Basket-ball: Le Mali au Mondial U19 en Grèce

La sélection malienne de Basket-ball des moins de 19 ans prendra part au mondial de Basket 2019 qui se tiendra à Heraklion  en Grèce du 29 juin au 7 juillet. Le Sénégal et le Mali sont les seules sélections africaines qui vont représenter le continent à cette compétition. Logée dans la poule B, le Mali champion d’Afrique en titre des moins de 18 ans, affrontera l’Australie, le Canada et la Lettonie.  

Le Mali a conservé la majeure partie de l’effectif qui a décroché en septembre 2018 son tout premier sacre continental au Championnat d’Afrique U18 FIBA. Dans quelques semaines à Héraklion, les Maliens, emmenés par Siriman Kanoute, essaieront d’obtenir leur meilleur résultat en Coupe du Monde U19.
Pour cette seconde participation consécutive du Mali à la Coupe du Monde U19 de Basket, il y aura aussi les piliers tels qu’Abdoul Karim Coulibaly, Martin Diakite, les jumeaux Drame, qui ont tous tourné à plus de 10 points de moyenne dans la compétition africaine U18 de l’an dernier, ainsi qu’Oumar Ballo, auteur de 8.0 points, 6.5 rebonds et 1.5 contres de moyenne.
C’est la troisième fois que le Mali va disputer la Coupe du Monde U19 de Basket-ball. Le pays a fini 15ème en 2007 et 16ème en 2017.  Avec son dernier challenge continental, la sélection fera certainement parler d’elle.
Source: FIBA

Touty Gandega : « Le Mali a une génération de basketteuses très talentueuses »

Elle était l’une des attractions de l’Afrobasket féminin qui s’est tenue à Bamako en août 2017. Encore inconnu avant le début du tournoi, elle a su se mettre le public malien dans la poche. Une énorme banderole avec inscrit dessus ‘’Touty je t’aime’’, était même déployé lors de chaque match du Mali. C’est dire le capital sympathie que dégage cette jeune joueuse de26 ans.  Entretien avec l’une des futurs leaders de la sélection féminine de basket du Mali.

Journal du Mali : Vous avez-vécu votre première expérience avec l’équipe du Mali, lors de l’Afrobasket qui s’est tenue  à Bamako. Quel souvenir en gardez-vous ?

Touty Gandega : Le souvenir que je garde c’est la passion que les Maliens ont pour ce sport et la manière dont on a été supporté tout au long de cette compétition. Je n’avais jamais mais vraiment jamais vécu ça auparavant en tant que  jeune basketteuse. Honnêtement ça a juste été magique pour moi.

Le Mali est considéré à juste titre comme possédant l’un des meilleurs viviers d’Afrique, comment voyez-vous l’avenir de cette équipe ?

La nouvelle génération de basketteuses qui arrivent est très talentueuse. J’ai pu travailler avec  trois-quarts des joueuses qui n’ont pas été sélectionnées dans l’équipe, mais qui  était dans la liste élargie de cette campagne 2017 et je pense que pour la campagne 2019 elles y seront et elles seront prêtes. Elles sont tellement  athlétiques c’est juste incroyable avec le temps elles prendront  de la maturité dans leur jeu aussi bien techniquement que tactiquement et la ça sera une très belle génération.

Quelles sont vos objectifs avec votre club, et avec la sélection du Mali ?

Avec mon club actuel (A.B CHARTRES qui évolue en ligue 2 féminine) nous voulons accrocher  les playoffs et pourquoi ne pas faire l’exploit de la montée en ligue 1, mais comme on dit chaque chose en son temps on prend match par match. Avec le Mali je souhaiterais vraiment être championne d’Afrique et faire un championnat du monde et les J.O comme nos aînées.

Entre gagner un titre européen avec votre club ou remporter un trophée avec le Mali, que choisiriez-vous ?

 La question est délicate mais honnêtement gagner un trophée avec le Mali.

Il y a de cela quelques semaines, était célébré la journée internationale du sport féminin, en tant que sportive, comment jugez-vous l’état du sport féminin ?

Malheureusement  je trouve que le sport féminin  n’est pas assez médiatisé et je parle pour tous les sports confondus. Nous en Europe pour le basket (France) on commence à montrer des matchs sur certaines chaînes  mais à mon goût ce n’est pas encore assez. J’espère qu’on aura la chance dans les années à venir d’être au même niveau que les hommes sur le plan de la médiatisation, et ce dans tous les sports.

Quelles sont les difficultés auxquelles une sportive est le plus souvent confrontée ?

Tout abord en tant que femme sportive nous devons faire des sacrifices. Je parle d’avoir une vie de famille. En général nous avons des enfants tardivement car quand on joue au haut niveau ce n’est pas évident d’arrêter de jouer puis reprendre donc nous attendons parfois (mais je ne parle pas pour tout le monde) notre fin de carrière pour opter à avoir des enfants. En tant que sportive on est souvent loin de nos familles ça aussi ça fait partie des sacrifices que nous devons faire surtout quand on joue à l’étranger. Ensuite on peut parler des blessures nous sommes plus souvent et voir plus fragile qu’un homme donc on se blesse plus facilement.

Était-ce dure pour vous au départ quand vous avez choisi d’embrasser une carrière de basketteuse ?

Oui au départ.  Nous devons prouver tous les jours au coach à l’entraînement et dans les matchs que nous avons le niveau pour jouer. Personnellement j’ai commencée au bout du banc et petit à petit j’ai réussi à faire ma place. Ça été dur et long mais grâce au travail que j’ai fourni en saison et pendant les étés (workout) j’ai réussi à me faire une petite place.

Quelles sont vos idoles ?

Dans le Basket j’aime beaucoup Maya Moore (joueuse WNBA),  Stephen Curry en NBA et Allen Iverson pour les  Hall of famers . En Politique : Barack et Michelle Obama car ils ont marqué l’histoire de notre époque.

Basket : Les icônes intemporelles

Elles nous ont fait rêver, ont marqué leur temps et écrit certaines des plus belles pages du basket-ball au Mali. Coup de projecteur sur les stars d’hier.

Hamchétou Maîga-Ba.

30 septembre 2007. Le Mali affronte le Sénégal en finale de l’Afrobasket féminin Senior. Quelques jours plus tôt, le Sénégal l’avait emporté (48 – 37). Le Mali se devait donc de prendre sa revanche face à l’équipe la plus titrée d’Afrique (9 victoires à l’époque), est évoluant à domicile. « Nous jouions de nouveau contre le pays face auquel nous avions perdu notre seul match de poule. Nous avions fait une très bonne préparation et avec des juniors, dont Fatoumata Bagayoko, nous avions une équipe confiante » raconte Hamchétou Maiga, capitaine de cette génération dorée. Grâce à une énorme performance de sa part (29 points), le Mali s’imposera 65 – 58 et s’adjugera le premier trophée de son histoire. « Notre prestation n’était que le résultat de la combativité de nos filles » ajoute Hamchétou. Elle obtiendra le titre de meilleure joueuse, le premier remporté par une Malienne. En fait, la talentueuse et élégante Hamchétou est une pionnière dans bien des domaines. Première capitaine à remporter l’Afrobasket, première et seule Malienne à avoir joué et remporté la Women’s National Basketball Association (WNBA), l’équivalent du NBA féminin en 2005, première et seule Africaine à avoir été élue MVP étrangère de la Ligue féminine de Basket. Autant dire une immense carrière. Vivant aux Etats-Unis avec sa famille, Hamchétou Maiga – Ba évolue désormais dans l’immobilier et l’humanitaire.

Hamchétou a côtoyé nombre de joueuses de talents. Astou N’Diaye était l’une d’elle. « Lorsque Hamchétou est venue me retrouver en sélection, je n’ai vu personne qui me comprenait plus qu’elle. Il suffisait d’un regard pour qu’elle sache où j’allais mettre la balle et conclure » se souvient-elle.  Au cours d’une carrière de 18 ans, essentiellement au Stade malien, elle fait le bonheur de son club. Joueuse complète, elle s’illustre aussi bien aux shoots qu’aux rebonds. Principal fait d’arme, l’Afrobasket 1993 au Sénégal. « A chaque rencontre, j’inscrivais au moins 25 points » se remémore-t-elle. Une performance qui ne suffira cependant pas au Mali, qui terminera 7ème de la compétition.

Alassane Kanouté.

Dans la famille Kanouté, je veux les frères. Dans les années 80, Alassane domine le basket malien avec l’AS Réal. « De 1980 à 1991, nous avons remporté tous les Championnats et Coupes du Mali ». Une domination écrasante, due à cet ailier qui désarçonnait les défenses adverses par sa force de pénétration et sa dextérité. « Durant ces années, il n’y avait pas un seul podium destiné aux meilleurs où mon nom ne figurait pas ». Egalement capitaine de la sélection nationale durant plusieurs années, il ne réussira malheureusement pas à remporter de trophée avec elle. « Si nous avions eu les mêmes moyens que les joueurs actuellement, nous aurions été champions ». Aujourd’hui Directeur adjoint du Palais des Sports Salamata Maiga dit Bébé, nommé ainsi en hommage à un autre grand nom du basket national, il suit toujours le Mali d’un œil avisé.

Il a inspiré son jeune frère Sega. « J’étais le plus grand fan de mon grand frère. Un jour il m’a donné une balle et cela a été le déclic ». Le début d’une belle carrière, qui l’a vu jouer successivement au Real de Bamako, à l’ASBEAO et au Maroc. « Beaucoup voulaient jouer avec moi. Dès que je pénétrais les défenses, la bonne passe était au bout » assure-t-il. Capitaine de l’équipe nationale durant 10 ans, il n’atteindra jamais la finale de l’Afrobasket, échouant quatre fois en demi-finale. Agé d’une cinquantaine d’années maintenant, il a de quoi être fier. Son fils Siriman a remporté le premier trophée de basket masculin pour le Mali et a même fini MVP du tournoi.

 

Hamane Niang : « Le Mali est devenu une référence, une école au niveau de FIBA-Afrique et de FIBA-Monde »

A un jour du début de l’Afrobasket à Bamako, le président de FIBA-Afrique, le malien Hamane Niang nous a accordé une interview exclusive dans laquelle il partage son regard sur l’état du basket au Mali et explique les innovations qu’apportent One Fiba.

Qu’est-ce que One Fiba ?

One Fiba est le résultat d’une concertation à l’intérieur de la famille du Basket-Ball, qui a pour but de fédérer, de mettre en synergie toutes les potentialités du monde du basket-ball dans le même panier. Au lieu que chaque continent parle en son nom, le Basket a décidé de parler d’une seule voix, faire du basket la plus grande communauté sportive et amener de nouveaux pays dans l’instance internationale du basket-ball. One Fiba c’est aussi l’amélioration de notre gouvernance, avec la mise en place d’un comité exécutif qui n’existait pas avant, il y’avait un bureau central. Il y’a une commission des jeunes qui a vu le jour. Nous avons voulu que les parties prenantes soient sur la même table, à savoir la NBA qui n’était pas membre du bureau central, nous l’avons invité à en faire partie, et du comité exécutif aussi, qui est un comité restreint. Nous avons aussi une nouvelle commission, qui est celle des joueurs, présidé, coaché, animé par des joueurs amateurs, professionnels, et semi-professionnels. Nous mettons également ensemble nos ressources humaines et financières. C’est-à-dire l’Afrique a son compte, l’Europe a son compte, mais la solidarité financière doit être de mise, dans la mesure où aujourd’hui chaque zone à travers ses bureaux régionaux prépare son budget et le soumet au bureau central, au comité exécutif pour l’exécution de son budget. Comme exemple, si l’Europe a un budget déséquilibré et que ça été adopté par One Fiba, si l’Europe n’a pas les ressources de faire face à ce budget, et bien c’est One Fiba qui va l’aider à mobiliser les ressources financières. Ensuite, dans One Fiba, vous avez beaucoup plus de visibilité sur le basket à travers le monde. Tous les matchs sont en direct sur les réseaux sociaux et sur Youtube. C’est aussi One Fiba qui organise tout ce qui est droit tv, la production et le dispatching à travers le monde entier. Un des piliers aussi, c’est que ce sont les fédérations qui sont au cœur du système. On veut que la fédération soit très proche des prises de décision. Depuis 2014 et l’adoption de One Fiba, nous organisons tous les deux ans, des congrès mi-mandat, avant c’était tous les quatre ans. Les fédérations ont la possibilité d’influer la prise de décision au niveau de Fiba à travers les congrès mi-mandat. A partir de 2023, il y’aura un congrès chaque année.

Quel regard portez-vous sur le basket malien actuellement ?

J’avoue que c’est une satisfaction, il faut donner une très bonne note au Basket –Ball malien. Pour cela, il faut rappeler qu’aujourd’hui en matière de petites catégories, les U-16 et les U-18, féminins aussi bien que masculins, le Mali est devenu une référence, une école au niveau et de FIBA Afrique et de FIBA Monde, puisque toutes les années, l’équipe du Mali participe aux coupes du monde. Il faut saluer, ça veut dire que c’est un travail qui a été fait, qui continu d’être fait, ça veut dire qu’il y’a une bonne filière. Le Mali a pris de l’avance dans les catégories de jeunes, il faut la consolider, la valoriser, pour que ça puisse impacter sur les sélections séniores.

Cette dynamique de succès a débuté sous votre présidence, ressentez-vous une fierté personnelle ?

Le mérite n’est pas personnel, ceux qui se rappellent de mes interviews lorsque j’étais président de la fédération, j’avais toujours dit que c’était une équipe avec un grand E, ça veut dire que c’est ensemble que nous l’avons bâti, et je pense que ça continu. Cela fait plaisir en tant que malien de voir que partout où on va, on parle du basket-ball malien. Je pense que l’on parle plus du basket malien en dehors du Mali, on a besoin de rectifier cela Il faut que les maliens soient fiers de ces titres Cela me fait vraiment plaisir de voir jouer le Mali dans les phases finales. Donc chapeau aux acteurs de maintenant.

Les équipes africaines ont souvent beaucoup de difficultés dans les compétitions internationales, est-ce à cause d’une trop grande différence de niveaux avec les équipes d’autres continents ?

Non, il faut suivre les résultats d’une manière générale. Nous ne pouvons pas dire que l’écart se creuse ou encore que le fossé est grand. La preuve, que ce soit les équipes maliennes, angolaises ou même égyptiennes arrivent à battre d’autres équipes d’autres zones, et même des équipes de la zone nourricière qu’est l’Europe, même si ce sont les Etats-Unis qui dominent le basket mondial, mais tout le monde puisent d’une manière ou d’une autre sur l’Europe. Nous gagnons face à des équipes comme le Portugal ou l’Italie. Ce qu’il y’a lieu de dire c’est qu’en Afrique, nous sommes des amateurs. Pour le moment, le basket n’est pas devenu professionnel sauf dans certains pays. En Europe, depuis 14 ans déjà ou c’est dans les centres très développés, ou ce sont des pré-contrats. Ils ont plus de matchs dans les jambes et dans les bras que nos nôtres. Quand tu regardes tout ça, tu dois dire chapeau à ces jeunes maliennes. On a du chemin faire, il faut qu’on continu à travailler, il faut qu’on développe des ligues professionnelles. Si nous le faisons, les joueuses et les joueurs auront plus de match dans les jambes pour rivaliser avec l’Europe. Ce sont nos joueurs qui dominent les championnats en Europe, il y’a plus de 100 joueurs africains qui animent les championnats européens, cela veut dire que ce ne sont pas des tocards. Depuis 2015, même la NBA a commencé à organiser des matchs de gala en Afrique, où des joueurs de NBA viennent jouer en Afrique. Pourquoi ? Parce que simplement de plus en plus, les africains comptent dans le NBA, cela veut dire qu’ils sont bons.

Comment voyez-vous l’avenir du basket malien ?

J’ai bon espoir, nous avons les infrastructures, il faut rappeler qu’à chaque fois qu’il y’avait une coupe, il y’avait dix terrains de basket-ball à la base, ces terrains à travers le district de Bamako et à travers les différentes régions, je pense que ça a beaucoup aidé, nos infrastructures dans la capitale sont nulles pareilles dans la sous-région. Si on continue avec cette politique de développement des conférences zonales pour que tout le monde ait sa chance dans nos différentes sélections, je reste persuadé que le Mali a encore un bel avenir devant lui dans le domaine du basket-ball.

 

Basket-ball : Le Mali sur le toit de l’Afrique

Le Mali est Champion d’Afrique. Cette phrase, qui sonne comme une douce mélodie à l’oreille des Maliens est devenue quasi quotidienne. Dernière date, le samedi 12 août 2017. Pour la cinquième fois d’affilée, l’équipe cadette féminine a remporté l’Afrobasket U-16. Le Mali est la seule équipe à avoir inscrit son nom au palmarès de cette compétition depuis ses débuts, en 2009. Pourquoi tous ces titres ? Qu’est ce qui place le basket malien au-dessus de l’Afrique ? Plongée dans l’univers de ce sport qui, sans faire énormément de bruits, s’impose comme la discipline de référence au Mali.

Place au spectacle. C’est ce vendredi que débute le 25ème Afrobasket senior féminin. Neuf jours de compétition pour déterminer la Championne d’Afrique et les équipes africaines (2) pour le prochain Championnat du monde.  Le pays va vibrer au rythme des passes perforantes, des rebonds captés à l’arraché, des shoots à trois points et des tirs au buzzer (dernière seconde). C’est la deuxième fois, après 2011, que le Mali organise l’Afrobasket. Cette année-là, les Aigles dames avaient échoué aux portes de la finale et fini troisièmes de la compétition. Une place que l’équipe entend améliorer pour trôner sur le toit de l’Afrique. « Gagner cette compétition, c’est l’objectif. On va se répéter, mais tout le monde le sait, nous sommes à Bamako, c’est un fait. Il y a aussi des places pour le Championnat du monde, donc il faudra au moins être en finale. Mais y être ne suffira pas, ni pour nous, ni pour le pays » assure Touty Gandega, qui a joué pour la sélection junior de la France et qui va disputer son premier Afrobasket. L’entraineur français de l’équipe, Sylvain Lautier, préfère rester prudent et ne pas trop présumer des capacités de l’équipe. « Il faut déjà gagner le premier match (contre la Tunisie), avant de penser à gagner la compétition. Nous l’aborderons match après match. Essayons d’être concentrés sur cet objectif » tempère-t-il.

L’équipe dispose pourtant de capacités qui donnent à espérer, un alliage générationnel entre de nouvelles venues et des rescapées de la campagne victorieuse de 2007. Une association de physique et d’explosivité, d’expérience et de fougue qui devrait faire des étincelles. Néanmoins, la route vers un éventuel sacre sera longue. Elle passera par des concurrents féroces, comme le Sénégal (tenant du titre) ou encore l’Angola, qui viseront une énième victoire. « Nous avons une triple pression : jouer à domicile, 10 ans après le titre remporté au Sénégal, et les trophées décrochés par les jeunes. Cela fait deux mois que nous nous préparons. Nous avons joué deux matchs amicaux pour deux victoires, donc tout va bien pour le moment », analyse la capitaine de l’équipe, Meiya Tirera.

Quart temps 1 : Le pourvoyeur de titres

Veni, vidi, vici. Telle pourrait être la devise des équipes maliennes, tant leur parcours dans les différentes compétitions de jeunes est conquérant. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le Mali a remporté 14 trophées en basket (6 chez les juniors, 5 en cadets, 1 chez les seniors, 1 médaille d’or lors des Jeux africains, pour les filles, et 1 chez les cadets garçons).  Le dernier, remporté en juillet, est le premier de l’histoire pour une équipe masculine de basket au Mali. « Le secret de la réussite, c’est le travail. Nous avons mis un accent particulier sur la formation des formateurs. Nous nous sommes dit que pour que les enfants apprennent mieux il fallait que les entraineurs soient au top » explique Jean-Claude Sidibé, Président de la fédération malienne de basket ball, qui, depuis sa prise de fonction en 2014, organise chaque année des camps de formation pour les entraineurs. Au moins quinze stages (entraineurs et arbitres) ont été organisés en l’espace de trois ans. Et le résultat est probant. Les équipes de jeunes du Mali planent littéralement au-dessus de leurs adversaires, qui ne peuvent que constater, impuissants, les nombreux succès des Maliens. « Il n’y a que l’Égypte qui arrive un peu à titiller le Mali, mais elle ne tient pas physiquement face aux nôtres. L’équipe du Mali fait peur, elle a un ascendant psychologique sur ses adversaires et les victoires le montrent bien » soutient Massiré Tounkara, administrateur du site Basket Mali.

QT2 : Le meilleur vivier d’Afrique   

Depuis 10 ans, le Mali est la seule nation africaine à avoir participé à toutes les Coupes du monde dans les catégories jeunes. Lors du récent sacre des U-16 garçons en juillet, le coach avait à sa disposition 230 jeunes joueurs pour 12 places. « Les garçons n’avaient encore rien prouvé. Nous avions besoin de changement et, au final, le résultat parle pour nous », justifie l’entraineur des Champions, Mamoutou Kané.  Dans le groupe figurait un jeune qui s’est particulièrement illustré lors de la compétition. Siriman Kanouté, MVP et meilleur marqueur (198 points) de la compétition. Bien avant la finale face à l’Égypte, qu’il a grandement contribué à remporter, il avait déjà attiré l’attention des observateurs grâce à un match XXL face à l’Ile Maurice. Un double – double monstrueux (dix unités ou plus dans deux catégories de statistiques différentes) de 50 points et 11 interceptions, auxquels il faut ajouter quatre passes décisives. Juste stratosphérique. Une performance digne des plus grands. « Le Mali est un pays de basket, il suffit de faire un tour en ville pour voir le nombre de jeunes qui pratiquent ce sport. Ce sont des jeunes qui vont ensuite disputer les différentes coupes. Il n’y a aucun moyen de les arrêter. C’est assez logique que nous soyons au- dessus en Afrique et je ne vois aucune nation africaine surpasser le Mali dans les années à venir », souligne Sega Kanouté, père du jeune Siriman et ancien international malien.

Conscient de l’émergence de véritables diamants bruts,  des recruteurs américains étaient en prospection ici il y a de cela quelques mois pour évaluer les talents. « Ils ont décidé de venir s’installer au Mali pour trois ans parce qu’ils ont jugé que le potentiel du Mali était inégalé. En outre, nous sommes des Sahéliens, donc très grands. C’est un très énorme atout » assure le président de la FMBB.

QT3 : Des centres formateurs

Il a été crucial dans les campagnes victorieuses de nos différentes équipes. Selon le DTN du basket, Alkaya Touré, il y en aurait plus de 150 dans tout le pays. « Tous ceux qui n’ont pas été dans un centre de formation très tôt ne peuvent pas prétendre atteindre le sommet et devenir professionnels. Aujourd’hui, les enfants vont très vite dans les centres pour apprendre, et, forcément, lorsqu’ils grandissent, ils atteignent l’élite », ajoute-t-il.  Promoteur du Centre Alkaya Touré (CAT), qui opère depuis 1995, il a formé près de 2 500 jeunes. La championne d’Afrique 2007, Fatoumata Bagayoko, mais aussi Nassira Traoré, qui a participé aux Jeux Olympiques de Pékin de 2008, en sont notamment issues. « Les derniers résultats du Mali sont les fruits des centres » renchérit Touré.  S’il a été pionnier en la matière, dans son sillage plusieurs autres ont vu le jour. Le Centre Faso Kanu a débuté ses activités en 2005. Il accueille entre 200 à 250 jeunes par an, des filles pour la plupart, et impose des conditions de travail « spartiates » à ses aspirantes. La rançon de la gloire, pourrait-on dire. « Chaque jour sans exception c’est entrainement de 15 h à 22 h, même si les conditions météorologiques ne s’y prêtent pas. Nous voulons que les jeunes fassent preuve d’une grande volonté pour réussir » se réjouit Ali Traoré, promoteur du centre. « Actuellement, neuf de nos jeunes sont aux États-Unis » confie-t-il fièrement.

QT4 : Le revers de la médaille   

Malgré les nombreux succès et les ambitions affichées, tout n’est pourtant pas rose dans le monde du basket ball malien. « Ces succès sont pour moi l’arbre qui cache la forêt. Nos clubs connaissent une période de disette qui devient pesante », relativise Tounkara. Depuis 2008, autant dire une éternité, aucun club malien n’a en effet participé à une compétition africaine. Dans les sélections nationales masculines, n’eut été la récente victoire chez les cadets, le passage à vide était assez inquiétant. « Pour la plupart, les garçons viennent au basket lorsqu’ils savent qu’ils n’ont pas la chance d’être footballeurs. De fait, il leur manque les notions de base » explique le DTN. Chez les seniors, le constat est encore plus dramatique. Plusieurs joueurs refusent pour l’heure d’honorer l’appel à la sélection, car l’entraineur de l’équipe n’est pas un étranger. « Nous avons toutes les peines du monde pour faire venir les joueurs. Un seul, sur sept, a confirmé sa venue. Nous allons continuer à travailler pour prouver que nos techniciens locaux peuvent faire le boulot » espère le Président Sidibé. Une situation qui n’éteindra pas les ambitions maliennes pour l’Afrobasket senior masculin du mois prochain, espère-t-il.

 

Jean-Claude Sidibé : « Le seul secret c’est le travail »

Le basket-ball malien continue de briller et les compétitions qui se suivent confortent la position du Mali comme nation montante de la discipline. Pour le président de la Fédération malienne de basket-ball (FMB), Jean-Claude Sidibé, en fonction depuis mai 2014, le meilleur reste à venir.

2016 a-t-elle été une bonne année pour le basket-ball malien ?

Le bilan est totalement positif pour plusieurs raisons. L’année 2016 a vu tout le programme du bureau fédéral exécuté. Le championnat national et la coupe du Mali ont été joués selon le programme établi. Les différentes conférences programmées ont été exécutées. Le Mali s’est qualifié pour deux coupes du monde en Espagne, et occupe aujourd’hui le meilleur rang qu’aucun pays africain n’a jamais eu en compétition. Nous avons également été troisièmes à l’Afrobasket junior au Rwanda. Nos dames ont remporté l’Afrobasket junior en Égypte. Voilà autant de succès qui nous font dire que 2016 a été une année faste pour nous. Nous espérons que 2017 soit encore meilleure.

Qu’attendez-vous de l’année qui commence ?

Nous avons huit grands rendez-vous en 2017. Nous aurons deux Afrobasket cadets (filles et garçons), deux Afrobasket sénior garçons à Brazzaville et sénior dames ici à Bamako. Nous aurons également deux Coupes du monde junior : en Italie pour les filles et en Égypte pour les garçons. Il y a également les Jeux islamiques et les Jeux de la Francophonie à Abidjan en Côte d’Ivoire. Nos objectifs sont de gagner encore plus de trophées. Nous espérons remporter pour la cinquième fois l’Afrobasket junior dans la catégorie dame. Avec les garçons, l’objectif est de remporter un titre avec au moins une des équipes. D’ores et déjà, nous nous préparons activement. Je peux vous assurer que le Mali sera présent au rendez-vous.

12 trophées remportés en 10 ans par les sélections nationales féminines dont quatre les deux dernières années. On peut dire que le basket dame le pion aux autres disciplines…

Le seul secret c’est le travail. Nos techniciens sont formés. Nous programmons et effectuons beaucoup de stages et de formations chaque année. Nos techniciens sont constamment à l’œuvre pour rehausser l’image du Mali. Le secret c’est de travailler pour pouvoir récolter ce que l’on a semé.

Le basketball draine pourtant moins de financement que le football, par exemple.

On se débrouille avec le peu de moyens que nous avons. De toutes les façons, ce ne sera jamais facile avec le ministère des Sports. Le football a beaucoup plus d’écoute que nous, c’est normal. Nous sommes donc un peu lésés, mais grâce à nos sponsors, nous arrivons à nous tirer d’affaire.

2017, c’est aussi un championnat nouvelle formule. Pourquoi ce changement?

C’est une promesse de campagne qui se concrétise. Nous avons un championnat qui a un niveau assez bas, notre ambition est de le rehausser. La nouvelle formule, c’est donc un championnat de poule unique où toutes les équipes vont se rencontrer en aller et retour. L’objectif est de permettre aux clubs maliens qui se distingueront, de sortir afin de participer à d’autres compétitions au niveau régional et international.

Quel accueil font les responsables des équipes à la nouvelle formule ?

Il n’y a aucune contestation ou mécontentement à ce niveau. Au contraire, c’est un engouement impressionnant qui est constaté. Certaines équipes ont d’ores et déjà fait venir d’Algérie ou de Dakar des joueurs et joueuses qui étaient partis pour jouer là-bas.

Une polémique a entouré le voyage des joueurs en juin dernier. Il s’agit de cette fameuse nuit à l’aéroport en Espagne. Que s’est-il passé ?

Nous avons tous passés la nuit sur place. J’étais avec les enfants. Nous avons eu un problème à l’aéroport Mohamed V de Casablanca. Lorsque nous sommes arrivés à 5 heures du matin, on nous a interdit de passer la frontière pour accéder à la zone internationale. Nous avons donc dû attendre pendant 2 heures. Fatigués, les joueurs ont décidés d’attendre sur le carreau. C’est tout.