Ogobagna : Durs temps pour les artisans

La quatrième édition du Festival Ogobagna a fermé ses portes le 27 janvier à Bamako. Si l’engouement pour ce rendez-vous, qui s’inscrit désormais dans l’agenda culturel de la capitale, ne s’est pas démenti, les attentes de tous n’ont pas été comblées, notamment au plan économique.

« Les tickets d’entrée coûtent cher et ceux qui n’ont que 1 000 francs CFA ne pourront rien acheter », se plaint Souleymane Coulibaly, qui vend des petits objets artisanaux fabriqués dans sa boutique, à la Maison des artisans de Bamako. Pour sa quatrième participation en autant d’éditions du festival, il estime que cette année est particulièrement morose.

À deux pas de lui, Ag Adeyda est un habitué des foires et festivals. Il est originaire de Tombouctou et fait la navette entre Bamako, où il a une boutique, et sa localité. Pour lui, c’est plutôt le timing du festival qui doit être repensé. « Je pense que si le festival est programmé à partir du 25 janvier, plus de gens pourront acheter. C’est à partir de ce moment-là que les gens reçoivent leurs salaires », estime l’artisan. Même s’ils sont peu nombreux, les acheteurs sont tout de même au rendez-vous, reconnaît-il, des étrangers et quelques Maliens. C’est pourquoi Ag Adeyda invite à développer davantage le tourisme intérieur afin que les Maliens connaissent mieux leurs produits artisanaux.

La mévente s’expliquerait par d’autres facteurs que la cherté des tickets d’entrée, se défendent les organisateurs du festival, qui ne comprennent pas la manifestation de quelques exposants pour demander une diminution du prix du ticket d’entrée. «  Nous avons les prix les moins chers et des facilités », explique M. Amadingué Sagara, responsable de la commission communication. L’entrée est libre la journée et à 1 000 francs CFA à partir de 18 heures les trois premiers jours et 2 000 à partir du jeudi, « en raison des concerts géants », ajoute M. Sagara. Se réjouissant de l’engouement croissant, il ajoute « le festival est rentable, même si ce n’est pas autant qu’on l’aurait souhaité ».

Avec une augmentation du nombre de stands d’environ 50%, dont 125 ordinaires et 11 réservés à des artisans venus du pays dogon, les organisateurs affirment avoir atteint l’un de leurs objectifs, offrir aux artisans dogons, durement touchés par l’absence de touristes, une occasion annuelle de se faire des revenus et continuer à donner de l’espoir à ceux qui sont victimes de la situation de tensions qui sévit dans cette zone du Mali.

2ème mandat d’IBK : Les fortes attentes des Maliens

Avec son investiture le mardi 4 septembre 2018, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita a officiellement entamé son deuxième mandat à la tête du Mali. Un quinquennat que le chef de l’État veut consacrer à la jeunesse. Nombreuses sont aussi les attentes d’autres secteurs-clés.

« Nous voulons que les jeunes soient responsabilisés dans les instances de prise de décision. Étant majoritaires, nous souhaiterions que le Président prête une oreille attentive à ses alliés politiques et s’implique au niveau de l’administration pour y parvenir », plaide Souleymane Satigui Sidibé, Président du Conseil national de la jeunesse. Pour lui, les jeunes ne sont pas assez pris en compte dans les organes de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. C’est pourquoi il espère une résolution définitive de cette situation au cours des cinq prochaines années de gouvernance.

Les femmes aussi

Les femmes doivent être au cœur du développement du pays, vu leur rôle essentiel dans le sous-bassement même de notre société. Elles attendent elles aussi de grandes avancées dans leur condition sous l’ère IBK II. « L’autonomisation économique de la femme est un important défi. Étant le pilier de tout, elle doit être soutenue pour se sentir à l’aise et intervenir dans la résolution des problèmes », affirme Oumou Dembélé, Présidente du Cadre de concertation des femmes des partis politiques du Mali. L’égalité du genre, une problématique sensible dans la vie de la Nation et qui tient à cœur au Président Ibrahim Boubacar Kéita, revient avec insistance dans les attentes des femmes maliennes. « Nous demandons au Président d’appliquer la Loi 052 pour la prise en compte du genre et d’y veiller à tous les niveaux », appuie pour sa part Nana Sissako, Présidente du Groupe pivot Droit et citoyenneté de la Femme. « Nous avons beaucoup d’espoirs avec cette loi pour la réduction des inégalités sociales », poursuit-elle.

L’éducation, une priorité

Le secteur de l’éducation en général, très important, n’est pas en reste. Comme le souhaite Hamida Ag Bella, professeur de philosophie à Tombouctou, « il faut une amélioration des conditions du personnel enseignant et de l’organisation même du travail, à travers la mise à disposition des enseignants et des apprenants de supports adéquats, conformes au programme officiel ». Par ailleurs, Konimba Samaké et Ousmane Sankaré, tous deux étudiants en fin de parcours, s’accordent pour appeler le Président IBK à une sécurité accrue en milieu universitaire et à la lutte contre la corruption administrative qui gangrène le secteur.

SBM à Ménaka

Le mercredi 09 mai,  le Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maiga effectuait une courte visite à Ménaka. Objectif, apporter aux populations de la neuvième région administrative du Mali le message de compassion du Chef de l’Etat après de récentes attaques meurtrières dans la localité. Un train de mesures a été annoncé et les habitants espèrent que cette visite soit un  « déclic »…

Au cours de  la visite qui a duré un peu moins de 3h, le chef du gouvernement a réitéré l’engagement de l’Etat à assurer la sécurité de tous les Maliennes et Maliens et améliorer l’accès aux services sociaux de base. Aussi en réponse aux besoins immédiats des Ménakois, il a annoncé l’octroi à la ville de deux groupes électrogènes, 500 tonnes de céréales et plus de 1500 tonnes d’aliment-bétail. Le Premier ministre a aussi offert 10 millions de FCFA pour venir en aide aux familles déplacées, 5 millions pour la Coordination régionale des jeunes, 5 millions pour les femmes et 5 autres millions pour les notabilités. Cette visite qui était la première d’une haute personnalité de l’Etat dans la région depuis 2012 a suscité l’espoir chez les Ménakois. « Pour nous c’est une opportunité, car longtemps nous nous sommes senti délaissés. Sa visite nous a redonné le sentiment d’être maliens » avoue Djibrilla Maiga, Président du conseil régional des jeunes de Ménaka.

Mais au-delà de cette symbolique, le passage de Soumeylou Boubeye Maiga doit, selon notre interlocuteur être un élément déclencheur de la réelle prise en charge de la région. « Nous attendons que ce soit le déclic qui pourra donner des débuts de solutions à tous nos problèmes. » poursuit notre interlocuteur. Car à l’en croire en effet, Ménaka est une région enclavée où il n’ya ni électricité, ni eau potable, encore moins l’accès à internet. A coté de cela, le climat sécuritaire ne cesse de se dégrader. « Tous les jours sur l’axe Ansongo-Ménaka il ya des vies humaines qui se perdent » déplore Djbrilla Maiga. A cela il faut ajouter les attentats et autres exécutions sommaires qui ont endeuillé des dizaines de familles ces dernières semaines.

Les différents dons offerts par le chef du gouvernement ont été bien appréciés mais selon le président du conseil régional des jeunes, ce n’est pas suffisant. « Ce n’est pas la solution que nous attendions en réalité aux problèmes sociaux de la ville » lâche- t-il, tout en reconnaissant que le geste en soi est bon. Pour lui, les urgences de l’heure sont l’eau, l’électricité. «  Si l’Etat malien arrive à résoudre ces problèmes, nous n’avons pas besoin d’autre chose en plus si ce n’est la sécurité sur l’axe Ansongo-Ménaka » avance –t-il.

La visite de Soumeylou Boubèye Maiga à Ménaka aura été, au delà des annonces faites, plus dans la symbolique. Après avoir signifié aux populations que « l’Etat n’a pas délaissé cette région » en proie à un gros défi sécuritaire et social,  ces dernières attendent maintenant de voir la situation changer sur le terrain et leurs conditions de vie s’améliorer.

Comme un rappel de la fébrilité de la région, quelques heures après la visite du Premier ministre, une attaque a fait 5 victimes civiles dans la zone. C’est un véhicule qui avait quitté Indelimane pour la foire de Ménaka qui a été « attaqué par des hommes armés. Cinq passagers civils ont été » tués par des « assassins (qui) sont ensuite allés dans un campement pour tuer d’autres civils touaregs », a affirmé jeudi un élu local, sous couvert de l’anonymat pour raisons de sécurité. L’attaque a été confirmée par une source sécuritaire.

 

Germain KENOUVI