Attaques terroristes : baroud d’honneur ou montée en puissance ?

Depuis 2012, le Mali est confronté à un phénomène devenu mondial : le terrorisme. Malgré l’assistance des forces internationales, le pays continue d’être endeuillé par des attaques djihadistes. Le 30 septembre, AQMI,  membre du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, diffuse une vidéo de propagande. Elle met en scène plusieurs attaques perpétrées au Mali, et des   menaces à  l’Occident. Parallèlement, les embuscades se multiplient sur le terrain. Fanfaronnade ou ascension ?

« Et la bataille continue… ». C’est l’intitulé de cette vidéo produite par Az-Zallaqa, un organe de propagande terroriste. Elle a été diffusée dimanche 30 septembre par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), fidèle au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). D’une durée de plus de trente minutes, elle revient sur les  différentes attaques opérées par ce mouvement dirigé par Iyad Ag Ghaly depuis mars 2017. « Elle relate plusieurs attaques ayant eu lieu depuis la création du nouveau groupe. Il y a celle de Boulkessi en mars 2017, de Sevaré, de Gao, et d’autres contre la MINUSMA ou les FAMA », décortique Wassim Nasr, analyste des mouvements djihadistes et auteur du livre : « Etat Islamique, le fait accompli ». « Mais le plus important c’est qu’elle est labélisée avec tous les labels d’Al-Qaïda et AQMI », révèle-t-il, ajoutant qu’« on y voit aussi les préparatifs de l’attaque complexe de l’aéroport de Tombouctou le 14 avril 2018». L’attentat avait enregistré un mort et une vingtaine de blessés. Les djihadistes, avant de passer à l’opération, s’étaient déguisés en soldats maliens, en casque bleus et en soldats français. Une stratégie de plus en plus utilisée.

Pour Yvan Guichaoua, enseignant chercheur à la Brussels School of International Studies (Université de Kent), « en dehors de la glorification de l’engagement militaire, la vidéo convoque les leaders intellectuels d’Al Qaïda et axe le discours sur la guerre entre l’Islam et l’Occident». Entretenir la terreur, créer la panique et la psychose aussi bien au nord et au centre du Mali qu’au-delà, semble être le souci de cette organisation terroriste.

Des groupes en puissance ? Avec l’intervention en 2013 de la force Serval (devenue Barkhane) pour stopper la progression djihadiste vers le sud du pays, les différents groupes ont été dispersés. Mais la déliquescence de l’Etat leur avait permis de se réorganiser au fil des années. En mars 2017, Iyad Ag Ghaly crée le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, une fusion d’Ansar Dine, d’Al Qaïda, de la  Katiba du Macina et d’Almourabitoune. « Ils sont en train de monter en puissance parce qu’Iyad Agaly a réussi à les réunir après la débandade de 2013 », précise une source sécuritaire bien introduite. Depuis, les attaques sont menées avec audace et  professionnalisme. Voiture piégée, mines ensevelies, embuscades, tirs d’obus, attaques frontales, les djihadistes usent de tous les moyens nuisibles pour détruire leurs cibles. La MINUSMA, la force Barkhane, les forces armées maliennes sont toutes, aux yeux du GSIM,  des « ennemis » à saigner.

L’initiative de l’attaque est finalement devenue la leur. Le 26 septembre, sept soldats maliens et un civil ont été tués entre Bambara-Maoudé et Douentza suite à des  engins explosifs improvisés. Des actes tragiques inombrables. « Ces récentes attaques sont une manière de défier la communauté internationale. Ces djihadistes sont de plus en plus forts », souligne Mohamed Abdellahi Elkhalil, spécialiste des questions d’insécurité sociale et sécuritaire du Sahel. Malgré les opérations de la force Barkhane dans le Sahel, la menace selon Mahamadou Savadogo, spécialiste de l’extrémisme violent et de la radicalisation au Sahel, va grandissant. « Il y a une montée en puissance et un changement des stratégies de ces groupes terroristes. Au Burkina, ils sont en train de faire basculer les populations dans l’extrémisme violent en s’intégrant et en se confondant à elles », souligne-t-il. Les initiatives prises jusque-là par le Mali et ses partenaires n’ont pas permis de contrer le fléau. Le mal semble plus profond.

Mais tout de même, il n’y a « ni baroud d’honneur ni montée en puissance », selon Yvan Guichaoua. « Les djihadistes travaillent leurs objectifs politiques dans la durée et la défaite militaire fait partie de leur routine », dit-il, ajoutant que « lorsque la tendance est négative pour eux, ils font le dos rond, se redéploientg4, se restructurent, patientent, et exploitent politiquement les erreurs de leurs adversaires ».  Les bavures  et massacres de l’armée sur les populations civiles comme à Boulkessi sont ainsi mises à profit par les djihadistes. De plus en plus, ils  se montrent résilients  face aux situations. « Pour les prendre en défaut, il faut plus que de la pression militaire », mais « aussi  persuader les populations parmi lesquelles ils évoluent qu’il existe des modèles de société plus attractifs que le leur », indique le chercheur.

Barkhane et G5 Sahel : pour quels résultats ? Face au flux terroriste et aux attaques asymétriques, les Etats du Sahel sont mis à rude épreuve. La présence de  la Force Barkhane, autrefois Serval, a affaibli les différents groupes terroristes au Sahel. Des chefs djihadistes sont ciblés et des armes détruites. Fin août, dans la région de Ménaka, Barkhane a neutralisé un certain Mohamed Ag Almouner, un des chefs du groupe Etat Islamique au Grand Sahara. Selon la ministre française des Armées, Florence Parly, sur les antennes de RFI le  8 octobre, « plus de 130 terroristes » ont été neutralisés par Barkhane depuis le début de l’année. Concomitamment, cette force soutient l’armée malienne avec laquelle elle mène souvent des patrouilles sur le terrain. Son bilan reste malgré tout de même « mitigé ». Cela s’explique. « Elle a infligé des très lourdes défaites aux mouvements djihadistes, notamment dans la zone de Ménaka. Mais on constate que ces groupes parviennent à se redéployer pour continuer à harceler les forces maliennes et étrangères, tout en maintenant la pression sur  les populations civiles et les groupes signataires, par le biais d’assassinats ciblés », étaye Yvan Guichaoua, enseignant chercheur à la Brussels School of International Studies. Plusieurs paramètres rentrent aussi en jeu. « La machine organisationnelle contre-terroriste est toujours  plus lourde à faire fonctionner que celle des djihadistes », indique le chercheur. Par jour, la Force coûte à la France 1 million d’euros (soit 655 millions de francs CFA).

Quant à la Force du G5 Sahel, sa mission, en plus du développement, est de combattre le terrorisme tout le long des frontières des Etats membres. Plus d’une année après sa création, cette initiative n’a pas répondu aux urgences. Pire, elle a été attaquée dans ses fondements par les terroristes.  Au problème de financement s’ajoute « la qualité des ressources humaines ». « Les groupes terroristes ont anticipé sur les opérations annoncées par le G5 en élargissant au maximum le front », note Mahamadou Savodogo. Selon lui, « le fait d’annoncer les opérations sans les exécuter contribue plutôt à renforcer la résistance et l’adaptation des groupes terroristes ».  Depuis août, au moins 36 personnes ont été tuées dans des actes terroristes au Burkina Faso, dans sa partie frontalière avec le Niger et le Mali.

Incidence communautaire Bien que certains membres des groupes djihadistes soient des étrangers, force est de reconnaitre qu’ils opèrent avec des éléments locaux. D’où le traitement aussi complexe que sensible du sujet. Les rivalités communautaires anciennes sont le plus souvent vivifiéespar les accointances supposées avec des groupes terroristes. Des affrontements intercommunautaires, comme ce fut le cas entre les Daoussahak et les Peuls dans la région de Ménaka,  les Dogons et les Peuls au centre du pays et même au sein d’une même tribu (Iboguilitane et Idarfan) récemment à Ménaka. Les dernières  violences ont fait  plus de quarante morts parmi les civils. Pour Yvan Guichaoua, « il faut être prudent sur les causes qui peuvent être liées à des vendettas personnelles ou des affaires criminelles ». Aussi bien pour les groupes terroristes que pour les forces qui les combattent, les populations sont la matière à conquérir. « Chaque camp tente, dans son registre, de « gagner les cœurs et les esprits» des populations, fait savoir M. Guichaoua.

Les victimes du terrorisme se comptent chaque jour davantage et le quotidien des populations est ombrageux. Au regard du bourbier, l’horizon n’augure pas la fin prochaine des épreuves.

CPI : un djihadiste malien comparait ce mercredi

Les autorités maliennes ont remis samedi 31 mars, Al Hassane Ag Abdoul Aziz, à la Cour pénale internationale. Soupçonné  de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, il comparait  mercredi à la Haye.

A 17 heures GMT ce mercredi,  Al Hassane Ag Abdoul Aziz, un  ancien  commissaire de la police islamique de  Tombouctou comparaitra devant la Chambre préliminaire 1 (une) de la Cour pénale internationale (CPI). Il est ‘’suspecté de crimes de guerres et de crimes contre l’humanité commis en 2012 et 2013 à Tombouctou ‘’.  Lors de l’occupation du nord du Mali, des mouvements djihadistes avaient administrés et instaurés la charia dans plusieurs villes contrôlées.  ‘’Au cours de l’audience de cette première comparution, le juge unique vérifiera l’identité du suspect et la langue dans laquelle il pourra suivre les  procédures’’ indique un communiqué de l’organisation. Al Hassan sera aussi informé des indices de culpabilité qui pèsent  contre lui. Selon la Chambre préliminaire d’accusation qui avait remis le mandat d’arrêt aux autorités maliennes le 27 mars,  lors du règne d’Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI)  et Ansar Eddine,  l’implication de ce touareg de 41 a été déterminante.   Il ‘’aurait pris part à la destruction des mausolées de saints musulmans de Tombouctou’’ et autres actes pouvant être qualifiés de crimes graves.

Dans une note, la fédération internationale des ligues des droits de l’homme  (FIDH) et l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH) se réjouissent de cette interpellation ‘’pour les victimes de Tombouctou qui continuent d’attendre que justice soit faite ‘’. Elles estiment qu’ ‘’Al Hassan aurait pu être jugé  par une juridiction malienne comme ce fût le cas pour l’islamiste Aliou Mahamane Touré.  Ce transfèrement n’est pas la première pour le Mali.  Ahmed Al Faqi, aussi présumé membre du groupe Ansar Eddine  a été jugé et condamné par la CPI en 2016 à neuf ans de prison.  Il avait été reconnu coupable de destruction des mausolées en 2012, classés patrimoine mondiale de l’humanité.  

Pour cette première comparution, le juge Perin de Brichambaut a fixé  au 24 septembre le début de l’audience de confirmation des charges  d’Al Hassan. Pour certains défenseurs des droits de l’homme,  d’autres personnes devaient être inquiétées par cette juridiction.  Toutefois, le procureur général de la CPI, Fatou Bensouda  a  rappelé que le transfèrement  opéré est « un message fort à tous ceux qui, où qu’ils se trouvent, commettent des crimes qui heurtent la conscience humaine”.

Deux ex-otages d’AQMI se confient

Libéré en juin 2017 après plus de 5 ans de captivité, l’ex-otage Suédois Johan Gustafsson détenu par Al Qaïda au Mali, a critiqué le paiement des rançons dans les prises d’otage, lors d’une interview à la télévision suédoise. Libéré un mois plus tard, le sud-africain Stephen McGown, a expliqué comment il est « resté positif » afin que sa famille retrouve « un meilleur homme » à sa libération.

« Personnellement, je pense que ce n’est pas bien de payer (une rançon). Cela met en danger d’autres personnes (…) Ce sont d’importantes sommes qui (…) ont un impact énorme sur la guerre. (Les groupes djihadistes) peuvent utiliser cet argent dans leur machinerie de guerre », selon l’ex-otage Johan Gustafson, le 10 août 2017, lors de sa première conférence de presse depuis sa libération.

Le Suédois avait été enlevé le 25 novembre 2011 à Tombouctou, en compagnie d’un Sud-africain, un Néerlandais et un Allemand qui avait été tué en essayant de résister à ses ravisseurs.

Le Néerlandais a été libéré en 2015 par les forces françaises et le Sud-africain libéré par le groupe djihadiste le 29 juillet 2017. Une libération effectuée sans aucun paiement de rançon, selon les autorités sud-africaines.

Stephen McGown, l’ex-otage sud-africain âgé aujourd’hui de 42 ans, évoquant ses techniques d’adaptation lors de sa détention a déclaré : « Parfois vous dormez beaucoup, parfois vous êtes misérable », « j’ai essayé d’échapper à la réalité », « j’ai essayé de voir le meilleur de la situation ». Soutenu dans cette épreuve par son père et son épouse, il a perdu sa mère en mai 2017 pendant sa détention.  Lui, qui voulait simplement faire le tour de l’Afrique à vélo, a dû se résoudre à rester « positif » afin de retrouver sa famille étant « un homme meilleur ». Converti à l’islam, de son propre gré », il avoue que « cela a contribué à « changer les choses de façon spectaculaire ». Même s’il affirme avoir craint pour sa vie à trois reprises, il dit avoir été « bien traité » par ses ravisseurs surtout après s’être converti. Lors de la conférence de presse qu’il a tenu ce 10 août 2017, il avoue que leur situation a été instable durant la première année. Ils étaient « obligés de dormir les mains liées et le visage bandé ». Ils étaient autorisés à marcher mais étaient vite rappelés à l’ordre lorsqu’ils faisaient un pas de trop.

Quant aux conditions de libération du Suédois, la ministre suédoise des affaires étrangères a déclaré que c’était le résultat de « plusieurs années d’effort » de la part de la police, des politiciens de la diplomatie suédoise et des autorités suédoise et internationale. L’ex-otage a lui-même affirmé qu’il avait été simplement « chassé » dans le désert par ses ravisseurs et que des policiers suédois étaient ensuite venus le chercher et l’accompagner en Suède.

Libération de l’otage Sud-africain enlevé au Mali par Al-Qaïda en 2011

Près de six ans après son enlèvement, le Sud-Africain Stephen McGown, kidnappé par Al-Qaïda avec trois autres touristes dans un hôtel de Tombouctou dans le nord du Mali, a été libéré fin juillet et a retrouvé sa famille en Afrique du Sud, a-t-on appris jeudi.

L’ancien otage âgé de 42 ans suit actuellement des examens médicaux de routine et a déjà pu revoir son père et sa femme.

« C’était une énorme surprise quand il a passé la porte. Quand je l’ai étreint, il était en bonne santé et aussi fort qu’avant. Il a été bien traité », a déclaré son père Malcolm McGown, visiblement ému, lors d’une conférence de presse à Pretoria.

« Il m’a regardé et m’a dit que mes cheveux avaient poussé. Je lui ai répondu que les siens étaient encore plus longs! », a plaisanté son épouse, Catherine, cheveux blonds aux épaules.

Interrogé sur les conditions de la libération de Stephen McGown, le ministre sud-africain de la Sécurité intérieure David Mahlobo a assuré que le gouvernement n’avait payé « aucune rançon ».

« Notre politique étrangère est très claire: nous ne payons pas de rançon. Nous avons pu le libérer sans conditions », a-t-il expliqué.

« Le gouvernement nous a aidés depuis le début. Ca a pris du temps mais mon fils est libre, il va bien », s’est réjoui le père de l’ancien otage kidnappé dans la ville historique de Tombouctou le 25 novembre 2011.

Ce jour-là, un groupe d’hommes armés avait fait irruption sur la terrasse d’un hôtel fréquenté par des Occidentaux. Un Allemand avait tenté de résister et été tué.

Le commando avait ensuite emmené M. McGown, ainsi que deux autres touristes, Sjaak Rijke – un Néerlandais libéré en 2015 par les forces françaises – et un Suédois Johan Gustafsson relâché fin juin 2017.

L’enlèvement avait été revendiqué par le groupe jihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Simple touriste

« La famille (de M. McGown), le gouvernement, le peuple sud-africain et la communauté internationale ont fait campagne pour sa libération. Nous sommes heureux d’annoncer que ces efforts ont abouti. Nous lui souhaitons un excellent retour chez lui », a salué la ministre des Affaires étrangères, Maite Nkoana-Mashabane.

Elle s’est également dite « ulcérée par les activités des groupes comme Al-Qaïda, l’Etat islamique (…) qui kidnappent des citoyens innocents. Souvenez-vous qu’il était un simple touriste à Tombouctou ».

Dans un communiqué, Pretoria a également remercié « le gouvernement malien et les organisations non-gouvernementales (…) pour leurs efforts qui ont permis la libération de M. McGown ».

Pendant sa longue captivité, la mère du jeune homme est décédée. « Stephen rentre chez lui et découvre que sa mère n’est plus là. C’est très très dur pour eux », a déclaré sur la chaîne Enca Imtiaz Sooliman, le directeur de Gift of the Givers, une ONG sud-africaine qui avait envoyé en 2015 un négociateur pour obtenir la libération du touriste.

Fin juin 2017, quelques jours après la libération de Johan Gustafsson, le père de Stephen McGown avait assuré à l’AFP que son fils allait « bien » et qu’il ne subissait pas de mauvais traitements.

Le mois dernier, Al-Qaïda avait publié une vidéo de six otages étrangers, dont M. McGown, où le groupe jihadiste assurait qu’aucune négociation n’avait commencé pour leur libération.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ils ont depuis été en grande partie chassés de cette région par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, et qui se poursuit actuellement.

Otages au Sahel : Négociation mode d’emploi

Le 1er juillet 2017, Nusrat Al Islam publiait une vidéo montrant six otages, dont l’humanitaire française de Gao, Sophie Pétronin, appelant les gouvernements des pays de ces ressortissants étrangers à œuvrer à leur libération. Si, officiellement, ces États affirment toujours ne jamais transiger avec les terroristes, des négociations secrètes, avec de nombreux intermédiaires sont souvent initiées, pour, avec du temps et beaucoup d’argent, tenter de faire libérer les captifs.

  « Ce sont des terroristes, des voyous et des assassins […]. Nous mettrons toute notre énergie à les éradiquer », assenait Emmanuel Macron le week-end dernier à Bamako, qualifiant ainsi les ravisseurs de Sophie Pétronin, l’otage française détenue avec 5 autres par AQMI et ses « associés », quelque part dans l’immensité du désert sahélien. Dans une vidéo publiée par le groupe djihadiste le 1er juillet dernier, la Française, coiffée d’un foulard vert, les traits tirés, enjoignait d’une voix monocorde le président français à faire son possible pour la faire libérer.

« Ils exhibent leurs otages pour attirer l’attention des gouvernements et de leurs populations. Les Français par exemple mettront ainsi la pression sur Macron. Pour eux, les otages, ce sont comme des produits mis aux enchères, une vitrine, un atout pour faire chanter un État et qui peut rapporter gros, environ 5 millions d’euros par tête », décrypte un officier touareg très au fait de l’activité terroriste régionale, qui considère que cette vidéo est aussi un camouflet pour les gouvernements et leurs services de renseignements, incapables après des mois voire des années de débusquer ces groupes et de retrouver leurs ressortissants.

Si cette vidéo apporte une preuve de vie des otages, elle n’éclaire en rien sur les revendications proprement dites des ravisseurs. Un homme au visage couvert fait néanmoins, dans la vidéo, référence à de précédentes libérations d’otages et prévient que d’autres dépendront de la volonté politique de leurs gouvernements respectifs. Un appel du pied à peine voilé à ces gouvernements pour prendre contact et négocier le sort des détenus, si toutefois négociations il y aura.

 Source de revenus Bâtir un réseau fiable de négociations avec les ravisseurs dépend d’un seul critère, la confiance. « Les ravisseurs vous acceptent lorsque vous êtes introduits auprès d’eux par une ou plusieurs personnes auxquelles ils font confiance. Votre origine importe peu, il faut surtout être de bonne foi, ne jamais mentir, ne jamais promettre ce que vous ne pourrez pas réaliser. De toute façon, vous gagnerez leur confiance définitivement une fois que les négociations auront abouti », explique cette source qui a déjà « facilité » la libération d’otages au Sahel. « Durant toutes les tractations, ils assurent le minimum pour que les otages restent en vie. En dehors de cela ils n’ont pas une grande considération pour leurs détenus », poursuit-elle. Les transactions peuvent concerner la libération de prisonniers ou de très importantes sommes d’argent, et les négociations peuvent durer longtemps, car les exigences des ravisseurs sont souvent difficiles, voire impossibles à satisfaire. « Les sommes versées aux ravisseurs, telles que rapportées par les médias, paraissent importantes mais ne constituent pas la partie vitale de l’entretien d’une katiba, qui est composée de plusieurs cercles. Ces groupes sont nombreux à se partager ces sommes et il ne faut pas oublier non plus que la vie dans le désert coûte très cher », ajoute la même source.

L’argent des rançons sert généralement à acheter des armes, de l’essence et de la nourriture, ainsi qu’à assurer la sécurité de ces groupes qui vivent dans la clandestinité. Une sorte de forfait d’existence prolongée pour une période indéterminée. « Les rançons, qui financent ces groupes radicaux et dangereux, c’est un moyen efficace de faire perdurer les djihadistes chez nous », lâche ce combattant du MNLA, qui voit aussi dans la lutte contre le terrorisme en Afrique une guerre par procuration de l’Europe.

Alors, négocier ou éradiquer ? La sortie du Président Macron, dimanche 2 juillet, pourrait être un élément de réponse, conforme à la règle française qui est de ne pas négocier avec les terroristes. Mais après la détermination et les coups de menton médiatiques, reste la realpolitik, où il en est souvent autrement. « Ce qui se passera, je l’ignore, mais je suppose que, soucieux de la situation pénible dans laquelle se retrouve l’une de ses citoyennes, l’État français tentera d’y trouver une solution… », conclut, sibyllin, cet ancien intermédiaire, sous anonymat.

Sébastien Pétronin : « Je reste le fils de Sophie et je me bats pour qu’elle sorte de ça »

Sophie Pétronin, enlevée le 24 décembre 2016, est réapparue, dans la nuit du 1er juillet, dans une vidéo diffusée par la coalition djihadiste Nusrat al-islam avec 5 autres otages, quelque part au Sahel. C’est la seule « trace de vie », depuis son rapt, qu’on ait de cette femme de 71 ans qui vivait au Mali, à Gao, où elle consacrait son temps aux enfants orphelins. Sébastien Pétronin, son fils, a livré au Journal du Mali, son sentiment après la publication de cette vidéo et expliqué le combat qu’il mène avec sa famille et, il l’espère, avec les autorités françaises, pour tenter de libérer Sophie Pétronin.

Quel était l’état de santé de Sophie Pétronin, votre mère, avant son enlèvement, car elle évoque dans la vidéo publiée par la coalition terroriste Nusrat Al Islam, une tumeur au sein gauche ?

Cela me préoccupe d’apprendre ça. Je ne l’ai pas vu depuis plus d’une année donc je ne sais pas. Ma mère était extrêmement discrète, elle n’était pas du genre à se raconter, sauf s’il y avait un caractère d’urgence. Donc, il est très possible qu’elle ait eu ce souci à sa connaissance et qu’elle ne nous ait pas informés.

Depuis son enlèvement en décembre 2016 et avant la publication de cette vidéo, aviez-vous eu des preuves de vie de Sophie Pétronin ?

Le dernier contact que j’ai eu avec elle, c’était une demi-heure avant son enlèvement par un échange de mail. Après ça, plus de nouvelles. Puis par la suite on a eu beaucoup de signaux, d’avertissements, comme quoi elle était vivante mais avec un degré de fiabilité relatif. M. Macron a d’ailleurs utilisé les mots parfaits en parlant de « trace de vie » mais ce n’est pas une preuve de vie. Depuis la diffusion de cette vidéo, on est dans un degré de fiabilité beaucoup plus important puisque c’est public et officiel, mais pour nous ce n’est pas encore un soulagement, c’est une bonne direction. J’essaie de rester lucide, ce n’est pas une preuve de vie, je ne lui ai pas touché la main. Elle est en captivité avec une santé qui n’est pas optimale. Cela fait six mois et demi qu’elle est détenue et l’année prochaine elle aura 72 ans. Tous ces éléments me mettent plutôt dans un état d’inquiétude et je ne suis pas serein après avoir vu le visage de ma mère dans cette vidéo.

Vous avez déploré, avec votre famille, l’inaction des autorités françaises dans ce dossier. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Oui, mais a une nuance près, c’est qu’il y a eu un changement de gouvernement. On n’a pas caché le fait qu’on a été très agacé par la position attentiste du gouvernement précédent. Maintenant on est plus du tout dans la même dynamique. On a un échange qui est beaucoup plus marqué, beaucoup plus constructif et évolutif. Je ne peux pas encore vous dire où ça va nous mener mais on a l’impression d’être plus fortement considérés.

Le président Macron a déclaré vouloir « éradiquer » les ravisseurs de Sophie Pétronin, alors que ceux-ci semblent vouloir établir un contact pour une négociation. Ne craignez-vous pas que cette réponse du président Macron soit considérée par eux, comme un refus de la France de vouloir négocier sa libération ?

Je ne veux pas me dérober à cette question parce que j’ai envie d’y répondre. C’était plus difficile avant parce qu’on nous tenait un peu au silence et à la discrétion. Comme on est dans l’émotion, on ne sait pas très bien si ce que l’on fait est bien, s’il faut parler ou s’il vaut mieux rester discret. Mais 6 mois après son enlèvement, on se sent plus à même de parler dans les médias. Donc mon sentiment personnel, c’est que M. Macron affiche sa détermination et ne rentre pas du tout dans cette histoire avec une position inférieure ou soumise dû à la détention de ma mère, et là-dessus je suis en accord avec lui. Je crois qu’il faut afficher sa force et sa détermination. Maintenant je suis aussi son fils, donc on est très anxieux depuis le début et on ne l’est pas plus ou pas moins parce que M. Macron a affiché de la force et de la détermination. Je suis plutôt concentré à essayer de percevoir des perspectives et des solutions, c’est ça qui m’anime. Je pense que M. Macron sait ce qu’il fait, les ministères concernés savent ce qu’ils font. Ils savent aussi peut-être à la virgule près ce qu’il faut dire. C’est quelque chose qui m’échappe, je reste le fils de Sophie et je me bats juste pour qu’elle sorte de ça.

Vous vous êtes récemment déplacé plusieurs fois au Mali et dans des pays de la sous-région. Essayez-vous de votre côté d’établir un lien avec les ravisseurs pour tenter de faire libérer Sophie Pétronin ?

Dans cette histoire, depuis le début, on essaye d’être dans la bienveillance et de ne faire que des choses qui vont l’aider elle et qui vont lui profiter à elle. On a décidé d’un commun accord avec la famille que rester immobile à attendre ce n’était pas possible, pas acceptable. Le gouvernement précédent ne voulant rien faire, nous avons essayé d’avancer, de rencontrer des gens. On s’est mis dans cette dynamique-là. Aujourd’hui le gouvernement a changé, on a plus les mêmes interlocuteurs, donc, nous la famille, on va déjà observer ce que ce nouveau gouvernement est prêt à faire et à mettre en place. Si le travail est fait, évidemment on se retirera. On n’a pas la compétence ni les moyens de la sortir de là tous seuls. Mais c’est clair qu’on a voulu montrer qu’on ne la laissera pas tomber quoiqu’il arrive et tant qu’on peut, on essaiera de faire quelque chose pour la sortir de là.

Avez-vous contacté le gouvernement malien ? Est-il aussi partie prenante dans ce dossier ?

J’ai rencontré le ministre des Affaires étrangères à Bamako. J’ai rencontré plusieurs fois le gouverneur de Gao et différents officiels. J’ai été très étonné de la façon dont nous a reçu le ministre des Affaires étrangères parce qu’il était très ému. Je pense que les Maliens ne considéraient pas ma mère comme une ressortissante étrangère qui venait donner un coup de main. Elle était un peu plus que ça pour eux et pour la population de Gao notamment. Ça s’est ressenti en tout cas dans l’accueil que j’ai pu recevoir à Bamako et à Gao, que ce soit avec des officiels, des non-officiels, avec des gens qui la connaissait ou pas, avec des enfants ou des adultes. Il y a eu beaucoup de chaleur. Oui, je crois que les Maliens font quelque chose pour ma mère.

Sophie Pétronin craignait-elle d’être enlevée ou qu’on attente à sa vie, vu la situation sécuritaire qui s’est dégradée au Mali ces dernières années ?

Elle était parfaitement consciente du danger. On en a parlé de vive voix la dernière fois qu’on s’est vu à mon domicile. Je dirai qu’il n’y avait pas de peur, c’était plutôt un risque accepté, mesuré et puis pour elle qui travaillait avec les enfants orphelins à Gao. La vie d’un enfant ça valait tous les risques. 15 jours avant son enlèvement elle a sauvé deux bébés qu’elle a trouvé dans une poubelle. C’était risqué, elle le savait, je le savais, on l’acceptait et si c’était à refaire, on le referait.

Un otage suédois enlevé par AQMI en 2011 libéré

Le Suédois Johan Gustafsson, enlevé par Al-Qaïda en novembre 2011 dans le nord du Mali, est arrivé en Suède en bonne santé, a annoncé le gouvernement suédois, mais le sort d’un autre otage enlevé au même moment, un Sud-Africain, est inconnu.

«Je suis très heureuse d’annoncer que Johan (Gustafsson) a aujourd’hui pu rejoindre la Suède et retrouver sa famille», a déclaré aux journalistes la chef de la diplomatie suédoise, Margot Wallström, montrant une photographie de lui entouré par sa famille après son arrivée.

«Je l’ai accueilli au pays, et je peux dire qu’il est en bonne santé et qu’il tient bon, compte tenu des circonstances.»

La ministre a refusé de donner des précisions sur les conditions de la libération, indiquant seulement qu’elle avait eu lieu «il y a quelques jours» et qu’elle était le résultat de «plusieurs années d’efforts» réalisés par la police, les hommes politiques, les diplomates et les autorités suédoises et internationales.

La ministre a refusé de dévoiler si une rançon avait été payée ou non, en expliquant seulement que «la politique de la Suède est de ne pas payer de rançon en cas d’enlèvement.»

«Oui, nous avons apporté notre contribution à la libération de l’otage suédois, a indiqué une source sécuritaire malienne à l’AFP. Il a été libéré dans le désert malien. C’est le groupe Al Faroutane, affilié à Aqmi et Al-Qaïda, qui a enlevé le Suédois. Il se porte bien. Les négociations n’ont pas été faciles»

Le 25 novembre 2011, Johan Gustafsson avait été enlevé à Tombouctou en même temps que le Sud-Africain Stephen McGown et un Néerlandais, Sjaak Rijke. Un quatrième homme — un Allemand — avait été tué en tentant de résister à ses ravisseurs.

Gustafsson se trouvait au Mali alors qu’il faisait un voyage en moto entre la Suède et l’Afrique du Sud.

L’enlèvement avait été revendiqué par le groupe djihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Le Néerlandais avait été libéré par les forces françaises en 2015.

«Je vous appelle tous à faire preuve de respect vis-à-vis de Johan et de sa famille et à les laisser décider si et quand ils parleront», a ajouté Mme Wallström dans le communiqué.

Plusieurs autres Occidentaux ont été enlevés au Mali ces dernières années. En janvier 2016, la missionnaire suisse Beatrice Stockly avait été kidnappée à Tombouctou par AQMI, une vidéo la montrant vivante avait été diffusée un an plus tard. Gloria Cecilia Narvaez Argoti, une religieuse colombienne, a été enlevée en février dans le sud du Mali par des hommes armés présumés djihadistes. Sa situation est toujours inconnue, malgré de nombreux arrestations.

Enfin, la Française Sophie Petronin, présidente d’une ONG, a été enlevée à Goa, dans le nord du Mali, à la fin de 2016. Depuis aucun groupe n’a revendiqué son enlèvement.

Charia : Une réalité malienne

Le 16 mai dernier à Taghlit, entre les localités d’Aguelhoc et Tessalit, une femme et un homme auraient été lapidés par des islamistes qui leur reprochaient d’avoir violé la charia, la loi coranique, parce qu’ils vivaient en concubinage. La véracité de ce triste évènement, relayé par les médias nationaux et internationaux, reste à démontrer, certains affirmant même avoir vu quelques jours plus tard la jeune femme vivante à Aguelhoc. Pour autant, la rumeur de cette lapidation, inédite depuis les jours sombres de la crise de 2012, pose la question de la présence de ces forces djihadistes dans certaines zones du pays qui échappent toujours aux forces maliennes et étrangères, et de leur capacité à faire peser leur vision étriquée de la loi divine sur le caractère laïc du pays, s’ils parvenaient à propager leur foi rigoriste.

« Oui la charia est appliquée dans certaines zones de la région de Kidal ! », déclare sans ambages Abinaje Ag Abdallah, maire d’Aguelhoc. « Ils interdisent l’alcool, les cigarettes. Il faut s’acquitter de la zakat (l’aumône). Ils font appliquer toute la charia qui est de leur portée et on constate de plus en plus qu’ils ont le contrôle de certaines localités », ajoute-t-il. À Taghlit, Abeïbara, au nord et nord-est de la région de Kidal, dans la région de Tombouctou, Taoudéni, Ségou, Mopti, nombreux sont ceux qui attestent de la présence des islamistes dont les forces se sont redéployées et contrôleraient des zones entières qui échappent aux autorités. Dans ces zones désertées par la République, où même parfois les groupes armés ne vont pas, les djihadistes à moto font respecter leurs lois, maintenant les populations dans la crainte. « Aujourd’hui, dans la région de Kidal, de Gao ou de Tombouctou, les campagnes sont occupées par des groupes terroristes. Dans la zone de Ménaka, il y a le groupe d’Adnane Abou Walid al-Sahraoui qui se renforce jour après jour. Au nord de la région de Kidal, trois katibas appliquent la charia partout dans les brousses, même à Tinzawatène. Dans la zone de Gao à Almoustarat, il y a l’armée mais il y a aussi des djihadistes en ville qui prêchent le djihad ouvertement le soir dans la mosquée, pendant que l’armée est dans la caserne », confie ce cadre militaire du MNLA qui a eu maintes fois maille à partir avec les djihadistes.

Dans certains villages, ces groupes ont imposé leur charia aux villageois qui ne sont plus autorisés à pratiquer certaines coutumes devenues « haram ». « Il faut les écouter et faire ce qu’ils disent, ça s’est sûr ! », lâche cet employé du CICR de la région de Kidal. « Quand nous partons en mission dans ces zones, on retrousse nos pantalons au-dessus des chevilles, on ne fume pas, on se tient éloignés des femmes et on évite d’y aller avec des véhicules arborant le logo du CICR, parce que les gens considèrent la croix comme un signe chrétien. On doit se conformer, c’est automatique », poursuit-il.

 Vivre sous la charia Dans ces zones, la peur tient les populations qui redoutent de se voir infliger ces actes barbares que les islamistes considèrent comme les punitions issues de la charia : couper la main du voleur, lapider des coupables d’adultère, sanctionner par le fouet les libertins. Ces pratiques qui ont eu cours au nord du Mali durant la crise, ont normalement cessé depuis 2013 et la fin de l’occupation. « Les mains coupées pour un voleur, les coups de fouets, c’est très rare depuis 2012, parce que les gens se sont conformés à leur loi. Mais si tu commets un acte contraire à la charia, ils vont prendre les choses en main et t’envoyer un message par un intermédiaire pour te convoquer. Dans un premier temps, ce sera une mise en garde. Donc, après cet avertissement, soit tu quittes la ville, soit tu t’y conformes. Si tu continues, ils vont appliquer sur toi le châtiment de la charia. Ça se passe comme ça. Ils ont des informateurs dans tous les villages, donc les gens sont tenus dans la crainte et font ce qu’on leur dit », affirme cet habitant de Kidal.

Pour la majorité des musulmans, il est difficile de s’opposer à la charia, les thèses prônées par les islamistes ne séduisent pas les populations maliennes très attachées à la tolérance et éloignées de l’application qu’en font les salafistes. « La population ici est à 100 % musulmane. Elle ne peut pas réprouver la charia en tant que telle, mais les gens disent que ce n’est pas la méthode. La plupart des chefs djihadistes, ce sont des Algériens, des Mauritaniens, des gens qui viennent d’ailleurs. On a nos propres imams et marabouts qui nous expliquent la religion, alors pourquoi nous conformer à des gens qui amènent une doctrine venue d’ailleurs ? Avec les attaques, les attentats suicides, les gens ne sont pas avec eux mais ils sont contraints d’observer ou d’adhérer par la force », explique ce journaliste de Douentza. « Si leur but est de créer une république islamique, notre histoire et nos croyances sont trop anciennes pour que ça marche. Ils ne peuvent pas venir comme ça imposer ça chez nous ! », s’exclame-t-il.

 Frapper les fourmilières djihadistes Par leurs diktats religieux, les djihadistes, sous l’impulsion du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, tentent de tisser une toile pour le moment encore disparate. Leur mobilité et leur capacité à se fondre au sein des populations les rendent insaisissables, leur permettant de perdurer et d’imposer par la force leurs préceptes religieux. « Si l’autorité de l’État s’étendait à l’ensemble du territoire, l’État pourrait être interpellé en cas d’application de la charia. Mais c’est l’Occident qui a dit « je m’installe dans le nord ». Barkhane est là-bas, la MINUSMA est là-bas. Cette zone dans laquelle s’est produite la lapidation n’est pas sous contrôle de l’armée malienne », objecte un officiel malien. Cependant, la force française, devenue elle aussi la cible privilégiée des djihadistes, semble inefficace à pouvoir stopper cet état de fait.

« Depuis 2015, les opérations terroristes ne visent pas à faire la guerre. Ils font des opérations de récupération de matériel, ils se réorganisent et se renforcent. Ils ont récupéré, depuis fin 2016, plus de 30 pick-up, des armes et des munitions. À Taoudéni, ils ont des bases fixes, ils créent des souterrains, y mettent des groupes électrogènes, des citernes d’eau pour 2 mois ou 3 mois, tout pour vivre et tu ne vois rien. Ils attendent que l’armée malienne se remette en place, que le désarmement soit effectif après ils vont occuper les campagnes, et nous, nous restons là, à compter ce qu’ils ont récupéré », s’emporte cet officier du MNLA. « Les djihadistes ont très bien compris comment les forces françaises fonctionnent. C’est une armée conventionnelle, avec des véhicules vieillissants, peu rapide. Au moindre mouvement ils bougent à moto. À chaque fois que tu pars vers l’est, ils partent vers l’ouest et vice-versa », poursuit-il. « Il faut créer des unités d’élite contre les terroristes, former des gens en local et intervenir avec l’appui aérien français. Pour cela, il faut plus de confiance entre les différents acteurs, arrêter les hostilités, suivre l’Accord de paix, reconstituer l’armée et envoyer des militaires appuyés par des forces locales. Il n’y a pas d’autres solutions, sinon on retournera à la situation de 2012 ». Un avis partagé par cette source sécuritaire malienne, qui estime que « la lutte antiterroriste demande la complicité et l’aide des populations locales, du renseignement, puis une connaissance du terrain. Malheureusement, ni les forces étrangères ni l’armée malienne n’ont cela ».

Dans la région de Kidal, certains ont commencé à se résigner à un retour des djihadistes. « C’est Iyad le commandant de bord à Kidal. Il détient toujours la réalité du terrain. C’est pour cela que les gens ne dénoncent pas. Si tu dénonces, demain tu seras le seul perdant. Barkhane, malgré l’arrivée du nouveau président français, ne fera rien pour nous, la MINUSMA non plus. Donc on se tient à carreau », résume, philosophe, ce commerçant de la région. Seul répit provisoire mais attendu, le ramadan, période de trève où les djihadistes suspendent leur activité, pour s’adonner pleinement à la religion. Mais d’autres en redoutent déjà la fin. « Beaucoup de gens ont peur qu’après le ramadan il y ait une grande offensive. C’est très possible avec tout le matériel que les djihadistes ont obtenu dans leurs attaques à Almoustarat et ailleurs au Mali et au Niger. Ils ont à peu près les mêmes moyens qu’avant l’intervention de Serval ».

 

Gamou et Acharatoumane à Paris, pour renforcer le dispositif sécuritaire de Ménaka

Face à la recrudescence des attaques dans le Nord, et à la lenteur dans la mise en place de l’accord de paix, les différents mouvements armés de la région de Ménaka ont décidé d’unir leurs forces pour y apporter de la quiétude. Les protagonistes de cette initiative sont en France pour obtenir du soutien de la part des autorités française engagées militairement au Mali depuis 2013.

Le général Ag Gamou chef militaire du groupe d’auto-défense touareg Imghad (Gatia), Moussa Ag acharatoumane, chef du mouvement pour le salut de l’Azawad, l’ancien gouverneur de la région de Kidal aujourd’hui ambassadeur du Mali à Niamey et Abdoul Majid Ag Mohamed Ahmad dit Nasser, chef des Kel Ansar, sont actuellement à Paris pour rencontrer des responsables militaires et politiques afin de demander un plus grand soutien à leurs patrouilles mixtes hybrides. « Nous avons rencontré des agents de la Défense pour des échanges informels, mais aussi des membres des affaires étrangères et tous ceux qui suivent le dossier Mali » affirme Moussa Ag Acharatoumane, chef du MSA. La composition d’un nouveau gouvernement en France ne semble rien changer à la donne. « Il y a des personnes qui ne changent pas dans ces deux ministères et qui suivent toujours le dossier malien » assure Acharatoumane.

Depuis quelques semaines maintenant, les deux mouvements armés et les forces armées maliennes (FAMA) mènent des opérations pour sécuriser la zone de Ménaka et juguler les attaques récurrentes des djihadistes ou des bandits armés. Des mesures ont été prises pour réguler la circulation des véhicules et des engins à deux roues, parfois très utilisés par les malfaiteurs pour commettre leurs exactions. La toute nouvelle région est l’une des rares avec Tombouctou où les autorités intérimaires ont déjà commencé à travailler conformément aux missions qui leurs sont assignées. A deux mois, des élections régionales prévues en juillet 2017, l’aide extérieure ne serait pas de trop face à la menace toujours pressante des djihadistes. Et en particulier, Adnane Abou Walib, ancien membre d’Aqmi qui a depuis prêté allégeance à l’État Islamique, et qui menace de perturber le processus électoral et par extension l’accalmie qui règne à Ménaka.

 

Mali: 5 morts dans l’attaque d’un groupe touareg par des jihadistes

Cinq personnes ont été tuées samedi dans le nord-ouest du Mali au cours d’une attaque visant un groupe armé touareg et attribuée à des jihadistes, a appris l’AFP auprès de ce groupe et de source militaire malienne.

« Notre base de Gargando (localité située à 170 km de Tombouctou), a été attaquée tôt ce samedi par des islamistes terroristes », a déclaré à l’AFP Oumar Ag Kéling, membre du Congrès pour la justice dans l’Azawad (CJA), joint par téléphone.

« Ils ont tué quatre de nos combattants, ainsi que le chef de village », a-t-il ajouté, indiquant que les assaillants seraient « de plusieurs nationalités, d’après les documents retrouvés sur place ».

Une source militaire malienne a confirmé cette information, affirmant que « ce sont les terroristes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi, ndlr) qui sont les auteurs de l’attaque, parce que le CJA devenait une force incontournable dans la région ».

Depuis plus d’un mois, le CJA – créé en octobre 2016 afin de revendiquer une plus grande place dans le processus de paix pour la communauté touareg des Kel Ansar, implantée dans le nord-ouest du Mali – s’oppose à l’installation à Tombouctou des autorités intérimaires prévues par l’accord de paix.

Cet accord a été signé en mai-juin 2015 par le gouvernement malien, les groupes armés qui lui sont favorables et l’ex-rébellion à dominante touareg.

Par ailleurs, au moins un combattant d’un groupe armé pro-gouvernemental a été tué vendredi dans la région d’Anefis (nord-est) au cours d’une attaque dont les auteurs n’ont pas été identifiés, a indiqué à l’AFP une source sécuritaire internationale.

Les autorités intérimaires, dont l’installation est prévue par l’accord de paix dans les cinq régions du nord du Mali, ont été mises en places avec plus d’un an de retard dans trois de ces régions: le 28 février à Kidal (nord-est), puis le 2 mars à Gao et Ménaka.

Cette disposition importante de l’accord n’est en revanche toujours pas entrée en vigueur dans les deux régions restantes, celles de Tombouctou et Taoudénit, en raison de tensions et de divergences sur le choix des personnes désignées pour y diriger ces autorités intérimaires.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes en ont été en grande partie chassés par une opération militaire internationale lancée en janvier 2013, à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU (Minusma), régulièrement visées par des attaques malgré la signature de l’accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes.

Wassim Nasr :  « Le temps joue en faveur des djihadistes »

Début mars, Iyad Ag Ghaly annonçait la formation d’un nouveau mouvement djihadiste, Jamaat Nusrat al-Islam wa-l-Muslimin (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), fusion d’Ansar Dine, d’AQMI au Sahel, d’Al-Mourabitoune et de la Katiba Macina. Wassim Nasr, journaliste et auteur de « État islamique, le fait accompli » (Plon), revient sur les motivations de cette inquiétante union djihadiste au Sahel.

Pourquoi ces 4 mouvements djihadistes ont-ils décidé de fusionner en un seul mouvement ? 

Ils ont fusionné parce que la situation géopolitique s’y prête. En même temps, cette formation s’est faite en opposition au processus de paix et à la mise en place des autorités intérimaires au Nord Mali. Cette nouvelle union qui regroupe différentes sensibilités, si je puis dire, ethniques, tribales et claniques de la région du Sahel, est dans la dynamique même de la politique d’Al-Qaïda : un ancrage solide qui s’accroche à un conflit local et des préoccupations locales. C’est comme ça qu’ils réussissent à chaque fois à faire perdurer leur mouvement dans le temps. Tant que le problème local n’est pas résolu, ils vont perdurer avec lui.

Cette union de mouvements djihadistes va-t-elle faire barrage à l’État islamique comme le disent certains observateurs ? 

Ce n’est pas juste en opposition à l’État islamique, c’est avant tout en application de la politique d’Al-Qaïda qui est d’unifier les groupes et de les ancrer sur des problématiques locales. Beaucoup d’experts sont sur l’État islamique parce que c’est l’actualité du moment, mais c’est beaucoup plus compliqué que ça. Ces djihadistes disent que le temps joue en leur faveur, c’est un souffle long. Cela en est l’application exacte. Ils ont attendu que le processus de paix et la mise en place des autorités se « cassent la gueule » pour lancer leur nouvelle formation qui va forcément attirer du monde. La patience et l’attente, c’est propre à Al-Qaïda.

Pourquoi le choix d’Iyad Ag Ghaly comme chef de cette union ?

Iyad Ag Ghaly n’est pas un choix anodin. Il a un ancrage local, des réseaux locaux et une influence locale qui pourra lui permettre d’attirer plus de monde dans son giron. C’est le meilleur candidat. C’est pour cela par exemple que l’on n’a pas choisi Mokhtar Belmokhtar, qui n’a aucun ancrage local ou tribal au Nord du Mali. Avoir un ancrage local solide est un aspect indispensable à toutes mouvances djihadistes, dont Al-Qaïda. C’est comme ça qu’ils fonctionnent depuis toujours. On a vu ça avec les Shebab en Somalie, au Yémen avec AQPA et avec le front Al-Nosra (Syrie) dans une moindre mesure aujourd’hui. Ce choix est un calcul.

Ont-ils de nouvelles revendications et qui visent-ils ?

Ils vont continuer sur la même veine, ils vont faire monter les enchères. Le but c’est toujours de frapper les forces étrangères au Nord du Mali et l’étendue de leurs opérations va bien au-delà. Cette nouvelle formation va avoir besoin d’un coup d’éclat quelque part. Est-ce que ça va être en France ? Est-ce que ça va être dans un pays africain au-delà du Sahel ? Parce que le Mali est maintenant habitué aux attentats et aux attaques de kamikazes, s’ils veulent faire un coup d’éclat, ils doivent aller au-delà. Il y a aussi une montée en puissance de la communication, par exemple contre la France. Alors frapperont-ils des intérêts français dans un pays africain ? Tout est possible.

Comment ont-ils pu se réunir sans que quiconque ne soit au courant ?

Ces gens-là sont rompus à la clandestinité, sinon ils seraient déjà tous morts depuis un bon moment. C’est très facile pour eux de voyager. On ne peut pas imaginer que dans une zone aussi grande que le Sahel, l’on puisse les suivre à la trace. On peut difficilement les appréhender avec des moyens techniques, même très importants. Il faut du renseignement humain et c’est compliqué. Ce que nous avons vu n’est qu’une mise en en scène. Ils se sont certainement réunis plusieurs fois avant pour mettre les choses au clair et ensuite l’annoncer au public.

Un nouveau enregistrement d’AQMI via l’aile médiatique d’Ansar Dine

La fondation Rimaah, aile médiatique du  mouvement Ançar Dine dirigé par Iyad Ag Ghali a diffusé un nouvel enregistrement sonore avec la voix de Abi Bara Sahraoui, l’un des leaders d’AQMI. Lequel y expose des stratégies terroristes, encourage ses éléments et fustige les mouvements signataires, le gouvernement malien ainsi que les forces internationales.

Cet enregistrement commence par des versets coraniques pour montrer l’importance du Jihad en Islam, la lutte contre les « infidèles » et la galvanisation des combattants. Dans ce document, l’orateur précise que de nombreuses attaques ont été perpétrées à l’aide de motos. Affirmant que cette stratégie va se poursuivre.

Il a demandé aux auteurs des attaques à persévérer et à maintenir la technologie des explosifs ainsi que le développement de sa fabrication. Avant de les conseiller de faire preuve de prudence lors de la pose des engins explosifs.

De même qu’il a insisté sur la nécessité de la patience et la préservation du sang des musulmans. Par ailleurs, il a appelé les musulmans du monde entier et à ceux du Mali particulièrement à protéger les terroristes et les poseurs de mines. Tout en les recommandant de s’éloigner des rassemblements des personnes qu’il qualifie de « croisés ». Aussi, il a déclaré que son organisation assistera tous les musulmans victimes de ces explosifs.

Il a conclu son propos par des critiques adressées aux mouvements signataires en promettant de les combattre s’ils ne changent pas de stratégie.

A noter que Abi Bara Sahraoui est l’un des cadres d’AQMI et responsable des prêches et inspirateur religieux à Tombouctou pendant l’occupation des régions du Nord du Mali, en 2012.

Toutefois, son intervention dans cet enregistrement diffusée par la fondation Rimaah, aile médiatique d’Ançar Dine suscite de nombreuses interrogations. Est-ce une adhésion à Ançar Dine ou une stratégie visant à montrer que cette fondation entend étendre son champ d’action.

Terrorisme : Arrestation de jihadistes qui planifiaient un attentat à Bamako

Deux individus maliens présumés jihadistes  ont été arrêtés en possession notamment de matériel de guidage GPS et de munitions, a appris vendredi l’AFP de sources sécuritaires. Ils sont soupçonnés d’avoir planifier un attentat suicide dans Bamako

« Lors de deux opérations distinctes à Bamako jeudi, les forces spéciales des services de renseignements maliens ont arrêté deux jihadistes qui s’apprêtaient à commettre un attentat de +grande envergure+ à Bamako contre des cibles étrangères », a affirmé à l’AFP une source de sécurité malienne.

« L’attentat était prévu pendant le sommet Afrique-France à Bamako des 13 et 14 janvier. Mais compte tenu des mesures prises pour le sommet, les jihadistes ont décidé de le reporter « en comptant sur l’absence d’un dispositif de sécurité rigoureux à Bamako », a indiqué la même source de sécurité.

L’information a été confirmée à l’AFP par une autre source de sécurité malienne.

Les deux personnes ont été arrêtées en possession d’un « matériel compromettant », ont indiqué les deux sources. Ce matériel comprend notamment un matériel de guidage « GPS, des munitions et du matériel d’explosion », a ajouté la deuxième source, sans donner plus de détail.

 Les deux suspects, de nationalité malienne, sont nés dans le nord , respectivement en 1988 à Gao, et autour de 1996 à Intillit, a précisé cette source de sécurité.

« Le premier est le logisticien qui a fait le repérage », tandis que le second devait être un « kamikaze », a indiqué la même source, affirmant qu’ils appartenaient au groupe Al-Mourabitoune du jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar.

Ce groupe, rallié à à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a notamment revendiqué l’attentat suicide du 18 janvier à Gao contre un camp de regroupement de formations armées signataires de l’accord de paix au Mali, qui a fait près de 80 morts.

Cette attaque s’est produite cinq jours après une visite du président François Hollande,en route pour le sommet Afrique-France, sur la base française de Gao.

Peu avant le sommet, plusieurs suspects soupçonnés de préparer des attentats visant la réunion avaient été arrêtés par les forces spéciales françaises, selon des sources de sécurité maliennes et occidentales.

Mokhtar Belmokhtar est-il mort ?

Mokhtar Belmokhtar, le chef djihadiste, serait mort en Libye. La France, aidée par les Etats-Unis, aurait, par une frappe aérienne, tué le djihadiste d’origine algérienne, selon un responsable américain.

Mokhtar Belmokhtar est il vraiment mort ? C’est en tous cas ce qu’affirme un responsable américain dans le Wall Street Journal. Le bombardement français qui l’aurait visé a eu lieu au mois de novembre, avec le concours de renseignements américains, et dans le Wall Street Journal, les responsables américains estiment que la frappe « a probablement été réussie », « étant donné le calibre du renseignement ».

Interrogé à ce sujet le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian, en visite à Washington lundi, n’a pas souhaité faire de commentaire. C’est la quatrième fois qu’est annoncé la mort du vétéran djihadiste rallié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Celui qu’on surnomme « Le Borgne » a déjà été donné pour mort à plusieurs reprises : en 2012 lors de la crise malienne entre islamistes et séparatistes touaregs à Gao, au mali par l’armée tchadienne en 2013, lors d’un raid aérien américain en Libye en 2015, et empoisonné en mars dernier selon un quotidien algérien. Cette nouvelle mort annoncée du leader du groupe Al-Mourabitoune serait-elle la dernière ?

Un porte-parole de la Défense, s’est montré dimanche dernier prudent, « nous continuons à évaluer les résultats de l’opération et fournirons plus de précisions de manière appropriée », a-t-il déclaré. En attendant cette ‘‘évaluation des résultats de l’opération’’, l’information de la mort de Mokhtar Belmokhtar reste donc pour le moment à prendre au conditionnel.

Le chef Djihadiste qui a survécu à des nombreuses tentatives d’assassinat, a fait partie du Groupe islamique armé (GIA), puis du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), une dissidence du GIA soutenue par Ben Laden, qui deviendra l’Aqmi, et avec lequel il entretiendra des rapports conflictuels.

Destitué en 2012, pour insubordination, en 2013, il fusionne son groupe armé avec le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), visées par l’opération française Serval, lancée en janvier 2013. Al Mourabitoune, le nouveau groupe dont il prend la direction, officialise son ralliement à Aqmi en décembre 2015. Belmokhtar aurait commandité l’assassinat de quatre Français en Mauritanie en décembre 2007, les enlèvements de deux Canadiens en 2008, et de trois Espagnols et deux Italiens en 2009, l’attaque de l’exploitation gazière d’In Aménas en 2013 et l’attentat du Radisson Blu le 20 novembre 2015.

Condamné à mort à deux reprises par la justice algérienne, La tête du chef djihadiste était mise à prix à prix pour cinq millions de dollars.

AQMI poste une vidéo de son otage roumain

Le groupe djihadiste Al Qaida au Maghreb islamique a mis en ligne une vidéo de son otage roumain. Détenu depuis plus d’un an, l’homme demande, en français, à son gouvernement de tout mettre en œuvre pour sa libération.

La vidéo a été distribuée par SITE, centre américain de surveillance des sites djihadistes. On y voit un Iulian Gherhut au teint blafard, à la barbe fournie réclamer à son gouvernement sa mise en liberté. Dans un français balbutiant ; il affirme assure être en bonne santé et affirme que la séquence a été tourné le 21 septembre. « Je demande à ma famille surtout à mon père Zeus, à ma mère Titilla, à ma femme Hayla et à tous mes frères et sœurs qu’ils fassent une solution avec le gouvernement de Roumanie à propos ma liberté. Je dis à vous que je pense à vous toujours » lançait-il.

Officier de sécurité dans une mine de manganèse de Tambao, dans le nord du Burkina Faso, il fut enlevé le 4 avril 2015 par cinq hommes armés. Son rapt avait par la suite été revendiqué par Al-Mourabitoune dirigé par l’algérien Mokhtar Belmokhtar. Initialement né de la fusion du MUJAO avec les signataires par le sang, le groupe a connu une scission lorsqu’en mai 2015, l’émir d’alors décide de se rallier à l’État Islamique. Belmokhtar et une frange du mouvement se désolidarise et décide de prêter allégeance à AQMI en décembre 2015.

Le groupe s’était fait discret depuis quelques temps après avoir vu la tête de son chef mise à prix à hauteur de 5 millions de dollar par le gouvernement américain. Mais à travers cette vidéo, nul doute qu’une demande de rançon suivra bientôt pour la libération de l’otage roumain.

https://www.youtube.com/watch?v=OacAg-jAuq0

Jeunes djihadistes : pris dans la toile de l’araignée

Au Mali, la pauvreté, le chômage, la corruption, l’insécurité, et l’absence de l’État dans certaines portions du territoire, exacerbe le désenchantement et les frustrations des populations, constituant un terrain propice pour les groupes djihadistes, qui ciblent en majeure partie les jeunes. L’extrémisme violent prôné par ces groupes, s’efface devant des raisons, souvent financières, qui poussent ces jeunes à s’enrôler.

« Je les ai rejoint pour faire vivre ma famille ». « Comme l’État n’est pas là, chacun se protège comme il peut ». « J’ai rejoint le MUJAO car j’ai vraiment aimé leur manière de convaincre les gens, leur justice et leur droiture ». Ces témoignages sont ceux de jeunes combattants, logisticiens, informateurs, chauffeurs, des anonymes, qui ont répondu à l’appel des ces groupes extrémistes violents pour tenter de changer leur quotidien, protéger ou nourrir leur famille, et dans une moindre mesure, par conviction religieuse. On les nomme communément djihadistes, et au sein des katibas, ils sont des moudjahidines qui servent les objectifs des groupes extrémistes.

Le déclenchement de leur radicalisation prend généralement racine dans les problèmes sociaux que vivent les populations et que la propagande des groupes extrémistes sait reprendre à bon compte. « Beaucoup de gens se sentent marginalisés, comme dans la région de Mopti. Ils ont vu dans ces mouvements djihadistes une façon de se rehausser, avec les armes, de devenir puissants dans un esprit de vengeance. La pauvreté, les jeunes sans travail qui peuvent gagner 100 000 à 200 000 francs CFA pour livrer des informations à ces groupes, ou pour les aider à recruter, c’est de l’argent facile qui attire nombre d’entre eux », explique le Dr Fodié Tandjigora, sociologue, qui a participé à une étude de l’institut ISS Africa de Dakar, parue en août 2016, qui traite de la radicalisation des jeunes au Mali et de la part du religieux comme du chômage dans ce phénomène. Menée par 14 chercheurs dont 10 Maliens, elle est basée sur des entretiens menés avec plus de 60 ex-engagés, et remet en cause certaines idées reçues sur cette problématique centrale pour la stabilité du Mali et pour la sécurité des pays voisins.

Les facteurs d’incorporation sont parfois plus singuliers, comme à Gao, où nombre de jeunes, diplômés sans travail, ont rejoint le MUJAO pour pouvoir profiter des avantages du cantonnement et intégrer l’armée malienne, « où on ne rentre que par connaissance ou en y mettant le prix », avaient-ils justifiés.

Selon les résultats de cette même étude, l’ensemble des individus ayant rejoint ces mouvements l’on fait moins à cause de la religion que pour des facteurs économiques ou communautaires, malgré le discours politique. « Les jeunes que nous avons rencontrés évoquent différentes raisons à leur basculement, mais pourtant ils sont toujours perçus comme des djihadistes », ajoute le Dr Tandjigora.

Devenir un frère de sang Si l’appât du gain est la principale raison qui amène ces jeunes à intégrer les groupes extrémistes, une fois cooptés, les promesses de richesses font place à la désillusion : ils se rendent compte que le salaire n’est pas assuré. Les groupes djihadistes gagnaient beaucoup d’argent avec les rapts d’Occidentaux. Ils en gagnent moins depuis l’intervention Serval. « Avant il était fréquent de voir des jeunes à Kidal payer des motos cash en euros et laisser des pourboires », explique cet employé d’une ONG de la région. Mais une fois le piège refermé sur eux, partir n’est plus possible ou ils s’exposeraient, ainsi que leur famille, à des représailles. Commence alors les formations idéologiques avant les formations militaires qui peuvent durer des semaines ou des mois pour les faire devenir des « frères de sang ». « Ils sont formés à toutes sortes d’armes et la formation idéologique ne s’interrompt jamais. Ils arrivent à te dégoûter du monde contemporain pour te concentrer sur l’au-delà, t’apprendre comment faire dans ce bas monde pour accéder au paradis », affirme cet habitant de Kidal.

Quand ces jeunes rentrent dans un groupe, la confiance ne leur est pas accordée directement. Ils accomplissent les basses besognes des jeunes recrues : la lessive, le ménage, des travaux. On les teste, et notamment leur capacité de résistance. Ce n’est vraiment que quand ils ont gagné la confiance de leurs chefs qu’on les envoie en mission. « Beaucoup d’entre eux ont réussi à quitter le mouvement avant de passer à l’acte. D’autres ne voyant pas venir les sommes promises ont vite décampé », résume le Dr Tandjigora.

Se repentir Ceux qui ont quitté ces mouvements sont les repentis. On les compte par centaines dans la région de Kidal. Certains rejoignent les mouvements armés signataires de l’accord de paix ou prennent un travail et tentent de se réinsérer dans la société. « Ceux qui en reviennent disent qu’ils ont été embarqués dans des histoires qui ne servaient pas leur cause. Il y en a d’autres qui prennent ça pour une expérience de la vie. On les a aguerris, ça leur à ouvert les yeux sur beaucoup de choses », explique cette source proche des mouvements.

Ce passage dans l’extrémisme violent laisse souvent une marque indélébile avec laquelle ils doivent apprendre à vivre. Ces repentis partent souvent s’installer dans d’autres zones, où ils n’auront pas à affronter la stigmatisation. « En général, les repentis se positionnent d’abord en victimes, et disent s’être enrôlés sans se rendre réellement compte, bien que pour nombre d’entre eux c’était un acte réfléchi », explique le sociologue.

 Menace djihadiste Pour contrer le recrutement des jeunes attirés par les sirènes du djihadisme, aucune organisation n’existe au Mali. Dans la région de Kidal, les grands marabouts sont les seuls à oser défier les chefs djihadistes dans leurs prêches. Pour ce cadre du MNLA, qui traque ces combattants extrémistes au quotidien, « le djihadisme est la menace la plus importante dans la région de Kidal, car ces groupes n’ont aucune politique à part celle de détruire. Cela nous met dans une position d’isolement, d’embargo, qui transforme nos villes et villages en cimetière », déclare-t-il.

Selon lui, les katibas au Nord de Kidal ne compterait pas plus de 200 combattants et l’Algérie faciliterait le passage de ces groupes de part et d’autre de sa frontière. Mais le gros de la menace djihadiste se déplacerait dans le centre du pays. « Les djihadistes sont en train de recruter beaucoup plus dans le Macina que dans le Nord. Ansar Dine et AQMI se sont rassemblés et ils s’appuient maintenant sur la communauté peule. Iyad Ag Ghaly a constaté qu’il perdait beaucoup de cadres avec Barkhane, donc il essaie d’attirer la France vers le centre. Ils intensifient les opérations dans cette zone et créent des groupes qui recrutent des gens qui se sentaient un peu isolés et qui ne s’intéressaient pas à la politique de l’État ou à la sécurité », explique-t-il. L’ancien chef rebelle devenu terroriste serait dans l’attente du moment opportun. Une phrase qu’il a prononcée il y a quelques mois semble sonner comme un avertissement : « Je suis l’araignée. La mouche est beaucoup plus rapide, mais l’araignée mange les mouches. Je ne suis pas pressé et comme l’araignée je tisse ma toile. J’essaye d’éliminer tous ceux qui sont entre moi et les mécréants (Français) ».

Gao: forte explosion et tirs entendus ce mardi

La ville de Gao est en état d’alerte dans la nuit de 31 mai 2016. Deux personnes ont été tuées dans une attaque avant qu’une voiture piégée n’explose devant le camp de la MINUSMA

Ce mardi 31 mai, aux alentours de 20h45, la ville de Gao a été secouée par une violente explosion. Des témoins évoquent des tirs d’armes automatiques, d’autres parlent d’obus, toutes les déflagrations provenant du même secteur de la ville. Il s’agirait d’une attaque visant le camp abritant le contingent chinois de la MINUSMA aux environs du quartier Chateau-Extension. Des hélicoptères ont survolé la ville cette nuit du mardi au mercredi pour renforcer la surveillance aérienne. Selon les rapports préliminaires de la MINUSMA, un casque bleu été tué, trois casques bleus grièvement blessés et plus d’une dizaine des membres du personnel de la MINUSMA, dont des civils, ont été légèrement blessés et ont reçu le traitement médical requis. Les dégâts matériels sont en cours d’évaluation et les informations préliminaires indiquent que des conteneurs de logement du personnel ont été détruits.

Cette attaque au mortier ou à la roquette contre la MINUSMA a été suivie d’une autre attaque. Des tirs à l’arme légère ont été dirigés contre le batîment abritant des prestataires de service de l’agence de lutte anti-mines UNMAS. Deux agents de sécurité ont été tués tandis qu’une autre personne a été blessée. Selon le compte Télégram D’AQMI, la katiba Al-Mourabitoune de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar aurait revendiqué l’attaque.

Attentat de Grand-Bassam : le conducteur du véhicule des djihadistes arrêté

Un membre du groupe terroriste qui a perpétré l’attaque de Grand-Bassam le 13 mars dernier a été arrêté jeudi 26 mai à Abidjian. Il serait le conducteur du 4/4 qui a transporté les armes et acheminé le commando.

La police ivoirienne a annoncé avoir arrêté, jeudi 26 mai, un membre du groupe terroriste responsable de l’attaque de Grand-Bassam, le 13 mai dernier, qui a fait 19 morts. Cet homme serait le conducteur du véhicule transportant les armes qui ont servi à l’attaque. Selon les premiers éléments de l’enquête, ce véhicule aurait été utilisé au Burkina Faso et au Mali à la même période que les attentats terroristes qui ont frappé ces deux pays.

Cette arrestation fait suite à une série d’interpellations ayant eu lieu particulièrement au Mali, notamment l’arrestation le 27 mars dernier de deux Maliens à Gossi et à Goundam au Nord-Mali et dans le quartier de Magnanbougou à Bamako.

Les suspects arrêtés ont été interrogés et auraient donné de précieuses informations ayant permis aux forces de sécurité de démanteler des cellules terroristes dormantes. « Aujourd’hui ce sont 83 personnes qui ont été interpellées , dont 16 qui ont un lien direct avec l’attentat. Les autres ont des liens plus ou moins apparents, donc on a besoin de faire des vérifications », a déclaré le ministre ivoirien de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, appelant à lutter « contre la radicalisation des jeunes ».

Le principal suspect et présumé cerveau de l’attaque, Kounta Dallah, est toujours en fuite. Certaines rumeurs rapportent qu’il se trouverait quelque part entre Kidal et la frontière algérienne.
Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) avait revendiqué l’attaque perpétrée le 13 mars dernier, en réponse à l’opération antijihadiste au Sahel menée par la France et ses alliés. La Côte d’Ivoire a aussi été visée par les terroristes pour avoir livré quatre membres d’Aqmi aux autorités maliennes. Le Mali, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso sont les 3 pays d’Afrique de l’Ouest qui ont été frappés par des attaques terroristes ces 7 derniers mois.

COMMANDITAIRES : Une nébuleuse djihadiste, toujours plus complexe

Deux groupes ont revendiqué l’attentat de l’hôtel Radisson. D’abord la katiba Al-Mourabitoune, puis le Front de libération du Macina. Une menace multiforme qui laisse entrevoir des passerelles entre les divers groupes salafistes au Sahel.

L’hôtel Radisson, a été la cible vendredi 24 novembre 2015, de djihadistes toujours plus déterminés à frapper au moment où l’on s’y attend le moins et à saper les efforts de stabilisation au Mali. Cette dernière attaque vient montrer la capacité de groupes terroristes comme Al-Mourabitoune (les Signataires par le sang) et AQMI (Al-Qaeda au Maghreb islamique) à ne plus se cantonner aux attaques dans le nord. Elle prouve aussi qu’entre ces différents groupes, il existe des passerelles étroites. La présence de membres d’origine nigériane au sein de l’organisation Al-Mourabitoune fait penser à une corrélation avec le groupe extrémiste Boko Haram qui opère au Nigeria et au nord du Cameroun et s’illustre par des tueries barbares en ayant recours à des kamikazes. « Ces groupes ont les mêmes objectifs et ont souvent des actions coordonnées. Ils cherchent des cibles symboliques où il y a des regroupements d’étrangers, avec la garantie d’une résonance médiatique importante», souligne à juste titre l’ancien ministre de la Défense, Soumeylou B. Maïga.

En effet, pour la seule année 2015, le Mali a été frappé au moins cinq fois sur son territoire par les groupes terroristes: Al-Mourabitoune, que dirige Mokhtar Belmokhtar, un djihadiste d’origine algé- rienne, le Front de Libération du Macina dirigé par le prédicateur Amadou Koufa, la katiba Khaled Ibn Al Walid ou encore le mouvement Jund Al Kilhafa qui prêta allégeance à Daesh, mais aussi les cellules actives issues du Mujao ou du mouvement Ansar Dine d’Iyad Ag Ghaly. Une manière de transporter le danger partout.

Ces 3 dernières années, le maillage des forces nationales et internationales appuyé par l’opération Barkhane, a fait subir des pertes lourdes à ces groupes extrémistes qui ont considérablement réduit leur marge de manœuvre », rappelle encore l’expert. Quant aux revendications d’Al-Mourabitoune et d’Aqmi, diffusé sur Al-Jazeera pendant l’attaque, elles exigeaient la libération des détenus djihadistes maliens et la fin de « l’agression » des populations au nord du Mali.

Le polisario : une sérieuse menace sécuritaire pour l’Afrique et l’Europe

C’est aussi à  Tindouf, o๠AQMI s’approvisionne, par la même occasion, en armes récupérées des dépôts libyens lors du soutien des polisariens à  Kaddafi. Ce renforcement des effectifs d’AQMI par des miliciens du polisario répond à  une stratégie de recrudescence de ses activités dans la bande sahélo-saharienne et de sa coopération avec d’autres mouvements jihadistes qui sévissent en Afrique, notamment avec Al Mourabitoune, Ansar Dine, les Chebab, le MUJAO, Boko Haram, le Groupe des Partisans de la Maison Sacrée et autres organisations extrémistes. Dans cette nouvelle stratégie, il a été observé un partage des tâches. Le groupe Al Mourabitoune, dirigé par l’algérien Mokhtar Belmokhtar, s’attèle à  tisser des relations étroites avec des mouvements jihadistes en Tunisie, en Libye, au Soudan, en Egypte et au Nigéria afin de multiplier les attentats terroristes dans ces pays et de frapper les populations musulmanes. De son côté, AQMI, a pour mission de procéder au recrutement de jihadistes, essentiellement des mercenaires polisariens, pour perpétrer des attentats dans les pays de la région sahélo-saharienne et renforcer humainement les autres mouvements terroristes de la région. AQMI est également chargé de d’assurer la bonne assise financière des groupes terroristes pour garantir le financement adéquat des opérations terroristes et l’acquisition, de nourriture, d’armements, de véhicules, d’essence, etC’… Dans ce cadre, et avec la collaboration de certains mouvements qui pullulent dans la bande sahélo-saharienne, AQMI, avec l’assistance du polisario, pratique l’enlèvement d’otages occidentaux, s’adonne au trafic de drogue, à  la criminalité transnationale et à  la traite d’êtres humains. l’implication directe du polisario dans ces trafics a été révélée en septembre 2010 avec l’arrestation de Didi Ould Mohamed, un grand ponte polisarien impliqué dans l’affaire du «Boeing de la coke» en date de novembre 2009. Une arrestation qui a confirmé que le trafic de cocaà¯ne partait de l’Amérique Latine pour arriver en Europe via les camps de la honte de Tindouf o๠sont embastillés des milliers de sahraouis marocains. Un trafic qui enrichit les pontes du polisario, de l’Algérie, les généraux algériens et autres hauts responsables de zone sahélo-saharienne. Pour mémoire, l’équipage de cet avion, qui avait atterri sur une piste de fortune à  Gao (Mali), a été exfiltré par certaines parties maliennes afin de ne pas éventer l’implication de certains pays voisins du Mali. Il est vrai que la bande sahélo-saharienne a toujours constitué une route commerciale très prisée. Depuis, ces pistes ancestrales sont utilisées pour convoyer des armes, des cigarettes, de la drogue, des esclaves et des êtres humains. Des trafics juteux qui prennent le chemin de l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Asie et qui bénéficient à  de nombreux fonctionnaires, militaires et Chefs d’Etats de pays de la Région. Parmi ces Chefs d’Etat, de graves soupçons pèseraient sur l’actuel Président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz, considéré comme le parrain des trafiquants de drogue de la région par de nombreux experts. D’ailleurs, la Mauritanie, sous sa présidence, est devenue la plaque tournante du trafic de drogue dure en Afrique ; une information qui avait été révélée par «Carnegie Endowment for International Peace» dans son rapport en date de septembre 2012. Une implication du Président mauritanien dans ce trafic de drogue qui expliquerait sa récente intervention dans le conflit du septentrion malien afin de protéger ses intérêts et ceux de ses protégés que sont AQMI, le MUJAO, El Mourabitoune, le polisario et certains groupes touaregs. Une implication du Chef de l’Etat mauritanien dans les affaires maliennes qui aurait pour objectif d’assurer à  ses affidés, dont, Al Mourabitoune, la maà®trise de cette zone essentielle pour le contrôle des trafics. En outre, il y a lieu de souligner, qu’aujourd’hui, avec la complicité des autorités algériennes, la région sahélo-saharienne est devenue une véritable poudrière. En effet, il a été constaté que des activistes de Boko Haram ont réussi à  s’introduire au Niger et Tchad, que les Shebab s’activent de plus en plus en Somalie, au Kenya et en Ethiopie, menaçant le Sahel, que le Mouvement pour la Justice l’Egalité, dirigé par Gibril Ibrahim, s’anime au Darfour, alors que le Général Bada Laddé, leader du Front Populaire pour le Redressement, menace le Tchad à  partir du Nord de la Centrafique et appelle à  une grande alliance entre Touaregs, AQMI et polisario. Le polisario et ses soutiens mauritaniens et algériens constituent donc bel et bien une menace pour la sécurité et la stabilité de toute la région sahélo-saharienne mais aussi de l’Afrique et l’Europe. Enfin, et pour clore ce papier, la preuve que l’Europe est bien menacée par ces groupes terroristes, a été apportée par Samuel Laurent dans son enquête titrée «Al Qaida en France» parue aux éditions du Seuil en mai 2014. Elle est éloquente et atteste qu’un haut responsable de ce groupe terroriste est déjà  positionné en France o๠il gère de nombreuses caches d’armes, dont une toute proche de Paris. Parmi les armes des SA24 Grinch, des lanceurs Kornet H133, des centaines de kilos de Semtex, des fusils Barett M-82 et des mortiers de 82mm. Sans autre commentaire ! Des assertions qui ont été réaffirmées récemment par le chercheur suédois Magnus Norell, Conseiller auprès de la Fondation Européenne pour la Démocratie, lors d’une récente rencontre initiée par le think thank «Stokholm Free World Forum», dont il est un membre actif et reconnu pour ses analyses pertinentes.

Belmokhtar, vivant et toujours dangereux

Non, Mokhtar Belmokhtar n’est pas mort. Il n’a pas été tué comme annoncé par Paris. Il se trouverait, selon AQMI, en Lybie d’o๠il planifie sa prise de contrôle sur tout le Sahel. «Depuis quelques temps, nous avons la preuve que Mokhtar Belmokhtar, de nationalité algérienne, l’un des plus dangereux islamistes algériens qui opérait dans le nord du Mali, s’est retiré en Libye pour éviter d’être arrêté ou tué. Du territoire libyen, il entend contrôler tout le Sahel», a déclaré une source sécuritaire malienne. L’information a été confirmée par une source sécuritaire nigérienne et par une autre source proche de la mission de l’Onu au Mali (Minusma). Les chefs jihadistes revenants ? Celui qu’on surnomme «Belawar» («le borgne» en arabe) ou Khaled Abou al-Abbas, Belmokhtar serait donc encore vivant, alors qu’il avait été donné pour mort, «tué» par l’armée tchadienne au Mali le 2 mars 2013, une information ensuite démentie par Al-Qaà¯da et qui avait été toujours démentie par le gouvernement français. «Tout le monde est d’accord aujourd’hui qu’il n’était pas mort. Il était toujours actif mais s’est installé depuis un moment en Libye», a précisé la source sécuritaire proche de la Minusma. Belmokhtar avait en 2012 fait scission d’avec Aqmi et crée son propre mouvement, «Les Signataires par le sang», avec lequel il a mené la prise d’otages sanglante d’In Amenas. Cette attaque avait eu un retentissement planétaire en raison de la présence de nombreux étrangers parmi les otages, dont 37 ont été tués. Le 3 juin 2013, la tête de Belmokhtar a été mise à  prix par les à‰tats-Unis. Washington le considère comme «l’un des plus dangereux terroriste du Sahel» et sa tête a été mise à  prix. On apprend également ce lundi 14 avril par l’agence privée d’information mauritanienne ANI qu’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) a démenti, samedi dernier, la mort d’un de ses chefs annoncée par Paris et un responsable de l’armée malienne en mars dernier. Dans un entretien avec un porte-parole de l’organisation, Abou Assem Al-Mouhajir, ce dernier déclare que “M. Omar Ould Hamaha est bien vivant. Il n’a pas été tué par les Français contrairement aux déclarations du ministre français de la Défense (Jean-Yves Le Drian) et des médias français”. « Les Français ont annoncé ces derniers temps la mort d’un grand nombre de moudjahidine, mais ceci est sans fondement » a-t-il encore déclaré. Il a mis Paris en demeure de fournir “la moindre preuve” de ses déclarations sur la mort de djihadistes. M. Le Drian avait annoncé le 20 mars la mort au Mali d’une quarantaine de djihadistes, dont Omar Ould Hamaha. « Depuis quelques semaines, nous avons mené des opérations qui ont permis de neutraliser plusieurs dizaines de terroristes qui tentaient de se regrouper », avait-il déclaré sur une chaine de télévision française. La mort d’Omar Ould Hamaha, surnommé “le Barbu rouge” et recherché, notamment, par le Mali et les à‰tats-Unis, avait déjà  été annoncée le 14 mars par un haut responsable de l’armée malienne. On serait tenté de se demander sur quelles informations étaient fondées les précédentes annonces. La recrudescence de la violence dans le nord du Mali et l’instabilité chronique en Lybie laissent aujourd’hui voir que ces chefs jihadistes conservent de l’influence et des militants dans ces pays. Une menace à  prendre au sérieux, au vu de la capacité de nuisance de ces individus. Et de leurs groupes (katibas) respectifs. On craignait d’avoir affaire à  une hydre, il semble que ce soit plutôt des phoenix…

Comment Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont croisé la mort à Kidal

Lorsque Claude Verlon et Ghislaine Dupont arrivent à  Bamako le vendredi 25 octobre, ils sont heureux à  l’idée de faire des sujets sur la réconciliation nationale dans le cadre de la grande opération spéciale que préparait RFI les 7 et 8 novembre à  Bamako.  » On a tellement bossé dessus, on voulait montrer que les populations du Nord Mali sont pour la paix et l’unité », confie leur collègue Christine Muratet lors de la cérémonie funèbre organisée avant le rapatriement de leurs corps à  Paris. Ghislaine Dupont et Claude Verlon n’en sont pas à  leur premier coup d’essai. Habitués de l’Afrique, des terrains sensibles comme le Congo Kinshasa d’o๠Ghislaine fut expulsée en 2006 ou encore la Côte d’Ivoire pendant la crise politique, ils ont souvent travaillé ensemble. Les deux reporters en étaient à  leur deuxième voyage au Mali, après l’élection présidentielle de Juillet o๠ils avaient couvert le vote à  Kidal. « J’ai voyagé avec eux, j’ai beaucoup discuté avec Ghislaine et Claude dans l’avion « , témoigne Ousmane Ndiaye, l’un des correspondants de TV5 Monde à  Bamako. Ce dernier reste très ému par leur mort et n’a pas souhaité en dire plus. Direction Kidal Sur place, Ghislaine Dupont et Claude Verlon entament rapidement les démarches pour se rendre à  Kidal le vite possible. Samedi 26 octobre, le lendemain de leur arrivée, on les verra au Parc National de Bamako, à  la journée des Nations Unies. Ils y étaient pour prendre contact et rencontrer la Minusma, et organiser leur voyage à  Kidal :  » Ils ont demandé à  ce que nous les transportions jusqu’ à  Kidal, confie cette chargée de l’information. Nous avons accepté et leur avons fait signé un document nous désengageant, car une fois à  Kidal, ils seraient responsables de leur propre sécurité. J’avais encore ces documents sur la table, samedi, lorsqu’on m’a appelé pour m’informer de leur enlèvement », poursuit-elle, émue. Ghislaine Dupont et Claude Verlon étaient-ils trop pressés d’arriver à  Kidal ? C’est l’avis d’un journaliste malien, qui les connaissait : » Lorsqu’elle arrive à  Bamako, Ghislaine Dupont prend du temps pour se reposer, voir des amis, mais cette fois, elle avait hâte d’aller au nord ». Confiante en la mission, elle avait depuis Paris, contacté des responsables du MNLA. Quelques jours plus tard, les deux reporters sont à  Kidal. Ils y sont à  l’aise et testent leur matériel devant foules et témoins, rencontrent les autorités et des responsables locaux. Sur place, la présence des deux français est vite repérée.  » S’ils se sentaient en confiance », confie en sourdine Mme Chekchik, l’épouse d’un membre influent de la communauté touareg, c’est que le MNLA a du leur dire, venez, nous contrôlons Kidal, et vous n’avez rien à  craindre. Et turbans sur la tête ou pas, à  Kidal, chacun sait qui est qui… ». Affirmation osée, mais qui va dans le sens de tous ceux qui accusent le groupe rebelle d’être complice de l’enlèvement des deux journalistes français. Du reste, qu’Ambéry Ag Ghissa déclare avoir été sommé de  » rentrer » au moment o๠les deux français sont enlevés, continue d’étonner. Et l’autre thèse qui évoque l’arrivée imprévue des deux reporters, chez Ambéry Ag Ghissa, est plus qu’improbable… Flou autour de l’enlèvement Comment Ghislaine Dupont sont -ils arrivés au domicile d’Ambéry Ag Ghissa sans escorte ? Comment ont-ils pu sortir de la maison du responsable du MNLA et se faire enlever sans qu’aucune intervention n’ait eu lieu. Ambéry Ag Ghissa, haut responsable politique du MNLA vit-il sans garde rapprochée ? Autant de zones d’ombres qui laissent penser que les deux français étaient suivis, épiés et attendus. Mais l’alerte sera vite donnée après leur enlèvement. « Une patrouille au sol et deux hélicoptères Serval, qui ont décollé de Tessalit, ont entrepris de prendre en chasse les ravisseurs », précise l’état major français. « Kidal est une petite ville et il n’y a pas mille et un chemins pour sortir de la ville.  » Lorsque les Français disent qu’ils n’ont pas établi de contact visuel, cela laisse place au doute », affirme un militaire de la Minusma en poste à  Bamako. Ghislaine Dupont et Claude Verlon, selon une première thèse, ont été tués par balle puis abandonnés à  quelques mètres du véhicule des ravisseurs à  12km au nord de Kidal. L’enquête avance, et la katibat, qui aurait organisé le coup étant identifiée comme celle d’Abdelkrim El Targui, réputé sanguinaire, laisse penser qu’ils « auraient été égorgés ». Sont-ils morts à  cause de la panne du véhicule ou parce que les ravisseurs s’estimant poursuivis , ont préféré les exécuter froidement ?  » C’est en général la technique d’AQMI et chaque fois qu’il y a une opération visant à  libérer les otages, et qu’elle tourne mal, AQMI exécute les otages », précise cet expert du Sahel. Victimes collatérales La mort de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon aurait-elle pu être évitée ? Les questions demeurent mais toujours d’après cet expert du Sahel, les ravisseurs auraient pu vouloir prendre les deux français comme monnaie d’échange. On sait désormais qu’Iyad Ag Ghali, l’ex chef d’Ancar Dine, a été un médiateur dans la libération des 4 otages d’AREVA. On l’accuse d’avoir fui avec l’intégralité du butin et Targui son cousin, chef de la katibat « El Ansar », d’avoir voulu prendre les deux français comme monnaie d’échange potentielles pour calmer les ardeurs de tous ceux qui ont été impliqués dans la libération des otages d’Areva. Leur mort résulterait alors du mécontentement de certains bandits qui n’auraient pas eu leur part du butin. En outre, un autre suspect, Bayes Ag Bakabo, serait impliqué dans l’enlèvement des deux journalistes puisque c’est son véhicule, une totoya pick up beige, dans laquelle des preuves auraient été retrouvées, qui aurait servi à  l’opération, puis été abandonné à  quelques kilomètres du corps de Ghislaine Dupont et Claude Verlon.L’enquête elle se poursuit et plusieurs suspects ont été appréhendés. Mais qu’en est-il de l’interview que les deux journalistes ont réalisé avec Ambéry Ag Ghissa ? Que se sont-ils dit ? La direction de RFI a t-elle pu récupérer ces enregistrements ? De ces éléments, on ne sait rien pour le moment… Sauf que leur contenu pourrait apporter de nouveaux éclaircissements dans l’affaire…

Mali : ce qu’a tenté l’armée française après l’enlèvement des envoyés spéciaux de RFI

Outre les deux hélicoptères de Tessalit, à  qui le quartier général de Gao a donné l’ordre d’annuler une mission prévue pour décoller en urgence, deux Rafale ont été déroutés d’une opération dans l’extrême nord du Mali pour tenter d’intercepter les ravisseurs. Hélicoptères et avions arrivèrent tous sur la zone sans avoir pu intervenir. C’est un convoi parti par la piste vers l’est, en direction de Tin-Essako, qui a découvert le véhicule des ravisseurs à  14 h 30, soit une heure après l’alerte donnée par un habitant de Kidal à  la force Serval. RAFALE, Hà‰LICOPTàˆRES ET PATROUILLE AU SOL Les Rafale sont arrivés sur ce point, à  12 km de la ville, en même temps que cette patrouille au sol, a expliqué le colonel Gilles Jaron, porte-parole de l’état major de l’armée française. Selon lui, « en fouillant les approches », pour s’assurer que la zone n’était pas piégée, les militaires de la patrouille au sol découvrirent les corps sans vie des deux envoyés spéciaux « aux alentours de 14 h 50 ». Les hélicoptères sont arrivés eux quarante minutes plus tard, compte tenu des distances, près de 250 km, entre Tessalit et Kidal, o๠aucun appareil n’est stationné en permanence. « Une force capable de réorienter un avion de chasse configuré pour une mission donnée, ainsi que d’autres moyens, en cinquante minutes est une force très entraà®née », a justifié l’état-major en réponse à  des questions de la presse sur la réactivité de Serval. à‰VITEMENT ET ARMEMENT Aucune précision n’a été fournie sur la façon dont les ravisseurs ont pu ou non être pistés par la suite ; leur véhicule abandonné, ils ont pu être emmenés par un autre pick-up. « Des actions combinées de renseignement se poursuivent », a simplement ajouté le colonel Jaron. Douze hélicoptères de Serval sur seize – pour ce qui concerne les forces conventionnelles – étaient mobilisés ces jours derniers pour l’opération Hydre. Cette vaste opération de contrôle de zone a été menée du 20 octobre au 3 novembre avec 1 500 soldats français, maliens et onusiens. Elle n’a, officiellement, pas permis d’arrêter ou de neutraliser de chefs djihadistes. Dans la région de Gao, ces derniers n’ont pas cessé de s’armer, selon les sources militaires françaises, mais ils poursuivent leur stratégie d’évitement : « Nous avons eu confirmation de leur mode d’action. A l’approche des forces, l’adversaire tente d’échapper au combat. Et nous n’avons pas retrouvé d’armement significatif », a encore précisé le colonel Jaron. UNE IMPORTANTE PLATEFORME LOGISTIQUE NEUTRALISà‰E Des sources sur le terrain avaient cependant révélé au Monde que des caches d’armes « résiduelles » avaient été découvertes. L’état-major a annoncé jeudi qu’une plateforme logistique importante a été neutralisée près de Tombouctou. Organisée de façon militaire, « comme l’aurait fait l’armée française », elle comportait en plusieurs lieux du ravitaillement, des véhicules, et des moyens de soutien aux combattants. Entre juin et octobre, soit les cent vingt premiers jours de Serval II, les Français ont été en opération pendant quatre-vingt-dix jours au total. Trente tonnes d’armement et une tonne et demie de matières explosives ont été découvertes, ainsi que des ateliers de fabrication de bombes artisanales. Deux accrochages seulement se sont produits. Le premier le 14 septembre à  Bourem, o๠Serval a fait trois prisonniers, l’un étant mort de ses blessures. Le second à  Tombouctou le 1er octobre, au cours duquel les forces spéciales ont tué 10 djihadistes.

Crimes de Kidal : le pont du verlan

Ils sont venus au Mali pour juste informer. Ils en sont repartis sans vie. Ghislaine est devenue le PONT de deux mondes antagonistes. Claude confirme pour sa part que ces deux mondes parlent un VERLAN différent. Triste sort. Tragique sort que cette mort par balle de deux journalistes courageux et professionnels jusqu’au dernier soupir. Ils n’ont jamais voulu faire du journalisme au chéquier en se contentant d’interviewer des autorités confortablement installées dans les salons douillés de Bamako et prêtes à  pérorer sur ce qui se passe dans le septentrion malien. Ghislaine tissait sa laine pour verrouiller l’information recueillie à  la source. Claude l’épaulait pour refuser la fin décrétée de cette guerre lâche qui n’en est qu’à  son aube dans le nord du Mali. Ces écrits ne sont pas une ode pour Claude et Ghislaine. Non, ils tirent la sonnette d’alarme d’autant que rien ne justifie cette tuerie barbare. Un stylo, un micro et une caméra ne peuvent s’opposer à  un fusil. Les auteurs de ce double crime le savent mais que valent nos écrits et notre indignation devant ces criminels froids obnubilés par le fric et les fesses et agissant sous le coup de la foi ? Nos mots sont du Verlan pour ces criminels sinon ils auraient compris que Ghislaine constituait un Pont entre leurs revendications et la communauté internationale. Dommage, ils ne pouvaient pas comprendre, ils ne comprennent pas. Ils ne connaissent que le langage des armes et la politique du bas de ceinture. Un fait demeure : les confrères sont partis, nous perdons en eux deux professionnels chevronnés, deux êtres charmants et attachés à  un journalisme de qualité. Une exigence s’impose : tous doivent accepter que la crise malienne est loin de connaitre son épilogue, autrement dit les djihadistes ne lâcheront rien et utiliseront tous les interdits pour se faire entendre. Il faut oser le dire : la pacification du septentrion malien ne se fera pas sans la France et ses partenaires Onusiens obligés de ne plus ménager le MNLA et ses phalanges. La vérité est une pilule amère qui confrontée à  la réalité indexe une race couvée et des mouvements à  décapiter faute de quoi d’autres Ponts s’effondreront et des «Â Ver » plus longs seront déclamés pour pleurer d’autres Ghislaine et Claude dans cet enfer des caà¯ds connus de KIDAL. Que dalle ! Comme le dit si bien Patrick BRUEL «Â je casse ma plume » devant ces crimes infâmes le temps de voir la France prendre la main pour sauver un Mali qui n’a pas encore pris la pleine mesure de la détermination des tueurs du camp adverse. DIOP Makhtar

Aqmi revendique l’assassinat des deux journalistes de RFI au Mali

L’agence mauritanienne « Sahara Médias » affirme, mercredi 6 novembre, avoir reçu une revendication d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) pour le meurtre le week-end dernier des deux journalistes français de RFI au Mali. « Cette opération intervient en réponse aux crimes commis par la France contre les Maliens et à  l’oeuvre des forces africaines et internationales contre les musulmans de l’Azawad », nom donné par les Touareg au nord du Mali, indique le communiqué. Aqmi ajoute que le rapt et le meurtre des deux journalistes français « constitue le minimum de la facture que [le président français François] Hollande et son peuple doivent payer en contrepartie de leur nouvelle croisade ». De son côté, l’Elysée assure, dans un communiqué que la France mettra « tous ses propres moyens en oeuvre » pour que l’assassinat de deux journalistes français au Mali ne reste « pas impuni quels qu’en soient les auteurs » Abdallah Mohamedi, patron du site internet auquel des islamistes actifs au Mali transmettent régulièrement des communiqués, dit avoir reçu cette revendication dans un courriel adressé par des combattants obéissant à  Abdelkrim al Targui. Ce dernier est un Touareg qui était proche d’un des principaux chefs d’Aqmi au Mali, Abou Zeà¯d, tué en début d’année lors de l’offensive militaire tchadienne et française dans le massif des Ifoghas (extrême nord-est du Mali). Abdelkrim al Targui n’est pas un inconnu de la nébuleuse Aqmi et son nom est apparu dans l’affaire des otages d’Areva. « Le Nouvel Observateur » révélait en janvier 2011, qu’Abdelkrim al Targui, alors imam de Tombouctou, venait de donner naissance à  une phalange entièrement composée de Touaregs -une première. « Le Nouvel Observateur » expliquait aussi que c’était sans doute cette brigade qui avait enlevé les otages Français au Niger avant de les livrer à  Abou Zeà¯d. Mardi, « Le Monde » révélait, qu’au moins un des quatre ravisseurs présumés appartenait à  Aqmi, précisément à  la katiba d’Abdelkrim al Targui. Au moins 35 personnes ont été arrêtées depuis le début des investigations.

Incontrôlable Kidal…

C’est tout le contraire qui semble se profiler avec la récente levée des mandats d’arrêts contre des chefs rebelles, les accointances avec les maà®tres du nord qui prévalent dans le jeu du rapport de force entre Bamako et les représentants du Nord. Certains parlent même d’un modèle à  la « ATT » qui perdurerait et risquerait de saper définitivement l’autorité de l’Etat. Si les forces françaises et onusiennes sont sous représentées à  Kidal, l’armée malienne l’est encore plus. La question qui est sur toutes les lèvres est bien sûr celle du contrôle de Kidal o๠courent de nombreux groupes armés et mouvements touareg, d’obédience plus ou moins extrême. Si les uns optent pour le jeu politique, d’autres nouent des alliances contre nature avec AQMI, au risque de saper le dialogue entamé. Plus rien n’étonne du MNLA, qui équivaudrait pour beaucoup à  Ançar Dine ou à  AQMI, ou au MUJAO. Les cartes sont bel et bien brouillées. Kidal demeure donc l’inconnue, ce désert aride o๠seuls les hommes bleus savent se repérer et fuir. Fuir avec deux otages français, sur environ 12 km, même poursuivis, traqués jusqu’à  les tuer et les abandonner en plein sable. La capitale de l’Adrar des Ifoghas fait partie de ces villes sur liste rouge. Kidal, l’incomprise, reste encore sous le contrôle d’éléments armés, tandis que la Minusma, l’armée malienne et Serval y sont en sous effectifs. Et tentent de sécuriser le coin. Des rues poussiéreuses, un horizon incertain, des hommes enturbannés. Parmi lesquels il est difficile d’identifier qui est qui. Détail esthétique, mais qui a son importance, lors d’une prise d’otages rapide, et qui empêche de distinguer l’agresseur. Kidal, « C’’est la seule zone, o๠la souveraineté de l’à‰tat n’est pas effective. Les troupes de l’armée malienne ne patrouillent pas à  Kidal », confesse le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Soumeylou Boubèye Maà¯ga, au lendemain de l’assassinat tragique de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon, qui y préparaient une opération spéciale RFI. Et ces derniers s’y sentaient en confiance, à  tel point qu’ils se sont rendus au domicile d’un membre du MNLA, sans peur et sans imaginer qu’ils puissent être des cibles potentielles. Kidal, ils la connaissaient, la percevaient d’une certaine façon. Erreur de jugement ? Observés ? Suivis ? Ils l’étaient certainement. Attendus, épiés, puisque dès qu’ils sont sortis du domicile d’Ambéry Ag Ghissa, ils ont été tout de suite cueillis et emmenés. Le reste est connu. Cibles de choix, cibles traquées, beaucoup pointent du doigt le MNLA. Qui sait si Ambéry Ag Ghissa ne les a pas vendu ?, affirment certains. Etaient-ils détenteurs d’une information pouvant mettre à  mal le MNLA ? O๠ont-ils été utilisés comme des martyrs par une mouvance terroriste, afin de toucher la France en plein C’œur. AQMI, on le sait mène une guerre sans merci à  la France depuis l’opération Serval. L’exécution rapide de Ghislaine Dupont et Claude Verlon sonne t-elle comme une nouvelle bataille engagée par les ennemis de la France, sur le sol malien ? Que les forces en présence n’aient pas pu intercepter le véhicule est une chose, mais que des otages soient pris dans cette vaste zone désertique n’est pas nouveau. Plus que jamais, la vigilance ne saurait être baissée même lorsque des otages ont été libérés. Une guerre sans merci oppose désormais la France aux puissances du mal dans le Sahel, celle médiatique contre celle de la terreur. Laquelle est la plus nocive ?

Le trafic de drogue alimente le terrorisme, nouvelle menace pour la sécurité

Certaines parties de l’Afrique de l’Ouest et de l’Est ont émergé comme de nouveaux points de transit pour les trafiquants de drogue, qui utilisent des navires marchands ou des bateaux plus discrets pour le trafic de leur produits en provenance d’Amérique latine ou d’Asie centrale et à  destination des marchés de consommation. Pire encore, le problème de la drogue est lié à  d’autres formes de crime organisé tels que le terrorisme, a averti un responsable de la Commission de l’Union africaine (CUA). Les frontières poreuses et les centaines de kilomètres de côtes non surveillées, les Etats fragiles et criblés de conflits, les systèmes judiciaires affaiblis, la corruption, le taux élevé de chômage chez les jeunes, et d’autres défis sociaux ont rendu le continent vulnérable au trafic de drogue, a indiqué Olawale Maiyegun, directeur du Département des Affaires sociales de la CUA. HAUSSE SPECTACULAIRE DU TRAFIC DE DROGUE Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), les saisies d’héroà¯ne ces dernières années ont été particulièrement élevées au Nigeria, au Bénin, au Togo sur la côte ouest, et en Tanzanie sur la côte est de l’Afrique. Lors d’une réunion récemment organisée à  Harare, au Zimbabwe, des experts africains en matière de lutte contre la drogue affirment que l’Afrique de l’Ouest est devenue une voie de transit majeure pour le trafic de cocaà¯ne entre l’Amérique du Sud et l’Europe, et que l’Afrique de l’Est a servi de point de transit pour le trafic d’héroà¯ne en provenance de l’Asie de l’Ouest, y compris l’Afghanistan et le Pakistan. En Afrique de l’Est, les saisies de drogue ont été pratiquement multipliées par 10 depuis 2009 Les systèmes de sécurité sont souvent assez insuffisants en Afrique, et la région située près de la péninsule arabique facilite également les financements provenant d’un certain nombre de sponsors des réseaux terroristes, analyse Li Wei, directeur du Centre de la recherche antiterroriste à  l’Institut chinois des relations internationales contemporaines. Ces dernières années, la région connaà®t également une hausse d’autres formes de criminalité, telle que le trafic de drogue et la corruption, ce dernier constituant un élément indispensable au financement du terrorisme, de ses relais et de ses complices, a-t-il ajouté. UNE TENDANCE PREOCCUPANTE Il est préoccupant de constater que les liens entre les organisations terroristes et les réseaux mafieux impliqués dans le trafic de drogue sont de plus en plus étroits . L’organisation terroriste Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (AQMI) comporte trois branches chargées du transport de drogue de l’Afrique du Nord vers l’Europe destiné à  financer ces activités terroristes. Les recettes du trafic de drogue sont susceptibles d’être utilisées par des groupes extrémistes en Afrique de l’Est et de l’Ouest pour financer leurs activités terroristes dans cette région de plus en plus vulnérable, selon Olawale Maiyegun, qui a indiqué à  l’agence Xinhua en marge d’une réunion d’experts sur la lutte contre le trafic de drogues récemment tenue à  Harare que le problème de la drogue est étroitement lié à  d’autres formes de crime organisé telles que le terrorisme et le trafic des armes légères. « Dans le cas du Mali, les revenus du trafic de drogue ont été utilisés pour financer la déstabilisation dans la partie nord du pays », a-t-il indiqué avant d’ajouter que le lien est aussi évident dans certains cas. Le Kenya souffre encore plus du crime organisé, notamment la piraterie, le trafic de drogue et le terrorisme. Au Nigeria, o๠le trafic de drogue est devenu un sérieux problème, les autorités luttent contre le groupe extrémiste islamiste Boko Haram qui est également impliqué dans le trafic de drogue, et dont les activités visent à  créer un Etat islamique. En proie à  une instabilité chronique, la Guinée Bissau en Afrique de l’Ouest est devenue un paradis de la drogue. Les trafiquants de drogue utilisent des navires marchands transportant des conteneurs ou des bateaux plus discrets pour faire de la contrebande de cocaà¯ne pure en provenance du Brésil. La drogue est ensuite acheminée en Guinée Bissau, avant de partir pour l’Europe et les Etats-Unis. Le trafic de drogue constitue un facteur important d’instabilité sociale dans le pays. REGIONAUX ET INTERNATIONAUX INDISPENSABLES L’Afrique a actuellement besoin de réponses solides pour contrer le crime organisé, qui devient de plus en plus « sophistiqué ». JIN Can Rong, directeur-adjoint de l’Institut des relations internationales de l’Université du peuple de Chine, a fait savoir ses points de vues pour contrecarrer l’association du trafic de drogue avec le terrorisme: Tout d’abord, pour réagir aux fléaux transnationaux, une coopération régionale semble indispensable. Les gouvernements du continent devraient commencer par le renforcement des échanges d’informations et la coopération en matière de surveillance des frontières et dans la lutte contre le trafic de drogue. Deuxièmement, pour s’attaquer au fond du problème, le développement économique est une tâche importante pour les pays africains. Le développement socio-économique permettrait notamment de créer des emplois et de s’attaquer aux racines sociales du terrorisme, mais aussi de renforcer l’Etat dans la lutte contre le crime organisé. Troisièmement, il n’existe pas de modèle démocratique prêt à  l’emploi qui puisse être appliqué de façon aveugle, les pays africains devraient adapter leur système de gouvernance conformément à  leurs propres situations. Quatrièmement, compte tenu de la provenance et la destination de la drogue, ainsi que la menace que représente l’association entre trafic de drogue et terrorisme pour le monde entier, une coopération internationale est plus que nécessaire. Le monde a la responsabilité d’aider les Africains dans leur lutte contre la drogue et le terrorisme, deux fléaux  » importés » malgré eux sur leur continent.

AQMI : le cellulaire comme outil d’attaque

La scène est risible. Ce lanceur d’obus lâché en pleine nature par les terroristes d’AQMI et avec lequel, ils ont tiré des obus sur Gao, montre à  quel point ils sont toujours équipés d’armes lourdes. Pire, ces téléphones portables accrochés aux branches des arbres et ayant servi de détonateurs, apparaissent comme une volonté pour les « ennemis du Mali », dixit la formule de notre confrère de l’ORTM, de laisser une signature. Pour chaque acte posé. Selon le colonel Major Abdoulaye Coulibaly commandant du théâtre d’opération Mali, les obus lancé sur Gao ont été déclenchés à  partir de numéros de téléphones portables. Ce seraient des obus de fabrication artisanale lancés à  7 Km de Gao. Et grâce aux fouilles approfondies de l’armée malienne, on a pu désamorcer deux autres obus qui étaient cachés dans le broussailles avec le concours des populations locales, auxquelles, il est demandé une plus grande vigilance. Le cellulaire dans le désert Les membres des katibas d’AQMI eux se déplacent très vite sur le terrain. Les agents secrets français auraient même observé certains de leurs mouvements au moyen de satellites et bien avant l’attentat de Tombouctou. Ils communiquent aussi à  l’aide de portables. Serge Daniel l’écrivait dans son ouvrage, « Aqmi ou l’industrie de l’enlèvement » et soulignait le rôle des téléphones cellulaires dans la planification des attaques de la nébuleuse terroriste. Dans un entretien accordé à  Christophe Boisbouvier, le correspondant de RFI, décrit l’utilisation du portable : « Dans le désert, tous les satellites sont sur tables d’écoute américaines, françaises etc. Même des pays comme la Mauritanie écoutent facilement aujourd’hui. Alors, ils prennent des téléphones portables avec des puces qu’ils changent tout le temps ». Alors s’en servir pour déclencher un lanceur d’obus, il n’y a aucun pas que les terroristes d’AQMI, férus de technologie, ne peuvent pas franchir. Avis aux militaires maliens, qui doivent développer le renseignement, et rien d’autre, pour contre attaquer…

Mali : le corps d’un otage français aurait été retrouvé

Un corps découvert récemment dans le nord du Mali serait selon « une très forte probabilité » celui de l’otage français Philippe Verdon, enlevé par al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) en novembre 2011, a annoncé dimanche 14 juillet le ministre français des Affaires étrangères. « Il existe une très forte probabilité pour qu’un corps retrouvé récemment dans le nord du Mali soit malheureusement celui de notre compatriote Philippe Verdon », a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay, Philippe Lalliot. « Des vérifications complémentaires sont en cours », a-t-il ajouté, précisant que le ministère était en contact avec la famille de l’otage. Auparavant, le président François Hollande dans son entretien télévisé du 14 Juillet avait déclaré avoir « des informations des plus mauvaises sur Philippe Verdon ». « Hélas, tout indique qu’il serait mort il y a déjà  plusieurs semaines », avait-il dit sans évoquer toutefois le corps retrouvé au Mali. Les radios RTL et RFI avaient annoncé la découverte du corps début juillet dans le nord du Mali, confirmée par des sources proches de l’enquête et gouvernementale française. Une source proche de l’enquête a précisé qu’un prélèvement avait été effectué sur la dépouille afin de vérifier qu’il s’agissait bien du Français, dont le décès avait été annoncé en mars par l’organisation al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) mais jamais formellement confirmé par les autorités françaises qui ne cachaient toutefois pas leur pessimisme. Cette source n’a pas précisé si le résultat des analyses génétiques était connu. Le 7 juillet, la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) a été informée de la découverte d’une dépouille susceptible d’être celle de Philippe Verdon. Un prélèvement génétique a été envoyé le lendemain en France. Le corps devait être rapatrié s’il se confirmait qu’il s’agissait bien de Philippe Verdon, selon la source proche de l’enquête. « Ne pas parler » Philippe Verdon et un autre Français, Serge Lazarevic, ont été enlevés dans la nuit du 24 novembre 2011, dans leur hôtel à  Hombori (nord-est du Mali). Ils étaient en voyage d’affaires pour un projet de cimenterie, selon leurs proches, qui ont démenti tout lien avec des mercenaires ou des services secrets. Serge Lazarevic reste détenu par Aqmi. Le 19 mars, Aqmi avait annoncé que Philippe Verdon avait été exécuté, mais Paris n’avait jamais confirmé. à‚gé de 53 ans, Philippe Verdon souffrait en partant pour le Mali d’un ulcère et de tachycardie. « Pour nous, il est possible que Philippe soit mort à  cause de ses pathologies et qu’Aqmi s’en serve pour une mise en scène », avait déclaré en mars Pascal Lupart, qui dirige le comité de soutien de M. Verdon. Dans une vidéo diffusée l’été dernier par le site mauritanien Sahara Médias, Philippe Verdon parlait de ses « conditions de vie difficiles » . Quatre autres Français (Thierry Dol, Daniel Larribe, Pierre Legrand et Marc Féret) ont été enlevés le 16 septembre 2010 au Niger par Aqmi. à€ ces otages s’ajoutent deux autres Français : Gilberto Rodriguez Leal, enlevé le 20 novembre 2012 au Mali, et Francis Collomp, enlevé le 19 décembre 2012 au Nigeria. L’à‰tat français « fait tout » pour ramener les otages retenus au Sahel, a assuré dimanche le président François Hollande lors de son entretien télévisé. « Les otages du Mali, nous faisons tout pour les ramener », a dit le président en évoquant le chiffre de « six », « sept » otages, rappelant « la position de principe » de l’à‰tat français sur les otages quels qu’ils soient : « tout faire pour les libérer mais ne pas parler pour compliquer une situation qui l’est déjà  suffisamment ». M. Hollande a également évoqué dans cet entretien deux journalistes français disparus en juin en Syrie, et assuré que la France faisait tout pour les localiser et « connaà®tre exactement les intentions de leurs ravisseurs ».

Edito: les coulisses d’une guerre éclair au Mali

Le gouvernement malien et les rebelles touareg du MLNA ont finalement enterré la hache de guerre, ouvrant la voie à  la tenue de l’élection présidentielle prévue le mois prochain. Mais cette étape n’était encore qu’une éventualité lorsque l’ouvrage d’Isabelle Lasserre et de Thierry Oberlé – tous deux journalistes au Figaro – était sous presse, ils n’ont donc pas pu l’évoquer. Ces livres écrits à  proximité immédiate de l’événement qu’ils relatent sont appelés « instant books » dans le jargon éditorial. Ils s’apparentent donc plus en principe à  une enquête journalistique rapide qu’à  un examen fouillé d’un événement historique. Pourtant, cette fois, la première guerre de François Hollande est décrite avec recul. Car les auteurs ne la font pas débuter le 11 janvier dernier, avec la descente de colonnes armées vers Bamako brutalement stoppée par les forces spéciales françaises, qui y perdront un pilote d’hélicoptère Gazelle. Ils ont choisi de remonter plus haut, plus précisément en 2009. Requin à€ cette époque, l’état-major des armées met au point, parmi d’autres scénarios, le plan Requin. Depuis des mois, les djihadistes d’Aqmi se sont implantés dans une zone montagneuse, l’adrar des Ifoghas, frontalière de l’Algérie. à€ Paris, on n’est pas dupe : le groupe Aqmi est instrumentalisé par Alger, qui se garde bien d’imperméabiliser sa frontière, laissant les ravisseurs d’otages occidentaux se ravitailler sur son sol. Dès cette époque, écrivent Lasserre et Oberlé, le cadre général d’une intervention au Sahel était prêt. Ne manquait que la date : « Rarement une opération militaire fut aussi bien préparée. Seul le déclenchement de Serval n’avait pas été anticipé par les officiers généraux. Officiellement, en tout cas. Les planifications successives visaient à  reconquérir le Nord et non pas agir au Sud pour bloquer une colonne de djihadistes en mouvement. » Guerre éclair La guerre que la France va conduire sur le terrain met en oeuvre un savoir-faire exceptionnel. En quelques jours, les troupes arrivent du Tchad et de Côte d’Ivoire pour renforcer les forces spéciales, bientôt rejointes par les forces envoyées de France. Sur le terrain, la reconquête est rapide, les Français se tenant officiellement aux côtés des forces maliennes, alors que celles-ci n’ont en réalité pratiquement joué aucun rôle. Le cadre des opérations est, rappellent les auteurs, différent de celui mis en oeuvre en Afghanistan, dans un contexte, il est vrai, totalement différent : « Bouger, ne jamais s’arrêter. L’autonomie du chef sur le terrain, l’intelligence de la situation, les effets d’opportunité sont systématiquement privilégiés. (…) De cette conception de la guerre naà®t la folle équipée qui conduit les militaires français, à  très vive allure, jusqu’à  la frontière de l’Algérie. » Il faudra trois semaines aux Français pour chasser les gangstéro-djihadistes de la partie nord du Mali. Confusion sémantique La guerre n’est pas finie et le gros des 3 500 soldats français demeurant au Mali y restera jusqu’à  la fin du processus de l’élection présidentielle. On appréciera aussi que les auteurs, fines mouches, n’aient pas voulu s’associer à  la vulgate des spin doctors de l’à‰lysée et de la défense, qui emploient systématiquement le terme « terroristes » pour désigner les djihadistes maliens, parfois purs et simples gangsters et trafiquants de tout poil, voire nationalistes touareg qui ne se sont pas associés aux Français. Nos deux confrères pointent la « confusion sémantique » des raconteurs d’histoires qui oublient que « les islamistes, combattus par Paris dans le Sahel, sont souvent nos alliés en Syrie face à  Bachar el-Assad, ou le furent en Libye ». On l’aura compris : il s’agit d’un bon livre, dont la rapidité de réalisation n’exclut pas la justesse et la qualité des informations. Il aide à  comprendre ce qui s’est passé et sera utile à  l’avenir, malgré l’absence d’un index qui aurait été fort profitable !