à la main dans la manifestation marseillaise:

« On nous dit que ce sera un système plus juste mais c’est faux. Augmentons les salaires des plus pauvres pour augmenter leurs futures retraites.

Les calculateurs de tous les syndicats disent la même chose: on va perdre de l’argent. Le futur système ne prend pas plus en compte les à-coups de carrière et les débuts de carrière avec des salaires très bas.

J’ai commencé à travailler à l’Inra à 32 ans, avant j’ai fait des petits boulots et dû passer ma thèse. J’ai calculé qu’aujourd’hui, je pourrais partir à 63-64 ans, avec la réforme ce serait 67 ans. »

« Prendre en compte l’espérance de vie »

Nicolas Joseph, 38 ans, égoutier à Paris, élu CGT:

« Nous avons actuellement un régime qui nous donne une bonification de 10 ans. Et là, avec la réforme, on aura l’âge pivot avec une bonification de 2 ans seulement, donc (départ à) 62 ans!

Actuellement, on doit cotiser 32 ans au lieu de 42, donc par exemple quelqu’un qui rentre à 20 ans peut partir à 52 ans.

Mais ce qu’il faut prendre en compte – c’est un chiffre sérieux, qui vient d’une étude de mortalité et de morbidité de l’Inserm -, c’est que quelqu’un qui travaille dans les réseaux d’assainissement a 17 ans d’espérance de vie en moins que quelqu’un qui travaille dans un bureau, par exemple. »

« On a des carrières très hachées »

Jean-Maximilien Sobocinski, comédien, adhérent CGT, manifestant à Lille:

« On est précarisés de plus en plus, la retraite pour les jeunes comédiens ça va être terrible parce qu’on a des professions, des carrières très, très hachées. Être danseur à 45 ans, être actrice à 50 ans c’est compliqué, elles ont des carrières très difficiles et au calcul de la retraite, ça va être terrible. Certaines comédiennes à la retraite touchent déjà seulement 500 ou 600 euros. »

« Pouvoir dire à mes enfants que je me suis battu pour eux »

Laurent Stefanon, 49 ans, machiniste à la RATP:

« J’attends que le président prenne la parole pour dire +peuple français, je me suis trompé, j’ai fait une erreur, je retire cette réforme et on va désormais partager les richesses+. Mais j’ai peur que le gouvernement n’entende pas.

Je pense à ma mère, à mon grand-père qui se sont battus pour qu’on ait de bonnes conditions de travail. Je veux pouvoir dire à mes enfants que je me suis battu pour eux. Je fais la grève depuis le début et ça devient dur financièrement, mais je tiendrai. »

Inde: nouvelles manifestations contre la loi sur la citoyenneté

Des milliers d’Indiens ont de nouveau manifesté jeudi dans plusieurs villes pour protester contre la loi sur la citoyenneté, au lendemain d’une démonstration de force d’un groupe paramilitaire proche du gouvernement hindou nationaliste de Narendra Modi.

Quelque 2.500 personnes ont manifesté dans la capitale économique de l’Inde, Bombay, brandissant des pancartes avec des slogans hostiles à la loi, qui prévoit l’attribution de la citoyenneté indienne aux réfugiés d’Afghanistan, du Pakistan et du Bangladesh, mais pas à ceux de confession musulmane.

Qualifié par ses détracteurs d’anticonstitutionnel et d’antimusulman, ce texte voté le 11 décembre a provoqué un mouvement de protestation sans précédent depuis l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Modi en 2014 et au moins 27 personnes ont été tuées dans des heurts avec les forces de l’ordre.

Des manifestations ont également eu lieu à Kolkata (est) et dans l’Etat de Karnakata (sud), où des centaines de femmes musulmanes ont défilé contre la loi, selon la police.

Dans l’Etat le plus peuplé de l’Inde, l’Uttar Pradesh, où 19 personnes ont été tuées au cours des jours précédents, les autorités ont arrêté des milliers de personnes. Plus de cent manifestants, accusés d’émeutes et de destruction de biens publics, ont été condamnés à payer un total de cinq millions de roupies (70.000 dollars) d’ici à une semaine, faute de quoi leurs biens seront confisqués, selon les autorités.

Ces nouvelles manifestations interviennent au lendemain d’une démonstration de force à Hyderabad (sud) de plusieurs milliers d’hindous extrémistes partisans de M. Modi, qui ont défilé dans la ville armés de bâtons et paradant sur des chevaux.

D’autres manifestations d’opposants à la loi sont prévues pour vendredi, particulièrement dans l’Uttar Pradesh, où vit une importante communauté musulmane, et à New Delhi.

burs-amu/stu/kaf/cf/bds

Dans les forêts centrafricaines, un mystérieux papillon géant échappe aux scientifiques

Suspendu aux branches à près de 40 mètres du sol, Nicolas Moulin scrute l’horizon. Dans les jumelles de cet entomologiste, une mer d’émeraude pétrifiée se déploie à l’infini.

C’est là, quelque part dans la canopée, que se cache le Papilio antimachus, le plus grand papillon de jour d’Afrique, quasiment inconnu de la science. Depuis sa découverte en 1782, personne n’a jamais réussi à observer la chenille et la chrysalide de ce papillon vénéneux dont l’envergure peut atteindre 20 à 25 cm.

Pour élucider ce mystère, une expédition française d’une vingtaine de personnes financée sur fonds privés a pris ses quartiers durant trois semaines dans l’extrême-sud de la Centrafrique, sur les berges de la rivière Lobaye qui ondule comme un serpent cuivré entre les griffes de la forêt.

« C’est un lieu de braconnage, où les mâles viennent boire des sels minéraux sur les rives et sont capturés pour des collectionneurs ou des confections de tableaux », explique Nicolas Moulin depuis sa vigie.

En Centrafrique, les tableaux en ailes de papillon sont un artisanat réputé qui fait vivre de nombreux chasseurs. A l’étranger, un spécimen d’Antimachus peut se négocier 1.500 euros.

Les mâles qui volent près du sol sont particulièrement recherchés pour leurs grandes ailes orangées zébrées de noir. Mais les femelles, qui vivent dans la canopée où elles butinent les fleurs exposées au soleil, ne sont presque jamais observées.

« Cette espèce, comme beaucoup d’autres, est en train de se raréfier », assure le doyen des scientifiques de l’expédition, l’entomologiste Philippe Annoyer.

Pour l’heure, il est toutefois impossible de déterminer précisément le statut de conservation de l’Antimachus faute de données suffisantes. « Celles dont on dispose datent des années 1960, et tiennent sur une demi-page dans une revue scientifique ».

– Vénéneux –

Selon les hypothèses des chercheurs, l’Antimachus tirerait son venin de l’ingestion par sa chenille des feuilles de Strophanthus Gratus, une épaisse liane qui serpente entre les sommets des arbres.

Le plan consiste ainsi à repérer les fleurs du Strophanthus dans la canopée à l’aide d’un drone. Puis à installer un réseau de cordes sophistiqué qui permet d’évoluer dans les hauteurs afin d’explorer les lianes sur toute leur longueur. En espérant y rencontrer, peut-être, une chenille dont personne ne connaît l’apparence exacte.

Une entreprise quelque peu incertaine, mais qu’importe: ces passionnés qui s’illuminent à la vue d’une fougère ou d’une mante religieuse disposent pendant trois semaines d’un terrain d’étude idéal, qu’ils font résonner d’obscurs noms latins au gré de leurs trouvailles.

Philippe Annoyer est ici dans son élément. Cela fait plus de trente ans que cet entomologiste aux allures d’antique broussard, barbe épaisse et traits burinés, étudie les papillons dans les forêts centrafricaines.

Trente ans, aussi, qu’il tente en vain d’alerter le public sur l’extinction de ses protégés. En découvrant les premiers états de l’Antimachus, ce Français natif de Côte d’Ivoire espère inciter le développement de l’élevage de ce papillon rare.

« L’idée, c’est que les populations locales puissent fournir les collectionneurs et les artisans centrafricains, et limiter la chasse », explique-t-il.

Mais après trois semaines de longues marches, d’escalade et d’enquêtes dans les villages alentour, toujours aucune trace de la chenille ni de la chrysalide.

– Etrange silence –

Aux environs du camp, la forêt est plongée dans un étrange silence. Il n’y a pas un rongeur au sol, pas un primate ni un oiseau sur les branches. Partout, des collets laissés par les chasseurs. Et dans chaque creux de ruisseau, des trous creusés par les chercheurs d’or et de diamant, principaux moyens de subsistance pour nombre d’habitants.

Les groupes armés qui contrôlent les deux tiers du territoire centrafricain n’ont jamais pris pied dans cette région forestière, mais les perspectives économiques y sont tout aussi embryonnaires qu’ailleurs dans le pays.

A mesure que les jours passent, les échecs se succèdent. Des tensions éclatent entre les membres de l’expédition.

Même les fourmis légionnaires finissent par s’y mettre: l’une de leurs cohortes parvient à grimper dans la cage de l’un des rares spécimens d’Antimachus mâle capturé par l’expédition et le dévore sur place, ne laissant qu’une aile et une maigre patte à ramener au laboratoire.

Les espoirs reposent finalement sur les prélèvements réalisés par le botaniste, qui permettront peut-être d’identifier la plante utilisée par les femelles pour la ponte. A défaut, l’expédition aura au moins permis de mesurer les ravages causés aux forêts d’un pays en conflit classé parmi les plus pauvres au monde.

Réforme des retraites: quelles sont les professions mobilisées mardi

Des cheminots aux avocats en passant par les enseignants, petit tour d’horizon des différentes professions qui participent mardi à la mobilisation nationale contre la réforme des retraites.

Transports

La mobilisation était en forte hausse mardi matin à la SNCF, où un tiers des cheminots (32,8%) étaient grévistes –contre 11,2% la veille– et 75,8% des conducteurs (61% lundi), selon la direction.

Parmi les personnels indispensables à la circulation des trains, 59,2% des contrôleurs et 34% des aiguilleurs étaient en grève, au 13e jour du mouvement.

Trois TER sur dix et un TGV sur quatre circulent. A Paris, huit lignes de métro sont fermées et 30% des liaisons en bus sont assurées.

La CGT des deux groupes et SUD-Rail à la SNCF rejettent en bloc un système de retraite par points. Pour la régie des transports parisiens comme pour la SNCF, l’Unsa souhaite une « clause du grand-père », excluant de la réforme les agents sous statut qui garderaient ainsi leur régime spécial de retraite. Une position partagée par la fédération CFDT des cheminots.

Du côté du ciel, les compagnies aériennes ont réduit de 20% leur programme de vols au départ et à l’arrivée de l’aéroport d’Orly, à la demande de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC).

Enseignants

Chez les enseignants, le taux de grévistes est de 25,05% dans le primaire et de 23,32% dans le secondaire (collèges et lycées) selon le ministère, et de respectivement 50% et 60% d’après les syndicats.

Le mouvement est plus fort en Ile-de-France et notamment à Paris, où le ministre, Jean-Michel Blanquer, disait s’attendre mardi matin à 58% de grévistes dans les écoles.

Les enseignants dénoncent le fait que la réforme prendra en compte l’ensemble de la carrière dans le calcul des pensions, contre les six derniers mois actuellement. Pour compenser le manque à gagner, le gouvernement promet de revaloriser les salaires.

Hôpital

Après neuf mois de crise à l’hôpital public, des médecins, infirmières ou encore internes ont rejoint la mobilisation pour réclamer plus de moyens, d’effectifs et des hausses de salaires mais aussi pour dénoncer une réforme qui mettra fin aux départs anticipés à 57 ans pour les aides-soignantes et certaines infirmières du public.

A Paris, ils étaient un millier à avoir répondu à l’appel des syndicats qui avaient choisi la date du 17 décembre bien avant les opposants à la réforme des retraites.

Énergie

Des salariés des industries électriques et gazières (EDF, RTE, Engie, Enedis) sont aussi en grève contre la réforme, qui ferait disparaître leur régime spécial. A la mi-journée mardi, il y avait 26,3% de grévistes à EDF.

La CGT de RTE a revendiqué des coupures d’électricité et prévenu que le gouvernement devait « prendre ça comme un premier avertissement ».

Selon RTE, près de 50.000 foyers ont été privés de courant en Gironde dans la nuit de lundi à mardi, puis 40.000 foyers à Lyon mardi matin.

Mobilisation également dans les raffineries: les expéditions étaient bloquées mardi à Fos et perturbées à Donges, Feyzin, Grandpuits et La Mède.

Justice

A Paris, avocats, greffiers, éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et magistrats défilaient ensemble à l’appel de plusieurs syndicats et avec le soutien du Conseil national des barreaux qui représente les 70.000 avocats de France.

Selon la présidente du Syndicat des avocats de France (SAF, gauche) Estellia Araez, la réforme prévoit de doubler les cotisations des avocats (de 14 à 28%) et baisser le montant de leurs pensions (de 1.416 euros garantis par mois à 1.000 euros).

Personnel pénitentiaire

Des surveillants étaient rassemblés devant une dizaine de prisons à travers la France. Devant la maison d’arrêt d’Osny (Val-d’Oise), des palettes ont été brûlées. Il y a également eu des retards de prise de service dans une vingtaine d’établissements. Selon la direction de l’administration pénitentiaire, il n’y a cependant pas eu de blocage.

Le syndicat majoritaire FO Pénitentiaire appelle à se mobiliser contre la réforme pour défendre la spécificité liée à la pénibilité de leurs missions et qui leur permet de gagner une année de cotisation tous les cinq ans.

burs-al/jt/eb

Yémen: 17 civils tués dans une attaque sur un marché à Saada (nord)

Une attaque sur un marché dans la province yéménite de Saada (nord) a tué 17 civils mardi, a indiqué l’ONU, déplorant la troisième attaque du genre visant cette localité en un mois.

L’attaque contre le marché Al-Raqw a tué 17 civils, dont 12 migrants éthiopiens, et a blessé 12 autres personnes, selon l’ONU, qui n’a pas précisé l’origine de la frappe.

La coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite, qui soutient depuis 2015 les forces loyales au gouvernement face aux rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, a reconnu mercredi avoir mené une opération aérienne dans le secteur où se trouve le marché.

Une Equipe d’évaluation des incidents –mise en place par la coalition, qui la qualifie d’indépendante–, va enquêter sur « la possibilité de dommages collatéraux », a dit jeudi dans un communiqué le porte-parole de la coalition, Turki al-Maliki.

Les 22 et 27 novembre, deux attaques avaient déjà frappé ce marché de Saada, bastion des rebelles Houthis, tuant à chaque reprise dix civils, dont des migrants éthiopiens.

Ces attaques « soulèvent des questions troublantes sur l’engagement des parties au conflit à faire respecter le droit humanitaire international », a déclaré mercredi dans un communiqué la coordinatrice humanitaire de l’ONU au Yémen, Lise Grande.

« Toute attaque de ce genre est une violation flagrante ».

Selon l’ONU, 89 civils ont été blessés ou tués depuis novembre dans des attaques visant le même marché situé à Saada.

La guerre au Yémen a tué, selon diverses organisations humanitaires, des dizaines de milliers de personnes, essentiellement des civils, depuis 2015.

Environ 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées et 24,1 millions, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d’assistance, selon l’ONU qui évoque régulièrement la pire crise humanitaire au monde.

Voeux de paix du pape et de l’archevêque de Canterbury au Soudan du sud

Le pape François et l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, ont une nouvelle fois encouragé mercredi les difficiles pourparlers de paix sud-soudanais, au lendemain de leur ajournement jusqu’à début janvier.

« Dans cette période de Noël et au début d’une nouvelle année, nous souhaitons vous adresser à vous et à tout le peuple du Soudan du Sud nos meilleurs voeux de paix et de prospérité », écrivent-ils aux leaders politiques du pays dans un message conjoint publié par le Vatican.

Ils ont en outre souligné leur « proximité spirituelle » avec les rivaux sud-soudanais « alors qu’ils s’emploient à une rapide mise en oeuvre des accords de paix », dans ces voeux également signés par le révérend John Chalmers, l’ex-modérateur de l’assemblée générale de l’Eglise d’Ecosse.

Les leaders religieux ont indiqué prier pour « un engagement renouvelé sur le chemin de la réconciliation et la fraternité » et espéré voir « s’accomplir » leur souhait de se rendre au Soudan.

Le 13 novembre dernier, le pape François et Justin Welby, chef de l’Eglise anglicane, avaient annoncé qu’ils se rendraient ensemble au Soudan du Sud, si un gouvernement d’union nationale permet de garantir la paix d’ici la mi-février 2020.

Dans leur message de Noël, il n’évoquent toutefois plus de date butoir.

Les pourparlers de paix sud-soudanais qui se déroulaient à Juba depuis le 11 décembre ont été ajournés mardi et doivent reprendre début janvier.

Ils portent sur la difficile mise en oeuvre d’un accord de paix signé en septembre 2018 entre le président Salva Kiir et son ex-vice-président Riek Machar.

Le président Kiir et son rival Riek Machar se sont rencontrés au moins à trois reprises depuis le 11 décembre à Juba mais ne parviennent toujours pas à régler l’épineuse question du nombre et des frontières des Etats régionaux composant leur pays indépendant depuis 2011.

M. Machar, qui vit en exil à Khartoum et était arrivé à Juba le 10 décembre, a quitté mardi la capitale sud-soudanaise en compagnie du général Mohamed Hamdan Daglo.

Depuis la signature de l’accord de paix de septembre 2018, les combats ont fortement diminué au Soudan du Sud, mais Salva Kiir et Riek Machar ne parviennent pas à concrétiser certaines dispositions cruciales de l’accord.

Dans ce contexte, la formation d’un gouvernement d’union nationale, initialement prévue en mai, a été reportée à deux reprises et est désormais fixée à fin février 2020.

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en 2013, deux ans après son indépendance du Soudan, lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ex-vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’Etat. Le conflit a fait plus de 380.000 morts.

Le pape avait organisé en avril 2019 une « retraite spirituelle » inédite de deux jours des plus hautes autorités civiles et ecclésiastiques du Soudan du Sud, dans la résidence où il loge au Vatican.

François avait fait sensation en s’agenouillant pour embrasser les pieds de MM. Kiir et Machar, ex-ennemis appelés à gouverner ensemble.