Barkhane : en pleine polémique, la ministre française des armées Florence Parly en déplacement au Mali

Alors que Barkhane est dans l’œil du cyclone après la publication mardi 30 mars d’un rapport de la MINUSMA qui conclut à une bavure de la force française lors d’une frappe le 3 janvier dernier, la ministre française des Armées sera en déplacement à Bamako ce mercredi selon plusieurs sources. Une visite qui assure t-on était déjà programmée, bien avant la publication du rapport de la mission onusienne qui pointe la responsabilité de la France dans la mort de 19 civils, tué alors qu’ils célébraient un mariage à Bounty, dans le centre du pays. Paris a immédiatement réagi par la voix de son ministère français des Armées qui a réfuté mardi 30 mars toute bavure et émis « de nombreuses réserves » sur ce rapport.

Mali – Barkhane : la France annonce la neutralisation de terroristes, des villageois évoquent des victimes civiles

Le voile se lève. Depuis dimanche, les réseaux sociaux bruissaient des événements survenus dimanche à Bounti, un village dans le centre du Mali. Selon plusieurs témoignages, une frappe menée par un hélicoptère non-identifié a fait plusieurs victimes civiles (une vingtaine) au cours d’un mariage. Les regards soupçonneux  se sont tournés vers l’armée malienne et les forces étrangères sans pour autant en accuser aucun des deux nommément. Deux jours après, La France, dont la force anti-terroriste Barkhane a mené la frappe a commenté et réfuté la « bavure ».  Une patrouille d’avions de chasse a « neutralisé » des dizaines de djihadistes préalablement repérés après une opération de renseignement de plusieurs jours, a-t-il indiqué l’état-major français à l’AFP. « Les informations relatives à un mariage ne correspondent pas aux observations effectuées », a-t-il dit. « Il ne peut y avoir de doutes et d’ambiguïté, il n’y avait pas de mariage. C’est une frappe menée après un processus particulièrement formel et multipartite sur un groupe armé terroriste pleinement identifié, après un recoupement d’informations, des attitudes, une posture, sur une zone caractérisée », a dit une source militaire française proche du dossier cité aussi par l’AFP. Les autorités maliennes n’ont pour l’heure pas encore réagi.

Affaire Moussa Samaké : Ses proches réclament justice

Faire toute la lumière sur le décès du jeune Moussa Samaké, situer les différentes responsabilités et mettre à la disposition de la justice les personnes incriminées, voilà entre autres les demandes formulées par les centaines d’amis et proches de la famille qui se sont rassemblés ce matin devant le domicile du défunt.

Ils étaient plus d’une centaine ce matin à s’être massés devant le domicile de la famille Samaké. Amis, camarades de classe, et proches de la famille, tous se sont donnez rendez-vous ce mardi matin, pour réclamer justice. Justice pour le jeune Moussa Samaké, 18 ans, décédé samedi 10 février des suites d’une blessure par balle. « Aidez-nous à rendre justice pour Moussa Samaké, tué par la police » pouvait-on lire sur une grande banderole déployée par les manifestants. Message sans équivoque auquel se mêlait des slogans hostiles à l’encontre des policiers. « Ils l’ont tué et nous voulons que les coupables soient jugés » lance l’un des nombreux élèves de l’école Mamadou Konate présent au rassemblement.  Le drame remonte au vendredi 9 février. Ce jour-là, Samake et trois de ses amis se retrouvent comme à leurs habitudes dans leur « repère» près des berges du fleuve Niger. « Intrigué » par ce groupe de jeunes, deux policiers qui venaient de boucler une « opération » pas loin du CICB, les apostrophent. « Ils les ont fouillé, mais ils n’avaient rien sur eux » assure le cousin de la victime. Pris de panique par cette fouille inopinée Samaké tente de s’échapper. C’est alors que l’un des policiers lui tire dessus toujours selon son cousin. Grièvement blessé,  Samaké tomba dans un ravin. Face à la gravité de l’acte, les policiers appelèrent leur commandant pour lui faire part d’un incident. Ils affirment auprès de ce dernier avoir tiré en l’air, et Samake dans sa fuite et apeuré se serait cogné la tête contre le mur. « Lorsque nous avons entendu cela, nous nous sommes dits que ce n’est pas très grave, il devrait vite se remettre » raconte le commissaire divisionnaire Mahamadou Sidibé, Directeur général adjoint de la Police Nationale.

Blessure balistique

Mais cette version sera très vite contestée. Le lendemain de l’incident, le jeune Samake succombe à ses blessures à l’hôpital. « Nous savions que la version de la tête contre le mur ne pouvait être la cause de sa mort, nous avons donc demandé à ce que les éléments en cause soient cuisinés » confie Sidibé. Ils ont donc instruit à leur médecin légiste d’examiner le corps. Et son rapport est sans appel. La victime a succombé des suites d’une blessure balistique. En clair, une balle l’a mortellement touché. « La balle est entré par-dessous son oreille droite et est ressorti par son nez » détaille le DGA de la Police.

Enquête en cours

La famille de la victime a immédiatement déposé plainte après les faits. Une enquête a été ouverte par le procureur de la commune III. « Maintenant c’est à l’enquête de déterminer les responsabilités et de faire toute la lumière sur l’affaire, nous, nous n’avons rien à cacher et nous fournirons toutes les informations dès que le procureur nous le demandera »  assure notre interlocuteur. Pour l’heure, avant les conclusions de la procédure en cours, la population de Bamako-Coura ne décolère pas.  Un sentiment de fortes inimitiés à l’égard des policiers animent une partie des jeunes du quartier. « Ils ne sont plus les bienvenus ici » s’esclaffait l’un d’eux ce matin. En dépit de ce sentiment qui les anime, ses proches ne demandent qu’une chose: la justice.