Marche de protestation : Amnesty international appelle les autorités à ne pas recourir à la force

À la veille d’un rassemblement contre le projet de révision constitutionnelle qui se tiendra samedi 27 juin à Bamako, Amnesty international, l’ONG qui défend les droits de l’homme dans le monde, a appelé, dans un article publié sur son site internet, les forces de sécurité malienne à « s’abstenir de recourir à une force inutile ou excessive contre les manifestants » lors de cette marche de protestation qui se veut pacifique.

Depuis le vote à l’Assemblée nationale du projet de nouvelle Constitution qui devra être entériné par référendum le 9 juillet prochain, l’ONG constate que les autorités maliennes ont multiplié les intimidations à l’encontre des opposants à ce projet de révision. Les manifestations pacifiques contre ce projet de réforme, les 8 et 10 juin dernier, ont été parfois violemment réprimées, certains manifestants ont été molestés et gazés par les forces de l’ordre, au moins huit personnes ont été blessées lors de ces manifestations.

À la veille de la marche du samedi 17 juin, Amnesty International demande aux autorités maliennes de garantir le droit à la liberté de manifestation pacifique. « Le fait d’interdire systématiquement à des citoyens de manifester pour exprimer une opinion constitue une restriction injustifiée au droit à la liberté de réunion pacifique,» a déclaré Gaetan Mootoo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International. « Jusqu’à preuve du contraire, ces manifestations ne constituent aucune menace, et rien ne saurait justifier l’utilisation excessive de la force à l’encontre de ceux qui y participent. », ajoute-t-il, se référant à l’article 5 de la Constitution malienne qui précise : « L’Etat reconnaît et garantit, dans les conditions fixées par la loi, la liberté d’aller et venir, le libre choix de la résidence, la liberté d’association, de réunion, de cortège et de manifestation. ».

Les autorités brandissent l’état d’urgence, en vigueur dans le pays depuis novembre 2015, pour justifier l’interdiction des manifestations, suscitées principalement par une mesure particulière qui autorise la création d’un Sénat qui donnerait de nouveaux pouvoirs au président de la République. « Les autorités doivent veiller à ce que les voix dissidentes puissent s’exprimer sans crainte et sans subir de manœuvres d’intimidation ni de harcèlement », conclut Gaetan Mootoo.