BOA – Mali : la banque fête ses 40 ans

19 décembre 1983- 19 décembre 2023, la Bank of Africa Mali a célébré son quarantième anniversaire. Un jour particulier pour les agents ainsi que les clients de la Bank Of Africa-Mali. Ces derniers, présents au siège de la banque aux horaires d’ouverture habituels, ont été un peu surpris. Tous les agents habillés aux couleurs du quarantième anniversaire de la naissance de cette banque, la première à capitaux maliens devenue depuis un groupe bancaire majeur sur le continent.  L’histoire de la BOA débute au Mali en 1982. Mohamed Tiécoura Diawara, et Bouraïma Sylla, des opérateurs économiques s’allient au Français Paul Derreumaux pour lancer la banque. Comme l’expliquait Derreumaux dans un livre paru en 2023 « La saga Bank of Africa », lancer la banque au Mali s’impose pour trois raisons. La première, la connaissance du terrain et du sérail économique et politique des deux opérateurs économiques. La seconde, le secteur bancaire malien était à un stade embryonnaire, offrant donc une grande opportunité pour une nouvelle banque, et enfin le Mali offrait l’avantage d’être hors de la zone franc. 40 ans plus tard, le groupe Bank of Africa qui est détenu majoritairement depuis 2010 par la banque marocaine du commerce extérieure (BMCE Bank) est aujourd’hui présent dans 18 pays d’Afrique et en France et compte plus de 6000 collaborateurs hors Maroc. Signe de l’évolution de la banque, comme l’atteste le témoignage d’une ancienne collaboratrice qui était présente à l’ouverture des locaux le 19 décembre 1983. Elle confiera que le personnel était alors composé d’une trentaine de personnes. Elle a invité la jeune à tenir et porter haut le flambeau des devanciers. Une invite que partage Georges Nabi, le directeur général de la BOA-Mali. « Nous avons de la chance parce que nous héritons, mais nous avons aussi le devoir de faire en sorte que ceux qui viendront après nous héritent d’une banque solide ». Pour cela, il a dévoilé une partie de la stratégie orientée client. « Nous avons le devoir de mettre le client au centre de tout, mettre l’accent sur la qualité du service. Faciliter la tâche aux clients en dématérialisant les opérations avec plus de digital ». La cérémonie a pris fin par la coupure d’un gâteau aux couleurs vertes de la BOA.

Covid-19 : Les banques impactées

Les conséquences du nouveau coronavirus ne se comptent pas seulement en vies humaines, mais également en milliards de francs CFA. C’est consciente de cela que la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a adopté le 21 mars dernier une série de mesures pour atténuer l’impact de la pandémie sur les banques.

Elle a apporté une hausse de 340 milliards de FCFA au montant qu’elle met à la disposition des banques chaque semaine comme ressource, pour le porter à 4 750 milliards au total. Les entreprises des pays de l’UEMOA ne pouvant plus rembourser leurs crédits pour cause de récession économique vont bénéficier d’un report d’échéances, si elles le souhaitent, pour leurs prêts, pour une période de 3 mois renouvelable une fois, sans charge d’intérêts, ni frais, ni pénalités de retard.

Les mesures ci-dessus et l’apurement de la dette intérieure permettront aux banques maliennes de souffler. Cependant, si la pandémie continue sur une longue durée, des choix contraignants s’imposeront à elles.

« Les banques qui ont des tailles organiques survivront, avec le soutien des groupes et d’autres filiales, mais certaines vont être obligées de recapitaliser si la crise sanitaire va au-delà de trois à six mois », prévient Alassane Sissoko, Directeur d’UBA Mali.

À en croire le DG, la décision de la banque centrale de doubler le capital pour les banques de l’UEMOA depuis 2007 leur permettra de faire face à la crise sans pour autant faire faillite. Cependant, les créances en souffrance vont aliéner leurs capitaux.

Boubacar Diallo

UBA : Le groupe bancaire africain réaffirme son engagement en faveur du développement du continent

Le Groupe bancaire United Bank for Africa (UBA) a organisé ce lundi 25 mai 2020 la 2e édition des UBA Africa Conversations autour du thème : « Croissance, emploi et développement durable dans un contexte de pandémie mondiale ».

Initiées en 2019, ces « conversations africaines » s’imposent désormais comme un rendez-vous incontournable dédié à célébration de la diversité du continent africain et la valorisation de son potentiel culturel et économique.

L’édition de cette année, qui a pris la forme d’une conversation virtuelle autour du PCA du Groupe UBA, M. Tony O. Elumelu, modérateur pour la circonstance, a vu la participation de panelistes de haut niveau, notamment le Président George Weah du Libéria, ainsi que des experts internationaux tels que le Prof. Okey Oramah de Afreximbank, Peter Maurer du CICR, Amir Ben Yahmed du groupe Jeune Afrique, Achim Steiner du Pnud , Georges Rebelo Pinto Chikoti de l’organisation ACP et le sénateur américain Chris Coons.

Les échanges ont essentiellement porté sur des politiques nationales, le développement régional et des menaces potentielles pesant sur la réalisation des Objectifs du Développement Durable par l’Afrique au milieu de la pandémie de COVID-19.

Les panélistes ont également abordé dans leurs discussions les mesures prises par les dirigeants africains pour atténuer les risques auxquels les entreprises africaines sont confrontées pendant cette pandémie mondiale. Le président libérien a dévoilé les plans de son gouvernement pour assurer la médiation avec les banques, les entreprises et d’autres partenaires pour gérer le remboursement des prêts, atténuer les obstacles financiers, distribuer des mesures de relance aux citoyens pour aider à alléger les charges financières et sociales pesant sur les particuliers et les entreprises, en raison de la Pandémie de covid19.

En tant que banque panafricaine opérant actuellement dans vingt pays africains, UBA a organisé cette session de panel virtuel de haut niveau, identifier les leçons que le monde peut apprendre de l’Afrique, aborder les risques socio-économiques et mettre en évidence les visions et stratégies post-crise.

Depuis sa création, la Conversation UBA qui se tient lors de la célébration mondiale de la Journée de la libération de l’Afrique, le 25 mai, est une contribution au débat général sur les conditions de l’émergence de l’Afrique et les prérequis pour l’établissement d’un nouvel ordre mondial avec comme acteur clé le continent africain.

Retransmise en direct sur les plateformes des réseaux sociaux du Groupe UBA et sur Youtube, les UBA Africa Conversations 2e édition ont été suivies par plus de 10.000 spectateurs à travers le monde.

Entrepreneuriat au féminin: La Banque Atlantique Mali débloque un milliard de FCFA

Un milliard de FCFA. C’est la somme totale que va débloquer la Banque Atlantique Mali pour son projet intitulé « Entrepreneuriat féminin, Banque Atlantique s’engage ».

Le programme s’inscrit dans les axes prioritaires de développement du groupe Banque Centrale Populaire  (BCP) dont la Banque Atlantique Mali est une filiale, fondés sur ses valeurs de solidarité et de citoyenneté. A travers cela, la Banque s’engage à promouvoir l’entrepreneuriat féminin, en facilitant l’accès des femmes entrepreneures aux financements bancaires.

« Nous débloquerons au total la somme d’un milliard de Francs CFA pour financer des projets portés par des femmes entrepreneures. Cette action est l’illustration de l’engagement citoyen de la banque en faveur  de l’inclusion financière », a indiqué Moussa Touré, Directeur Général Adjoint de Banque Atlantique Mali.  

« C’est un des axes d’engagement de Banque Atlantique Mali en tant qu’entreprise citoyenne : promouvoir le genre féminin et développer l’entrepreneuriat féminin », a-t-il ajouté.

Aider les femmes à développer leur business.

Le programme va démarrer avec l’accompagnement d’une quinzaine de projets viables portés par des jeunes femmes entrepreneures, avant d’être élargi à beaucoup d’autres femmes dans les années à venir. Les taux de prêts  seront en dessous de 10 %.

 «  Ce projet est motivé par le fait qu’aujourd’hui les femmes sont porteuses de l’économie, que ce soit au Mali ou en Afrique mais elles ont du mal à accéder aux capitaux qui financent le développement de leurs activités », a expliqué Mme Diagouraga Fatoumata Tapo, Directrice Banque de détails à Banque Atlantique Mali

 « Nous avons donc voulu contribuer à l’émergence économique du Mali en aidant ces femmes à développer leur business et à devenir autonome ».

La cérémonie de lancement, qui s’inscrivait dans le cadre de la journée internationale des droits de la femme, a été marquée par la tenue d’un panel de haut niveau sur le thème « Etre une femme entrepreneure au Mali », animé par la Directrice de l’entreprise Teliman, Awa Traoré, La Directrice du Cabinet Potentiel, la coach Ina Traoré, la Directrice Banque de détails à Banque Atlantique Mali ainsi que la Présidente de Hera Fondation. 

Pendant près d’une heure, ces différentes femmes entrepreneurs, symboles de réussite féminine au Mali, ont, non seulement partagé leurs expériences et  convictions pour le développement de l’entrepreneuriat féminin dans le pays, mais aussi suscité l’envie d’entreprendre chez d’autres femmes et sensibilisé les acteurs du secteur bancaire ainsi que les fournisseurs et bailleurs  « à dépasser les idées préconçues et à donner aux femmes les mêmes chances dans leurs démarches entrepreneuriales ».

« Nous espérons que d’ici l’année prochaine nous aurons de bons échos et que l’évaluation du programme sera à la hauteur pour pouvoir redoubler d’efforts et probablement augmenter l’enveloppe pour atteindre plus de femmes à financer », a conclu Mme Diagouraga.

Placée sous la présidence du Secrétaire général du Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, la cérémonie qui s’est déroulée le samedi 14 mars 2020 au Centre International de Conférences de Bamako (CICB) a vu la présence de  l’ensemble des femmes travaillant à la Banque Atlantique ainsi que du Directeur Général Adjoint et plusieurs autres personnalités du monde entrepreneurial féminin au Mali.

Germain KENOUVI

                                                                                                                      

Paiement numérique : les commerçants réticents

« Vous prenez les cartes ? Oui ! Ah bon ! ». Ce type d’échange n’est pas monnaie courante aux caisses des magasins bamakois. Cheick Oumar est un Malien de la diaspora, habitué à régler ses achats à l’aide de sa carte bancaire partout dans le monde. À Bamako, c’est loin d’être évident de trouver un commerçant qui accepte les paiements par carte et qui est même équipé pour ce faire. Notre Malien de l’extérieur se souvient qu’il y a seulement cinq ans, il recevait un refus systématique, à quelques exceptions près.

Si autrefois, seuls quelques supermarchés acceptaient ce type de paiement, aujourd’hui il n’est plus rare de voir un serveur de restaurant tendre un terminal de paiement électronique (TPE) à un client désireux de régler sa note. « C’est plus simple et plus sécurisé. Pas de risque de voir la moitié du paiement du client disparaître, comme cela a pu nous arriver par le passé », témoigne un restaurateur. Ils sont cependant encore très peu nombreux à avoir sauté le pas. L’argument de la sécurité n’a pas encore porté auprès des commerçants qui ne voient pas d’un bon œil « un client partir sans laisser d’argent ». Hama tient une « alimentation » à Badalabougou. Son chiffre d’affaires, plutôt acceptable, il préfère le comptabiliser en monnaie sonnante et trébuchante à la fin de la journée. « Ça va venir, les gens commencent à comprendre », relativise Moussa Alassane Diallo, PDG de la BNDA. « Nous travaillons à éduquer afin que les usagers comprennent mieux l’intérêt de ces produits qui offrent un gain en temps et en sécurité pour eux et leur clientèle ».

 

 

Opérations bancaires numériques : les enjeux de la sécurisation

Transférer de l’argent, faire des achats ou débiter son compte sont désormais facilités par le paiement en ligne ou les transactions bancaires électroniques. Cependant, de nombreux risques existent. De quels moyens de sécurisation disposent les banques ?

Aujourd’hui, presque toutes les opérations bancaires peuvent être réalisées depuis chez soi sans devoir nécessairement se rendre dans une agence. Grâce au développement des TIC, les banques proposent en effet des services virtuels qui généralisent petit à petit le « e-banking ». Cependant le développement numérique entraîne de nombreux risques. « Il est évident que les clients sont exposés à l’escroquerie, au vol des coordonnées bancaires, aux opérations frauduleuses sur les comptes suite à un piratage informatique, soit à travers des sites marchands non fiables, soit le hacking des bases de données des clients des sites marchands avec leurs coordonnées bancaires », nous confie Samir Sabti, chargé de mission à la Banque internationale pour le Mali (BIM SA). Selon lui, de nombreux moyens sont mis en œuvre par les acteurs du secteur pour limiter les risques en matière de transaction bancaire numérique. Ce sont, parmi d’autres, « le 3D Secure que nous implémentons au Mali et qui est un système permettant pour chaque achat sur Internet, qu’il y ait un protocole à suivre entre la banque, le système monétaire Visa, et le site marchand, au cours duquel le client reçoit un SMS comprenant un code à saisir pour valider l’achat dans un très bref délai », explique M. Sabti. Il existe également des algorithmes qui sont un moyen de sécurisation en monétique pour détecter les transactions frauduleuses. Ceux-ci suspendent l’opération quand il y a doute, jusqu’à ce que le client reconnaisse qu’il n’y a rien de frauduleux. « Par exemple, pour 2 transactions différentes sur Paris et Singapour dans un délai d’une heure, la carte s’arrête de fonctionner car les faits sont suspects ». La banque envoie également un SMS ou un mail au client pour obtenir validation des opérations avant chaque débit de compte.

 

Ma banque en ligne

C’est surtout le côté pratique des services bancaires en ligne qui attire les clients. La gestion de compte à partir d’un simple téléphone mobile, une tablette ou un ordinateur de bureau permet en effet un gain de temps considérable qui fait que cette offre marche bien au niveau du public. « C’est un phénomène qui prend de l’ampleur. La plupart de mes clients ont un accès au compte en ligne », assure Baba Diallo, conseiller patrimoine et financier à la BICIM. Bien que les Maliens préfèrent encore les transactions en « cash » et que les services de banque en ligne soient un phénomène nouveau, de plus en plus de clients possèdent des smartphones, faisant de cette gestion bancaire à distance un outil pratique permettant de ne plus se rendre physiquement dans une agence pour effectuer des opérations courantes. « Aller à sa banque durant les heures de travail et y passer 30 minutes, c’est devenu contraignant pour nombre de clients, donc petit à petit les gens souscrivent à ce service », ajoute Baba Diallo. Le principal frein à une utilisation plus généralisée des opérations bancaires en ligne est le coût du service, qui peut dépasser les 2 000 francs CFA par mois. « L’argent est le principal barrage. Les clients préfèrent généralement nos services gratuits de suivi d’opération par SMS », confirme Aminata Sangaré, conseillère financière à la BOA. Néanmoins, les prévisions sur la progressive généralisation des services bancaires en ligne sont optimistes. Grâce aux nouvelles technologies de plus en plus accessibles, aux produits proposés en ligne et au temps gagné pour effectuer des transactions.

Aminata Kondé Pons , « Ecobank Mobile c’est ouvrez, envoyez, payez »

Directrice de la banque des particuliers chez Ecobank Mali, Mme Aminata Kondé Pons présente la nouvelle application mobile du groupe Ecobank lancée fin avril dernier.

Le groupe Ecobank a lancé récemment sa première application mobile. Pourquoi maintenant ? Le lancement est-il commun à toutes les filiales du groupe ?

L’application Ecobank Mobile s’inscrit dans un vaste programme très stratégique du groupe qui ambitionne d’atteindre 100 millions de clients en Afrique d’ici 2020. C’est tout naturellement dans le cadre de ce programme pour booster le taux de bancarisation que ce bijou technologique a été lancé. Elle va permettre à toute personne disposant d’un smartphone et dotée d’une puce dûment identifiée et d’une connexion interne, de pouvoir ouvrir en quelques minutes un compte bancaire sécurisé à Ecobank. C’est une pure innovation sur le secteur bancaire du Mali et permet de donner une véritable bouffée d’oxygène au taux de bancarisation qui peine à décoller dans nos pays. L’application Ecobank Mobile est un produit développé par le groupe Ecobank et est opérationnel dans 33 pays en Afrique.

 Quels sont les fonctionnalités et les spécificités de l’application et les avantages pour les clients ?

Avec l’application Ecobank Mobile, nos clients peuvent effectuer des paiements instantanés et recevoir des fonds dans leur pays mais aussi à travers 32 autres filiales du groupe. Ils peuvent également ouvrir un nouveau compte numérique, le compte Ecobank Xpress, en quelques minutes sur leurs portables. Cette plateforme mobile va également nous permettre d’offrir Ecobank Masterpass QR. Ce produit permettra aux commerçants, quelle que soit la taille de leur activité, de recevoir leurs paiements de façon instantanée. Les avantages de l’application Ecobank Mobile peuvent donc se résumer en trois mots : ouvrez, envoyez, payez.

 Quelles sont les autres innovations numériques déjà proposées par Ecobank ? Quelles innovations sont à venir ?

Ecobank Mali est non seulement précurseur, avec plusieurs produits innovants sur la place bancaire, mais elle est aussi leader sur la plupart de ces produits déployés au Mali. Nous pouvons citer le Terminal de paiement électronique (TPE), les Guichets automatiques de banque et le Bank To Wallet (liaison compte bancaire et compte Orange Money) qu’Ecobank Mali a été la première à offrir à ses clients, en partenariat avec Orange Money. D’autres innovations sont en cours.

Moussa Alassane Diallo, Président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (APBEF)

Les services financiers numériques se multiplient. Quel est l’impact de cette croissance au Mali ?

C’est une offre qui est dynamique et diversifiée. Au regard du taux d’inclusion bancaire national, on voit que les besoins en services et produits financiers au Mali sont énormes. Dans certains pays le taux d’inclusion financière atteint les 99% alors qu’au Mali nous sommes encore dans les 45%. Il y a un boulevard devant les banques et les agents émetteurs de monnaie électronique.

Quelles sont les offres qui marchent le mieux ?

On constate un intérêt croissant pour la banque mobile et tout ce qui est dématérialisation des opérations bancaires. BNDA Mobile, par exemple, a enregistré à son lancement plus de 400 ouvertures de compte en deux jours. Il faudra donc que le système bancaire lui-même fasse preuve d’innovation et d’imagination. Les populations sont réceptives, mais il faut les accompagner par l’information, la sensibilisation et même l’éducation financière.

Quelles règles pour protéger la banque et ses clients ?

En 2016, la Banque centrale a procédé à la relecture de la réglementation sur les instruments de paiement. Cette réglementation est de nature à définir les cadres d’intervention des différents acteurs mais aussi à assurer la protection des consommateurs. Toute réglementation cherche en priorité à protéger le client. Cela est acté et la BCEAO est très attentive à l’évolution de ces nouveaux outils.

Les banques maliennes à l’heure du numérique

Appuyer quelques touches sur le clavier de son ordinateur ou de son téléphone et payer, de chez soi ou en voyage, un achat, une facture ou faire un transfert d’argent. C’est désormais chose possible au Mali. Même si ces innovations, qui font partie du quotidien ailleurs dans le monde, elles sont relativement récentes chez nous, et reçoivent un accueil très positif des consommateurs. Les institutions bancaires suivent, ayant compris que la banque du futur ne se trouvait plus en agence. Ces nouveaux moyens de paiement sont cependant très encadrés, et par les dispositions internes aux établissements émetteurs, mais aussi par les règlementations nationales et régionales. Dématérialiser l’argent, et rendre accessibles tous les services bancaires grâce à Internet et au téléphone, oui. En toute sécurité, c’est encore mieux.

« Un paysan de la zone de Koutiala a pris une carte bancaire chez nous. Il n’était pas très convaincu de l’intérêt d’en posséder une, mais il a suivi toutes les explications sur l’utilisation du produit. De retour dans sa localité, il teste sa carte et parvient à retirer de l’argent. Tout content, il répète l’opération à plusieurs reprises dans la journée. Il appelle derechef le chef d’agence qu’il félicite pour son agent qui est très efficace derrière le guichet. Ce dernier devrait être récompensé pour la célérité avec laquelle il s’occupe des clients. Il m’a servi trois fois de suite, rien qu’aujourd’hui, il n’a pas dû avoir le temps de manger ! ». Un rire dans la voix, le PDG de la Banque nationale de développement agricole (BNDA) raconte cette anecdote qui illustre bien l’usager lambda face à ces nouveaux instruments de paiement, dont le plus utilisé au Mali est bien la carte bancaire. « Les gens ont compris l’avantage du service mais ne savent pas trop comment il fonctionne », poursuit notre interlocuteur, qui est également le président de l’Association professionnelle de banques et établissements financiers du Mali (APBEF). Avec les efforts faits par les banques de la place pour étendre leur réseau de guichets automatiques bancaires (un taux d’expansion de 10% en moyenne par an), le défi de la proximité est en train d’être relevé. « Plus question d’aller faire la queue dans une banque maintenant pour retirer mes petits sous. Avant je perdais parfois une demi-journée à cause de l’affluence, surtout en fin de mois. Maintenant, quelques secondes d’arrêt au guichet le plus proche et le tour est joué », se réjouit Jean, commercial. « Nous visons l’objectif « zéro client au guichet », explique Alassane Diallo de la BNDA. L’objectif est de rapprocher nos services des consommateurs ».

Le moyen le plus sûr d’atteindre cet objectif est la banque mobile, disponible sur Internet ou à partir d’un téléphone portable. Après le « SMS banking », qui permettait déjà d’utiliser son téléphone portable pour obtenir des informations sur son compte bancaire, c’est désormais la quasi totalité des services qu’offrent la banque qui sont désormais disponibles grâce au « e-banking ». Toutes les banques présentes au Mali, qu’elles soient nationales ou étrangères, offrent à leur clientèle la possibilité d’avoir accès à tout ou partie de leurs prestations par Internet. La dernière à s’y être lancée est la filiale malienne du groupe panafricain Ecobank en avril dernier. À cette occasion, la directrice générale de la société, Mme Touré Coumba Sidibé, se réjouissait de l’innovation apportée à l’offre de la banque par Internet, grâce à l’application Ecobank Mobile qui permet d’avoir « la banque dans son téléphone ». Ce slogan, que revendiquent toutes les grandes banques, montre à quel point l’amélioration de l’accès à la téléphonie mobile au Mali, comme ailleurs en Afrique, a permis aux institutions bancaires de doper l’accès du public à leurs services.

Les sans-compte Plus besoin de compte bancaire désormais pour avoir les services que reçoivent les clients d’une banque. Du téléphone, le consommateur peut désormais avoir un compte mobile qui lui permet de faire toutes ses opérations. Outre les établissements bancaires traditionnels, depuis près de dix ans, ce sont les émetteurs de monnaie électronique qui permettent de réaliser des opérations de dépôt et de retrait. Finies les bas de pagnes et les économies emportées par le feu ou les inondations. Même les villages les plus reculés accèdent à l’inclusion financière grâce à ces nouvelles offres, qui ont permis, en dématérialisant la monnaie, de rendre accessibles leurs services à tous ceux qui détiennent un téléphone. « Le taux de bancarisation est de l’ordre de 16% pour le Mali, mais quand on parle de taux d’inclusion financière, cet indicateur intègre ce qu’on appelle les émetteurs de monnaie électronique. Et à ce niveau, le taux atteint 45%, contre 35% en décembre 2015. Le taux d’inclusion bancaire est donc en constante évolution », se réjouit le président de l’APBEF.

Objectif sécurité Si l’intérêt pour ces services « virtuels » ne se dément pas, l’un des aspects les plus important de leur utilisation est la question de leur sécurisation. « Il est primordial de sécuriser les fonds de nos clients. Une panoplie d’outils est mise en place au sein de la banque, mais le gros du risque est en fait dans le comportement même du client », explique le responsable informatique d’une banque de la place. « Prenez le cas des codes qui sont donnés. Les gens s’amusent à les laisser trainer, à portée des enfants, du conjoint, etc. avec les conséquences que cela peut avoir. Cela présente un risque. C’est pourquoi il faut un encadrement des usagers. Parce que si ce sont des opérations qui se terminent par des échecs ou des détournements d’argent au détriment des populations, cela peut entraver le développement de ces instruments », déplore un autre cadre de banque. La question de la sécurité est encadrée par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) qui est en charge de l’élaboration des politiques dans la zone UEMOA. Des textes existants ont été réadaptés en 2016, afin de protéger les utilisateurs des instruments de paiement (chèques mais aussi et de plus en plus carte bancaire), ainsi que leurs données. En effet, si pour la banque les risques sont très limités du fait de la sécurisation à l’interne et des dispositifs de contrôle strict mis en place, les clients, quant à eux, sont exposés aux risques de manipulation des instruments d’une part, mais aussi aux risques de divulgation des codes qui vont avec ces instruments. C’est pourquoi, nous explique-t-on, dans l’organisation des banques, ceux qui gèrent l’aspect contrat ne sont même pas dans le même département que ceux qui gèrent l’aspect code, qui est confidentiel. Ce sont des directions différentes, de sorte qu’il y ait une étanchéité entre ceux qui sont en contact avec le client et ceux qui donnent le code. C’est l’une des mesures de sécurité.

Selon M. Saliou Seck, qui y a consacré ses travaux de fin d’études en droit des entreprises, la sécurisation des systèmes de paiements « est subordonnée à celle des instruments de paiements qui sont les interfaces entre les systèmes et leurs utilisateurs finaux. De la sécurité de ces instruments dépendent la confiance du public envers les systèmes de paiements et partant, l’ensemble du système bancaire et financier ». Le sentiment de sécurité, c’est également ce que recherchent les consommateurs qui utilisent les cartes bancaires sans compte. Très prisées par les commerçants et ceux qui voyagent régulièrement, elles permettent de ne plus s’encombrer de grosses sommes d’argent, car elles ont le double avantage de permettre des retraits au Mali et à l’étranger. Là aussi, la question de la confidentialité se pose.

Apporter la banque à tous, le défi est donc réalisable, en particulier grâce à l’utilisation des applications des TIC. Les banques et autres acteurs du secteur financier rivalisent d’innovation pour ce faire. La création d’une banque par l’opérateur télécom Orange participe à cette dynamique, et ces nouvelles offres sont plutôt vues comme complémentaires par les établissements traditionnels. Reste maintenant à relever le défi de l’information et de l’éducation des usagers, pour que ces nouveautés, censées leur faciliter la vie, ne soient pas sources de désagréments.

 

 

Banque & entrepreneuriat : l’amour paradoxal

Si l’entrepreneuriat est désormais considéré comme le chemin conduisant au développement, au Mali les initiatives demeurent cependant de faible portée. Parmi les obstacles, le manque d’accompagnement des institutions financières à qui il est souvent reproché de ne rien faire pour les entrepreneurs et leurs projets.

L’entrepreneuriat est aujourd’hui présenté comme une solution miracle aux problèmes de développement en Afrique où, selon l’avis le plus partagé, « on continue de traîner les pieds pour mieux tendre la main ». L’entreprenariat est devenu, ironisait il y a quelques mois le chroniqueur et consultant sénégalais, Hamidou Anne, le « nouveau rêve africain ». La vague a gagné le Mali où le phénomène est à la pointe de la mode, même s’il reste peu développé. Dans son dernier livre « Construire l’émergence, un pacte pour l’avenir : 12 axes d’action, 100 propositions pour booster le financement de l’économie », l’économiste et essayiste Cheikna Bounajim Cissé a proposé des mesures visant à encourager « l’entrepreneurship », diffuser la culture entrepreneuriale, et permettre aux institutions financières de disposer d’une pépinière d’entreprises viables et pérennes leur permettant d’alimenter leur portefeuille de crédit, et donc de financer de façon saine l’économie réelle. Car le préalable du financement reste souvent un problème crucial pour les jeunes entreprises. Selon une étude récente de la Banque mondiale, le coût et l’accès aux financements ont été identifiés par les chefs d’entreprise maliens comme les préoccupations les plus importantes, les obligeant à autofinancer les investissements et le fonds de roulement à plus de 82 %. Pour Lassine Coulibaly, directeur adjoint du département commercial et marketing à la Banque nationale de développement agricole (BNDA), membre de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (APBEF), les banques financent pourtant les entreprises. « Par rapport à leurs besoins en équipements, pour la production, nous avons des produits bien adaptés pour les financer. Nous leur donnons le fonds de roulement pour acquérir les matières premières, les concours de garantie pour s’approvisionner, les conseils pour mieux exploiter leurs activités », explique-t-il.

Frilosité Boubacar Keïta, entrepreneur et fondateur d’Aikio Corp, une plateforme dédiée aux laboratoires pour transmettre les résultats des tests médicaux aux patients, confie n’avoir jamais cherché à avoir l’accompagnement des banques, car « elles sont frileuses et avancent plusieurs critères comme la bancabilité, et exigent des garanties que l’on n’a pas. Pour un start-upper, la banque n’est pas la solution ».

« Pour les jeunes, le problème ce n’est pas la garantie. La plupart des projets porteurs sont dans le domaine de l’agriculture, mais les jeunes sont réticents à se tourner vers ce secteur », répond Lassine Coulibaly, qui révèle que la BNDA a financé, en 2016, des PME/PMI à hauteur de 70 milliards de francs CFA, et de grosses industries entre 200 et 300 milliards. Il ajoute qu’avec la création du Fonds de garantie pour le secteur privé (FGSP), qui prend 50% sur le risque, les banques sont devenues plus agressives sur le marché des entreprises. « La problématique, ce sont les garanties. C’est cela dans tout l’espace UEMOA. Ici, les banques ne financent que le commerce import-export », déplore l’économiste Modibo Mao Macalou. Mais pour ce chargé de mission au ministère de la Promotion des investissements et ancien banquier, ayant requis l’anonymat, « prétendre que les banques ne font rien pour l’entreprenariat est une idée reçue. C’est vrai qu’elles ne font pas tout ce qu’elles devraient faire. Elles le font avec les moyens du bord. C’est comme si on disait que les médecins ne soignent pas bien les malades ». C’est pour répondre aux nombreux problèmes qui entravent l’entreprenariat au Mali, que le gouvernement mènerait une réflexion quant à la création d’une banque publique d’investissement. Un projet qui est encore au stade de l’idée.

 

Banques de développement, des impacts concrets ?

Elles ont pour noms, Banque ouest-africaine de développement (BOAD), Banque islamique de développement (BID), Banque africaine de développement (BAD) ou encore Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC). Elles sont parmi les bailleurs de l’État malien dont elles financent les projets de développement dans les secteurs du développement rural, de l’eau et de l’assainissement, le transport routier, l’énergie, ou encore l’assistance aux petites et moyennes entreprises. Le Conseil d’administration de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) a ainsi approuvé en 2015, des prêts à court, moyen et long terme au bénéfice du Mali pour le financement de 736 projets, le tout pour une enveloppe de près de 150 milliards de francs CFA. Entres autres projets, la Compagnie malienne pour le développement textile (CMDT) pour le financement de la campagne cotonnière 2014-2015 à hauteur de 4,42 milliards de francs CFA pour le développement d’unités industrielles, l’implantation d’une centrale thermique de 90 MW à Kayes par la société Albatros Energie du Mali SA à 15 milliards de francs CFA ainsi que l’aménagement d’infrastructures routières structurantes pour 20 milliards de francs CFA. Quant à la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC), selon son directeur, à la date du 31 mai 2015, le total de ses engagements était de 59,4 milliards de francs CFA : 37,3 milliards de francs CFA pour le secteur public et 22,1 milliards de francs CFA pour le secteur privé. Autre partenaire de poids pour le développement du Mali, la Banque islamique de développement (BID) qui appuie financièrement, à hauteur de 27 milliards de francs CFA, la mise en œuvre de la 2ème phase du projet d’alimentation en eau potable de la ville de Bamako, à partir de la localité de Kabala.

Prêt à la consommation : comment ça marche ?

Le prêt à la consommation est de plus en plus proposé à la clientèle par les banques maliennes. Ce prêt personnel permet de répondre aux besoins ponctuels de consommation ou d’équipement et de services. La banque propose alors plusieurs types d’emprunts adaptés au client. Soit le client peut rembourser facilement, parce qu’il a un gros salaire, avec des mensualités élevées, ce qui lui permet de payer moins d’intérêts, soit il paiera lentement avec des mensualités moins importantes, mais beaucoup plus longues. La durée maximum est généralement de 60 mois, pour un taux d’intérêt de 10% par an. La différence entre ce prêt et les autres prêts spéciaux se situe au niveau de l’objet, de la durée et aussi des garanties fournies, nous explique Mme Bolly de Coris Bank. En certaines périodes, comme actuellement à la veille du mois de Ramadan, ou encore à la rentrée des classes, des offres spécifiques sont proposées par les banques. Elles permettent d’emprunter des montants rapidement remboursables et « soulagent les chefs de famille qui bien souvent ne parviennent plus à épargner pour faire face », confie Aba Coulibaly, chauffeur. Pour souscrire, il suffit de remplir le formulaire et la banque propose un rendez-vous dans les 48 heures, pour « toute personne physique titulaire d’un compte chèque à notre banque », souligne un conseiller client de la BICIM.

Cartes à tout faire

Effectuer des achats, éviter de transporter de l’argent liquide, retirer de l’argent n’importe où à toute heure, la carte bancaire s’est rendue indispensable grâce aux possibilités et facilités d’utilisation qu’elle offre.

La carte de débit et la carte prépayée sont à ce jour, les seules disponibles au Mali, où la structure pionnière de monétique fut la Banque de développement du Mali (BDM) en 1997. Le taux d’utilisation des cartes bancaires reste très faible par rapport au stock dont les banques disposent, explique un cadre de la Bank of Africa Mali. Même constat dans d’autres établissements, ce qui serait dû au manque d’information sur l’utilisation de ce produit, chaque banque ayant une politique de commercialisation différente selon les services offerts.

Si les cartes portant le logo GIM UEMOA permettent de faire des retraits d’espèces dans les distributeurs automatiques (DAB/GAB) des huit pays de la zone, les cartes Visa et Mastercard proposées par plusieurs banques, permettent d’accéder à un réseau mondial. Les établissements financiers proposent également des cartes qui n’exigent pas d’avoir un compte dans la banque émettrice, et qui sont rechargeables, par exemple, avant d’effectuer un voyage ou pour payer un achat sur Internet.

3 questions à Boubou Cissé, ministre de l’Économie et des finances

Journal du Mali: Le secteur bancaire est un acteur important de l’économie. Comment se passent les relations avec votre département?

Boubou Cissé:Comme vous venez de le dire, le système bancaire est « un acteur important de l’économie », c’est même un acteur majeur de notre économie. Les relations avec mon Département son très fluides, les banques participent activement aux opérations d’émissions de titres publics et assurent leur succès. Ces opérations contribuent à alléger la dette intérieure en désengageant l’Etat auprès des fournisseurs locaux qui sont des clients des banques. Ces fournisseurs en remboursant leurs encours contribuent à l’amélioration de la qualité du portefeuille du système bancaire. En outre, ces opérations d’émissions de titres publics contribuent au financement des infrastructures dont l’économie nationale a besoin pour amorcer son plein décollage. Nous sommes donc dans un partenariat gagnant-gagnant. Vous me donnez l’occasion de remercier encore une fois les dirigeants de ces institutions qui ont toujours répondu positivement chaque fois que l’Etat les a sollicités.

Le taux de bancarisation reste assez faible, malgré que l’offre se densifie chaque année. Existent-il des mesures incitatives ou quelques autres dispositions pour booster l’accès des Maliens aux services bancaires?

Vous avez raison de dire que le taux de bancarisation reste assez faible malgré la densification de l’offre. En effet, ce taux au sens strict tourne autour des 12%. Pour le booster et faciliter l’accès des maliens aux services bancaires, un certain nombre de mesures ou dispositions ont été prises dont les principales se résument comme suit :
· le droit au compte pour toutes les personnes justifiant d’un revenu régulier d’au moins 50 000 FCFA ;
· l’élargissement du réseau bancaire à travers l’ouverture des guichets à Bamako et dans les régions de l’intérieur ;
· la surpression ou la réduction de certaines taxes sur l’importation de Guichets Automatiques de Banque (GAB), de Distributeurs Automatiques de Banques (DAB), etc ;
· le paiement des bourses et aides scolaires par carte bancaire ;
· la suppression des frais de tenue de compte en faveur de la clientèle ;
· la suppression des frais d’ouverture et de clôture de compte.
Je ne saurais clore ce chapitre sans parler de la monnaie électronique qui a contribué, de manière significative, au relèvement du taux d’accès des populations aux services financiers. En effet, avec plus de 5 millions de clients, l’utilisation de la monnaie électronique a porté ce taux d’accès à prés de 50%.

Qu’en est-il du financement du secteur privé? Les banques maliennes jouent-elles leur rôle?

Avec plus de 1 673 milliards de FCFA de crédits consentis en février 2016, les banques jouent leur partition dans le financement de l’économie en général et en particulier celui du secteur privé. Ce montant est certes insuffisant pour couvrir l’ensemble des besoins de financement mais il traduit l’effort du système bancaire dans le financement de notre économie. Toutefois, avec des produits innovants et bien structurés, les banques pourraient davantage améliorer le ratio crédits à l’économie sur le PIB (Produit Intérieur Brut) qui demeure pour notre zone un ratio relativement faible comparé à certains pays notamment ceux du Maghreb (Maroc).

L’Etat vient de faire pour la première fois appel aux marchés financiers pour des investissements d’envergure, à travers l’emprunt obligataire. Où en est cette opération, a-t-elle du succès auprès des banques maliennes?

Cette opération a été un franc succès. En effet, la période de souscription était prévue du 26 avril au 16 mai 2016. Une semaine à peine après le lancement, le montant demandé a été largement dépassé. Ainsi, en raison de l’engouement suscité par l’emprunt en relation avec la confiance en la signature de l’Etat du Mali, nous avons décidé de procéder prématurément à sa clôture, les investisseurs ayant largement souscrit au-delà du montant demandé, soit 119,9 milliards de FCFA contre 65 milliards prévus. Sur le montant définitif retenu, à savoir 100 milliards de FCFA, les banques maliennes ont contribué à hauteur de 51,1 milliards.

 

Dans les coulisses de la « nouvelle BMS »

Depuis le 31 mars dernier, le patrimoine de la Banque de l’habitat du Mali (BHM) a été transmis à la Banque malienne de solidarité (BMS), mettant fin à un processus de fusion qui aura duré plusieurs mois et permis de sauver la BHM, en proie à des difficultés. Depuis deux mois, les équipes des deux banques travaillent d’arrache-pied pour harmoniser leur fonctionnement afin que le géant né de la fusion puisse fonctionner dans les meilleures conditions. Avec à sa tête Babaly Ba, la nouvelle entité a entamé un processus qui devrait durer quelques mois. M. Cissoko, employé de la BMS, le confirme : « il se passe plein de choses, les systèmes informatiques à uniformiser de même que les procédures. Heureusement les clients sont compréhensifs, parce que nous avons déjà dû fermer nos guichets à plusieurs reprises pour permettre aux techniciens de travailler ». La BMS a en effet récupéré la clientèle de l’ex-BHM, et ceux-ci peuvent effectuer toutes leurs opérations comme auparavant. Du côté du personnel, on se veut confiant. « On nous a fait la promesse qu’aucun emploi ne sera supprimé. Mais, nous, le petit personnel, nous avons un peu peur de l’avenir et prions pour que le futur soit aussi beau qu’on nous le promet ». Un plan de départ volontaire est cependant évoqué entre la direction générale, les partenaires sociaux et les autorités tutélaires.

« Les banques maliennes sont solides »

Moussa Alassane Diallo, Président de l’Association des professionnels des banques et établissements financiers (APBEF)

Le taux de bancarisation s’est-il amélioré depuis la dernière Journée des Banques en 2015 ?

Dans le secteur, nous ne parlons plus de taux de bancarisation, car cela est réducteur. Nous parlons maintenant du taux de l’inclusion financière qui prend en charge à la fois le taux de bancarisation mais aussi l’ensemble des opérations financières qui sont effectuées sans passer par les comptes comme les transferts d’argent par téléphone ou d’autres moyens. Et ce taux avoisine les 37% aujourd’hui.

Ces nouveaux moyens financiers ne sont-ils pas une menace pour les établissements conventionnels que vous représentez ?

Il ne faut pas opposer aujourd’hui, en termes de concurrence, les systèmes de transfert d’argent au système bancaire. Cela doit être un tout. Je souligne cependant que les activités de transfert d’argent doivent s’effectuer dans un cadre à la fois réglementaire édicté par les institutions de la Banque centrale mais aussi dans des conditions de concurrence saine.

Le secteur bancaire malien démontre beaucoup de vitalité…

Oui, aujourd’hui le système bancaire est solide et accomplit à la fois ses missions de financement de l’économie mais aussi ses missions de distribution de produits et services bancaires. Et cela s’effectue aussi bien à l’intérieur du Mali que dans la sous-région ouest-africaine et même au-delà. La première raison, c’est le développement de grands groupes bancaires qui sont des réseaux avec plusieurs filiales mais aussi l’effet de la reprise économique au Mali. Le secteur agricole et celui des mines se portent très bien, il reste maintenant à redynamiser le secteur des PME/PMI.

L’appui aux PME/PMI justement reste une priorité au niveau de l’APBEF ?

C’est une priorité absolue. 80% des entreprises maliennes sont des PME, la plupart dans le secteur informel. Alors, est-ce aux PME de s’adapter aux banques ou l’inverse ? C’est bien sûr aux banques de s’adapter, en basant leur analyse de risque sur des éléments non-financiers, s’intéresser aux éléments physiques, etc. Tant que les banques maliennes ne relèveront pas ce défi, on dira toujours qu’elles ne financent pas l’économie.

Banques maliennes : cap vers la standardisation

Les communiqués de presse issus des conseils d’administration des différentes banques maliennes ont rythmé les mois d’avril et mai, chacun annonçant des profits records et un total bilan en progression sur l’année 2015. Au cœur de l’économie, ce secteur se porte donc bien, et connaît de nombreuses mutations qui accompagnent l’évolution du taux de bancarisation, avec une standardisation vers le haut des services apportés à la clientèle, et ce à travers des réseaux de plus en plus présents sur tout le territoire.

En 2015, le paysage bancaire malien a de nouveau été marqué par une forte progression de la plupart des acteurs, qui semblent avoir profité d’une conjoncture économique favorable, avec un taux de croissance du PIB supérieur à 5%, du développement du secteur privé, notamment des grands groupes qui sollicitent des financement structurés dans les domaines de l’agriculture et de l’agro-industrie (CMDT, Groupe Modibo Keïta), et de l’impulsion donnée par l’État pour quelques grands projets. Les 14 banques maliennes affichaient un total bilan, soit l’ensemble de leurs actifs, de plus xx milliards de francs CFA, en progression de xx% par rapport à 2014.

Ce dynamisme s’explique aussi par le développement à marche forcée de leurs réseaux d’agences, d’abord à travers la capitale, mais désormais aussi dans les régions. Le pays comptait 516 guichets à la fin 2014, contre 430 un an plus tôt, soit une progression record de 20%. Cela a eu pour conséquence de séduire de nouveaux clients, avec un taux de bancarisation qui dépassait 15% à la fin 2014, selon la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Le Mali se classe ainsi au 5ème rang parmi les huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dont la moyenne est de 14,83%. La banque est donc en voie de démocratisation, un phénomène qui est accentué par la multiplication des offres grand public. Pendant longtemps, l’accès à un compte bancaire était rendu difficile par la faiblesse des revenus des populations, les habitudes traditionnelles de thésaurisation (tontines, bas de laine) et des conditions d’accès aux services bancaires inaccessibles pour la majorité des populations. Avec la généralisation des prêts à la consommation, plus de souplesse dans leur octroi, et la mise à disposition de cartes de retrait et de paiement nationales, communautaires (GIM UEMOA) et internationales (Visa ou Mastercard), qui sont utilisables dans plus de 380 distributeurs automatiques de billets (DAB), la plupart des banques maliennes se rapprochent des standards internationaux, et séduisent ainsi une classe moyenne en progression, tout comme les PME/PMI. Selon le Dr Boubou Cissé, ministre de l’Économie et des Finances, ce sont « plus de 1 673 milliards de francs CFA de crédits qui ont été consentis en février 2016 ».

Taux d’inclusion financière Cela dit, pour certains, comme le PDG de la Banque nationale de développement agricole (BNDA), Moussa Alassane Diallo, au lieu de taux de bancarisation, il faut désormais utiliser l’indicateur de taux d’inclusion financière, qui tient compte de « toutes les transactions financières qui se font sans compte bancaire, notamment les transferts d’argent ». Ce taux atteindrait 37%, faisant des technologies de l’information et de la communication, de la monnaie électronique en particulier, l’un des grands leviers de développement de la finance au Mali, comme ailleurs en Afrique. Ces services ont aujourd’hui pris un tel poids que l’opérateur Orange vient d’annoncer la création d’Orange Finances Mobile, un établissement de monnaie électronique doté d’un capital de 900 millions de francs CFA, opérant sous la marque Orange Money en partenariat avec la Banque internationale pour le commerce et l’industrie au Mali (BICIM), filiale du géant bancaire français BNP-Paribas. À la question da savoir si les opérateurs Télécoms constituent une menace pour les acteurs traditionnels du secteur, les banquiers répondent plutôt par la négative, arguant que leurs services sont complémentaires. Pourtant, l’accès privilégié au client à travers leur téléphone fait désormais des « Telcos » des acteurs incontournables, qui pourraient bien bousculer « le petit monde feutré de la banque ».

À la recherche de la taille critique Fort de leur succès sur le marché national, les plus solides des banques maliennes ont fait le pari de l’internationalisation, avec l’implantation de filiales dans d’autres pays de l’UEMOA. C’est le cas de la Banque de développement du Mali (BDM), premier établissement du pays, présent en Guinée Bissau depuis le milieu des années 2000, qui s’est installée en 2015 au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, sous l’enseigne Banque de l’Union. Son directeur général, Amadou Sidibé, souhaite désormais « faire une pause pour consolider le tout, avant d’envisager de demander l’agrément bancaire pour d’autres marchés, comme le Sénégal ». Quant à la Banque malienne de solidarité (BMS), dirigée par Babaly Ba depuis sa création en 2002, elle a également ouvert en 2015 sa filiale ivoirienne en plein cœur du Plateau, le quartier des affaires d’Abidjan. Même si les marchés sous-régionaux offrent encore de belles perspectives de croissance, il est probable que les banques maliennes, dont l’internationalisation est tardive, n’y joueront que les seconds rôles, compte tenu de la concurrence exacerbée (27 banques en Côte d’Ivoire) et de l’avance prise par les réseaux panafricains tels qu’Ecobank, BOA, Attijariwafabank, ou Banque Atlantique, par ailleurs très bien implantés au Mali.

Toutefois, pour contrer ces puissants acteurs, l’État a favorisé en 2015 l’absorption de la BHM, en difficulté, par la BMS, effective depuis le 31 mars 2016. La nouvelle BMS, détenue à 100% par l’État et ses démembrements, se place ainsi au deuxième rang des banques de la place, derrière la BDM. Avec plus de 540 milliards d’actifs, elle est aujourd’hui davantage capable d’accompagner la politique gouvernementale de soutien au secteur privé.