Politique : les exilés de la transition

La Cour suprême du Mali a lancé le 25 juillet 2022 un mandat d’arrêt international, rendu public le 28 juillet, à l’encontre des anciens ministres Boubou Cissé, Tiéman Hubert Coulibaly et Mamadou Igor Diarra et de l’ancien PDG de la BMS, Babaly Bah. Un nouvel épisode qui s’inscrit dans la démarche de la lutte contre la corruption des autorités de la transition, semble cibler d’anciens responsables du régime déchu d’Ibrahim Boubacar Keïta. Comme d’autres avant elles, ces personnalités se retrouvent à l’extérieur du pays, doutant de l’impartialité de la justice malienne.

Le bruit courait depuis des jours. Il a fini par se confirmer en fin de semaine dernière. Boubou Cissé et Mamadou Igor Diarra, tous deux ex-ministre de l’Économie et des finances, Tiéman Hubert Coulibaly, ex-ministre de la Défense nationale, et Babaly Bah, ancien Président directeur général de la BMS-SA, font l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé à leur encontre pour « crimes de faux et d’usage de faux, d’atteinte aux biens publics et de complicité de ces infractions », a informé le 28 juillet dans un communiqué Mamadou Timbo, Procureur général de la Cour suprême. Ce mandat d’arrêt, a-t-il précisé, fait suite à l’ouverture par la Chambre d’instruction de la Cour suprême d’une information judiciaire sur des faits « liés à l’affaire du marché public dit Paramount, lequel marché public s’inscrit dans la mise en œuvre de la Loi d’orientation et de programmation militaire, ainsi que la Loi de programmation pour la sécurité intérieure ».

Des « Marauders » manquants

 L’affaire remonte à octobre 2015. Tiéman Hubert Coulibaly et Mamadou Igor Diarra, respectivement ministres de la Défense et de l’Économie, signent au nom du gouvernement avec le groupe sud-africain Paramount, spécialisé dans l’industrie de véhicules blindés et aéronefs, un accord d’un montant de plus de 59 millions de dollars portant sur l’acquisition de 36 véhicules blindés type « Marauders », la mise en état de deux petits avions de l’armée de l’air, la fourniture de matériels de rechange et la formation des pilotes et des chauffeurs des blindés.

Les modalités de paiement du contrat étaient, selon une source proche du dossier, une avance de 20% à la signature du contrat, puis les 80% restants payables sur les 3 années suivantes (2016, 2017 et 2018). Sauf que, malgré le paiement du premier acompte via un compte dédié à la BMS en décembre 2015 (11,8 millions USD), aucun véhicule n’a été livré comme prévu.

Cela a poussé Boubou Cissé, successeur de Mamadou Igor Diarra à la tête du département des Finances en janvier 2016, à refuser de s’acquitter de la 1ère des trois autres échéances prévues au contrat. Selon un cadre du département, « le contrat comportait plusieurs irrégularités, à commencer par le fait qu’il était libellé en dollars américains au lieu de francs CFA », ce qu’exige le code des marchés publics pour éviter les pertes de change, et que « les paiements étaient échelonnés sur 3 ans à travers l’émission de trois billets à ordre », un instrument financier non reconnu par la comptabilité publique malienne.

En octobre 2016, Boubou Cissé et Abdoulaye Idrissa Maïga, nouveau ministre de la Défense, décident d’envoyer une mission d’inspection en Afrique du Sud, à l’issue de laquelle le contrat qui lie l’État malien et Paramount a été modifié, avec un libellé en francs CFA (35,5 milliards) et la méthode de paiement modifiée. Mais ce n’est qu’en 2019, après plusieurs sommations, que le gouvernement malien, alors dirigé par Boubou Cissé, obtient finalement la livraison de 8 véhicules blindés « Marauder », grâce à l’entremise des Émirats arabes unis. Quant aux volets formation, fourniture de pièces de rechange et remise en état des deux avions, ils auraient été correctement exécutés.

Réactions en chaîne

 Quelques jours après l’officialisation du mandat d’arrêt international à leur encontre, parmi les personnalités visées, les 3 anciens ministres ont réagi. D’abord l’ancien Premier ministre, suivi de ses deux anciens collègues. « … Contrairement à ce que veulent faire croire les personnes qui ont été chargées d’instruire ce dossier, en aucun cas je n’ai posé un acte illégal dans l’exercice de mes fonctions et d’ailleurs, au moment de la conclusion de ce marché, en octobre 2015, j’étais en charge du ministère des Mines, donc étranger à la conclusion de ce marché », a-t-il déclaré, dans un communiqué publié le 1er août. « En tout état de cause, lorsque j’ai eu le privilège et l’honneur d’être ministre, puis Premier ministre de notre pays, j’ai agi au service de l’État, dans le souci de l’intérêt général, du respect des contrats signés avec nos fournisseurs, de la préservation du bien public et de notre Nation », a ajouté l’ancien Chef de gouvernement.

Son prédécesseur au ministère de l’Économie et des Finances, Mamadou Igor Diarra, confirme avoir été le signataire du contrat, précisant dans son communiqué « qu’une fois que ce marché avec Paramount Ltd a été soumis par le ministère de la Défense et des Anciens combattants, il a fait l’objet de plusieurs vérifications préalables par les services techniques dédiés et j’en ai personnellement demandé la modification sur trois points techniques afin de mieux préserver le intérêts de l’État du Mali. Ainsi, mon rôle purement administratif et prescrit par les textes en vigueur au Mali s’est arrêté là, fin décembre 2015 ».

L’ex-candidat à la présidentielle de 2018, passé de directeur général de la Bank Of Africa Sénégal au poste de directeur régional UEMOA puis Afrique centrale en avril dernier, réside depuis au Congo Brazzaville, mais semble vouloir collaborer avec la justice malienne, à en croire son communiqué : « Lors de mon dernier séjour au Mali, venu enterrer ma défunte mère en mars 2022, je me suis spontanément rendu auprès  de certaines autorités, afin de leur notifier ma disponibilité pour des éclaircissements sur tout dossier sur lequel je disposais d’informations et/ou qui ont pu relever de mes attributions de l’époque ».

Même son de cloche chez l’ancien ministre de la Défense nationale, Tiéman Hubert Coulibaly, qui affirme dans un communiqué non daté, n’avoir agi « que dans le cadre de prérogatives claires » définies pour la mission qui lui était confiée et « pour assurer la meilleure préparation opérationnelle de nos forces face au défi sécuritaire ». Il ajoute que « si la justice malienne devait rechercher à situer ma responsabilité dans le cadre d’une quelconque information judiciaire, elle a la latitude de procéder au moyen d’une commission rogatoire à laquelle je m’engage à répondre prestement ».

Mandats « politiques » ?

Si la poursuite en soi de ces dignitaires du régime déchu suscite déjà certaines interrogations dans l’opinion publique, les motivations réelles et le moment choisi, à l’entame de la dernière phase de la transition, se prêtent encore plus aux interprétations diverses.

« Ces mandats s’inscrivent dans une logique de concrétisation des recommandations des ANR. On sait qu’elles ont fortement recommandé la lutte contre l’impunité, la corruption, les malversations financières. Je me dis que les autorités de la Transition, qui sont actuellement engagées dans une bataille de refondation, sont en train d’aller dans ce sens », soutient l’analyste politique Ballan Diakité. « Toutefois, il y a quand même lieu de craindre que ces mandats ne soient la manifestation d’une volonté politique contre les anciens dignitaires du régime d’IBK. La justice doit faire son travail dans la neutralité, l’indépendance et dans la transparence à tous les niveaux pour que la vérité judiciaire triomphe », poursuit-il.

L’ancien Premier ministre Boubou Cissé a d’ailleurs alerté en ce sens, craignant une instrumentalisation de la justice pour  « détourner l’opinion publique nationale des vrais enjeux du moment en matière sécuritaire, sociale et économique ».

L’avocat Cheick Oumar Konaré membre de la commission de rédaction de la nouvelle Constitution, pour sa part, même s’il soutient que la justice est libre de lancer un mandat d’arrêt contre qui elle veut, avance que celui-ci aura des difficultés à être exécuté. « Nous sommes sous un régime militaire et, par définition, les autres pays ne nous considèrent pas comme une démocratie. Par conséquent, il est difficile d’exécuter ces mandats d’arrêts, d’autant plus que ceux qui sont visés sont pour la plupart des hommes politiques. On va considérer à l’étranger que ces mandats sont des mandats politiques », pense l’avocat.

 L’URD impactée

Mamadou Igor Diarra, 27ème Vice-président, et Boubou Cissé, Secrétaire aux affaires économiques de la section de Djenné, ont adhéré au parti à la poignée de mains, l’URD, respectivement en mars et juin 2021, avec des ambitions de candidature pour le compte du parti à la prochaine élection présidentielle devant conclure la transition.

Mais avec les poursuites judiciaires les impliquant, leur avenir politique au sein du parti de feu Soumaila Cissé, pourraient être compromises, même si jusqu’à preuve du contraire, ces deux personnalités ainsi que toutes les autres visées bénéficient de la présomption d’innocence.

Au sein du parti, déjà en proie à une bataille judiciaire pour son contrôle, le clan opposé à la candidature de l’un ou l’autre de ces anciens ministres et nouveaux adhérents, se réjouit, selon une source interne, de la tournure des évènements à l’encontre de leurs « adversaires ». Au même moment, les soutiens de Boubou Cissé et de Mamadou Igor Diarra, convaincus du « dessein politique » derrière les poursuites judiciaires de leurs leaders, se disent « très consternés », comme l’atteste la réaction de la section de Djenné, qui soutient Boubou Cissé, ou encore du Collectif des associations et groupements de la région de Mopti, qui avait œuvré à faire de ce dernier un citoyen d’honneur de la ville de Mopti en 2021. Dans un communiqué publié le 2 aout, il « invite les autorités de la transition à la retenue et au discernement à l’endroit de tous les dignes fils de ce pays qui se sont battus avec amour et dévotion afin de le faire avancer ».

« Nous sommes obligés de chercher d’autres candidats pour remplacer ces personnalités sous mandat d’arrêt, qui sont pour l’instant exclues de la course à la candidature du parti », reconnait, contrarié par cette nouvelle donne, un responsable communal de l’URD, proche du camp du nouveau président du parti, le contesté Gouagnon Coulibaly. « Le parti doit quand même pouvoir trouver à l’interne d’autres candidats, si à l’approche des échéances électorales les personnalités visées ne sont toujours pas rentrées. Je pense qu’à ce niveau il n’y a pas de grands risques », relève aussi pour sa part Ballan Diakité. Pour l’analyste, les conséquences pour l’URD pourraient plutôt se situer au niveau du financement, Boubou Cissé et Mamadou Igor Diarra étant « potentiellement des bailleurs de fonds pour le parti » dans l’optique des futures échéances électorales.

D’autres politiques « introuvables »

Les affaires divergent, mais ont toutes un point commun : les personnes présumées impliquées ont trouvé refuge hors du pays ou y vivent cachées. Début avril, Oumar Mariko, président de SADI, a été convoqué à la gendarmerie après que, selon son parti, son domicile ait été encerclé deux jours plus tôt par des hommes armés suite à des propos sur l’armée jugés critiques.

Depuis, Dr. Mariko est introuvable. Alors qu’on le croyait en « fuite » hors du Mali, l’ancien député avait fait une sortie médiatique quelques jours plus tard depuis le lieu où il s’était réfugié, affirmant qu’il était toujours sur le territoire malien.

Quant au fils de l’ancien Président feu IBK, Karim Keïta, en exil depuis la chute de son père en août 2020, il est visé par un mandat d’arrêt international depuis juillet 2021, dans l’affaire de la disparition du journaliste du « Sphinx », Birama Touré. Un mandat lancé à son encontre par le juge d’instruction du Tribunal de grande instance de la Commune IV du District de Bamako, mais qui, selon des proches du dossier, ne semble pas avoir encore fait l’objet d’une notice rouge d’Interpole. L’ancien Président de la Commission défense de l’Assemblée nationale se trouve en Côte d’Ivoire, ainsi que quelques-unes des autres personnalités visées par la justice sous la transition. Ce qui n’écarterait pas, selon certaines rumeurs, l’hypothèse d’une demande d’« échange » avec Bamako, en contrepartie de la libération des 49 militaires ivoiriens arrêtés le 10 juillet à l’aéroport Président Modibo Keïta.

 

URD : un an après la disparition de Soumaïla Cissé, l’unité fragilisée

Le 25 décembre 2020, l’URD perdait son Président, Soumaïla Cissé. Un an après, le parti, déchiré par des guerres de positionnement, peine toujours à lui trouver un successeur. Et l’unité et la cohésion au sein de la formation politique de l’ancien Chef de file de l’opposition en souffrent.

Le 18 décembre dernier, la famille de Soumaïla Cissé lançait une fondation à son nom. La structure caritative, qui va soutenir l’accès à l’eau et l’excellence, a été créée pour entretenir la mémoire de l’homme politique. Cependant, elle ne suffira pas à rappeler des valeurs importantes pour Soumaïla Cissé, l’unité et la cohésion qu’il incarnait au sein de l’URD, envolées après son décès.

Aujourd’hui, le parti bouillonne sur deux choix, celui du candidat à la présidentielle et celui du successeur du défunt président.

Pour la présidentielle, une dizaine de candidatures, toutes portées par leurs « clans », ont été enregistrées par le Secrétariat général de la formation politique. « Un candidat s’est retiré de la course pour préserver l’esprit de cohésion », nous a dit une source.

En outre, une grande majorité des cadres de l’URD demande la tenue d’un Congrès extraordinaire afin d’élire un nouveau président. Certains membres, proches de l’ex-Premier ministre Boubou Cissé, se sont même regroupés en « Collectif pour la sauvegarde de l’URD (CPS-URD) » qui exige, à travers une pétition, la tenue d’un congrès extraordinaire avant toute désignation du futur porte-étendard du parti à la prochaine présidentielle. L’ex-Premier ministre d’IBK a officiellement rejoint le parti en juin 2021 en tant que secrétaire aux questions économiques de la section URD de Djenné. 

Selon une source, seul Me Demba Traoré, également en lice pour être candidat à la présidentielle, serait du côté du Pr. Salikou Sanogo, le 1er Vice-président, qui assure l’intérim. Selon certaines sources, la famille de Soumaila Cissé, qui se tenait à l’écart au début, est en train de se manifester. Sa veuve soutiendrait Me Demba Traoré, qui a rejoint l’URD en 2007 après avoir quitté le CNID dont il fut député et verrait en lui le successeur de son défunt époux, ce qui n’est pas du goût de beaucoup. Selon eux, choisir l’avocat serait synonyme de défaite future.

Contrôle du parti

Pour le Secrétaire général de l’URD, ces bisbilles sont normales au regard du vide laissé par le décès du Président. « Après le départ d’un homme comme Soumaila, il est tout à fait normal qu’il y ait de tels soubresauts, que nous sommes justement en train de gérer au mieux pour préserver le parti », explique Daouda Touré. « Tout le monde s’attendait à ce que ce soit difficile. Chacun pense que c’est son tour, les ambitions émergent», renchérit Houssey N’douré, un proche de la famille de Soumaïla Cissé.

Cependant, le Secrétaire général n’écarte pas « des velléités de contrôle du parti » de la part de certains membres et exclut toute idée de Congrès extraordinaire. « Il y a des camarades qui veulent ce Congrès extraordinaire pour élire quelqu’un à la tête du parti. Nous avons 27 Vice-présidents pour cette transition, pas besoin d’élire quelqu’un. La priorité, c’est le choix du candidat de l’URD pour la présidentielle à venir. Y ajouter un problème de succession à la tête du parti participe vraiment de l’aggravation de la situation ».

Le 1er Vice-président, Salikou Sanogo, appelle à l’unité et se veut confiant quant à l’issue de la situation. « Si nous perdons l’unité, nous perdrons tout. Aujourd’hui, l’esprit d’unité avance. Continuons à le cultiver. Nous sommes tous des héritiers de Soumaïla Cissé et, si Dieu le veut, le parti va avancer ».

Mopti : L’URD prône l’union lors de sa conférence régionale

L’Union pour la République et la démocratie (URD) a tenu, samedi 7 août, sa conférence régionale de Mopti. Les militants ont rendu hommage à Soumaïla Cissé et appelé à plus d’union face à la polémique qui sévit dans le parti quant au nom du futur candidat à l’élection présidentielle.

Après la brutale disparition de Soumaïla Cissé, qui sera le futur porte-étendard de l’URD à la présidentielle de 2022 ? C’est la question qui taraude tous les esprits et qui a fait installer un semblant climat de discorde et de polémique à l’URD. Les récentes adhésions au parti de Boubou Cissé ainsi que de Mamadou Igor Diarra font planer la suspicion d’une probable candidature de l’un des deux à la présidentielle prochaine, mal perçue par certains qui voudrait voir un  militant de la première heure porter les couleurs du parti. Et c’est face à cette polémique que les cadres du parti ont tous appelé à l’union à Mopti lors de la conférence régionale afin de resserrer les rangs pour les élections générales à venir. « Je me dois de vous dire qu’un débat anachronique s’est installé autour du candidat prochain du parti à la présidentielle. Nous regrettons les propos désobligeants dont ont été victimes certains sur de simples insinuations et de procès d’intention. Des propos condamnables. C’est l’occasion de vous informer qu’au sein de l’URD, les textes du parti encadrent parfaitement la procédure de désignation de candidature à la présidentielle et qu’à cet instant précis, le processus n’a pas encore été enclenché. Arrêtons les  polémiques vaines. L’intérêt de chaque militant dépend de l’unité du parti », a conseillé le Pr.Salikou Sanogo.

Le vice-président du parti a également rendu hommage à Soumaïla Cissé et rappelé une de ces citations invitant à la cohésion au sein du parti. « De beaux jours sont devant nous à condition que nous sachions préserver les acquis. Permettez-moi de vous rappeler ce propos de Soumaïla Cissé qui semble s’adresser à nous aujourd’hui. « N’ayons aucun doute sur le fait que l’attraction actuelle pour notre parti vient de l’image d’union avec laquelle il rayonne aux yeux des populations. Si nous perdons cet appel, nous perdrons et nous ferons perdre les Maliens. S’il vous plaît, arrêtons les polémiques vaines. Faisons en sorte que chaque militante et chaque militant sache que son propre avenir dépend de l’unité du parti. Combattons la discorde comme un mal commun, qui  viendrait décimer la maison commune », a-t-il poursuivi.

Boubou Cissé acclamé

La salle de spectacle Sory Bamba a acclamé Boubou Cissé présent à la conférence régionale. L’ancien Premier ministre, qui a adhéré au parti à la section de Djenné, a été distingué citoyen d’honneur de la commune urbaine de Mopti. « Merci Boubou Cissé d’avoir choisi le parti de ta famille, l’URD. Bienvenue chez toi camarade secrétaire chargé des questions économiques de Djenné », a félicité Amadou Cissé, président de la fédération régionale URD de Mopti.

Boubou Cissé qui a rendu hommage à Soumaïla Cissé a également appelé à l’union et à la cohésion. « En ce jour important de notre fédération et de notre parti, je veux penser à nos défunts. J’ai une pensée toute particulière pour Soumaïla Cissé. Je rends hommage à l’illustre disparu, à l’âme qu’il a donnée au parti et au leadership qu’il a incarné au sein de l’URD. Durant des années, Soumaïla a travaillé à vivifier cette union, il l’a dynamisée et a veillé à ce que chaque militant incarne l’union pour la République et la démocratie », a t-il rappelé.

L’ancien cadre de la Banque mondiale a aussi expliqué aux militants la cause de son adhésion à l’URD. « L’URD est un parti politique où on peut discuter. En outre, sa philosophie et ses directives politiques s’accordent avec mes convictions. C’est aussi un parti politique où militent des hommes et des femmes dont je suis proche, à commencer par son fondateur Soumaïla Cissé, il m’a conseillé et même parfois grondé, mais toujours avec bienveillance. Il y a aussi des membres de ma famille qui sont des militants de premières heures. L’URD est enfin un parti d’ouverture et d’engagement. Voilà quelques raisons qui m’ont poussé à adhérer à l’URD, ma famille politique, ma famille tout court. L’URD est une chance pour le Mali », a-t-il expliqué.

Selon nos informations, un travail de de conciliation est en cours afin de mettre les militants d’accord sur le nom du futur candidat de l’URD à la présidentielle.

Kayes: Boubou Cissé au coeur de l’action sociale à Dramané

L’ancien premier ministre a chaleureusement  été accueilli du jeudi 29 au vendredi 30 juillet dans ce village situé dans la commune rurale de Kéméné-Tambo, dans la région de Kayes. La population de Dramané a exprimé toute sa reconnaissance au Dr. Boubou Cissé d’avoir doté la grande mosquée du village en eau potable ainsi qu’une quarantaine de familles.  

« Cissé ! Cissé ! Cissé ! », ont scandé, en bon accent soninké, les femmes de Dramané pour accueillir Boubou Cissé. Visé par une supposée affaire « d’atteinte à la sûreté de l’Etat », l’ancien premier ministre n’avait pas pu participer à l’inauguration de la grande mosquée du village le 12 février dernier. Après confirmation de l’abandon des charges par la Cour suprême le 19 avril passé, Boubou Cissé décide de rattraper le temps perdu en se rendant à Dramané où il a eu droit à une visite guidée de la nouvelle mosquée avant d’y tenir la grande prière du vendredi. « Je suis comblé de joie d’avoir fait la prière de ce vendredi avec Boubou Cissé.  Le grand château d’eau que vous voyez, qui alimente la mosquée en eau potable ainsi qu’une quarantaine de familles n’a été possible qu’avec le concours de l’ancien premier ministre. Cela est vraiment un apport capital pour Dramané. Il l’a fait pour Dieu car c’est un musulman et non pour des velléités politiques », témoigne Béchir Oumar Dramé, président  de l’Association des ressortissants de Dramané à Bamako.

 

Les autorités coutumières du village ont témoigné leur reconnaissance à l’ancien cadre de la Banque mondiale avant de lui faire des  bénédictions pour lui. « Nous ne sommes pas à Bamako, mais nos enfants y sont. Et les nouvelles qu’ils nous apportent sur Boubou Cissé ne sont jamais mauvaises. De 1960 à aujourd’hui, après ce que vous avez réalisé ici, Boubou Cissé, puis venir voir les bénéficiaires, personne ne l’avait fait. Tu auras tout ce dont tu demandes ici à Dramané », a déclaré le chef de village, Mamadou Inomo Dramé,

La jeunesse du village a organisé un match de football en l’honneur  du Dr. Boubou Cissé pour témoigner toute leur reconnaissance.

Avant Dramané, l’ancien premier ministre, fort d’une grande délégation, a rendu visite, mercredi 28 juillet, au Chérif de Nioro qui lui a souhaité plein succès pour la vie politique qu’il s’apprête à embrasser.

Boubacar Diallo

Mali – Boubou Cissé : libre de sauter dans l’arène politique

Soupçonné de « nourrir des ambitions présidentielles » et d’être le cerveau d’un présumé coup d’État, l’ancien Premier ministre Boubou Cissé était poursuivi, aux côtés d’autres personnalités, depuis décembre 2020 pour « atteinte à la sureté de l’État ». La Cour suprême a rejeté, le lundi 19 avril, le pourvoi en cassation du Procureur général pour le maintien des charges et confirmé l’abandon des poursuites. Cette séquence refermée, les rumeurs sur une possible candidature de l’intéressé à la prochaine présidentielle vont de plus belle. L’ancien Premier ministre n’a pour l’heure rien laissé filtré de ses intentions, va-t-il maintenant se dévoiler, étant désormais libre de le faire ? 

 « Il semblerait que je sois devenu malgré moi une menace politique », déclarait Boubou Cissé à un média français début janvier. L’ancien Premier ministre voyait en l’affaire « d’atteinte à la sûreté de l’État » le visant « une cabale contre sa personne ». Son avocat, Me Kassoum Tapo, est allé plus loin le 8 janvier dernier, lors d’une conférence de presse, en disant « ce qui se passe est un complot contre Boubou Cissé, pour l’empêcher d’être candidat à la présidentielle prochaine ». Depuis, l’espace médiatique malien ne cesse de se demander ce qu’il en sera. « Un homme politique reste un homme politique. Il a occupé l’un des postes les plus élevés au Mali, celui de Premier ministre, avec le portefeuille de l’Économie et des Finances. Cela lui a permis d’engranger une grande expérience en termes de connaissance de l’administration publique et de la gestion du gouvernement. À ce niveau, il ne serait pas étonnant qu’un tel homme puisse prétendre à la présidence. Donc, en regardant son parcours, on peut évidemment soupçonner des intentions politiques », explique Ballan Diakité, politologue.

 Soutien de l’URD ? L’avocat de Boubou Cissé, Me Kassoum Tapo, a lancé le 4 avril le « Mouvement pour la Refondation du Mali » (MOREMA), composé de partis politiques et d’associations. Plusieurs soupçonnent derrière ce regroupement l’ombre de l’ancien Premier ministre. En outre, une éventuelle candidature soutenue par l’Union pour la République et la Démocratie (URD), où Boubou Cissé possède des soutiens, est souvent évoquée. Vraiment imaginable ? « En politique, tout est imaginable. C’est ce qui fait en même temps sa beauté et son caractère froid. On ne peut prendre cette information que d’une seule main pour le moment. Quoi qu’il en soit, l’URD reste un grand parti. Et aujourd’hui on sait que le décès de Soumaïla Cissé laisse ce parti un peu orphelin. Donc, aujourd’hui, ils sont à la recherche d’une personnalité charismatique. Et je pense que Boubou Cissé peut effectivement répondre à ce critère-là au niveau de l’URD », ajoute Ballan Diakité. Selon d’autres observateurs du landerneau politique malien, certains cadres de l’ADEMA et du RPM pourraient rejoindre une grande plateforme de soutien à l’ancien Premier ministre, qui serait déjà en gestation.

 Des atouts Boubou Cissé est un économiste formé en France, ancien de la Banque mondiale où il a officié au Nigeria et au Niger. Son parcours dans les hautes sphères de l’État malien entre 2013 et 2020 lui a notamment permis de développer un réseau de relations au sein de la communauté des bailleurs de fonds, qui « apprécie sa rigueur », selon un ambassadeur de la place, mais aussi de cultiver des amitiés haut placées dans plusieurs pays de la sous région. Un atout non négligeable pour qui veut financer une campagne électorale. S’il est vrai que le dernier chef du gouvernement d’IBK nourrit une ambition présidentielle, l’épisode de la « déstabilisation des institutions » peut le servir, « le faisant apparaitre auprès des Maliens comme une victime des militaires au pouvoir ».

 Toujours est-il que si Boubou Cissé se déclare, il devra affronter, outre d’autres anciens Premiers ministres, les accusations de ses adversaires sur son rôle présumé lors de la répression des 10 et 11 juillet 2020,

Mali-Affaire dite de complot contre l’État : Le parquet s’oppose à la libération des accusés

 

Le procureur général du parquet s’est opposé, mardi 2 mars, à l’annulation de la procédure et la levée du mandat de dépôt prononcée par la Chambre d’accusation de la cour d’appel de Bamako contre l’ex Premier ministre Boubou Cissé, l’activiste Ras Bath et cinq autres personnalités écrouées  pour « complot contre l’Etat ».  Cette décision résulte du droit de pourvoi en cassation du parquet. Le dossier sera transmis au niveau de la chambre criminelle de la cour suprême à qui reviendra le dernier mot.

Avec Studio Tamani

Atteinte à la sûreté de l’Etat : les avocats des accusés s’expliquent

« C’est la première fois de ma carrière que j’ai connaissance d’un tel dossier. C’est scandaleux ! Demain, ce sont les droits des Maliens même qui sont menacés », s’étonne Marcel Ceccaldi, conseil  de Dr. Boubou Cissé, comme pour évoquer la faiblesse des éléments retenus contre son client.  Tous les avocats des autres personnes accusées dans le dossier sont dans cette logique. Ils s’insurgent contre une « enquête initiée par la sécurité d’Etat dont personne n’a vu le contenu », et qui, à leur dire, s’apparente à une tentative d’écartement et d’isolement de toute personne susceptible de peser lors de la présidentielle prochaine. « Le lien entre Sékou Traoré (désormais ex secrétaire général de la présidence)  est sa position pour la présidentielle prochaine. Les deux ont collaboré dans le temps. Et on suppose que Sékou Traoré pourrait pencher la balance en faveur de l’ancien Premier ministre. Donc il faut le faire dégager », soutient Me Abdourahamane Touré, conseil de Sékou Traoré.   « L’auteur principal de ce complot serait le Dr. Boubou Cissé selon le réquisitoire du  procureur, qui nourrit des ambitions présidentielles.  Cela est peut-être un crime, je ne sais pas. Boubou Cissé n’a jamais été convoqué par la justice. Nous avons demandé à la sécurité d’Etat s’ils sont responsables de la décente armée à son domicile. Elle a répondu non. Boubou Cissé est aujourd’hui en sécurité. Il n’a pas fui et ne se trouve dans aucune ambassade. Ce qui se passe aujourd’hui est plutôt un complot contre Boubou Cissé pour l’empêcher d’être candidat à la présidentielle prochaine  », poursuit Me Kassoum Tapo, conseil de Boubou Cissé. Il explique qu’ « aucune des personnes accusées ne se sont rencontrées  dans un passé récent. »

Me Mamadou Traoré, conseil du chroniqueur Ras Bath, a fait état de tortures morales et physiques  qu’aurait subi son client. «  On lui a fait faire des exercices physiques, des pompes au-delà de 300 ».

L’ancien Premier ministre Boubou Cissé, Mamadou koné, trésorier payeur général, Vital Robert Diop, directeur général de la société PMU Mali, Souleymane Kansaye, receveur général du district, Sékou Traoré, Youssouf Mohamed Bathily alias ras Bath et Aguibou Tall, directeur général adjoint de l’Agence de gestion du fonds d’accès universel et frère de l’ancien Premier ministre sont les personnes accusées dans l’affaire.

Leurs avocats ont déclaré avoir introduit une demande de remise en liberté qui a été rejetée.

Le Premier Ministre dans la région de Mopti

Le Premier ministre, Boubou Cissé, a entamé depuis ce jeudi une visite  de cinq jours en 5ème région qui le conduira  successivement à Mopti, Youwarou, Ténenkou, Kémacina et Djenné.

Le Premier Ministre, Boubou Cissé est attendu,  à Ténenkou, où il aura des entretiens avec les autorités administratives, politiques, les représentants de la société civile et des communautés.

L’information a été  donnée mardi à Ténenkou, par l’adjoint du préfet de Cercle, Ibrahim Koïta, au cours d’une réunion à laquelle ont pris part les sous préfets de Diondiori, de Kareri, de Togoro Kotya, de Toguéré Coumbé, les élus locaux, les autorités traditionnelles, les responsables des services techniques et les représentants de la société civile.

Les populations entendent échanger avec le Premier Ministre sur plusieurs sujets dont, entre autres, l’enclavement du cercle, l’accès à la connexion internet 3G, la circulation des motos, l’emploi des jeunes, l’accompagnement des femmes et les questions de sécurité et de santé.

Gouvernement : Autopsie d’une équipe hétérogène

La liste du gouvernement de large ouverture a été révélée le dimanche 5 mai, après plus de dix jours d’attente. C’est une équipe de 38 ministres, avec des figures politiques de l’opposition et de la majorité. Revue des troupes.

Au bout de l’attente, un gouvernement de 38 ministres, après d’intenses concertations ayant abouti à un accord politique. Dans cette équipe, des personnalités jusque-là opposées au pouvoir et des figures qui ont déjà fait leurs preuves. Si certains ont été reconduits, il y a plusieurs entrées. Certains ministères ont tout simplement changé d’appellation, alors que le Premier ministre cumule son poste avec l’Économie et les finances, avec une ministre déléguée au Budget. « Il y a dans ce gouvernement des hommes et femmes valables de par leur passé, comme le ministre de la Justice et d’autres », note Dr Aly Tounkara, sociologue et professeur à la faculté des Sciences humaines et des sciences de l’éducation. Il note aussi la présence de certains ministres à qui sont « reprochées certaines pratiques à un moment donné, même si elles n’ont pas été prouvées par un travail judicaire ». Deux secrétariats d’État sont les nouveautés quelque peu inédites de ce gouvernement. Un auprès du ministre de l’Éducation nationale, chargé de la Promotion et de l’intégration de l’enseignement bilingue, et l’autre auprès du ministère de l’Agriculture.

Prises de guerre ?

Pour mener à bien les réformes nécessaires à l’évolution de l’histoire démocratique du pays, le choix des certains hommes de l’opposition a aussi primé. L’effervescent  Président du Parena, Tiebilé Dramé se retrouve aux Affaires étrangères, alors que son camarade du Front pour la sauvegarde de la démocratie FSD, Pr Oumar Hamadoun Dicko, prend le portefeuille du Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique. L’autre entrée de taille est celle de l’Honorable Amadou Thiam, à qui revient le ministère des Réformes institutionnelles et des relations avec la société civile. Dans un pays en proie à l’insécurité et à une opaque distribution de la justice, la venue du général de division Ibrahim Dahirou Dembelé à la tête du département de la Défense et celle de Me Malick Coulibaly au ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des sceaux, soulagent certains observateurs. Pour le politologue Ballan Diakité, le Premier ministre Boubou Cissé « aurait pu mettre en place un gouvernement de technocrates. Des hommes avec un programme et une feuille de route à mettre à exécution au bout de deux ou trois ans, pour ensuite évaluer les résultats de leur travail ».

Boubou Cissé : Un choix, des messages

Le Président  de la République a nommé par décret, le 22 avril, Dr Boubou Cissé Premier ministre, suite à la démission forcée de Soumeylou Boubeye Maiga. Ex-ministre de l’Économie et des finances, le nouveau chef du gouvernement  devra fédérer autour de lui pour imprimer sa marque et faire  face aux défis urgents.

« Je ne suis pas un Messie, mais je suis et serai un serviteur de l’État au service du gouvernement, un serviteur de l’État au service du peuple », déclarait le tout nouveau premier ministre malien, Dr Boubou Cissé. C’était le 23 avril, lors de la passation de service à la Primature avec son prédécesseur Soumeylou Boubeye Maiga. À 45 ans, ce jeune  économiste de formation se voit confier la responsabilité de former « un gouvernement de large ouverture ».

Natif de Bamako, Dr Boubou Cissé est entré dès 2005 à la Banque mondiale. Il venait d’obtenir quelques mois seulement auparavant son doctorat à l’Université d’Aix-Marseille, en France. C’est au sein de cette institution que le jeune diplômé révélera ses talents dans le domaine économique. Après l’élection du Président Ibrahim Boubacar Keita, en 2013, il est nommé ministre de l’Industrie et des mines. Depuis, il a été maintenu à chaque remaniement de gouvernement, jusqu’à sa nomination à sa tête.

Un choix gagnant ?

Dans le milieu jeune, sa nomination n’est pas beaucoup contestée. Elle en séduit d’ailleurs même certains, qui commencent à croire que ce second mandat est celui de la jeunesse, comme l’avait promis le Président IBK. Alors que les défis ne cessent de croitre, il devient primordial de s’allier avec cette force motrice.

En poste au Niger en 2012, Boubou Cissé accompagne déjà le futur président IBK, en participant à l’élaboration du programme économique du candidat. « Il a travaillé à la Banque mondiale et on sait que c’est lui qui est au cœur des négociations de plusieurs dons que l’institution a effectués au profit du Mali », dit de lui Khalid Dembelé, doctorant, économiste et chercheur au Centre de recherches et d’analyses politiques, économiques et sociales (CRAPES). Selon lui, le nouveau locataire de la Primature était au cœur des négociations dans les grèves des magistrats et plus récemment des enseignants, mais il serait « un novice dans le domaine sécuritaire ».

Alors que le Premier ministre sortant multipliait les déplacements à l’intérieur du pays pour rassurer les populations, la défiance à son égard grandissait dans la capitale. En tête de liste, Dr Boubou Cissé. « Il était le premier choix. Il était même dans les tuyaux depuis un certain temps, déjà juste après Modibo Keita, il était pressenti, mais je pense que ce n’était pas le bon moment pour lui. Le poste était très convoité, en dépit de toutes les difficultés inhérentes, des anciens ministres, des ambassadeurs, des fonctionnaires internationaux, mais Boubou était le premier choix, même si, jusqu’à la dernière minute, ce n’était pas gagné, car certains poussaient la carte Tiéna Coulibaly, ministre de la Justice sortant », confie une source proche de la présidence.

Pour le politologue Boubacar Bocoum, « le problème aujourd’hui ne se pose pas en terme de Premier ministre mais de vision du Président la République lui-même, parce que c’est lui qui instruit au Premier ministre », note-t-il. « Un homme est parti, un autre est arrivé. Je ne vois pas ce qui va changer. C’est la famille », se désespère le politologue.

Malgré tout, bien des éléments ont concouru à le placer au-devant de tous les prétendants. Selon le sociologue Mahamadou Diouara, le Président IBK, par cette nomination envoie plusieurs messages. « La décision du Président est en conformité avec l’orientation qu’il a choisi de donner à son mandat, qu’il place sous le signe de la jeunesse. C’est aussi un message d’équidistance entre la majorité, l’opposition et la société civile. C’est également un message à l’endroit de son parti, qui a combattu tous ses Premiers ministres », analyse le directeur du cabinet Gaaya. « Par cet acte,  IBK refuse d’être le Président du RPM mais plutôt celui du  peuple malien. Le fait aussi qu’il choisisse un économiste à un moment où il y a des revendications d’ordre économique pourrait être une réponse aux problèmes. Et le dernier élément est que le tissu social est dangereusement effrité, surtout dans le centre du pays, et qu’au cœur de ce problème se trouve la communauté peule. Le nommer comme tel est aussi un message pour dire que l’État n’a aucunement l’intention d’encourager ou d’entretenir une action négative à l’endroit  de cette communauté», examine aussi le sociologue, ajoutant « le reste, l’avenir nous le dira ».

Désillusion au RPM

Pourtant, et ce depuis toujours, des caciques du parti présidentiel chérissaient l’idée de s’emparer de ce poste alléchant. Plusieurs d’entre eux espéraient en bout de course y arriver. À la fin du suspense, le RPM se retrouve de nouveau mis sur la touche. « Nous avons certes fait des propositions de noms et certains étaient mitigés sur le choix de Boubou. Il y avait de la frustration et de la déception, mais le président du parti a obtenu qu’un communiqué saluant sa nomination soit publié », notifie un cadre du parti au pouvoir, ajoutant que le nouveau Premier ministre « peut être un bon capitaine, pour peu qu’on lui laisse la latitude de former son équipe et de travailler ».

Ce choix souverain du Président de la République n’a donc pas fait que des heureux au sein de sa famille politique. Toutefois, cette dernière espère obtenir des postes stratégiques au sein du prochain gouvernement. « On sait que le RPM avait jusqu’à cinq propositions, mais aucune n’a été retenue par le Président. Boubou n’est pas du RPM, certes, mais cela fait six ans qu’il est avec la majorité présidentielle. Cela veut dire aussi qu’il fait l’affaire du Président, membre fondateur du RPM », estime Khalid Dembelé. «Ils ont osé rêver, mais la relation qu’ils ont avec IBK aujourd’hui ne permet pas à Dr Treta d’être Premier ministre. IBK n’est plus avec le RPM, en réalité », martèle Boubacar Bocoum.

Quoi qu’il en soit, c’est la fin  dans l’immédiat de certaines illusions. Les divergences de vision ont affecté depuis le début le climat entre le Président et ses compagnons d’antan. Mal compris ou mal aimé ?

« IBK est malheureusement le Président le plus seul du Mali, isolé par son propre parti dès le début son régime. Et tout cela parce qu’il a voulu exprimer, peut-être de façon maladroite, qu’il était le Président du peuple malien et non celui de son parti. Il leur a pourtant donné des chances, mais nous en avons vu les limites avec Abdoulaye Idrissa Maiga et Dr Bocary Treta », diagnostique Mahamadou Diouara. Le sociologue est convaincu « qu’il faut à un moment donné comprendre que la démocratie n’est pas la victoire d’un clan ».

Que de défis !

Dans un pays confronté à l’insécurité au nord et au centre, aux grèves répétitives, à la grogne sociale et économique, les défis ne sont pas des moindres. Être flexible tout en sachant rester ferme sera le pari à gagner pour le nouveau chef du gouvernement. « Il doit d’abord résister à la famille présidentielle, travailler avec l’opposition, dialoguer avec tout le monde et enfin être ferme quand il le faudra », préconise Khalid Dembelé. En attendant la formation de son gouvernement, des voix  avancent que le jeune Premier ministre pourrait marquer l’histoire s’il répond à la grogne sociale. « Il peut faire les choses autrement et rassembler derrière lui toutes les sensibilités. Il peut aussi mettre le parti du Président de la République à l’aise, parce que c’est le parti qui a supporté IBK pendant des années, à des moments durs et qui l’a amené au pouvoir », estime Mahamadou Diouara.

En attendant son gouvernement de large ouverture, le Premier ministre est attendu pour trouver urgemment une issue à la grève des enseignants. Un aspect de l’ensemble qui pourrait acter son envol du bon pied.

Développement des régions du Nord : une stratégie à peaufiner

Le gouvernement souhaite injecter près de 2 000 milliards de francs CFA dans le cadre d’une Stratégie de développement des régions du Nord. Un ambitieux projet dont les contours doivent cependant être définis.

« Hisser les régions du Nord au même niveau que le reste du pays en termes d’indicateurs de développement et ce dans un délai n’excédant pas une période de 10 à 15 ans ». C’est en ces mots que le Dr Boubou Cissé, ministre de l’Economie et des Finances, a analysé la Stratégie de développement des régions du Nord lors de l’ouverture des travaux de l’atelier qui a planché sur la question les 17, 18 et 19 juillet. L’annonce est forte. Pour ce faire, 2 194 milliards de francs CFA devraient être mobilisés pour mener à terme cet ambitieux projet, qui va s’articuler autour de trois axes majeurs : l’amélioration de la gouvernance, l’accès aux services sociaux de base et le renforcement des infrastructures.

« C’est une bonne chose, c’est une thématique importante de l’Accord de paix. Toutes les composantes de l’Accord étaient représentées, pour que l’on soit certain de ne rien omettre » assure Ilad Ag Mohamed, porte-parole de la CMA. Le gouvernement malien s’est engagé à décaisser 100 milliards de francs CFA par an durant trois ans. Pour le reste, l’Etat mise sur l’apport des partenaires techniques et financiers.

« Il faut absolument qu’il y ait une transparence dans le financement. La question est de savoir comment seront injectés ces fonds et quelles seront les procédures. Il ne faut pas confondre les appuis budgétaires aux Etats et ceux qui seront injectés dans ce pourquoi ils ont été sollicités » prévient le Gouverneur de la région de Ménaka, Daouda Maïga.

Sur les ondes de la radio RFI, le premier Vice-Président des autorités intérimaires de Kidal, Abda Ag Kazina, a également émis certaines réserves. « Si on construit une école là où il n’y a pas d’eau… Pour la région de Kidal, transporter de l’eau, c’est un projet de 30 milliards. Ce n’est pas la mer à boire pour un pays ». Il déclare être « fatigué des petits projets de gouvernance » sans réel impact.

Ce ne sont pas les seules épines sur la route de ces projets de développement. « On ne peut mettre en œuvre ces projets sans l’implication effective des autorités locales. Il faut préalablement que les élections régionales se tiennent et que le Président du Conseil consultatif soit élu. La crise est d’abord politique, donc les populations locales doivent se sentir concernées » martèle le porte-parole de l’ex-rébellion.

Quid de l’insécurité ? Rendre effective cette Stratégie de développement du Nord dans des zones non sécurisées relève pour l’heure de l’utopie. Mais, à en croire Ilad Ag Mohamed, la problématique sécuritaire serait relative. « Aucun des acteurs de l’insécurité ne peut s’opposer au fait que de l’eau soit apportée dans les régions. Avec les moyens que nous avons, nous devons imaginer comment faire pour concilier développement et insécurité. Nous allons tout faire pour ».

Une vision partagée par le Gouverneur de Ménaka. « Si nous attendons la fin totale de l’insécurité, le point où on n’entendra plus une seule rafale, nous pouvons attendre 20 ans. Ce n’est pas souhaité » conclut-il.

 

 

Administration : 15 directeurs financiers ont été limogés

Par un communiqué verbal, le ministre de l’économie et des finances, Boubou Cissé, a annoncé l’abrogation du décret de nomination de tous les directeurs des finances et des matériels (DFM) des départements ministériels au cours du conseil des ministres du 22 mars. Puis le conseil des ministres a validé sa proposition.

Selon une source proche du dossier, l’objet principal de ce limogeage est lié à la bonne gestion des ressources financières de l’Etat, qui semble-t-il ne devait pas être si bien géré que ça auparavant. « Cette décision est prise pour faire en sorte que les pratiques sur les ressources financières publiques soient faites dans les bonnes conditions et avec des personnes sereines » soutien cette source.

Dans ce dossier, d’après la même source, il sera de question de remplacer 15 directeurs des finances et des matériels sur 33 par des nouveaux. « Parmi ces nouveaux entrants figureront 6 femmes. Ce qui fera que 8 femmes au total. Les 18 restants seront permutés entre les ministères », précise cette même source.

Le directeur général du centre des œuvres universitaires de Bamako a aussi été relevé de ses fonctions au cours de ce même conseil des ministres.

Le ministre Boubou Cissé va signer, ce jeudi 23, un décret pour la nomination des nouveaux directeurs des finances et des matériels. Dans un bref délai, la liste des nouveaux directeurs entrants et ceux qui vont être permutés fera l’objet d’un communiqué.

 

 

 

 

 

 

470 recrutements au ministère de l’économie, annulés

Le recrutement suspect de quelques 400 agents de la fonction publique pour le compte du ministère de l’Économie et des Finances vient d’être annulé. Après avoir suscité moult remous, la ministre de la Fonction publique et des Relations avec les institutions tente de par cette décision d’éteindre un incendie grandissant.

L’affaire a fait grand bruit. Elle mettait en lumière un énième problème de corruption au sein des instances dirigeantes de l’État. Le mois dernier le ministre de l’Économie et des Finances, Boubou Cissé, avait fait part de son désir de recruter des agents d’appui pour renforcer le personnel contractuel de son ministère. Ces agents devaient être de catégorie D et E, c’est à dire ayant un niveau de 6ème ou 9ème année fondamentale pour prétendre à une éligibilité. Ils devaient être affectés à des postes allant d’aide comptable à standardiste. Par la voie d’un concours, une centaine de personnes ont été embauchées.

Le processus terminé, le ministre avait intimé à son directeur des ressources humaines d’intégrer les nouveaux venus dans les différents services du ministère. Sauf que sur les 470 personnes recrutées, 365 agents ont été affectés à la direction générale de la douane. Ce qui a conduit au renvoi du DRH Moussa Macalou et de son adjoint, par le ministre de l’Économie. Dans une correspondance adressée à la ministre de la Fonction publique, le Dr Cissé avait émis des réserves quant au mécanisme de recrutement : « Je constate un dépassement de 82 agents par rapport à l’expression de besoin formulée par mon département. Suite à ce dépassement, je voudrais, Madame le ministre, vous inviter par la présente à prendre des dispositions à votre niveau pour régler cette anomalie. A titre d’illustration, je signale à votre attention que depuis 2012, il n’y avait pas eu de recrutement pour ces catégories de personne ». Devant ces nombreuses irrégularités, le chef des finances de l’État à demander l’annulation de la décision N° 2016-001035/MEFP-SG du 20 septembre 2016 portant recrutement de ces agents. Sa requête est restée dans un premier temps lettre morte. Finalement, dans le souci d’éviter que l’imbroglio gouvernemental ne perdure, la ministre de la fonction publique à révoqué la décision précitée.

Néanmoins, cette annulation ne contente pas tout le monde. Les déboutés, s’estimant lésés par cette décision envisagent une action en justice.

 

Un Schéma Directeur Informatique pour évaluer la gouvernance économique

Promouvoir « une Gouvernance Electronique performante des Finances Publiques (E-GFP)» est la vision du Schéma Directeur Informatique (SDI) lancé ce jeudi 21 juillet à l’hôtel Radisson Blu par le ministre de l’Economie et des Finances, Boubou Cissé. En 2005 déjà, le ministère des Finances lançait un vaste programme de réforme et de modernisation de la Gestion des finances publiques à travers le Plan d’Action Gouvernemental pour l’Amélioration et la Modernisation de la Gestion des Finances Publiques (PAGAM/GFP), en vue de consolider et d’approfondir la réforme du système de gestion des finances publiques. Ce programme qui avait pour perspective d’évaluer la gouvernance économique et les projets de réduction de la pauvreté afin d’enclencher la relance économique et le développement durable est le résultat d’une suite logique qui a favorisé la mise en oeuvre du SDI.

Présenté comme le seul cadre de référence de l’informatisation intégrée de la gestion des finances publiques pour la période de 2015-2019, le SDI est le fruit d’un travail collaboratif fédéré par la Cellule d’Appui à l’Informatisation des Services Fiscaux et Financiers (CAISFF). Elle repose sur une vision globale du système d’information du département en charge de l’Economie et des Finances sur les nouvelles technologies de l’Information et de la Communication. Selon Mariam Touré, coordinatrice de la CAISFF  sa mise en oeuvre sous-tend l’évolution impérative du fonctionnement et des procédures des différents services du ministère.

Promotion des TIC. L’étude du SDI a intégré l’exigence de conformité avec tous les référentiels en vigueur au Mali, dans le domaine des TIC. Pour Boubou Cissé,  » les TIC doivent être une composante fondamentale de tout programme de développement socio-économique national, sectoriel ou local « . Concernant son département, le ministre assure que les TIC permettront d’augmenter les capacités de développement économique dans tous les secteurs d’activité de production et des services. Le portefeuille des projets contenus dans le SDI s’élève à 30 milliards de Fcfa sur quatre ans.

3 questions à Boubou Cissé, ministre de l’Économie et des finances

Journal du Mali: Le secteur bancaire est un acteur important de l’économie. Comment se passent les relations avec votre département?

Boubou Cissé:Comme vous venez de le dire, le système bancaire est « un acteur important de l’économie », c’est même un acteur majeur de notre économie. Les relations avec mon Département son très fluides, les banques participent activement aux opérations d’émissions de titres publics et assurent leur succès. Ces opérations contribuent à alléger la dette intérieure en désengageant l’Etat auprès des fournisseurs locaux qui sont des clients des banques. Ces fournisseurs en remboursant leurs encours contribuent à l’amélioration de la qualité du portefeuille du système bancaire. En outre, ces opérations d’émissions de titres publics contribuent au financement des infrastructures dont l’économie nationale a besoin pour amorcer son plein décollage. Nous sommes donc dans un partenariat gagnant-gagnant. Vous me donnez l’occasion de remercier encore une fois les dirigeants de ces institutions qui ont toujours répondu positivement chaque fois que l’Etat les a sollicités.

Le taux de bancarisation reste assez faible, malgré que l’offre se densifie chaque année. Existent-il des mesures incitatives ou quelques autres dispositions pour booster l’accès des Maliens aux services bancaires?

Vous avez raison de dire que le taux de bancarisation reste assez faible malgré la densification de l’offre. En effet, ce taux au sens strict tourne autour des 12%. Pour le booster et faciliter l’accès des maliens aux services bancaires, un certain nombre de mesures ou dispositions ont été prises dont les principales se résument comme suit :
· le droit au compte pour toutes les personnes justifiant d’un revenu régulier d’au moins 50 000 FCFA ;
· l’élargissement du réseau bancaire à travers l’ouverture des guichets à Bamako et dans les régions de l’intérieur ;
· la surpression ou la réduction de certaines taxes sur l’importation de Guichets Automatiques de Banque (GAB), de Distributeurs Automatiques de Banques (DAB), etc ;
· le paiement des bourses et aides scolaires par carte bancaire ;
· la suppression des frais de tenue de compte en faveur de la clientèle ;
· la suppression des frais d’ouverture et de clôture de compte.
Je ne saurais clore ce chapitre sans parler de la monnaie électronique qui a contribué, de manière significative, au relèvement du taux d’accès des populations aux services financiers. En effet, avec plus de 5 millions de clients, l’utilisation de la monnaie électronique a porté ce taux d’accès à prés de 50%.

Qu’en est-il du financement du secteur privé? Les banques maliennes jouent-elles leur rôle?

Avec plus de 1 673 milliards de FCFA de crédits consentis en février 2016, les banques jouent leur partition dans le financement de l’économie en général et en particulier celui du secteur privé. Ce montant est certes insuffisant pour couvrir l’ensemble des besoins de financement mais il traduit l’effort du système bancaire dans le financement de notre économie. Toutefois, avec des produits innovants et bien structurés, les banques pourraient davantage améliorer le ratio crédits à l’économie sur le PIB (Produit Intérieur Brut) qui demeure pour notre zone un ratio relativement faible comparé à certains pays notamment ceux du Maghreb (Maroc).

L’Etat vient de faire pour la première fois appel aux marchés financiers pour des investissements d’envergure, à travers l’emprunt obligataire. Où en est cette opération, a-t-elle du succès auprès des banques maliennes?

Cette opération a été un franc succès. En effet, la période de souscription était prévue du 26 avril au 16 mai 2016. Une semaine à peine après le lancement, le montant demandé a été largement dépassé. Ainsi, en raison de l’engouement suscité par l’emprunt en relation avec la confiance en la signature de l’Etat du Mali, nous avons décidé de procéder prématurément à sa clôture, les investisseurs ayant largement souscrit au-delà du montant demandé, soit 119,9 milliards de FCFA contre 65 milliards prévus. Sur le montant définitif retenu, à savoir 100 milliards de FCFA, les banques maliennes ont contribué à hauteur de 51,1 milliards.