HCUA : Quelles implications d’une mutation en parti politique ?

Du 26 au 29 octobre s’est tenu à Kidal le 2ème congrès ordinaire du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), marqué par une annonce d’envergure : celle d’une possible mutation en parti politique. Si cela se concrétisait, les revendications armées de ce groupe du Nord du Mali céderaient la place à une lutte beaucoup plus politique, dont les implications pourraient être considérables.

« Face à la réalité du terrain et pour répondre aux aspirations légitimes de nos populations, nous devrons réfléchir à une plateforme politique », avait indiqué  le Secrétaire général du HCUA, Alghabass Ag Intalla, en marge de l’ouverture du congrès,  tout en affirmant la nécessité « d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord, pour une meilleure cohésion sociale et d’harmoniser notre lutte au bénéfice des populations ».

Si la volonté du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad, formé en grande partie d’anciens membres du groupe djihadiste Ansar Dine, de se muer en parti politique est aujourd’hui clairement affichée, la concrétisation de cette nouvelle vision impliquera des changements.

Désarmement total ?

« Tant que le HCUA n’est pas totalement désarmé, on ne pourra pas lui conférer un caractère d’organisation politique. La Charte des partis politiques est très claire sur ce point et à la date d’aujourd’hui le HCUA ne répond pas du tout aux critères pour se muer en parti politique », relève Salia Samaké, analyste politique.

Selon lui, deux défis majeurs doivent d’abord être relevés par le HCUA avant de pouvoir aboutir à une transformation en parti : la capacité de ses composantes à intégrer un processus de paix allant vers le dépôt total des armes et celle de rassembler tous les autres mouvements armés du Nord autour de cette vision.

Concernant le deuxième défi, il serait plutôt facile à relever, à en croire un autre analyste. « Le HCUA apparait de plus en plus comme la locomotive de tous les autres mouvements du genre dans le Nord et le fait que cela soit sous la coupole du chef des Ifoghas entraînera de facto une certaine adhésion des autres », soutient-il.

En attendant les démarches concrètes pour l’aboutissement de la transformation du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad en parti politique, l’idée en elle-même est favorablement accueillie par certains.

« Cela serait bien, parce qu’ils iront à la conquête de la popularité en tant que Maliens et que cela voudra dire qu’ils entrent véritablement dans le rang national, ce qui est aujourd’hui recherché par tous », souligne le Dr Woyo Konaté, philosophe politique.

Germain KENOUVI

Alghabass Ag Intalla : « Je ne suis pas un va-t-en-guerre »

Le 16 décembre dernier, Alghabass Ag Intalla, secrétaire général du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), accédait à la présidence de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Trois jours plus tard, il actait son leadership par un retrait unilatéral de la CMA du Comité de suivi de l’Accord (CSA), conditionnant le retour de son mouvement à la tenue d’une rencontre de haut niveau pour « sauver l’Accord ». Raison pour laquelle un deuxième CSA ministériel fut convoqué le vendredi 10 février, en présence des ministres des Affaires étrangères de l’Algérie, de la Mauritanie et du Niger. Cette rencontre a permis de mettre à plat de nombreux points de blocage et d’arriver à un consensus, remettant la mise en œuvre de l’Accord sur les rails. C’est en marge des travaux de cette rencontre du CSA, que le sulfureux nouvel homme fort de la CMA, qui se fait plutôt rare dans les médias, à accepter de s’exprimer, pour Journal du Mali, sur les sujets concernant le processus de paix et dont il fait aussi l’actualité. Interview.

La rencontre de haut niveau qui s’est tenue le 10 février marque le retour de la CMA dans les travaux du CSA et ses sous-comités. Considérez-vous que cette stratégie de la chaise vide était nécessaire pour faire bouger les lignes ?

Vous savez, on est dans un processus qui n’avance pas. Beaucoup d’amis nous ont conseillé de ne pas pratiquer la politique de la chaise vide. On l’a fait pour faire bouger les choses et obtenir un consensus, notamment entre les mouvements. Donc, notre abstention était un peu pour forcer ce dialogue qui n’aboutissait pas, malgré la pression de la communauté internationale. Il fallait que nous le fassions pour permettre à la mise en œuvre de l’Accord d’avancer.

Après cette rencontre du CSA, peut-on dire qu’il y a maintenant un retour de confiance entre les groupes armés et le gouvernement, contrairement aux négociations précédentes ?

Vous savez contrairement à ce qui se dit, nous ne nous sommes jamais focalisé sur Kidal. Notre problème c’est tout le Mali et en particulier la zone de l’Azawad. Ce qu’on a demandé durant la rébellion, on ne l’a pas demandé seulement pour le Nord mais pour tout le Mali. La preuve en est que la conférence d’entente nationale, c’est pour tout le Mali. Pour répondre à votre question, la confiance est quelque chose qui vient en travaillant ensemble. Pour la rencontre de haut niveau du CSA, on ne peut pas dire qu’il y ait eu une confiance totale et assumée, mais en posant des actions concrètes dans un travail en commun, cette confiance pourra s’instaurer avec le temps.

Le gouvernement devra décider qui sera le président du conseil régional de Kidal. Est-ce une façon pour la CMA de prouver sa bonne volonté à la partie gouvernementale ?

Bien sûr. Nous ne voulions pas, devant la communauté internationale, devant les membres du gouvernement et les différents autres mouvements, que l’on puisse dire que le blocage vient de notre côté.

La mise en place des autorités intérimaires et des patrouilles mixtes a débuté cette semaine et ira jusqu’à la fin février. Que pensez-vous de ce nouveau chronogramme?

Les populations de l’Azawad sont pro-mouvement ou pro-gouvernement. Elles ne refusent rien. C’est le gouvernement et nous qui sommes à même de dire si cela est possible ou si ce n’est pas possible. Mais sur place, les populations sont prêtes, donc ce chronogramme est possible à tenir.

 Les différentes parties ont souvent essayé d’inverser le calendrier de mise en œuvre de l’Accord. Qu’est-ce qui garantit que ce nouveau chronogramme sera respecté ?

On ne peut pas dire aujourd’hui qu’on a une garantie que l’on n’avait pas avant. Mais dans ce que l’on voit aujourd’hui, on peut dire que quelque chose a changé. Il y a un changement positif du côté du gouvernement vis-à-vis de notre position. Je vous rappelle que ce n’est pas à nous de faire des actes, c’est le gouvernement qui doit faire des actes. Nous on doit être seulement en accord avec les actes du gouvernement qui sont conformes à l’Accord.

Concrètement, comment vont se mettre en place les autorités intérimaires à Kidal ? Comment cela va-t-il se dérouler ?

Pour le moment, il y a un travail à faire avec les autres parties pour déterminer le chronogramme précis, parce que lors du dernier CSA, leur mise en place a été prévue entre le 13 et le 20 février. Mais ce n’est pas précis. On n’a pas dit Kidal c’est le 15 février par exemple. Normalement, ce jeudi tout doit être calé.

 Comment se fera le retour de la représentation de l’État et de ses services déconcentrés à Kidal ?

Dès que les autorités intérimaires seront installées, la représentation de l’État et les services déconcentrés suivront. Il n’y a aucune raison que cela traîne.

 La CMA a payé le plus lourd tribut lors de l’attentat contre le MOC à Gao. Avez-vous exigé de nouvelles garanties de sécurité pour vos combattants?

Vous savez, les combattants qui s’engagent savent qu’ils peuvent mourir au combat. Ce ne sont pas des chômeurs que nous envoyons pour toucher un salaire. Ce sont eux qui vont créer les conditions de sécurité là où ils seront déployés, ce n’est pas à nous de dire qu’on va les sécuriser. Ils vont prendre leur sécurité en charge. Les gens ont été surpris que des terroristes soient rentrés dans le camp du MOC. C’était malheureusement prévisible.

La vocation des patrouilles mixtes est d’abord de sécuriser les autorités intérimaires et les sites de cantonnement. Or, les combattants ne sont toujours pas cantonnés. Cela peut-il fonctionner ?

Dans la mise en œuvre de l’Accord, tant qu’on arrive à faire avancer les arrangements politiques et sécuritaires ensemble, on pourra aller de l’avant. Il faut éviter de vouloir ramener tout l’Accord à un problème de sécurité seulement. Il ne faut pas qu’on dise que tant qu’il n’y aura pas le MOC, on ne pourra absolument rien faire. Aujourd’hui le processus Désarmement Démobilisation Réinsertion (DDR) est très compliqué. Ce n’est pas évident de cantonner des gens dans une situation d’insécurité aussi élevée. Il y a 8 sites de cantonnement qui sont construits très loin des centres urbains pour la plupart. En réalité l’opérationnalisation du MOC est très complexe. Je crois que l’attentat de Gao nous oblige à revoir un peu toute la conception du MOC et à essayer de corriger les insuffisances liées à sa mise en œuvre.

Quel statut voyez-vous pour les combattants qui ont intégré les patrouilles mixtes dans le cadre du MOC ?

Le statut des combattants du MOC sera consigné dans un recueil de textes pris par le ministre de la Défense, de sorte que le combattant soit aligné sur son frère d’armes des FAMA en évitant toute forme de discrimination. À grade égal avec leurs frères d’armes des FAMA et ils seront considérés en phase préliminaire d’une intégration effective.

Les problèmes d’inclusivité des groupes armés comme la CPA, le CJA, le CMFPR2 et le MSA, bloquent la mise en œuvre de l’Accord. Où en sommes nous après cette réunion ?  Et pouvez-vous définir ce qu’est la CMA aujourd’hui, qui la compose ?

Je vais vous dire : ces groupes dit dissidents qui réclament de l’inclusivité, c’est un problème du gouvernement malien. C’est la mauvaise volonté du gouvernement malien qui a créé ces groupes là. C’est la sécurité d’État qui les a fait, c’est la sécurité d’État qui les a logés ici, c’est la sécurité d’État qui leur a donné l’ordre de mettre le désordre. Et ils pensaient nous faire chanter avec ces groupes là, mais ça va se retourner contre le gouvernement. Aujourd’hui, la CMA est composée d’un noyau dur, c’est à dire le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le HCUA et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), point.

Et le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) ?

Si vous démissionnez de la CMA, que vous partez rencontrer le GATIA ou bien la Plateforme ou bien le gouvernement, c’est que vous êtes de leur côté. Donc ce groupe ne fait pas partie de la CMA.

Comment entendez-vous résoudre ce problème d’inclusivité ?

Je suis sûr que si le gouvernement le veut, il va trouver une solution à tous ces mouvements. Et j’espère qu’il va gérer ce problème pour permettre au processus d’avancer.

Les divergences entre la Plateforme et la CMA sont-elles aujourd’hui normalisées ? Qu’en est-il avec le GATIA qui a un discours très va-t-en-guerre envers la CMA et notamment sur son retour à Kidal, par la force s’il le faut ?

Le GATIA a l’habitude de faire des discours très forts, pour les actions c’est autre chose. Je ne sais pas pourquoi il se sent obligé de faire ce type de publicité sur ses attitudes guerrières. Il n’y a rien à tirer de ce genre de comportement devant la communauté internationale. Avec la Plateforme, il n’y a pas de problèmes. Harouna Toureh, le secrétaire général de la Plateforme, est venu chez nous à Kidal la semaine dernière. Le vieux Ahmed Ould Sidi Mohamed, le secrétaire général du MAA pro-gouvernemental, est venu aussi chez nous à Kidal. Il voulait même rejoindre la CMA. On lui a dit qu’il y a des groupes pour garantir l’Accord, qu’il faut qu’il reste dans la Plateforme, que l’on va les soutenir et qu’ils nous soutiendrons, donc nous serons ensemble. Il y a un seul élément côté Plateforme avec qui les choses ne vont pas, c’est le GATIA.

 Doit-on craindre un retour au conflit entre GATIA et CMA ?

On craint toujours une escalade avec le GATIA, car s’ils croisent nos combattants ils vont automatiquement ouvrir le feu. En ce qui nous concerne, tout affrontement avec le GATIA n’est pas à l’ordre du jour.

On entend souvent dire que certaines forces ne souhaitent pas que le processus de paix réussisse. Quelles sont ces forces selon vous ?

Je pense que le GATIA fait partie de ces forces-là, parce que le GATIA existe pour causer des problèmes. S’il n’y a pas de problèmes le GATIA n’existe pas. L’armée malienne a mis le GATIA à sa place, elle lui a donné procuration. Ils ont des moyens, des voitures, des munitions, tout pour combattre les mouvements de la CMA. Tous les groupes que l’on dit extrémistes ne sont pas pour l’application de l’Accord. Ils préfèrent que les problèmes continuent.

La conférence d’entente nationale devrait se tenir en mars prochain. Encore un chronogramme très serré ?

Nous avons dit à toutes les occasions que la conférence d’entente nationale a pour objectif la réconciliation. Comment voulez-vous qu’on réconcilie des gens alors que des dizaines de milliers sont dans les camps de réfugiés. Les réfugiés doivent rentrer chez eux d’abord, qu’ils s’approprient les TDR de cette conférence et ensuite on pourra l’organiser avec les parties à l’Accord.

Beaucoup dans le Nord ne sont pas convaincus du bien fondé des accords. On entend encore parler d’autodétermination, de « Non au Mali ». Pensez-vous qu’il sera aisé d’y faire appliquer les mesures de l’Accord ?

Je pense que c’est au gouvernement de faire la sensibilisation sur l’Accord, de le faire accepter à tout le monde et de l’appliquer dans le sens des mouvements qui ont signé cet accord. Si on l’applique de façon unilatérale, ça ne peut pas répondre aux besoins de la population. Il est sûr qu’il y a toujours des gens ne seront pas contents de cet accord. Il ne faut pas oublier que c’est la communauté internationale qui nous a forcé la main pour accepter cet accord. Mais maintenant qu’on l’a signé, il suffit simplement de l’appliquer et tout le monde sera obligé de l’accepter.

Vous êtes l’actuel président de la CMA. Concrètement quels seront les changements que vous apporterez sous votre leadership ?

À mon arrivée à la présidence, je voulais faire de l’application de l’Accord issu du processus d’Alger ma priorité pour le bien-être de tous. Je voulais aussi prendre des mesures fortes pour unifier les Azawadiens. J’ai fait un acte fort en sortant la CMA du CSA peu de temps après mon arrivée. On dit que je suis va-t-en-guerre, mais moi je ne veux pas faire la guerre. Nous sensibilisons le gouvernement malien et les autres parties sur notre volonté à faire avancer le processus de paix.

Il y a au sein du HCUA, des éléments qui ont encore des liens forts avec Ansar Dine. N’est-il pas nécessaire de faire le ménage pour s’engager pleinement dans la mise en œuvre de l’Accord ? Pouvez-vous clarifier une fois pour toutes les relations que vous entretenez avec ce mouvement et son chef ?

Nous avons déjà répondu à cela. Nous l’avons aussi fait lors de la passation de pouvoir entre Bilal Ag Achérif et moi. On s’est retiré de l’accord pour faire respecter nos engagements. Cet engagement est aussi valable entre nous et Ansar Dine parce que nous étions chez Ansar Dine avant d’être au MIA puis au HCUA. Nous avons déclaré devant tous que nous avons quitté Ansar Dine. Si on voulait retourner à Ansar Dine, personne ne pourrait nous empêcher de les rejoindre, parce qu’ils sont là. Ce sont leurs actions radicales qui nous ont fait nous écarter d’eux. Je n’ai plus de contact ni avec Ansar Dine, ni avec son chef Iyad Ag Ghaly.

 

 

 

 

CSA ministériel : un accord en vue entre la CMA et la Plateforme

Un pas vient d’être franchi dans la mise en œuvre l’Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger. Les ennemis d’hier, CMA et la Plateforme, semblent enterrer la hache de guerre pour donner une chance au dialogue intergroupe.

Ce vendredi 10 février se tient à l’hôtel Amitié le Comité de Suivi de l’Accord (CSA) ministériel, en présence d’une délégation de la CMA conduite par les secrétaires généraux du MNLA, du HCUA et du MAA (Bilal Ag Achérif, Alghabass Ag Intalla et Ibrahim Ould Sidati), des représentants de la Plateforme et d’autres mouvements dissidents.

Il s’agit au cours de cette rencontre de haut niveau, de donner un coup d’accélérateur au processus de paix et de réconciliation au Mali en panne depuis quelques temps.

En tout cas l’espoir est permis. Le leader de la plateforme Me Harouna Toureh était à Kidal le 07 février dernier où il a échangé avec les leaders de la CMA. Cette visite visait à ramener les ex-rebelles dans le processus de paix, après que ces derniers aient suspendus leur participation aux travaux du comité de suivi de l’Accord. « Je suis venu voir mes frères de la CMA qui ont suspendu leur participation aux instances du CSA pour des raisons qui leur sont propres, mais que nous partageons. La CMA est un élément clé du processus, son absence pèse beaucoup sur la mise en œuvre de l’accord», explique Me Harouna Toureh.

Même si le déplacement de Me Toureh est considéré au sein de la Plateforme comme une initiative personnelle, il a été tout de même très apprécié au niveau de la CMA. «Cette visite a été vraiment positive parce que ces derniers temps, la Plateforme et la CMA se sont beaucoup concertées pour avoir une nouvelle vision politique et mettre en place un cadre de travail qui va faciliter la mise en œuvre de l’Accord », souligne un cadre de la CMA. « Au cours de cette rencontre, Me Harouna Toureh nous a réaffirmé que les propos de Fahad ne l’engage pas du tout et que s’il y a un différend entre GATIA et CMA, ça se réglera entre eux hors de la Plateforme », a-t-il ajouté. Malgré cette différence d’appréciation entre les responsables de la Plateforme, le secrétaire général du GATIA Fahad Ag Mahmoud a souligné une possible entente entre la CMA et la Plateforme au cours de cette réunion de haut niveau.

Mali : Ils feront la Une en 2017

2017 promet d’être riche en événements au Mali, quel que soit le domaine de la vie socio-économique et politique. Chacune de ces personnalités va marquer à sa façon l’actualité de l’année qui arrive.

Economie : Moussa Ismaïla Touré, « Monsieur Investir »

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Le Directeur Général de l’Agence pour la promotion des investissements (API) sera au cœur de l’actualité en 2017. Alors que le Mali mise sur un retour des partenaires économiques mais aussi sur l’investissement interne pour mener à bien ses projets de développement, l’ancien arbitre international de basketball, et ancien cadre de Coca Cola, en poste à l’API depuis février 2015, met toute son expertise en management et développement des affaires, entre autres, pour attirer ceux qui s’intéressent au Mali et à son potentiel, essentiellement dans les secteurs de l’agriculture, l’agro-business, les infrastructures, ou encore l’élevage. Pour ce faire, l’équipe de « Monsieur Investir » prévoit notamment la publication en janvier d’un Guide Investir Mali, la tenue en septembre d’un Forum international à Bamako, et la mise en place d’une stratégie de communication pour changer l’image véhiculée par le pays hors de ses frontières. Pour réussir ces challenges, Moussa Ismaïla Touré entreprend en parallèle une restructuration de l’API, qui devrait la rendre plus agile et plus efficace.

Politique : Moussa Mara peut-il rebondir ?

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En cette fin d’année 2016, l’actualité politique place Moussa Mara sous les feux de la rampe.  L’ancien Premier ministre, président du parti Yèlèma, créé en juillet 2010, et candidat malheureux à la présidentielle de 2013 avec 1,5% des voix, est mis en cause dans « les évènements de Kidal » de mai 2014. Les conclusions du rapport de la commission d’enquête parlementaire, le tiennent responsable des attaques atroces contre les symboles de l’État (les forces armées maliennes et de sécurité, l’administration et les édifices publics). La commission a demandé à ce qu’il soit traduit devant la Haute cour de justice. « Son éventuel procès aura besoin d’une longue instruction, au minimum deux ans, dépassant largement le reste du mandat d’IBK », explique un juriste. Comment le candidat déclaré pour la mairie du District de Bamako et probable candidat pour la présidentielle de 2018, va-t-il gérer cet éventuel rallye judiciaire ? Qui connaît l’homme peut parier qu’il a les capacités de se défendre, voire d’en faire un argument de campagne.

Sécurité : Alghabass Ag Intalla, le vent du nord

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Il sera certainement de ceux qui souffleront le chaud et/ou le froid sur le processus de paix et particulièrement l’aspect sécuritaire de sa mise en œuvre en 2017. Alghabass Ag Intalla, secrétaire général du HCUA, a repris la présidence tournante de la CMA pour six mois, succédant à Bilal Ag Chérif, secrétaire général du MNLA. Ce Touareg Ifoghas fut député de Kidal pendant deux mandats et connaît bien les rouages de la politique malienne. Ses liens avec les notabilités locales et son réseau étendu aussi bien au Mali qu’ailleurs dans le monde, devraient permettre à celui qui croit en la négociation, d’être l’homme du dialogue qui pourrait redynamiser la mise en œuvre de l’Accord. Sa première action en tant que président ne s’est pas fait attendre, puisque, dans un communiqué en date du 19 décembre, il a annoncé suspendre la participation de la CMA au Comité de suivi de l’Accord (CSA) et a appelé à une rencontre urgente de haut niveau avec la médiation internationale. « Un moyen de pression », dit-on dans son entourage, pour sortir « la partie gouvernementale de sa léthargie » et faire avancer l’Accord.

Société : Ousmane Madani Chérif Haïdara, à la barre en 2017

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Fin 2016, il aura, à l’occasion du Maouloud, montrer toute l’étendue de sa popularité au Mali et au-delà. En remplissant le stade du 26 mars de fidèles venus du monde entier (150 000 personnes selon d’Ansar Dine International) pour écouter son prêche et surtout en affichant cette image de rassembleur avec autour de lui les leaders politiques et religieux de tout bord, au premier rang desquels le président de la République, Ousmane Chérif Madani Haïdara s’est définitivement posé en acteur incontournable de la vie sociale malienne. Sortant bien souvent de son rôle de religieux, il s’est investi dans plusieurs causes humanitaires mais aussi dans des missions de bons offices, à l’instar de celle qui le mettra à la une en 2017. Il est en effet cité à comparaitre dans le « procès Sanogo ». Il y sera en tant que témoin du ministère public, lui qui était en 2012, intervenu auprès de la junte pour obtenir la libération des ministres emprisonnés après le coup d’État.

Sport : Djeneba N’Diaye, graine de championne

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Pour aspirer à la victoire finale de son Afrobasket 2017, l’équipe du Mali aura sûrement besoin de Djeneba N’Diaye. À seulement 19 ans, la meneuse du Djoliba A.C a déjà tout d’une grande, et son jeu ne fait que se bonifier au fil des rencontres. Du haut de son 1m67 et de ses 63 kg, la jeune athlète possède des qualités de perforation qui lui permettent de mettre à mal les défenses les plus hermétiques. Elle fait également preuve d’esprit d’équipe, faisant briller ses coéquipières. Véritable tireuse d’élite, elle peut prendre feu, enchaîner les paniers et changer le cours d’un match. Championne du Mali avec les dames du Djoliba A.C cette saison, la native de Medina-Coura possède un palmarès déjà bien fourni. Elle a remporté tous les trophées Afrobasket au sein des catégories jeunes du Mali, avec en prime les titres de MVP et de meilleure marqueuse. « Le basket est ma passion, mon plaisir, ma vie. Je n’ai eu que des moments de plaisir depuis le début de ma carrière », s’enchante-t-elle.

Culture : Dawala rythme le Mali

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Le « Wati-Boss » qui n’est plus à présenter du haut de ses seize années d’expérience dans le showbiz, continue d’entreprendre. Badiri Diakité alias Dawala s’occupe aujourd’hui entre autres des carrières de The Shin Shekai, Black M, Lefa ou encore Maître Gim’s, dont le concert à Bamako clos en beauté l’année 2016. Après la musique, c’est dans le cinéma que le Franco-malien s’est lancé cette année en produisant « La Pièce », un long métrage sorti en octobre dernier et premier film français distribué par la major américaine Sony Music. Alors qu’on annonce l’ouverture dans les prochains mois de son studio de production aux standards européens à Bamako, c’est à Bercy, grande salle de spectacle parisienne, qu’il donne rendez-vous au public le 23 septembre 2017 pour un méga concert. Fidèle au concept du célèbre chanteur sénégalais Youssou Ndour, la grande soirée « Le Mali à Bercy », organisée à l’occasion de la célébration de la fête de l’indépendance, réunira sur scène plus d’une dizaine d’artistes phares de la scène malienne.

 

Alghabass Ag Intalla : «Le retour de l’administration malienne à Kidal ira crescendo »

Alors que les autorités intérimaires et le MOC ne sont toujours pas en place, que les tensions entre mouvements armés ressurgissent et que les attaques terroristes se sont notablement accentuées dans le Nord du Mali, le ministre de l’Énergie et de l’eau, Malick Alhousseini Maiga, foulait le sol de Kidal le 2 décembre dernier, un symbole et une première depuis mai 2014. Alghabass Ag Intalla, secrétaire général du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), qui a directement oeuvré à la venue de ce ministre de la République dans la capitale du Nord, a accepté de répondre aux questions du Journal du Mali sur ces sujets brûlants qui font l’actualité.

La question d’un retour de l’administration malienne est cruciale à Kidal, sous quelles conditions serait-il possible dans un avenir proche, selon vous ?

Le retour de l’administration malienne ira crescendo avec l’application des termes des Accords. La visite ministérielle du ministre de l’Énergie Malick Alhousseini Maiga en est une étape, prévue dans les mêmes accords.

Justement, la visite du ministre de l’Énergie à Kidal a été une réussite et un symbole fort. On dit que c’est vous qui avez piloté sa venue, est-ce exact ? Par ailleurs, le MNLA ne semblait pas, au début, sur la même ligne que vous pour cette visite. Quelles sont vos relations avec Bilal Ag Chérif, chef du MNLA. On les dit compliquées ?

Toute la CMA s’est impliquée dans la réussite de la visite ministérielle. Nous faisons partie de la CMA. Nos relations avec le Secrétaire général du MNLA ont toujours été très bonnes et nous convergeons ensemble vers la réalisation d’une paix juste et durable.

Suite à la désignation des autorités intérimaires, la CMA a connu des divisions et certains vous accusent d’en être à l’origine. Que répondez-vous à cela ?

Ses accusations n’ont aucun fondement. Nous sommes une composante de la CMA et je ne vois ni comment, ni pourquoi d’ailleurs j’agirais négativement pour infléchir une décision qui s’inscrit en droite ligne dans le processus des Accords d’Alger et profiterait aux ressortissants de l’Azawad.

Où en est-on actuellement dans la mise en œuvre de l’Accord ?

La mise en œuvre a accusé un retard considérable, toute chose qui avait émoussé un peu l’enthousiasme initiale des populations. L’impact des consultations et commissions diverses à Bamako n’est pas visible sur les terrains. Ce retard a été malheureusement exploité par des parties opposées au retour à la normalité qui se sont insérées dans les failles du système pour retarder d’avantage les échéances initialement prévues.
Cependant la 13ème session de la CSA a fait des recommandations que nous estimons être assez significatives dans la mise en œuvre des Accords. Nous tiendrons les engagements que nous avions pris dans ce sens.

Comment expliquez-vous le retard, les avancées et reculades dans la
mise en œuvre de l’Accord ?

Beaucoup de paramètres concourent à cette situation. L’opposition interne aux Accords, leur opérationnalisation légale, la mise à niveau des institutions de l’État par rapport à leur contenu, la mise en place des mesures de confiance, inertie administrative, déficit de moyens financiers et matériels adossé à une mauvaise volonté due essentiellement à une lecture biaisée des Accords. A cela, s’ajoutent les agendas cachés de certaines forces qui ont du mal à s’inscrire dans la normalité.

Le CSA a mis un groupe de travail en place à l’issue de sa 13ème session pour garantir le succès de ce groupe. Il est demandé aux groupes armés d’être représentés au plus haut niveau. Êtes-vous prêts à participer à ce groupe de travail ?

Nous participons déjà à ce groupe de travail et sommes prêts à apporter notre contribution au sein de tous les mécanismes susceptibles de faire avancer le processus pour lequel nous nous sommes engagés.

Les tensions semblent être ravivées entre le Gatia et la CMA, surtout depuis l’attaque d’un convoi du Gatia par Ansar Dine et dit-on, par des combattants du HCUA, en novembre dernier. Se dirige-t-on vers un nouveau conflit armé entre mouvements ?

Les évènements de Tinzaouatène en novembre dernier ne concernent pas la CMA malgré tous les sous-entendus diffusés à dessein par le Gatia. Nous ne souhaitons pas nous engager dans des querelles intestines qui ne font que déchirer encore plus le tissu social. Néanmoins, nous sommes prêts à toutes éventualités espérant qu’aucune nouvelle escalade ne vienne perturber le processus de paix engagé.

Au niveau sécuritaire on observe une intensification des attaques terroristes visant les FAMA et les forces étrangères. Que peut faire le HCUA à son niveau contre la recrudescence de ces attaques ?

Le HCUA comme l’ensemble de la CMA est aussi victime de cette recrudescence. Á ce sujet, la CMA ne peut rien faire en dehors des mécanismes prévus par les Accords. Il faut noter qu’une autre forme de terrorisme règne et est matérialisée par les attaques, les violations des droits humains, les terreurs faites sur les populations civiles imputables aux milices armées des groupes dits d’autodéfense.

Certains avancent qu’il faudrait faire entrer Iyad Ag Ghaly à la table des négociations, quel est votre avis là-dessus ?

Si ceux qui le disent pensent que cela peut ramener la paix, la cohésion sociale, la concorde souhaitée pour lesquelles nous avions signé des accords, je ne peux que m’en réjouir.