Fonds pour les autorités intérimaires : En deçà des attentes

Le gouvernement a annoncé lors de la 31ème session du Comité de suivi de l’Accord (CSA), tenue le 14 janvier à Bamako, le déblocage prochain de plus de 2 milliards de francs CFA pour la relance des activités des autorités intérimaires. Mais la nouvelle ne suscite pas grand enthousiasme auprès des acteurs, qui jugent la somme annoncée « insignifiante ».

Plus de 2 milliards de francs CFA. C’est le montant qui sera alloué aux autorités intérimaires des régions de Tombouctou, Taoudeni, Gao, Kidal et Ménaka. Une annonce faite par le ministre de la Cohésion sociale, de la paix et de la réconciliation nationale lors de la dernière session du Comité de suivi de l’Accord. Installées en 2017 après de nombreux remous, les autorités intérimaires assurent depuis la gestion des collectivités territoriales les concernant. Elles sont chargées, entre autres, d’assurer la remise en marche et le fonctionnement des services sociaux de base, mais aussi de la coordination des actions de développement et de relance économique et socioculturelle.

Mais la tâche n’est pas aisée dans un contexte de crise sécuritaire et de « tensions de trésorerie ». La somme annoncée par le gouvernement pour la relance des activités des autorités intérimaires est jugée dérisoire face à la demande des populations et aux défis de la reconstruction. Car la crise de 2012 a détruit  l’essentiel des acquis et plongé ces régions dans des besoins jusque-là sans réponse valable.

« Imaginez : deux milliards pour combien de régions ? C’est insignifiant par rapport aux attentes des populations. On nous a notifié quelque chose comme 70 millions et cela c’est comme jeter une goutte d’eau dans l’océan », estime Abda Ag Kazina,  Vice-président  de l’autorité intérimaire de Kidal. Selon lui, le gouvernement leur avait même retiré le droit de tirage pour l’année 2018. Il ne comprend pas ce geste des  autorités. « Nous avions passé des contrats avec des entreprises. Certaines ont même débuté les travaux, mais, à la dernière minute, l’Agence nationale d’investissement des collectivités territoriales (ANICT) nous a dit que ces conventions étaient caduques. Au lieu de résoudre nos problèmes, ils en créent, au contraire », dénonce-t-il, très mécontent.

Dans la plupart de ces régions, l’absence des services sociaux de base est poignante. La majorité des écoles sont fermées, les hôpitaux sous équipés et l’eau une rareté.  La normalisation tant attendue se fait lentement alors que l’urgence est réelle. « On a besoin de tout. Concernant la région de Kidal, on est revenu totalement en arrière, alors qu’on était sur une bonne lancée en 2012. Donc il faut tout revoir, tout refaire », souligne le vice-président. L’insuffisance des fonds est aussi  soulignée par le Président de l’autorité intérimaire de Ménaka, qui affirme que  « tout appui a un impact sur la vie des populations ». « Ce que nous avons comme ressources est en dessous des besoins, mais on se contente de ce qu’il y a de disponible », s’accommode Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed.

S’attaquer aux priorités

La relance des services sociaux de base demeure la préoccupation partagée par tous les acteurs. Pour Abda Ag Kazina, les rénovations des édifices auxquelles s’attaquent le gouvernement ne sont pas les vrais problèmes. « Le gouvernement met beaucoup d’argent dans la réhabilitation de bâtiments administratifs qui ne seront même pas utilisés dans l’immédiat, alors que les services sociaux de base, la santé, l’éducation, l’eau, sont les problèmes ». En 2018 à Ménaka, selon le Président de l’autorité intérimaire, des activités ont été menées dans les domaines de l’hydraulique, de la santé, de l’éducation et de la relance économique. La présence des ONG humanitaires dans ces localités améliore conséquemment la vie des populations. Pour l’analyste politique Boubacar Bocoum, la somme annoncée par le gouvernement sera loin de faire tache d’huile. « Elle n’est ni structurée ni planifiée dans un projet de développement. Or c’est en fonction des besoins qu’on décide de mettre les moyens », regrette-t-il. De l’avis de l’analyste politique, les autorités intérimaires n’ont même plus de raison d’être. « Elles sont juste une gestion politique de la crise. Elles sont devenues caduques, car c’est juste une manière d’amadouer les signataires de  l’Accord, alors que le peuple du nord, qui est sur le terrain, ne verra même pas la couleur de cet argent », avance-t-il.

Malgré nos multiples sollicitations auprès de la direction de l’Agence nationale d’investissement des collectivités territoriales (ANICT), structure en charge de ce fond, nous n’avons pas eu accès à ses informations sur le sujet.

CMA et Plateforme s’engagent pour la paix

La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme des Mouvements du 14 juin 2014 avaient prolongé de 30 jours à partir du 06 septembre 2017, le précédent accord de trêve de 15 jours. Après 5 jours de négociations sérrées, les différentes parties ont enfin abouti à la signature, mercredi 20 septembre, d’un document intitulé : Engagements, qui marque le fin des hostilités entre les deux mouvements et pose les jalons d’une mise en oeuvre effective de l’Accord.

Les négociations entre la CMA et la Plateforme ont débuté vendredi 15 septembre dernier à l’ex-Cres de Badalabougou. C’était en présence du ministre de la Réconciliation nationale Mohamed Elmoctar, du haut représentant du président de la République Mamadou Diagouraga et du représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, Mahamat Saleh Annadif. La CMA était représentée par Bilal Ag Achérif et plusieurs personnalités tandis que la délégation de la plateforme était représentée par Me Harouna Touré et plusieurs leaders du mouvement. Durant cinq jours des tractations ont été menées par le ministre de la Réconciliation nationale et la médiation internationale pour concilier les points de vue divergents et aboutir à un document acceptable par tous. Lors de cette première journée, le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies a exprimé son agacement face au double jeu des protagonistes qui, depuis deux ans bloquent la mise en œuvre de l’Accord. «  Nous avions patienté. Nous avions beaucoup attendu » avait lancé le patron de la mission onusienne avant de prévenir : « notre patience a des limites ». Une impatience que le ministre de la réconciliation nationale a aussi exprimé en appelant les concernés à prendre leurs responsabilités.

C’est donc chose faite, désormais, ose-t-on croire. Le dialogue et les concertations semblent avoir fini par avoir raison sur la violence. Mercredi 20 septembre, les deux mouvements ont signé un document dit ‘’Engagements’’ lors d’une cérémonie présidée par le chef de file de la médiation internationale l’ambassadeur algérien Boualem Chebihi. A ses côtés, le ministre de la Défense Tiena Coulibaly, le représentant de la plateforme Fahad Ag Almahmoud, le représentant spécial adjoint de la MINUSMA Koen Davidse et le représentant de la CMA Bilal Ag Achérif.

Le chef de file de la médiation a salué l’exercice qui a permis « aux frères d’échanger », même de façon passionnée, mais avec un ferme engagement pour la paix et la réconciliation. Il a exprimé sa reconnaissance aux participants de ces cinq jours de travaux inlassables. Prenant la parole au nom du gouvernent, le ministre de la Défense et des anciens combattants s’est dit «  heureux » de la tenue de cette cérémonie. Pour le ministre, le gouvernement du Mali est très engagé pour la mise en œuvre de l’Accord car « les populations du Nord du Mali ont attendu très longtemps ». « La plateforme se réclame des populations, la CMA se réclame des populations et le gouvernement se réclame des populations » c’est pour cela que c’est un devoir pour chacun que la situation change a-t-il déclaré. La Minusma à travers son représentant spécial adjoint aux affaires politiques, très impliqué dans la résolution des divergences a félicité les responsables des mouvements, la communauté internationale et le gouvernement, qualifiant de « bonne nouvelle » la signature annoncée. A son tour, le représentant de la plateforme, espère qu’à la sortie de cette signature «  la coexistence pacifique et la fraternité entre des frères partageant le même espace géographique » sera une réalité. Il a assuré que la plateforme respectera tous les engagements qu’elle aura à prendre et espère qu’à l’avenir celle-ci n’aura plus à répondre à la question selon lui « extrêmement gênante », pourquoi ne faites vous pas la paix avec vos frères ?

Une commission de haut niveau verra prochainement le jour pour combler les attentes. Le représentant de la CMA quand a déclaré que cet événement est « le fruit des efforts des parties, de leurs engagements profonds à la recherche d’une stabilisation effective ». Bilal Ag Achérif a invité tous les acteurs engagés dans le processus à joindre leur effort à cet engagement pour l’atteinte des objectifs. Il a en outre appelé à condamner les criminels qu’ils soient de la CMA ou des autres rangs. « A la sortie de cette cérémonie les conditions doivent être réunies pour que les autorités intérimaires soient opérationnelles où qu’elles se trouvent, pour que les populations locales sentent la présence d’une administration qui parle en leur nom » a souhaité le représentant de la CMA.

C’est après toutes ces interventions des acteurs impliqués dans la mise en œuvre de l’Accord de paix que le document dit ‘’Engagement’’ a été signé par les parties. Le document comprend deux titres. Le premier concerne les mesures de confiance qui passent par l’organisation du retour ordonné des éléments de la Plateforme à Takalot dans un délai maximum de deux semaines à compter de la signature du présent engagement, sous l’égide de la CTS avec l’appui de la MINUSMA ; la cessation immédiate, totale et définitive de toute forme d’hostilité ; la libération des détenus ; l’engagement d’œuvrer à la clarification du sort des personnes disparues et à ne protéger aucun auteur de crime ; l’établissement d’une commission de haut niveau pour renforcer la cohésion entre les deux parties, chargée de traiter toutes problématiques qu’elles soient d’ordre politique, institutionnel, humanitaire et sécuritaire. Le second titre du document est relatif à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, il s’agit entre autres : de relancer la finalisation avec le gouvernement d’un chronogramme consensuel pour la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la paix, d’ici la fin du mois de septembre, avec comme priorités : l’opérationnalisation des MOC de Kidal, de Tombouctou et de Ménaka ; l’installation des combattants des mouvements signataires sur les sites de cantonnement retenus par la CTS et leur prise en charge immédiate par le gouvernement ; l’opérationnalisation immédiate de l’autorité intérimaire de Kidal à travers la passation diligente de services et parachèvement de l’installation de l’administration dans les cinq régions ; de toutes autres priorités dont les trois parties signataires conviennent. Dans le document la CMA et la Plateforme s’engagent à jouer leur partition dans la mise en œuvre diligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation et appellent le Gouvernement à en faire de même. Les deux parties prennent des mesures qu’elles jugent appropriées aux fins de sensibiliser les populations et leurs bases respectives à l’importance du respect des arguments ci-dessus.

.

 

 

 

Ilad Ag Mohamed : « Les forces présentes dans l’Azawad se protègent elles-mêmes alors que ce n’est pas l’objectif »

À partir du 20 juillet prochain le MOC sera installé à Kidal et 10 jours plus tard les autorités intérimaires et le gouverneur lui emboîteront le pas. À Bamako, les différentes parties se concertent pour parvenir à concrétiser cet ambitieux chronogramme. Ilad Ag Mohamed, porte-parole de la CMA a répondu aux questions du Journal du Mali sur les négociations et obstacles concernant l’application de ces mesures du processus de paix dans la région.

Où en est-on concernant le retour de l’administration et de l’armée Kidal ?

Dans ces prochains jours, cette semaine, il va y avoir à Bamako une rencontre à laquelle doivent participer les responsables militaires et politiques de la CMA. Cette réunion va permettre de caler le calendrier et déterminer les modalités pratiques de l’opérationnalisation du MOC à Kidal à partir du 20 juillet prochain, car c’est une date butoir. Il y a des travaux techniques à faire avec les ministères, les politiciens, pour pouvoir établir un chronogramme bien détaillé, aussi clair que possible et travailler au retour de l’administration à Kidal à partir du 30 juillet, autre date butoir. J’ajouterai que pour le moment, il n’y a aucun signe pouvant être un facteur bloquant ou de ralentissement sur ces sujets-là, je crois que nous sommes dans une bonne dynamique

Sur le terrain à Kidal est-ce que les travaux du camp 1 et ceux du gouvernorat seront achevés à temps pour accueillir l’administration et le MOC ?

Sur ce plan, les choses sont extrêmement lentes et je sais que ce n’est pas pour demain que l’on va réhabiliter tout ça. Je crois qu’une fois que les parties ont la volonté de faire quelque chose, on pourra trouver les moyens de faire avec ce que l’on a. Si toutes les questions sont réglées et débloquées en dehors des questions logistiques, on aura le moyen d’abriter le MOC en attendant que le camp soit opérationnel. Pour le gouvernorat, ce ne sera pas pour demain parce qu’il est en très mauvais état, mais il n’y aura pas de problèmes a abrité une administration de ce genre. Ce n’est pas ça qui va nous empêcher d’avancer.

Bilal Ag Chérif est actuellement à Bamako, il a rencontré Mohamed Ag Najim, chef d’État-major du MNLA, de la communauté Idnane. Tous deux sont là pour tenter de faire cesser les affrontements récurrents entre le GATIA et la CMA, se dirige-t-on vers une paix entre ces deux mouvements ?

Ce sont des questions qui seront aussi abordées lors de la rencontre dont je vous ai parlé. Le problème c’est qu’il y a des antécédents, je pense qu’on est arrivé à un point ou l’État lui-même ne les contrôle pas suffisamment, la situation est compliquée. Mais je crois qu’une fois que l’État, ses milices et la CMA arriveront à s’asseoir pour élaborer un programme commun, on pourra faire quelque chose. Ce qui est sûr, c’est qu’il faudra trouver un début de solution pour un retour effectif de l’administration et même pour la mise en œuvre de l’Accord. C’est une question qu’il nous faut régler.

Ce retour de l’administration et de l’armée risque de poser des problèmes sécuritaires à Kidal, comme on a pu le voir avec l’attaque du MOC à Gao, comme comptez-vous gérer cela au niveau sécuritaire ?

Oui en effet, si il y a beaucoup de problème autour de l’installation de ce MOC, c’est parce que nous voulons un maximum de garanti pour éviter tout problèmes. Vous savez l’attentat de Gao a été un choc énorme et l’est encore aujourd’hui. On éprouve des difficultés, à cause de cela, à réunir des soldats, parce que ça a été traumatisant. Dans tous les cas, je crois qu’il faut y faire face, on n’a pas le choix, mais il faut avoir une stratégie, mettre en place le MOC à Kidal mais aussi envisager des ceintures de sécurité pour l’appuyer. En attendant de voir où on va et si l’armée peut faire son retour dans sa dimension générale. Ce sujet fera aussi parti des discussions de la réunion qui aura lieu cette semaine.

Donc le MOC, censé sécuriser devra lui-même être protégé par d’autres forces ?

C’est un problème. Les forces qui sont présentes actuellement dans l’Azawad œuvrent à se protéger elles-mêmes alors que ce n’est pas l’objectif, c’est valable pour tout le monde en réalité, la Minusma comme bientôt pour le MOC. Si une force reste enfermé dans son camp, elle n’a plus de raison d’être en réalité, donc, autant ne pas en former.

KIDAL : Installation du MOC et retour de l’administration à partir du 20 juillet

Pour accélérer la mise en œuvre de l’accord dans le cadre de la feuille de route remise au premier ministre, Abdoulaye Idrissa MAÏGA a regroupé les parties maliennes (CMA, Plateforme et institutions chargées de la mise en œuvre de l’accord) lors d’une journée d’évaluation de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale.

Le Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) sera présent à Kidal ce 20 juillet. Cette force constituée de 600 hommes sera composée par 200 Hommes de chaque partie prenante, à savoir, la CMA, la Plateforme et l’armée malienne. Une décision issue de la journée d’évaluation de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali tenue le 23 juin à la Primature. Une étape essentielle dans le processus du retour de l’administration dans le Nord du Mali où Kidal reste la dernière ville à recevoir les autorités intérimaires. D’autant que cette étape doit être suivie de l’installation du gouverneur de Kidal (Sidi Mohamed Ag Ichrach, résidant actuellement à Gao) le 31 juillet et celle des autorités intérimaires. Seront ensuite installés le gouverneur ainsi que les autorités intérimaires de Taoudénit.

De l’espoir et des inquiétudes

Cette rencontre entre Maliens (la CMA, la Plateforme et la partie gouvernementale) suscite en tout cas l’espoir des autorités. Le premier ministre Abdoulaye Idrissa MAÏGA estime qu’ « il est vital que les Maliens se parlent, car nous défendons la même cause ensemble, le Mali ». Avant d’ajouter la nécessité de surmonter les blocages et autres incompréhensions pour aboutir à la paix.

Mais ce nouveau calendrier ne rassure pas tout le monde. Selon Oumar Alassane Touré du réseau des patriotes du Nord « on ne peut pas retourner à Kidal comme ça. Il faut une commission de retour de l’administration indépendante du gouvernement et de la primature, qui est rattachée au président de la République qui sera composée de l’ensemble des mouvements et d’experts qui peuvent mettre en place une stratégie ».

Azarock Ag Innaborchad, président du congrès pour la justice dans l’AZAWAD, souhaite que l’on envisage le retour de la paix au delà du retour symbolique de l’administration à Kidal. « C’est vrai que Kidal symbolise le retour de la souveraineté de l’Etat. Mais il n’y a pas qu’à Kidal que l’Etat n’est pas souverain. Il faut faire ce que l’on peut faire facilement et attendre quand les échéances arrivent pour Kidal, faire Kidal, il faut essayer de reprendre stratégiquement les choses en main, pas seulement à Kidal. », conclut-il.

Retour de l’administration à Kidal : Un problème de calendrier ?

Annoncé pour le 20 juin 2017, le retour effectif de l’administration dans la ville de Kidal n’aura pas eu lieu. Selon le chronogramme annoncé par la médiation internationale à l’issue de la 18è session du Comité de suivi de l’accord, c’est à travers le Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), chargé de sécuriser la ville et sa région, que devait avoir lieu le redéploiement de l’État dans la ville occupée par les groupes armés depuis 2014. Sur place, à Kidal, ce report n’est pas une surprise, la situation de tension actuelle générée par le conflit intercommunautaire entre les Imghads du GATIA et les Idnanes n’a pas encouragé la CMA à adhérer à un chronogramme dont elle dit « ne pas être associée ». La coordination a rappelé ses forces à Kidal tandis que celles du GATIA sont à présent positionnées à une dizaine de KM de la ville. L’un des premiers grand défi de l’installation du MOC à Kidal sera de faire collaborer ces deux camps hostiles au sein des patrouilles mixtes.

D’autres raison moins vérifiables ou avouables à ce report sont aussi avancées. « la CMA doit envoyer des signes positifs d’avancement à la communauté internationale mais en même temps elle doit ménager les djihadistes qui ne veulent pas un retour de l’administration et de l’armée à Kidal. Beaucoup ici disent que c’est Iyad Ag Ghaly qui pilote les décisions importantes », affirme cette source proche des mouvements. Pour elle, le MOC, les autorités intérimaires, tout serait possible et faisable dans les délais. « Les véhicules du MOC pour les FAMA et la Plateforme sont déjà prêt, il ne manque plus que la CMA. Avec l’insécurité qui règne en ce moment à Kidal, le MOC et ses patrouilles seraient le bienvenue », ajoute-t-il. Selon Pierre Buyoya, cité le 20 juin par Studio Tamani, ce report est dû à un « problème de calendrier », il assure que le retour effectif de l’administration se fera dans les prochains jours. Comme en réponse, la fête de l’Aid qui se fêtera ce dimanche partout sur le territoire Malien sera célébrée un jour plus tard à Kidal, selon le calendrier imposé par la CMA, qui ne tient pas à fêter la fin du ramadan en même temps que le Mali.

Processus de paix : La CMA met à disposition le camp 1 l’assemblée régionale de Kidal

Dimanche 4 juin 2017, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) a annoncé, via un communiqué, qu’elle mettait le camp I de Kidal à la disposition de la MINUSMA à partir du vendredi 2 juin courant, pour permettre à la mission onusienne d’y effectuer des travaux de réhabilitation en vue d’accueillir les élémentsdu MOC de Kidal. Dans ce même communiqué, elle se dit aussi prête à mettre à la disposition des autorités intérimaires le bureau de l’assemblée régional de Kidal.

24 heures avant le tenue de la 18e session du CSA qui débute ce lundi 5 juin et qui s’achèvera mardi 6 juin, à l’ex-CRES de Bamako, la CMA dans un communiqué rendu public, annonce des mesures visant au rétablissement de le confiance pour accélérer le processus de paix, qui accuse depuis sa signature finalisée en juin 2015, 2 années de retard, quelle va mettre le camp 1 à la disposition de la Minusma pour un réfection nécessaire du bâtiment et qu’elle permettra aux Autorités intérimaires, installées mais toujours pas opérationnelles d’y siéger.

Ce communiqué intervient après la sommation, le 23 mai dernier, du président du CSA Ahmed Boutache, exigeant que la CMA libére le CAMP 1 de Kidal.

Il semblerait qu’un arrangement entre a été trouvé entre ces deux parties qui a permis de débloquer la situation.

Dans ce même communiqué, la CMA appelle le gouvernement, la médiation, la communauté internationale ainsi que les partenaires techniques et financiers à ce joindre à ces efforts pour aider les autorités intérimaires à fonctionner convenablement.

Les autorités intérimaires, leur prolongation et leur financement seront justement au coeur des débats durant cette 18e session du CSA, qui devrait faire des annonces fortes en ce sens.

Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed : « On a été nommé à la tête des autorités intérimaires puis après on nous a laissé nous débrouiller tout seul »

Trois mois après l’installation des autorités intérimaires la plupart des assemblées régionales et des conseils transitoires ne sont pas opérationnels, alors que leur mandat devrait prendre fin le 20 juin prochain. Néanmoins dans la région de Ménaka, nouvellement créée, les choses bougent, en marge d’une mise en œuvre de l’Accord de paix qui fait du surplace. Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed, président de l’assemblée régionale de Kidal, a expliqué au Journal du Mali, comment en local, avec le soutien des populations, il tente d’exercer sa difficile mission.

Vous avez été nommé président de l’Assemblée régionale de Ménaka, aujourd’hui exercez-vous concrètement vos fonctions ?

Nous avons déjà tenu une première session de travail dans des conditions sommaires, mais nous avons pu quand même travailler. Vous savez, la région de Ménaka est une toute nouvelle région, c’est la première fois qu’on installe une structure d’assemblée régionale. Nous avons dû tout construire, créer des conditions pour pouvoir rendre opérationnel les bureaux de l’assemblée régionale, avant nous, il n’y avait pas de personnel, pas de bâtiment, on est parti de zéro à contrario des autres régions qui ont déjà ces structures. Nous pouvons aujourd’hui, malgré cela, affirmer que notre bureau est opérationnel à 100 %, grâce à l’appui du gouvernorat, du bureau de la Minusma, et des personnels de bonne volonté. Nous pouvons dire que nous sommes à jour comme toutes les autres régions et même en avance par rapport à certaines régions qui n’ont pas encore commencé à travailler.

Comment les choses ont-elles pu avancer à Ménaka alors que dans les autres régions ces mêmes autorités intérimaires ne sont pas opérationnelles ?

C’est grâce à la volonté des populations de construire une paix durable, à vouloir le retour de l’État, à vouloir la paix. Les populations, les groupes armés, le représentant de l’État, les forces maliennes, regardent de l’avant pour leur région et non par rapport à ce qui est inscrit dans l’Accord d’Alger. Grâce à leur entente, grâce à la coordination de leur force, grâce à cette cohésion sociale, il y a déjà un résultat, sans attendre que l’application de l’Accord avance. Cela permet aux commerçants de travailler sans problème, aux ONG d’intervenir dans la région, du coup ça soulage la population et donne vraiment un sentiment d’une région où la paix et la quiétude se normalisent peu à peu.

Cela veut-il dire que des résultats sont possibles sans attendre la mise en œuvre de l’Accord qui s’illustre par son retard ?

Tout à fait. Aujourd’hui à Ménaka nous n’avons aucun problème à faire avancer les dispositions de l’Accord. Nous avons besoin quand même de l’appui des acteurs de l’Accord pour légaliser tous ces travaux que nous sommes en train de faire sur le terrain. Nous avons besoin d’un bureau DDR opérationnel, nous avons besoin d’un État fort pour pouvoir rendre légitime tous ces efforts.

Avez-vous reçu les financements promis pour le fonctionnement de ces autorités intérimaires ?

Nous avons exprimé nos besoins, celle des populations, les conditions pour pouvoir faire notre mission comme il se doit. Nous avons aussi élaboré un programme d’urgence pour pouvoir soulager les populations, rendre opérationnelle les autorités intérimaires et pouvoir faire bouger toute la région. Ce programme a été soumis au gouvernement et à certains partenaires et après 3 mois il n’y a pas eu de retour. Au niveau local il y a eu des décisions et un résultat positif, mais au niveau du gouvernement et des partenaires, nous n’avons pas eu de coup de main pour pouvoir poser nos actions et aller au fond de nos initiatives. On a été nommé à la tête des autorités intérimaires puis après plus rien, on nous a laissé nous débrouiller tout seul.

Votre mandat devrait se prendre fin le 20 juin prochain, alors que les objectifs de votre mission ne sont pas atteint, plaiderez-vous pour la prolongation des autorités intérimaires ?

Les autorités intérimaires sont une étape vraiment cruciale pour l’application de cet accord, le gouvernement n’a pas intérêt à organiser les élections avant que les autorités intérimaires ne posent certaines actions qui prouvent qu’il y a vraiment un changement, que l’État revienne et qu’il soit fonctionnel, que les collectivités soient fonctionnelles au niveau des régions et qu’à travers ses collectivités, la communauté internationale pose certaines actions qui prouvent vraiment un retour à la stabilité. Dans la région de Ménaka, il n’y a pas de collectivité actuellemennt pour dire qu’il y a une région opérationnelle à 100 %, il y a des arrondissements mais ces arrondissements ne sont pas encore formés en collectivité. Les fractions ne sont pas réparties entre les arrondissements existants. Il faut faire les choses par étapes car Ménaka n’a pas encore de cercles ni de communes. Si les élections communales et régionales sont organisées dans la précipitation ça risque d’être très compliqué chez nous.

Quelles sont, selon vous, les raisons profondes de ce retard dans la mise en œuvre de l’accord de paix ?

Ce qui est sûr c’est que depuis la signature de cet Accord, il y a eu beaucoup de changements d’interlocuteurs et de problèmes en interne. Cette lenteur dans l’application de l’Accord est dû aux interlocuteurs de certains mouvements, de certaines coordinations, il y a aussi je pense, un problème de moyen pour pouvoir avancer dans l’application de l’accord. Nous pouvons prendre l’exemple des autorités intérimaires aujourd’hui, les acteurs sur le terrain et les populations ne font pas défaut mais ils n’ont pas les moyens pour pouvoir les rendre opérationnelles.


Azarock Ag Innaborchad : « Nous continuerons tant que l’injustice et l’exclusion persisteront »

Les autorités intérimaires à Tombouctou et à Taoudéni ont été installées le 20 avril dernier après plus d’un mois de blocage. Azarock Ag Innaborchad, président du Congrès pour la justice dans l’Azawad (CJA), revient pour Journal du Mali sur les raisons qui ont permis de débloquer la situation.
 Les autorités intérimaires sont enfin installées à Tombouctou. Le CJA a-t-il eu satisfaction de toutes ses doléances ?

Nous n’avons même pas eu la moitié de ce que nous demandions. Notre sentiment c’est que c’est injuste et nous continuerons nos revendications tant que l’injustice et l’exclusion persisteront. Nous espérons néanmoins que c’est un début et que les choses viendront petit à petit. Nous porterons ces revendications à tous les niveaux où cela peut être examiné avec bienveillance. Ce qui nous intéresse surtout c’est d’être dans le processus de paix, c’est ce qui nous garantira d’être vraiment dans l’inclusivité.

 Qu’est-ce qui vous a finalement décidé ?

Nous sommes avec les communautés et je pense que tout le monde commençait à être fatigué. Les autorités maliennes ont plus ou moins promis d’aller vers l’apaisement et vers la satisfaction des désidératas de la majorité, y compris du CJA. Il fallait commencer à leur faire confiance. La plupart pensait que le blocage venait du CJA. On ne pouvait pas continuer à porter seul le chapeau. Nous avons aussi obtenu une grande visibilité, le CJA est maintenant un mouvement reconnu, aussi pour son assise sociale et populaire diversifiée.

 L’action du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga y est-elle pour quelque chose ?

Il y a une communauté de vue avec le Premier ministre qui a rencontré toutes les parties à Tombouctou et Taoudéni. Les gens ne cherchent pas l’impossible, ils cherchent à être inclus dans le processus. Il a trouvé que c’était parfaitement normal. Il a fait des promesses et quand il a eu la possibilité de les satisfaire, il l’a fait sans attendre inutilement. Je crois que c’est quelqu’un qui a une bonne compréhension des enjeux.

 Est-ce une victoire de la CMA qui a placé un homme à elle à Tombouctou ?

On n’a pas besoin d’être un analyste averti pour comprendre que l’un des objectifs de la CMA, avec les autorités intérimaires, c’est de concrétiser leur idée de l’Azawad. Je ne dirai pas que c’est la victoire de la CMA, mais la victoire du système. La CMA c’est l’appui inconditionnel de la communauté internationale. Le gouvernement est obligé de respecter et d’aller dans le sens des dispositions de l’accord qu’il a signé. La CMA joue sur ça pour le mettre en défaut et la communauté internationale étant garante de tout ça a besoin d’avancer.

 

Autorités intérimaires : Tombouctou et Taoudéni rejoignent le rang

Tombouctou et Taoudéni, les deux dernières régions du Nord qui résistaient à l’installation des autorités intérimaires, ont finalement installés, hier jeudi 20 avril, leurs représentants régionaux qui auront la charge de restaurer l’État et préparer les futures élections.

Après 4 reports les autorités intérimaires ont enfin été installées à Tombouctou et Taoudéni. Les deux nouveaux présidents, Boubacar Ould Hamadi de la Coordination des mouvement de l’Azawad (CMA) et Hamoudi Ould Sidy Ahamed, ont été officiellement investis dans leurs fonctions et présideront le collège transitoire dans ces localités. Une forte délégation composée du Haut représentant du chef de l’Etat pour la mise en œuvre de l’accord, Mahamadou Diagouraga, du ministre de la Réconciliation, Mohamed El Moctar, du ministre de la Décentralisation, Alhassane Ag Hamed Moussa, du représentant de la médiation internationale, Koen Davidse et des ambassadeurs de la France, des États-Unis, de l’Algérie, s’est déplacée pour l’occasion.

Le Congrès pour la Justice dans l’Azawad (CJA), qui s’opposait à leur installation depuis plus d’un mois, a finalement libéré les checkpoints qu’il occupait militairement autour de la ville. Le mouvement qui exigeait son inclusivité dans toutes les instances de décision régionale, a obtenu, en partie, satisfaction sur ses doléances. Ils ont bénéficié de postes de conseillers spéciaux au sein du gouvernorat et au sein de la commission DDR. Mais signe de cette satisfaction partielle, aucun membre du CJA n’était présent lors de cette cérémonie.

Le CJA a déclaré prendre acte de l’installation des autorités intérimaires à Tombouctou et Taoudéni, néanmoins le mouvement a dit regretter que leurs préoccupations et celles des populations n’aient pas été totalement prises en compte.

Avec Tombouctou et Taoudéni, toutes les autorités intérimaires sont maintenant installées dans les cinq régions du nord du Mali. Reste maintenant à ces autorités transitoires à commencer de façon effectif leur travail.

Moussa Ag Acharatoumane : L’exception Ménaka

Moussa Ag Acharatoumane est le numéro un du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) créé en septembre 2016. Il explique comment la nouvelle région est la seule où la mise en œuvre de l’accord connait des avancées significatives.

Ménaka est la seule région où l’Accord pour la paix et la réconciliation est réellement mis en œuvre. Pourquoi cela ?

Ménaka fait en effet office d’exemple dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. C’est la seule région où les populations se sont données la main pour parler d’une même voix. Elles ont exprimé ainsi leurs préoccupations par rapport à la cohésion sociale. Les mouvements qui sont dans cette zone viennent régulièrement en appui à leur population. C’est ce qui crée cette harmonie dans la région dans le cadre de la sécurité, la cohésion sociale et du respect des droits des individus qui y vivent. Le fait qu’ils (population, acteurs politiques et groupes rebelles) travaillent ensemble, c’est ce qui fait de Ménaka ce qu’elle est aujourd’hui. À Ménaka, tous s’efforcent à appliquer les dispositions de l’accord. Ce n’est pas toujours facile mais ils y arrivent. C’est surtout parce que les résultats sont visibles sur le terrain que ça marche. Du coup, la zone est maintenant plus calme. Les soldats en service à l’entrée de la ville font également de bon boulot. Ils fouillent tout et vérifient les identités des personnes qui rentrent et sortent de la ville. Tout marche bien et tout le monde est content.

Ce qui est fait à Ménaka peut-il être fait dans les autres régions ? Qu’est-ce que Ménaka a de plus que les autres ?

Ménaka n’a rien de plus que les autres. Les autres régions doivent justement apprendre de Ménaka, c’est tout. Cela commence par mettre les mouvements armés, les populations et l’administration ensemble pour qu’ils définissent leurs préoccupations et trouvent des solutions. C’est la seule solution pour que ça marche ailleurs. C’est cela le secret de Ménaka.

Quelle est la prochaine étape pour Ménaka ?

Les patrouilles mixtes ont déjà commencé à Ménaka puisque les FAMA se sont associés aux mouvements pour effectuer des patrouilles à l’intérieur et à l’extérieur de la région. Ce qu’on est en train de faire actuellement c’est de lancer un appel au gouvernement, à la communauté internationale, à la MINUSMA de venir en appui aux acteurs dans le cadre des procédures en cours parce que tout ce que nous avons fait jusqu’ici, c’est avec nos propres moyens. Car nous n’avons malheureusement pas les moyens financiers nécessaires pour continuer.

 

Azarock Ag Innaborchad : « Si rien ne change pour les autorités intérimaires nous ne serons pas prêt le 13 avril »

Azarock Ag Innaborchad, président du Congrès pour la Justice dans l’Azawad ( CJA), ce groupe politico-militaire qui bloque depuis un mois l’installation des autorités intérimaires à Tombouctou et à Taoudeni, nous a accordé un entretien où il explique ne pas accueillir à bras ouvert la décision récente du gouvernement d’installer les autorités intérimaires sans leur « inclusion » totale.

La décision d’installer les autorités intérimaires le 13 avril à Tombouctou et Taoudéni a été prise par le gouvernement. Est- ce que cela veut dire que vos revendications sont toutes honorées ?

À ma connaissance on a juste des promesses et ce n’est pas nouveau, ça fait longtemps qu’on a des promesses.

Donc allez-vous accepter l’installation des autorités intérimaires sans que toutes vos revendications soient prises en compte ?

Disons qu’il sera difficile pour nous d’accepter, d’ailleurs on n’est pas les seuls, ce n’est pas seulement une affaire du CJA, c’est une affaire de toutes les populations de Tombouctou et Taoudéni. Il serait très difficile d’accepter parce que nous sommes engagés dans des revendications de fond qui concernent l’inclusivité. Nous avons parlé de l’ouverture des autorités intérimaires; apparemment ce n’est pas quelque chose dont il faut parler. Même si le CJA essaye de se retirer, la population ne le fera pas. Nous pensons qu’on ne peut pas parler d’inclusivité sans un minimum d’ouverture et sans une implication dans le processus.

Que revendiquez-vous concrètement ?

Concrètement, on revendique une large ouverture des autorités intérimaires au CJA et aux populations, et puis essentiellement notre implication dans les organes de mise en œuvre de l’Accord tels que les commissions, les comités, le CSA et tout ce qui s’ensuit. Nous voulons être impliqués dans l’ensemble du processus.

 Vous n’êtes donc pas prêt pour le moment à une installation des autorités intérimaires le 13 avril ?

Si rien ne change pour les autorités intérimaires nous ne serons pas prêt le 13 avril.On espère que d’ici le 13 avril les choses iront mieux dans le cas contraire ce ne sera pas possible. Ce n’est pas la première décision d’installer les autorités intérimaires, c’est la quatrième fois. Mais cette fois ci, cette décision est légèrement mieux réfléchie que les autres. On parle cette fois-ci de la désignation du Président sur la base d’un consensus des membres des autorités intérimaires. C’est une avancée, c’est une bonne chose, mais on ne dit rien de l’ouverture des autorités intérimaires. C’est un tabou qu’il ne faut pas toucher. Le CJA revendique quand même d’être impliqué dans la série d’organe prévue pour la mise en œuvre de l’accord. Ce n’est pas plus compliqué que ça ! Nous avons la même vision que nos communautés. Nous pensons vraiment que l’ouverture de l’autorité intérimaire est indispensable pour que les gens se sentent concernés et ne se sentent pas exclus. Pour cela, il faut être au niveau des décisions et non des éxécutants. Le CJA est en symbiose avec les populations et ce que les populations veulent, nous, on ne peut pas les empêcher de le revendiquer.

Autorités intérimaires : Tombouctou et Taoudéni toujours en suspens

La mise en place des autorités intérimaires dans les régions du Nord du Mali est bloquée à Tombouctou et à Taoudéni. Une visite du ministre de la Défense ainsi que des engagements fermes des autorités semblent en passe de faire bouger les lignes. Mais la tenue en cours de la Conférence d’entente nationale a reporté l’échéance à la semaine prochaine.

Début mars, l’installation des autorités intérimaires a occasionné un bras de fer entre le gouvernement et les groupes armés ainsi que la société civile, opposés aux nominations perçues comme unilatérales et au fait que des mouvements armés comme le Congrès pour la justice dans l’Azawad (CJA) ne soient pas inclus dans les instances régionales. Pour apaiser la situation, les combattants postés aux check points autour de la ville avaient fini par les libérer, même s’ils ne s’en sont pas trop éloignés. « Nous nous sommes positionnés à peu près à 100 mètres. On collabore bien avec les autres forces, notamment avec la MINUSMA qui trop nerveuse au début, avait essayé de nous forcer un peu la main, mais ça n’a pas marché », confie le colonel Abass Ag Mohamed Ahmad, chef d’état-major du CJA.

Accords de vues Depuis la visite à Tombouctou du ministre de la Défense, Abdoulaye Idrissa Maïga, entre le 17 et le 20 mars dernier, accompagné d’une délégation gouvernementale, la population et les groupes armés ont le sentiment d’avoir été compris. « Ils ont rencontré la société civile, la population, l’armée, et ils ont constaté qu’ils étaient du même avis que le CJA. Le ministre de la Défense n’a pas fait mystère de son engagement à régler les problèmes qui relèvent de lui, c’est à dire mettre quelqu’un de chez nous au niveau du DDR, au niveau de la commission d’intégration ainsi que la validation de notre site de cantonnement. Il doit contacter les autres ministres concernés, et nous attendons maintenant qu’après les promesses, on passe aux actes », explique Azarock Ag Innaborchad, président du CJA.

Même son de cloche à Taoudéni, autre bastion de résistance, qui a aussi reçu la visite du ministre et de sa délégation. « Je crois qu’ils vont accepter nos doléances, parce qu’on ne peut pas tout bloquer quand toute une région demande de changer une personne, sinon c’est la crise », explique Mohamed Attaher El Hadj, maire de la commune de Salam, située dans la nouvelle région. Le ministre de l’Administration territoriale, Mohamed Ag Erlaf, aurait lui aussi donné des engagements fermes, notamment par rapport à la désignation des conseillers spéciaux du gouverneur et des préfets.

Annulation, rumeurs et incertitudes Mais selon nos informations, le ministre Ag Erlaf serait favorable à une annulation pure et simple de l’installation des autorités intérimaires à Tombouctou. Le conseil régional y fonctionnant déjà, il serait partisan d’attendre les élections qui auront lieu dans quelques mois. « Pour nous, l’abandon ou le maintien des autorités intérimaires n’est pas notre problème, mais si on les maintient, il faut le faire avec nos exigences. Si on ne les maintient pas, le statu quo reste », affirme le président du CJA, qui n’exclut pas, si les avancées sont probantes, de donner l’ordre à ses effectifs sur le terrain de se replier.

Néanmoins depuis mardi 28 mars, cette relative accalmie a fait place à un regain de tension. La rumeur persistante d’une installation des autorités intérimaires le 30 mars en catimini est parvenue jusqu’à Tombouctou. « Nous avons cherché à savoir si cela était vrai et mercredi matin, des bouches se sont déliées. Certains membres officiels nous ont dit que l’installation était prévue pour ce jeudi 30 mars et que le commandant de cercle de la région de Tombouctou a convoqué les élus pour leur faire part de cette invitation. Ce passage en force est l’une des clauses revendiquée par la CMA auprès du gouvernement et qui conditionnait leur participation à la Conférence d’entente nationale », soutient le chef d’état-major du CJA, qui ajoute que « les gens sont prêt pour manifester, ils n’attendent que le signal ». Selon les contestataires, le responsable de ce « désordre », dont ils demanderont avec force le départ, n’est autre que le nouveau gouverneur, Koina Ag Ahmadou, récemment muté de Kidal et notoirement proche du HCUA, pour son implication dans ce revirement et sa complicité avec la CMA. « Il est impossible que les autorités intérimaires soient installées sans notre consentement. Ils ne pourront pas le faire parce que nous réagirons immédiatement. Nous étions prêts, si nos propositions étaient validées, à lever immédiatement le camp », rappelle le colonel Abass. Mais la tension semble être redescendue, le gouvernement ayant décidé de reporter l’installation des autorités intérimaires après la Conférence d’entente nationale. À Tombouctou, la situation oscille entre attente, vigilance et confusion, avec l’espoir de parvenir à consensus, une possibilité qui reste néanmoins encore fragile.

 

 

Après les paroles, Gao attend les actes

À Gao, les autorités intérimaires ont été installées le 2 mars dernier suite à une négociation avec la société civile et les mouvements de résistance. Le gouvernement s’était engagé à honorer leurs doléances dans les 15 jours. Mais Aujourd’hui, dans la cité des Askia, vingt jours après, la population constate que rien de concret n’a été fait.

Pour pouvoir installer les autorités intérimaires à Gao, le gouvernement s’était engagé, dans un délai de 15 jours, à exécuter les doléances issues des mouvements de résistance et de la société civile, transmises aux autorités par le Grand imam Alpha Oumar Almahadi. « C’est la dernière chance que nous laissons au gouvernement, si ce délai est atteint et que rien n’est fait, alors ils verront », déclarait Moussa Boureima Yoro, porte-parole des mouvements de résistance civils de Gao.

20 jours après jours, aucun acte concret n’est a signaler. « Les ministres appellent quelques fois pour nous dire que c’est en bonne voie. Mais depuis il n’y a rien. Nous nous pensons qu’il faudrait un document qui certifie de ce qui est fait, sans ça on n’a la preuve de rien », explique ce membre de la société civile.

Ce mercredi une rencontre a eu lieu avec le grand Imam qui s’était porté garant pour le gouvernement, pour discuter de la situation. Une assemblée générale, jeudi 23 mars, qui réunira la société civile, les sages et les marabouts de Gao, devrait trancher sur ce qu’il y aura lieu de faire. « D’ici la semaine prochaine si rien n’est fait on sera obligé de poser des actions », affirme Moussa Boureima Yoro.

A Tombouctou et Taoudenni, la mise en place des autorités intérimaires est toujours en panne, et à Gao on considère qui si les choses continuent ainsi, il risque d’y avoir des répercussions sur la ville. « Ce sont les même mouvements qui sont à Tombouctou, à Taoudénni à Ménaka et à Gao. Il y a le MSA qui était à la porte de Gao, le CMFPR qui avait pris l’Assemblée régionale et le CMFPR2. Je crois que l’État malien n’est pas conscient de cette situation-là et nous commençons à être découragé d’aller dans leur sens », conclut-il.

Pourquoi Hassane Ag Fagaga a-t-il prêté serment à Bamako ?

Hassane Ag Fagaga, le nouveau Président de l’Autorité intérimaire régional de Kidal a prêté serment jeudi 16 mars à Bamako. L’insécurité dans la région de Kidal serait la raison principale.

C’est dans la grande salle du gouvernorat du district de Bamako qu’Hassan Fagaga, nouveau Président de l’Autorité intérimaire régional de Kidal a prêté serment ce jeudi 16 mars en présence du ministre de l’Administration Territoriale. En d’autres termes, Hassan Fagaga est désormais pleinement investi de ses missions.

La question qui taraude les esprits, c’est pourquoi le choix de Bamako et non la ville de Kidal quand on sait qu’il est appelé à travailler sur place. Pour Alkassim Ag Alhouchel, président de la jeunesse CMA, les raisons sont évidentes, « les conditions sécuritaires ne lui permettent pas de prêter serment à Kidal ». Comment Hassane Fagaga pourrait-il donc occuper ses fonctions dans les jours à venir ? « Avec l’application effective de l’accord pour la paix et la réconciliation, il assumera son rôle comme il le faut », estime Alkassim. Quant à la CMA, elle considère la désignation d’Hassan Fagaga acceptable.

Fahad Ag Almahamoud de la plateforme en réponse à cette prestation de serment écrit sur Twitter que « si l’Autorité Intérimaire de Kidal prend service à Bamako il faut aussi s’attendre à ce que les patrouilles mixtes de Kidal aient lieu à Bamako ».

On rappelle que c’est le 28 février dernier que les autorités intérimaires de Kidal ont été installées après plusieurs mois de négociations et de reports. Israch Ag Mohamed, a quant à lui, a prêté serment à Gao.

 

Tombouctou : Un blocage gouvernemental

Alors que la mise en place des autorités intérimaires à Tombouctou est toujours bloquée, principalement à cause de l’exclusion du Congrès pour la Justice dans l’Azawad (CJA). Mercredi 15 mars, le collectif des élus municipaux de la région de Tombouctou, au nom de l’inclusivité, ont demandé au gouvernement de prendre un décret additif pour élargir les membres des autorités intérimaires de 13 à 21 personnes. Un soutien qui ne semble pas infléchir la décision du gouvernement.

À Tombouctou, la mise en en place des autorités intérimaires semblent, pour le moment, bien éloignée. En cause, l’exclusion du CJA de la mise en place de ces instances, malgré la libération des checkpoints par leurs éléments armés. « Quand nous sommes allés voir le gouvernement pour leur faire comprendre que nous voulons être inclus dans les autorités intérimaires pour représenter les communautés de Tombouctou. Ils nous ont dit les autorités intérimaires sont bloqués et que s’ils acceptaient, ce serait ouvrir la boîte de Pandore », révèle Azarock Ag Innaborchad, président du CJA. Le mouvement politico-militaire qui a fait défection de la CMA tente depuis, de négocier sa position avec le gouvernement qui se refuse toujours à lui faire des propositions concrètes.

Mais mercredi 15 mars, un soutien au CJA est venu des élus municipaux de la région de Tombouctou qui se sont réunis dans la cité des 333 saints. Ces élus venus de tous les cercles de Tombouctou, ont appelé à l’inclusivité du CJA dans les autorités intérimaires et dans toute activité liée à la résolution de la paix au Mali. « Ils souhaitent que les membres des autorités intérimaires soient élargies de 13 à 21 membres, pour inclure le mouvement afin d’avoir plus de représentativité pour des villes comme Niafunké, Goundam, Gourma-Rahrous et les autres communautés de la région de Tombouctou «, explique Mohamed Ag Alher, animateur à la radio Jamana de Tombouctou.

Même appréciation du côté de la société civile et de la population, comme l’explique ce citoyen de Tombouctou joint au téléphone : « la population de Tombouctou soutient l’inclusion du CJA. Comme la société civile a donné son feu vert, la population est d’accord. C’est la population qui élit les personnes, il faut qu’on accepte, qu’on obéisse à ses réclamations et revendications », affirme-t-il

Sur le terrain, des responsables du CJA sont aux côtés de la population pour voir comment ils peuvent arranger la situation et tentent de s’impliquer dans toutes les activités permettant à la paix et à la sécurité de régner. « Ils ont organisé des escortes pour les civils qui voyagent sur l’axe Tombouctou – Goundam, qui est l’axe le plus menacé. C’est une manière pour eux de prouver qu’ils sont prêts à accompagner le gouvernement et les populations », ajoute ce même citoyen

Les troupes du mouvement sont néanmoins toujours en nombre et en armes à l’extérieur de la ville, prêtes à n’importe quel moment, à l’affrontement. Exerçant sur le gouvernement une pression à double tranchant, qui sape une confiance déjà fragile à établir entre les deux parties.

La solution semble plus que jamais dans le camp du gouvernement qui malgré maintes tractations ne semble pas prêt à infléchir sa décision. « Personnellement, je ne crois pas qu’ajouter une personne ou 2 ou 3 soit un problème, si cela peut calmer la tension et résoudre la situation, je crois que c’est mieux que de se figer sur des positions qui mènent nulle part », objecte le président du CJA, qui ajoute, « Je suis absolument convaincu que cela n’intéresse pas le gouvernement car c’est à notre demande et par l’intermédiaire du Haut représentant que nous avons pu voir le ministre Ag Erlaf, sinon personne ne nous avait contacté. Tant que la question n’est pas considérée comme une question essentielle le problème ne peut pas être résolu. Mais qu’ils n’oublient pas que si les populations décident de ne pas installer les autorités intérimaires, elles ne seront pas installées, sauf si on leur marche dessus. Je crois que ce n’est pas l’objectif de l’État malien, ni de la communauté internationale, et encore moins de la communauté malienne », conclut-il.

Tombouctou – Taoudéni : vers un consensus ?

Les groupes armés contestataires sont dans une dynamique de pacification des tensions avec le gouvernement malien au sujet de l’installation des autorités intérimaires pour les régions de Tombouctou et Taoudeni, confirment des sources politiques du Congrès pour la Justice dans l’Azawad (CJA) à Bamako.

La situation est plutôt calme aujourd’hui à Tombouctou, les tirs à l’arme lourde ont cessé leur vacarme et la cité des 333 saints fait figure de ville morte, selon des sources locales.

La médiation internationale a condamné, via un communiqué rendu publique lundi soir par la MINUSMA, la prise depuis deux jours par un détachement armé de la CMA/Plateforme pro-malienne de 2 check-point de l’armée malienne à Tombouctou, en réaction à la nomination des personnes choisies par le gouvernement malien pour diriger le collège transitoire des autorités intérimaires dans la région de Taoudéni . « Les autorités intérimaires sont reportées pour le moment à une date ultérieure mais nous avons une réunion avec les membres du gouvernement et le haut représentant du président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord à 9h, aujourd’hui, à Bamako, pour discuter de notre intégration dans toutes les instances du comité de suivi de l’Accord y compris les autorités intérimaires de Tombouctou  » déclare Azarock Ag Innaborchad, président du CJA.

Qui aura quoi à Tombouctou et Taoudeni ? Les groupes en présence à Tombouctou sont le CJA et le Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA), qui protestent contre leur absence au sein des autorités intérimaires à Tombouctou et Taoudeni, et qui entendent pousser le gouvernement malien à renoncer aux personnes nommées pour diriger les autorités intérimaires et à les remplacer par des personnes choisies par leurs responsables. Les deux MAA issus de la CMA et de la Plateforme pro-malienne sont appuyés par les dirigeants de la CMA à Bamako. Le CJA qui a quitté la CMA devrait avoir des difficultés à obtenir ce qu’ils demandent.

Selon des sources proches du dossier, les membres du gouvernement malien et les chefs de la CMA ont décidé d’isoler le CJA des autorités intérimaires. En d’autres termes, le CJA ne pourrait que participer au niveau cercle et commune des autorités intérimaires. Alors que les deux MAA auront ce qu’ils veulent, malgré le fait qu’ils ont déjà une dizaine de représentants dans les régions de Tombouctou et Taoudéni et la présidence du conseil régional de Tombouctou, sans parler d’une vingtaine de représentants dans les autres organes de l’Accord avec la vice-présidence du CSA. Malgré tout, ils exigeraient la présidence de l’assemblée régionale de Taoudeni, qui deviendrait à dominante arabe, alors que les Touaregs ne sont présents qu’à Kidal, Méneka et Gao.

Le CJA qui a été a été créé pour défendre les intérêts de ses communautés est exclu de la mise en oeuvre de l’Accord et souhaite être au coeur de tous les organes de décision de l’Accord du CSA jusqu’aux autorités intérimaires, qui auront la gestion administrative et politique des régions, via la Commission Technique de Sécurité (CTS), le mécanisme opérationnel de Coordination (MOC), l’Equipe Mixte d’Observation et de Vérification (EMOV). Ce qui leur permettrait de participer pleinement à la gestion de leur région sur tous les plans: politique, défense et sécurité, développement, justice, questions humanitaires et retour des réfugiés. Ainsi que de participer au redécoupage prévu dans l’accord, pour la création des nouvelles circonscriptions en vue d’une meilleure représentativité des populations de l’Azawad dans les institutions et les grands services publiques, en décrochant la région des lacs, dans le cercle de Goundam, comme l’ont fait ceux de Menaka et Taoudeni. Il à craindre que que le duel d’influence entre CMA/MAA et CJA pourrait exacerbé les tensions, dans ces 2 régions, qui sont les deux derniers points de blocage à l’installation des autorités intérimaires.

Tombouctou: Tensions et manifestations populaires contre autorités intérimaires

Hier dimanche 5 mars, à la veille de l’installation des autorités intérimaires à Tombouctou, plusieurs centaines de personnes sont sortis dans les rues de Tombouctou en début d’après midi pour maintenir la pression sur les autorités maliennes et la communauté internationale et empêcher la tenue de l’intronisation des dirigeants des autorités intérimaires à Tombouctou et Taoudeni.

Depuis ce week-end, les tensions sont vives à Tombouctou, les forces du Congrès pour la Justice dans l’Azawad (CJA) encerclent la ville. « Le colonel Abass,le chef d’état-major du CJA, aurait donné l’ordre de penétrer dans le centre de la ville pour être aux côtés des marcheurs », déclarait hier, Ehameye Ansari, porte parole du CJA.

Les forces Barkhane sont intervenues pour empêcher l’avancée des troupes armées qui tentent de pénétrer dans la ville pour rejoindre la population qui proteste. Selon un officier du CJA, Mohamed Ag Almounzer, joint sur place « les tensions sont vives et les discussions sont en cours entre les officiers du CJA et Barkhane, les avions survolent nos positions, nous sommes tous dans les véhicules prêt à pénétrer à l’intérieur de la ville. On attend les ordres du chef de l’opération ‘‘Tamoudre’’ nous déclare -il. À Tombouctou la situation reste confuse, des coups de feu ont été signalés, notamment dans le quartier d’Abarajou sans que l’on sache qui en sont les auteurs. 4 check-point à l’extérieur de Tombouctou ont été pris par les forces de Mouvement Arabe de l’Azawad tendance CMA, sans que les militaires maliens, qui ont fui à l’arrivée des combattant, n’opposent une quelconque résistance.

De sources bien informées, l’élargissement des Autorités Intérimaires à 26 membres a été perçu et proposé comme une solution pertinente pour débloquer la situation à Tombouctou et donner un coup de fouet au processus de mise en oeuvre de l’Accord. Mais son Excellence, Mohamed Ag Erlaf, ministre de l’intérieur et de la réforme de l’état du Mali y est jusqu’à présent opposé.

Malgré les tensions marquées par la résistance des groupes armés, les préparatifs pour la cérémonie d’intronisation se poursuivent. On ne sait pas à l’heure actuelle si les cérémonies d’intronisation pourront bien avoir lieu comme prévu ce lundi 6 mars.

Gao et Ménaka ont leurs autorités intérimaires

Jeudi 2 mars, deux jours après l’installation du président de l’autorité intérimaire de Kidal, l’installation des présidents de Gao et de Ménaka ont eu lieu. À Gao, le siège de l’Assemblée régionale qui était occupé par les combattants de la CMFPR2, a été levé après la signature d’un protocole d’entente prenant en compte les préoccupations de la société civile de la cité des Askia.

Les cérémonies d’investiture d’Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed à Ménaka et de Djibrila Maïga à Gao ont été présidées par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Mohamed Ag Erlaf, à la tête d’une délégation de responsables maliens, dont le Haut représentant du chef de l’Etat pour la mise en œuvre de l’accord, Mahamadou Diagouraga.

Un jour spécial pour toutes les populations de la région pour sceller le pacte de la réconciliation, mis à rude épreuve par les évènements de 2012. «Depuis longtemps, nous attendons ce jour-ci. Après l’installation des autorités intérimaires, la réconciliation va enfin être réalité », souligne Farota Egota, maire de la commune rurale d’Alape proche de Ménaka.

En vertu de l’accord de paix de 2015, les autorités intérimaires devront gérer les cinq régions du Nord, en attendant l’élection par la population d’assemblées dotées de pouvoirs importants. Leur mission sera notamment de préparer ces élections et de favoriser le retour des déplacés, des troubles marqués par une rébellion et une mainmise de groupes djihadistes pendant près de dix mois sur le nord du pays, jusqu’à janvier 2013.

«C’est un jour solennel et historique qui marque un pas décisif dans la vie de la région de Ménaka. Notre tâche est de réunir les différentes communautés afin de les amener sur la voie de la paix et de la réconciliation. L’application stricte de l’accord pour la paix et la réconciliation est la seule voie possible pour atteindre ses objectifs », a déclaré Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed, lors de son premier discours après son intronisation à la tête de l’autorité intérimaire de Ménaka.

Après Ménaka, les membres de l’autorité intérimaires de Gao ont pu finalement être installés au alentours de 17 H, jeudi 2 mars.

La CMFPR II qui occupait le conseil régional a accepté d’en libérer les locaux après d’âpres négociations et l’intervention des notabilités. La société civile de Gao a, ainsi, signé un protocole d’entente qui prend en compte ses préoccupations qui s’articulaient autour de l’élargissement du quota de Gao de 11 à 21 dont 10 réservés aux jeunes et aux femmes sédentaires pour les autorités intérimaires, l’implication des mouvements de résistance civile, de la CMFPR2 dans les organes et structures de suivi et de prise de décision : CSA, CTS, DDR, CNRSS, CVJR,EMOV, MOC, sous-commission politique institution, sous-comité développement, commission d’intégration, sous-comité défense et sécurité à tous niveaux (national et régional) pour la mise en œuvre de l’accord, la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, la reconnaissance officielle et définitive du statut de signataire de la CMFPR2 et de ses prérogatives, le cantonnement des jeunes résistants sans armes de Gao pour avoir été désarmés par les FAMA, la Minusma et Serval.

À la demande du Mali, les Nations Unies ont mis en place une Task force d’appui à la mise en place des autorités intérimaires (TAFSEIA), afin d’assurer le bon fonctionnement de ces autorités intérimaires. En plus de son appui technique et logistique, le TAFSEIA a mobilisé une enveloppe totale de 257 millions de Francs, dont une contribution de 56 millions du PNUD et de 201 millions du Fonds Fiduciaire en soutien à la paix et à la sécurité au Mali en vue d’appuyer l’ensemble du processus. « Dans un souci d’assurer le bon fonctionnement desdits conseils une fois installés, les Nations-unies ont sollicité une enveloppe d’un million de dollars du Fonds de consolidation de la paix à New-York pour appuyer le coaching à moyen et long terme des conseils intérimaires et les services sociaux de base, gages de renforcement de la confiance des populations envers les autorités intérimaires », explique Elsie Effange MBella, Directrice de la division des affaires civiles de la MINUSMA.

Tombouctou : Les autorités intérimaires reportées à lundi

Une vingtaine de véhicules avec des hommes lourdement armés ont fait irruption dans la ville de Tombouctou ce vendredi 03 Mars à 2h du matin. Une première fois rompues, les négociations ont reprise avec le ministre de la Réconciliation, repoussant une éventuelle installation des autorités intérimaires à Tombouctou au lundi 6 mars.

« Les forces du congrès pour la justice dans l’Azawad  (CJA ) sont à Tombouctou aujourd’hui dans le cadre d’une opération dénommée « Tamoudre » (Survie en tamasheq – NDLR -) sur ordres des instances politiques du CJA et du lieutenant colonel Abass Ag Mohamed Ahmed, chef d’état major du CJA », a déclaré Almounzer Ag Mohamed, chef des opérations du CJA joint au téléphone, avant d‘ajouter que l‘objectif du CJA n’est pas de rejeter l’accord de paix au Mali mais d’annuler les nominations des personnes qui seront à la tête de ces autorités intérimaires à Tombouctou et Taoudeni, « qui n’ont fait l’objet d’aucun consensus ni avec le CJA ni avec les populations », précise-t-il.

Le CJA est soutenu par la société civile et le Conseil National de la Jeunesse du Mali (CNJ) à l’image de Salaha Maïga, chef du CNJ à Tombouctou, qui atteste que « toute la société civile de la ville de Tombouctou est venue accueillir les forces du colonel Abass qui ont assiegé les locaux de l’assemblée régionale et du gouvernorat de Tombouctou ».

Après une journée ville morte, hier pour protester contre la mise ne place des autorités intérimaire, la ville semble plongé dans la confusion, « il y a des mouvements armés à l’intérieur et à l’extérieur de la ville mais je ne sais pas qui maintient quelle position. À l’extérieur de la ville, sur la route de Kabara, au niveau du bureau de la Minusma, il y a l’armée régulière qui procède à des contrôles et des fouilles sur les véhicules. On a entendu dire qu’une délégation devait arriver aujourd’hui de Bamako », explique Imrane, étudiant à Tombouctou.

Selon nos informations, le CJA serait aux portes de la ville, tandis que des combattants de la Plateforme, du CMFPR2 et de la CMA seraient à l’intérieur. La Minisma empêcherait le CJA de rentrer dans Tombouctou.

Pour favoriser la négociation, les autorités maliennes et la communauté internationale ont reporté la mise en place des autorités intérimaires au lundi 6 mars. « Ces négociations doivent permettre de nous impliquer, ainsi que la population, dans la mise en œuvre de l’Accord », prévient Abou Ag Hammama responsable du CJA à Tombouctou.

« Des négociations débuteront à 14 h 30 entre la société civile , les représentants du CJA avec les autorités de la MINUSMA et de Barkhane sur comment nous pourrons intégrer le processus de mise en œuvre de l’Accord. Mais si nos doléances ne sont satisfaites à l’issue de cette réunion nous dirons immédiatement aux forces du CJA d’occuper les locaux administratifs de Tombouctou. Pour le moment les hommes du colonel Abass occupent tous les axes stratégiques des sorties de la ville des 333 saints », explique Salaha Maiga joint au téléphone.

Par ailleurs un autre chef des opérations du CJA, Taghlifte Ag Mohamed, confirme que 10 véhicules et des hommes bien armés sont positionnés à l’entrée de la ville de Goundam, située à 84 km à l’ouest de la ville de Tombouctou.

Tombouctou : Résistance armée et populaire contre l’installation des autorités intérimaires

À la veille de l’installation des autorités intérimaires, la situation est très tendue à Tombouctou et Taoudeni. Le ministre de la Réconciliation Mohamed El Moctar s’est d’ailleurs transporté dans la cité des 333 saints, ce jeudi, pour négocier avec les mouvements armés qui rejettent les autorités intérimaires non inclusives à Tombouctou et tenter de faire en sorte que la céré monie d’intronisation puisse avoir lieu, Vendredi 3 Mars, à Tombouctou et Taoudeni.

Une commission de négociation a été mise en place par le ministre de la réconciliation dès son arrivée à Tombouctou et elle a fait une proposition aux organisations des sociétés civiles de Tombouctou et celles des arabes d’Arawane de Tombouctou et Taoudeni ainsi qu’aux représentants du CJA. Le CJA a rejeté les propositions du ministre Mohamed El Moctar, rapporte Ehameye Ansari, porte parole du CJA.

Dans la nuit du 1er au 02 Mars, les troupes armées du CJA ont convergé vers la ville de Tombouctou, ils encerclent la ville en bloquent toutes les issues aux sorties. Joint au téléphone Mohamed Ag Almounzer, chef des opérations du CJA déclare que « notre objectif est d’empêcher l’installation des autorités intérimaires conformément aux instructions de notre branche politique ». Le CJA, par la voix de son porte-parole, exige « une participation aux autorités intérimaires et non pas leur annulation et l’insertion du CJA dans tous les organes de mise en oeuvre de l’Accord », il rappelle que aussi que leurs leaders politiques ont épuisé tous les recours pour se faire entendre, jusqu’ici sans succès et qu’ « Aujourd’hui, nos échelons encercle toute la région Tombouctou car nous reprenons la main ».

Autorités intérimaires : Comment Gao a cédé

Malgré les tensions à Gao, maintenues par des combattants armés et une partie de la population civile, opposés aux autorités intérimaires dont les nomination ont été faites sans les consulter ni les inclure, Djibril Maiga, nouveau président du conseil régional sera bien intronisé, comme prévu, ce jeudi 2 mars.

Un grand doute subsistait encore ce jeudi matin quant à la tenue de la cérémonie d’investiture du président de l’exécutif régional, Dijibril Maiga, vu les protestations et les oppositions d’une partie de la population civile et des mouvements armés, dont une centaine de combattants du CMFPR2 avaient pris en otage les locaux du conseil régional. C’est hier, mercredi 1er mars, après une négociation de 12 H, que la décision était prise de ne pas faire obstacle à l’installation des autorités intérimaires. Le bâtiment du conseil régional fut restitué et placé sous bonne garde des FAMA, dans la soirée.

Tractation politico-religieuse Cet heureux dénouement a été possible par l’action de deux hommes, le ministre de la Réconciliation Mohamed El Moctar et le Grand Imam de Gao, Alpha Oumar Almahadi. Le gouvernement avait dépêché lundi 27 février, le ministre de la Réconciliation pour obtenir des faveurs, dont la tenue de la cérémonie d’intronisation de l’autorité intérimaire à Gao. « Le Grand Imam a appelé la population, les mouvements de résistance, le CMFPR2 et le cadre de concertation, mercredi matin. Les négociations ont duré de 9h jusqu’à 22h et nous avons accepté ce compromis-là avec le marabout », précise Moussa Boureima Yoro, porte-parole des mouvements de résistance civile.

Si l’influent Grand Imam de Gao est parvenu à lever les obstacles qui se dressaient devant l’investiture, très contestée, de Djibril Maiga, c’est en échange du respect, par le gouvernement, des doléances des mouvements civils de Gao, qui seront transmises par ce religieux aux autorités maliennes, et qui concernent notamment, l’élargissement des instances des autorités intérimaires à des membres de la société civile et l’intégration des jeunes de Gao désarmés, dans le DDR (Désarmement, démobilisation et réintégration). « Je suis reconnaissant envers ce marabout, car c’est lui le guide spirituel de la résistance et c’est grâce à lui que nous avons pu faire faire les choses. Nous, nous sommes des profanes dans la maîtrise du Coran, il nous a fait comprendre que selon la sharia, pour s’imposer, il faut qu’il y ait des préalables. Un individu ne peut rentrer dans une famille sans la permission. Tout cela fait partie des lois islamiques que nous ne connaissions pas, ce sont ces détails-là qui nous ont permis d’organiser notre résistance, donc nous ne pouvons pas lui refuser cette faveur », poursuit le porte-parole.

En gage de bonne foi et pour preuve de sa volonté à honorer les doléances des populations, le gouvernement a désigné 3 hommes et une femme pour intégrer 4 commissions au niveau des autorités intérimaires, et il devra, dans un délai de 15 jours, exécuter les doléances transmises par le Grand imam. « C’est la dernière chance que nous laissons au gouvernement, si ce délai est atteint et que rien n’est fait, alors ils verront. Les populations ont perdu toute confiance en l’État après les engagements du 12 juillet 2016. Cette dernière chance, c’est parce qu’Almahadi en est le garant et il qu’il a vraiment sauvé la situation », souligne Moussa Boureima Yoro.

La délégation gouvernementale qui doit introniser Djibril Maiga dans ses nouvelles fonctions a d’abord fait halte à Ménaka, où une cérémonie confirmera Abdoul Wahab Ahmed Mohamed comme président de l’assemblée régionale de Ménaka. La cérémonie à Gao devrait avoir lieu dans la cité des Askia, cet après-midi vers 16h.

Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed : « Je m’engage pour le changement »

Militant de la première heure du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA), Abdoul Wahab Ahmed Mohamed, âgé de 27 ans, est devenu le président de l’Assemblée régionale de Ménaka, neuvième région administrative du Mali.

Dans la nuit du 22 au 23 février, le gouvernement du Mali et les groupes armés du nord ont établi la liste des présidents des autorités intérimaires, conformément à la conclusion de la réunion de haut niveau qui s’était déroulée le 10 février à Bamako. La région de Ménaka sera présidée par un jeune cadre du MSA, en la personne de Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed. Celui dont l’installation se déroule ce 2 mars, devra ramener la sécurité et s’atteler à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. C’est un jeune très dynamique qui s’est toujours montré disponible pour la cause des populations, qui sont dernière lui pour l’aider à bien mener son action », déclare Abdoulaye Ag Ahmed, un habitant de Ménaka. Ce touareg de la tribu Idaksahak, natif d’Inekar dans la région de Ménaka et titulaire d’un DEUG de droit (Faculté des sciences juridique et politique de Bamako), est un partisan du vivre-ensemble. Il prend fonction dans un état d’esprit positif, et sa connaissance de la région et des communautés qui y vivent devraient l’aider.

Objectif développement Abdoul Wahab Ahmed Ag Mohamed est convaincu qu’avec l’installation des autorités intérimaires, les relations intercomunautaires ou inter-mouvements vont aller en s’améliorant. « À mon poste, il s’agira d’œuvrer pour la cohésion sociale  entre toutes les composantes communautaires de la région. Il est difficile de consolider la paix sans le minimum de développement, et l’une de mes premières priorités sera de faire marcher l’éducation, de redynamiser les structures de santé, et de promouvoir les installations hydrauliques », explique le nouveau président. Les tensions nées suite à la nomination des présidents des assemblées régionales ? Il pense qu’elles disparaîtront en impliquant toutes les parties. « L’espoir d’une paix durable est là, les mouvements ont réaffirmé leur engagement pour la mise œuvre de l’Accord, il ne reste qu’à les mobiliser pour atteindre les objectifs », ajoute-il. Malgré son jeune âge, les difficultés de la tâche n’effraient pas celui qui est connu comme agent de terrain des ONG ACTEDE et GARDEL, pour lesquelles il a mise en place un programme alimentaire en 2013 et 2015. Même si la situation évolue dans le bon sens, selon sa propre analyse, on peut parier qu’il aura fort à faire dans les prochains mois, notamment pour asseoir son autorité.

 

 

 

Autorités intérimaires : Installation à Kidal, fortes incertitudes ailleurs

Plus de 18 mois après la signature de l’Accord, Hassane Ag Fagaga, a été intronisé président du conseil régional de Kidal, mardi 28 février. Gao et Tombouctou devraient voir leurs présidents installés les 2 et 4 mars, mais dans ces deux villes, la résistance est encore grande, combattants et populations, protestent et sont prêt à en découdre pour se faire entendre.

Ça y est. La porte de Kidal s’est entrouverte au gouvernement malien, mardi 28 février, qui y a glissé un pied, avec l’intronisation comme président du conseil régional d’Hassane Ag Fagaga. Le drapeau national a orné, le temps d’une cérémonie, les murs de l’assemblée régionale, puis a été remisé lors du départ de la délégation. L’installation du président de l’exécutif régional de Kidal est une victoire difficilement arrachée, même si pour certains le gouvernement est parti du mauvais pied en installant cette autorité intérimaire qui devait intervenir après une certaine chronologie. « Les autorités intérimaires c’est la troisième phase de l’Accord. La première phase, c’est le cantonnement et le redéploiement de l’État et de l’administration sur tout le territoire, la deuxième phase c’est le désarmement et l’intégration, la troisième c’est dans les endroits où il n’y a pas de gouvernement, il est prévu de placer une autorité intérimaire. Le gouvernement est parti sur un faux-pas dans cette mise en oeuvre de l’Accord », estime Fahad Al-Mahmoud, secrétaire général du GATIA, qui se demandait encore il y a une semaine, alors que la mise en oeuvre de l’Accord était suspendue, quelle était la contrepartie offerte par la CMA au gouvernement, pour la nomination d’Hassan Ag Fagaga, « qui n’est pas le plus méconnu des ennemis du Mali » ajoutait-il.

Néanmoins, c’est après de multiples négociations et quelques compromis, qu’un dénouement, vendredi 24 février, a permis de relancer la mise en œuvre des autorités intérimaires, bloquée, depuis la nomination par le gouvernement de Sidi Mohamed Ag Ichrach, comme nouveau gouverneur de Kidal. L’obtention par la CMA de deux gouvernorats aura permis de débloquer la situation. « Sidi Mohamed Ag Ichrach gouvernera la région de Kidal durant toute la transition. En contrepartie, la CMA a eu le choix de proposer deux personnes pour gouverner Gao et Tombouctou », explique Alkassim Ag Ahouchel, président de la Jeunesse de l’Azawad, la branche jeune du MNLA.

Contestation Après Kidal, les autorités intérimaires devraient donc être installées ces 2 et 4 mars à Gao et Tombouctou. Mais l’application de cette mesure de l’Accord, qui a souvent pris les allures d’une barque qui prend l’eau de toute part et difficile à écoper, devra faire face, dans ces deux villes, à une résistance farouche, tant des militants de la société civile et des combattants sont mobilisés pour mettre en échec son installation. « Pour la mise en place des autorités intérimaires de Gao et Tombouctou, il faudra marcher sur nos cendres ! Nous voulons la même chose que l’on a accordé aux autres mouvements signataires. Nous voulons qu’ils reviennent sur tous leurs décrets ! », assène le Pr Younoussa Touré du CMFPR2. « Aussi bien le gouvernement que la CMA ne veulent pas de l’application de l’Accord, ils sont en train de se servir de nous, de chercher des boucs émissaires en nous mettant dans des situations difficiles, pour faire en sorte que nous devenions des hors-la-loi et que rien n’avance », ajoute-t-il.

Ces combattants du CMFPR2, du CJA, du MSA, épaulés par des populations civiles, ont annexé les locaux des conseils régionaux de Gao et Tombouctou et malgré une tentative pour les déloger lundi 27 février, ils sont déterminés à maintenir leurs actions. Depuis mardi, les forces armées du CJA convergent de toutes leurs positions vers le chef lieu de la région de Tombouctou, avec à leur tête le colonel Abass Ag Mohamed Ahmed, chef d’état-major du CJA, son objectif est clair :« il n’y aura pas d’autorités intérimaires imposées à Tombouctou sans la reconnaissance du CJA », a-t-il déclaré.

Tous se disent trahis et exclus du processus de décision et sont prêt à agir, la détermination chevillée au corps. « On maintiendra nos actions jusqu’à ce qu’on nous entendent où jusqu’à notre mort », jure ce jeune de Gao joint au téléphone. « On y est obligé, ce n’est pas notre nature, ce n’est pas non plus ce que nous souhaitions pour notre pays », conclut-il.

 

 

 

 

 

 

Pr Younoussa Touré : « Puisque c’est l’épreuve de force qui prévaut, nos combattants prennent les choses en main »

Les combattants de la Coordination des Mouvements et Fronts Patriotiques de Résistance2 (CMFPR2) appuyés par d’autres mouvements armés et des composantes de la société civile ont annexé les assemblées régionales de Gao et Tombouctou. Ces centaines de combattants en armes et leurs responsables s’opposent à l’installation des autorités intérimaires et dénoncent leur exclusion de toutes les structures de la mise en œuvre de l’Accord. C’est dans ce climat de forte tension, à la veille de l’installation des présidents des régions de Gao et Tombouctou, que Younoussa Touré, secrétaire général (CMFPR2) a répondu aux questions du Journal du Mali.

Des centaines d’éléments armés occupent les conseils régionaux de Gao et Tombouctou, pourquoi ce coup de force ?

Nous sommes à Gao et Tombouctou pour la reconnaissance de notre place et de notre identité. Depuis que les choses ont commencé au niveau des autorités intérimaires, on avait dit au niveau de la CMA que les choses avaient été mal gérées. Le gouvernement et la médiation ne nous ont pas cru. Ils sont allés jusqu’à nous exclure du dernier CSA où nous sommes membres, pour qu’on ne vienne pas perturber la session du comité, parce que pour eux nous sommes des perturbateurs, et ils pensent qu’ils peuvent faire les choses malgré nous. Puisque Kidal a le monopole de Kidal, on va leur montrer que nous aussi on a le monopole de Gao et Tombouctou.

Que souhaitez-vous ?

La société civile doit-être incluse dans les processus de décision, nous devons pouvoir faire des propositions, on nous a laissé de côté. Il n’y a que la CMA qui fait peur, il n’y a que la CMA qu’il faut satisfaire. Nous ne faisons pas le constat que dans la région de Tombouctou et de Gao les choses ne marchent pas, il y a eu des élections, donc ces autorités intérimaires n’ont pas lieu d’être. C’est moi qui suis allé à Tombouctou pour expliquer les autorités intérimaires à la population, qui leur ai dit voilà pourquoi il faut laisser les autorités intérimaires se faire. Mais de tout ce qu’on est allé expliquer, le gouvernement en a pris le contre-pied. Ils ont dit que les autorités intérimaires se feront dans les collectivités où ça ne marche pas, les présidents et vice-présidents des régions doivent être élus par leurs pairs et ces autorités choisies par la société civile et les conseillers. La population a le sentiment d’une trahison. Là où nous ne sommes pas présents dans tout ce qui concerne la mise en œuvre de l’Accord et les autorités intérimaires, les choses ne se feront pas sans nous.

Restez-vous ouvert au dialogue avec le gouvernement ?

Mardi matin, on m’a appelé pour me dire que le haut représentant, Mr Diagouraga, voulait nous recevoir, mais je n’ai pas été appelé en tout cas. Je sais qu’à Gao les gens ont rencontré le gouverneur qui leur a dit qu’il fallait vider les lieux, ils ont refusé, ce n’est pas au gouverneur de leur donner ces instructions-là. Nous avons fait une lettre à la veille du CSA ministériel, c’est pourquoi ils nous ont exclu, nous leur disions que les autorités intérimaires que l’on avait conçu étaient devenues caduques et que nos populations n’entendent pas travailler avec des gens qui sont nommés par-ci par-là. Ce qui est grave pour nous c’est que nous ne sommes même pas tenu au courant, s’il n’accepte pas quelque chose qu’ils viennent au moins nous le dire. Au moins appeler pour dire voilà pourquoi ont le fait. On n’est pas des hors-la-loi, on est pas contre la république. On s’était déjà opposé une fois, alors pourquoi ne sont-ils pas venus voir les gens pour leur expliquer ? c’est du mépris total pour les populations. Ce sont nos combattants qui là, s’ils ne font pas attention, ils n’auront plus personne pour discuter, il faudra les tuer et puis c’est tout.

Jusqu’où êtes-vous prêt à aller ?

Nous allons continuer, nous occupons les sièges des assemblées régionales. Il y a avec nous la société civile, les communautés. Quand les gens disent non, la moindre des choses c’est d’aller leur expliquer pourquoi ça se passe. Si c’est Kidal, on fait tout pour les mettre à l’aise mais si c’est des sédentaires on s’en fout. Puisque c’est l’épreuve de force qui prévaut, nos combattants ce sont eux maintenant qui prennent les choses en main.

Vous ne craignez pas que la situation dégénère ?

On ne souhaite pas que la situation dégénère, mais il ne faut pas qu’il y ait d’actions brutales de leur part. S’ils les agressent, nous, nous prenons l’arrière-pays, parce que nos troupes sont entre le Niger et le Mali. Nous ne sommes pas les seuls, il y a le MSA qui s’est joint à nous, le CJA, les populations civiles, le collectif « Nous pas bouger » , les femmes de Gao, etc. Donc finalement, on va arriver à une situation ou ce n’est même plus nous qui maîtrisons les choses. Parce qu’en fin de compte s’ils veulent négocier avec nous on ne pourra même plus débloquer la situation parce qu’il y aura d’autres acteurs avec lesquels il va falloir négocier, donc plus ils tardent plus le nombre d’acteurs augmente et à ce moment-là, nous on ne sera qu’un élément de l’ensemble.

Que demandez-vous pour un retour au calme ?

Pour stopper le mouvement, il faut qu’ils reviennent sur tous leurs décrets. Diagouraga lui-même nous a dit qu’il avait indiqué au gouvernement de ne pas prendre ces décrets avant qu’il ne règle les problèmes, il nous l’a dit quand il nous a reçu, il a même écrit pour dire au gouvernement que dans ce que la CMA propose, il y a de l’exclusion et qu’on doit en tenir compte, il a écrit ça quand il a envoyé les listes avant les décrets du 20 décembre. On ne sait pas ce que veut le gouvernement. Mais nous avons le sentiment qu’il ne travaille pas réellement à appliquer l’Accord de paix, c’est l’impression que nous avons. La CMA nous appelle en nous disant qu’ils veulent régler notre problème à condition de signer une charte pour dire qu’on est membre de la CMA, on ne signera pas, parce qu’on était membre de la CMA avant la charte. On avait fait des propositions à la CMA , qui l’a transmis au haut représentant qui l’a lui-même transmis au gouvernement, mais le gouvernement n’en a pas tenu compte. Finalement on ne sait pas qui ne veut pas. Nous sommes en train d’aller vers ce que nous n’avons jamais souhaité pour le Mali. Nous irons jusqu’au bout et tout ce qui arrivera dans les jours à venir est de la responsabilité du gouvernement.

Accord de paix : le colonel Hassane Ag Fagaga intronisé à Kidal

À Kidal, ce mardi 28 Février, s’est déroulé la cérémonie d’intronisation de Hassane Ag Fagaga à la tête de l’autorité intérimaire de Kidal. Le nouveau président du conseil régional de Kidal a été intronisé par le ministre de l’intérieur du Mohamed Ag Erlaf et le haut représentant du président de la République du Mali pour la mise en œuvre de l’Accord de Paix au Mali, le général Mahamadou Diagouraga.

Le colonel Hassane Ag Fagaga est un officier de l’armée malienne qui a déserté en 2012, il est par la suite devenu le numéro 1 de l’état major du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA). C’est un ex-grand chef rebelle du Mali qui a enfilé l’écharpe verte jaune rouge aux couleurs du Mali et qui a remercié les autorités maliennes et les mouvements armés de son intronisation. Il est également à noter que ce mardi 28 février, le drapeau malien absent depuis 2012, a flotté à Kidal. Il est également prévu selon un communiqué du haut représentant du président du Mali pour la mise en œuvre de l’Accord de Paix au Mali que l’installation des autorités intérimaires pour les régions de Gao et Menaka auront lieu le jeudi 2 Mars et celles des régions de Tombouctou et Taoudeni auront lieu le Vendredi 3 Mars.

À noter également, l’absence du président de la CMA, Alghabass Ag Intalla et du secrétaire général du MNLA, Bilal Ag Cherif, à la cérémonie de l’intronisation du président des autorités intérimaires. « Nous sommes restés à Bamako pour régler d’autres questions urgentes pour les jours à venir ». a expliqué Bilal Ag Chérif, joint au téléphone.

Les autorités intérimaires sont une phase importante dans la feuille de route de l’accord de paix pour la résolution de la crise malienne, pour les cinq régions du nord du Mali. L’Accord stipule que la période intérimaire débutera au moment de l’installation des présidents des autorités intérimaires dans les 5 régions du nord Mali à savoir Kidal, Gao, Tombouctou, Taoudeni et Menaka . Une période qui durera 3 à 4 mois avant l’élection des présidents des conseils régionaux et qui mettront fin à la période intérimaire et à ses autorités.

Tombouctou : des éléments du CMFPR2 font un sit-in devant le conseil régional

Des éléments de la CMA2 composés de CMPFR2 et du CJA ont assiégé le conseil régional de Tombouctou. Leur motif,« être associé dans les prises de décision et autres initiatives liées à la région de Tombouctou», a expliqué Alassane Coulibaly, coordinateur régional des mouvements.
L’installation des autorités intérimaires à Tombouctou est prévue ce 03 Mars. Hier, également, des éléments militaires de Ganda Izo (CMFPR2) commandés par Ibrahim Issa Diallo ont, à partir de 4h30 du matin, assiégé l’Assemblée régionale de Gao. Ils comptent rester là-bas jusqu’à l’annulation totale des autorités intérimaires où leurs morts, selon des sources sur place.
Les autorités intérimaires sont une phase importante dans la feuille de route de l’accord de paix pour la résolution de la crise malienne dans les cinq régions du nord du Mali. Il est écrit dans l’accord que la période intérimaire débutera au moment de l’installation des présidents des autorités intérimaires dans les 5 régions du Nord Mali à savoir Kidal, Gao, Tombouctou, Taoudeni et Menaka . Une période qui durera 3 à 4 mois avant l’élection des présidents des conseils régionaux et qui mettront fin à la période intérimaire gérée par ces autorités.
À Kidal, ce mardi 28 Février, est prévu l’installation des autorités intérimaires, selon le communiqué rendu publique samedi dernier par le haut représentant du président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord de Paix au Mali. Selon ce communiqué, l’installation des autorités intérimaires pour les régions de Gao et Menaka auront lieu jeudi 2 Mars et celles des régions de Tombouctou et Taoudeni vendredi 3 Mars.