CPI : un djihadiste malien comparait ce mercredi

Les autorités maliennes ont remis samedi 31 mars, Al Hassane Ag Abdoul Aziz, à la Cour pénale internationale. Soupçonné  de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, il comparait  mercredi à la Haye.

A 17 heures GMT ce mercredi,  Al Hassane Ag Abdoul Aziz, un  ancien  commissaire de la police islamique de  Tombouctou comparaitra devant la Chambre préliminaire 1 (une) de la Cour pénale internationale (CPI). Il est ‘’suspecté de crimes de guerres et de crimes contre l’humanité commis en 2012 et 2013 à Tombouctou ‘’.  Lors de l’occupation du nord du Mali, des mouvements djihadistes avaient administrés et instaurés la charia dans plusieurs villes contrôlées.  ‘’Au cours de l’audience de cette première comparution, le juge unique vérifiera l’identité du suspect et la langue dans laquelle il pourra suivre les  procédures’’ indique un communiqué de l’organisation. Al Hassan sera aussi informé des indices de culpabilité qui pèsent  contre lui. Selon la Chambre préliminaire d’accusation qui avait remis le mandat d’arrêt aux autorités maliennes le 27 mars,  lors du règne d’Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI)  et Ansar Eddine,  l’implication de ce touareg de 41 a été déterminante.   Il ‘’aurait pris part à la destruction des mausolées de saints musulmans de Tombouctou’’ et autres actes pouvant être qualifiés de crimes graves.

Dans une note, la fédération internationale des ligues des droits de l’homme  (FIDH) et l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH) se réjouissent de cette interpellation ‘’pour les victimes de Tombouctou qui continuent d’attendre que justice soit faite ‘’. Elles estiment qu’ ‘’Al Hassan aurait pu être jugé  par une juridiction malienne comme ce fût le cas pour l’islamiste Aliou Mahamane Touré.  Ce transfèrement n’est pas la première pour le Mali.  Ahmed Al Faqi, aussi présumé membre du groupe Ansar Eddine  a été jugé et condamné par la CPI en 2016 à neuf ans de prison.  Il avait été reconnu coupable de destruction des mausolées en 2012, classés patrimoine mondiale de l’humanité.  

Pour cette première comparution, le juge Perin de Brichambaut a fixé  au 24 septembre le début de l’audience de confirmation des charges  d’Al Hassan. Pour certains défenseurs des droits de l’homme,  d’autres personnes devaient être inquiétées par cette juridiction.  Toutefois, le procureur général de la CPI, Fatou Bensouda  a  rappelé que le transfèrement  opéré est « un message fort à tous ceux qui, où qu’ils se trouvent, commettent des crimes qui heurtent la conscience humaine”.

Les 11 otages maliens seraient morts !

 

 

Ils sont onze  militaires maliens au total à avoir été capturés lors des combats entre juillet 2016 et mars 2017 par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, lié à AQMI et  dirigé par Iyad Ag Agaly. Leur dernière apparition date d’une  une vidéo relayée le 18 octobre passé par l’agence Menastream. Ils sont malheureusement morts.

Les militaires maliens  détenus depuis juin 2016,  par le groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans,  dirigé par Iyad Ag Aghaly ont connu d’après nos informations le pire sort. D’abord, c’est le site d’actualités Mauritanienne Alakhbar qui aurait relayé l’information.  Dans un extrait d’un message écrit en arabe on peut lire : « la défense de l’islam et des musulmans déclare la mort des prisonniers de guerre dans un bombardement ». Dans la déclaration publiée, le groupe a annoncé que ces militaires ont été tués lors d’une attaque aérienne menée par les forces françaises le mardi  24 octobre. Le lieu cependant n’a pas été précisé. Toujours selon la déclaration, ce sont des barils d’explosifs sur place qui ont tué les soldats en détention avant le débarquement de  troupes françaises qui se sont affrontées avec le groupe qui tenait la garde. En effet une opération de l’armée française a ciblé lundi soir 23 octobre dans le cercle d’Abeibara  dans la région de Kidal, des membres du groupe islamiste Ansar Dine. Cette intervention qui a abouti à la neutralisation de 15 terroristes, a impliqué des Mirages français, des hélicoptères d’attaques et des forces terrestres selon  un porte-parole des armées françaises. Selon les informations provenant du site Alakhbar, sur lequel la déclaration aurait été publiée, l’annonce faite par l’armée française où elle a «  annoncé l’élimination d’un bataillon des personnes » est sans «  fondement » et qu’il « s’agissait des prisonniers de l’armée malienne et des éléments de l’organisation qui étaient chargés de la surveillance ». Aucune autorité malienne n’a pour l’heure communiqué face à cet acte insoutenable. Une source digne de foi et  très proche du dossier, a confirmé malheureusement la mort des otages sans vouloir en dire plus pour le moment. Il faut rappeler que lors de leur dernière apparition vidéo, ces otages ont appelé à l’aide de chaque malien et du Président de la République en particulier pour leur libération. Si la nouvelle de leur mort dans des circonstances encore non élucidées se confirme officiellement, le choc sera manifeste au vu des espoirs liés à leur libération. Le collectif notamment de soutien aux otages maliens, qui a contribué à la libération d’Amadou Ndjoum est parmi les plus impliqués dans ce dossier et se trouve effondré par cette effroyable perte.

 

 

Un nouveau enregistrement d’AQMI via l’aile médiatique d’Ansar Dine

La fondation Rimaah, aile médiatique du  mouvement Ançar Dine dirigé par Iyad Ag Ghali a diffusé un nouvel enregistrement sonore avec la voix de Abi Bara Sahraoui, l’un des leaders d’AQMI. Lequel y expose des stratégies terroristes, encourage ses éléments et fustige les mouvements signataires, le gouvernement malien ainsi que les forces internationales.

Cet enregistrement commence par des versets coraniques pour montrer l’importance du Jihad en Islam, la lutte contre les « infidèles » et la galvanisation des combattants. Dans ce document, l’orateur précise que de nombreuses attaques ont été perpétrées à l’aide de motos. Affirmant que cette stratégie va se poursuivre.

Il a demandé aux auteurs des attaques à persévérer et à maintenir la technologie des explosifs ainsi que le développement de sa fabrication. Avant de les conseiller de faire preuve de prudence lors de la pose des engins explosifs.

De même qu’il a insisté sur la nécessité de la patience et la préservation du sang des musulmans. Par ailleurs, il a appelé les musulmans du monde entier et à ceux du Mali particulièrement à protéger les terroristes et les poseurs de mines. Tout en les recommandant de s’éloigner des rassemblements des personnes qu’il qualifie de « croisés ». Aussi, il a déclaré que son organisation assistera tous les musulmans victimes de ces explosifs.

Il a conclu son propos par des critiques adressées aux mouvements signataires en promettant de les combattre s’ils ne changent pas de stratégie.

A noter que Abi Bara Sahraoui est l’un des cadres d’AQMI et responsable des prêches et inspirateur religieux à Tombouctou pendant l’occupation des régions du Nord du Mali, en 2012.

Toutefois, son intervention dans cet enregistrement diffusée par la fondation Rimaah, aile médiatique d’Ançar Dine suscite de nombreuses interrogations. Est-ce une adhésion à Ançar Dine ou une stratégie visant à montrer que cette fondation entend étendre son champ d’action.

GATIA – CMA, un retour au choc ?

Samedi 21 janvier, trois jours après l’attentat à la voiture piégée qui faisait 77 morts à Gao, dont la majorité parmi les groupes armés, une attaque contre un poste du GATIA près de Tinessako faisait 13 victimes. Cette attaque, imputée à la CMA, vient s’ajouter aux nombreuses violations des accords de cessez-le-feu et pourrait être le point de départ, si on n’y prend pas garde, d’un nouveau conflit entre les deux mouvements rivaux, qui pourrait faire basculer la région dans une nouvelle guerre fratricide.

Malgré les signes d’unité qui ont fait suite à l’attentat qui a fait 77 victimes à Gao, le conflit est la discorde, entre le GATIA et la CMA,  en pause relative depuis septembre dernier, semble ravivé. Samedi 21 janvier, vers 4h du matin, une colonne d’une dizaine de pick-up faisait route vers un poste tenu par le GATIA, situé à une quarantaine de kilomètre de Kidal à l’est d’Edjarer, sur l’axe Tinzawaten-Ménaka, dans le cercle de Tinessako. L’attaque a surpris les 14 combattants du Gatia qui ne se sentaient pas menacés. « Ils sont venus les canarder en pleine nuit alors qu’ils avaient relâché leur vigilance. Il y a eu 13 morts, un combattant du GATIA a pu en réchapper, il a fait une trentaine de kilomètre à pied pour alerter ses compagnons. Le GATIA a suivi les traces des assaillants, elles menaient à Kidal… », explique cette source proche des mouvements.

Le secrétaire général du GATIA, Fahad Ag Almahmoud a accusé la CMA d’être l’auteur de l’attaque et plus particulièrement un certain Bohaba Ag Hamzata qui serait membre de la coordination. Les responsables de la CMA ont rejeté ces accusations dans un communiqué publié le jour même et ont appelé la Minusma à diligenter une enquête afin de faire la lumière sur ce tragique événement. 24 h plus tard, sur les réseaux sociaux, le groupe djihadiste Ansar Dine revendiquait l’attaque.

Dans le dernier rapport du secrétaire général des Nations Unies sur le situation au Mali, il est fait état, depuis septembre 2016, dans la vallée d’Edjarer, d’exactions, perpétrées par des combattants de la Plateforme et visant les populations, les forçant à se déplacer sous peine de torture ou de mort. Le GATIA, par ces actes, s’est attiré les foudres d’Ansar Dine qui a déclaré la guerre au groupe d’Auto-défense à majorité Imghad.

Bonnet blanc, blanc bonnet Les accusations envers la CMA du secrétaire général du GATIA, ne s’avère pas totalement infondées, mais établir sa responsabilité semble plus complexe. « La mort de ces 13 combattants est dû à une frange du HCUA, des gens qui sont en connivence avec les islamistes. Ils appartiennent aussi à la CMA, ils sont sous l’autorité de son chef actuel, Alghabass Ag Intalla. C’est eux qui avaient perpétré l’attaque de Sehene, début octobre 2016, le jour de la mort de Cheickh Ag Aoussa. En réalité, Bohaba Ag Hamzata, qui est un parent d’Alghabass Ag Intalla est un narcotrafiquant notoire et un des hommes fort du HCUA, ce n’est pas totalement un électron libre, c’est un Ifoghas, un clan soudé, et Ansar Dine est à dominante Ifoghas », révèle cette même source qui côtoie les mouvements.

La katiba de Bohaba Ag Hamzata est une des rares qui ose s’aventurer or de Kidal depuis les affrontements entre Gatia et CMA, qui ont enflammé la région entre juin et septembre 2016. Selon nos informations, ce cadre militaire du HCUA aurait commis l’attaque avec l’aide de son ex-beau père, Malik Wanasnate, un ancien du Mouvement Islamique de l’Azawad (MIA) passé par le HCUA avant de le quitter en 2015 pour revenir à Ansar Dine. En 2012, il était un des commandants de Iyad Ag Ghaly, l’éminence grise du célèbre groupe djihadiste. « Il y a des éléments du HCUA qui sont liés aux djihadistes et qui navigue entre ces deux mouvements », explique cet ancien cadre du MNLA, « Il y a une facette de la CMA pour les médias, mais les gens qui vivent à Kidal savent bien qu’il y a des personnes non-officielles au sein du HCUA, qui sont des bras armés d’Ansar Dine, en même temps ils sont dans l’Accord mais ils font aussi ce qu’ils veulent. Ça maintient la terreur et leur pouvoir sur les autres », ajoute-t-il.

Depuis l’attaque, la tension est en hausse à Kidal. Les rumeurs parlent de représailles et les deux camps s’organisent. « Les armes lourdes sont montées sur les véhicules et la CMA renforcent ses positions. Tout le monde va être comptable de l’action de quelques-uns. Les gens ont peur que cette attaque remette tout à zéro. On craint un nouvel embargo et des affrontements. Après l’attaque, tous les chefs du GATIA qui étaient à la frontière algérienne ou en Libye, lieux de tous les trafics, sont revenus dans la région de Kidal, ils ne reculeront devant rien », explique cet habitant joint au téléphone. Pour cet ancien partisan du MNLA, « ces combats successifs pour la drogue, la rivalité entre Imghad et Ifoghass ou entre le GATIA et le HCUA, ne sont pas prêt de se terminer », affirme-t-il, « Le MNLA n’a pas apprécié cette attaque mais ils ne peuvent rien faire car ils sont dominés militairement et politiquement par le HCUA » et qu’on ne vienne pas lui parler de la Minusma ou de Barkhane « ils ne feront rien pour trouver les coupables, car ils ont toujours besoin de preuve alors qu’ils ne font même pas le déplacement » conclut-il.

Prison de Niono, et de deux !

Dans la nuit de lundi à mardi, des assaillants ont attaqué la prison de Niono, situé à 350 km de Bamako. Plusieurs dizaines de prisonniers en ont profité pour s’échapper.

Il était aux alentours d’une heure quinze du matin quand des hommes armés vêtues de boubous et de tenues militaires ont pris d’assaut la maison centrale d’arrêt de Niono, blessant au passage deux gardiens et permettant la fuite de 90 détenus. L’un des gardiens blessés a par la suite succombé à ses blessures. Selon des témoins, les assaillants criaient Allah Akbar et étaient spécifiquement venus pour libérer un de leur frère d’arme détenu. Ils en ont profité pour ouvrir en grand les portes et laisser tous les autres prisonniers s’échapper.

Après la fin de leur mission commando, les bandits se sont éclipsés vers Molado où ils ont disparus. « Des dizaines de prisonniers se sont évadés. L’armée a réussi à en reprendre certains et poursuit les autres » a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense, Abdoulaye Sidibé. L’attaque n’a pas encore été revendiquée mais les soupçons se portent sur le Front de Libération du Macina dirigé par Amadou Kouffa. Prêcheur radical, qui prône le djihad et l’application de la charia sur toute l’étendue du territoire. Il serait le principal allié d’Iyad Ag Aly, chef d’Ansar Dine au centre et au sud du pays.

Le modus operandi de l’attaque ressemble beaucoup à une autre qui s’est déroulée un mois plus tôt à Banamba et qui avait la même visée : libérer des combattants. Malheureusement pour eux, les personnes en question avaient été déplacés vers un autre endroit plus sûr. Ansar dine qui avait revendiqué la tentative, a par la suite fait la promesse de libérer tous leurs frères et qu’aucune fortifications ne leurs résisteraient.

 

Attaher Ag Ayadou, véritable numéro 2 d’Ansar Dine ?

Jeudi 24 novembre, Attaher Ag Ayadou supposé numéro 2 d’une faction du groupe islamiste armé Ansar Dine était arrêté à Gao, dans le nord du pays. Il est mis en cause dans l’embuscade meurtrière contre un convoi des forces maliennes qui transportait des urnes dans une localité proche de Tombouctou. Pourtant sa famille et ses proches décrivent un homme aux antipodes du terroriste dépeint par les autorités et les médias

Attaher Ag Ayadou ou Oufen Ag Ayadou comme il se fait aussi appelé a été arrêté jeudi dernier à Gao. Bien que les circonstances de son arrestation reste encore floue, de source sécuritaire on assure qu’il serait l’auteur, activement recherché, de l’attaque qui a fait cinq morts la semaine dernière dans les rangs de l’armée malienne, dans le Nord, lors des élections municipales. Sa Katiba, dont le chef serait Al-Mansour Ag Alkassim, l’émir d’Ansar Dine au Gourma, aussi activement recherché, serait responsable de plusieurs autres attaques, dont celle contre la Minusma à Douentza, le 6 novembre dernier.

Selon nos informations, Attaher Ag Ayadou est âgé d’une trentaine d’année, divorcé, père d’une fille. Ce jeune homme atteint de timidité depuis l’enfance travaille habituellement dans les foires pour vendre un peu de bétail. Il serait proche du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA). Il aurait été arrêté par le Groupe Autodéfense Touareg Imghad et Alliés (GATIA) durant le conflit qui l’opposait à la CMA.

Cueilli à l’heure du thé C’est mercredi 22 novembre aux alentours de 15h que deux 4×4 tout terrain, freinent devant la cour de Zouda Doho, l’oncle du suspect, des militaires en sorte, ils interpellent Attaher Ag Ayadou qui prenait le frais sous un arbre en sirotant du thé avec ses cousins. « Les militaires sont arrivés et l’ont appréhendé. Ses cousins étaient paniqués, ils m’ont dit que l’un des militaires était resté dans l’un des véhicules, il était en liaison avec quelqu’un durant l’opération qu’il supervisait », relate Zouda Doho, qui dormait à l’intérieur quand sont neveu à été arrêté. Comme beaucoup, son oncle a appris son arrestation par les réseaux sociaux et s’est rapidement rendu compte qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Il décroche son téléphone, va à la rencontre de ceux qui cotôyaient son neveu, amis, famille, pour savoir s’il aurait pu basculer dans la radicalisation à son insu. À Gossi, Gao et Tinassamed, tous disent n’avoir rien observé de tel. « Ici tout le monde se connaît, donc s’il y avait eu des connections entre lui et les djihadistes, je l’aurai appris depuis longtemps. Je ne comprends pas qu’on puisse le présenter comme le numéro deux d’Ansar Dine, même si il était à Ansar Dine, il ne serait même pas le millième », déplore son oncle.

Erreur sur la marchandise ? Après l’arrestation, les autorités et les médias ont diffusé une photo qui ne correspond pas à celle d’Attaher Ag Ayadou. « La photo diffusée dans les médias n’est pas celle de mon neveu, c’est la photo de Mohammed Abdallah Ben Houzeifa alias Al Rabiou Al Chingetti, un djihadiste bien connu, un Mauritanien, qui fait effectivement partie d’Ansar Dine. J’ai publié la véritable photo d’Attaher, pour montrer aux gens que ce n’est pas lui, qu’il y a erreur sur la personne, parce qu’il ne peut pas avoir cette capacité de nuisance et que ça ne se sache pas, ce n’est pas possible », affirme Zouda Doho.

Contacté par le journal du Mali, un haut gradé de l’armée affirme que « l’arrestation de Attaher Ag Ayadou est le fruit d’une longue enquête et de recoupements d’information fondés sur des éléments de preuves », il ajoute que, le côté sensible de l’affaire et la procédure étant engagée, il ne peut s’exprimer plus sur ce sujet.

Zouda Doho est bien allé voir les militaires pour essayer d’en savoir plus mais la grande muette n’a pas déroger à sa réputation et laisse la famille du suspect et ses proches avec nombre de questions. « Maintenant qu’il a été transféré à Bamako je n’ai aucun recours, aucun moyen, aucune possibilité. Je suis perplexe, je suis dans l’incompréhension totale, parce que rien ne prouve qu’il ai été de quelque manière que ce soit dans le djihadisme, conclut son oncle, qui compte continuer à utiliser les réseaux sociaux pour disculper son neveu arrêté, selon lui, par erreur ou par obligation de résultat.

Ansar Dine revendique l’attaque de Banamba

Le groupe islamiste Ansar Dine a dans un message audio revendiqué l’attaque de Banamba dans la nuit de dimanche à lundi.

L’attaque menée par la ‘’katiba Macina’’, unité combattante du groupe islamiste avait permis à 21 prisonniers de s’échapper. Les djihadistes ont également incendié une banque et enlevés deux personnes.

Dans son message de revendication, le groupe affirme avoir tué un militaire et capturé un autre et s’être emparé de trois véhicules et d’autres équipements.

Selon le ministre de la justice malienne Mamadou Ismaël Konaté, les assaillants venaient spécialement libérer deux prisonniers, mais ces derniers avaient été transférés dans une autre localité.

Ces dernières semaines on assiste à une recrudescence des attaques de la mouvance djihadistes. En amont de celle de Banamba, ils avaient déjà revendiqué des attaques contre des positions françaises et ceux de la MINUSMA.

D’ailleurs inquiet par ces attaques qui se décalent plus au Sud, le président Ibrahim Boubacar Keita a convoqué un conseil de défense pour donner des instructions afin que les forces de sécurité soit beaucoup plus mobile et qu’ils aillent au devant de la menace pour assurer la sécurité de la population.

Le directeur de la communication de la présidence, Racine Thiam a tenu un point presse hier où il a reconnu l’urgence devant l’insécurité de plus en plus galopante. « Nous ne sommes pas face à un ennemi qui se bat pour une localité, mais un ennemi qui est porté par la volonté de perpétrer des coups pointus et disparaitre en même temps. Aucun pays du monde d’aujourd’hui n’est à l’abri de ces attaques sporadiques » a-t-il déclaré

Boubacar Sidiki Haidara

Iyad Ag Ghaly – Mahmoud Dicko : « Un arrêt des attaques, oui, mais concernant les forces armées du Mali ».

On apprenait dimanche que Iyad Ag Ghaly, l’éminence grise du groupe djihadiste Ansar Dine, qui sévit dans le nord du Mali, avait signé un accord de cessez-le-feu sur tout le territoire avec Mahmoud Dicko, président du Haut-Conseil islamique (HCI) du Mali. Pourtant ce même dimanche en début de soirée, le camp de la Minusma à Kidal était la cible de plusieurs tirs de roquettes, mode opératoire caractéristique d’Ansar Dine, pour qui les forces étrangères sont l’ennemi à abattre. Selon nos informations, cette attaque ne trahirait pas l’accord de cessez-le-feu signé avec le président du HCI.

Ce sont plusieurs tirs de mortier qui ont visé le camp de la Minusma à Kidal, dimanche soir dernier, n’occasionnant aucune victimes mais causant des dégâts matériels dont l’ampleur réel reste encore difficile à établir. « ll y eu plusieurs déflagrations et un grande fumée noire qui sortait du camp. Les hélicos de la Minusma qui transportent les troupes, les officiels ou les gens des mouvements armés, entre Gao et Kidal, ont été touchés par les éclats d’obus, deux notamment, mais les dégâts ne seraient pas importants », explique ce résident du quartier Aliou à Kidal joint au téléphone.

Bien que cette attaque n’est pas été revendiquée, la plupart des attaques visant le camp de la Minusma le sont par Ansar Dine, dirigé par l’ex-chef rebelle Iyad ag-Ghaly, qui voue aux ‘‘mécréants’’ (les forces étrangères) une guerre sans merci.

Le camp de la Minusma a été frappé au moment ou le président du Haut Conseil islamique (HCI), Mahmoud Dicko, confirmait aux médias qu’il avait, après des mois de négociation, signé une lettre avec Iyad Ag Ghaly, dans laquelle ce dernier s’engage à accepter un cessez-le-feu « sur toute l’étendue du territoire». Cette nouvelle à surpris à Kidal où la plupart des gens s’attendaient à une intensification des attaques djihadiste après la mort de Cheikh Ag Aoussa. Le document dont «l’authenticité ne fait pas de doute », selon le porte-parole du HCI, a été annoncé comme un tournant dans la crise du Nord-Mali par certains médias, mais l’attaque du camp de la Minusma vient remettre cela en question.

Selon une source bien informée de la région, Iyad Ag Ghaly n’aurait en rien rompu cet accord de cessez-le-feu. « Le document écrit en arabe, a été mal traduit ou interprété, ce sont les forces maliennes qui sont épargnées et ne seront pas visées par Ansar Dine sur tout le territoire et non les forces étrangères comme la Minusma ou Barkhane, donc un arrêt des attaques, oui, mais concernant les forces armées du Mali. Elles ne sont quasiment pas présentent dans le Nord d’ailleurs, à part à Tessalit ou elles restent cantonnées . L’attaque d’hier soir était aussi là pour mettre l’accent sur ça. », révèle cette source.

Malgré la pression que Barkhane exerce sur les groupes djihadistes notamment à Abeibara , depuis l’installation dans la zone d’une base française provisoire, Ansar Dine ne semble pas avoir relâché son emprise sur le Nord. L’attaque du camp de la Minusma aurait été possible, d’après certains, par le relâchement notable du blocus exercé par la GATIA qui encerclait Kidal où la CMA restait cantonée.

Selon nos informations des cadres du mouvement et Iyad Ag Ghaly lui-même aurait éte aperçu plus au nord, dans la zone de Tinzawatène. une ville située à la frontière algérienne, stratégique pour le chef djihadiste car il peut ainsi franchir la frontière algérienne sans être inquiété. Dans cette zone, les populations rapportent croiser de nombreux combattants armés et à moto.

L’emprise du mouvement Ansar Dine s’étendrait même jusqu’à Ménaka et serait renforcée par une collaboration d’opportunité avec le MUJAO, soupçonné d’être derrière les attaques du camp de réfugiés de Tazalit et de la prison de haute-sécurité de Koukoutalé au Niger.

Abou Yehia, trajectoire d’un Emir d’Ansar Dine

Mahmoud Barry, alias Abou Yehia, alias Cheick Yahya, a été arrêté par les forces spéciales maliennes dans la fôrêt de Wagadou, mardi 26 juillet. Celui qui se nomme lui-même « Emir » de la Katiba du Macina, bien que dans le collimateur de la sureté de l’Etat depuis un certain temps, reste méconnu du public.

Abou Yehia est un peulh, d’environ 37 ans, marié, père de famille, passé par l’Arabie saoudite où il travaillait, il a été, un temps, imam dans une mosquée à Bamako. Comme nombre de peuls, il est entré dans la clandestinité pour défendre son ethnie, puis il s’est radicalisé, certainement au contact d’Amadou Kouffa qui opère dans le Macina, cette région qui s’étend de la frontière mauritanienne à la frontière burkinabè et dont l’épicentre est Mopti. Ils deviennent proche. Ce dernier, le charge de créer la branche peule d’Ansar Dine au Macina, pour coordonner les actions et les opérations au centre et au Sud du Mali. Selon certaines estimations, cette Katiba compterait pas moins de 500 combattants.

Elle opère aux alentours de Tombouctou, Diabaly, Nampala, Léré, Niafunké. Son fait d’arme notable, l’attaque de la gendarmerie de Nara, le 27 juin 2015, qu’Abou Yahia a commandité et dirigé.

Dans une vidéo, mise en ligne le 17 mai 2016 et qui semble avoir été tournée après l’attaque de la ville de Nara, perpétrée le 27 juin 2015, il harangue ses hommes en armes, victorieux, une Kalachnikov en appui sur l’épaule et un drapeau d’Ansar Dine en toile de fond. S’exprimant en langue Peule, il galvanise ses combattants et justifie leurs combats. Il dit vouloir combattre la France, les Etats-Unis et tous ceux qui ont envahi le Mali. Il appelle au jihad pour chasser les étrangers du Mali et combattre les forces maliennes.

Depuis début 2015, cette entité d’Ansar Dine a multiplié les raids meurtriers contre les forces de sécurité malienne et les assassinats ciblés dans la région de Mopti. L’attaque du camp de Nampala qui a fait 17 morts et 35 blessés dans les rangs des Famas, pourrait être imputable à sa katiba. « Ils sont liés de façon directe ou indirecte à l’attaque du camp militaire de Nampala, car ils opèrent dans cette zone », confie le commandant Modibo Namane Traoré.

Mardi 26 juillet, la trajectoire sanglante du chef de la Katiba Macina s’arrête net, une semaine après que le président Ibrahim Boubacar Keïta, a affirmé que les responsables de l’attaque de Nampala seront « traqués ». « Nous avons pu l’arrêter grâce à des éléments infiltrés et il a été appréhendé », révèle le commandant Traoré. « C’est une grosse prise, ça va nous permettre d’obtenir de nombreuses informations ; de qui se compose cette katiba ? comprendre quelles sont ses ramifications et ses connexions, avec Amadou Kouffa,  et surtout avec Iyad Ag Ghali, le chef D’ansar Dine », conclut-il.

Mali: pourquoi il faut renforcer Barkhane et Minusma

Au Mali, face à la menace de plus en plus grandissante des groupes terroristes, la question du renforcement des forces onusiennes et françaises devient crucial.

Plus de 101 attaques ont été attribuées à Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), c’est le journal américain « Long War journal » qui l’a révélé début juin. Ces attaques ont eu lieu, pour la plupart, au Mali, où le mouvement terroriste et ses alliés (Al-Mourabitoune, Ansar Dine) ont battu en retraite depuis 2013, après l’intervention militaire française. C’est le nord du Mali qui est le plus touché, avec 36 attaques dans la région de Kidal où Ansar Dine, groupe terroriste allié d’Al-Qaeda, continue de semer la terreur. Selon « Long War Journal », qui craint que l’année 2016 soit la plus meurtrière depuis 4 ans, Al-Qaeda a revendiqué des attaques en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso ainsi qu’au Niger.

Voilà qui remet au centre des débats la question du renforcement des forces militaires présentes dans le nord du Mali. C’est le mercredi 29 juin prochain que le vote du nouveau mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) aura lieu. Durant ces dernières semaines, un changement de ton important a été constaté dans le discours du patron de la mission onusienne, Mahamat Saleh Annadif, qui a fait clairement comprendre que ses troupes devaient se dégager de la posture de « chair à canon » à laquelle leur mandat les confine :

« On ne peut continuer à accepter l’insupportable. Il est temps de s’engager à une profonde introspection accompagnée par des mesures tangibles, car il est indéniable que certaines pertes auraient pu être évitées si nos contingents étaient mieux formés, mieux équipés, particulièrement de véhicules blindés ».

Ces propos, qui ont permis à M. Annadif de monter très haut dans l’estime des Maliens qui ont toujours souhaité une Minusma « agressive », prouvent à suffisance que les nations se trouvent dans l’urgence de changer leur fusil d’épaule et de revoir leur copie. Aujourd’hui, tout le monde s’attend à ce que, après le vote, la mission onusienne soit renforcée avec des soldats, des hélicoptères et des capacités supplémentaires.

Et Barkhane ?

Selon « Zone militaire », blog spécialisé sur les questions de défense et de sécurité, l’opération Barkhane compte actuellement entre 3.500 et 3.800 hommes répartis sur deux fuseaux (est à partir de N’Djamena et ouest à partir de Gao). La question de son renforcement a aussi été abordée par le président nigérien, Mahamadou Issoufou, lors de sa visite officielle en France, quelques jours après des incursions de Boko Haram sur son territoire. Ainsi, dans une interview accordée au quotidien français Le Monde, M. Issoufou a déclaré : «Il faut renforcer Barkhane. Nous avons fait un excellent travail avec l’armée française aux confins nord de notre pays [avec la base avancée de Madama, ndlr], où nous avons verrouillé les points de passage des trafiquants et des jihadistes en provenance de Libye. (…) Mais face au renforcement de l’activité des groupes terroristes dans la région (…) nous pensons qu’il faut renforcer la présence de Barkhane, y compris autour du lac Tchad. »

Il est difficile de dire si renforcement de Barkhane est à l’ordre du jour dans l’agenda des autorités françaises. Mais la force française a rééquilibré son dispositif dans la région de Kidal pour contrer Ansar Dine. Lors de la visite de Mahamadou Issoufou en France, le président François Hollande a reconnu qu’au Mali « il y a cette tentative toujours répétée des groupes terroristes de faire en sorte que le nord du Mali puisse être déstabilisé. »

 

Ansar Dine affirme détenir l’équipe du CICR dans le Nord-Mali

L’enlèvement des quatres travailleurs (3 humanitaires originaires de la région + 1 chauffeur) le 16 avril dernier a été revendiqué par un responsable du groupe islamiste Ansar Dine. Les islamistes ont libéré dimanche dernier, l’un des otages, au nombre de 4, qui se trouve être chef de mission au CICR. Cet otage a été libéré avec un message destiné à  la force Barkhane, demandant la libération du guide qui accompagnait les travailleurs du Comité international de la Croix-rouge (CICR), arrêté par Barkhane le jour de l’enlèvement, car soupçonné de connivence avec Ansar Dine. Le message promettait la libération des otages du CICR en échange du guide. Le chef de mission du CICR comme le guide sont des parents du numéro 2 du haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), Cheick Ag Aoussa. Ce dernier est un notable puissant et craint à  Kidal. De 2012 à  2013, il était le numéro 2 du groupe terroriste et commandait les forces d’Ansar Dine à  Aguel’hoc, il est maintenant chef militaire et numéro 2 du HCUA. Sa réputation et sa grande fortune lui assurent l’allégeance des jeunes et des vieux Touaregs de Kidal. Lors de son arrestation, le guide était accompagné d’un jeune homme, lui aussi arrêté. Selon nos informations, le CICR est actuellement en négociation pour libérer les otages, ils ont pris attache avec Cheick Ag Aaoussa et Barkhane pour favoriser ces négociations. Sollicité par le Journal du Mali, le CICR n’a pas souhaité répondre à  nos questions concernant les revendications d’Ansar Dine, la libération d’un des otages et l’arrestation du guide de l’équipe.

Iyad Ag Ghali ou la négociation impossible

Au moment des négociations à  Alger, il était clair pour tous qu’aucune discussion n’était possible avec les groupes terroristes qui avaient occupé le septentrion malien de 2012 à  2013. Depuis, l’accord a bien été signé sans eux et le processus de sa mise en œuvre avance tant bien que mal. Mais les attaques terroristes répétées et les menaces hypothèquent ce processus que beaucoup craignent de voir s’enliser. D’o๠les voix de plus en plus nombreuses qui demandent l’inclusion des djihadistes d’origine malienne. Dernière en date, celle de l’Amenokhal (chef traditionnel) de la tribu des Ifoghas de Kidal, Mohamed Ag Intallah. Intégrer les djihadistes maliens dans le processus de paix et de réconciliation équivaut aujourd’hui à  négocier avec Iyad Ag Ghali, Amadou Kouffa et autres. Cette option va à  l’encontre de la position officielle jusque-là  arrêtée aussi bien par le gouvernement, le Président Ibrahim Boubacar Kéà¯ta s’étant d’ailleurs publiquement opposé à  toute forme de négociation avec le chef d’Ançar Dine, que par la communauté internationale. On se souvient que lors de sa visite à  Bamako le 19 février dernier, le Premier ministre français, Manuel Valls, déclarait que l’ancien rebelle était la deuxième cible prioritaire de la force Barkhane, après l’Algérien Moktar Belmoktar, réitérant ainsi l’exclusion de tout dialogue avec les groupes terroristes. Cette option a pourtant ses défenseurs. Au nombre desquels Tiébilé Dramé, président du parti pour la Renaissance nationale (PARENA), ainsi que des leaders religieux qui multiplient les sorties pour que le « cas Iyad » soit posé. « De toutes les façons, tous les conflits finissent par la négociation. Si l’on veut en finir avec cette histoire au nord, et avoir la paix, il vaut mieux parler avec lui et les autres djihadistes maliens », assure l’un d’eux sous anonymat. Les initiatives sont ainsi de plus en plus nombreuses pour plaider cette « cause ». Le ministre de la Réconciliation, Zahabi Ould Sidi Mohamed, lui-même ancien chef rebelle pendant les années 1990, a ainsi déclaré sans citer de nom, qu’il aurait été sollicité pour négocier avec Iyad, l’argument principal étant que les cadres du Haut conseil pour l’unicité de l’Azawad (HCUA), signataire de l’accord, ne sont autres que les anciens lieutenants d’Iyad Ag Ghali. Ouvrir la porte à  celui qui menace aujourd’hui le processus de paix avec des attaques répétées contre les populations et les soldats de l’ONU, ou continuer sans lui au risque de voir le processus s’enliser ? Tel est l’enjeu. Mais si le dialogue avec Ançar Dine venait à  se concrétiser, nombre de questions essentielles demeureraient. La première étant les termes mêmes de la négociation. Jusqu’ici, les ambitions du leader djihadiste sont toujours d’instaurer un à‰tat islamique avec la charia pour règle et rien ne porte à  croire qu’il y ait renoncé. Sans compter qu’on lui prête d’autres activités telles que le trafic de drogue, qui ne saurait s’accommoder d’un retour d’un à‰tat fort dans le septentrion. Alors, si inviter Iyad dans l’accord peut aider au retour de la sérénité, en particulier dans la région de Kidal, le prix qu’il pourrait réclamer, la paix contre la charia, risque fort de rendre la transaction impossible.

Brèves : Chérif Haidara appelle à la Paix

Ousmane Madani Chérif Haidara appelle à  la paix Les évènements du 21 mai à  Kidal n’ont laissé aucun malien indifférent. Intervenant sur une radio, le guide religieux Chérif Ousmane Haidara a déploré le recours aux armes à  Kidal et s’incline devant la mémoire des soldats tombés. Le leader du mouvement Ançar Dine salue l’engagement de nos militaires sur le théâtre des opérations et propose des pistes de sortie de crise. Selon lui, les parties doivent privilégier le dialogue. « Des messages de paix, de cohésion, et d’entente doivent être au C’œur de toutes nos démarches surtout en cette période o๠le pays traverse une situation de crise. Il est de notre devoir de privilégier le dialogue », soutient Chérif Ousmane Haidara. Pour y parvenir, les Maliens doivent avoir l’humilité de s’asseoir autour d’une table et de s’expliquer. l’UE et la Suisse donne un nouveau souffle au patrimoine culturel du Nord l’Union Européenne et la Suisse viennent en aide à  l’héritage culturel du Mali. Les deux partenaires financiers européens mettent à  la disposition de l’UNESCO une enveloppe de 858 millions de FCFA pour la reconstruction du patrimoine culturel du Nord. Ces richesses culturelles ont été saccagées dans la période de l’occupation des djihadistes dans le septentrion malien. Cet accord est la concrétisation du financement par l’Union Européenne et de la Suisse du projet de réhabilitation et de revitalisation de notre patrimoine national. Le ministre de la culture, Mme Ndiaye Ramatoulaye Diallo quant à  elle, a assuré que son département fera de ce domaine un moteur de développement économique et social.

Kidal : arrestation de l’ancien commissaire islamique d’Ansar Dine

A Kidal, on le connait sous le nom de « Mortalla ». Al-Housseini ag Ahayare a été arrêté dimanche à  son domicile avec plusieurs personnes. Selon des témoignages sur place, les Français sont arrivés en commando par les airs, via deux hélicoptères, pour encercler la maison du suspect. Les Français suivaient de près les activités de cet entrepreneur trop tranquille. Ce Touareg originaire du Tamasna était le commissaire politique d’Ansar Dine à  Kidal durant l’occupation de la ville par les jihadistes. A leur départ, il n’a pas bougé et est resté à  Kidal, o๠il faisait de la réhabilitation de maisons et du commerce avec l’Algérie. Sur place, on parle de lui comme d’un homme effacé et secret. Soupçon d’implication dans l’attentat de décembre Selon nos informations, l’individu, membre du Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA) est fortement soupçonné d’être impliqué dans l’attentat contre la banque BMS, à  Kidal, en décembre dernier. Deux soldats africains de la Minusma avaient été tués dans l’attentat. Plusieurs indices importants, dont des téléphones et une importante somme d’argent, ont été retrouvés chez lui. Al-Housseini ag Ahayare était en contact étroit avec Cheikh Haoussa, un proche de Iyad ag Ghali. « Mortalla » est soupçonné d’être un facilitateur des activités terroristes à  Kidal. « Il n’a pas été arrêté par hasard, les Français savaient très bien qui ils allaient cueillir », commente un habitant de Kidal. « Mortalla » a été transféré à  Gao par les Français et remis aux services maliens.

Maouloud 2014 : le secret de la forte mobilisation d’Ançar Dine

Le stade du 26 Mars était plein à  craquer dans la nuit du 13 janvier et il était difficile de se frayer un chemin pour y prendre place. Ils sont venus de partout pour célébrer la naissance du prophète Mahomet (PSL), autour de leur guide spirituel Cherif Ousmane Madani Haidara dit « Bani ». Auparavant, l’évènement se déroulait au stade omnisport Modibo Keita de Bamako. Malheureusement en 2011, 36 fidèles ont trouvé la mort lors d’une bousculade. Depuis lors, c’est le stade du 26 mars avec une capacité de 50.000 places qui abrite cette cérémonie avec des mesures sécuritaires renforcées. Cette forte mobilisation autour de ce grand prêcheur suscite beaucoup d’interrogations chez des observateurs de vie politique et religieuse. Selon le président de la Fédération d’Ancar Dine Adama Diawara, malien basé en Cote d’Ivoire, on dénombre environ 2,5 millions membres dans le monde. La fédération a un secrétariat exécutif ou chaque membre du bureau joue pleinement son rôle dans l’organisation du Maouloud et Ziara à  Tamani chez Ousmane Cherif Haidara. Une bonne organisation Aujourd’hui, la réussite de cette grande mobilisation réside dans sa bonne organisation. D’après Adama Diawara, il existe aussi une caisse d’épargne servant d’abri financier aux membres. A cela s’ajoute l’agence de voyage Cherifila, la boulangerie, des centres de santé, des restaurants, etc. Ançar Dine emploie plus d’une cinquantaine de personnes. « La mobilisation de près de soixante mille personnes n’est qu’une petite affaire pour la Fédération qui compte plus de deux millions de fidèles » a déclaré Yaya Guindo membre d’Ancar Dine. Cette année, les fidèles sont venus de 24 pays d’Afrique, d’Europe et d’Asie. Et les autorités maliennes ne sont pas restées en marge de la cérémonie, ce qui explique la forte présence des membres du gouvernement du Mali. Le guide Cherif Madani Haidara a prêché pour la paix, la réconciliation la justice sociale et la bonne gouvernance. Selon Bani, c’est le soubassement de la stabilité et du développement d’une nation. « Il faut que les autorités actuelles retiennent cela s’ils veulent durer aux affaires », a-t-il dit. Il s’est appesanti sur l’équité de la justice. « La justice ne doit pas être seulement au service et en faveur des riches au détriment des pauvres, elle doit être rendue conformément à  la loi », a affirmé le guide d’Ançar Dine International.

Senda Ould Boumama s’est rendu

Le porte-parole du mouvement Ansar Dine qui occupait une partie du nord malien avant l’intervention franco-africaine en janvier dernier, Senda Ould Boumama s’est rendu samedi soir à  des forces mauritaniennes sur la frontière avec le Mali, a-t-on appris lundiauprès de source sécuritaire. »M Ould Boumama s’est rendu aux forces armées mauritaniennes sur la frontière, non loin de Bassiknou (sud est) », a affirmé cette source sans plus de précisions. Selon l’agence indépendante Ani qui évoque lundi le sujet, Ould Boumama a été transféré durant le week end à  Nouakchott o๠il est actuellement interrogé par la police. Extradition « volontaire » vers la Mauritanie Le porte-parole des Ansar Dine, qui affirme être de nationalité mauritanienne, avait exprimé le 17 avril dernier son désir de se rendre aux forces algériennes et « supplié » le président mauritanien de demander son extradition pour « être jugé en Mauritanie » dans un entretien téléphonique avec Ani. Depuis cette date, aucune information n’a filtré sur sa destination finale, l’Algérie ayant démenti sa reddition à  ses forces armées. Il avait prétendu avoir été l’objet d’une tentative d’assassinat dont il n’a pas révélé l’origine. Ansar Dine fait partie des groupes liés à  Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) qui ont occupé en 2012 le nord du Mali o๠ils ont commis de nombreuses exactions, avant d’en être en partie chassés par une intervention armée franco-africaine lancée en janvier 2013.

Mali: trois chefs d’Ansar Dine auraient trouvé refuge en Algérie

Trois chefs du groupe islamiste malien Ansar Dine (les défenseurs de l’islam) ont trouvé refuge il y a plus de dix jours dans la région de Tamanrasset, dans l’extrême sud de l’Algérie, a rapporté vendredi le journal algérien El Watan Weekend. Il s’agit de « l’émir Wathik, de son vrai nom Abderrahman Gouli, de l’émir Abou Abida, alias Mourabiti Ben Moula (…), et d’Athman Ag Houdi, un cousin de Iyad Ag Ghali, chef d’Ansar Dine », indique le journal. La katiba (unité) Tawhid de l’émir Abou Abida contrôlait une grande partie de Kidal (nord du Mali) avant l’intervention française en janvier. Les trois hommes sont arrivés en Algérie à  l’issue de « plusieurs semaines de négociations entre les services de sécurité algériens et la direction d’Ansar Dine », a ajouté El Watan, citant une source sécuritaire. Ils ont obtenu « des garanties pour ne pas être poursuivis par Alger, sauf si leur implication dans des crimes contre l’humanité était prouvée », selon la même source. Ansar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghali, un ancien rebelle touareg malien, fait partie des groupes liés à  Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) qui ont occupé en 2012 le nord du Mali o๠ils ont commis de nombreuses exactions, avant d’en être en partie chassés par une intervention armée franco-africaine lancée en début d’année. Selon le journal, l’Algérie serait prête à  accorder l’asile politique au chef d’Ansar Dine s’il accepte de se rendre. Mercredi, un porte-parole d’Ansar Dine, Senda Ould Boumana, avait annoncé à  l’agence mauritanienne en ligne Nouakchott informations (ANI) qu’il se trouvait près de la frontière entre le Mali et l’Algérie et allait se rendre à  l’armée algérienne. Il avait « supplié » le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz de demander son extradition une fois arrêté en Algérie, préférant être jugé en Mauritanie, dont il dit avoir la nationalité. Aucune information n’a été donnée depuis sur son sort. L’Algérie, qui partage près de 1.400 km de frontières avec le Mali, a toujours milité en faveur d’une solution politique pour régler le conflit dans ce pays.

Le tumultueux parcours des rebelles touaregs du MNLA

Le MNLA représente une minorité au sein d’une communauté elle-même largement minoritaire au Mali, de 300.000 à  500.000 personnes sur 14 millions d’habitants. il a ses entrées en France o๠ses responsables sont reçus au ministère des Affaires étrangères et sur les plateaux de télévision, ce qui a sans doute contribué à  donner une vision déformée de son emprise sur le terrain.. A l’orrigine, le parrainage de Kadhafi Fort de son pactole pétrolier, le colonel Kadhafi, qui se voyait en « guide » non seulement de la « Grande Jamahiriya (République) arabe libyenne populaire et socialiste », mais aussi de toute l’Afrique, instrumentalise les Touaregs, ce peuple éparpillé sur cinq pays par les frontières de la colonisation, pour déstabiliser ses voisins. Dans les années 1970, Il recrute des « hommes bleus », nomades marginalisés par les pouvoirs centraux et appauvris par des sécheresses à  répétition. Le colonnel Kadhafi forme militairement les Touaregs, réputés pour leur tradition guerrière: Certains sont expédiés au Tchad ou au Liban. Nombre de Touaregs sont intégrés à  l’armée libyenne au sein d’une « légion islamique ». Après le soulèvement qui a démarré à  Benghazi au printemps 2011, quand les choses commencent à  mal tourner pour leur parrain libyen, plusieurs centaines des ces soldats prennent, à  l’automne 2011, la route du Mali, dévalisant au passage quelques arsenaux. Ils s’unissent à  de jeunes militants indépendantistes qui ont créé en un an plus tôt le Mouvement national de l’Azawad. Cette fusion donner naissance, en octobre 2011, au Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), qui revendique l’indépendance du Nord du Mali. La naissance d’Ansar Eddine Un dirigeant touareg historique, Iyad Ag Ghaly, ancien lui aussi de la « légion islamique » libyenne, qui a depuis versé dans le salafisme au contact de prédicateurs pakistanais, revendique le commandement militaire du MNLA, Devant le refus de ce dernier, il fonde son propre mouvement, Ansar Eddine (Défenseurs de la religion). Auréolé de son prestige passé, Ag Ghali ramène dans son orbite quelques jeunes Touaregs proches d’Al Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et des djihadistes confirmés. Parrallèlement, apparaà®t, également à  l’automne 2011, un autre groupe armé, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), formé d’activistes maliens et mauritaniens noirs qui se réclament eux aussi d’Al Qaà¯da. L’alliance avec Ansar Eddine Le 17 janvier 2012, le MNLA lance une offensive surprise et prend plusieurs villes du nord-est du Mali, Ménaka, Aguelhok, Tessalit. Pour mener cette attaque, le MNLA, qui se dit laà¯que, s’allie au Groupe Ansar Eddine. L’armée malienne, sous-équipée, est rapidement défaite face à  ces combattants aguerris et fortement armés. Les rebelles sont rejoints par des soldats touaregs de l’armée malienne en déroute. Lors de l’offensive de janvier 2012, des exactions sont commises, en particulier à  Aguelhok, o๠une centaine de soldats maliens sont exécutés. Le manque de moyens de l’armée malienne est à  l’origine du coup d’Etat militaire du 22 mars à  Bamako. Les putschistes dénoncent l’abandon des soldats dans le Nord. L’indépendance … la charia, et l’éviction Profitant du chaos dans la capitale malienne, les rebelles poursuivent leur avancée. Le 30 mars, Ansar Eddine, le MNLA et des éléments d’Aqmi s’emparent de Kidal, puis de Gao. Le 1er avril, Tombouctou tombe à  son tour aux mains du MNLA, qui proclame l’indépendance. Mais dès le lendemain, le mouvement se fait déloger par les djihadistes d’Ansar Eddine et d’Aqmi. Le MNLA perd peu à  peu des positions face aux groupes islamistes armés qui prennent le contrôle effectif des principales villes. Ces derniers instaurent la loi islamique (charia) et marginalisent le MNLA avant de l’évincer totalement fin juin. En octobre 2012, alors que se prépare le déploiement d’un contingent ouest-africain sous mandat onusien, le MNLA se dit prêt à  revenir sur sa revendication d’indépendance et se contenter d’un « droit à  l’autodétermination ». Un mois plus tard, sous la pression de l’Algérie, hostile à  une intervention étrangère, des dirigeants d’Ansar ed-Dine annoncent vouloir dialoguer, puis s’engagent, en décembre, à  cesser les hostilités. Ils sont désavoués par Iyad Ag Ghaly qui décide, début janvier de lancer une offensive vers le sud du pays. Cet assaut précipite l’intervention française, le 11 janvier 2013. Le retour du MNLA, partenaire de l’armée française La rapide progression de l’armée française, entraà®ne une scission au sein d’Ansar Eddine. Une partie de ses membres, qui prend le nom de Mouvement islamique de l’Azawad (MIA) appelle à  une « solution pacifique » pour régler le conflit. Ce groupe rejette « toute forme d’extrémisme et de terrorisme » et « s’engage à  combattre » ses anciens partenaires. Parallèlement, dans Kidal et sa région, berceau des Touaregs, l’arrivée de l’armée française fin janvier redonne un second souffle au MNLA qui s’installe dans la ville sans combattre après la fuite des djihadistes. A Kidal, le MNLA cohabite avec les islamistes touaregs du MIA. Il fait aussi son entrée dans la ville de Ménaka, à  80 km de la frontière nigérienne. Désormais, les rebelles du MNLA disent vouloir aider les forces franco-africaines à  combattre les chefs et combattants djihadistes, dont Iyad Ag Ghaly, repliés plus au nord, dans le massif des Ifoghas. Le MNLA semble avoir obtenu qu’aucun soldat malien ne vienne dans la zone -ce sont 1800 soldats tchadiens qui sécurisent la ville de Kidal-. Il craint en effet les représailles des soldats maliens contre les Touaregs, après un an de conflit dans la région, et des décennies de de l’armée malienne contre les « peaux rouges » touaregs.

Soldats français et tchadiens à Aguelhok

C’est le dernier fief des groupes islamistes armés. Des soldats français et tchadiens sont arrivés jeudi soir à  Aguelhok, à  160 km au nord de Kidal, dans l’extrême nord-est du Mali, près de la frontière algérienne, ont indiqué des sources concordantes maliennes. L’information a été confirmée par un fonctionnaire au gouvernorat de Kidal : « Les soldats français et tchadiens sont partis en nombre par la route. Ils sont arrivés à  Aguelhok et vont ensuite se diriger vers Tessalit », a précisé cette source. Les régions d’Aguelhok et de Tessalit, à  200 km au nord de Kidal, tout près de l’Algérie, sont la cible depuis plusieurs jours d’intenses frappes aériennes françaises, visant des dépôts logistiques et des centres d’entraà®nements des groupes islamistes, selon le porte-parole de l’état-major des armées françaises, le colonel Thierry Burkhard. Aguelhok et Tessalit se situent dans le massif des Ifoghas, vaste zone de montagnes et de grottes o๠selon des experts et des sources de sécurité, une bonne partie des chefs et des combattants des groupes islamistes se sont réfugiés. Parmi eux, se trouveraient l’Algérien Abou Zeà¯d, un des émirs les plus radicaux d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et Iyad Ag Ghaly, chef d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), un ex-rebelle touareg malien des années 1990, originaire de Kidal qui connaà®t parfaitement la région. C’est aussi dans cette région que les sept otages français au Sahel seraient détenus. Les forces françaises ont repris le week-end dernier le contrôle de l’aéroport de Kidal, à  1.500 km de Bamako, ancien bastion islamiste, o๠quelque 1.800 soldats tchadiens sont entrés depuis pour sécuriser la ville. Près de trois Français sur quatre favorable à  l’intervention Plus les troupes avancent, plus les Français semblent favorables à  cette guerre. Près de trois d’entre eux sur quatre (73%) sont favorables à  l’intervention militaire au Mali, quatre semaines après son lancement, un chiffre en constante augmentation depuis le début des opérations (63% alors), selon un sondage de l’Ifop à  paraà®tre vendredi dans Midi Libre. Selon l’étude statistique, 27% des personnes interrogées sont « tout à  fait favorables » et 46% « plutôt favorables » à  l’engagement de l’armée française au Mali, soit un total de 73% de Français approuvant l’opération. A la mi-janvier, ils étaient 63% à  l’approuver, selon un sondage Ifop réalisé les 12 et 13 janvier, puis 65% quelques jours plus tard d’après une étude du même institut réalisée les 17 et 18 janvier. « Jamais, depuis le début de l’intervention militaire en Somalie en décembre 1992, une opération extérieure n’avait bénéficié d’un tel soutien », note l’Ifop.

Le Mnla et Ansardine ne sont pas crédibles pour participer à la reconstruction du Mali

Hier, ils étaient imbus de leur puissance militaire et aujourd’hui ils sont pleins de crainte sur le sort qui doit leur être réservé par l’armée malienne (appuyée par la communauté internationale) dans le reconquête du territoire et par les justices malienne et internationale. Ils veulent des négociations : -après avoir, ensemble, éventré et tué près de 100 militaires maliens à  Ag Elhok, les mains liés dans le dos ; -après avoir, ensemble, conquis près des 2/3 du territoire malien ; -après avoir, ensemble, tué, violé et torturé les populations de Gao, Tombouctou, Ménaka, Ansongo, Bourem, Kidal, Djiré, Niafunké, Douentza etc. Leur aventure a jeté des centaines de maliens hors de chez eux, réfugiés dans les pays frontaliers et dans le sud du Mali : on parle de près de 300 000 déplacés. Ensemble, ils ont déclaré unilatéralement l’indépendance de ces territoires occupés ; pour après se déchirer sur la manière de conduire leur à‰tat ; et cela quelques jours seulement après sa proclamation. Comme un seul homme, la communauté internationale a rejeté cette auto-proclamation : ONU, Union Africaine, Europe, etc. Pourquoi n’avaient-ils pas voulu négocier ? -parce qu’ils étaient lourdement armés, avec des armes acquises avec les fonds des trafics en tous genres et celles venant de Lybie ; – parce qu’ils étaient sûrs de détourner pour leur cause, les jeunes touaregs maliens venant des armées de Kaddafi, qui ont passé les 2/3 de leurs vies dans les guerres au Pakistan, en Afganistan, au Liban, au Soudan, au Tchad ; – parce qu’ils savaient qu’ils allaient être rejoints par certains députés, maires, fonctionnaires d’origine touareg ; – parce qu’ils avaient parié qu’ils seraient rejoints par les arabes de Gao et de Tombouctou ; ce qu’ils ont réussi en partie ; – parce qu’ils savaient que beaucoup de militaires touaregs maliens (dont les commandos méharistes formés par le Mali et commandés par des touaregs) les rejoindraient ; – parce que la naà¯veté des dirigeants du Mnla les avait fait penser que le mouvement pouvait utiliser Ansardine de Iyad Ag Ali , Mujao et Aqmi pour assouvir leurs ambitions personnelles démesurées. Aujourd’hui, le Mnla et Ansardine cherchent à  se démarquer des autres ; ce qui n’est pas crédible, ce qui est difficile à  accepter si l’on sait que C’’est grâce à  leurs puissances de feu conjuguées qu’ils ont fait fuir l’armée malienne des villes du Nord, qu’ils ont déclaré ensemble l’indépendance. Ce n’est pas crédible parce que les mêmes individus (chefs de guerre et troupes) passent d’un groupe à  l’autre suivant les rapports de force du moment et pour les gains à  tirer. Sur ce point, les derniers évènements (décembre 2012 et janvier 2013) sont révélateurs : les rebelles Mnla de Ménaka sont passés à  Ansardine, après leur défaite dans les affrontements avec le Mujao, Ansardine a préféré son alliance à  Aqmi en se lançant dans l’offensive sur Konna. En octobre 2011, une délégation de l’Assemblée Nationale du Mali avait rejoint ces groupes armés, à  Zakak dans les grottes à  côté de Kidal, pour essayer de les convaincre de négocier avec le gouvernement. Ces éléments de Mnla et d’Ansardine ont opposé un refus catégorique, malgré les explications et assurances données par les députés sur les possibilités immenses qu’offrent la Constitution du Mali, les Lois sur la Décentralisation au Mali, pour satisfaire les revendications économiques, politiques, culturelles, sociales de tout malien. Ceux qui veulent négocier aujourd’hui font partie des plus grands représentants de l’à‰tat dans les régions occupées. La quasi-totalité des rebelles touareg du Mnla comme de Ansardine sont députés, anciens ministres, maires, conseillers municipaux, militaires, fonctionnaires de l’à‰tat, douaniers, gendarmes, gouverneurs, etc. De l’indépendance à  nos jours, aucune rébellion touareg n’a su s’imposer parce que les populations ne les ont jamais suivis. Le tort de l’à‰tat malien a toujours été de négocier avec eux, en faisant des faveurs aux chefs et à  ceux qui ont pris les armes avec eux. Le tort de l’à‰tat malien a été d’accepter des accords qui ont conduit à  démilitariser les régions du nord, ce qui a contribué à  l’installation de Aqmi dans la région, au développement des trafics de drogue et d’armes et aux trafics humains (otages, émigration vers l’Europe). C’’est bien cette situation d’insécurité (en partie) qui a rendu difficile la réalisation des projets de développement. Qu’ont-ils fait ou proposé, en tant que représentants de l’à‰tat et de la république, pour enrayer cette situation ? Rien, parce qu’ils étaient partie prenante des problèmes, tantôt comme négociateurs pour la libération des otages qu’ils ont contribué à  enlever, tantôt comme principaux bénéficiaires des trafics et du détournement des fonds alloués aux projets de développement. Bien entendu leur comportement pose la question de la gouvernance au Mali. Chaque président de la république, depuis les indépendances a choisi au minimum un touareg dans chacun de ses gouvernements ; certains sont même allés jusqu’à  imposer des maires et des députés touaregs dans certaines localités et régions. De 2002 au coup d’à‰tat, quatre premier-ministres se sont succédés, et tous étaient originaires des régions nord du pays. Avec cela, on ne peut pas dire que le Mali a méprisé ces régions, bien au contraire. Et fort heureusement, les autres maliens ne se sont pas plaints en rejetant sur le nord les échecs des politiques menées par ces gouvernements successifs. Autre point ; le pays a consacré plus de 110 milliards pour le développement du nord, budgets gérés avec des personnalités du nord à  des postes de décision, dont des touaregs. Ces projets comme les autres (portant sur le sud) ont connus peu de succès, handicapés dans le cas du nord par l’insécurité dans la région. Fort de tout cela, on ne peut pas se lever pour dire que le Mali a négligé les régions du nord, on ne peut pas se lever pour dire que l’on veut l’indépendance de ces régions, surtout si l’on est partie prenante à  l’échec du développement, à  la marginalisation des populations de Anefis, de Nioro du Sahel ou de Yorosso. La bonne gouvernance veut que les élus et les agents de l’à‰tat soient choisis respectivement pour leurs légitimités politiques et leurs compétences ; et qu’ils soient redevables devant les citoyens organisés. Pour revenir au Mnla et ses alliés d’Ansardine, Mujao, Aqmi, il faut savoir que ces bandits ne représentent pas les touaregs, dont la majorité est dans la continuité de la culture malienne, dans l’harmonie du brassage ethnique qui caractérise la population malienne et en accord avec les institutions de la république. Les touaregs ne sont pas les premiers résidents des régions nord du Mali et encore moins la population majoritaire. Ils sont à  peine plus de 1% de la population malienne qui s’élève à  14 millions habitants, d’après le dernier recensement. Dans l’histoire de la République du Mali, les considérations ethniques et régionalistes n’ont jamais été évoquées par qui que ce soit, si ce n’est certains chefs touaregs ifogas. Il est vrai que dans leurs rébellions successives, ils sont arrivés à  mobiliser d’autres tribus touaregs ; et dès que les accords leur donnaient certains avantages « dus à  leurs rangs », ils se sont « rangés » jusqu’à  la prochaine rébellion. Le Mali ne va pas se développer si l’on privilégie une ethnie par rapport à  l’autre, si l’on privilégie une région par rapport à  l’autre, si l’on renforce les féodalités touaregs, peulhs, bambaras ou bwas, si l’on met en avant les revendications communautaires, ethniques, régionalistes. Le Mnla et ses alliés d’Ansardine, de Mujao et de Aqmi ont réussi à  mettre le doute dans la tête des maliens, à  créer quelques tendances de replis ethniques. Ils ont fait du tort à  la communauté touareg, en enrôlant des jeunes pour une cause ethnique, pour asseoir leur féodalité, en créant la suspicion envers les touaregs, en mettant fin à  la prédisposition naturelle des maliens à  accepter que le pays consacre plus de moyens pour les populations vivant dans le désert, qu’elles soient touareg, peulh ou arabe. La tâche de la reconstruction sera difficile et très délicate. Elle doit se faire avec le « Chacun pour tous, tous pour le Mali et les Maliens », en organisant et garantissant une justice sévère contre les rebelles d’aujourd’hui et de demain. Le Mali ne pourra plus accepter des accords qui favorisent une région ou une ethnie. Toute faveur de circonstance, pour une région devra être prévue et acceptée par tous, et pour un temps. Cela est déjà  pleinement possible avec nos lois, qui offrent beaucoup de souplesse, tant que la volonté de construire est dans les coeurs. Les textes Décentralisation qui offrent toutes les possibilités de développement local pourront être complétés par le respect des principes de l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE) qui prévoient des dispositions pour que les richesses minières maliennes profitent, suivant des règles transparentes, aux populations d’o๠elles sont extraites ; ce qui ne sera que justice aujourd’hui pour les populations de Kayes, de Sikasso et de Koulikoro, et demain pour celles de Taoudéni et de Gao. l’entente à  organiser entre maliens devra porter sur la Décentralisation, avec des principes similaires à  ceux de ITIE, dans le cadre de la Constitution de 1992. La conférence qui va la bâtir devra clairement déclarer dans ses préambules la fin des différents accords dits de Tamanrasset, d’Alger et du Pacte national. Pour motif, ces accords ont fragilisé l’à‰tat, ont permis aux terroristes de s’installer et ont consacré des faveurs aux touaregs et aux régions o๠ils vivent principalement ; avec les ressources produites et consenties par les autres populations. Pour motif, les éléments essentiels du Pacte national sont contenus dans les textes de la Décentralisation. Si la reconstruction ne se fait pas sur ces bases, il faut croire que le Mali de demain sera encore plus déchiré, car les velléités de replis ethniques et régionalistes ont déjà  commencé ailleurs que dans les régions du nord, en réponse à  celles que le Mnla et ses alliés d’Ansardine, Mujao et Aqmi ont mis en avant.

Kidal: un chef islamiste arrêté

Il est le numéro trois et l’idéologue d’Ansar Dine («Défenseurs de l’islam»). Ce groupe islamiste est l’un des groupes plus influents qui contrôlaient il y a encore quelques jours plusieurs localités du nord du Mali. Mohamed Moussa Ag Mouhamed a été arrêté près de la frontière algérienne «par un groupe armé» avant d’être conduit vers Kidal, selon plusieurs sources officielles maliennes. Sinistre réputation l’homme qui est la tête pensante de l’organisation d’Iyag Ag Ghaly a été arrêté à  In Hallil, près de la frontière algérienne. Selon le gouvernorat de Kidal, on doit cette prise de taille à  « un groupe armé allié». Radio France Internationale (RFI) précise dans un reportage sur le sujet qu’il s’agit en fait du MNLA qui a réussi à  mettre la main sur Ag Mouhamed. Oumeà¯ni Ould Baba Akhmeda, responsable du Mujao, a également été arrêté par les hommes du MNLA. Selon un cadre du mouvement touareg, l’arrestation s’est produite après un accrochage entre le MNLA et un convoi de rebelles qui tentait de passer la frontière algérienne. A Tombouctou, son nom faisait trembler. Touareg originaire de la région, c’est lui «qui ordonnait de couper les mains», a affirmé une source de sécurité malienne. Décrit comme le chef de «la police islamique» de la ville, il faisait partie de ceux qui faisaient respecter la charia (la loi islamique) à  la lettre dans «la ville aux 333 saints» jusqu’à  sa libération, le lundi dernier. A son actif, amputations, coups de fouets aux couples « illégitimes », aux fumeurs. Avec ses « policiers », il a imposé le port du voile intégral aux femmes, interdit la mixité dans les écoles, le football, la danse, la musique et l’alcool. Et aussi, la destruction des mausolées centenaires, lieux de piété pour les musulmans et richesse culturelle classée au Patrimoine mondiale de l’humanité. Kidal, bastion des djihadistes La ville située au nord est du Mali et sa région ont été pilonnés ces derniers jours par l’aviation française. Elles abriteraient plusieurs chefs et combattants de groupes djihadistes (dont Ansar Dine), soupçonnés de s’y être réfugiés après le début des combats. C’était le bastion des «Défenseurs de l’islam» avant qu’un groupe dissident, le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), n’en prennent le contrôle aux côtés des rebelles touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). Ces deux groupes soutiennent l’entrée des Français dans la ville mais refusent celles des soldats maliens et africains, craignant des représailles de leur part. Des dépôts logistiques et des centres d’entraà®nement se trouveraient également dans la zone de Tessalit, à  200 km au nord de Kidal, près de l’Algérie. Les autorités françaises pensent également que leurs sept otages seraient détenus dans cette zone, dans les montagnes de Ifoghas. à‰voquant leur sort samedi, lors de sa visite au Mali, François Hollande a lancé un appel aux ravisseurs qui « doivent comprendre que le moment est venu de libérer les otages ».

La prise de Kidal ravive les tensions

Le retour en force des rebelles laà¯ques du MNLA dans leur fief historique irrite les autorités maliennes. Les troupes françaises ont débarqué mardi pour sécuriser les lieux et favoriser des négociations. Les forces spéciales françaises ont débarqué mercredi, dans la nuit noire sur l’aéroport de fortune de Kidal, à  la piste mangée par le sable porté par les tempêtes, d’ordinaire plutôt occupée par des troupeaux de chèvres errantes que par des avions de transport de troupes ou par des hélicoptères de combat. Kidal, capitale d’une région de 60.000 âmes, était la dernière ville du nord du Mali occupée par des groupes djihadistes. Ceux-ci avaient quitté les lieux dès dimanche pour céder la place aux Touaregs laà¯ques du Mouvement pour la libération de l’Azawad (MNLA). Les combattants du mouvement Ansar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghali, un chef touareg plus opportuniste que fondamentaliste, qui s’est rallié à  al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), ont préféré plier bagages plutôt que d’affronter l’ennemi. Le basculement du rapport de force provoqué par l’intervention française avait entraà®né une dissidence à  l’intérieur de cette organisation de Touaregs islamistes. Le Mouvement islamique de l’Azawad, qui en est issu, (MIA) assure rejeter le terrorisme et vouloir assurer une issue pacifique à  la crise. Influencés, semble-t-il, par l’Algérie toujours soucieuse de diviser les rébellions dans la région, certains de ses membres avaient annoncé leur revirement à  Alger fin décembre, au lendemain de la visite dans la capitale algérienne de François Hollande. «Les Français ont rencontré des membres du MNLA et aussi le secrétaire général du MIA, Algabass Ag Intalla, ainsi que des notables locaux», a affirmé à  l’AFP un cadre de l’administration locale. La présence militaire française à  Kidal peut servir à  lancer des actions rapides contre les bases o๠sont repliés les djihadistes, mais dans un premier temps elle est surtout destinée à  sécuriser la zone. Le dispositif français pourrait être renforcé par l’arrivée de 500 soldats venus du Tchad et du Niger. Selon une source militaire malienne, une colonne tchado-nigérienne serait partie mercredi matin de Menaka, 300 km plus au sud, pour rejoindre Kidal. L’idée est de créer une force tampon susceptible d’éviter des affrontements entre les milices touaregs qui tiennent désormais la ville et les soldats de l’armée malienne. Ces derniers n’étaient «même pas au courant» de l’initiative française, «en tout cas pas au niveau de l’état-major». «C’est très bizarre», affirme un militaire proche du commandement de l’armée nationale, même s’il préfère attendre de mieux «comprendre la situation» avant de «juger des intentions» des Français, auxquelles il avoue pour le moment «ne rien comprendre». C’est peu dire, donc, que l’initiative française à  Kidal n’a pas été préparée en étroite collaboration avec l’armée malienne. Et qu’elle ne suscite pas non plus un enthousiasme débordant. Car l’officier de l’armée malienne tient fermement à  rappeler une chose: «Nous ne sommes pas dans une logique de négociations avec le MNLA, en tout cas pas avant la restauration de l’intégrité territoriale du Mali.» Et de juger que les combattants du MNLA ou d’Ansar Dine, «c’est la même chose». Du côté de la présidence, l’un des plus proches collaborateurs du président de transition Dioncounda Traoré affirme également ne «pas être au courant», n’avoir «aucune information» et même «être inquiet des réactions sur les réseaux sociaux». Le crocodile de la préfecture Bamako se cabre contre une grande partie des Touaregs qui sont jugés responsables de la descente aux enfers du pays. Mardi, les députés ont voté à  l’unanimité une feuille de route sur la transition démocratique qui se prononce contre des négociations avec le MNLA ou tout autre mouvement autonomiste. Il faudra pourtant trouver une solution politique. Paris a ainsi appelé les autorités maliennes «à  engager sans plus attendre des discussions avec les représentants légitimes de la population du Nord». La région de Kidal, qui s’étend jusqu’à  la frontière algérienne, est en effet le fief historique des «hommes bleus», ces seigneurs du désert à  l’image ternie. Kidal est dominé par la tribu des Iforas dont Iyad Ag Ghali est un des chefs respectés malgré ses multiples changements d’alliance. Ses habitants d’origine nomade quittent souvent leur maison en dur pour s’installer dans le désert. Dans ce monde aride, carrefour des contrebandiers, les populations vivent avec le sentiment d’être abandonnées par le pouvoir central, celui des Africains noirs. Les programmes d’aide au développement ont souvent été détournés. Les révoltes successives qui ont secoué dans une certaine indifférence le Sahara malien ces dernières décennies sont toujours parties de ce constat sans qu’au final un rééquilibrage entre le Nord et le Sud intervienne. Kidal, la «capitale des hommes bleus», est une bourgade misérable. L’une de ses rares attractions est un crocodile à  l’âge indéterminé qui tourne en rond dans le bassin du jardin de la préfecture. Le reptile est un souvenir légué par le dernier administrateur français à  l’occasion de son départ, pour cause d’indépendance, en 1960.

Iyad Ag Ghali, le djihadiste touareg

Ses vieux amis se rappellent un poète, un homme à  femmes et un amateur d’alcool. Ils se souviennent aussi d’un lève-tard qui n’émergeait pas avant midi, l’esprit embrumé par les nuits à  discuter politique autour d’un verre. L’un d’eux, touareg comme lui, l’avait même grondé parce qu’il ne faisait jamais le «fajr», la prière de l’aube. Aujourd’hui, Iyad Ag Ghali impose la règle la plus stricte à  tout son monde. à€ la mosquée, il se tient au premier rang, il ne serre plus la main à  une femme, il boit de l’eau et refuse tout contact avec les non-musulmans. Zélé converti, son projet politique l’est tout autant: un émirat islamiste au Nord-Mali, précurseur d’un «Sahelistan» englobant toute la région. L’incarnation de la lutte touareg Fondateur et commandant de la milice Ansar Dine – les partisans de la religion -, Iyad Ag Ghali, 54 ans, est aussi le principal chef de guerre qu’affrontent les troupes françaises et leurs alliés. C’est lui qui a lancé ses milices à  la conquête de Bamako, précipitant des colonnes de pick-up chargés de combattants vers le Sud. C’est donc lui qui a poussé un François Hollande, pris de court, à  déployer l’armée sur le territoire malien, quitte à  revenir sur tout ce qu’il avait affirmé auparavant. Dans le paysage de la rébellion touareg, Iyad Ag Ghali n’est pas un nouveau venu, tant s’en faut. Il incarne au contraire la lutte des Hommes bleus contre Bamako depuis plus de vingt ans. «Un de nos plus grands chefs de guerre», dit de lui un intellectuel touareg, qui ne veut pas que l’on publie son nom par peur des représailles. Son charisme, son courage et son opportunisme ont bâti sa légende, pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur, parce que de jeunes Touaregs sont prêts à  suivre son turban blanc jusqu’à  la mort, même si le chef les exhorte aujourd’hui au sacrifice au nom du djihad et de la charia. Le pire, parce que ses rivaux et ses ennemis lui reprochent duplicité, trahison, luttes fratricides et d’innombrables pactes avec le diable – de Bamako, d’Alger ou d’al-Qaida. Dans les années 80, il s’enrôle dans la Légion verte du colonel Kadhafi Né dans la tribu noble des Ifoghas, près de Kidal, ville du nord-ouest du Mali, Iyad Ag Ghali a laissé derrière lui la misère du nomade pour s’enrôler dans la Légion verte du colonel Kadhafi au début des années 80. Le «Guide» avait beaucoup promis aux Touaregs, feignant d’épouser leur cause. à‰quipé et formé en Libye, le jeune Iyad fait partie du corps expéditionnaire envoyé par Kadhafi au Liban pour sauver les Palestiniens en guerre contre les milices chrétiennes et les Israéliens. Selon un de ses camarades de l’époque, il aurait été évacué de Beyrouth avec Yasser Arafat le 30 août 1982 par un bateau français. Un an plus tard, Iyad Ag Ghali fait partie des unités libyennes qui entrent au Tchad en appui des rebelles pour renverser le président Habré. Une aventure stoppée (déjà !) par l’armée française. «Le Renard du désert» La carrière d’Iyad Ag Ghali se perd ensuite dans les sables du désert. On sait seulement que le mercenaire de Kadhafi, déçu, a regagné le Mali. Avec quelques compagnons de la Légion verte, il monte une rébellion touareg. En juin 1990, un premier fait d’armes fonde sa légende. Flanqué d’une poignée d’hommes équipés de seulement six fusils, il s’empare de la garnison de Ménaka, une bourgade du nord-ouest du Mali. Par la suite, la geste d’Iyad Ag Ghali ne cessera de s’enrichir et lui vaudra le surnom de Renard du désert. Au gré des révoltes, il devient «le» leader, à  la fois politique et militaire, de la cause touareg face à  l’à‰tat malien. Interlocuteur de Bamako, il négocie plusieurs accords qui portent, entre autres, sur le développement du Nord-Mali et l’intégration de Touaregs dans les forces armées. Sa route croise celle de prédicateurs pakistanais Chapeautées par l’Algérie (accords de Tamanrasset en 1991, accords d’Alger en 1996), les discussions permettront à  Iyad Ag Ghali de nouer d’étroites relations avec le puissant voisin du nord, au point d’être regardé aujourd’hui comme un de ses agents. à€ la fin des années 90, sa route va croiser celle de prédicateurs pakistanais du Jamaat al-Tabligh en visite au Mali. à€ leur contact, le guerrier qui composait des chansons d’amour va basculer vers le rigorisme. Aussi, en 2003, quand des bandes d’islamistes opérant dans le Sahara prennent des Occidentaux en otages, c’est naturellement vers lui que les autorités maliennes se tournent pour récupérer les touristes. Non seulement Iyad Ag Ghali s’enrichira en prélevant sa commission sur les rançons, mais il va se lier à  ces groupes radicaux. Début 2012, on les retrouvera à  ses côtés quand il s’emparera du Nord-Mali. C’est en Arabie saoudite qu’Iyad Ag Ghali se convertira à  l’idéologie djihadiste qui guide sa milice actuelle, Ansar Dine. Nommé conseiller consulaire à  Djedda par le président malien Amadou Toumani Touré, en 2007 il y fréquente les musulmans les plus radicalisés. «Une véritable haine des Occidentaux» «Il aurait pu obtenir un poste plus important, confie un de ses amis touaregs, mais il a préféré celui-ci pour pouvoir se rendre tous les vendredis à  la grande prière de La Mecque.» Le Royaume l’expulsera pour ses contacts avec des membres d’al-Qaida…«Il est revenu de Djedda avec une véritable haine des Occidentaux», dit un vieux compagnon de route. L’universitaire français Pierre Boilley, qui passa des soirées à  refaire le monde avec lui, confirme: la dernière fois qu’il l’a vu, il l’a à  peine salué de loin. Celui qui se prenait pour le Che Guevara de l’Azawad n’est plus qu’un djihadiste infréquentable. Et la cause touareg, si chère à  son coeur, est passée du côté sombre de la charia.

Massacre d’Aguel’Hoc : hommage au capitaine Sékou Traoré

24 janvier 2012, 24 janvier 2013, le massacre d’Aguel Hoc a un an. Pour rendre hommage au capitaine Sékou Traoré dit « BAD », le Bloc d’Intervention Populaire Pacifique pour la Réunification Faà®tière du Mali(Biprem) a organisé une journée commémorative le 24 janvier 2013. Sékou Traoré et ses camarades sont tombés en janvier dernier au champ d’honneur, brutalement assassiné par les rebelles du MNLA et autres islamistes à  Aguel’Hoc. Devoir de mémoire Affectueusement appelé BAD, Sékou Traoré et ses camarades d’armes sont de dignes fils du Mali tombés sur le champ de l’honneur lors du massacre d’Aguel-Hoc. Agé de 35 ans, cet ancien leader de l’AEEM s’est sacrifié pour sauver ses frères d’armes des assaillants. Ils s’étaient battu des heures durant pour sauver la ville. Ce jour là , à  court de munitions, il tombera entre les mains de l’ennemi, mais il demandera à  ses camarades de se sauver… La triste nouvelle tombe alors à  Bamako avec les photos des militaires égorgés et celle du capitaine éventré, des images qui ont fait le tour de la toile et des médias nationaux. Un massacre qui a aussitôt provoqué l’ire des femmes des militaires de Kati qui ont ensuite marché sur Koulouba. Par devoir de mémoire, le Bloc d’intervention populaire pacifique pour la réunification faitière du Mali(Biprem) composé d’autres mouvements ont rendu un vibrant hommage à  ces illustres jeunes morts pour la Patrie. « Voila un an, Sekou Traoré et ses camarades sont tombés sur le champ de l’honneur. Biprem et ses alliés rendent hommages à  ces dignes fils qui sont mort pour la patrie », a déclaré Aliou Badra Diarra. Pour la circonstance, le dessinateur peintre Abdou Ouologuem a également réalisé des Tableaux pour immortaliser les militaires sacrifiés : «depuis que J’ai appris cette triste nouvelle, je me suis mis à  travailler nuit et jour pour immortaliser ces jeunes. Je ne connaissais pas ce jeune officier, mais les circonstances dans lesquelles il est mort prouvent qu’il est un brave homme ». « Les grands hommes ne meurent jamais. Sékou est mon neveu, il avait le Mali sur le C’œur. Je remercie tout ceux qui lui ont rendu hommage », a déclaré au cours de la cérémonie l’oncle du capitaine Traoré en larmes. Ses anciens camarades du comité AEEM (Association des Elèves et Etudiants du Mali) de la promotion 1998-2000, avec à  leur tête, Abba Maà¯ga, l’ancien secrétaire général de la Faculté des lettres, langues, arts et sciences humaines (Flash), lui ont également rendu hommage. « Sékou Traoré dit Bad était mon secrétaire à  l’organisation. BAD doit être un exemple pour les jeunes. J’exige que toute la lumière soit faite sur le massacre d’Aguel Hoc ».

Les Islamistes se déchirent

C’est le premier coup de théâtre au Nord-Mali, conséquence directe de l’intervention armée de la France depuis deux semaines. Le groupe islamiste touareg Ansar Dine (« Défenseurs de la religion »), qui fait régner la terreur depuis 10 mois à  Tombouctou, Kigal et Gao aux côtés des combattants d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), vient de se scinder en deux. Des dissidents touareg islamistes ont créé leur propre groupe, le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA). « Le MIA affirme de la manière la plus solennelle qu’il se démarque totalement de tout groupe terroriste, condamne et rejette toute forme d’extrémisme et de terrorisme et s’engage à  les combattre », affirme la nouvelle entité dans un communiqué reçu jeudi par l’AFP. « L’intervention française au Mali crée aujourd’hui une nouvelle situation politique qui se manifeste par la scission au sein d’Ansar Dine », explique au Point.fr André Bourgeot, spécialiste du Mali au CNRS. « L’avènement du MIA modifie inévitablement les rapports de force politiques dans le nord du pays. » Label « al-Qaida » Le coup d’à‰tat militaire du 22 mars dernier contre l’ex-président malien Amadou Toumani Touré a totalement désorganisé l’armée malienne, qui n’a rien pu faire face aux combattants islamistes qui se sont emparés des trois principales régions administratives dans le nord du pays. La cité de Tombouctou est tombée aux mains d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), anciennement connue sous le nom de Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Ces djihadistes, qui combattaient en Algérie durant la guerre civile, ont été en partie expulsés du pays par l’armée algérienne. Aujourd’hui réfugié dans le Sahel, le GSPC a obtenu le label « al-Qaida », devenant la branche régionale de la nébuleuse terroriste. Il finance et arme aujourd’hui deux autres groupes islamistes qui lui sont – de fait – affiliés. Né fin 2011, à  la suite de la défection de membres d’Aqmi, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) dicte sa loi dans la région de Gao. Quant à  la ville de Kidal, elle demeure sous la coupe des Touareg islamistes d’Ansar Dine, faction créée elle aussi en décembre 2011. Flexibilité des islamistes « La nouvelle stratégie d’al-Qaida est de mettre sur pied des groupes locaux dirigés par des autochtones, afin de mieux s’adapter aux réalités du terrain », explique André Bourgeot. « S’ils demeurent autonomes, les trois groupes islamistes, qui vivent du trafic de drogue, poursuivent le même objectif : instaurer la charia dans l’ensemble du pays », ajoute le spécialiste du Mali. « Leurs membres peuvent ainsi combattre avec l’un ou l’autre groupe, selon les besoins du terrain. » Mais cette réalité est aujourd’hui bouleversée par l’arrivée du MIA, qui affirme vouloir une solution négociée à  la crise au Mali. à€ sa tête, figure Algabas Ag Intalla, qui n’est autre que l’envoyé d’Ansar Dine, qui s’est rendu en décembre dernier à  Ougadougou pour négocier avec la Communauté économique des à‰tats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) l’arrêt des combats. Or, coup de théâtre, un mois plus tard, le chef d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, décide contre toute attente de reprendre les hostilités. « Algabas Ag Intalla, très implanté localement, est le seul à  même de rallier à  sa cause d’autres Touareg, comme ceux du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) « , affirme André Bourgeot. La carte touareg Ce mouvement touareg, qui est lui laà¯que, lutte depuis cinquante ans pour arracher à  Bamako l’indépendance de l’Azawad, nom donné au nord du Mali. Il s’est même allié, lors du coup d’à‰tat militaire de mars 2012, aux islamistes touareg d’Ansar Dine pour conquérir les grandes villes du nord. Mais il en a ensuite été exclu. Considérablement affaiblis, les Touareg du MNLA ont déclaré lundi à  l’AFP être « prêts à  aider » l’armée française, en faisant « le travail au sol » contre les djihadistes du nord. « D’un point de vue militaire, je pense que le MNLA n’existe plus », a riposté le lendemain Tieman Coulibaly, le ministre malien des Affaires étrangères. Tandis que les premières forces africaines de la Misma commencent à  se diriger vers le centre du Mali, la nouvelle de la scission d’Ansar Dine pourrait relancer l’hypothèse d’une solution négociée en parallèle. « Algabas Ag Intalla, nouveau chef du MIA, se pose aujourd’hui comme le seul interlocuteur respectable aux yeux de la communauté internationale », analyse André Bourgeot. « Cela renforce la dimension touareg au nord du pays et pourrait favoriser un règlement politique intérieur de la crise, et donc les conditions d’un éventuel retrait des troupes françaises. »

Crise malienne : les négociations aux calendes burkinabé

Aux premières heures de la crise au Mali, C’’est le président Blaise Compaoré qui a eu la confiance de ses pairs de la sous-région pour mener la médiation entre les différents protagonistes. Après le coup d’Etat du 22 mars dernier, le pays des hommes intègres était devenu le vestibule des hommes politiques maliens pour arrondir les angles en vue de la bonne marche de la phase intérimaire puis transitoire. Ce qui a d’ailleurs eu le don d’agacer certains qui estimaient que le linge sale du Mali devait se laver en famille. l’on se rappelle le ballet des hommes politiques, autour des rencontres appelées Ouaga I et Ouaga II. Tout comme les Maliens s’étaient bien familiarisés avec le visage du représentant du Médiateur en la personne du Burkinabé des Affaires étrangères, Djibril Bassolé, avait réussi à  convaincre les militaires à  lâcher du lest par la signature de l’accord-cadre avec la CEDEAO, marquant ainsi le retour à  la vie constitutionnelle normale. Des visions finalement inconciliables Pour rapprocher les lignes entre les occupants du nord Mali et l’autorité centrale, Blaise Compaoré était aussi monté sur ses grands chevaux pour trouver un « gentleman agreement » entre les différentes parties. Dans ce cadre, des rencontres avaient eu lieu avec des positions pour le moins tranchées de part et d’autre. D’un côté, l’Etat malien intransigeant sur le caractère laà¯c du pays et l’intégrité territoriale. De l’autre côté, le MNLA, qui cherche à  cor et à  cri une indépendance avant d’en arriver à  une autodétermination, et le groupe Ançar dine obnubilé par l’idée d’appliquer la charia. Ces négociations étaient fortement critiquées par une bonne partie de la population malienne qui jugeait le MNLA et Ançar dine infréquentables. Le premier pour avoir trahi le pays en étant à  l’origine de son invasion par les islamistes et autres narcotrafiquants, le second pour ses actes odieux et inhumains. Il faut signaler que nombreux sont les Maliens qui trouvaient en Blaise un médiateur plutôt zélé, qui développerait des sympathies pour le MNLA par exemple. C’’est justement dans le cadre de ces négociations que les autorités maliennes devaient rencontrer des membres d’Ançar dine autour de la table à  Ouagadougou d’abord le 10 janvier avant d’être repoussé au 21. C’’était compter sans l’humeur belliqueuse de Ancar dine et le MUJAO qui ont sonné la charge de nouveau par l’attaque de Konna le jeudi 10 janvier dernier au niveau de la ligne de front. La suite est connue, les hostilités sont ouvertes avec l’intervention française du reste avalisée après coup par la communauté internationale. Les négociations sont stoppées net comme la percée des djihadistes à  Konna. Alors question: Blaise a-t-il perdu la main ? En tout cas, les djihadistes semblent bien lui couper la main. En effet, même le Burkina Faso a varié sur l’option des négociations en évoquant une intervention militaire plus que jamais nécessaire. Mieux, le Burkina enverra des troupes au Mali pour mener le combat contre ceux-là  qu’il croyait fréquentables il y a peu. l’attaque de Konna a permis d’édifier les derniers sceptiques sur les intentions inavouées des fous de Dieu. Aujourd’hui beaucoup d’observateurs estiment que l’aval de la communauté internationale est la preuve patente que les négociations doivent être mises sous le boisseau. Du moins, pour le moment…

Edito : « Serval  » au secours du Mali…

Il faut tout d’abord saluer, la main tendue de la France à  notre pays malmené depuis 8 mois par les jihadistes et terroristes de tout bord, infiltrés au Nord et contre toute libertés individuelles et tolérance… Il faut ensuite reconnaà®tre la finesse politique de François Hollande, qui n’a jamais laissé entrevoir à  l’ennemi une implication rapide et soudaine de la France dans la crise malienne. Prudence dans le discours, caution des Nations Unies, furent les maà®tres mots d’un président, qui aujourd’hui dirige la cellule de commandement de l’opération «Â Serval ». Voilà  un homme d’Etat qui s’affirme de jour en jour et la surprise est plutôt agréable. Ceux qui sont franco-maliens doivent aujourd4hui se sentir fiers de leur double nationalité. Ainsi, l’ennemi surpris, en voit des déconfitures depuis trois jours : destructions des bases, entrepôts d’armes et positions, tout est destiné à  réduire la force de riposte des hommes du Mujao, d’Aqmi ou d’Ansar Dine…et à  parer à  toute récupération de territoire. Il reste à  la force de sécurisation d’agir. Deuxième chose, l’Etat d’urgence. La sécurité est au maximum en France tout comme à  Bamako, o๠conscients de l’extrême sensibilité de la situation, les autorités ont déclenché le niveau optimal d’alerte. Vigipirate en France, quand le Mujao menace d’attaquer le C’œur de la France, surveillance au sommet, quand Bamako pourrait être la cible d’attentats, les citoyens sont appelés à  la prudence. Aujourd’hui, les Maliens soufflent grâce à  la France. Les ressortissants du nord respirent face à  une initiative qui a permis d’ébranler nos pairs africains et ceux de la CEDEAO qui n‘attendaient visiblement que cela. Car il fallait une tête de commandement pour mener la croisade Mali. Désormais, le champ de bataille est ouvert pour la force Africaine, MICEMA. Et les soldats de l’Afrique n‘ont plus d‘autre choix que de réagir, en apprenant la leçon de la France et sa puissance de frappe. Surtout, cette guerre devra nous apprendre que les armées ne sont pas que des bataillons d’hommes sans formation, ni engagement patriotique, et recrutés ou nommés dans n’importe quelles conditions… «Â Vive la France ! Vive François Hollande ! » , crient en chœur les habitants de Gao, Léré et Tombouctou, o๠la traque a déjà  commencé… Désormais, le Mali retient son souffle… en attendant la libération totale et complète du Nord…

Entre calme, espoir et inquiétude à Bamako

«Il y a des raids en permanence. Il y en a en ce moment, il y en a eu cette nuit, il y en aura demain», a déclaré le ministre, soulignant que l’avancée des groupes armés n’est pas «totalement empêchée». Pendant ce temps, à  près de 700 km de là , dans la capitale Bamako, la population reste partagée entre l’espoir de la reconquête et la crainte des jours à  venir. l’espoir règne à  Bamako, parce que la libération de Konna donne du baume au C’œur à  une population qui attend depuis neuf mois que les deux tiers nord du pays soient libérés, et aussi parce que cette première victoire est peut-être aussi un premier pas décisif. La ville est calme, parce que les combats se déroulent à  plusieurs centaines de kilomètres. Les rues ne sont pas vides, les gens circulent, les marchés sont remplis. Bref, la vie continue presque normalement. Presque normalement, car C’’est aussi l’inquiétude. l’issue et la durée des combats sont évidemment encore incertains, et donc sources de préoccupations. Surtout, l’état d’urgence a été décrété dans tout le pays, ce qui signifie que des perquisitions peuvent avoir lieu jour et nuit et en tous lieux. Le gouvernement a pris soin de le rappeler, dans un communiqué diffusé hier en fin de journée. Autre précision apportée par le gouvernement, les autorités sont dorénavant susceptibles de prendre toutes les mesures appropriées, pour assurer le contrôle de la presse, des radios et des télévisions. Les soldats français à  Bamako Désormais, les soldats français sont aussi positionnés en nombre dans la capitale malienne. Ils sont arrivés samedi à  l’aéroport. Ce sont des hommes qui appartiennent au groupement tactique interarmes, le fameux GTIA, comprenant des forces françaises justement prépositionnées en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire et au Tchad. Un bon accueil leur a été réservé. Une partie de ces troupes va rester à  Bamako – environ 200 – et l’objectif sera d’assurer la sécurité des ressortissants français, mais de sécuriser également la ville elle-même. Une autre partie des troupes devrait rapidement aller se positionner au Nord, avec dans un premier temps comme mission, après avoir stoppé l’avancée des jihadistes, de stabiliser le front. Sanogo sort de son silence Le capitaine Amadou Haya Sanogo, président du Comité militaire de suivi des réformes des forces de défense et de sécurité du Mali, ex-chef de la junte qui a opéré le coup d’Etat du 22 mars 2012, s’est exprimé au micro de la Radio Télévision malienne, pour exprimer sa joie après l’intervention française, à  l’occasion d’une visite aux blessés à  l’hopital : « Nous nous félicitons d’avoir l’assistance française à  nos côtés aujourd’hui et qui a joué un rôle prépondérant, capital, dans le soutien aérien, et pour ces opérations aujourd’hui. à€ l’instant o๠je vous parle, je parle ravi, pour la simple raison que les dégâts – secret militaire oblige je ne parlerai pas de tout ça aujourd’hui à  la télévision -, mais je dirai quand même merci à  tous nos partenaires qui sont à  notre chevet aujourd’hui ».

Ansar Eddine durcit le ton avant de nouvelles discussions avec Bamako

Le groupe islamiste armé Ansar Eddine, l’un des maà®tres du nord du Mali, a durci ses positions, réclamant l’autonomie et la loi islamique pour cette région au sein d’un à‰tat malien proclamé « islamique », avant des discussions avec Bamako le 10 janvier autour du médiateur burkinabè. Défense de l’identité touareg et de la charia (loi islamique) : c’est le coeur de la « plateforme politique » remise le 1er janvier par une délégation d’Ansar Eddine (Défenseurs de l’islam) au président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne pour la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Dans ce document de 17 pages que s’est procuré vendredi le correspondant de l’AFP à  Ouagadougou, le mouvement du charismatique Iyad Ag Ghaly, surtout composé de Touareg maliens comme lui, se livre à  un réquisitoire contre les régimes maliens successifs qui ont traité, selon lui, les habitants du Nord en « citoyens de seconde zone ». Conscient que la communauté internationale est « hostile » à  toute partition du Mali, il affirme renoncer dans l’immédiat à  une sécession, qui était la revendication initiale du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), rébellion touareg laà¯que d’abord alliée puis marginalisée sur le terrain par les islamistes. Il réclame donc une « large autonomie », mais dans le cadre d’un Etat malien qui proclamerait dans sa Constitution son « caractère islamique », au motif que « le peuple malien est musulman à  plus de 95% ». Dans le Nord, l’application « stricte » de la charia est « un impératif non négociable », insiste le groupe. Il justifie les châtiments corporels mais promet de tenir compte de « l’air du temps » dans l’application de certaines dispositions. Nouveau rendez-vous à  Ouagadougou Cette « plateforme » a de quoi hérisser le gouvernement malien, pour lequel le respect de l’intégrité du territoire du Mali et de la laà¯cité de l’Etat sont des pierres angulaires. Si une autonomie du Nord – et non une indépendance – peut a priori ne pas être un casus belli, trouver un terrain d’entente sur la charia paraà®t pour l’heure impossible. Le prochain test sera le 10 janvier: le président Compaoré a invité ce jour-là  les émissaires de Bamako, d’Ansar Eddine et du MNLA à  Ouagadougou pour de nouvelles discussions, a-t-on appris de source proche de la médiation. Il s’agira du second rendez-vous après les premières discussions directes qui s’étaient tenues dans la capitale burkinabè le 4 décembre 2012. Ansar Eddine est l’un des groupes islamistes armés dominant le nord du Mali depuis juin, avec les jihadistes d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Tous prônent l’application de la charia, au nom de laquelle ils commettent de nombreuses exactions. Intervention militaire Sous la pression du Burkina Faso et de l’Algérie, les deux pays médiateurs, Ansar Eddine avait annoncé fin 2012 renoncer à  appliquer la charia dans tout le Mali, mais seulement dans ses zones d’influence, un périmètre qui s’agrandit peu à  peu. Il avait également pris, au moins verbalement, ses distances avec Aqmi et le Mujao en rejetant le « terrorisme », et s’était dit disposé au dialogue avec Bamako. Iyad Ag Ghaly avait annoncé jeudi que son groupe retirait son offre de cessation des hostilités, en accusant le pouvoir malien de ne pas être prêt au dialogue. Mais sans fermer la porte à  de nouvelles discussions, désormais fixées à  la semaine prochaine. Le 20 décembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution approuvant le déploiement d’une force armée internationale au Mali pour déloger les islamistes armés, sans préciser de calendrier. L’ONU a toutefois indiqué que ce déploiement était programmé par étapes et a appelé les autorités maliennes au dialogue avec les groupes armés rejetant le terrorisme et la partition du Mali. (AFP)

Mali: premières discussions directes entre pouvoir et groupes armés

Rendez-vous a été pris à  16H00 (locales et GMT) au palais présidentiel de Ouagadougou. Autour du président burkinabè Compaoré, médiateur pour la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), se retrouveront une délégation du gouvernement malien, conduite par le chef de la diplomatie Tiéman Coulibaly, et des émissaires d’Ansar Dine, l’un des groupes islamistes occupant le Nord malien, et de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Mais l’heure n’est pas encore à  des négociations de paix pour régler la crise dans le nord du Mali aux mains des islamistes qui en ont évincé en juin les rebelles du MNLA avec qui ils avaient mis en déroute l’armée malienne début 2012. Face à  une situation « critique », il s’agit pour l’instant de « trouver un cadre pour engager le processus de dialogue direct entre les parties », expliquait dimanche M. Compaoré. A la sortie d’un entretien lundi avec lui, le ministre malien des Affaires étrangères a également indiqué que la rencontre de mardi devait servir à  examiner « les possibilités d’amorcer un dialogue ». Il a surtout rappelé les lignes rouges fixées par Bamako à  toute négociation: respect de l’intégrité territoriale du Mali et du caractère laà¯c de l’Etat. Côté Ansar Dine, on se disait mardi prudemment prêt à  « écouter » les émissaires de Bamako. Ce mouvement essentiellement composé de Touareg maliens a, au moins dans son discours, fortement évolué sous la pression du Burkina et de l’Algérie, l’autre pays médiateur: il a dit renoncer à  imposer la charia (loi islamique) dans tout le Mali, mais pas dans les zones sous son contrôle, et s’est déclaré prêt à  aider à  débarrasser le Nord du « terrorisme ». L’Afrique attend l’ONU pour un recours à  la force Il a ainsi pris ses distances avec les deux autres groupes islamistes contrôlant la zone, les jihadistes surtout étrangers d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), avec qui il impose une version rigoriste de la charia. Marginalisé sur le terrain, le MNLA reste considéré comme un acteur-clé, d’autant qu’il a enterré sa revendication d’indépendance pour ne plus plaider que « l’autodétermination ». Sur cette base, « nous sommes aujourd’hui dans (une) disposition de négociation » avec Bamako, a indiqué à  l’AFP l’un de ses porte-parole, Moussa Ag Assarid. Les délicates discussions qui s’amorcent à  Ouagadougou ne font pas l’unanimité: certains acteurs politiques et de la société civile à  Bamako sont hostiles à  tout compromis. Mais si elles aboutissent, l’intervention militaire africaine actuellement en préparation devrait ne viser que les « terroristes », Aqmi et le Mujao. Les Nations unies doivent se prononcer en décembre. Après la Cédéao, le chef de l’Etat béninois Thomas Boni Yayi, président en exercice de l’Union africaine, et le président tchadien Idriss Deby ont lancé mardi « un appel » à  l’ONU pour qu’elle autorise « d’urgence » le déploiement de cette force. Les dirigeants africains ont été très déçus par le dernier rapport du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon. Tout en jugeant que la force serait « sans doute nécessaire en dernier recours contre les plus extrémistes » des groupes armés, il a averti des risques sur la situation humanitaire et les chances d’une solution politique. Quant à  Aqmi, il menace la France, qui soutiendrait logistiquement une opération armée, et ses alliés en Afrique. « Le Sahara sera un grand cimetière pour vos soldats », a lancé dans une vidéo son chef Abou Moussab Abdel Wadoud, alias Abdelmalek Droukdel, menaçant aussi la vie des sept Français otages dans la région.