Artisanat : Une place à renforcer

Transversal et créateur d’emplois, le secteur de l’artisanat occupe environ 46% des personnes en activité au Mali, selon des estimations. Longtemps « confiné » à l’artisanat d’art, son impact économique n’a été pris en compte que tardivement. À l’absence de volonté politique s’ajoutent les problèmes récurrents que sont le manque de formation et l’absence de financements, qui l’empêchent d’émerger.

C’est en 2005 que pour la première fois, dans le cadre du Projet d’appui à la croissance, la Banque mondiale s’y est intéressée, explique M. Samba Thiam, Conseiller technique au ministère de l’Artisanat et du tourisme.

L’absence de statistiques est une contrainte et seule une étude réalisée dans le cadre de ce projet a permis d’établir certaines données. Selon ses estimations, au Mali l’artisanat occupe 40 à 46% de la population active, dont environ 52% de femmes, dans le domaine de la restauration, de l’habillement et des produits de beauté.

Chiffres à consolider

Sa contribution au PIB a été estimée à environ 10 à 15%. Et, depuis 2013, les estimations en valeur d’exportation se situent entre 250 et 300 milliards de francs CFA et en termes de taxes et impôts à 35 milliards en moyenne par an.

Ces chiffres importants n’occultent cependant l’autre difficulté, le problème de financement. Pour y faire face, un projet de 5 milliards de francs CFA, dont plus de 3 milliards en financements a été initié entre 2002 et 2008.

Des crédits qui ont malheureusement enregistré un taux de recouvrement de moins de 35%. « Malgré tout, un fonds a été reconstitué et reconverti en Programme de relance du volet crédit artisan, en 2015, de l’ancien PDSA », précise M. Thiam, pour un coût total de 1,710 milliard de francs CFA, dont 1 dédié à la composante crédit. La deuxième phase de ce projet (2020 – 2022) doit encore mobiliser 895 millions de francs et l’apport des artisans est chiffré à 200 millions.

Pour booster l’artisanat, l’accès à la commande publique est aussi l’une des pistes envisagées. Mais pour accéder à cette manne de 700 milliards de francs CFA, les artisans restent confrontés à d’énormes défis. S’informer des modalités et conditions des marchés n’est pas le moindre pour des acteurs dont la majorité ne connaît pas les textes.

Se former pour être performants dans un marché désormais régional, où les mêmes règles régissent les acteurs de plusieurs pays, c’est le challenge des artisans maliens.

Fatoumata Maguiraga

Made in Mali : Hors des frontières, les produits cartonnent

Ils sont fabriqués au Mali et très prisés à l’extérieur du pays. Focus sur quelques produits qui font  « vendre » le Mali au-delà de ses frontières.

L’artisanat d’art est l’un des principaux domaines dont les œuvres « Made in Mali » sont très prisées à l’extérieur. Dans le domaine de l’ameublement et de la décoration, par exemple, le bogolan est très demandé en Afrique du Sud et en Amérique, selon Diadié Hama Sangho, Directeur national de l’Artisanat. « Même si le bogolan est très prisé en France, on n’y met pas autant d’argent que dans les deux destinations précitées. En Amérique, il nous est souvent demandé de produire un conteneur de bogolan dans le cadre de l’AGOA ».

Le secteur du textile, avec le produit national malien qu’est le bazin teint, offre d’autres déclinaisons, et non des moindres. Là encore, on retrouve le bogolan mais aussi le tissage traditionnel, qui a inspiré le « Faso dan fani » du Burkina.

La bijouterie malienne, qu’elle soit moderne ou traditionnelle, est très prisée et s’exporte et se vend très bien, à en croire M. Sangho. « Nous avons des experts en la matière, qui s’inspirent des différents voyages qu’ils font et qui ont bénéficié de beaucoup de cours de design pour améliorer leur compétitivité et leur performance », explique t-il.

Par ailleurs, des instruments de musique traditionnelle, comme le violon, la flûte, le balafon, fabriqués au Mali, ont le vent en poupe à l’extérieur, surtout en Occident. « En général, au cours des foires en France, nos artisans servent d’experts, soit pour apprendre aux autres à jouer soit pour réparer les instruments », assure le directeur national.

Cuirs tannés et alimentaires

Les cuirs et peaux constituent une très grande partie des exportations du Mali. Le cuir alimentaire malien est extrêmement demandé dans la sous-région. « Tous les jours, il y a environ une dizaine de camions chargés de cuir qui quittent Bamako pour différents pays, notamment le Ghana, le Nigeria, la Côte d’ivoire, le Bénin, la Sierra Leone », confie Alhousseyni Koné, Secrétaire à l’information de la Mutuelle de traitement des cuirs et peaux.

Les objets issus des cuirs et peaux fabriqués au Mali comme les sacs, les ceintures, les chaussures, les costumes, les salons, entre autres, intéressent également en majorité les touristes, qui en font des objets de souvenir de leur passage dans le pays.

En somme, les produits artisanaux maliens sont assez appréciés et prisés au-delà des frontières du pays. À titre indicatif, lors du dernier Salon international de l’artisanat de Ouagadougou, 172 artistes maliens ont fait un chiffre d’affaires de 497,838 millions de francs CFA en 10 jours.

 

Made in Mali : Pourquoi tarde-t-il à décoller?

Véritable baromètre de la consommation des produits fabriqués au Mali, le secteur de l’artisanat souffre, selon ses acteurs, d’un manque d’accès aux marchés de l’État. Ce qui l’empêche de s’épanouir et de résoudre ses autres difficultés, relatives notamment au manque de formation, de ressources financières et d’espaces dédiés à l’exercice de ses professions. Ce secteur, pourvoyeur de biens et services et qui emploie environ 5 millions de personnes, selon l’Assemblée permanente des Chambres de métiers du Mali (APCMM), est déterminant pour assurer la relance économique du pays.

« Le Made in Mali est malade, faute d’accès aux marchés de l’État », constate avec amertume le Président de l’Assemblée permanente des Chambres de métiers du Mali (APCMM), Mamadou Minkoro Traoré. Un constat sans appel, qui en dit long sur les difficultés du label Mali. En dépit de « plusieurs lettres d’intention », malheureusement  restées mortes, la marque « Mali » a du mal à s’imposer, surtout à l’intérieur.

Pourtant, les initiatives pour booster le made in Mali, et même la bonne volonté des consommateurs, ne manquent pas. « Les Maliens aiment les produits maliens, mais ils ont des difficultés pour y accéder », relève Abdoul Wahab Diakité, le Vice-président de l’Association des consommateurs maliens (ASCOMA).

Faciliter l’accessibilité

Avec la libéralisation  du commerce et la liberté des prix, en principe la concurrence aurait dû bénéficier aux consommateurs et favoriser la promotion des produits locaux. « Mais, malheureusement, les ententes entre les producteurs et la non régulation du marché rendent les produits de première nécessité inaccessibles aux consommateurs maliens », note M. Diakité, qui déplore que le litre de lait produit ici coûte 600 francs CFA, alors qu’avec une « concurrence réelle, il aurait pu coûter moins de 500 francs ».

En ce qui concerne les produits manufacturés, comme les textiles par exemple, le vice-président de l’ASCOMA précise qu’il manque une « volonté politique affichée », pour encourager les unités de fabrique de ces tissus. En effet, lorsque les responsables montreront dans ce domaine l’exemple, « tout le monde suivra »,  parce que « la vitrine d’un pays, ce sont ses responsables », ajoute M. Diakité.

S’agissant des activités de l’artisanat d’art et de production, M. Diakité cible trois principaux « handicaps » : l’absence de standards de fabrication, le manque de professionnalisme et le déficit de formation.

Véritable vitrine du Made in Mali, l’artisanat rencontre en effet plusieurs difficultés, selon le président de l’APCMM. Si le  nœud du problème reste l’accès aux marchés publics,  cette contrainte n’est pas la seule que connaît  le secteur.

Elles peuvent se résumer à quatre, selon le président de l’APCMM. La plus épineuse est celle du « foncier ». En effet, « les artisans n’ont pas de lieux où exercer », selon M. Traoré. Même s’ils suivent une formation et sont prêts à s’installer à leur compte, « certains y renoncent », faute d’espace pour travailler. Alors que d’autres secteurs, moins productifs et moins pourvoyeurs d’emplois, continuent de bénéficier d’importants investissements dans ce domaine.

Marché et formation, un duo vital

« Nous avons besoin de formations basées sur les techniques de finition pour une mise à niveau. Aucun besoin de reprendre l’apprentissage du métier, souvent maitrisé depuis plusieurs années. Mais une mise à niveau des équipements et du personnel aux dernières technologies », explique M. Traoré.

En 2010, l’APCMM dénombrait environ 79 000 artisans qualifiés « sans opportunités », relève le président. Parce qu’après leur formation ces artisans ont besoin principalement d’espace pour s’installer à leur propre compte et d’un fonds de départ, toutes choses qui leur manquent cruellement lorsqu’ils démarrent. Une installation qui ne coûte pas forcément très cher mais qui constitue le premier facteur bloquant pour les « jeunes ».

À défaut donc de pouvoir s’installer à leur compte, ces artisans se tournent vers d’autres pour les employer. Ces derniers, qui n’ont pas d’accès au marché, et compte tenu des charges afférentes au recrutement d’employés, sont peu disposés à embaucher cette main-d’œuvre.

Or attribuer des marchés à ces artisans qualifiés permet de booster l’économie locale et contribue à la stabilité sociale, selon les acteurs. En effet, lorsque des milliers d’artisans travaillent, ce sont autant de familles dont la survie est assurée, explique le président de l’APCMM. « Avec les nombreux chantiers de l’État, il est regrettable que cela ne profite pas à nos artisans. Tous les métiers du bâtiment sont des métiers artisanaux. Au contraire, ce sont les artisans d’autres pays que nous favorisons », déplore M.Traoré.

Mais ces marchés, quand ils sont attribués, « le sont à des artisans sans qualification et qui œuvrent dans l’informel, parce que l’on cherche le moins cher », souligne encore le président de l’APCMM. « Et on se plaint que les artisans ne travaillent pas bien !». Une situation qui contraint ceux qui sont normalement inscrits et payent des impôts mais n’obtiennent pas de marchés à fermer boutique.

Ce constat ne fait pas cependant pas perdre de vue, l’un des problèmes cruciaux du secteur, la formation. Ce passage obligé, dont la première étape est l’apprentissage, est « vite bâclé », à cause principalement de l’impatience non seulement des parents mais aussi des clients, explique le président de l’APCMM, également patron d’atelier. Alors qu’un élève peut redoubler sans que rien ne lui soit réclamé, lorsqu’un apprenti dépasse une année, la famille lui impose de « ramener quelque chose » et les clients le poussent à partir, parce qu’il peut déjà réaliser un objet ou une coupe, selon son domaine d’activité, explique le patron.

En principe, toutes ces questions sont réglées par le contrat d’apprentissage, mais « personne ne l’applique », relève M. Traoré.

Un potentiel à développer

Malgré ces difficultés, le secteur regorge de talents et les « artisans font des merveilles », note avec fierté le président de l’APCMM. Pour sa troisième participation au Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) cette année, M. Mahamadou Ganessy ne dit pas le contraire. À 33 ans, et après plusieurs années d’apprentissage auprès de son père, avec qui il travaille d’ailleurs toujours, le jeune cordonnier avoue avoir beaucoup progressé, même s’il poursuit encore son perfectionnement, notamment en innovant avec des sacs en cuir réalisés avec des tissus en coton faits par « un maître qui l’inspire beaucoup ».

« Au tout début, nous avions du mal à conserver le cuir sans qu’il ne se casse ou sente mauvais. Mais, avec les différents voyages et les expériences acquises, nous avons appris comment faire. Ce cuir produit ici et travaillé par d’autres artisans est de bonne qualité et facile à façonner », se réjouit M. Ganessy.

Désormais, dans sa boutique située à la Maison des artisans de Bamako, il est heureux que environ 30% de sa clientèle soit malienne. Avec la baisse de l’activité touristique et la réputation qu’avait la Maison des artisans d’être un lieu « pour les étrangers », il faudra encore du temps pour convaincre la majorité des clients que ces produits « made in Mali » leur sont accessibles. Et, pour ce faire, M. Ganessy en est conscient, « il faut davantage communiquer ».

Car si la responsabilité de l’État dans la promotion des produits locaux est essentielle, surtout par rapport à la régulation, le rôle des consommateurs, qui doivent être plus « engagés », et des producteurs, qui ne font pas suffisamment de marketing pour faire connaître leurs produits, est aussi important, selon le vice-président de l’ASCOMA.

S’ils n’attendent pas tout de l’État, les artisans veulent un coup de pouce pour faire décoller leur secteur. « Nous sommes à la recherche d’opportunités pour créer nos ressources, dont la première est les cotisations », déclare le président de l’APCMM. Sur environ 5 millions d’artisans, il n’y a pas plus de 1 million d’inscrits aux Chambre de métiers, précise le président de l’APCMM.

Des initiatives locales sont en cours, dont celle des ateliers sociaux, regroupant différentes filières d’un même corps de métier au même endroit pour un service de proximité. Un projet déjà ficelé et soumis aux autorités.

MySugu, l’artisanat en un clic

Actuellement à l’un des stands du Salon International de l’artisanat malien, qui a levé le rideau depuis vendredi 17 novembre, MySugu souhaite simplifier la vie du consommateur malien du XXIe siècle et promouvoir les produits « made in Mali ».

« Il y a de belles choses qui se font au Mali par des entrepreneurs chevronnés et il est important pour notre équipe de les soutenir et de les valoriser », plaide Fatoumata Sangho, fondatrice de MySugu.com, une plateforme e-commerce créée, en 2016, qui rend accessible « en un clic » les produits « made in Mali ».

Le but selon Madame Sangho est d’abord de faire la promotion des artisans maliens. « J’ai ressenti le besoin de soutenir l’artisanat malien, mais pas que, l’agro-alimentaire, les produits du bien-être, les cosmétiques locaux. Le but est d’harmoniser tout cela. Et de faire valoir, ainsi, ce qui se fait de meilleur au Mali ».

Ensuite, elle rappelle que l’évolution du monde actuel exige que l’on change également nos moyens de consommation « parce que l’on manque de temps ». Ils ont changé partout dans le monde, se sont simplifiés et au Mali également, cela devrait se faire, résume celle qui en 2010 a fait le tout premier plaidoyer lors de la première édition du Forum initié par le Président Obama avec les Jeunes Leaders Africains (YALI) et actuellement directrice Adjointe en charge de l’International à la Banque de Développement du Mali (BDM-SA).

Pour justement simplifier la vie de ceux qui désirent se procurer du « made in Mali » la plateforme « livre autant à l’intérieur du Mali que hors des frontières ». Les produits disponible sur son site s’adapte aux moyens de paiement locaux notamment le paiement classique à la livraison ou la banque mobile, mais également le paiement par Moneygram pour le consommateur étranger.

Artisanat et Tourisme : une alliance naturelle au Maroc

Le Maroc est l’invité d’honneur du 1er Salon International de l’Artisanat du Mali (SIAMA) qui se tient du 18 au 26 novembre 2017 à Bamako. Dans ce pays, le développement et la promotion du tourisme sont assurés grâce à une corrélation à l’artisanat.

« Il y a un lien intrinsèque entre l’artisanat et le tourisme. Au Maroc, nous avons réuni l’artisanat, le tourisme, l’économie sociale et le transport aérien, parce que ce sont des leviers importants pour le développement du secteur de l’artisanat », précise le ministre marocain du Tourisme, de l’Artisanat, de l’Économie Sociale et du Transport Aérien, Mohamed Sajid. L’artisanat représente, selon lui, environ 2 millions et demi d’emplois directs et 5 à 6% du PIB, ainsi que des milliers d’emplois induits à travers toutes les régions du pays.

L’exportation des produits artisanaux marocains a augmenté de 16% en 2016, un taux jamais atteint selon les responsables du secteur. Bien que libéralisé, il bénéficie de l’accompagnement des autorités, qui souhaitent sauvegarder ce savoir-faire « ancestral » souvent transmis de père en fils. Si l’Europe est le premier client, le marché américain ainsi ceux des pays arabes et africains sont de plus en plus intéressés. S’appuyant sur une diversité et des techniques uniques, prisées dans le monde entier, le secteur compte plusieurs spécialités. De la décoration de la poterie aux habillements traditionnels, en passant par les tapis de laine « faits main » et les objets en bronze décorés, les artisans marocains présents au SIAMA espèrent profiter d’une nouvelle vitrine.

« Les produits artisanaux sont très recherchés par les touristes. L’artisanat fait partie des particularités du Maroc et chaque visiteur veut emporter un souvenir », se réjouit Youssef Bouzoubaa, gérant d’une fabrique de tapis. Des « tapis entièrement faits à la main et à base de laine de mouton », précise M. Bouzoubaa. S’il importe sa matière 1ère d’Europe (argile blanche et peinture pour la décoration), Azelarab Moustaid, artisan spécialisé en poterie, affirme que ce continent est aussi le 1er consommateur de ses produits. « La majorité de nos produits vont à l’étranger, en Europe. Notre société est aussi un centre de formation où l’on enseigne la façon de réaliser les décorations », ajoute-t-il.

Outre tous les métiers de l’artisanat, avec des spécialistes qui montreront leur savoir-faire, la gastronomie marocaine est aussi au rendez-vous du SIAMA, de même que des musiciens, pour partager d’autres pans de la culture du pays.

L’artisanat malien en souffrance

Les fêtes de fin d’année arrivent et avec elles, entre autres, les achats de cadeaux. Il y a encore une dizaine d’années, l’artisanat malien était grand pourvoyeur de produits de ce genre. Mais depuis 2012 et le début de la crise, les ventes ont chuté et aujourd’hui, le secteur connait une véritable crise.

À la Maison de l’Artisanat, sise en plein cœur du grand marché de Bamako, l’activité est intense en ce début décembre. Les sacs, les chaussures, les objets de décoration ornent les étagères des boutiques et les artisans sont à pied d’œuvre pour produire le maximum en vue des fêtes de fin d’année. Cette période est la plus propice à leur commerce qui connait la crise depuis près de cinq ans. « Je travaille près de 10 heures dans mon atelier, mais l’écoulement de nos produits est très difficile actuellement », se plaint Malick Touré, cordonnier. Dans les allées de l’Artisanat, les clients expatriés, qui font le gros du chiffre d’affaires, sont rares. « Les quelques uns qui veulent venir faire des achats sont dissuadés par les guides qui nous accusent de surfacturation », explique Mamadou Soumbounou, premier vice-président de l’Assemblée permanente de la chambre des métiers du Mali (APCAM). Mais la situation actuelle n’est pas à mettre seulement au compte de la crise.

Cuir en hausse Le coût des matières premières a également connu une flambée. Autrefois vendu à 500 francs CFA, les peaux de moutons sont désormais cédées à 2 000 francs CFA. La vente par l’État de la Tamali (Tannerie du Mali) en 2000 à Bayikoro Traoré a contribué à une augmentation des prix. « Depuis cette vente, le cuir à semelle nous revient trois fois plus cher. On est obligé d’importer du caoutchouc depuis les pays voisins », poursuit Soumbounou. Cette nouvelle conjoncture a eu un impact immédiat sur les prix des articles. « On vendait des chaussures de qualité à 5 000 francs CFA avant. Maintenant on les cède à 15 000 francs CFA, et cela rebute assez souvent nos quelques clients », continue-t-il.

Made in China Du coté des bijoutiers, le constat est le même. La concurrence des produits chinois a porté un coup terrible aux maîtres orfèvres. « Un article que nous vendons à 75 000 francs CFA, les Chinois en font un produit contrefait à 3 500 francs CFA », se désole Mody Camara. « Tout ce qui intéresse les acheteurs, c’est de pouvoir mettre des parures, et avec le prix proposé par les Chinois, jamais ils ne viendront chez nous », conclut Daouda Traoré.