Paris craint une alliance Touareg-Aqmi pour s’emparer du Mali

PARIS (AFP) – (AFP) – La France craint une possible alliance au Sahel entre des Touareg et Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) pour s’emparer du Mali, a déclaré mardi à  l’AFP son chef de la diplomatie, Alain Juppé, appelant à  une mobilisation régionale et de l’ONU contre « le péril islamiste ». « Certains rebelles pourraient se contenter du contrôle sur les territoires du Nord (du Mali). D’autres, avec Aqmi, pourraient envisager de s’emparer de l’ensemble du territoire malien pour en faire une république islamiste », a affirmé le ministre français. Le groupe Ansar Dine, qui contrôle depuis lundi la ville malienne de Tombouctou, « est étroitement lié à  Aqmi », a aussi relevé Alain Juppé. Le chef de ce groupe, « Iyad Ag Ghaly, est très lié à  Aqmi et depuis plusieurs semaines, ce mouvement a pris de plus en plus d’importance », a-t-il noté. « Ses objectifs ne sont pas précisément connus, mais pourraient être l’instauration d’un régime islamiste sur l’ensemble du Mali. Il faut une réponse régionale au péril islamiste, qui va de la Libye jusqu’au Nigeria. Seule une coopération impliquant l’Algérie, la Mauritanie, les pays de la Cédéao (Afrique de l’Ouest) avec le soutien de la France et de l’Union européenne, pourrait permettre de progresser », a-t-il insisté. « Se mobiliser contre le terrorisme » « C’’est dans cet esprit que nous avons souhaité que le Conseil de sécurité s’exprime. Un projet de déclaration présidentielle est en cours d’examen pour condamner une nouvelle fois le coup d’Etat, demander à  la rébellion de s’arrêter, d’arrêter les combats et d’engager un processus de dialogue. La France souhaite attirer l’attention sur le péril islamiste et la nécessité pour la communauté internationale de se mobiliser contre le terrorisme », a fait valoir le ministre. A propos de la mobilisation régionale, Alain Juppé a souligné l’importance de l’Algérie. « Je ne perds jamais une occasion de dire à  nos amis algériens à  quel point il est important qu’ils jouent le rôle le plus actif possible dans la coordination de la réponse régionale à  Aqmi ». « l’objectif d’Aqmi est très clair, C’’est de déstabiliser les régimes en place par le terrorisme, en s’appuyant sur de nombreux trafics, notamment le trafic de drogue. Cette région est devenue une plaque tournante de la drogue », a-t-il déploré. Pour le ministre, la crise au Mali avec la revendication touareg d’une région indépendante dans le nord du pays, l’Azawad, « est ancienne et ne date pas de la crise libyenne ». « Il est exact que la situation en Libye, et la circulation des personnes et des armes, ont ravivé ce conflit et favorisé l’offensive de la rébellion en janvier. Mais elles ne l’expliquent pas », a-t-il souligné. « pas question de troupes françaises au sol » La solution à  la crise malienne ne passe que par un processus régional, a poursuivi Alain Juppé, en excluant à  nouveau que la France, ex-puissance coloniale, envoie des troupes au Mali pour y garantir l’intégrité et la sécurité du pays. « Pour nous, comme pour les Américains, il n’est pas question de déployer des troupes au sol. Nous n’avons rien à  y faire. En revanche, nous sommes prêts à  apporter un soutien logistique à  la Cédéao » (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), indique-t-il. Les chefs d’Etat de la région « ont évoqué la possibilité d’un déploiement d’une force de la Cédéao. Le problème C’’est que cela devrait prendre du temps et le temps est évidemment précieux face à  la percée des Touareg. Aucun des pays ne demande (un déploiement français). Ce qu’ils demandent C’’est un soutien logistique, du transport, mais certainement pas de troupes au sol », a-t-il insisté. La France est opposée à  la revendication indépendantiste du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), a aussi affirmé le ministre. « Ce n’est pas acceptable pour nous qui sommes très attachés à  l’intégrité territoriale du Mali », a-t-il dit. Cependant, « cette revendication pourrait conduire, dans le cadre d’un dialogue national, à  une forme d’autonomie assortie d’une politique ambitieuse de développement. Le Nord n’a pas assez bénéficié pour l’instant d’efforts de développement aussi importants que le Sud du pays », a-t-il relevé. Concernant Bamako, une évacuation des Français (quelque 5.000 au total dont la majorité vivant dans la capitale malienne), « l’évacuation n’est pas à  l’ordre du jour », précise le ministre, en annonçant que le lycée français a été « fermé par anticipation sur les vacances de Pâques qui devaient arriver à  la fin de la semaine prochaine ».

Mali : Islamistes et Touareg profitent de la confusion

Impuissante face à  l’avancée des Touareg et des islamistes au nord du Mali, la junte, au pouvoir depuis le coup d’à‰tat du 22 mars, a lancé un appel à  l’aide vendredi. «Les rebelles continuent à  agresser notre pays et terroriser nos populations, a lancé le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo, dans un discours à  la presse. La situation est à  cette heure critique, notre armée a besoin du soutien des amis du Mali pour sauver les populations civiles et sauvegarder l’intégrité territoriale» du pays. Les insurgés, qui sont passés à  l’offensive dans le Nord en janvier, profitent en effet de la confusion régnant à  Bamako à  la suite du coup d’à‰tat militaire pour gagner du terrain. Vendredi matin, ils ont pris le contrôle de la ville stratégique de Kidal, dans le nord-est du pays aux confins de l’Algérie et du Niger. Selon une source diplomatique africaine , c’est «essentiellement le groupe islamiste Ançar Dine d’Iyad Ag Ghali appuyé par des combattants d’Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique)» qui a mené l’assaut. Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), le grand groupe rebelle touareg, et Ançar Dine, dont le chef est natif de Kidal, prenaient la ville en étau depuis plusieurs jours. Si le MNLA, qui affiche une position laà¯que, ne partage pas les objectifs d’Ançar Dine , qui vise l’instauration de la charia et a des liens avec Aqmi, les deux groupes combattent parfois ensemble l’armée malienne. La junte au pouvoir depuis le coup d’à‰tat militaire, qui a renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré, avait justement invoqué, pour justifier son putsch, l’échec du régime contre la rébellion touareg. De fait, celle-ci a réalisé une offensive spectaculaire en deux mois. Jamais, lors des deux soulèvements touareg des années 1990 et 2000, les rebelles – qui comptent cette fois des hommes revenus de Libye lourdement armés après avoir combattu pour Mouammar Kadhafi – n’avaient à  ce point menacé le pouvoir central, démoralisé une partie de l’armée et surtout engrangé de telles conquêtes. Menace d’embargo Sanogo a par ailleurs assuré que des élections libres allaient être organisées, sans toutefois donner de calendrier, alors que les pays africains voisins s’apprêtent à  imposer des sanctions contre son pays. Il a dit comprendre la position de la Communauté économique des à‰tats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui a donné 72 heures aux auteurs du coup d’à‰tat pour se retirer avant de fermer les frontières et couper l’accès à  la banque centrale régionale. Sanogo a cependant demandé à  la Cédéao de le soutenir, assurant que la junte a pris le contrôle du pays avec l’intention de lancer «un processus rapide de normalisation et d’organiser des élections libres et transparentes». Le Conseil de sécurité de l’ONU a pour sa part de nouveau condamné vendredi le coup d’à‰tat, «d’autant plus inacceptable qu’il intervient contre un président démocratiquement élu et au moment o๠la communauté internationale était prête à  apporter son soutien décisif pour apporter une solution pacifiée au nord» du pays, confronté aux rebelles. Quant au président déchu, Amadou Toumani Touré est sorti de son silence mercredi pour dire qu’il se trouvait sain et sauf «à  Bamako» et qu’il n’était «pas prisonnier», sans pour autant préciser sa localisation exacte.

Ançar Dine ou l’art de la tactique visuelle

Deux mois après les attaques d’Aguelhock en Janvier, o๠des éléments de l’IUFM, avaient été pris d’assaut par les éléments de la rébellion, certains élèves-étudiants, rescapés du massacre, avaient témoigné avoir entendu des incitations propres aux éléments d’AQMI. «Â Dieu est grand ! Dieu est grand ! », auraient crié certains assaillants. Incertitudes quant à  l’implication d’AQMI dans la rébellion, on avait préféré rester prudent. A présent, le mouvement Ancar dine (défenseur de l’Islam en arabe), avec à  sa tête, une des figures de la rébellion touareg des années 90 revendique une participation dans l’attaque d’Aguelhock. Iyad Ag Ghaly, apparaà®t dans une vidéo de propagande, o๠l’on voit des hommes attaquer un camp en plein désert. La cité d’Aguelhok ? Rien de sûr. La méthode ressemble aux procédés d’Al Qaeda de manière plus générale. Ag Ghaly se prendrait-il pour Ben Laden entrain de diriger ses hommes au milieu des montagnes de l’Afghanistan ? Jugez plutôt. Tactique visuelle Entre scènes de guerre et séances de prières, sur fond de récitations de versets, la vidéo laisse aussi voir un stock d‘armes dans une pièce et des offensives répétées et même des hommes souriants dans le feu de l‘action. Un savant montage visuel qui brouille davantage les pistes quant à  l’information sur le terrain de la rébellion. Alors que l’on ne sait pratiquement pas grand chose des figures de la rébellion, ni leurs motivations les plus profondes, un rebelle d’antan, se rend visible au moment o๠l‘on tente de réunir les parties autour de la table des négotiations à  Bamako… Qui est Iyad Ag Ghaly ? Dans les années 90, il aurait entretenu de bons rapports avec Bamako avant de disparaà®tre. Certains des combattants islamistes qui, selon plusieurs sources, participent aux attaques des rebelles du MNLA depuis janvier (ils encore ont été vu à  Tessalit dimanche dernier après l’attaque de la garnison), seraient donc dirigés par Iyad Ag Ghaly, rapporte RFI. La vérité sur Aguelhock demeure floue malgré le rapport d‘enquête livré il y a un mois par les autorités sur les massacres perpétrés. Qui a exécuté les soldats maliens ? Les rebelles du MNLA ou le mouvement Ançar dine d‘Iyad Ag Ghaly ? Quelle légitimité donner à  cet enregistrement vidéo o๠le montage sert ceux qui l’ont diffusé. Ce nouvel élément vient en tout cas corser l’affaire pour l’armée malienne confrontée sur le terrain à  un problème de logistique mais aussi à  un ennemi aux visages multiples. Ançar Dine partage-t-il les mêmes objectifs séparatistes que le MNLA ? Il reste à  lever l’autre coin du voile…

Mon pays va mal…

Jour après jour, nous apprenons à  travers les ondes qu’une partie de notre territoire est entre les mains du MNLA, d’AQMI et que sais-je encore. Est-il encore temps de parler de paix, pendant que la Nation est ainsi bafouée ? Ces victoires rebelles sont devenues tellement quotidiennes. Pendant ce temps, sur la chaine du service public, on nous parle de repli tactique, abandonnant les pauvres populations à  leur sort : vandalisme, pillage, torture, meurtre, enlèvement, vol, déplacés, bref tout ce qui est interdit par la République. Quelques rebelles défient l’Etat qui a tardé à  réagir et qui commence à  montrer ces limites dans la gestion de cette crise. Tous les jours sur les ondes, il parle de paix et tous les jours des soldats tombent au front. Est-ce sur les ondes que ça se joue ? Un Etat souverain doit-il discuter avec un groupe de rebelles sans les avoir auparavant désarmés ? Celui à  qui les messages de paix sont adressés est en position de force, va-t-il les entendre ? Je n’ai pas la réponse à  toutes ces questions. Une chose est sure pour moi, nous sommes le maillon faible de la chaine. Le diatiguiya dont on parlait haut et fort pour accueillir avec armes et bagages la troupe étrangère vient de nous couter la prunelle des yeux. Il y a quelques mois quand la toile wikileaks traitait notre armée d’une bande d’amateurs sous-équipée et mal entrainée, J’avais du mal à  le comprendre mais maintenant je leur retourne leur vérité. A la cérémonie du cinquantenaire nous avions pourtant vu notre armée défiler avec un tas de matériels de guerre avec démonstration à  l’appui et maintenant, elle fuit les rebelles en parlant de repli tactique? A-t-on besoin d’aller à  l’école de guerre pour savoir qu’en se repliant de Tessalit les rebelles pourront facilement se ravitailler en armements et provisions à  travers la seule piste d’atterrissage de la région ? Les pays voisins nous observent et ils se rendent compte que le pays démocratique dont on a tant parlé a aussi ses problèmes et incapable de protéger ses propres citoyens face aux agresseurs. O๠sont passées la trentaine de Généraux et la centaine de Colonels Maliens qui au lieu d’élaborer des stratégies militaires pour défendre le pays, préfèrent convoiter les postes réservés aux civils. Après Aguelhok, Léré, Nianfunké, Ménaka, Hombori, Amderamboukane, Ténenkou, aujourd’hui Tessalit, demain ailleurs…les populations continuent de faire les frais des bandits armés et chaque localité compte ses victimes. Pendant ce temps à  Bamako et dans les capitales régionales, des collectes de fonds s’organisent pour soutenir notre armée nationale, en espérant que ces fonds ne finissent pas dans les poches de certains privilégiés laissant nos amis, cousins et frères entre la puissance de feu des bandits. Alors cela veut-il dire que mon pauvre Mali n’a pas de fond de souveraineté nationale pour faire face aux menaces extérieures (guerre, réfugiés, pandémies, inondation,…). Une chose est sûre, je n’aimerai pas être militaire au front surtout si je ne suis pas parent proche de Généraux ou de Colonels. Car se sont les fils de pauvres qui partent au front. Sans démagogie, C’’est le bon moment pour recruter au sein de l’armée, ceux qui s’engageront seront des bons soldats car malgré la guerre, ils ont osé soutenir le pays. Nous constatons avec regret que nous avons de l’effectif au sein de l’armée mais pas des combattants. Croyez moi, J’aime le Mali, je soutiendrai toujours mon armée, mais ce qui me dérange C’’est la façon dont elle gère cette crise qui a trop perduré sans qu’elle n’obtienne le dernier mot. Personnellement je ne pensais pas que les rebelles tiendraient plus d’un mois de combat.Toutes les analyses et pronostiques sont faussées.Connaissant les moyens rudimentaires de notre armée, ce ne sera pas évident pour elle de tenir face aux rebelles. Soutenons la pour que revienne cette paix tant désirée.

La tentative d’évasion ratée de deux otages d’AQMI

Alors que la rébellion nous avait presque fait oublier le sort des six otages retenus par AQMI, la branche maghrébine d’Al Qaeda, l’on apprend que deux d’entre eux, ont tenté de s’échapper en début février. D’après les sources, ces deux français retenus par Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) ont bien failli échapper à  leurs ravisseurs, au nord du Mali. L’on se demande pourquoi c’est maintenant que cette information filtre à  travers la toile. « Ce jour-là , en plein désert, une patrouille de rebelles touareg circulant en 4 à— 4 tombe sur un campement du groupe d’Abou Zeid, l’un des « émirs » d’Aqmi. Une escarmouche s’engage aussitôt. approte le journal L’Exrpess. « Les échanges de tirs ont duré trois heures. Deux otages sont parvenus à  s’enfuir en profitant de la confusion, rapporte une source touareg à  L’Express. Ils se sont cachés toute la nuit dans le désert. » Les deux otages ont finalement été repris le lendemain, à  environ 80 kilomètres au nord-est de Kidal. L’on ne sait toutefois pas qui sont les deux otages précisément. L’information, confirmée par une source du renseignement français, indique qu’au moins une partie des otages d’Aqmi est toujours détenue dans le nord du Mali. La france bloquée Si ces otages ont tenté de s’enfuir, c’est bien parce que la France n’arrive pas à  envisager une opération de libération comme elle l’avait fait pour l’otage Pierre Camatte, que le président Sarkozy était personnellement venu récupérer à  Bamako. Camatte que l’on qualifié d’espion a bel et bien échappé à  ses ravisseurs contre la libération de quatres islamistes d’AQMI. Bien mal en a fallu au président malien que l’on avait accusé de laxisme dans la gestion de cette opéaration. Pour Michel Germaneau, le sort en a décidé autrement. Après un raid conjointement mené par la France et la Mauritanie, sur le sol malien, l’otage français de 74 ans a perdu la vie peu après alors que des éléments d’AQMI ont été tués. Exécuté par ses ravisseurs comme le britannique Edwyn Dwyer en 2008 a lui aussi hélas eu un triste sort. Il faut dire qu’il n’est pas aisé de négocier avec AQMI dont le montant des rançons atteint parfois la centaine de millions de dollars. Négotiation, médiation ou raids militaires, la France semble pour le moment bloquée dans ses initiatives et la rébellion au Nord du pays n’est pas pour arranger les choses.

Faut-il négocier avec les rebelles ?

 » Il n’y a presque rien dans le nord, il faut faire des kilomètres pour trouver un dispensaire. L’école, c’est pareil ». Cette citation d’un rebelle du MNLA montre à  quel point les choses auraient pu se passer différemment au Nord du Mali. Alors que le gouvernement lançait il y a quelques mois, le PSPSDN, un programme de développement du Nord et qu’ATT espérait sans doute finir son mandat dans la quiétude, les cendres de la rébellion touarègue se sont mises à  rougeoyer de nouveau dans le nord du pays, étouffant toute initiative visant à  promouvoir la paix, la sécurité et le développement pour les ressortissants du Nord. l’autodétermination, voilà  ce que réclament plusieurs figures de la rébellion actuelle; Colonels d’armée déserteurs, ex-officiers de l’administration malienne, touarègues d’origine, ils ont choisi de rejoindre les rangs du MNLA. « Donnez nous l’indépendance et vous verrez : ce sera la fin d’Aqmi, des enlèvements d’Occidentaux et du trafic de drogue », déclarait Mohamed Ag Aghaly à  l’hebdomaire Jeune Afrique, tout en soulignant les différences entre les peuples du Nord et du Sud. « Cela montre bien que leurs revendications sont irrecevables, comment peut-on promettre cela, alors qu’il s’agit de développement et non de trafic, ceux qui parlent ainsi sont tout juste condamnables », réplique un membre de l’administration d’état. Mais les arguments avancés par le MNLA vont plus loin : « Parce que depuis 1957, c’est la même chose. à€ l’époque déjà , les Touaregs avaient dit aux Français [les colonisateurs, NDLR] qu’ils ne voulaient pas être intégrés à  la république malienne. Et depuis trente ans, on discute avec le gouvernement, on signe des accords, mais ils restent sans effet. Nous avons voulu être avec Bamako, mais Bamako n’a jamais voulu de nous ». A Bamako, pourtant, côté protocole de la république, on grince des dents. La visite d’Alain Juppé à  Bamako, le 26 février est même venue relancer l’idée du dialogue avec les rebelles, de la négotiation, pour trouver une issue de sortie de crise. Le noman’sland du Nord Bamako a-t-il jamais voulu du Nord ? C’’est en tout cas l’idée que tentent de faire circuler les rebelles pour justifier leurs revendications séparatistes. Dans la réalité, Bamako a souvent négocié avec les rebelles. Peut être un peu trop. Les accords de Tamanrasset en 1991, le Pacte National en 1992, et les Accords d’Alger signés en Juillet 2006 après la rébellion du 23 Mai, avaient laissé entrevoir une volonté d’unité nationale basée sur l’entente, la compréhension mais aussi les questions de sécurité et développement. Approuvé par le gouvernement et le Mouvement démocratique du 23 mais, ces accords prévoyaient plusieurs axes de développement des régions du Nord Mali. A travers la tenue du Forum de Kidal sur la sécurité et le développement et la création d’un fonds spécial d’investissement pour mettre en œuvre un programme de développement économique, social et culturel au Nord. Depuis lors, plusieurs programmes ont été mis en place, une structure l’Agence de Développement du Nord (ADN), et dernièrement le Programme Spécial de Paix et de sécurité pour le développement du Nord Mali(PSPSDN)pour piloter plusieurs projets autour de l’élevage, l’hydraulique, le transport, la communication, la santé, l’éducation, la culture, l’artisanat et l’exploitation des ressources naturelles etC’… Aujourd’hui à  parcourir, le Nord, on est étonné de l’état d’abandon de cette vaste contrée. N’eut été certains forums, festivals et évènements ponctuels, il faut avouer que les villes du Nord Mali laissent perplexes si on les compare à  Mopti, Gao ou même Ségou, d’autres poumons économiques du Mali. Au-delà  des vœux du MNLA, se sont ajoutés au fil des ans, divers trafics et contrebandes dans la zone et qui on étouffé les efforts de développement socio-économique. l’affaire du Boieng de Tarkint à  Gao a défrayé la chronique dans les médias maliens et les enlèvements d’occidentaux, soulevé la question sécuritaire au Nord Mali avec la présence marquée d’AQMI dans la zone…: « Le Nord en quelques années est devenu ce nomans’land sans fin o๠chacun fait ce qu’il veut», affirme Alcoye, propriétaire d’un d’hotel à  Tombouctou. Pour le ministre des Affaires Etrangères,Soumeylou Boubèye Maiga, la réalité physique des régions nord du Mali font que ce vaste territoire qui constitue plus de 60% du territoire national, est habité par moins de 10% de la population, ce qui pose un problème de gouvernance à  l’état malien, mais concernant l’intégrité territoriale, elle n’est surement pas négociable ! Faut-il dialoguer avec les rebelles? «Les populations du nord et du sud du Mali sont trop différentes pour composer un état ensemble comme le Mali et le Sénégal n’étaient pas faits pour être un seul pays », affirme encore ce membre du MNLA . Son propos est vivement contredit par les partisans de l’unité du Mali. « D’abord, ils ne sont qu’une faction à  vouloir cette indépendance, ceux qui viennent de l’Adrar des Ifoghas… », explique un éditorialiste malien. « Deuxièmement, le consensus n’existe pas parmi les Tamasheqs sur la question. Ni les sonrhaà¯s, ni les peuls, ni les bambaras et même certains touaregs qui vivent dans cette région du Mali, ne se reconnaissent dans l’idée de scission ». l’Azawad serait donc cet état imaginaire aux frontières floues que souhaite diriger une faction de rebelles. Qui donc ? Ag Najem, l’homme qui aurait orchestré les attaques violentes d’Aguelhock ou le colonel tamasheq qui s’est réfugié au Burkina ? l’idée même est irrecevable au Quai d’orsay qui réfute toute implication de la France dans la rébellion actuelle. « Je ne comprends pas très bien ce procès d’intention fait à  la France, affirmait Alain Juppé de passage à  Bamako. Reste qu’on reproche à  la France, de donner la voix aux rebelles et l’accès aux médias pour distiller leurs revendications, s’insurge un Bamakois sur les ondes d’une radio célèbre. « Il n’y a pas à  dialoguer avec les rebelles, ils ne sont qu’une infime minorité des peuples touaregs et l’option du dialogue n’a que trop duré, il faut à  présent employer l’option militaire et mater cette rébellion une bonne fois pour toutes ! », affirme cet autre auditeur.  » Le fait même de recevoir les mercenaires revenus de Libye, ne constitue t-il pas une gestion catastrophique de la problématique du Nord ?, s’interroge une enseignante. Pis, la campagne de mésinformation orchestrée de part et d’autre n’aide pas la résolution de cette crise. Les rebelles pointent du doigt l’armée comme des barbares ayant tué des civils dans les villes du Nord. Aguelhok a pourtant tristement illustré le massacre de plusieurs soldats maliens. Si le dialogue a prévalu un temps, l’option militaire est de plus en plus prônée par les citoyens, hommes politiques et membres de la société civile. Donner la voix aux rebelles ne constituerait-il pas une acceptation implicite de leurs doléances ? Certains vont jusqu’à  dénoncer la position ambigue de la France dans cette affaire. Mais pour Soumeylou Boubèye Maiga, ancien chef de la sécurité d’état, il faut bien comprendre les enjeux du Nord du pays. S’il n’est pas question de négocier l’intégrité territoriale du Mali, il faut arrêter de parler de Nord Mali, mais plutôt mentionner les régions nord du Mali.

Soleil de plomb à Hombori et Youwarou…

Le Nord du pays fait encore parler. Ou plutôt le sud du Nord Mali. Aux dernières nouvelles, ce sont deux localités, Hombori et Youwarou dans la région de Mopti qui ont été la cible d’attaques armées. A Youwarou, l’attaque s’est produite dans la matinée du samedi 18 février. Les bandits armés y auraient enlevé un soldat de la garde nationale et saboté le réseau téléphonique. Des informations non encore confirmées officiellement. « Les rebelles qui attaquent au sud sont en majorité des déserteurs de l’armée. Ils connaissent bien les localités qu’ils attaquent et sont souvent dans des voitures de l’armée, qu’ils ont emportées lors de leur désertion », rapporte Jeune Afrique, d’après une source sécuritaire à  Bamako. D’après d’autres témoins, deux véhicules 4X4 auraient été enlevés dans cette même journée. Meurtre à  Hombori Les bandits armés n’en sont pas restés là  et ont frappé un grand coup en se rendant à  Hombori, l’autre localité, o๠les deux français Philippe Verdon et Serge Lazarevic, avaient été enlevés le 24 novembre 2011, un rapt revendiqué peu après par Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). A Hombori donc, les hommes en turbans ont assassiné le chef du village Moussa Bolobo Maiga, un vieillard de 78 ans. Un acte fort qui fait resurgir la psychose au sein des populations. Règlement de comptes comme on en a souvent vu entre clans ennemis ? La main d’AQMI ? Ou celle des rebelles ? Certains quotidiens nationaux pris par l’urgence, y ont vu celle du groupe salafiste qui opère dans la bande sahélo-saharienne, d’autres ont évoqué sans hésiter les rebelles du MNLA, qui sévissent au nord du pays. Les techniques sont similaires au groupe qui revendique l‘indépendance de l‘Azawad. Attaques surprises, boycott des liaisons pour isoler, puis actes de barbaries ou de vandalismes, enlèvements etc. Mais l’identité des assaillants réels demeure toujours floue même si l’on pointe clairement le MNLA du doigt à  l’instar du communiqué du ministère de la défense qui a suivi les deux attaques. Pas d’amalgame ! Ces deux nouvelles attaques à  quelques heures d’intervalles sonnent le glas d’une situation qui n’en finit plus de créer la confusion dans l’esprit des citoyens maliens. De son côté, le ministère malien de la Défense a invité la population à  éviter les amalgames en informant l’opinion que la situation à  Hombori et à  Youwarou avait très vite été circonscrite. Et de souligner la mission sacrée des forces armées, celle d’assurer l’intégrité du territoire national. Alors, pourquoi est-ce toujours stupeurs et les tremblements lorsqu’une nouvelle attaque se produit et que les rumeurs enflent, les commentaires prennent une proportion inquiétante face à  la gravité d’une situation qui ne tait plus son nom. «Â Nous sommes en guerre! », informait une source à  la présidence. Et bien, quand on est en guerre, le repli, l’observation, la prévention, la surprise et l’offensive face à  l’ennemi ne sont-elles pas des moyens de défense? Avec la communication en plus… Mais des gendarmeries, des garnisons sont attaquées, des citoyens attaqués et exécutés ? Des localités violées dans leur intégrité justement. Mopti est plus proche de Bamako que Tessalit ou Aguelhock, o๠la rébellion a eu son mot à  dire et les populations de cette région méritent une sécurité renforcée des troupes armées. Car pendant qu’on fêtait l’armée le 20 janvier, nos soldats se faisaient massacrer au nord. Et à  défaut de torpiller l’ennemi, il faut le prévenir d’attaquer ce qui peut encore être sauvé. Des convois avec du renfort militaire et de l’armement lourd seraient acheminés au Nord. Mais que vaut cette armada face à  la recrudescence continue de la violence et la fougue de bandits armés qu‘ils soient du MNLA ou d‘AQMI, toujours bien armés et véhiculés évidemment. Mais surtout enturbannés sous le soleil de plomb du nord…

Rébellion au Nord : AQMI s’en mêle !

La situation au nord Mali semble désormais hors de contrôle contrairement aux propos de Soumeylou Boubèye Maiga, ministre des affaires étrangères il y’a quelques jours sur les antennes d’une radio célèbre. Le MNLA ( Mouvement national de libération de l’Azawad) avait sur son site clamé ne rien avoir à  faire avec les éléments d’Al Qaeda après l’attaque du 17 janvier. Mais un communiqué du gouvernement affirme au contraire que l’attaque contre la ville d’Aguelhoc, mardi dernier était menée par : «Â des djihadistes d’AQMI, des éléments du MNLA et d’autres assaillants». Par ailleurs, on recense d’importantes pertes en vies humaines, aussi bien du côté des civils que des rebelles. Aqmi s’en mêle… Concernant l’implication d’Aqmi parmi les rebelles, comment en être sûr ? : «Â La présence de djihadistes parmi les combattants mardi à  Aguelhoc a été confirmée à  l’AFP par un pensionnaire de l’Institut de formation des élèves-maà®tres (Ifem), qui a été témoin des affrontements. ». Depuis l’attaque d’Aguelhoc, les élèves enseignants ont eux été conduits vers Kidal par mesure de sécurité. Parmi ceux qui ont attaqué Alguelhoc, un habitant témoigne avoir entendu les éléments d’AQMI crier : «Â Dieu est grand ! Dieu est grand ! », établissant ainsi le lien avec l’organisation islamiste. Joint par téléphone, un commandant de l’armée, indique que la présence d’Al Qaeda parmi les rebelles est fort possible, sans donner plus d’informations. Contrôle du territoire Après Aguelhoc, d’autres combats ont eu lieu à  Amderaboukane, autre localité du Nord. Les rebelles affirment avoir pris le contrôle d’un camp militaire à  Léré près de la frontière mauritanienne. Ce que dément un responsable militaire malien basé au poste de commandement opérationnel de l’armée à  Gao (nord-est). «L’armée malienne n’avait aucun blindé sur place, et on maà®trise la situation à  Anderamboukane. Les assaillants sont en déroute. (…) Il n’y a plus de combats». Informations contradictoires quant au contrôle des villes, ce qui reste certain, C’’est que la situation échappe désormais à  tout contrôle et la rébellion gagne du terrain. Le Nord reste cette vaste région quasi-désertique difficile à  contrôler, et qui sert depuis plusieurs années de «sanctuaire» à  des unités combattantes d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) d’o๠elles rayonnent dans d’autres pays de la bande sahélo-sahélienne, Mauritanie, Niger et Algérie. Et cette rébellion pourrait bien servir de terreau à  leurs revendications.

AQMI: Preuves de vie des otages

Le 8 décembre dernier, Al Qaida au Maghreb islamique revendiquait cinq enlèvements au Nord Mali à  travers un communiqué. AQMI y affirme qu’il s’agit d’une réponse «aux agressions répétées de la France contre les musulmans des pays du Sahel» et contre «les politiques permanentes et insensées de Nicolas Sarkozy». «Nous ferons savoir prochainement nos revendications à  la France et au Mali», ajoute le communiqué. L’organisation ajoutait que « le Mali a été choisi sciemment en raison de l’implication du régime d’Amadou (Toumani) Touré dans une guerre contre les Moujahidine (combattants) », cédant « ainsi aux pressions exercées sur lui par la France et les Etats-Unis ». 24 heures après la diffusion dudit communiqué, ce sont des photos que les ravisseurs ont fait parvenir a plusieurs agences de presse. Sur la première, on voit les deux Français, Serge Lazarevic et Philippe Verdon, enlevés le 24 novembre à  Hombori (nord-est du Mali), avec trois hommes armés derrière eux, le visage recouvert d’un turban. L’autre montre les trois Européens – un Britannique, un Suédois et un Néerlandais enlevés le lendemain à  Tombouctou (nord du Mali) – entourés de quatre hommes en armes, dont l’un a le visage découvert. Un touriste allemand qui avait résisté à  son enlèvement avait été tué à  Tombouctou. La diffusion des photos intervient tout juste à  la veille d’une réunion organisée à  Nouakchott, entre les ministres de la Défense de dix pays du pourtour méditerranéen, européens et africains. Il y sera notamment question des nouvelles menaces nées de la dispersion d’armes dans les pays du Sahel en provenance de Libye et de la multiplication des prises d’otages par Aqmi dans toute la région du Sahel.

Sécurité : La stratégie de Bruxelles

Ce mardi 8 décembre 2011, Mme Ashton, Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité pour l’Union Européenne, a reçu MM. Maiga et Bazoum Ministres des affaires étrangères du Mali et du Niger, ainsi que M. Messahel, Ministre délégué aux Affaires Africaines de l’Algérie. Ils étaient accompagnés de l’Ambassadeur de la Mauritanie. En effet, les quatre pays dits « pays du champs » que sont, le Mali, la Mauritanie, le Niger et l’Algérie sont profondément affectés par la récente recrudescence des activités terroristes au Sahel. Il y a seulement 10 jours, cette situation s’est exacerbée par l’enlèvement de 5 nouveaux otages européens et l’Assassinat d’un ressortissant allemand. Dans un contexte marqué par les conséquences de la crise libyenne, et o๠de nouvelles menaces terroristes font jour au Nord du Nigeria, cette démarche commune de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger s’inscrit, selon l’Union Européenne, dans la suite de la Conférence d’Alger visant à  promouvoir la coopération régionale dans le lutte contre le terrorisme au Sahel. « Cette démarche rencontre le plein soutien de l’Union européenne d’autant plus que seule la coopération régionale apportera la réponse nécessaire à  une menace qui ne connaà®t pas de frontières ». Notons que dans cette perspective, l’Union européenne a mis au point une Stratégie pour la Sécurité et le Développement au Sahel, d’ores et déjà  pleinement opérationnelle. Cette stratégie est dotée de 150 millions d’euros, et couvre en priorité la Mauritanie, le Mali et le Niger. Dans une approche se voulant globale, elle englobe l’action diplomatique, la sécurité, le développement et la prévention de la radicalisation. Le déplacement des 4 personnalités témoignent de la solidarité de L’union européenne avec les pays du Sahel affectés par la menace terroriste, et notre soutien continu à  la coopération régionale pour lutter contre cette menace. A savoir : Mme Ashton est une personnalité politique britannique, haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité‎ pour l’Union européenne à  compter du 1er décembre 2009 Les Ministres Maiga et Bazoum ont également rencontré les Commissaires Piebalgs (développement) et Georgieva (aide humanitaire) pour évoquer le risque de crise alimentaire au Sahel. Pour faire face à  cette crise, l’union européenne met sur pied une réponse qui devra répondre aux défis à  court terme d’aide alimentaire, mais également à  moyen et long terme de relance de la production agricole et de réduction de la vulnérabilité.

IBK : « Pour en finir avec l’insécurité dans le Nord Mali »

Pour en finir avec l’insécurité dans le Nord Mali Les enlèvements et le meurtre de ressortissants occidentaux perpétrés au mois de novembre dans le Nord Mali, à  Hombori et à  Tombouctou, ont suscité peine et émotion dans tout le pays. Ils ne sont pas l’œuvre de simples bandits, mais celle de terroristes. Depuis quelques années, la répétition de tels actes a eu pour conséquence de ruiner les efforts de développement, notamment dans le tourisme, qui faisait vivre des milliers de familles maliennes. Comment en est-on arrivé là  ? Les accords dits d’Alger signés en 2006 pour mettre fin à  une rébellion armée ont imposé un retrait de notre armée nationale de la partie nord du Mali au profit de groupes de sécurité mixtes qui n’ont jamais vu le jour. Or, lorsqu’un Etat abandonne ses missions régaliennes sur une partie de son territoire, il laisse le champ libre à  la prolifération d’activités illicites : prises d’otages et narco trafic. Bien heureusement, le retour des forces de sécurité est en marche, à  travers le Programme spécial pour la paix, la sécurité et le développement dans le nord Mali (PSPSDN), lancé par le gouvernement en 2011. Mais entre temps, la menace a évolué, les groupes terroristes s’étant installés et intégrés aux populations locales, vulnérables et vivant pour beaucoup dans des conditions difficiles. Récemment, la fin de la guerre en Libye et le déversement de son trop-plein d’armes vers le Sud Sahel a accentué le risque terroriste, et de nouvelles menaces sécessionnistes se font jour. Aujourd’hui, le premier des remparts contre l’insécurité au Mali doit être l’unité nationale. Nous devons nous rassembler pour envoyer un message clair et fort à  tous ceux qui déstabilisent les fondements de notre société : les valeurs de paix et de tolérance sont les ferments de notre peuple, nous n’accepterons jamais la violence. D’ici quelques mois, une autre réponse sera d’œuvrer à  ce que les élections présidentielle et législatives de 2012 soient exemplaires, pour donner toute la légitimité nécessaire à  la prochaine équipe, dont l’une des priorités sera de gagner le combat contre l’insécurité et le terrorisme. Au delà  de ces échéances, il nous faudra remobiliser notre armée nationale et l’ensemble de nos forces de sécurité, dans le cadre d’une nouvelle loi de programmation militaire, qui tienne compte des menaces récentes. Cette réorganisation devra inclure la formation d’unités d’élites et de services de renseignement dédiés à  la lutte anti-terroriste, et dévoués à  la Nation toute entière. Mieux équipée grâce à  l’aide de nos partenaires, l’armée malienne sera aussi plus réactive, plus efficace. Pour mener à  bien sa mission, elle pourra s’appuyer sur un pouvoir civil ferme et déterminé à  restaurer l’autorité de l’Etat pour garantir la sécurité de tous sur l’ensemble du territoire national. Pour ce faire, il utilisera de manière implacable les instruments à  sa disposition que sont la force légale, le droit et la justice, contre tous ceux qui mettent en péril la cohésion nationale, la paix et la sécurité. En agissant ainsi, nous pourrons rétablir la confiance entre tous les citoyens et l’Etat, mais également la confiance entre le Mali et les pays amis dont la coopération nous est précieuse. Evidemment, pour être viable, la réponse ne saurait être que sécuritaire. Il faut nous projeter sur le long terme en réfléchissant à  de nouvelles entités territoriales, qui tiennent compte des composantes socio culturelles de toutes les communautés du Nord Mali, et dans lesquelles chacun se reconnaà®tra. Cette nouvelle étape pourrait être l’aboutissement d’un processus de dialogue et d’échange ouvert à  tous, sous la forme d’assises nationales du Nord. Nous serons ainsi mieux armés pour accentuer les efforts en faveur du développement socio-économique de ces régions, qui passe notamment par la construction d’infrastructures et la mise en place d’un ambitieux plan décennal de relance du tourisme. Demain, pour réussir tous ces défis, la volonté politique ne devra pas faire défaut. Le risque d’une déstabilisation du Mali au Nord, à  travers l’expansion de la menace terroriste et le réveil des velléités irrédentistes est avéré. Nous devons l’endiguer au plus vite pour maintenir la paix, sans laquelle aucun développement n’est possible.

Les enlèvements au Mali illustrent l’échec de la coopération militaire au Sahel

DAKAR (AFP) – Cinq enlèvements et un meurtre d’Européens en moins de 48 heures dans le nord du Mali, illustrent l’échec de la coopération militaire entre les pays de la bande sahélo-saharienne face aux activités des groupes armés, dont la branche maghrébine d’Al-Qaà¯da. En avril 2010, quatre des pays les plus touchés par les actions d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et d’autres groupes criminels armés (Algérie, Mali, Niger, Mauritanie) ont créé un Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cémoc) basé à  Tamanrasset (sud de l’Algérie). Doublé d’un centre de renseignement à  Alger, l’objectif du Cémoc est de mieux coordonner les actions des quatre armées dans la lutte anti-terroriste et d’arriver à  mener des opérations conjointes dans chacun des pays affectés. Opérations d’autant plus urgentes que le retour au Mali et au Niger de milliers de combattants lourdement armés ayant servi l’ex-régime libyen de Mouammar Kadhafi – en grande partie touareg – a renforcé l’insécurité dans cette vaste région difficile à  contrôler. Attentats, tentatives d’attentats, enlèvements, trafics: en 17 mois depuis la mise en place du Cémoc, les activités d’Aqmi se sont intensifiées dans les quatre pays concernés. Jeudi et vendredi, deux Français, puis trois touristes européens, ont été enlevés à  Hombori et Tombouctou o๠un quatrième touriste, un Allemand qui avait résisté à  son enlèvement, a été froidement abattu d’une balle en pleine tête. Au total, neuf Européens, dont six Français, sont désormais retenus en otage dans le Sahel. Les chefs des armées du Cémoc se réunissent tous les six mois, sans jamais jusqu’à  maintenant être parvenus à  mettre sur pied des patrouilles conjointes. Or, souligne Gilles Yabi, responsable à  Dakar de l’ONG International Crisis Group (ICG), « tout le monde réalise que cette coopération (devent aboutir à  des opérations conjointes) est nécessaire pour porter un véritable coup aux groupes armés ». Un temps « assez clairement critiqué comme le maillon faible de la lutte anti-terroriste », le Mali, o๠Aqmi a depuis plusieurs années implanté des bases d’o๠elle « rayonne » dans la région, a désormais « une réaction plus claire », souligne-t-il. Bamako a vigoureusement réagi aux derniers enlèvements et au meurtre du touriste allemand, dénonçant une « action terroriste » considérée comme « une attaque perpétrée contre la sécurité et la stabilité de notre pays ». Rapts et meurtre au coeur de la cité historique de Tombouctou, ancien haut lieu du tourisme du Mali, portent un coup dur à  l’économie de ce pays pauvre. L’armée malienne, sans gros moyens, mais épaulée par des militaires français implantés dans la région, a été mobilisée pour tenter de retrouver la trace des otages, dont les dernières informations indiquent que certains ont été emmenés dans le grand nord malien, vers la frontière algérienne. En marge de la dernière réunion du Cémoc à  Bamako, le 21 novembre, c’est l’Algérie qui a été désignée comme un frein à  la coopération militaire régionale. Un délégué nigérien a noté que « l’armée algérienne, à  elle seule, a plus de moyens que les armées nigérienne, malienne, et mauritanienne » réunies, ajoutant: « Je ne comprends pas pourquoi elle ne va pas sur le terrain pour nous aider à  lutter contre Aqmi ». L’Algérie s’oppose à  la volonté de certains de ses voisins d’élargir la lutte anti-terroriste à  son rival marocain et apprécie peu l’intervention de la France, ancienne puissance coloniale dans tous les pays concernés, avec laquelle elle a des relations complexes, note-t-on de source diplomatique. « En ne faisant rien en commun contre Aqmi, les pays du Sahel laissent le champ libre aux terroristes », a estimé à  Bamako un responsable mauritanien dont le pays est celui qui s’est le plus impliqué, n’hésitant pas en 2010 et 2011 à  mener en territoire malien des opérations militaires contre Aqmi.

Enlèvements au Nord : La France intervient au Mali

Les choses se sont vite accélérées ces dernières 72 heures dans la partie nord de notre pays. A Hombori (une localité située entre Mopti et Gao), deux Occidentaux de nationalité française ont été enlevés par sept individus armés non encore identifiés dans la nuit du mercredi 24 au jeudi 25 novembre. Philippe Verdon et Serge Lazarevic étaient présentés comme des géologues travaillant dans cette zone. 24 heures après, alors que les recherches s’accélèrent pour retrouver leur trace, un nouveau rap vient d’avoir lieu cette fois-ci à  Tombouctou, à  environ 200 kilomètres de la première localité. Trois autres Occidentaux ont été enlevés dans leur en pleine journée. Selon la chaine de télévision « France 2 », ils sont Australien, Allemand, Néerlandais et Sud-africain. Un quatrième, nous apprend-on, qui a refusé de les suivre, a été exécuté par les ravisseurs. « Lorsque J’ai entendu un coup de fusil, je suis retourné à  l’auberge et J’ai vu un Blanc qui était déjà  tué » témoigne le réceptionniste de l’hôtel à  « France 2. Selon lui, « les ravisseurs ont fait irruption dans l’hôtel et ont demandé après leurs victimes, avant de les sortir de leurs chambres ». Tombouctou, qui est une ville très prisée par les touristes, était jusque là  épargnée par les séries d’enlèvements. Si ces actions terroristes n’ont pas encore été revendiquées, les spécialistes sont formels qu’elles portent la signature d’AQMI. Al-Qaà¯da au Maghreb islamique, qui a ses racines en Algérie, dispose également de bases au Mali d’o๠elle opère dans plusieurs pays du Sahel (Niger et Mauritanie en particulier). Ne pas sortir de Bamako Depuis l’éclatement des derniers évènements dans le sahel, la confusion s’est installée dans les esprits. Les ressortissants occidentaux vivant à  Bamako, notamment la communauté française, ont renforcé les mesures de prudence et de sécurité. Au Lycée français de Bamako, les dispositions sécuritaires ont été redoublées d’efforts. Et des policiers français ont été dépêchés à  Bamako pour les enquêtes. Selon un ressortissant français interrogé par le chaine de télévision publique « France 2 », la consigne est clair : « on nous a instruit de ne sortir de Bamako », dit-il. Tant dis qu’une autre compatriote regrette « la fin des week-ends sur le plateau dogon ». Quant aux recherches de la piste des ravisseurs, notamment de Hombori, la France a envoyé des troupes militaires sur le sol malien. Avec les forces armées maliennes, elles devront entreprendre des patrouilles conjointes. Du côté du gouvernement du Mali, qui joue la carte de la prudence, on regrette « une action terroriste » suite à  ces évènements. Dans un communiqué officiel lu à  la télévision nationale, Bamako a exprimé sa compassion pour les familles des victimes, et affirmé sa détermination de poursuivre la lutte contre le terrorisme. Le moins que l’on puisse dire C’’est que cette série d’enlèvements témoigne de la présence de plus en plus remarquable d’islamistes dans la bande sahélo-saharienne. Pour les spécialistes de la question militaire, tout porte à  croire que la crise libyenne a donné de nouvelles racines à  l’organisation islamique. Car de nombreux ex combattants sont retournés dans cette zone avec d’importantes quantités d’armes. l’Occident, notamment la France, qui a joué un rôle actif dans le renversement du régime libyen, pourrait devenir une cible privilégiée des ravisseurs. Par ailleurs, ces prises d’otage spectaculaires interviennent moins d’une semaine après la fin de la rencontre à  Bamako du Comité des chefs d’Etat majors opérationnel des quatre pays de la bande : Algérie, Niger, Mauritanie et le Mali.

« On est venus pour les blancs »…

La « ligne de démarcation » est encore descendue hier. Elle est passée ce 24 novembre de la région de Tombouctou à  celle de Mopti. Hombori se trouvait jusqu’ici en « zone orange », ce qui signifie que le risque sécuritaire y est modéré par rapport au région de Tombouctou et Kidal, placées elles en « zone rouge » par le gouvernement français. Cet enlèvement de deux géologues français, Philippe Verbon et Serges Lazarevic, vient aggraver un peu plus la situation sécuritaire de la région. Bien qu’il n’y ait pas pour l’instant de revendication, tout porte à  croire que qu’AlQaida au Maghreb Islamique se trouve derrière cette attaque armée. Les deux hommes étaient en mission à  Hombori dans le cadre d’une étude de faisabilité sur le projet de cimenterie de la localité, pour le compte de la Banque mondiale, selon des informations recueillies auprès des autorités locales. Arrivés de Bamako mardi, ils devaient quitter la ville le jeudi matin. Leurs ravisseurs étaient donc bien informés et ont bien planifié le rapt. Selon le gérant de l’hôtel, ses collaborateurs et lui ont été attachés et contraint de dire dans quelle chambre se trouvaient les deux hommes. « On est venus pour les blancs » aurait déclaré l’un des ravisseurs à  leur arrivée. Puis «à  un moment donné, j’ai entendu un cri. C’était un des Français. J’ai vu des traces de sang dans une chambre», raconte encore le gérant. Après avoir réussi à  se libérer, le gérant a contacté les autorités. Le maire de Hombori, Amadou Maà¯ga a «aussitôt engagé les recherches avec toutes les forces de sécurité présentes dans la zone notamment, la gendarmerie, la garde mobile de Gossi et l’armée. Mais pour le moment, nous n’avons aucune trace des ravisseurs, ni aucune information sur leur identité. Depuis ce vendredi, des soldats français patrouillent dans la zone aux côtés de l’armée malienne. Ces soldats ont été dépêchés de Sévaré, près de Mopti, non loin d’Hombori, o๠ils forment habituellement des soldats d’élite de l’armée malienne. Militaires maliens et français ont été envoyés dans cette zone pour tenter de retrouver la trace des ravisseurs, qui selon le personnel de l’hôtel, étaient « blancs de peau ». Nouveau coup dur pour le tourisme Hombori est une zone à  fort potentiel touristique qui recevait auparavant des visiteurs du monde entier. Mais depuis que le Mali a été classé comme « pays dangereux » et déconseillé par les pays occidentaux à  leurs ressortissants, le secteur touristique est dans l’impasse. Selon le maire, l’espoir était pourtant de retour ces dernières semaines. « Les touristes ne venaient plus. Ils ont commencé à  venir il n’y a même pas un mois. Un important groupe est arrivé il y a 15 jours. Voyez comment cette affaire tombe mal ! ». La psychose d’insécurité risque donc de repartir de plus belle et ce quelque soit l’issue de cette prise d’otages qui ne pouvait tomber plus mal.

Le récit de l’enlèvement des 2 français : « Où sont les blancs? « 

« O๠se trouvent les blancs » ? Les faits se déroulent en pleine nuit, vers 1 heure, mercredi, à  l’hôtel Le Dombia, à  Hombori, une localité située entre Mopti et Gao. Sept individus, vêtus de boubous et armés de kalachnikov et d’armes blanches pénètrent dans l’hôtel après avoir bâillonné le chauffeur des Français. « Ils ont brusquement attaché les gardiens, après ils sont venus vers moi, pointant leurs fusils, leurs kalachnikovs. Ils m’ont attaché, ensuite ils ont enfoncé la porte de l’hôtel pour entrer », raconte Mamadou au micro d’Europe1. Une fois dans l’hôtel, les ravisseurs séquestrent alors le propriétaire des lieux et lui demandent de leur indiquer la chambre o๠se trouvent « les deux blancs ». » Ils m’ont dit : ‘on n’est pas venu pour toi, on est venu pour les blancs’. Ils m’ont dit : ‘ne crie pas, ne fait rien' », raconte au micro de RFI le dirigeant de l’hôtel. Des traces de sang retrouvées Là , les deuxFfrançais sont réveillés en plein sommeil. l’un d’entre eux aurait été victime de violences. « J’ai entendu des cris », poursuit le dirigeant de l’hôtel. « Il y en a un qui était en bonne santé, l’autre ils l’ont sauvagement frappé », confirme le chauffeur des deux Français. Selon les premières constatations, des traces de sang ont été retrouvées sur le tapis et les oreillers de la chambre d’hôtel des victimes. Un autre témoin a aperçu les Français embarqués de force dans un véhicule. Une heure plus tard, les ravisseurs et leurs otages avaient disparus dans le désert. Les deux Français ont en effet été emmenés vers le grand Nord malien. Une région classée en zone rouge par la France, ce qui signifie que les voyages y sont strictement déconseillés. Ils ne s’étaient pas signalés à  l’ambassade Les forces maliennes ont été déployées pour retrouver les otages et les ravisseurs. En vain. Interrogé par Europe 1, le porte-parole du Quai d’Orsay assure que tous les moyens sont déployés pour retrouver les victimes. Les deux géologues, qui ne s’étaient « pas signalés à  l’ambassade française ni au consulat » résidaient à  l’hôtel depuis mardi. Ils effectuaient une mission pour le compte de la Banque mondiale dans une cimenterie de la région. Peu de temps avant leur enlèvement, ils venaient de faire un compte-rendu de leur journée de travail à  leurs collègues maliens. Pour l’heure, l’enlèvement n’a pas été revendiqué, mais Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) figure dans les pistes les plus probables pour expliquer ce rapt.

Tourisme : Le Mali a déjà perdu plus de 50 milliards

Depuis deux ans, le Mali est la cible d’une campagne de certains pays occidentaux, notamment la France, qui le présente comme étant une destination à  risque. Comme l’on pouvait s’y attendre, cette campagne n’a pas tardé à  produire ses effets sur l’activité touristique au Mali. Conséquence : l’Etat a enregistré ces deux dernières années plus 50 milliards de francs FCA de pertes et le secteur touristique a connu près de 800 emplois perdus. Les autorités françaises suivies par d’autres pays européens, depuis quelques années, ont divisé le Mali en deux zones « rouge » et « jaune ». Le rouge identifie les trois régions du nord (Gao, Tombouctou, Kidal) et celle de Mopti. Or, ce sont là  quatre régions o๠l’activité touristique était intense avec des milliers de visiteurs chaque année. En effet, des plateaux Dogon (Mopti) à  Tombouctou, le Mali tirait d’importantes recettes de son tourisme. s’y ajoutent d’autres bénéfices connexes au profit des populations qui, en majorité, se livrent au commerce de produits locaux destinés aux touristes. Servies par les prises d’otages d’otages occidentaux par la branche Al-Qaà¯da pour le Maghreb islamique (AQMI), les autorités françaises ont multiplié les appels à  l’adresse de leurs ressortissants pour leur demander d’éviter de se rendre au Mali, en Mauritanie et au Niger. Or, de 2006 à  maintenant, sur 42 otages enlevés au Sahel, un seul (Pierre Camatte) l’a été sur le sol malien. Tous les autres ont été enlevés au Niger, en Mauritanie ou en Algérie. Mais curieusement, la France continue d’asphyxier le tourisme malien avec le maintien ces mesures de restriction contre les régions touristiques du Mali. Les conséquences de ces mesures sont, on le voit aujourd’hui plus que jamais, désastreuses pour le Mali. Lors de sa récente participation à  l’exposition sur le tourisme dans les plateaux Dogon à  Paris, le président de la République, Amadou Toumani Touré, n’a pas raté l’occasion d’évoquer la situation dans laquelle le tourisme au Mali se trouve actuellement. Son appel réussira-t-il à  changer le cours des choses? En attendant, les autorités ont décidé de voler au secours du secteur en offrant des exonérations de taxes et d’impôts à  des opérateurs qui sont dans une situation qui semble empirer chaque jour un peu plus.

AQMI ou l’illusion de l’information tronquée

Vendredi 24 juin 2011, une opération militaire de grande envergure est lancée par les forces armées mauritaniennes, dit-on, contre Al-Qaà¯da au Maghreb islamique, Aqmi, près de la forêt de Wagadou à  la frontière avec le Mali. l’assaut, qui s’est poursuivi jusqu’au dimanche 26, a fait neuf morts parmi les islamistes. Quelques heures après l’opération, au cours d’une conférence de presse à  Nouakchott, les forces de sécurité mauritaniennes se fendent d’un communiqué revendiquant la paternité de cette de cette frappe militaire. Et le Mali? Opération conjointe ? l’opération de communication à  la mauritanienne a fait conclure aux médias qu’il s’agissait d’une initiative des forces armées et de sécurité de la Mauritanie. Mais coup de théâtre le lundi 27 juin quand au ministère malien de la défense, nous apprenons qu’il s’agit d’une opération militaire conjointe du Mali et de son voisin mauritanien. De sources militaires, des officiers de l’armée de l’air malienne faisaient partie des deux délégations, laissant envisager un recours à  des moyens aériens pour le projet d’opération. Mieux, le même jour, le Mali annonce l’empoisonnement de plusieurs activistes islamistes à  l’issue de ce raid. L’armée malienne a, ainsi pour sa part, indiqué l’arrestation dans la nuit de samedi à  dimanche, de neuf membres d’Aqmi près de la forêt de Wagadou,. Il s’agit de six Mauritaniens et de trois personnes d’ethnie peule dont la nationalité n’a pas été précisée. Il n’en fallait pas moins pour provoquer la colère de Nouakchott. Qui regrette que « les prisonniers soient de simples citoyens mauritaniens ». Au regard des dernières évolutions de l’affaire, il y a fort à  craindre un risque de divergence entre le Mali et son partenaire mauritanien dans la lutte contre l’insécurité au Sahel. Flou autour de la communication Dans cette confusion autour de l’opération du vendre 24 juin, le gouvernement malien a pêché par son manque de communication. Et aujourd’hui le flou entretenu autour de l’opartion a laissé place aux spéculations. Beaucoup de zones d’ombres autour cette offensive militaire. On a l’habitude de qualifier l’armée de « grande muette », mais la circulation de l’information en ces périodes crises sécuritaires, est fondamentale. Lorsque le Mali fait face de telles opérations militaires, le fait agaçant demeure l’absence de communiqué officiel du gouvernement, bien souvent ce sont les médias ocidentaux qui ont la primeur de l’information concernant ces attaques grâce à  des informateurs sur place. La presse étrangère détient presque toujours le scoop au mépris des organes d’information locaux. Or, visiblement dans la lutte contre l’insécurité dans la bande sahélo-saharienne, les différents pays (Niger, Algérie, Mauritanie) jouent la carte de la communication. Et n’y a que le Mali qui opte pour le silence. Dans la bataille de communication autour de cette opération militaire, C’’est la Mauritanie qui semble tirer son épingle du jeu.

Mali : AQMI, la fin de la politique de l’autruche ?

« Je ne comprends pas, dit un député malien. Le 11 mai dernier, à  Paris, notre nouveau ministre des Affaires étrangères a été longuement auditionné par les députés français sur le terrorisme et le narcotrafic au Sahel. Or il ne l’a pas encore été par nous-mêmes ! » Cette remarque en dit long sur l’omerta qui règne à  Bamako. En novembre 2009, un Boeing bourré de cocaà¯ne s’est posé en plein désert, au nord de Gao. Motus chez les tous les officiels maliens. Sans les fuites dans la presse de Bamako, personne n’en aurait rien su. Le narcotrafic ? Connais pas. Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) ? On en parle le moins possible… Est-ce à  cause des raids à  répétition d’Aqmi (Arlit en septembre, Niamey en janvier, Nouakchott en février) ? Depuis quelques mois, le président Amadou Toumani Touré (ATT) ne fait plus la politique de l’autruche. En décembre, il rappelle à  Bamako le colonel Gamou, un ex-rebelle touareg qui commandait la région militaire du Mali (Gao, Kidal). En avril, il nomme aux Affaires étrangères un homme à  poigne, l’ex-ministre de la Défense Soumeylou Boubèye Maà¯ga. Le 6 juin, un procureur de Bamako annonce à  la télévision que trois suspects – un Espagnol, un Français et un Malien – étaient inculpés et détenus dans l’affaire du « Boeing de la coke ». Un tournant ? En tout cas, C’’est la réponse d’ATT à  une double pression. à€ l’extérieur, les partenaires ne cessent de dénoncer les défaillances de l’à‰tat malien – considéré par beaucoup comme le « maillon faible » de la lutte antiterroriste. à€ l’intérieur, les populations du Nord ne bénéficient plus de la manne étrangère. à€ Gao et à  Tombouctou, toutes les ONG de développement sont parties. à€ Mopti, la fréquentation touristique est tombée de 150 000 visiteurs à  50 000 visiteurs par an. Corruption Pourtant, à  Bamako, beaucoup restent sceptiques. « Voilà  huit ans que les islamistes algériens utilisent notre pays comme sanctuaire, et il n’y a toujours pas de vraies unités antiterroristes ni de coordination police-justice », se lamente un ancien responsable des services maliens. « Pourquoi les colonnes d’Aqmi sont-elles le plus souvent attaquées par les armées de nos voisins, y compris sur notre propre territoire ? » s’étonne Tiébilé Dramé, le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena). Autre inquiétude, la corruption de la classe politique par l’argent du crime. Outre le trafic de cocaà¯ne, les enlèvements d’Occidentaux font la fortune de quelques-uns. « Entre 2003 et 2010, les rapts ont rapporté au total quelque 15 millions d’euros », estime un spécialiste. Aujourd’hui, pour les quatre otages français capturés à  Arlit, les ravisseurs exigent une rançon de… 100 millions d’euros ! Via les intermédiaires, qui prennent de belles commissions, une partie du magot revient à  Bamako. Mountaga Tall, le président du Congrès national d’initiative démocratique (Cnid), lance un pavé dans la mare : « Si le Mali ne met pas fin au système de fraudes et d’achat de voix, nous risquons d’avoir, un jour, un narcotrafiquant à  la tête du pays. »

La Coalition sahélienne est né : 75.000 militaires mobilisés dans 18 mois

Placée sous le thème «Sécurité et développement», la rencontre de Bamako, la capitale malienne, qui a réuni, vendredi dernier, les ministres des Affaires étrangères des quatre pays du Sahel, (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger) aura surtout permis aux participants de faire le point sur la situation et les risques sécuritaires qui menacent toute cette zone. Sur le plan chronologique, elle intervient au moment o๠le chaos libyen tend à  se propager dangereusement au-delà  des frontières de la Jamahiriya. A cet égard, même si elle s’inscrit dans le cadre d’un calendrier adopté par les pays concernés, elle n’a cependant rien d’une réunion o๠sont généralement débattues les affaires courantes. Sur le plan stratégique, elle reflète une prise de conscience collective face aux nouvelles menaces exprimées par Al Qaà®da, notamment après l’annonce de la neutralisation de son chef «charismatique». De ce fait, la réunion de Bamako devrait constituer une étape très importante dans la construction de l’édifice sécuritaire sahélien dans lequel l’Algérie joue un rôle prépondérant sur les plans opérationnel et économique. Selon des sources sécuritaires, le Mali, trop longtemps réticent par rapport à  un règlement politique de l’épineuse question des Touareg, serait sur le point d’adopter les mêmes démarches que celles de l’Algérie. Les exigences sécuritaires imposées par un contexte régional menaçant ont apparemment réussi à  mettre tout le monde sur la même longueur d’onde. En plus des Algériens, Maliens, Nigériens et Mauritaniens expriment aujourd’hui, à  l’unanimité, la nécessité absolue de consolider la présence des dizaines de tribus touarègue en leur assurant un soutien économique conséquent. l’aide de 10 millions de dollars accordée par l’Algérie au Mali devrait en principe, estiment nos sources, permettre de relancer certains projets infrastructurels au profit d’une population qui ne doit en aucun cas, être abandonnée au chantage et aux pressions exercées par les groupes terroristes et les clans mafieux qui ont plongé cette région dans l’insécurité pendant de nombreuses années. Ayant constitué le ventre mou dans la lutte antiterroriste, le Mali est en train de revenir aux Accords d’Alger concernant les rapports entre le pouvoir central et l’opposition touarègue qui a toujours revendiqué une participation effective dans la gestion des affaires du pays. En un mot, le Mali est en train de revoir sa copie afin de se donner une consistance réelle et un rôle efficace dans la sécurisation de la région. Le tout-sécuritaire n’étant qu’un élément quoique fondamental, C’’est par le biais d’une prise en charge économique et sociale de l’ensemble des préoccupations exprimées par les populations de cette zone que les pays du Sahel entendent redémarrer leur coopération. Dans ce contexte, les 75.000 militaires qui seront mobilisés dans les prochains 18 mois, selon un plan antiterroriste adopté par les quatre pays, ne seront que mieux confortés dans leur mission. C’’est à  ce prix et uniquement à  ce prix que les pays du Sahel vont pouvoir convaincre les puissances occidentales particulièrement de l’inutilité et l’inopportunité d’une intervention militaire étrangère. Forte de son expérience, l’Algérie aura les commandes des opérations militaires dans la région des forces de la coalition antiterroriste, tout en prenant en compte les différents programmes de réinsertion économique et sociale sans lesquels l’effort militaire n’aura aucune efficacité. En effet, le seul moyen efficace pour neutraliser Al Qaà®da au Maghreb islamique, qui dispose aujourd’hui d’un trésor de guerre inestimable composé d’armes subtilisées en Libye et de moyens financiers provenant des multiples trafics et rançons, réside dans la capacité des pays concernés à  répondre aux aspirations légitimes des populations de la région.

Lutte anti AQMI : les états renforcent la coopération

C’’est l’une des principales recommandations de leur rencontre de Bamako tenue ce vendredi 20 mai à  Bamako. Réunis pour une séance de travail d’une journée autour de la sécurité dans la bande sahélo-saharienne, les quatre ministres des Affaires étrangères, ayant en commun le Comité d’Etat Major Opérationnel Conjoint (CEMOC, regroupant lesdits pays), ont débattu d’une thématique aussi d’actualité que «Â La Lutte contre le Terrorisme et la Criminalité Transnationale Organisée ». Au cours de cette journée, les patrons de la diplomatie des quatre pays ont, en effet, passé en revue les points de discussions inscrits à  l’ordre du jour : il s’agit notamment du point de la situation sécuritaire dans le Sahel et de la coopération régionale, l’examen de l’impact de la crise libyenne sur la sécurité et la stabilité du Sahel, la mise en œuvre d’une convention des modalités du dialogue sécuritaire entre les pays concernés ainsi qu’avec leurs partenaires extrarégionaux. Au sortir de la réunion, le ministre malien des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Soumeylou Boubèye Maà¯ga, ne cachait pas sa satisfaction : «Â Nous sommes d’autant plus satisfaits, que la cette réunion confirme notre prise de conscience collective que le terrorisme constitue un danger réel, actuel et transfrontalier. Il ne s’agira pas pour nous d’entreprendre des actions qui pourront nous coûter le scénario à  l’irakienne, celui de l’Afghanistan. Il s’agit de coordonner nos actions pour une lutte plus efficace ». l’appel de Bamako Afin de faire face à  la menace du terrorisme dans la régionale, une coopération étroite, concertée et coordonnée est plus que jamais indispensable entre les pays du champ : Algérie, Mali, Mauritanie et Niger. A l’issue de leurs travaux, les participants ont convenu que la coopération doit être renforcée et multidimensionnelle, en alliant engagement politique et action opérationnelle. Elle sera axée, précise le communiqué finale, sur une approche sécuritaire collective, impliquant des mesures politiques, militaires et économiques visant à  renforcer la coopération, l’assistance mutuelle et les efforts communs pour combattre le terrorisme et éradiquer tous les facteurs liés à  la subversion et à  l’instabilité. Bref, la nouvelle approche vise à  réunir les conditions propices à  la préservation de la paix et de la sécurité dans la région. Dans leur déclaration, les ministres encouragent les institutions et mécanismes engagés dans cette coopération à  poursuivre leurs efforts d’adaptation aux nouvelles formes de menace. Pour eux, la responsabilité de chaque Etat de la région dans la lutte contre ce phénomène, dans le cadre d’une approche régionale solidaire et coordonnée des pays du champ (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger), est indispensable. D’autre part, la Déclaration des diplomates a souligné l’importance cardinale qu’accordent leurs pays au développement, notamment dans les régions frontalières o๠se sont tissés les liens séculaires entre leurs peuples, pour fonder une réalité historique faite d’échanges et de solidarité. « Les efforts nationaux, conjugués à  une coopération bilatérale, sont une réponse aux besoins légitimes des populations et aux impératifs de développement durable et harmonieux de tous les pays de la région » explique le Communiqué final de la réunion. Qui rappelle l’interdépendance entre la paix, la sécurité et le développement. Les ministres des quatre pays participants à  la réunion de Bamako ont également retenu le principe d’une fréquence plus soutenue de leurs consultations. C’’est ainsi qu’ils ont ainsi convenu d’une réunion ministérielle tous les six mois, dont la prochaine se tiendra à  Nouakchott, selon la règle de la rotation. l’institutionnalisation de ce cadre de concertation et d’action, précise le communiqué, ira de pair avec la mise en place de nouveaux espaces de dialogue et de coopération, dans tous les domaines qui pourront donner une impulsion aux projets de développement et d’intégration dans la région. Notamment dans les secteurs en charge de l’intérieur et des collectivités locales, des travaux publics, des transports, de l’agriculture, de l’hydraulique, du commerce, des finances, de la justice et enfin de la culture. Les conclusions de cette réunion ministérielle de Bamako seront en effet remises au président de la République du Mali. Lequel, selon nos sources, est attendu dans les prochains jours chez son homologue de l’Algérie, Abdel Aziz Bouteflika.

Lutte contre AQMI : le rapport d’ Amnesty dénonce le Mali

Dans la foulée du cinquantenaire des indépendances africaines, le rapport 2011 d’Amnesty International, qui interpelle « chaque citoyen à  agir pour que les droits de tous soient respectés et protégés », écrit que les célébrations des cinquantenaires des pays africains « ne peuvent occulter le fait que les espérances et les aspirations de quantité d’hommes et de femmes d’Afrique demeurent insatisfaites ». Elections et violences Le rapport note que la région africaine demeurait le théâtre de violations des droits humains « commises par les forces de sécurité et les organes chargés de l’application des lois ». Au nombre des violations des droits humains recensés par Amnesty International, figurent les exécutions extrajudiciaires, la torture, les mauvais traitements, l’usage excessif de la force entraà®nant des homicides… Entre répression, déplacement des populations soit du fait de conflit ou arbitrairement imposés, expulsions forcées et autres discriminations, on notera sur la situation du continent dans le rapport 2011 que « faute de volonté politique les progrès en matière d’obligation de rendre des comptes pour les crimes de droit international ont été limités ». Dans de nombreux pays, le processus électoral a été émaillé de violences et a donné lieu à  une recrudescence de violations des droits humains. Dans la quasi-totalité des cas, ces violations ont été commises en toute impunité, soutiennent les auteurs du rapport. La Côte d’Ivoire fait l’objet d’un rapport plus récent qui devra être rendu public le 24 mai prochain. Amnesty vient de conduire une mission d’observation sur les derniers événements et appelle les nouvelles autorités du pays pour que les populations villageoises victimes de violences puissent être sécurisées et permettre ainsi leur retour. D’ores et déjà , ce rapport qui recense toutes les violences, met en exergue l’importance de la reconstruction du système judiciaire national. Mollesse de l’Etat s’agissant du Mali, les observations portent essentiellement sur AQMI, le désormais fameux projet de loi relatif au Code des personnes et de la famille qui vise à  donner plus de droit aux femmes mais dont la mise en œuvre a soulevé tant de réprobations et la question de la peine de mort sur laquelle « aucune avancée n’a été enregistrée » même si aucune exécution n’a lieu dans le pays depuis de longues années. l’année dernière 13 personnes étaient condamnées à  mort. Le projet de loi élaboré par le gouvernement depuis 2007 pour son abrogation n’a jusque-là  pas été examiné par les députés. On retiendra, entre autres, que pour l’année écoulée quelque 157 pays ont fait l’objet d’observations critiques. Amnesty constate que des personnes ont torturé ou infligé des mauvais traitements dans au moins 111 pays, dans 61 pays les tortionnaires jouissaient de l’impunité, des procès inéquitables ont été conduits dans au moins 55 pays. La liberté d’expression était restreinte dans au moins 96 pays, des prisonniers d’opinion étaient détenus dans au moins 48 pays, 11 pays du G20 n’ont pas souscrit à  la CPI… De 1961, date de sa création à  la fin de l’année 2010, AI a mené au moins 3341 missions de recherche sur les atteintes aux droits humains commises dans le monde.

Terrorisme : Peut-on vaincre AQMI ?

Après plusieurs mois de silence, sans doute mis à  profit pour se réorganiser et se réarmer pour éviter et mieux répondre à  des attaques comme celle menée récemment par la France et le Niger contre une de leurs positions, la nébuleuse suscite encore des appréhensions. Cette peur bleue a été exprimée par l’ambassade de France à  Bamako qui fait état de risques très élevés de prises d’otages de ressortissants français au Mali et au Niger. Une source sécuritaire malienne a également avoué être au courant du projet nourri par Al-Qaà¯da d’officialiser sa présence en Libye en enlevant des Occidentaux dans les pays du Sahel pour les transférer ensuite au pays de Kadhafi. Cette alerte est à  prendre au sérieux car, en plus du fait qu’AQMI détient toujours quatre Français depuis septembre dernier, le régime libyen avait aussi annoncé l’implication des disciples africains de Ben Laden dans le conflit qui l’oppose aux insurgés. Et cela repose l’épineuse question de la lutte contre l’araignée vénimeuse de la zone sahélo-saharienne, une région qui attire pourtant de nombreux touristes de l’Occident. Certes, il serait injuste de mettre sous le boisseau les efforts consentis par les pays concernés dans l’optique d’enrayer ce triste phénomène. Il serait cependant plus honnête et plus utile de reconnaà®tre que les actions menées dans ce sens n’ont pas toujours été accompagnées de stratégies consensuelles et de moyens adéquats. Au point que l’on est parfois tenté de se demander si l’on arrivera un jour à  bout de cette hydre dont les multiples têtes repoussent spontanément dès qu’on les sectionne. Mais toute vraie victoire s’appuie sur un socle psychologique fort, d’o๠la nécessité de préférer à  la question de savoir si l’on peut vaincre AQMI, celle de savoir si l’on veut réellement y arriver. Pour mieux traquer cette force difficilement saisissable jusque dans ses derniers retranchements, une synergie d’actions semble absolument indispensable. Une action conjointe franco-mauritanienne a déjà  permis de localiser et de frapper une base d’AQMI. La France et le Niger ont aussi détruit un groupe après une prise d’otages. C’est la preuve que l’invincibilité de ce mouvement n’est qu’un mythe. Il est donc grand temps de planifier une intervention durable basée sur une synergie d’actions impliquant aussi bien les pays victimes des enlèvements que ceux abritant les kidnappeurs. Ces derniers doivent naturellement jouer un rôle de premier plan, dans la mesure o๠les rapts se déroulent sur leurs sols et leurs auteurs s’y cachent. Car, hormis la Mauritanie, et l’Algérie dans une certaine mesure, les autres pays de la bande sahélo-saharienne ne donnent pas l’impression d’accorder la place qu’il faut à  cette lutte anti-terroriste. Est-ce parce que les terroristes n’ont visiblement pas pour objectif de déstabiliser ou de conquérir les pouvoirs d’Etat en place ? L’on sait en tout cas avec quelle hargne, quelle fougue et quel entrain, nombre de dirigeants défendent leurs trônes menacés par des rébellions ou des tentatives avérées ou imaginaires de coup d’Etat. Ils n’hésitent pas, dans ce cas, à  user de tous les arguments convaincants possibles pour, en cas de besoin, bénéficier d’un soutien extérieur conséquent pour sauver leur régime. Qu’ils mettent aussi le même zèle à  développer des stratégies et des systèmes de coopération militaire pouvant procurer à  leur Etat l’assistance technique et matérielle nécessaire en vue de sécuriser leurs territoires. Il y va non seulement de l’image des pays concernés, mais aussi de leur capacité à  attirer des touristes et des investisseurs étrangers. Les pays occidentaux ne sont guère épargnés par la sérieuse menace que constitue le terrorisme pour leur stabilité. Leurs ressortissants en sont du reste les premières victimes, d’o๠l’urgence pour eux de contribuer à  susciter des plans de lutte pragmatiques avec un effet positif assuré. Cela passe par une dotation des pays africains en moyens opérationnels allant du matériel militaire aux renseignements en passant par l’accompagnement technique et tactique. Mais les pays de la bande sahélo-saharienne ne peuvent pas occulter le fait qu’ils ont le devoir d’assurer la sécurité de tout citoyen vivant sur leur territoire.

90 millions ! La rançon des otages au Niger

90 millions d’euros ! C’est la somme réclamée par AQMI pour libérer les 4 autres otages français, enlevés dans le nord du Niger, en septembre dernier. Cette information proviendrait d’une source nigérienne proche de la médiation, rencontrée dans le nord du Mali par l’AFP. Plus de 59 milliards de FCFA C’’est la somme exigée « Les ravisseurs réclament au moins 90 millions d’euros pour la libération des quatre otages français toujours détenus. Ils réclament aussi la libération de prisonniers d’Aqmi arrêtés dans plusieurs pays dont la France. Enlevés à  Arlit, les quatre Français: Daniel Larribe, Thierry Dol, Pierre Legrand et Marc Ferret sont prisonniers depuis le 16 septembre 2010. Aqmi avait revendiqué l’enlèvement des sept otages cinq jours après le kidnapping, et avait demandé le 18 novembre à  la France de négocier leur sort directement avec Oussama ben Laden. Oussama Ben Laden avait ainsi réclamé le retrait de la France d’Afghanistan pour les libérer, exigence rejetée par le gouvernement français. En début Mars, la présidente du Groupe AREVA, Anne Lauvergeon, avait déclaré avoir bon espoir de les faire revenir le plus vite possible. Surtout après la libération des 3 premiers à  savoir la Française Larribe, le malgache Jean Claude Rakotorilalao et le Togolais Alex Kodjo Ahonado, AQMI ( Al Qaeda au Mahgreb Islamique ). Refus de négocier Reste que la France, par la voie de son ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a rejeté ces demances d’AQMI; Qui dépassent de loin les fonds alloués par le Parlement à  la DGSE, pour la sécurité extérieure du pays. De plus, la France se trouve aux avants-postes de l’opération Libyenne, et les exigences d’AQMI passent pour le moment au second plan. Si la France refuse de négocier ou de céder à  pareille rançon, l’option militaire semble exclue également, du fait de la menace d’AQMI, après l’échec de l’opération visant à  libérer l’otage décédé Michel Germaneau. Pour les otages qui sont restés aux mains d’AQMI, l’issue pour le moment demeure incertaine, et il leur faudra sans doute attendre encore un peu avant d’être libérés.

Niger : AQMI libère 3 des sept otages français enlevés au Niger

Une Française, un Malgache et un Togolais ont été libérés par Aqmi. Enlevés dans le Nord du Niger en septembre dernier avec quatre autres otages, ils étaient détenus au nord du Mali. Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) a libéré dans la nuit de jeudi à  vendredi trois des sept otages qui avaient été enlevés le 16 septembre dernier à  Arlit, dans le nord du Niger. Il s’agit d’une Française qui souffre d’un cancer, d’un Togolais et d’un Malgache. « Ils ont été acheminés vers Niamey par les autorités nigériennes », a-t-on indiqué à  Niamey, sans donner de précision sur les conditions de leur libération ni sur le sort des autres otages – quatre Français (dont l’époux de la femme libérée), des employés d’Areva et de son sous-traitant Satom, filiale du groupe Vinci. Ceux-ci auraient été dispersés dans le Nord du Mali, o๠Aqmi dispose de bases arrières, avant d’être détenus dans des pays voisins. Lorsqu’Aqmi avait revendiqué le rapt, l’organisation terroriste avait indiqué que l’opération avait été dirigée par l’Algérien Abdelhamid Abou Zeà¯d, considéré comme responsable de l’assassinat de l’otage britannique Edwin Dyer en 2009, et plus récemment, de la mort du Français Michel Germaneau, en juillet dernier. Reçus à  l’Elysée Les trois ex-otages du Sahel, la Française, Françoise Larribe, le Malgache Jean-Claude Rakotorilalao et le Togolais Alex Kodjo, libérés dans la nuit de jeudi à  vendredi, ont été reçus, ainsi que leurs familles, samedi après-midi à  l’Elysée par le président Nicolas Sarkozy. Quatorze personnes -les trois otages et leurs proches- sont arrivées à  l’Elysée vers 14h30 et ont monté quelques minutes plus tard les marches du palais de l’Elysée pour rejoindre M. Sarkozy. Ils sont tous ressortis de leur entrevue avec le chef de l’Etat vers 15h15. Anne Lauvergeon, présidente du directoire d’Areva, était également présente. Avant de quitter l’Elysée, Mme Larribe et ses proches sont restés quelques instants dans la cour de l’Elysée pour discuter avec Mme Lauvergeon. Il n’y a eu aucune déclaration.

AQMI au Mali: Il faut maintenant réagir

« Tant que vous n’opérez pas sur notre territoire et que vous restez discret, nous fermons l’œil » Pour moi il est clair qu’ATT a de la bonne volonté, aujourd’hui bien plus qu’hier. Mais trop longtemps, on le sait maintenant, les autorités maliennes ont laissé le champ libre aux terroristes, selon le principe: « Tant que vous n’opérez pas sur notre territoire et que vous restez discret, nous fermons l’œil ». Je comprends tout à  fait le gouvernement malien, qui n’avait jamais auparavant eu affaire aux djihadistes et qui était soucieux de maintenir un fragile équilibre entre souveraineté et quasi autonomie de l’extrême nord du pays. La présence excessive d’une armée malienne, qui est par ailleurs très petite et assez mal équipée, inciterait les Touaregs à  reprendre les armes, pensait-on. Quoi qu’il en soit, les tentatives de dialoguer avec des djihadistes, o๠que ce soit dans le monde, ont, à  part quelques rares redditions de jeunes égarés, complètement échoués. Depuis le début des années 2000, les djihadistes algériens se sont peu à  peu implantés au nord du Mali. Là , ils s’abritaient de l’armée algérienne, étendaient leurs relations et leur emprise sur divers trafics transsahariens; notamment la cigarette, les armes et la cocaà¯ne. D’ailleurs les proportions de ces trafics est telle que, plus en amont, il est impensable qu’il n’y ait pas d’implications de certains dirigeants bamakois. Nombreuses sont les sources qui établissent, plus ou moins directement, du moins quelques « convergences d’intérêts », si non des cohésions entre trafiquants et certains dirigeants. De plus en plus puissants Au fur et à  mesure l’implantation et le pouvoir des djihadistes au Mali-nord sont devenus si forts, qu’ils ne se sentaient plus concernés par l’accord implicite avec les autorités bamakoises. Non seulement leur base est au Mali, mais ils n’hésitent plus d’affronter ouvertement l’état malien. L’attaque contre l’ambassade de France à  Bamako ne sera certainement que le début. J’espère que le gouvernement malien réalise que AQMI n’est ni un groupe mafieux ni un groupe rebelle « classique »; et qu’ils chercheront à  étendre toujours leur emprise sur le territoire. Beaucoup pensent que c’est un problème de la France et « des blancs » seulement. Mais sachez que ce ne sont que des prétextes qui feraient place à  d’autres prétextes si jamais ils parvenaient à  leur objectif annoncé de « libérer le Maghreb islamique des infidèles ». Négocier avec eux est peine perdue! Ils ne connaissent pas la carotte, seulement le bâton. Ce sont des éléments extrêmement dangereux pour l’ensemble de la société malienne et toute la sous-région. Ce qui fait leur dangerosité n’est pas l’armada de pick-up lourdement armés, mais leur idéologie dévastatrice et sanguinaire! Et ils n’y renonceront pas pour de l’argent ou d’autres avantages. Si on leur tend le petit doigt, ils finiront par prendre le bras entier. Seule la répression est envisageable. Le Mali doit faire des efforts Pour différentes raisons, le Mali a été le « maillon faible » dans la lutte contre AQMI, mais il n’est pas dit qu’il doit le rester. Afin d’évoluer, les responsables maliens doivent faire des choix difficiles, mais nécessaires. Tout d’abord il faut saisir la grogne touareg contre AQMI et constituer des groupes d’intervention avec eux. Le principal argument contre « l’armement des Touaregs » est la peur de Bamako de voir les Touaregs faire sécession une fois AQMI éliminé. C’est un risque, mais à  mon avis il n’y a pas de choix. Car au point o๠nous en sommes, le nord est de toute manière hors de contrôle et à  terme le djihadisme menacera l’ensemble du territoire malien. Il est également grand temps que les plus hautes autorités étatiques enquêtent sérieusement sur la collusion de certains de leurs dirigeants avec le narco trafic, et qu’ils n’hésitent plus de l’endiguer massivement. Car les revenus astronomiques du trafic de cocaà¯ne, qui a déjà  d’innombrables effets négatifs sur la société dans son ensemble, permettraient à  AQMI de tenir face à  l’armée malienne! Par ailleurs il faut absolument renforcer la coopération sous régionale et ce de manière inconditionnelle. Il faut désormais agir de manière décidée et concertée afin de ne pas laisser le champ libre aux terroristes qui pourraient transformer la région sahélo-saharienne en un Afghanistan bis.

Otages tués: Où est la vérité?

La version française Vendredi dernier, quatre individus armés pénétraient dans un restaurant de Niamey pour enlever deux jeunes français âgés d’une vingtaine d’années. Ce lieu considéré très sécurisé, est très fréquenté par les ressortissants français du Niger. Tous étaient loin de s’imaginer qu’un tel acte pouvait se produire en pleine capitale. Selon toute vraisemblance, l’opération a été perpétrée par Al Qaeda Au Maghreb Islamique (AQMI), même si celle-ci n’a pas revendiqué le rapt. Ainsi dès que l’alerte a été donnée par les nombreux témoins aux autorités du pays, une course poursuite a commencé. l’armée nigérienne a été soutenue dans cette opération, par des soldats français. En plus de la traque terrestre, un hélicoptère français suivait le véhicule 4×4 dans lequel se trouvaient les ravisseurs et leurs otages. Quelques heures plus tard, un communiqué officiel des autorités françaises annonçant la mort des deux jeunes hommes Vincent Delory et Antoine de Léocour. La France a alors affirmé que les ravisseurs ont tués leurs otages et se sont ensuite enfuis. Tous les ravisseurs seraient morts Un militaire mauritanien sous le signe de l’anonymat, indiquait à  journaldumali que ces affirmations sont fausses et qu’il ne s’agissait ni plus ni moins d’une bavure de l’armée française. Ce denier a affirmé que les otages et leurs ravisseurs ont tous été tués par des tirs des soldats français au cours de l’opération. Il précise que « que des échanges de tirs nourris ont eu lieu des deux côtés sur le territoire nigérien, à  200 km de la frontière avec le Mali. Cela a eu pour conséquence des morts et de nombreux blessés dont des soldats nigériens et français. C’’est de l’hélico français que les tirs provenaient le plus. » Il explique que « contrairement à  ce que la France s’évertue à  dire, les ravisseurs n’ont pas pu s’échapper et sont morts sur le coup. » « Pas de suspects interrogés par les nigériens » Cette version des faits vient d’être renforcée par une déclaration du ministre de l’intérieur et de la défense du Niger. Ousmane Cissé affirmait ce matin sur les ondes de radio France internationale, que le Niger n’a en sa possession, aucun terroriste. Et aussi, « nous avons reçus en tout, 6 corps. Parmi lesquels les deux otages français, deux soldats nigériens et deux des ravisseurs. Nous n’interrogeons personne en ce moment.» La veille, le ministre français de la défense, Alain Juppé affirmait pourtant que Niamey interrogeait deux des ravisseurs et que ceux-ci avaient tués leurs otages avant de tenter de s’échapper. Il est même formel en disant qu’un des jeunes malheureux a reçu une balle dans la tête à  bout portant. Par ailleurs, des médecins nigériens ayant vu les corps, indique de leur côté qu’un des corps des otages portait une tâche noirâtre ne pouvant provenir que d’un tire effectué à  partir d’un hélicoptère. En fin de compte, cette contradiction entre les deux pays crée des doutes sur le véritable déroulement de l’opération. Des corps brûlés Autre information qui vient renforcer le doute dans les esprits. Des témoins dans les services de santé nigériens ayant reçu les corps affirment que les deux jeunes ont été tués dans des conditions particulièrement brutales. Le corps de l’un d’eux est « entièrement calciné », les deux victimes portent sur leurs corps des traces de brûlures. Le second aurait reçu une balle dans la tête, à  partir d’un angle de tir qui remet en question la version des forces spéciales françaises. Alors, on est en droit de se demander pourquoi les ravisseurs qui « ont exécuté les deux jeunes avant de prendre la fuite » ont pu leur infliger ces brulures. N’ont-ils pas plutôt été tués dans le bombardement du véhicule de leurs ravisseurs dans lequel ils auraient dû encore se trouver au moment de l’attaque française ? Saura-t-on un jour ce qui s’est réellement passé ?

Le Mali, un sanctuaire pour les terroristes?

Il y écrit que « l’affaire des quatorze otages européens libérés en août 2003 dans le nord-est du Mali est riche d’enseignements. Au-delà  des tractations secrètes ayant permis un dénouement pacifique de cette prise d’otages et des implications sécuritaires pourtant prévisibles pour l’ensemble de la sous-région, cette affaire dévoile la véritable nature du régime malien et l’ambivalence de sa politique régionale: un Etat voyou qui, tout en s’attribuant les vertus de la démocratie et de la bonne gouvernance, compose avec le terrorisme ». Est-ce là  ce que le monde pense du Mali ? La sanglante issue de la prise d’otages de vendredi dernier chez le voisin nigérien peut pousser à  répondre par l’affirmative. Les deux jeunes gens français, faut-il le rappeler, ont trouvé la mort le samedi dernier dans des circonstances encore floues. Selon les autorités françaises, ils « auraient été exécutés par leurs ravisseurs ». Ces derniers, selon les premières informations les auraient assassiné avant de continuer leur route et de se retrouver face aux soldats français qui les avaient pris en chasse. Sur leur sort à  eux, on est vaguement informé. «Ils ont été neutralisés » a déclaré le Premier Ministre français François Fillon. On a appris hier après-midi que deux « suspects » dans cette affaire avaient été capturés et étaient interrogés à  Niamey. Et si les français pensaient comme notre confrère algérien ? Si l’option qui a cours est celle d’empêcher les preneurs d’otages de rentrer au Mali parce que les autorités maliennes ne font rien pour empêcher cette situation, voire l’encouragent ? On ne peut s’empêcher de se poser ces questions parce que depuis quelques années, notre pays s’est posé en négociateur dans les questions de prises d’otages. Pour preuve, ce sont les autorités maliennes qui mènent les négociations pour la libération des 7 otages, dont 5 français, enlevés depuis septembre dernier à  Arlit dans le Nord du Niger et transférés depuis dans l’immense désert malien. Un dossier dans lequel selon les français aucun canal sérieux de négociation n’a pu être établi avec les géoliers d’AQMI dont les revendications extravagantes, n’incitent guère les services spécialisés à  l’optimisme. Cette zone est donc devenue, aux dires des experts, un véritable refuge pour les narcotrafiquants, les islamistes armés et autres oiseaux de ce genre. Malgré les protestations de bonne foi des maliens. Le président Amadou Toumani Touré déclarait il y a quelques mois que le Mali ne pouvait être « le maillon faible de la lutte anti-terroriste dans le Sahel, tout simplement parce qu’il n’y a pas de chaà®ne ». Une façon de formuler son principal reproche à  ses voisins et aux occidentaux, le manque de concertation dans la lutte contre les terroristes et particulièrement AQMI. Pour ATT, le Mali à  lui tout seul ne saurait jamais contrôler les milliers de kilomètres carrés de dunes et de montagnes dans lesquelles se replient les malfaiteurs après leurs forfaits. Mais aujourd’hui, cela peut apparaà®tre non pas comme un aveu d’impuissance mais plutôt comme « du je-m’en-foutisme » ! Notre confrère algérien n’écrit-il pas encore dans son article que « cette défaillance du pouvoir malien, souvent justifiée à  tort par le manque de moyens, fait que les groupes terroristes se sentent chez eux et se déplacent librement, pour peu qu’ils donnent de l’argent ou de la nourriture aux populations nomades paupérisées qu’ils rencontrent afin que ces dernières les «vénèrent» et les protègent. » La position algérienne sur ce sujet est d’ailleurs très claire. Pour elles « les autorités nigériennes, pourtant dépourvues de moyens et dont le pays connaà®t une situation économique moins reluisante et beaucoup plus difficile que celle du Mali, déploient néanmoins des efforts méritoires dans la lutte antiterroriste au plan sous-régional et sont réceptives aux doléances et sollicitations de l’Algérie et des autres partenaires sur les questions sécuritaires d’intérêt commun. C’’est donc tout simplement de la mauvaise volonté voire du laxisme, illustration de la démission totale du pouvoir de Bamako face à  l’activisme du GSPC ne saurait se justifier ni par le manque de moyens, ni par un quelconque désintérêt de l’Algérie et des partenaires étrangers, mais par la corruption, l’égoà¯sme, l’irrationalité et l’inconscience des décideurs maliens ». Sans commentaires ! Tous les otages pour lesquels le Mali a négocié ont été libérés, au prix d’énormes rançons mais vivants. Lorsque des interventions militaires sont mises en œuvre, ce sont des cadavres qu’on ramène. C’’était hier le cas pour Michel Germaneau, C’’est aujourd’hui le cas d’d’Antoine de Léocour et Vincent Delory. Mais voici que la France annonce que désormais elle rendra « coup pour coup ». Doit-on en déduire que désormais, elle entend gérer elle-même ce genre d’affaires ? Cela voudrait-il alors dire qu’il n’existe plus aucune confiance entre maliens et occidentaux ? l’opération des troupes françaises qui « sont entrées seules en territoire malien pour tenter d’intercepter les ravisseurs » tend à  le prouver. Alors, de quoi cela augure-t-il ? De rien de bon en tout cas. Ni pour les français, qui peuvent ainsi être sacrifiés pour ne pas avoir à  discuter avec les ravisseurs (on peut le penser sans exagérer), les autorités de l’Hexagone assumant pleinement leur décision et promettant leur foudre aux auteurs de toute autre tentative. Ni pour les pays de la bande sahélo-saharienne qui, ayant affiché leur incapacité, vont devoir assister aux combats sur leur territoire sans rien avoir à  dire.

Attentat contre l’ambassade de France : la main d’Aqmi?

Le Sahel est devenu une zone dangereuse pour les Français. En août 2009 à  Nouakchott, capitale de la Mauritanie, un jeune homme s’était fait exploser près de l’ambassade de France, blessant légèrement deux gendarmes français et une Mauritanienne. Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) avait revendiqué cet attentat dans lequel le kamikaze mauritanien avait péri. l’incident intervenu mercredi soir à  Bamako semble différent, dans la mesure o๠la bonbonne de gaz n’a pas été actionnée, contrairement aux premières infos diffusées, et le terroriste n’avait visiblement pas l’intention de se suicider. Dans un communiqué officiel de quelques phrases, le ministère malien de la Sécurité a simplement annoncé hier dans la soirée: «Vers 19 heures (GMT) ce mercredi, un individu de nationalité étrangère a fait exploser une bonbonne de gaz devant l’ambassade de France à  Bamako, faisant deux blessés légers parmi les passants». «L’individu également armé d’un pistolet n’a pas pu faire usage de son arme. Maà®trisé par les forces de sécurité, il est actuellement interrogé par la brigade anticriminelle de Bamako», a ajouté le ministère. Cet homme «de nationalité tunisienne», «s’est revendiqué d’Al-Qaà¯da» devant les policiers. Des dispositions sécuritaires ont été prises et par prudence, le Lycée français n’a pas ouvert aujourd’hui. l’information a bien entendu vite fait le tour de la capitale, et tous se posent la même question : comment est-ce possible et de quoi cela augure-t-il ? Acte isolé ou attentat planifié ? En se revendiquant d’AlQaida, l’auteur de cette attaque laisse peu de doutes sur ses intentions. La France avait été maintes fois menacée ces derniers temps par la nébuleuse terroriste, notamment depuis son intervention militaire sur le sol malien en juillet 2010 pour faire libérer Michel Germaneau, otage français détenu par Aqmi. Les appels à  frapper des intérêts français dans le monde s’étaient multipliés, sans que la France n’ait cédé à  aucune des revendications, qui portaient notamment sur l’abrogation de la loi qui interdit la burqa dans les lieux publics. Cela dit, l’attentat d’hier n’a pas encore été revendiqué officiellement par Aqmi. Alors, l’homme qui dit se nommer Sennoun Béchir est-il un éclaireur ? l’homme est-il tout simplement un malade qui a voulu se faire remarquer à  travers un coup d’éclat ? L’ambassade de France était-elle spécifiquement visée ? Ou était ce juste un test pour évaluer le dispositif sécuritaire existant ? Ou encore cette explosion a-t-elle un lien avec l’affaire des otages français retenus dans le nord-est du Mali par Aqmi? Le climat actuel pousse à  prendre en considération toutes ces options. Le Mali, indexé comme le maillon faible dans la lutte contre les réseaux terroristes, vient une nouvelle fois de faire parler de lui. Coà¯ncidence ou pas, le président de la République se rend aujourd’hui au Nord du pays, à  Tombouctou, pour l’ouverture du Festival du désert. Il s’agissait pour Amadou Toumani Touré de montrer que la situation était sous contrôle et que la sécurité était garantie dans cette partie du pays, devenue depuis quelques années, fief des narcotrafiquants et autres islamistes preneurs d’otages. Occasion ratée de rassurer les touristes et autres étrangers qui rechignent désormais à  se rendre au Mali, placé sur liste rouge par certains pays occidentaux. La situation ne risque en tout cas pas de s’améliorer et tout le monde attend la réaction des autorités, qui n’ont pas intérêt à  prendre à  la légère un évènement qui veut en tout cas dire une chose : la menace est dans nos murs, définitivement.

Otages français : Pour ne pas les oublier !

Cela fait plus de 100 jours que 7 otages dont 5 français, sont retenus depuis le 16 septembre dernier par AQMI au Nord du Mali. L’actualité ivoirienne oblige, on a peu oublié ces captifs, bien que les chaà®nes françaises rappellent régulièrement à  leurs téléspectateurs, la captivité de deux autres journalistes français, retenus, eux en Afghanistan. Et pour ne pas les oublier, les familles des otages ont publié un communiqué dans les médias ! « Demain, jour de Noà«l, cela fait 100 jours que 5 Français, un Malgache et un Togolais, sont retenus en otages au Mali par un groupe de terroristes d’Aqmi, Al Qaà¯da au Maghreb islamique », explique le communiqué transmis jeudi au quotidien Ouest France. Malheureusement, ces derniers ne passeront pas les fêtes en famille, et du côté diplomatique, rien n’a vraiment bougé, ni du côté français, ni du côté Malien, rappelle un communiqué de l’AFP : « Les familles présentent ensuite chacun des cinq otages français: « il y a Daniel Larribe, 59 ans, ingénieur expert en techniques minières pour Areva, et son épouse, Françoise, 62 ans ; ils habitent Mialet, près d’Alès dans le Gard et ont deux filles de 30 et 26 ans. Daniel et Françoise Larribe s’occupaient également d¹une ONG (Organisation non gouvernementale) à  Arlit pour aider les paysans locaux et les maraà®chers. Il y a aussi Thierry Dol, ingénieur de 29 ans pour un sous-traitant d¹Areva, marié, originaire de la Martinique ; Pierre Legrand, 25 ans, originaire de Couffé en Loire-Atlantique, qui est fiancé et travaille pour une filiale de Vinci, et Marc Ferret, 43 ans, Français habitant Madagascar, salarié du groupe Vinci au Niger; Jean-Claude Rakotoarilalao, 60 ans et Alex Kodjo Ahonado, ingénieur zootechnicien et père de 6 enfants ». Par ailleurs, les familles soulignent que l’enlèvement de leurs proches est « très peu médiatisé, alors que les jours de captivité (bientôt un an) des deux journalistes de France 3, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, enlevés par les talibans le 30 décembre 2009 en Afghanistan, sont égrenés tous les soirs sur les écrans de télé ». Les fêtes de Noel rappellent alors cette absence cruelle des proches. Que nous réserve 2011? Ce rappel suffit à  nous évoquer la menace terroriste, toujours présente, alors qu’ailleurs, en Côte d’Ivoire, le spectre d’une guerre civile a déjà  fait plus de 200 morts, selon les chiffres avancés par les Nations Unies. Triste bilan en cette fin d’année en Afrique. Certaisn ne vivront pas la magie de Noel, mais pleureront le deuil de leurs proches, tombés sous les balles et au nom de l’ambition démesurée pour le pouvoir de certains leaders africains. De même que des hommes enturbannés et armés dans le désert veulent imposer leur idéologie au reste du monde. Que nous réserve 2011?

Nord Mali : L’opposition s’engouffre dans la brèche WikiLeaks

Duplicité, laxisme, voire complicité. Les télégrammes diplomatiques américains révélés par WikiLeaks ne sont tendres ni avec le président Amadou Toumani Touré (ATT), ni avec son armée, ni même avec son système financier. Une banque malienne, dont le nom a été flouté par WikiLeaks, est citée pour avoir « blanchi » l’argent des rançons versées à  Aqmi en échange de la libération d’otages. Un télégramme relate aussi les malheurs du diplomate Anton Prohaska, chargé par Vienne de négocier avec les ravisseurs d’un couple d’Autrichiens détenu dans le nord du Mali. Il y a là  toute une faune de faux intermédiaires, d’agents doubles et d’escrocs en tout genre… Rien n’aurait été épargné au malheureux Prohaska, selon les diplomates en poste dans la capitale malienne. Par ailleurs, en novembre 2009, le général William Ward, patron d’Africom (le commandement militaire américain) est à  Alger avant de se rendre à  Bamako. Abdelaziz Bouteflika le charge de transmettre un message à  ATT : « Dites-lui qu’il ne peut être l’ami des voleurs et des victimes en même temps. » WikiLeaks ne dit pas si le message a été transmis, mais nous apprend qu’ATT a fait savoir au général Ward qu’il estimait que « les Algériens ne [faisaient] pas grand-chose ». Une chose est sûre : en matière de lutte contre Aqmi, la défiance d’Alger à  l’égard de Bamako est partagée par l’administration américaine, qui évoque tout à  la fois l’attitude ambiguà« des responsables maliens, civils comme militaires, et « le jeu trouble » d’ex-chefs de la rébellion touarègue. Bamako n’a pas réagi, mais la presse locale a commencé à  relayer le contenu des télégrammes. Des partis d’opposition ont annoncé leur intention de saisir le président de l’Assemblée nationale pour que les révélations de WikiLeaks soient inscrites à  l’ordre du jour de la prochaine session.