Abdou Bomba : « Nous avons des zones qui n’ont pas accès à la banane »

La culture de la banane est essentielle pour la diversification des cultures et des sources de revenus dans notre pays. Mais elle n’est pas exempte de difficultés majeures. Entretien avec Abdou Bomba, Secrétaire permanent de la Fédération des organisations des  producteurs de banane (FOPB)

Comment se porte la filière aujourd’hui au Mali ?

Aujourd’hui, la banane est bien cultivée dans trois régions, Koulikoro, Kayes et Sikasso. Ségou commence à s’y intéresser. Nous avons 1 500 producteurs et plus de 2 000 ha cultivés. Notre fédération regroupe 44 associations et coopératives.

Quelle est la quantité annuelle produite ?

Au niveau national, environ 60 000 tonnes, mais ce n’est pas suffisant. Il y a aussi des importations de Côte d’ivoire et de Guinée, environ 12 000 tonnes par an.

Qu’est-ce qui explique ces importations ?

La production locale n’arrive pas à couvrir tous nos besoins. A partir du mois de mars, les contraintes d’eau commencent à s’installer et la production baisse. C’est pendant cette période que les importations sont importantes. De novembre à mars, la production locale est abondante et les importations diminuent.

La banane locale est-elle exportée ?

Non pour le moment, puisque la production ne couvre pas l’ensemble des besoins locaux. Nous avons des zones au Mali qui n’ont même pas accès à la banane. Il s’agit pour nous plutôt de voir comment les approvisionner. Si nous avions par exemple des conteneurs et des camions frigorifiques pour la banane au frais, ce serait bénéfique.

Quels sont les prix sur le marché à ce jour ?

Le prix producteur varie entre 100 et 250 francs CFA. Mais le prix à la consommation peut aller jusqu’à 500 francs. Généralement, ce sont les commerçants qui imposent les prix aux producteurs. Cela varie aussi selon les périodes. Actuellement, c’est une période de pic. Les prix sont élevés parce que la production est faible. C’est aussi le cas habituellement durant le mois de Ramadan.

Quelles sont les grandes difficultés auxquelles est confrontée la filière ?

Il y a trois principaux défis à relever. D’abord, l’accès à l’eau, très important. Au moment où nous parlons, certains producteurs ont délaissé leurs parcelles à cause du manque d’eau. Il y a ensuite les intrants. La banane ne bénéficie pas de subventions, ce qui entraine des soucis de commercialisation, parce que les producteurs s’endettent auprès des commerçants et n’ont plus le choix pour les prix.