Immeubles inachevés : Des mesures de sécurité non respectées

Ce serait un euphémisme de dire que Bamako est en chantier, tant dans la capitale les constructions sortent de terre. « Quand le bâtiment va tout va ! », la célèbre expression ne devrait néanmoins pas faire de l’ombre aux mesures de sécurité réglementaires qui doivent accompagner les différents chantiers. Mais cela ne semble pas être pour aujourd’hui.

Selon Cheick Sadibou Kanté, Président de l’Ordre des architectes du Mali, 70 à 80% des chantiers ne répondent pas aux normes. Constructions empiriques, matériaux non normalisés, non-respect des textes, les carences sont nombreuses et conduisent souvent à des sinistres. En septembre 2019, un bâtiment en construction s’est effondré à Banconi Salembougou, tuant 15 personnes.

Un drame qui a conduit les autorités à s’intéresser de près à la question et à faire une troublante découverte. Devant les tribunaux, aucune suite n’avait été donnée à près d’un millier de procès-verbaux (PV), selon Kanté. Rédigés par des brigades rattachées aux services techniques de l’Habitat, elles sont destinés à la justice, qui seule a le pouvoir de stopper les chantiers non conformes.

Les cas les plus fréquents sont ceux de constructions n’ayant pas fait appel à l’expertise d’un professionnel. « Avant toute délivrance d’un permis de construire, il faut au préalable qu’un architecte agréé réalise un plan de construction qui sera transmis par la suite au maire de la commune concernée par le chantier », explique Cheick Sadibou Kanté.

Un préalable qui n’est pas toujours respecté. Quand il l’est, c’est « simplement pour obtenir le permis de construire », déplore-t-il. Un chantier sans suivi par un professionnel est tout autant dangereux. Notre interlocuteur regrette également que le marché soit inondé de matériaux qui ne sont pas conformes. Pour des raisons de coûts, beaucoup préfèrent se les procurer au détriment de la qualité.

Boubacar Sidiki Haidara

Les grands chantiers

Route Bamako – Koulikoro

Le samedi 31 octobre 2015, le Président de la République, accompagné de membres de son gouvernement, procédait au lancement officiel des travaux d’aménagement en 2 x 2 voies de la route Bamako – Koulikoro (45 km). Ce projet a entre autres pour objectif d’assurer le désenclavement de Koulikoro par un renforcement des liaisons routières avec Bamako et par une possibilité d’accès direct vers les capitales et ports du Sud.

Durement endommagé par les allers-retours qu’effectuent les camions transportant du sable entre Koulikoro et Bamako, un aménagement de ce tronçon s’imposait donc pour la quiétude des usagers. Au-delà, il devrait permettre également de développer les potentialités industrielles de Koulikoro et de redynamiser le trafic fluvial.

Les populations ne pourront que se réjouir à la fin des travaux, prévue pour 2018, qui avanceraient de manière satisfaisante. S’inscrivant dans le cadre du Programme d’infrastructures routières structurantes (PARIS) du gouvernement,  la nouvelle route entend insuffler une nouvelle dynamique et permettre le développement futur de Bamako vers l’est, en déplaçant les sites industriels hors des zones d’habitation, en particulier les industries au stockage à risques.

Par ce projet, le gouvernement malien et son partenaire, la Banque ouest africaine de développement (BOAD), entendent améliorer la sécurité routière et le confort des passagers, leur assurer un gain de temps et contribuer à la diminution du coût des transports en commun.

 2ème pont de Kayes

Censés débuter en novembre 2016, les travaux de construction du deuxième pont de Kayes ont finalement démarré en février 2017. Les populations de la ville peuvent souffler, leur requête a été entendue. C’est donc pour rassurer les Kayésiens, mais aussi dans le cadre de la Politique nationale des transports, des infrastructures de transports et du désenclavement (PNTITD) que la construction de ce deuxième pont a été programmée. L’objectif est de réaliser d’ici 2019 la construction de ce 2ème pont et de ses voies d’accès afin d’améliorer la sécurité, le confort et le cadre de vie des populations.

Les travaux sont répartis en deux volets. Le premier concerne la construction proprement dite du pont, qui sera long de 532 mètres et le second volet est constitué par les travaux d’aménagement des routes d’accès à l’ouvrage. 16 kilomètres de voies seront aménagés pour fluidifier la circulation et accroître les potentialités commerciales de la région.

Ce nouveau pont devrait éviter au premier d’être surchargé par le trafic et lui permettre de faire une cure de jouvence bien méritée. C’est aussi dans le souci d’éviter toute interruption de trafic sur la RN1, un important axe routier par lequel de nombreux véhicules transportant des marchandises venant du Sénégal passent. Cette construction bienvenue y apporte une solution.

 Tronçon routier Léré – Niafunké

Réhabiliter le tronçon Léré – Niafunké pour contribuer à la croissance économique, au renforcement de la cohésion et à la sécurité nationale, telles sont, entre autres, les raisons qui ont motivé ce projet, relancé en décembre 2014 (484 kilomètres), après une interruption du fait de la situation sécuritaire dans la zone. Le développement de cette partie du réseau routier au niveau national va améliorer les performances du secteur du transport. Longue de 121 km, la route Léré – Niafunké est une portion d’un projet de plus grande envergure : la route Tombouctou- Goma Coura. Encore appelée la « route du Sahel », elle doit relier la Région de Tombouctou à celles de Mopti et Ségou par le bitume en offrant toutes les commodités de circulation et de sécurité. Le tout premier lancement des travaux de cette gigantesque infrastructure avait été effectué en novembre 2010, pour un délai d’exécution cumulé d’environ 50 mois pour l’ensemble des travaux.

Le tronçon Léré-Niafunké traverse plusieurs villages dont les plus importants sont Tirna, Diartou, Sambani, Kawinza, Coconto, Farana, Soumpi, Kassoum et Korientze. La réhabilitation de cette route est une partie du projet de réhabilitation de la route Goma Ccoura – Tombouctou. L’entreprise française Sogea-Satom est en charge des travaux et devrait livrer le tronçon après 25 mois de travaux.

 

 

Profession : Bâtisseur de route

Bien souvent, ils ne sont que des casques et des gilets fluorescents que l’on dépasse au ralenti sur les tronçons en chantier. Pendant des mois, ils abandonnent tout pour vivre parfois à des milliers de kilomètres de chez eux, et construire des routes. Qui sont ces professionnels ?

Sur les enseignes en planches à l’entrée des chantiers routiers (Pk0), ce ne sont pas leurs noms qui sont inscrits. Ce sont pourtant eux, ouvriers, conducteurs d’engins, laborantins, mécaniciens, qui travaillent au quotidien à faire sortir une route de là où, quelques semaines auparavant, n’existait qu’une forêt.

Les métiers des bâtisseurs de route sont divers et complexes. Ensemble, ils forment une sorte d’orchestre, qui a besoin des compétences et qualités de chacun de ses membres pour donner des produits de qualité. Dès la fin des études de faisabilité, et même pendant, intervient le géomètre-topographe. Avec des appareils sophistiqués, il fait les mesures et calcule les distances, les surfaces, les niveaux d’altitude du sol, la hauteur des arbres, etc. De son analyse de l’environnement physique, de ses plans et autres courbes de niveau, dépendra le tracé de la route.

L’expert environnementaliste intervient lui aussi pour assurer un impact le plus réduit possible sur la nature, avant, pendant et après les travaux. La composition des matières premières, leur élaboration et le suivi de leur qualité tout au long du chantier sont confiés au laboratoire, où géologues et techniciens de laboratoire officient. Construire les ponts et autres ouvrages d’art requiert également un personnel qualifié, le métier demandant une bonne habileté manuelle et un sens du travail précis et rigoureux.

Eléments essentiels de l’orchestre, les conducteurs d’engins. A eux sont confiées les machines les plus diverses (niveleuses, pelles hydrauliques, chargeuses, compacteurs, finisseurs…) utilisées pour des travaux de terrassement ou de nivellement, puis de construction du bitume.

Tout ce travail se fait sous l’œil vigilant du contrôleur. Ce dernier est un ingénieur, mandaté par un bureau d’études engagé par le client (en général l’Etat), qui s’assure que le prestataire respecte bien le cahier de charges. Issa Traoré est ingénieur de génie civil option BTP, spécialisé en Ponts et chaussées de l’Ecole nationale des ponts et chaussées de Paris (France). « Le contrôle commence dès les préparatifs, les outils de travail, la mise en œuvre et enfin le suivi, à la fin du chantier » explique l’ingénieur. Les ressources humaines pour faire des routes, il en existe au Mali, assure-t-il, même s’il reconnait que les spécialistes ne sont pas encore assez nombreux, du fait de la formation locale, qui reste encore généraliste.

 

M.Sow, PDG de Atrium SAS

Votre entreprise arrive sur un marché fortement concurrentiel. Quelles sont ses armes ?

Atrium SAS est une société spécialisée dans la promotion immobilière et la construction. Elle est jeune, créée en 2015, mais dirigée par une équipe de professionnels totalisant près de 10 ans d’expérience dans l’aménagement et la promotion immobilière, dont une partie à l’international. Nos activités sont essentiellement les opérations immobilières résidentielles de moyen et haut standing et les opérations immobilières au profit des Maliens de la diaspora en recherche d’un « pied à terre » au Mali.

Pourquoi se spécialiser dans le moyen et haut standing ?

La demande au niveau des cadres supérieurs du secteur privé et public, mais aussi de la diaspora malienne, est de plus en plus forte. Leurs aspirations en matière d’habitation évoluent et s’inspirent beaucoup du modèle occidental. Nos clients sont à la recherche de logements de qualité, dans un cadre de vie agréable, et le concept de résidence entièrement viabilisée y répond parfaitement.

Quel avantage y a-t-il à faire recours aux promoteurs de résidences ?

Il y en a plusieurs. Le premier est la garantie au niveau du foncier, mais aussi de la qualité des travaux. Le client n’a pas à faire face aux aléas techniques et financiers qui sont récurrents dans l’auto-construction. Il ne faut pas oublier les avantages en dehors de la construction elle-même : bitume ou pavé, éclairage public, caniveaux, eau et électricité, espaces verts et un voisinage homogène.

L’offre « clés en main » : construire facile

Optimiser ses chances d’avoir une maison répondant à ses exigences, sans avoir le casse-tête du suivi et de la multiplicité des prestataires, c’est à quoi aspirent ceux qui ont fait le choix de confier la construction de leur maison. De la conception à la finition, un contrat unique lie le client à un seul prestataire qui a la charge, à la fin du délai, de lui livrer sa maison, « clés en main ».

« Faire construire une maison individuelle est un projet impliquant et complexe », assure Sirandou Diawara, gérante de Immo Batitech. La jeune entreprise, qui commence à s’installer dans le paysage, a pour ambition de simplifier pour ses clients ce rêve, qui tourne souvent au cauchemar pour les aspirants propriétaires. « Le nombre de dossiers que nous avons de litiges entre parents, l’un de la diaspora et les autres ici au Mali, est important. Bien souvent, les gens voient leurs économies réduites à néant après avoir confié leur chantier à des proches », témoigne un juriste.

« C’est l’une des raisons qui nous ont poussé à créer cette offre », affirme Mme Diawara, qui propose des maisons de différentes catégories à ses clients. « Nous avons trois types de produits. Les maisons type logement sociaux, pour un budget de départ de 20 millions de francs CFA, la gamme économique, à partir de 50 millions, et la gamme Prestige, à partir de 100 millions », explique-t-elle.

En principe, toutes les agences immobilières sont partisanes de ce genre de marchés. « Ça nous permet de montrer notre savoir-faire et de diversifier notre clientèle », confirme Abdoulaye Niangaly, agent immobilier. « Ma mère a payé environ 30 millions pour une maison de cinq pièces, il y a quelques années. A la remise des clés, elle était très satisfaite, mais, au fil des mois, elle a vite déchanté. La tuyauterie a rouillé, l’installation électrique a dû être refaite au bout de trois ans, les murs ont été très vite lézardés… », témoigne Mlle Traoré.

« La différence, c’est le suivi des travaux », tient-on à nuancer à Immo Batitech. « La sélection des produits à utiliser et le suivi des ouvriers sont la garantie d’un ouvrage de qualité, qui satisfasse les exigences du client, quel que soit son budget ».

Transparence, de la conception à la finition. C’est en quelque sorte ainsi que l’on peut résumer le concept du « clés en main ». Il comprend plusieurs services qui vont de la recherche du terrain à celle d’un financement, puis la mise en œuvre du chantier et son suivi, le tout compris dans un seul contrat, libérant ainsi le client.

 

Papa Mbodji Touré, secrétaire général de l’OPECOM

Comment appréciez-vous l’état du secteur des BTP au Mali en 2017 ?

Depuis l’éclatement de la crise sociopolitique en mars 2012, il est empêtré dans un gouffre financier, l’empêchant de conquérir des marchés. Le premier défi à relever est d’ordre organisationnel et il revient à la profession d’y remédier, car il s’agit d’un problème de gouvernance des entreprises. Le second est relatif à l’accès aux marchés, notamment publics, et au financement bancaire. Là, la réponse relève de la seule compétence de l’Etat.

Les entreprises maliennes sont-elles compétitives par rapport aux multinationales étrangères ?

Non, car elles sont confrontées à une concurrence déloyale, au manque d’accès aux crédits d’investissement et à l’absence totale d’assistance pour l’accès à l’équipement et à la formation. Nous souhaitons que l’Etat nous accompagne en aidant et en protégeant les entreprises nationales. Car le BTP est l’un des piliers de l’économie d’un pays en termes d’investissement et d’emplois directs et indirects, donc de création de richesses.

Quelles mesures préconisez-vous pour combler ces déficits ?

Il faut que l’Etat favorise la participation des entreprises nationales en revoyant à la baisse les conditions d’éligibilité aux marchés, surtout les montants des chiffres d’affaires, ceux des lignes de crédits et l’expérience en travaux similaires, et en mettant en place un fonds du BTP pour faciliter l’accès au crédit. Les multinationales devraient aussi s’ouvrir aux entreprises nationales, en sous-traitance, à concurrence de 30 à 40% du marché.

BTP : entre coups de boost et coups de frein

Le secteur du bâtiment et travaux publics (BTP) parait aux yeux du profane comme l’un des plus dynamiques dans l’économie de notre pays. Pourtant, malgré la professionnalisation et l’organisation en nette amélioration des acteurs maliens du BTP, le soleil n’y brille pas pour tout le monde, si l’on en croit les responsables des associations de professionnels qui y évoluent.

Le secteur du BTP regroupe toutes les activités de conception et de construction des bâtiments publics et privés, industriels ou non, et autres infrastructures. Il est le premier secteur d’activité économique au Mali, selon l’Agence de promotion des investissements (API). Il ressort cependant d’une évaluation de la Banque mondiale réalisée en 2015, que « le secteur du BTP a chuté de 35% et les services liés au tourisme ont enregistré une chute de l’ordre de 40% » entre la crise politico-sécuritaire de 2012 et la fin de l’année suivante.

Malgré la forte résilience de l’économie malienne, qui s’est traduite par un taux de croissance de l’ordre de 5% chaque année depuis cette date, le « bâtiment ne va pas pour les nationaux », pour paraphraser un célèbre adage. En cause, selon les professionnels maliens, des procédures d’attribution des marchés et de sélection des entreprises qui font la part belle aux grosses structures étrangères de BTP et à leurs filiales de droit malien.

Un marché de grands travaux en forte expansion Du côté de l’Organisation patronale des entreprises de construction du Mali (OPECOM), on déplore que les chantiers emblématiques des efforts (reconnus) de nos gouvernements successifs en matière de développement des infrastructures soient quasiment tous attribués à de gros spécialistes étrangers. Ainsi en est-il de l’autoroute Bamako – Ségou, confiée à une entreprise chinoise, et de la rénovation de l’aéroport Modibo Kéïta de Senou, marché remporté pour la plus grande part par un consortium réunissant deux géants français du secteur.

Entre 2007 et 2012, selon le ministre de l’Equipement et des Transports de l’époque, Hamed Diane Séméga, le Mali a investi pour ses nouvelles infrastructures, principalement routières, plus de 700 milliards de francs CFA. L’effort s’est poursuivi ensuite, l’entretien courant des routes, par exemple, ayant mobilisé 12 milliards de francs CFA en 2013 et 24 milliards en 2015, selon la Cellule de Planification et de statistiques (CPS) des secteurs Equipement, Transports et Communication, pour respectivement 15 et 6,5 milliards de francs CFA de constructions nouvelles au cours des mêmes années.

L’Agence d’exécution de travaux d’intérêt public pour l’emploi (AGETIPE) répertoriait en 2015, 1 138 entreprises et bureaux d’études ou de conseil nationaux du secteur du BTP au Mali, pour un chiffre d’affaires de 23 milliards de francs CFA et 37 165 emplois créés. Des chiffres à mettre en regard du coût des grands chantiers attribués récemment à des entreprises chinoises : 120 milliards de francs CFA pour le complexe hydro-électrique de Félou dans la région de Kayes, ou 142 milliards pour le barrage de Taoussa, entre Tombouctou et Gao.

Accéder à la cour des grands Pour se mettre à l’échelle, le secteur du BTP au Mali s’est professionnalisé et organisé. En témoignent les nombreuses associations d’acteurs que l’on peut recenser : Ordres des architectes, des ingénieurs-conseils, des urbanistes, organisations patronales des entreprises, des exploitants de carrières industrielles, de sable et de gravier, société immobilières, etc… S’il y a encore des lacunes à combler en termes de formation, notamment pour les ouvriers spécialisés qui sont souvent « importés » de la sous-région CEDEAO, l’on s’accorde à reconnaitre que les ingénieurs, architectes et bureaux d’études maliens sont très compétents. C’est dire que « travailler dans les règles de l’art », au plan technique, n’est pas impossible pour les entreprises nationales.

Mais elles sont confrontées à un problème récurrent, et quasiment insurmontable pour beaucoup d’entre elles, celui du financement pérenne de leurs activités. Sans argent, peu de chances de décrocher un gros marché et de jouer dans la cour des grands en se mesurant à armes égales aux multinationales étrangères du BTP.

Les entreprises maliennes de construction n’ont en effet souvent que leurs yeux pour pleurer lors des ouvertures de plis des nombreux avis d’appels d’offres internationaux, explique Papa Bodji Touré, Secrétaire général de l’OPECMA. « Lorsque nous soumissionnons, nous sommes confrontés à de gros soucis, notamment en termes d’expérience dans des travaux similaires et de garanties financières. Nos banques ne prêtent pas de si gros montants et il nous est difficile d’obtenir des cautions de leur part pour les marchés les plus importants. Nous ne pouvons pas entrer en compétition à égalité avec ces entreprises étrangères au plan financier, ce que nous considérons comme une concurrence déloyale ».

Comment y remédier ? Par la création d’un fonds ou d’une banque d’investissement de l’Etat, qui prêterait de l’argent aux entreprises à des taux plus abordables que les établissements financiers de la place et par l’instauration d’un mécanisme de cautions solidaires entre les membres de l’OPECOM, poursuit Papa Touré. « Sinon, cela met nos entreprises en difficulté vis-à-vis de leurs fournisseurs, de leurs employés, de l’Etat et de leurs banques ». Ce à quoi s’attelle le président de la faîtière, Ismaël Diallo, patron de l’une des rares grandes entreprises de construction maliennes, elles sont au plus une dizaine, à même de décrocher aujourd’hui de gros chantiers. Un livre blanc consacré au secteur a d’ailleurs été réalisé, avec l’appui de la Banque mondiale, et devrait être rendu public sous peu.

Autre problème, celui des équipements. « Lorsqu’on leur attribue un marché, les entreprises de BTP étrangères, qui sont souvent également présentes dans d’autres pays de la sous-région, font venir leurs Caterpillars et autres Graders de leurs autres chantiers, au Sénégal, en Guinée ou en Côte d’Ivoire, sans payer de taxes. Nous, nous sommes obligés d’en acheter, en payant tous les frais requis, ou de les louer cher », ajoute M. Touré. Il estime toutefois que la résolution de ce problème est envisageable par la création d’une centrale d’achat de gros matériel par l’organisation patronale et sa mise à la disposition des entreprises par des contrats de location.

Une mine d’emplois et de richesses Le secteur du BTP, ce sont aussi les fournisseurs des entreprises, comme les quincailliers, les importateurs, les transporteurs, les détaillants, les exploitants de carrières, de sable et de gravier, les producteurs de tuiles, dalles, fers à béton, les ouvriers spécialisés (électricité, peinture, plomberie, carrelage, menuiserie, menuiserie métallique, câblage industriel, etc.). Sont concernés des milliers d’emplois et les ressources de milliers de familles. Car, comme le dit M. Touré, « quand une entreprise décroche un marché, tout le monde y gagne, même les gargotières et les vendeuses d’arachides ».

La concurrence au sein du secteur des BTP au Mali pourrait permettre à court terme aux clients d’obtenir des services de meilleure qualité aux meilleurs coûts, et aux normes et standards internationaux, si l’environnement professionnel du secteur était assaini avec une politique nationale d’attribution des marchés et de présélection des postulants qui tienne compte des spécificités des entreprises maliennes.

En outre, le secteur est porteur (et en recherche) d’innovations, que ce soit pour une meilleure promotion des matériaux locaux, une plus grande adaptation au climat et une diminution de la pression sur les ressources naturelles, ou une réflexion et des propositions au niveau de l’habitat, urbain, rural ou industriel et le foncier agricole. Le projet Bamako horizon 2030 en est un bel exemple.

 

 

Les carrières, au service du BTP

L’exploitation des carrières est en pleine expansion au Mali, tiré par le boom de l’immobilier et des nombreux chantiers d’infrastructures. Des dizaines de sociétés industrielles se partagent le marché, dont les plus importantes sont entres autres la Ciments et Matériaux du Mali (CMM), Stone, Chaux et Carrières du Mali (CCM), Concassage Avenir sarl, Somecar ou Socarco. À côté de celles-ci, l’exploitation des carrières artisanales, peu règlementée, participe elle aussi à la croissance d’un secteur dans lequel les opérateurs ont su diversifier leurs produits. Du sable aux roches pour soubassement, en passant par le gravier et la latérite, leurs produits sont aujourd’hui vendus tant aux entrepreneurs privés, qu’aux grosses entreprises de BTP qui se satisfont de trouver sur place une offre qui comble pour l’instant leurs besoins.

Pour exploiter une carrière, l’opérateur doit détenir une autorisation d’ouverture délivrée par la Collectivité territoriale de la localité, qui et valable pour une période de deux ans renouvelable. L’autorisation d’ouverture de carrière et son renouvellement sont soumis au paiement de la taxe de délivrance ou de renouvellement, dont le montant est fixé par l’article 103 de la loi minière. L’exploitation massive des carrières, surtout celles situées en ville ou près des centres urbains, soulève cependant des questions de sécurité, avec l’usage d’explosifs, mais aussi environnementales, avec la modification radicale et irréversible du site exploité.

 

 

Les berges de Bamako

Dans son soucis de récupération et de protection des servitudes du fleuve Niger, l’État du Mali a initié un projet d’aménagement des berges de Bamako.

Ce projet d’une valeur de 259 milliards de francs CFA dont les travaux sont repartis sur 2 phases, fait partie des 34 protocoles d’accord qui ont été conclus entre la Chine et le Mali durant le passage du président Ibrahim Boubacar Keïta au Forum économique d’été de Tianjin, tenu du 9 au 13 septembre 2014 en Chine. Le projet concerne la section de la zone urbaine de Bamako du fleuve Niger pour une longueur totale de 22 kilomètres située entre Kalabanbougou et Sotuba. L’objectif principal du projet est d’assainir l’environnement du fleuve Niger dans le district de Bamako dans une perspective de renforcement des capacités de protection contre les inondations et de promotion de son développement économique.

À ce jour, après validation par le Conseil d’administration de l’Agence du bassin du fleuve Niger (ABFN) en février 2016 de l’étude réalisée par l’entreprise China Communication Construction Company, l’avant projet détaillé est attendu pendant que des bureaux d’études sont en train d’être consultés pour réaliser l’étude d’impact environnemental et social qui demeure une étape  cruciale pour ce projet, explique le directeur général adjoint de l’ABFN, Moussa Diamoye.

 

Le réseau routier national

Au Mali, le réseau routier compte 4 621 liaisons, pour un total de 89 024 Km correspondant à une densité de 7,17 km/100 km2. Avec la décentralisation, le réseau routier a été reparti en routes nationales (14 102 km, construction et entretien assuré par l’État), routes régionales (7 052 km), routes locales (32,5%) et routes communales (43,7%). Mais sur 89 024 km, seuls 23 000 km sont aménagés et bénéficient d’un entretien plus ou moins régulier. La durée moyenne d’une route étant de 5 ans (8 à 15 ans pour les routes bitumées), aujourd’hui, 90% de ces routes en terre et des pistes améliorées, construites pour la plupart entre 2002 et 2010, ont dépassé le niveau d’entretien routier, à cause du fait qu’elles n’ont pas subi depuis d’interventions sérieuses. En 2014, la Banque des données routières a montré que 60% du réseau routier dépasse aussi le niveau d’entretien courant. Cette situation s’expliquerait par un manque d’entretien chronique, une insuffisance de ressources destinées à l’entretien routier ainsi que les effets de la surcharge des véhicules de transports et l’occupation illicite des emprises des routes.

Type de route

Longueur

Bon état

État passable

Mauvais état

Km

%

Km

%

Km

%

Routes bitumées

5 461

2 085

38%

1 964

36%

1 412

26%

Routes en terre moderne

1 888

430

23%

539

29%

919

49%

Pistes améliorées

16 329

369

2%

4 900

30%

11 060

68%

TOTAL

23 678

2 884

12%

7 403

31%

13 391

57%

 

3 questions à Boubacar Sow, Directeur général de l’Agence d’exécution de travaux d’intérêt public pour l’emploi – AGETIPE

Comment se porte l’AGETIPE aujourd’hui ?

L’AGETIPE se porte de mieux en mieux suivant les objectifs de son plan stratégique de développement (2015-2019). L’État du Mali et ses partenaires financiers lui ont renouvelé toute leur confiance au regard des nombreux projets de développement en cours. Les résultats des exercices précédents montrent une amélioration de sa situation et une bonne tendance dans un contexte difficile.

Quels sont les projets en cours de réalisation ?

L’agence a un plan de charges qui couvre tout le pays, à travers les secteurs de l’éducation, la santé, l’hydraulique, l’aménagement et les infrastructures. On est présentement sur l’exécution du programme d’urgence de relance et de développement des régions du nord (PURD-RN), mais aussi sur la construction d’un pavillon VIP et l’extension du tarmac de l’aéroport Modibo Keïta – Senou, en prévision du sommet Afrique-France, la réhabilitation du boulevard CEDEAO et certaines voies du District de Bamako. Il y a enfin les travaux d’aménagement de 2 174 hectares à l’Office du Niger.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés ?

Les difficultés sont de plusieurs ordres. D’abord, la situation sécuritaire dans le nord qui se traduit par une lenteur dans la mise en œuvre des programmes de développement, une rareté des entreprises performantes et une baisse de qualité des prestations. S’y ajoutent la mobilisation souvent tardive de certains financements, qui impacte le respect des dispositions contractuelles, notamment en termes de délai.

Les projets en cours en 2016

En 2016, 14 projets totalisant un linéaire de 657 km comprenant trois ponts et un échangeur pour un investissement d’environ 215 milliards de francs CFA sont en cours :

  • Travaux d’aménagement en 2×2 voies de route Bamako-Koulikoro sur 45 km.
  • Travaux de construction du pont de Kayo sur le fleuve Niger à Koulikoro et ses voies d’accès (33,5 km).
  • Travaux de construction et de bitumage de la route Banamba-Touba (3 km).
  • Travaux de construction d’un pont sur le fleuve Dégou à Manankoro et ses voies d’accès et de la route d’accès à Mafélé (22 km).
  • Travaux de construction du pont de Kouoro barrage sur la RN 11 (Sikasso-Koutiala) et ses voies d’accès (1,5 km).
  • Travaux de construction de la route de Niono-Gomacoura (81 km).
  • Travaux d’aménagement en 2×2 voies de la section Ségou-San sur 7 km de la RN6.
  • Travaux de construction d’un échangeur au carrefour de la route de Markala et l’aménagement et le bitumage de 10 km de voies urbaines dans la ville de Ségou.
  • Projet d’aménagement et de bitumage de la section de la route Wo-Bankass-Koro (91km).
  • Travaux de construction de la route Léré-Niafunké (122 km).
  • Travaux de construction de la route Niafunké-Tonka-Goundam-Diré-Tombouctou (198 km).
  • Travaux de construction et de bitumage de la route de Bafoulabé-Mahina (9 km).
  • Travaux de construction de la route Macina-Diafarabé-Teninkou, lot 1 : Macina-Diafarabé (44 km).
  • Travaux de voirie urbaine dans le district de Bamako dans le cadre de la préparation du Sommet Afrique-France (35 km).

« Batimat accompagne les architectes et les entrepreneurs », Sarah Bittar Hachem – Directrice commerciale de Batimat Bamako.

Présentez-nous Batimat Bamako.

Batimat Bamako existe depuis 1997. Nous faisons partie du groupe Batimat, dédié à la distribution et la vente de matériaux de construction. Le premier Batimat a été créé dans les années 1980 au Sénégal. À Bamako, notre équipe est arrivée en 2011 et nous employons environ 50 personnes. Notre objectif à l’époque était de se placer sur le marché malien comme la référence en matière de qualité dans la construction, du sol au plafond. Aujourd’hui, nous avons beaucoup avancé et nous travaillons avec plusieurs grandes marques telles que Schneider ou Legrand.

Quels sont les produits que propose Batimat Bamako ?

Pour beaucoup, Batimat est uniquement dans le carrelage et le sanitaire. Nous intervenons certes dans ces domaines, mais nous développons de nouveaux produits tels que les cuisines, l’étanchéité, les coffres forts, les meubles, l’équipement de salles de bain, etc. Nous avons ajouté à tout ça une nouvelle gamme en électricité et proposons des services complets dans ce domaine.

Quelle est la politique qualitative de votre société ?

Lorsque nous sommes arrivés en 2011, nous avons restructuré nos locaux et renouvelé toute nos gammes de produits. C’est cela la politique de l’entreprise. Aujourd’hui, tout ce que nous avons en stock fait partie des collections de l’année 2016 en Europe et dans les foires.

Quelle est votre vision du marché malien ?

Nous sommes présents dans 11 pays africains. Le marché malien a beaucoup de potentiel. Mais il y a beaucoup à faire dans le domaine des infrastructures et au niveau du pays même. Comparé au Sénégal, le Mali est 25 ans en arrière. C’est donc une opportunité pour nous d’accompagner les architectes et les entrepreneurs dans l’accomplissement de leurs projets.

Quelles sont les perspectives et projets de Batimat au Mali ?

Notre perspective principale actuellement c’est notre showroom en construction à l’ACI 2000. C’est l’un de nos plus grands challenges. En 2017, nous inaugurerons donc ce super espace de vente de 3000 m2 d’exposition.

 

UNI – Tombouctou : toujours au stade des études

L’Université internationale de Tombouctou devrait prochainement sortir de terre, bien qu’à ce stade, l’on n’ait pas de visibilité précise sur l’agenda de réalisation de ce projet pharaonique estimé à plus de 40 milliards de francs CFA. Il sera implanté à 3 kilomètres de la ville, sur une superficie de 200 hectares sur la route de l’aérodrome, apprenait-on en 2014 lors de la présentation de la maquette de l’UNI-Tombouctou. Le bâtiment futuriste devrait représenter un flocon de neige en plein désert, avec des routes rayonnant vers l’extérieur à partir d’un point central, suivant une architecture à la jonction du traditionnel et du moderne, qui comportera des infrastructures sportives et un lieu de culte. L’université accueillera au départ 500 étudiants avec des filières couvrant, la littérature, l’agriculture ou les énergies renouvelables. Elle devrait redonner à la ville des 333 saints son rayonnement d’antan en termes de production et de diffusion du savoir. Mais « le projet est toujours en cours d’études », indique Amadou Diallo, président de la mission universitaire de Tombouctou, sans donner plus de détails sur le financement qui devrait associer l’État malien à différents partenaires au développement.

 

Bâtiment et travaux publics : grands défis, grandes ambitions

Le Mali est un pays en chantier. C’est peu de le dire. Depuis une vingtaine d’années, les projets d’infrastructures mais aussi le développement fulgurant de l’immobilier répondant à l’accroissement de la population urbaine font le bonheur des entreprises de BTP maliennes. Ces dernières ont désormais pignon sur rue à Bamako et rivalisent avec les grands groupes qui viennent aussi chercher leur part du gâteau. Pourvoyeur d’emplois, créateur de richesses et acteur du développement du pays, le secteur n’en est pas moins montré du doigt à cause de la corruption, du non-respect des normes, entre autres dérives constatées dans un domaine qui brasse des sommes colossales. Coup de projecteur sur le secteur du Bâtiment et travaux publics, made in Mali.

Au Mali, s’il est un secteur dynamique, c’est celui de la construction, généralement appelé le BTP pour Bâtiments et Travaux Publics. Il suffit de faire un tour dans la capitale comme dans les grandes villes pour se rendre compte que les investissements dans le domaine sont importants et que les acteurs sont de plus en plus nombreux à se partager un marché en constante évolution. Des routes aux ouvrages hydro-agricoles, en passant par les projets immobiliers d’envergure, le BTP ne connait pas la crise. Le gouvernement a initié de nombreux projets de routes, de ponts, d’échangeurs dont les chantiers sont en cours. Depuis 2013, ce sont par exemple près de 75 kilomètres de routes bitumées qui ont déjà été livrés  et 13 études routières sont également terminées. Et, l’avenir s’annonce prometteur.

Indispensable réforme Mais les scandales à répétition de bâtiments mal construits, dont certains se sont effondrés, causant des pertes en vies humaines, ont mis sur la place publique les pratiques parfois douteuses des « entrepreneurs ». La plus courante est le non respect des normes de construction, faisant utiliser du matériel inadapté voire dangereux, pour réaliser des bâtiments ou autres ouvrages. L’autre pratique, décriée par les acteurs eux-mêmes, est la corruption qui gangrène le secteur, du fait de sommes astronomiques engagées pour les projets, particulièrement en ce qui concerne les infrastructures de développement. La mise en place d’un nouveau code de passation des marchés « ne met personne à l’abri des dessous de table à verser », explique un entrepreneur anonyme. « C’est simple, avant même d’avoir le contrat, il faut que tu montres ta bonne volonté. Il faut débourser des sommes qui parfois mettent même en péril la faisabilité du projet », déplore notre interlocuteur qui cite, sans plus de détails, le cas de la récente route Bamako-Ségou, dont la réalisation aurait pâti de ce phénomène. En ce qui concerne le non respect des normes, « le problème est que tout le monde veut faire de la construction », assure un autre chef d’entreprise. Opinion reprise par Ismaël Diallo, président de l’Organisation patronale des entreprises de la construction du Mali (OPECOM). « Le premier défi à relever est d’ordre organisationnel. Il revient à la profession d’y remédier. Il s’agit là d’un problème de gouvernance des entreprises. Il y va de leur crédibilité », estime-t-il. Il déplore cette situation qui fait que les entreprises locales n’inspirent pas confiance aux investisseurs, qui préfèrent se tourner vers des prestataires étrangers « qui rapatrient les bénéfices dans leurs pays d’origine ». «Le problème est très profond. Il n’y a pas, de mon point de vue, une politique franche en ce qui concerne la promotion de champions du BTP en République du Mali. Ce qui fait que les entreprises vivent et prospèrent à un moment donné, puis elles atteignent une crise de croissance et dégringolent. D’autant que le secteur commence à être pris d’assaut par les commerçants », explique notre chef d’entreprise. À l’ordre des ingénieurs conseils du Mali, Tidiani Ibrahim Déka Diabaté, le vice-président, estime qu’il faut hâter la professionnalisation du secteur. « Un bon bâtiment est signe de richesse, de meilleur cadre de vie, d’amélioration des conditions de travail et de repos et de transformation de rêve en réalité, source principale pour créer une émergence », assure-t-il.

Renforcer les acteurs locaux Certains acteurs nationaux arrivent cependant à se démarquer dans cet environnement fortement concurrentiel. Face aux géants chinois et occidentaux, on peut sans contexte citer EGK, EGGC-Bat, BECM-CG, mais surtout le Groupe IBI (Builders, Stones, Diawara Solar), qui s’exporte en Côte d’Ivoire et en Guinée, ou CIRA (Cabinet d’ingénierie et de recherches appliquées), qui se positionne aujourd’hui comme le leader national du contrôle et de la certification, avec plus de deux décennies d’expérience. Son expertise est d’ailleurs reconnue à l’international et les contrats dans la sous-région et au-delà se multiplient. À côté de ces grosses entreprises, nombre d’autres peinent à se maintenir. « Nous avons été voir le ministre l’Équipement et des Transports avec des suggestions portant sur des mesures à prendre pour redynamiser le secteur », poursuit Ismaël Diallo. Ces propositions concernent l’apurement à 100% de la dette intérieure de l’État au profit des entreprises de construction, tant au niveau du Trésor public, que des agences d’exécution comme l’AGEROUTE, l’AGETIPE et l’AGETIER, le dédommagement des entreprises victimes des événements survenus dans le pays depuis 2012, la revue à la baisse des conditions d’éligibilité aux marchés que sont les montants des chiffres d’affaires, des lignes de crédit, ou l’expérience en travaux similaires. Les acteurs maliens souhaitent également que les multinationales soient obligées à s’ouvrir aux entreprises nationales en sous-traitance, notamment à concurrence de 30 à 40% de part de marché. Autres suggestions : la mise en place d’une société de location de matériels de travaux publics capable de répondre aux besoins des entreprises nationales pour l’exécution des différents marchés sur le plan national et sous-régional, et la mise en place d’un fonds du BTP pour faciliter le crédit aux entreprises nationales. « Si ces suggestions sont prises en compte, les entreprises vont tirer leur épingle du jeu et devenir le moteur de l’économie malienne avec plus de créations d’emplois », conclut-il.

Perspectives positives Selon les spécialistes du ministère de l’Équipement et des Transports, les projets routiers prioritaires 2016-2018, d’un coût de 363 milliards de francs CFA, offrent de belles perspectives aux acteurs du secteur. Ce sont entres autres la construction du 2ème pont de Kayes et ses routes d’accès (16,7 Km), la construction et le bitumage des routes Kayes-Sadiola (90 Km), Kangaba-Dioulafoundo-frontière guinéenne (52 Km), Yanfolila-Kalana (52 Km), Banconi-Dialakorodji-Safo-Dabani-Nossombougou (51Km), Baraoueli-Tamani (36,6 Km) et l’aménagement en 2×2 voies de la route reliant le 3ème pont de Bamako à la RN6 (3,6 Km), la construction d’un échangeur au croisement avec la RN6 et la réhabilitation en 2×2 voies de la section Tour de l’Afrique-Yirimadio (6,5Km). En outre, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, il est prévu la reconstruction de la route Sévaré-Gao, et la construction et le bitumage de la route Bourem-Kidal, totalisant 844 Km pour un investissement de 215 milliards de francs CFA.

Une dynamique qui devrait profiter aux cimentiers, tels que Diamond Cement, le marocain CIMAF, en cours de finalisation de son usine à Dio, et bientôt le chinois Cinoma, qui a annoncé le 23 septembre la construction d’une cimenterie intégrée à Guimbane, dans la région de Kayes, pour un investissement de 200 milliards, et une capacité  de production de 1,5 million de tonnes par an.

 

 

 

Le quatrième pont de Bamako

Le 11 septembre 2014, le gouvernement malien a signé avec la compagnie China Road and Bridge (CRBC), une convention relative à la réalisation du 4ème pont de Bamako, lors du Forum économique mondial de Tianjin en Chine. Cependant, la réalisation de cette infrastructure semble encore lointaine, puisque le projet n’en est qu’à la phase d’études, qui permettra de caractériser les techniques de construction, le montant ou encore la durée du chantier. Selon les données recueillies auprès du ministère de l’Équipement et des Transports, un budget de près d’un milliard de francs CFA a déjà été investi pour cette phase d’études en 2016. Le 4ème pont reliera Sèbènikoro, à partir d’un site déjà identifié, à l’autre rive du fleuve Niger. Pour financer ce projet d’envergure, les deux options envisagées sont soit une prise en charge par le budget national dans une configuration où l’État déciderait de financer seul la réalisation du pont, soit dans le cadre d’un partenariat public-privé.