Alassane Ouattara réaffirme la solidarité de la CEDEAO à l’égard du Mali

Le chef de l’Etat ivoirien et président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, Alassane Ouattara, a réaffirmé, samedi, à  Abidjan (Côte d’Ivoire), ‘’la solidarité totale de la Communauté avec l’Etat et le peuples maliens, confrontés depuis quelque temps à  une occupation terroriste d’une partie de leur pays et à  une menace de partition du territoire malien », selon un communiqué reçu samedi à  l’APS. Le président ivoirien l’a dit dans son allocution à  l’ouverture d’une session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO. ‘’Le président ivoirien a salué tout particulièrement la présence à  la rencontre de son homologue du Tchad, M. Idriss Déby Itno, dont le pays, bien que non membre de la CEDEAO, a décidé de s’impliquer militairement au Mali par l’envoi de 2.000 hommes, et du ministre des Affaires étrangères français, M. Laurent Fabius, dont les troupes mènent actuellement l’offensive antiterroriste aux côtés de l’armée malienne », souligne le communiqué. ‘’Au moment o๠notre sous-région fait face à  son plus grand péril sécuritaire et humain, je salue la détermination de la communauté internationale, en particulier l’engagement et le soutien de la France, qui a empêché la conquête d’un Etat, de son territoire, de son peuple, de ses institutions et de sa souveraineté par un véritable consortium terroriste », a déclaré le président Ouattara. Le communiqué ajoute qu’il ‘’a ensuite insisté sur la nécessité d’accélérer le rétablissement de l’intégrité territoriale du Mali, saluant, dans cet esprit, le déploiement des forces armées de plusieurs Etats membres de la CEDEAO en dépit des contraintes logistiques, comme le Nigéria, le Bénin, le Burkina Faso, le Sénégal, la Sierra Leone, le Niger et le Togo ». ‘ »Il a confondu dans les mêmes hommages les Etats-Unis et le Canada qui ont décidé de s’engager auprès de la France en vue de renforcer le dispositif en place. » ‘’+Il nous faut, a encore dit le président Ouattara, accélérer le rétablissement de l’intégrité territoriale du Mali avec l’appui logistique de nos partenaires et assumer notre responsabilité en toute légitimité sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies+, dont le Conseil de sécurité a adopté, en décembre 2012, la résolution 2085 autorisant le déploiement d’une Mission internationale de soutien au Mali (MISMA) ». ‘’Ce soutien massif et inconditionnel exprimé aujourd’hui autour du déploiement rapide de la MISMA constitue +un encouragement supplémentaire pour la démarche que la région a toujours défendue dans le règlement de la crise sécuritaire au Nord Mali », a estimé pour sa part le président de la Commission de la CEDEAO, M. Kadré Désiré Ouédraogo. Dans son allocution à  l’ouverture de cette session d’une journée, tenue en présence d’une vingtaine de pays et institutions invités spécialement, M. Ouédraogo a martelé que l’heure était venue pour la concrétisation de la démarche visant à  empêcher qu’un sanctuaire de terroristes soit établi dans le Nord malien. C’’est dans le même esprit que s’est exprimé le ministre français des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius, en soulignant que Bamako était sous la menace de l’offensive des terroristes venus du nord du Mali et qu’après une demande d’aide du président malien ‘’face à  cette urgence extrême », le France a décidé de déployer des éléments de ses forces. ‘’Il fallait stopper cette agression terroriste qui menaçait l’existence même du Mali en tant qu’Etat, avant de menacer probablement celle de ses voisins, car (…) le terrorisme n’a pas de frontière. Il fallait donc éviter, pour le Mali et pour la sous-région, un avenir fait de violence, d’intolérance et de terreur », a expliqué M. Laurent Fabius. Outre les chefs des Etats membres de la CEDEAO, le sommet extraordinaire d’Abidjan s’est ouvert en présence de l’ex-président burundais Pierre Buyoya, haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, ainsi que du représentant du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, M. Saà¯d Djinnit. On notait aussi la présence des représentants des invités spéciaux suivants : Etats-Unis, Allemagne, France, Royaume-Uni, Belgique, Egypte, Afrique du Sud, Algérie, Tchad, Libye, Mauritanie, Tunisie, Maroc, Espagne, Italie, Burundi, Nation unies, Commission de l’Union africaine, Union européenne. Par APS

CEDEAO : Dioncounda à Abidjan ce samedi

La capitale ivoirienne abrite ce 19 janvier le sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Cédéao consacré au Mali. Aux côtés des différents chefs d’Etat de la sous-région ouest-africaine, le Président malien par intérim, Dioncounda Traoré sera au rendez-vous. C’’est la première fois depuis le mois d’avril que le président de transition se rend à  une rencontre internationale consacrée à  son pays. Le sommet doit également enregistrer la participation du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Deux présences qui témoignent de l’urgence de la situation et de la nécessité de prendre des mesures énergiques. Que faut-il attendre de ce sommet ? Ce sommet va, apprend-on de source ivoirienne, examiner les derniers développements de la situation au Mali avant de réfléchir sur l’apport de la CEDEAO dans la mise en œuvre de la résolution 2085 du conseil de sécurité des Nations unies. Les chefs d’Etat auront sur leur table les conclusions des travaux des chefs d’Etat-major de la CEDEAO qui étaient réunis dans la capitale malienne les 15 et 16 janvier dernier. Il s’agira donc certainement de prendre des décisions en ce qui concerne la coordination de la Mission Africaine de Soutien au Mali, la MISMA dont les opérations ont officiellement commencé ce 18 janvier. Les conclusions sont d’autant attendues que la CEDEAO est sous le feu des critiques quant à  son manque d’efficacité dans la gestion des crises dans la sous-région. La CEDEAO, s’est plutôt illustrée par des rencontres et des conclaves qui se sont succédé sans arriver à  des décisions concrètes. Situation qui a fini par convaincre les maliens et de nombreux observateurs de son manque de compétence ou de volonté pour faire face à  la situation. Tous espèrent donc que la rencontre de demain sera l’occasion de démentir ces critiques.

Guerre au Mali : Changements d’axes et de stratégies

Les forces spéciales françaises sont en ce moment même engagées sur le terrain à  Diabali. Objectif, traquer les jihadistes qui on pris mardi le contrôle de Diabali et se sont fondus dans la foule. Difficile de les identifier, quant ils ont abandonné leurs véhicules pick-up. Joint par téléphone, A Diarra, un habitant de Diabali, témoigne : «Â Ils sont visibles dans la ville et ont planté leurs drapeaux noirs partout. Ils ont même saboté le réseau de communication pour empêcher les habitants de communiquer avec l’extérieur et surtout de fournir du renseignement aux forces françaises sur leur localisation ». Un témoignage qui confirme que désormais, la stratégie de bataille de part et d’autre des belligérants a changé. Comment ? De l’aérien vers le terrestre Pour les soldas français engagés dans l’opération militaire malienne Serval, il a d’abord fallu intervenir dans les airs, pour arrêter la progression des jihadistes du centre ( Konan ) vers le Sud du Mali. En bombardant leurs positions au nord, ils voulaient affaiblir les rebelles d’Ansar Dine, d’Aqmi ou du Mujao. Rafales, Mirages, hélicoptères gazelles, les engins ont survolé la zone pour pilonner les positions jihadistes, hors du centre des villes occupées, en éparnant les habitants. Douentza un peu plus au nord, n’y a pas échappé, tout comme Konan, dont on apprend par le ministre français des Affaires Etrangères que, la ville n’a pas entièrement été reprise. Cela signifie que les rebelles se cachent encore dans la ville. Il faut donc les affronter au sol, les débusquer et les combattre. C’’est là  que la stratégie française prend une nouvelle tournure au 6è jour de l’opération Serval. Comme l’indique son nom, inspiré d’un félin, qui «Â urinerait 30 fois par jour » pour marquer son territoire, les troupes françaises devront confirmer leur emprise sur les jihadistes, pour ensuite être sécurisés par la force Africaine MICEMA. De celles-ci, un bataillon de 900 hommes venus du Nigéria est attendu ce mercredi à  Bamako. Le travail est donc double à  Diabali (400km de Bamako) pour éviter toute nouvelle progression de l’ennemi vers la capitale malienne. Sécurisation Pour parer à  cela, une stratégie de protection a été actionnée, en dirigeant une quarantaine de blindés français vers le Nord, d’une part à  Diabali, d’autre part vers Mopti, l’autre ville tampon. Si Konan reste toujours assiégée, il faudra tenter de libérer totalement la ville. Plus au sud, des blindés sont positionnés à  Markhala, o๠se trouve le barrage hydroélectrique, un point stratégique entre Ségou et Niono. Autant dire que les populations de ces localités retiennent leurs souffles en matière de riposte islamiste. De même à  Bamako, la protection se renforce avec la présence d’unités spéciales comme le GIGN français, chargé de vérifier la sécurité des édifices administratifs, ainsi que des soldats français postés devant les administrations, ambassades et lycées français à  Bamako, ce qu’a reconfirmé l’ambassadeur français, lors d’une conférence de presse tenu hier à  Bamako. De l’occupation à  la guérilla populaire… On le savait, les jihadistes sont des combattants au sol, des guérilleros attachés à  l’embuscade, au contournement et à  la surprise. Voilà  leurs forces en plus d’être surarmés. Mais l’armée française depuis le début de l’opération Serval a tenté de détruire une partie importante de leur arsenal guerrier hérité du conflit lybien. Chassés de Gao, Tombouctou et Kidal, ils se cachent désormais parmi les populations des villes prises, oû se retranchent dans leurs abris. Ils se déplacent aussi très vite. La mobilité est donc l’un de leurs points forts. De la frontière mauritanienne vers Diabali, des combattants d’Ansar Dine se sont repliés vers le centre pour échapper aux bombardements. Mais l’armée malienne qui se dirige également au nord, tentera de les encercler. Le Général français de Corps d’armée Dominique Delors, précise qu’il faudra pour «Â  les forces françaises rester équipés, en alerte face à  des hommes habitués à  se mouvoir très vite dans les sables du Sahel… ». Guerre de communication Mais sur Diabali, une autre guerre a commencé, celle de la communication, les rebelles ont ainsi saboté le réseau de téléphonie, tout comme à  Gao. «Â Ils ont coupé les communications, ils accusent des habitants de donner des informations aux militaires, a déclaré un habitant de Gao, à  1.200 km au nord-est de Bamako, l’une des principales villes du nord du Mali, joint par l’AFP sur un téléphone satellitaire. Un élément à  ne pas négliger d’o๠la force du renseignement que propose les Etats Unis, un appui logistique plus grand de la part de la CEDEAO et de la communauté internationale. Du reste, ce sont 2500 hommes qui seront progressivement déployés au Mali, par la France, a précisé le chef de l’Etat, François Hollande il y a quelques jours. Autant dire que la guerre ne fait que commencer au Mali.

Crise malienne : les chefs d’état-majors ouest-africains font le point

A Bamako, les chefs d’état-major des armées ouest-africaines devaient se réunir mardi pour préparer l’envoi d’une force de quelque 3.000 hommes devant prendre le relais de la France. Les premières troupes, envoyées par le Nigeria seront au Mali « avant la semaine prochaine », a annoncé lundi le président nigérian Goodluck Jonathan. Le Nigeria doit fournir 600 hommes. Niger, Burkina Faso, Togo et Sénégal ont également annoncé l’envoi chacun d’environ 500 hommes, le Bénin 300, la Guinée et le Ghana environ 120 chacun. Frappes sur Diabaly Cette réunion intervient au moment o๠les frappes s’intensifient sur Diabaly, situé à  400km de Bamako. Par ailleurs, le président français François Hollande en visite au Mali, a plaidé pour un soutien international accru aux forces françaises. Le président français François Hollande a assuré mardi à  Dubai que la France n’avait pas vocation à  rester au Mali mais devait faire en sorte qu’à  son départ il y ait des autorités légitimes, un processus électoral et plus de terroristes. La France n’a pas vocation à  rester au Mali mais nous avons en revanche un objectif, c’est de faire en sorte que lorsque nous partirons il y ait une sécurité au Mali, des autorités légitimes, un processus électoral et plus de terroristes qui menacent l’intégrité du Pays, a déclaré M. Hollande lors d’une conférence de presse.

Diango Cissoko en tournée diplomatique

Nommé il y a deux semaines à  la tête du Gouvernement, Diango Cissoko effectue sa première visite à  l’étranger à  partir de ce mercredi. Le Premier ministre se rendra au Burkina Faso, en Côte d’ivoire, au Sénégal et au Bénin. Pendant trois jours, il va rencontrer les dirigeants de ces pays, fortement impliqués dans la résolution de la crise malienne et échanger avec eux sur les deux enjeux majeurs que sont la reconquête du nord du pays et l’organisation d’élections libres et transparentes. Au Burkina Faso, chez le Médiateur Compaoré, les discussions porteront sur les négociations entamées avec les indépendantistes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et les islamistes d’Ansar Dine. Ces deux mouvements armés ont réaffirmé leur volonté de dialogue la semaine dernière à  Alger avec le pouvoir de Bamako. Chez Alassane Drame Ouattara qui préside la CEDEAO et qui plaide en faveur d’une rapide intervention armée, ce sera plutôt la question de la reconquête du nord du Mali qui sera à  l’ordre du jour. M. Ouattara a soutenu le vote de la résolution des Nations Unies autorisant l’envoi d’une force africaine chez son voisin du nord. Tout comme Alassane Ouattara, Yayi Boni plaide pour une intervention militaire au nord-Mali. Une occasion pour le chef de l’Etat béninois, également président en exercice de l’Union Africaine, d’échanger avec Diango Sissoko sur les contours de cette opération militaire. Enfin Dakar. Macky Sall s’est investi depuis quelques semaines dans la recherche de solutions pour une sortie de crise au Mali. Dans la capitale sénégalaise, Diango Cissoko parlera du nord, mais aussi set surtout d’élections. La communauté internationale qui a adopté une résolution autorisant le déploiement d’une force africaine au Mali, a également demandé l’organisation d’élections libres et transparentes pour installer un pouvoir légitime à  Bamako.

L’ONU donne son feu vert au déploiement d’une force internationale

La résolution ne fixe pas de calendrier précis pour le déclenchement d’une offensive au Nord-Mali afin d’en chasser les groupes islamistes extrémistes qui contrôle cette région depuis six mois. Le texte a été mis au point par la France et était soutenu par les Etats-Unis, le Royaume uni, le Maroc et le Togo. Cette résolution 2085 comporte un volet politique appelant Bamako à  lancer un « dialogue politique pour rétablir pleinement l’ordre constitutionnel », notamment en organisant des élections présidentielles et législatives avant avril 2013. Elle invite aussi les autorités maliennes de transition à  engager des négociations « crédibles » avec les groupes présents dans le nord du pays, essentiellement les Touareg, qui se dissocieront des « organisations terroristes » contrôlant cette région dont Al-Qaida au Maghreb islamique et Mujao. Sur le plan militaire, il s’agira d’abord, parallèlement aux efforts de réconciliation politique, de reconstruire l’armée malienne et d’entraà®ner les troupes panafricaines qui feront partie de la force — appelée Mission internationale de soutien au Mali (MISMA) — afin de les rendre prêtes à  reconquérir le Nord. Mais il faudra que le Conseil de sécurité s’estime « satisfait » de l’état de préparation de cette force, à  partir de certains critères précis (entraà®nement, efficacité de la structure de commandement, équipement, adaptation au terrain) avant qu’elle puisse se déployer au Nord. Des responsables de l’ONU et des diplomates estiment que la reconquête de cette partie du pays ne pourra en tout état de cause pas commencer avant l’automne 2013, pour des raisons climatiques et de préparation.

Mali: une intervention militaire « indispensable et dans les meilleurs délais », dixit Ouattara

« Il faut bien sûr le dialogue politique mais une intervention militaire me paraà®t indispensable et dans les meilleurs délais », a déclaré M. Ouattara sur le perron de l`Elysée à  l`issue d`un entretien d`une heure avec le président François Hollande. « La question malienne est une question urgente », d`une « très grande urgence », a-t-il insisté, jugeant nécessaire « que le Conseil de sécurité des Nations unies adopte rapidement une résolution pour permettre une intervention au Mali ». »Les forces ouest-africaines et africaines sont quasiment prêtes et le nombre (de soldats) par pays a été arrêté ces jours-ci », a-t-il assuré, avant de souligner: « Nous attendons la résolution des Nations unies pour préparer nos forces pour une intervention si le dialogue politique n`aboutit pas ». « La question malienne est d`abord une question africaine, ouest-africaine et nous sommes déterminés à  mettre en place les structures dont nous avons parlé au récent sommet de la Cédéao à  Abuja », a ajouté le président ivoirien. Les chefs d`Etat des 15 pays membres de la Cédéao ont adopté le 11 novembre à  Abuja un plan de reconquête militaire du nord du Mali occupé par les islamistes armés. Ils ont approuvé l`envoi d`une force militaire internationale de 3.300 soldats pour une durée d`un an. « Nous sommes complètement en phase avec le président Hollande qui nous apporte son soutien », a ajouté Alassane Ouattara.Dans un communiqué, l`Elysée a également relevé leurs « convergence de vues,en particulier leur volonté que le Conseil de sécurité des Nations Unies autorise par une résolution, adoptée avant la fin de l`année, le déploiement d`une force africaine ». François Hollande a par ailleurs rappelé « que l`Union européenne participerait au renforcement de l`armée malienne par une action de formation et avait également exprimé sa détermination à  soutenir financièrement la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma) », toujours selon la présidence française. « Il apparaà®t également indispensable que les Nations unies jouent pleinement leur rôle et participent à  l`appui logistique à  l`armée malienne et à  la force africaine qui la soutiendra », a-t-il souligné. Des représentants du pouvoir malien et des groupes armés Ansar Dine et MNLA se sont retrouvés mardi autour du médiateur de la Cédéao Blaise Compaoré à  Ouagadougou pour leurs premières discussions directes, en quête d`une solution à  la crise au Mali.

Mali: premières discussions directes entre pouvoir et groupes armés

Rendez-vous a été pris à  16H00 (locales et GMT) au palais présidentiel de Ouagadougou. Autour du président burkinabè Compaoré, médiateur pour la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), se retrouveront une délégation du gouvernement malien, conduite par le chef de la diplomatie Tiéman Coulibaly, et des émissaires d’Ansar Dine, l’un des groupes islamistes occupant le Nord malien, et de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Mais l’heure n’est pas encore à  des négociations de paix pour régler la crise dans le nord du Mali aux mains des islamistes qui en ont évincé en juin les rebelles du MNLA avec qui ils avaient mis en déroute l’armée malienne début 2012. Face à  une situation « critique », il s’agit pour l’instant de « trouver un cadre pour engager le processus de dialogue direct entre les parties », expliquait dimanche M. Compaoré. A la sortie d’un entretien lundi avec lui, le ministre malien des Affaires étrangères a également indiqué que la rencontre de mardi devait servir à  examiner « les possibilités d’amorcer un dialogue ». Il a surtout rappelé les lignes rouges fixées par Bamako à  toute négociation: respect de l’intégrité territoriale du Mali et du caractère laà¯c de l’Etat. Côté Ansar Dine, on se disait mardi prudemment prêt à  « écouter » les émissaires de Bamako. Ce mouvement essentiellement composé de Touareg maliens a, au moins dans son discours, fortement évolué sous la pression du Burkina et de l’Algérie, l’autre pays médiateur: il a dit renoncer à  imposer la charia (loi islamique) dans tout le Mali, mais pas dans les zones sous son contrôle, et s’est déclaré prêt à  aider à  débarrasser le Nord du « terrorisme ». L’Afrique attend l’ONU pour un recours à  la force Il a ainsi pris ses distances avec les deux autres groupes islamistes contrôlant la zone, les jihadistes surtout étrangers d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), avec qui il impose une version rigoriste de la charia. Marginalisé sur le terrain, le MNLA reste considéré comme un acteur-clé, d’autant qu’il a enterré sa revendication d’indépendance pour ne plus plaider que « l’autodétermination ». Sur cette base, « nous sommes aujourd’hui dans (une) disposition de négociation » avec Bamako, a indiqué à  l’AFP l’un de ses porte-parole, Moussa Ag Assarid. Les délicates discussions qui s’amorcent à  Ouagadougou ne font pas l’unanimité: certains acteurs politiques et de la société civile à  Bamako sont hostiles à  tout compromis. Mais si elles aboutissent, l’intervention militaire africaine actuellement en préparation devrait ne viser que les « terroristes », Aqmi et le Mujao. Les Nations unies doivent se prononcer en décembre. Après la Cédéao, le chef de l’Etat béninois Thomas Boni Yayi, président en exercice de l’Union africaine, et le président tchadien Idriss Deby ont lancé mardi « un appel » à  l’ONU pour qu’elle autorise « d’urgence » le déploiement de cette force. Les dirigeants africains ont été très déçus par le dernier rapport du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon. Tout en jugeant que la force serait « sans doute nécessaire en dernier recours contre les plus extrémistes » des groupes armés, il a averti des risques sur la situation humanitaire et les chances d’une solution politique. Quant à  Aqmi, il menace la France, qui soutiendrait logistiquement une opération armée, et ses alliés en Afrique. « Le Sahara sera un grand cimetière pour vos soldats », a lancé dans une vidéo son chef Abou Moussab Abdel Wadoud, alias Abdelmalek Droukdel, menaçant aussi la vie des sept Français otages dans la région.

Soutien aux femmes du Nord : le cri du cœur des femmes de la Cedeao

Pour manifester leur soutien et montrer leur ras-le-bol face à  la situation que vivent leurs sœurs des régions Nord du Mali, les femmes de l’espace CEDEAO (Communauté des Etats D’Afrique de l’Ouest) ont organisé, vendredi 30 Novembre, une marche à  Dakar. Sur initiative du Groupe de Travail, Femmes, Paix et Sécurité en Afrique de l’Ouest, cette marche a vu la participation de plusieurs organisations de la société civile, d’organisations internationales non gouvernementales, ainsi que des autorités sénégalaises. Il est 16h30mns quand une marrée orange arpente le boulevard du centenaire. Partis de la place de l’obélisque les marcheurs ont rallié la Radio Télévision du Sénégal (RTS). Ainsi on pouvait lire sur des pancartes entre autres slogans: « femmes d’Afrique de l’Ouest solidaires des femmes du Mali », « non aux violences faites aux femmes ». Les femmes des 15 pays de la CEDEAO ainsi que de la Mauritanie ont voulu, à  travers cette marche, manifester leur solidarité à  l’égard des femmes des régions nord du Mali. Ces femmes sont victimes d’exactions et autres supplices de la part des groupes islamistes qui occupent cette partie du pays depuis plusieurs mois. Dans une déclaration lue par la présidente du Groupe, les ouest-africaines ont lancé « un appel aux différentes parties en conflits de cesser les violences et exactions commises sur les femmes et enfants du Mali, d’entamer dans les meilleurs délais un dialogue inclusif, précurseur d’une négociation ouverte aux femmes ». Et la présidente d’ajouter « nous demandons à  toutes les femmes, organisées ou individuellement, de joindre leurs efforts et se mobiliser aux cotés des femmes du Mali ». La représentante du ministre sénégalais de la promotion de la femme et de l’enfant « a exigé aux autorités maliennes de protéger et de faire protéger les femmes ainsi que les enfants conformément aux traités internationaux qu’elles ont ratifiés». Les enfants n’ont pas été en reste. Ils ont, dans une déclaration, condamné toute forme de violences faites aux enfants. Après avoir remercié les femmes pour cette initiative, l’ambassadeur du Mali au Sénégal, Moulaye Ascofaré, a « rassuré les femmes que les autorités maliennes ont conscience de tout ce qu’ont enduré les femmes depuis le déclenchement de la crise ». Selon le plénipotentiaire « le gouvernement du Mali est en train de mettre tout en œuvre afin que toutes ces violences, exactions, privations ne soient plus que de mauvais souvenirs ». Il faut signaler qu’une troupe folklorique du pays joola du nom de « Koumpo » a animé la foule pendant et après la manifestation.

Communiqué final de la réunion des chefs d’Etats de la CEDEAO à Abuja

1. La Session Extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est tenue les 11 Novembre 2012 à  Abuja, République Fédérale du Nigéria, sous la Présidence de S. E. M. Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, Président en exercice de la Conférence. 2. Le Sommet a été convoqué à  l’effet d’évaluer les dernières évolutions des défis sécuritaires et institutionnelles inhérents au processus de transition au Mali et en Guinée Bissau. 3. Etaient présents à  cette Session, les Chefs d’Etat et de Gouvernement suivants ou leurs représentants dûment mandatés: – S. E. M. Thomas Boni YAYI, Président de la République du Bénin ; – S. E. M. Blaise COMPAORE, Président du Burkina Faso ; – S. E. M. Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire ; – S.E.M. Manuel Serifo NHAMAJO, Président par Intérim de la République de Guinée Bissau ; – S.E.M. Alpha CONDE, Président de la République de Guinée ; – S.E.M. Dioncounda TRAORE, Président par Intérim de la République du Mali ; – S. E. M. Mahamadou ISSOUFOU, Président de la République du Niger ; – S.EM. Goodluck Ebele JONATHAN, Président de la République Fédérale du Nigeria ; – S. E. M. Macky SALL, Président de la République du Sénégal ; – S. E. M. Faure Essozimna GNASSINGBE, Président de la République Togolaise ; – S.E.M. K. B. AMISSAH-ARTHUR, Vice-Président de la République du Ghana ; – S.E.M. Jorge Alberto BORGES, Ministre des Relations Extérieures de la République du Cap Vert ; – S.E.Mme. Susan Waffa OGOO, Ministre des Affaires Etrangère de la République de Gambie ; – S. E.M. Augustine KPEHE NGAFUAN, Ministre des Affaires Etrangères de la République du Liberia ; – S. E. Mme. Ebun JUSU, Vice Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale de la République de Sierra Léone ; 4. Les pays et organisations suivants ont pris également part à  ce Sommet en qualité d’observateurs : • l’Algérie, • La Mauritanie, • Le Maroc • l’Afrique du Sud, • Le Tchad, représenté par le Premier Ministre, SEM Emmanuel NADINGAR, • l’Union Africaine, représentée par le Haut Représentant de l’UA pour le Mali et le Sahel SEM Pierre BUYOYA, • Les Nations Unies, représentées par SEM Said DJINNIT Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest. 5. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont pris acte des memoranda du Président de la Commission sur la situation au Mali et en Guinée Bissau ainsi que du Rapport de la Session Extraordinaire du Conseil de Médiation et de Sécurité du 9 Novembre 2012 présenté par le Président du Conseil. La Conférence a également pris note du compte rendu de S. E. M. Blaise Compaoré, Président du Faso, Médiateur de la CEDEAO au Mali, et de celui de S. E. M. Goodluck Ebele Jonathan, Président de la République Fédérale du Nigeria, Président du Groupe Régional de Contact sur le Mali et la Guinée Bissau. 6. Après examen approfondi, les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont entériné les principales recommandations contenues dans les différents rapports. Tout en réaffirmant leur détermination à  accompagner le Mali et la Guinée Bissau dans la résolution de leur crise sécuritaire et institutionnelle et ce, dans le cadre des normes et principes régissant les Protocoles de la Communauté, les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont pris les décisions spécifiques suivantes : A-/ Sur le Mali : 7. La Conférence réitère que le dialogue reste l’option préférée dans la résolution de la crise politique au Mali. Toutefois, en ce qui concerne la situation sécuritaire, l’usage de la force s’avère indispensable contre les réseaux terroristes et de criminalité transnationale qui menacent la paix et la sécurité internationales. 8. La Conférence se félicite de l’adoption de la Résolution 2071 du Conseil de Sécurité des Nations Unies (CSNU) en date du 12 octobre 2012 comme une étape importante dans les efforts internationaux visant à  résoudre les crises sécuritaires et institutionnelles au Mali. Elle se félicite également de l’adoption du Concept Stratégique pour la résolution des crises au Mali au cours de la seconde réunion du Groupe d’appui et de suivi sur la situation au Mali, tenue le 19 octobre 2012, ainsi que de l’approbation du Concept par le Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA, le 24 octobre 2012. 9. Le Sommet décide d’adopter le Concept harmonisé des Opérations pour le déploiement de la Force Internationale conduite par l’Afrique puis demande au Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine d’entériner ledit concept et d’en assurer la transmission et celle du Concept Stratégique au Secrétaire Général des Nations Unies dans les délais prescrits par la Résolution 2071. Le Sommet exhorte le Conseil de Sécurité des Nations Unies à  procéder à  l’examen diligent de ce Concept en vue d’autoriser, le déploiement de la Force militaire internationale au Mali conformément au chapitre VII de la Charte des Nations Unies. 10. Tout en reconnaissant le rôle de premier plan du Mali dans les efforts militaires et diplomatiques visant à  restaurer l’ordre constitutionnel ainsi que l’unité et l’intégrité territoriale du pays, le Sommet souligne le rôle de leadership de la CEDEAO dans le déploiement de la force internationale sous conduite africaine ainsi que dans le commandement de la Force et la mobilisation des ressources en étroite collaboration avec l’Union Africaine et les Nations Unies. 11. Le Sommet réitère ses instructions à  la Commission pour le maintien de la force en attente en état de préparation avancée, en prévision d’un déploiement imminent et exhorte les Etats membres à  honorer leurs engagements relatifs à  la fourniture de troupes et de logistique. 12. Concernant le processus de transition, la Conférence prend note de la déclaration du Président par Intérim que la feuille de route de transition sera disponible dans les prochains jours. Elle exhorte le gouvernement du Mali à  expédier les actions à  ce sujet et à  en assurer la mise en œuvre scrupuleuse visant à  assurer le rétablissement de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire, ainsi que la tenue d’élections libres, justes et transparentes, durant la transition. 13. A cet égard, la Conférence réitère sa décision selon laquelle ni le Président par intérim ni le Premier Ministre et les autres membres du gouvernement de transition ne pourront être candidats à  la prochaine élection présidentielle. 14. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement invitent les autorités de la transition à  procéder, avec diligence, à  la mise en place du Comité National chargé de conduire, avec la facilitation du Médiateur, le dialogue interne entre les différentes parties prenantes à  la transition et aussi avec les groupes armés non impliqués dans les activités terroristes et criminelles et qui acceptent, sans conditions, de reconnaitre l’unité et l’intégrité territoriale du Mali ainsi que le caractère laà¯c de l’Etat. 15. La Conférence réitère ses préoccupations face aux flagrantes violations des droits humains et humanitaires dans les territoires occupés ainsi qu’aux conséquences humanitaires qui pourraient résulter du déploiement envisagé. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement saluent la prise en compte du volet humanitaire dans le concept stratégique et la planification des opérations et lancent un appel aux agences humanitaires et à  la Communauté Internationale à  continuer d’apporter leur assistance au Mali et aux autres pays affectés de la région. 16. La Conférence se félicite des efforts déployés par SEM Alpha Condé Président de la République de Guinée pour faciliter le transfert des armes au Mali et l’encourage à  prendre les mesures nécessaires additionnelles pour assurer leur transfert rapide et sécurisé aux autorités maliennes. 17. Le Sommet exprime sa profonde gratitude pour les efforts de médiation consentis par S.E.M. Blaise Compaoré, Président du Faso et par le Médiateur Associé, S.E.M. Goodluck Ebélé Jonathan, Président de la République fédérale du Nigéria, et les encourage à  persévérer dans la recherche d’une solution pacifique à  la crise. 18. La Conférence se félicite du rôle joué par les pays voisins du Mali ainsi que par tous les autres partenaires internationaux de la CEDEAO dans le cadre des efforts visant à  aider le Mali dans la résolution des crises sécuritaires et institutionnelles auxquelles est confronté le pays. B-/ Sur la Guinée-Bissau 19. Le Sommet se félicite des efforts engagés par des Bissau-guinéens afin de promouvoir le dialogue interne et considère la décision de convoquer l’Assemblée nationale en session prochaine comme un autre moyen de parvenir à  un consensus sur la transition et de favoriser une gouvernance inclusive. 20. La Conférence instruit la Commission d’accélérer la conduite de la mission d’évaluation conjointe en Guinée Bissau par la CEDEAO, l’UA, la CPLP, les Nations Unies et l’UE et considère cette mission comme un processus important dans la formulation d’un consensus au plan international. Elle encourage les partenaires à  conjuguer leurs efforts afin de renforcer la transition et d’assurer la crédibilité du processus, en prévision de la tenue d’élections au plus tard en avril 2013. 21. A cet égard, la Conférence réitère sa décision selon laquelle ni le Président par intérim ni le Premier Ministre et les autres membres du gouvernement de transition ne pourront être candidats à  la prochaine élection présidentielle. 22. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement condamnent fermement la tentative de déstabilisation du 21 octobre 2012 et dénoncent tout recours à  la violence ou à  des moyens anticonstitutionnels pour exprimer des revendications politiques. Ils exhortent les autorités de transition à  veiller au respect de l’Etat de droit ainsi que des droits humains dans le cadre des investigations et éventuellement des poursuites liées à  cette affaire. 23. Le Sommet salue la signature du Protocole d’Accord sur le Programme de Réforme du Secteur de Défense et de Sécurité (PRSDS) et instruit la Commission de prendre des mesures nécessaires afin d’assurer le démarrage immédiat de sa mise en œuvre. Il invite l’UA et les autres partenaires à  participer activement au processus. 24. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement font appel à  l’Union Africaine de reconnaà®tre le gouvernement de transition établi en Guinée Bissau avec la facilitation de la CEDEAO. Par ailleurs, ils exhortent l’Union Africaine de suspendre les sanctions imposées à  l’encontre de la Guinée Bissau, comme un encouragement aux autorités de transition et en reconnaissance des progrès que le pays continue à  faire vers la formation d’un gouvernement de transition plus inclusif pour faciliter la restauration paisible et total de l’ordre constitutionnel dans le pays. A cet égard la Conférence a invité S.E.M. Thomas Boni Yayi, Président en Exercice de l’Union Africaine, à  s’assurer de la mise en œuvre de cette décision. 25. Le Sommet exprime ses félicitations aux éléments de l’ECOMIB et aux pays contributeurs de troupes, pour les efforts consentis en Guinée Bissau. En vue de l’expiration, le 17 novembre 2012 du mandat initial de six mois de l’ECOMIB, la Conférence décide de prolonger ledit mandat pour une nouvelle période de six mois. 26. La Conférence renouvelle son appel aux Etats membres pour une assistance financière au Gouvernement de la Guinée Bissau et en appelle aussi à  la communauté internationale pour un assouplissement des sanctions appliquées à  l’encontre du pays afin de réduire les souffrances des populations. 27. La Conférence exprime sa profonde gratitude à  S.E.M. Goodluck Ebele Jonathan pour les efforts de médiation entrepris et l’assistance financière apportée à  la Guinée Bissau. Elle exprime également ses remerciements aux membres du Groupe de contact régional et les encourage à  poursuivre leurs efforts de médiation dans le pays. 28. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement expriment leurs chaleureuses félicitations à  S. E. M. Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, Président en Exercice de la CEDEAO pour sa vision et son rôle de leadership dans la recherche des solutions à  la crise au mali et en Guinée Bissau ainsi que son engagement à  la promotion et à  la consolidation de la paix et de la sécurité en Afrique de l’Ouest. 29. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement décident de rester saisis de la situation au Mali et en Guinée Bissau. Fait à  Abuja, le 11 Novembre 2012 LA CONFERENCE

Mali: 3.300 soldats seront déployés par La Cedeao

Depuis dimanche 12 novembre 2012, les pays de l’Afrique de l’Ouest ont convenu de déployer 3 300 soldats pour aider à  reprendre le contrôle du nord du Mali. Une partie du pays, o๠les extrémistes islamistes se sont imposés il y a un peu plus de six mois. Ce déploiement qui va durer un an va intervenir dès validation par l’ONU du projet d’intervention élaboré par les experts africains, onusiens et européens réunis à  Bamako la semaine dernière. A cet effet Alassane Ouattara actuel président de l’organisation a dit espérer une approbation pour fin novembre ou début décembre du conseil de sécurité, qui permettrait aux troupes d’être sur le terrain quelques jours plus tard. Les troupes viendraient essentiellement du Nigeria, du Niger et du Burkina Faso. Il pourrait aussi y avoir une contribution venant d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest et de certains pays non-africains en renfort d’environ 5000 militaires maliens. Le Tchad risque aussi d’être présent bien que jusqu’ici le pays n’ait pas encore donné sa réponse. Selon le communiqué final de la réunion extraordinaire, les dirigeants africains ont adopté un plan appelé «Concept harmonisé des opérations pour le déploiement de la force internationale conduite par l’Afrique». Ce plan doit être transmis à  l’ONU avant le 26 novembre, via l’Union africaine. Dans ce document qui a été publié pour l’occasion, le dialogue reste l’option préférée pour la résolution de la crise politique au Mali. Toutefois, en ce qui concerne la situation sécuritaire, l’usage de la force s’avère indispensable contre les réseaux terroristes et de criminalité transnationale qui menacent la paix et la sécurité internationales. D’ici là , les négociations se poursuivent, notamment à  Ouagadougou, entre les autorités burkinabè et une délégation du groupe islamiste armé Ansar Dine. Il faudra également régler la question du financement de cette éventuelle intervention militaire. Depuis que des combats ont éclaté dans le nord du Mali en janvier dernier entre les forces gouvernementales et les rebelles liés à  al-Qaà¯da, le pays est confronté à  des problèmes de sécurité ainsi qu’à  des problèmes économiques, politiques et humanitaires.

L’Algérie soutient l’idée d’une intervention militaire au Mali

Au lendemain de la visite de la secrétaire d’à‰tat américaine Hillary Clinton à  Alger, lundi 29 octobre, la participation de l’Algérie à  « la planification militaire » de l’intervention de la Communauté économique des à‰tats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) dans le nord du Mali semble acquise. Plusieurs sources concordantes l’affirmaient mardi 30 octobre à  Alger : « Les discussions entre le président Bouteflika et Mme Clinton ont plus porté sur les modalités de la participation algérienne que sur son principe », affirme ainsi un proche du ministère des affaires étrangères. Concrètement, « il n’y aura pas de soldats algériens sur le sol malien, pas plus que de soldats français ou américains. Mais l’ANP (l’armée algérienne) sera associée à  la programmation des opérations militaires pour reconquérir le Nord-Mali. » des engagements « contre le terrorisme » Cette visite de la secrétaire d’à‰tat américaine aurait ainsi permis une clarification de la position algérienne. Jusqu’à  maintenant, Alger n’était pas favorable à  une intervention étrangère. Pour l’obtenir, Hillary Clinton a combiné flatteries de « la puissance militaire » et diplomatique de l’Algérie et rappels de ses engagements vis-à -vis de la communauté internationale « contre le terrorisme » . « Le président Bouteflika a longuement expliqué à  Mme Clinton que la solution ne pouvait pas être strictement militaire. l’écoute de Washington est apparue plus sérieuse que celle de Paris », souligne la même source. l’Algérie revendique plus de temps, afin, d’une part, de remettre sur pied l’armée malienne et, d’autre part, d’obtenir une évolution favorable dans les alliances sur le terrain dans le nord du Mali. Alger veut détacher la principale faction des insurgés, Ansar Eddine, de « ses alliés terroristes » . la diplomatie algérienne a été prise de cours dans la région La radicalisation salafiste, au début de l’année, de Iyad Ghaly, le chef du groupe touareg Ansar Eddine, avait marginalisé la faction laà¯que des indépendantistes du Mouvement de libération de l’Azawad (MNLA) et pris de cours la diplomatie algérienne dans la région. Mais celle-ci refuse encore d’admettre qu’Ansar Eddine ne peut plus faire partie de la solution dans le nord du Mali. Paris, à  l’inverse, assimile ce groupe aux autres organisations salafistes classées « terroristes » dans la région : Aqmi et le Mujao. Personne ne dit, à  Alger, si Abdelaziz Bouteflika a convaincu Hillary Clinton d’attendre encore que ses services « retournent » le leader Targui, devenu islamiste radical après un passage dans les années 1990 comme vice-consul du Mali en Arabie saoudite. En attendant, des experts africains, y compris Algériens, européens et onusiens, se réunissaient à  Bamako, mardi 30 octobre, pour mettre au point le « concept d’opération » d’une intervention armée dans le nord du Mali. Amine KADI, à  Alger

Comment la France planifie l’intervention au nord du Mali

L’opération militaire destinée à  reconquérir le nord du Mali occupé par des groupes islamistes liés à  al-Qaida n’est plus, selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, «qu’une question de semaines». Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné 45 jours aux pays d’Afrique de l’Ouest pour proposer un plan concret d’intervention. Poussée par la France, l’Union européenne proposera dans les mêmes délais un projet de gestion de crise. Après, la voie sera libre. «Si on rate la fenêtre météo, nous serons obligés d’attendre un an», prévient une source proche du dossier. Tout doit être largement engagé avant la fin du mois de mars, date du début de la saison des pluies. Concrètement, dans l’entourage de Jean-Yves Le Drian, on planche sur un programme en trois phases: un, stabiliser le sud du Mali et protéger Bamako dès la fin du mois de novembre ; deux, mettre en place la formation des armées africaines en janvier ; trois, amorcer la reconquête du nord début mars au plus tard. Officiellement, ce sont les armées africaines qui mèneront l’opération. Bien qu’étant désigné comme l’ennemi principal par Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique), Paris, qui prétend rompre avec les habitudes passées de la «Françafrique» et ne veut pas se voir reprocher une nouvelle fois son passé colonial, refuse d’être en première ligne. La France se cache derrière l’Europe, elle se pose en soutien des pays africains qui seront assistés dans la planification et la logistique et promet qu’il n’y aura «pas de troupes au sol». Trois mille hommes Les autorités françaises communiquent plus discrètement sur les forces spéciales à  pied d’œuvre dans la région, dont la mission est indépendante du calendrier officiel. Elles se préparent à  intervenir en amont pour fournir du renseignement et guider les forces africaines sur place. Elles pourraient agir plus rapidement encore si les intérêts de la France ou la vie des otages venaient à  être menacés. Comme en Libye et en Côte d’Ivoire en 2011, des moyens clandestins sont mis en place pour épauler les forces locales, notamment l’armée malienne, sous-équipée et démoralisée après sa défaite contre les islamistes. Dans l’ombre, Paris a aussi pris en charge l’élaboration du programme d’intervention qui doit être proposé par les pays de l’Ouest africain. Restés jusque-là  en retrait sur le dossier du Sahel, les à‰tats-Unis ont changé de posture après l’attaque commise contre leur représentation diplomatique à  Benghazi, le 11 septembre dernier, qui s’est soldée par la mort, dans des «conditions atroces», de leur ambassadeur Chris Stevens. «Le Sahel est devenu un enjeu pour eux. Ils veulent désormais être associés de manière plus étroite à  l’intervention», confirme un proche du ministre français de la Défense, lequel s’est longuement entretenu du sujet avec son homologue américain, Leon Panetta. Les Américains, qui ont des drones armés dans la région, n’excluent plus d’intervenir directement au nord du Mali, en menant par exemple des frappes aériennes ciblées. Tous les détails de l’opération militaire ne sont pas encore réglés. Si les pays africains doivent normalement fournir 3000 hommes, la liste des à‰tats qui participeront à  l’intervention contre les combattants islamistes, qui sont armés de lance-missiles et de lance-roquettes, n’est pas encore finalisée. Pas plus que le règlement politique. Or tous les pays candidats en sont conscients: sans solution diplomatique durable, l’intervention militaire ne sera pas suffisante pour régler le problème d’Aqmi au Sahel.

Intervention militaire au Mali : « l’Onu redoute un éventuel échec », selon un universitaire

Ouestafnews- Aujourd’hui l’idée de l’intervention militaire étrangère au Nord mali fait l’objet d’un consensus au sein de la Cedeao, quelles pourraient être les dangers d’une telle entreprise ? Bakary Sambe – Il y a quelques semaines, le Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki-Moon avertissait déjà  en ouvrant la réunion de haut niveau sur le Sahel en marge de l’Assemblée Générale des Nations-Unies que « toute solution militaire pourrait avoir de graves conséquences humanitaire ». Mais la Cedeao et le Gouvernement malien se sont, toutefois, accordés sur les grandes lignes d’une intervention au Nord du Mali, dont les troupes seraient ouest-africaines mais bénéficieraient d’un soutien logistique d’autres pays. On parle d’une force de 3.000 soldats de la Cedeao « n’incluant pas d’étrangers » qu’il faudrait déployer, un noyau de cette force s’entraà®ne déjà  non loin de Dakar, depuis quelques semaines. Il y a, quand même, quelques éléments de consensus international pour légitimer une intervention armée : les germes d’une guerre civile, de graves violations des droits de l’homme voire des crimes de guerre (des amputations, des exécutions sommaires et des lapidations à  mort), des forces islamistes ont finalement chassé les Touaregs du MNLA des villes de Tombouctou, Gao et Kidal. Elles ont instauré, à  leur manière, ce qu’elles appellent « charia » et détruit un nombre de mausolées de saints musulmans. Néanmoins, il y a des réserves légitimes à  l’intervention. Certains font valoir que si la Cedeao est une force sur le papier, elle n’a pas assez de troupes à  fournir, ni même la volonté de participer, pour des pays comme la Mauritanie ou le Sénégal dont la position a beaucoup évolué. Il y a aussi un autre fait non négligeable : le Gouvernement malien actuel ne contrôle pas une grande part du Mali, ni n’est en mesure de le faire. Le Nord-Mali, qui couvre une région aussi vaste que la France, est contrôlé par trois différents groupes radicaux islamiques : Ansar Dine , le Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). Aqmi se finance au moyen de prise d’otages occidentaux et est soupçonné de recevoir un appui financier de certains pays arabes. Les dirigeants de l’armée malienne semblent aussi avoir perdu le contrôle de leurs forces armées. Pour illustrer ce fait : l’assassinat par balle par des soldats insurgés de seize prédicateurs islamistes à  15 kilomètres de Diaboli, en défiant l’ordre donné, indique que les structures de commandement sont en train de se désagréger. Ouestafnews- Que vous inspirent les hésitations de l’Onu concernant ce projet? B.S – Les hésitations de l’Onu cachent à  mon avis la crainte d’un éventuel échec, l’extension et l’enlisement du conflit dans la sous-région. C’’est-à -dire que la communauté internationale veut se donner toutes les garanties de réussite d’une telle opération avant de s’y engager. C’’est le même état d’esprit qui sous-tend les positions américaines sur la question. Les déclarations prêtées, depuis Alger, au général Carter Ham, chef du chef du commandement américain pour l’Afrique (Africom) ont dû surprendre nombre de diplomates, Carter Ham semblait insister sur position américaine privilégiant « une solution diplomatique et politique à  la crise malienne ». Il semblerait que Washington opte pour une maà®trise de tous les enjeux avant un positionnement définitif ; ce qui expliquerait ses récentes investigations menées sur les différents acteurs (MNLA, Mujao, Ansar Dine) afin de mesurer les divers degrés d’implication mais aussi le rapport de force devant déterminer sa stratégie. On peut se demander si ces déclarations expriment, réellement, un positionnement définitif ou cachent une certaine précaution motivée par la hantise d’un échec au cas o๠deux acteurs majeurs de cette crise ne s’engageaient pas dans une éventuelle intervention : la Mauritanie et surtout l’Algérie qui n’est pas en faveur de l’option militaire. Carter Ham, renforcé par Carlson, a été catégorique aussi bien à  Alger qu’à  Rabat : «Aucune intervention militaire n’est envisageable dans cette région ni dans le nord du Mali», ajoutant que « le déploiement de forces militaires ne fera que compliquer la situation en ce moment ». Inspirant pour les « colombes » onusiennes ? Ouestafnews- Justement, peut-on véritablement venir à  bout de ces groupes armés sans une implication active de pays frontaliers que sont l’Algérie et la Mauritanie? B.S – Les positions algériennes et mauritaniennes sont paradoxales comme l’était celle du Sénégal il y a quelques jours. On sait qu’Aqmi est un phénomène algérien. Tous les chefs de Katiba (Abû Zayd, Mokhtar Bel Mokhtar etc.) sont des algériens. La Mauritanie a du mal à  contrôler sa vaste frontière avec le Mali et son territoire est une zone de repli stratégique. Craint-elle peut-être une extension du conflit et ses éventuelles répercussions sur sa sécurité intérieure ? Mais, pour les convaincre d’une coopération ne serait-ce que minimaliste, la solution pourrait être américaine. Carter Ham était à  Alger il y à  peine quelques jours. l’énorme influence dont jouissent actuellement les Etats-Unis, notamment au Maghreb, pourrait, peut-être, aider à  résoudre l’équation algérienne si pesante sur l’issue du conflit, l’Algérie étant le seul pays pouvant aider à  déloger les éléments d’Aqmi du Nord Mali, comme elle avait, du reste, pendant des années, empêché Khadhafi de s’y installer. Hélas, pour l’heure, l’Algérie n’y a aucun intérêt immédiat et semble bien confortable dans sa posture actuelle d’un pays qui s’est débarrassé du djihadisme à  l’intérieur de ses frontières. De plus Alger a envie de tout sauf de s’encombrer d’un nouveau front touareg ou berbère. Mais, les USA qui hésitent encore devraient travailler sur plusieurs hypothèses y compris celle qui verrait réussir une intervention militaire de la Cedeao. La France est plus décidée pour les raisons que l’on sait : intérêt stratégiques et économiques importants et des otages encore entre les mains d’Aqmi. Malgré la diversité des positions et des intentions, tout le monde en est conscient : quelle que soit l’issue de cette crise, aucune puissance ne pourra se permettre une auto-exclusion du processus de reconstruction et, surtout, d’un indispensable et ambitieux plan de l’ONU comprenant un pan économique important pour pacifier, à  long terme, la région du Sahel.

Mali: le projet de résolution de l`ONU devrait être adopté vendredi

NEW YORK (Etats-Unis / Nations unies) – Le projet de résolution sur le Mali proposé par la France devrait être adopté vendredi après-midi par le Conseil de sécurité de l`ONU, a indiqué jeudi soir la mission française auprès de l`ONU. La résolution demande à  la Cédéao (Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest) et à  l`Union africaine de préciser dans les 30 jours les modalités d`une intervention militaire pour reconquérir le nord du pays et invite le gouvernement malien et les rebelles touareg à  ouvrir dès que possible une négociation. Son adoption ne pose pas de problème de fond, soulignaient ces derniers jours des diplomates du Conseil. Bamako a demandé officiellement à  l`ONU un mandat pour une « force militaire internationale » avec un déploiement au Mali de troupes ouest-africaines qui l`aideraient à  reconquérir le nord du pays, contrôlé par des extrémistes islamiques dont certains sont liés à  Al-Qaà¯da. Mais le Conseil de sécurité réclame en vain depuis six mois des détails sur les modalités de cette intervention (objectifs, troupes, commandement, besoins logistiques, etc.). Une réunion se tiendra le 19 octobre à  Bamako avec les principaux acteurs (Cédéao, Union africaine, Union européenne, ONU) pour tenter de mettre au point une « stratégie cohérente », selon un diplomate. Paris a promis une aide logistique à  l`opération. Ce n`est que dans un deuxième temps, au mieux fin novembre, et par le biais d`une deuxième résolution, que le Conseil pourra donner son feu vert formel au déploiement d`une force qui prendra de toutes façons plusieurs mois. En attendant, le projet de résolution invite les pays membres de l`ONU et les organisations comme l`Union européenne à  commencer à  entraà®ner et équiper l`armée malienne, qui devra prendre la tête de la reconquête du Nord.

Le FDR de retour dans la rue

« Nous sommes une majorité silencieuse. On doit marcher pour montrer à  l’opinion nationale et internationale que le Mali ne se limite à  des agitateurs de la COPAM ». Fatoumata Siré Diakité, vice-présidente du FDR, a donné lors d’une conférence en commune II le ton de la marche qui doit rassembler jeudi matin les principaux regroupements politiques opposés au putsch et favorable à  l’intervention militaire de la Cédéao (FDR, ADPS) en appui à  l’armée malienne. Le FDR a déjà  lancé son offensive médiatique pour réunir un maximum de manifestants. « Il est temps d’agir pour la libération du nord Mali », lit-on dans les journaux ou sur des affiches dans les rues. Les marcheurs quitteront quitteront la Place de la Liberté en passant par la place de l’OMVHS pour terminer au monument de la Paix, face à  la cité administrative. Une déclaration sera alors remise au Premier ministre Cheick Modibo Diarra. La réponse du berger à  la bergère Pour les organisateurs de l’événement, la réussite de la mobilisation est un défi à  relever. Elle intervient en effet après une manifestation de la COPAM le 28 septembre contre l’intervention de la Cédéo, qui avait réuni quelques centaines de personnes. Ce mouvement favorable à  l’ex-junte du CNRDRE voit l’envoi de troupes de la Cédéao comme une humiliation nationale et un moyen d’affaiblir les militaires putschistes, toujours très actifs dans l’ombre. « Nous avons confiance en notre armée, on ne permettra à  personne de venir libérer le Nord du Mali à  notre place ! », avait déjà  avertit le député Oumar Mariko. Rassemblement à  risque Le FDR s’apprête à  sortir dans la rue pour la première fois depuis plusieurs mois. Suite à  l’agression du président de la République Dioncounda Traoré le 21 mai au palais présidentiel, le FDR avait été convaincu par les familles fondatrices de Bamako et les griots de ne pas battre le pavé en réponse pour éviter d’entretenir les tensions. Le FDR a condamné le coup d’Etat du 22 mars dès les premières heures. Plusieurs de ses membres ont été arrêtés et détenus par les militaires dans les premières semaines du putsch. Le 29 mars, un de leurs rassemblements avait été saboté par des jeunes venus leur lancer des pierres et brûler pneus et voitures.

Washington réfléchirait à d’éventuels bombardements contre Aqmi

WASHINGTON — Les autorités américaines ont engagé une réflexion sur de possibles bombardements de drones dans le nord du Mali contre Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), affirme mardi le Washington Post. Le journal assure que le principal conseiller du président Barack Obama pour l’antiterrorisme, John Brennan, mène l’évaluation de la situation dans la région en coopération avec le département d’Etat et le Pentagone, et examine la possibilité d’une intervention américaine pour lutter contre ces groupes extrémistes. Le recours par les Etats-Unis à  des drones, déjà  opérationnels contre des groupes islamistes armés dans des pays comme le Pakistan, le Yémen ou la Somalie, est également à  l’étude, indique le Post, citant des responsables américains sous couvert de l’anonymat. Sollicité par l’AFP, un porte-parole de la Maison Blanche n’a pas démenti la tenue de réunions spécifiquement consacrées au Mali et à  Aqmi, mais a refusé d’entrer dans les détails. « Ce ne devrait pas être une surprise que la Maison Blanche organise des réunions sur toute une série de questions, dont des dossiers d’antiterrorisme. Le président a clairement énoncé son objectif de détruire le réseau d’Al-Qaà¯da et nous y oeuvrons tous les jours », a expliqué Tommy Vietor, porte-parole du Conseil de sécurité nationale. « Nous n’entrerons pas dans les détails de ces discussions ou des préconisations » qui en sortent, a ajouté M. Vietor. L’attaque du consulat américain à  Benghazi le 11 septembre, un « acte terroriste » selon l’administration Obama, a renouvelé l’attention que les Etats-Unis portent à  Aqmi, soupçonné de connexions avec l’attentat, ont également affirmé à  l’AFP deux autres hauts responsables américains. « Manifestement il y a un regain d’intérêt pour Aqmi depuis l’attaque » au cours de laquelle l’ambassadeur en Libye Christopher Stevens et trois autres Américains ont été tués, a confié l’un de ces responsables s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. L’enquête se focalise sur « les groupes extrémistes dans la région des Benghazi ainsi que sur Aqmi », a-t-il ajouté. Lundi, un haut responsable de la diplomatie américaine avait affirmé que les Etats-Unis seraient prêts à  soutenir une intervention armée « bien préparée » et menée par des pays africains dans le nord du Mali pour en expulser la rébellion islamiste liée à  Al-Qaà¯da. « Il devra y avoir à  un certain moment une action militaire » contre les extrémistes liés à  Aqmi installés dans le nord du Mali, avait déclaré le plus haut responsable de l’Afrique au département d’Etat américain, Johnnie Carson. Le Premier ministre malien Cheikh Modibo Diarra a appelé samedi les Occidentaux, et au premier chef la France, à  intervenir militairement dans le nord du Mali en envoyant avions et forces spéciales.

Nord Mali : Alger négocie avec les islamistes

«Il y a urgence à  trouver une solution pour empêcher une intervention militaire dans le nord du Mali. Nous devons absolument convaincre toutes les factions sur le terrain de rompre les liens avec les terroristes d’Aqmi et du Mujao.» à€ en croire une source proche des négociations, c’est en recevant en secret une nouvelle délégation d’Ansar Dine qu’Alger essaie de trouver au plus vite une issue politique à  la crise au ­Sahel. Les tractations avec le mouvement islamiste touareg, qui ont commencé depuis le rapt des diplomates algériens à  Gao en avril dernier, visent «à  unir les différents courants d’Ansar Dine»: la faction la plus radicale – et la plus influente – qui ne reconnaà®t pas Aqmi comme un groupe terroriste, la frange plus souple, qui souhaite faire du Mali un émirat islamique mais pourrait se démarquer d’al-Qaida, et le courant composé essentiellement d’anciens du MNLA qui veulent privilégier l’autonomie de l’Azawad. «Voilà  pourquoi cette délégation était menée par Tena Ould Ahmed (le père spirituel d’Iyad ag Ghali, chef d’Ansar Dine), tenant de l’aile dure, et Amada ag Bibi, plus modéré», explique un proche du mouvement. Des pourparlers qui ne sont pas du goût de Bamako, o๠le premier ministre, Cheick Modibo Diarra, a appelé samedi les Occidentaux à  envoyer avions et forces spéciales au nord du pays. «Nous ne reconnaissons pas ce type de rencontre informelle, commente . Le Mali compte exclusivement sur une résolution des Nations unies pour envoyer les 3300 hommes de la Cédéao qui se tiennent prêts. L’Algérie cherche à  protéger ses hommes, quitte à  sacrifier la population malienne. Elle ne doit pas se sentir obligée de s’impliquer dans une opération militaire, le Mali ne lui demande rien.» Partenariat américano-algérien Sur un autre front, les Algériens soignent leurs relations avec les pays acquis à  leur cause. Le ministre nigérien de la Défense, Mahamadou Karidiou, reçu par le président Bouteflika la semaine dernière a rappelé la «convergence de vues» entre les deux pays. Autres partenaires privilégiés, les Américains… même si leurs déclarations se contredisent parfois. Alors que le général Carter F. Ham, haut commandant des forces armées américaines en Afrique (Africom) affirmait dimanche à  Alger que «la situation dans le nord du Mali ne peut être réglée que de manière diplomatique ou politique», le plus haut responsable de l’Afrique au département d’à‰tat américain, Johnnie Carson déclarait hier que les à‰tats-Unis «seraient prêts à  soutenir une intervention armée bien préparée, bien organisée, bien pourvue, bien pensée et agréée par ceux qui seront directement concernés». Les à‰tats-Unis semblent en fait garder deux fers au feu. Ils devraient soutenir au Conseil de sécurité des Nations unies le principe d’une intervention armée internationale aussi large que possible, mais tiennent à  s’assurer des conditions dans lesquelles elle pourrait se dérouler. Attendus le 19 octobre à  Washington pour la première session de dialogue Algérie-à‰tats-Unis, les Algériens martèlent qu’une telle opération serait «vouée à  l’échec». «Jeter quelque 3000 hommes dans un théâtre d’opérations de plus de 8000 kilomètres carrés serait insignifiant, s’emporte un haut gradé algérien. De plus, l’ennemi, invisible et insaisissable, mènera une guerre d’usure qu’il gagnera à  coup sûr contre une formation militaire telle que la pense la Cédéao, qui ne connaà®t pas, non plus, le terrain saharien. Enfin, les groupes armés s’appuieront sur la population locale, des Touaregs, pour qui une armée africaine équivaut à  une force d’occupation étrangère.»

Mali: « la seule façon de régler le problème est militaire », selon Abdou Diouf

« J’ai nourri l’espoir que ce problème se réglerait par la négociation mais j’ai perdu mes illusions. La seule façon de régler ce problème est militaire », a déclaré M. Diouf, dans un entretien à  la chaà®ne TV5 Monde. « Il n’y a pas d’alternative » face à  des « islamistes alliés à  des narcotrafiquants, à  des preneurs d’otages et à  des criminels frontaliers », a-t-il estimé. « Il faut que tout le monde s’y mette. Il ne faut pas être tiède dans cette affaire ». « La situation est extrêmement grave. Personne ne sera à  l’abri si ce cancer se développe », a-t-il insisté. Pour le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, « c’est un problème qu’on ne peut pas laisser entre les mains du Mali et de la Cédéao », la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest qui s’est dit prête à  déployer une force de 3. 300 hommes sur place. « Le gouvernement malien, la Cédéao seront en première ligne », a-t-il dit. « Mais toute la communauté internationale est concernée. Il faut les aider à  vaincre le terrorisme qui se développe dans le nord du pays », a-t-il estimé. « On n’a pas le choix. J’entends parler de gens qui ne veulent pas de troupes étrangères mais on n’a pas le choix. Il faut être sérieux! » s’est-il exclamé. Interrogé sur le XIVe sommet de la Francophonie, dont la tenue du 12 au 14 octobre à  Kinshasa a été critiquée, notamment par l’opposition congolaise et des organisations de défense des droits de l’homme, M. Diouf a affirmé que « personne n’a demandé sa délocalisation ». Rappelant que la République démocratique du Congo est « le premier pays francophone au monde », M. Diouf a jugé que « si on veut tirer la RDCongo vers le haut, il est bon d’aller à  Kinshasa dire ce que nous avons à  dire, en termes de bonne gouvernance, d’Etat de droit, de respect des droits de l’homme ». Interrogé sur une supposée hésitation du président François Hollande à  se rendre à  Kinshasa, M. Diouf a répondu: « Je ne conçois pas un sommet de la Francophonie sans la présence du chef de l’Etat français, tout comme mon homologue du Commonwealth n’envisagerait pas un sommet du Commonwealth sans la Reine d’Angleterre ». Lire l’article sur Jeuneafrique.com : Mali: « la seule façon de régler le problème est militaire », selon Abdou Diouf | Jeuneafrique.com – le premier site d’information et d’actualité sur l’Afrique

Les djihadistes du Nord-Mali s’organisent en attendant « la bataille »

Doigt sur la gâchette, regard noir, un djihadiste de 14 ans ordonne au véhicule de se garer en contrebas du ruban de bitume reliant la frontière nigérienne à  Gao, plus importante des localités du nord du Mali sous contrôle de groupes islamistes armés. « Nous avons pris la décision de renforcer la sécurité ici et de prendre les mesures qui s’imposent », lance l’adolescent malien, Aziz Maà¯ga, rencontré par l’AFP à  Labézanga, localité malienne située à  plus de 200 kilomètres de Gao. Une fouille minutieuse du véhicule commence aussitôt. Rangers noirs et poussiéreux, fusil en bandoulière, des djihadistes emmitouflés dans des tenues militaires ou des vêtements kaki, inspectent tous les bagages et les passagers du véhicule. Première surprise: de la frontière nigérienne jusqu’à  Gao, quasiment tous les djihadistes croisés sont des Africains subsahariens. Ces derniers mois, on y rencontrait essentiellement de jeunes Maghrébins. « Moi même, je suis surpris », affirme le Nigérien Hicham Bilal qui dirige à  Gao une katiba (unité combattante). « Tous les jours, dit-il, nous avons de nouveaux volontaires. Ils viennent du Togo, du Bénin, du Niger, de la Guinée, du Sénégal, de l’Algérie et d’ailleurs ». « Puisque les gens veulent nous faire la guerre, il faut savoir qu’ici, il n’y a plus de Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest), d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) et d’Aqmi (Al-Qaà¯da au Maghreb islamique). Nous sommes tous des moudjahidine. Demain, un Mujao peut se retrouver au sud, à  l’est ou ailleurs. Partout, nous sommes chez nous », dit-il. Sur la route, les postes de sécurité sont de plus en plus nombreux. « prêts pour la bataille » « Nous sommes prêts pour la bataille. Nous attendons que les troupes françaises ou africaines arrivent », assure un jeune Ivoirien, visiblement nouvelle recrue, alors que la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) prépare l’envoi au Mali d’une force africaine pour aider Bamako à  reconquérir le Nord, avec l' »appui logistique » de la France. Dans Gao, passée fin juin sous le contrôle du Mujao, des pick-up chargés d’armes et de combattants font d’incessants allers-retours. Le drapeau noir des djihadistes flottent sur les pick-up. Les visages des combattants sont de plus en plus jeunes. Au siège de la police islamique de Gao, de nouveaux volontaires disent être venus prêter main forte à  leurs « frères moudjahidine ». « Je suis Khalil, Egyptien, et je suis venu donner un coup de main à  mes frères moudjahidine », dit un homme, grand de taille, dont les propos, en arabe sont traduits par son adjoint sierra-léonais. Un autre homme, s’exprimant en anglais, affirme qu’il est pakistanais et que « l’islam n’a pas de frontières ». Si des Egyptiens et Pakistanais ont repris en main la police islamique de Gao, les combattants algériens sont en première ligne au sud de la localité, sur la route menant à  Bamako. Quelques dizaines de combattants algériens y sont visibles, venus, selon un témoin, de la katiba du puissant chef d’Aqmi, l’Algérien Mokhtar Belmokhtar alias Belaaouar, qui dirige la région. Pour empêcher d’éventuels atterrissages d’avions ennemis, des djihadistes ont éparpillé des carcasses de véhicules pour rendre la piste impraticable. Selon des habitants vivant près de l’aéroport, deux camps d’entraà®nement accueilleraient des dizaines de combattants. « J’en ai vu qui s’entraà®naient. Il y a des séances de tirs et de tactiques militaires. Beaucoup sont très jeunes, ils disent qu’ils sont prêts à  mourir », raconte un fonctionnaire de Gao. Dans les neuf quartiers de la ville, il y aurait des combattants « camouflés » dans des maisons, selon d’autres témoignages. J’ai vu deux armes lourdes dans une maison du quatrième quartier de Gao. C’est la première fois que je vois ça », affirme Djénakou, un jeune habitant. « Paracétamol » Les « occupants » de Gao, selon lui, ont encore durci, récemment, les conditions d’application de la charia (loi islamique) qu’ils imposent. Le 10 septembre, cinq hommes accusés d’avoir braqué un car ont été amputés d’une main et d’un pied chacun. Aucune radio privée de la ville ne diffuse plus de musique. Les femmes doivent se voiler sous peine de sanctions, voire d’emprisonnement. Et rares sont les habitants qui osent fumer en public. Pour acheter discrètement du tabac, un nouveau nom de code: « paracétamol ». Venu de Bamba (à  245 km de Gao), un homme se plaint que tout le monde soit « au chômage dans son village, parce que Bamba est la principale zone de production de tabac et qu’ils interdisent de le vendre ». Les islamistes, plutôt tolérés par les populations au début de leur occupation, semblent de plus en plus impopulaires. Mais le marché de la ville grouille toujours de monde et les denrées de premières nécessité n’y manquent pas. Les clients qui commentent une possible intervention militaire étrangère se disent globalement « contre ». « Quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre. Les éléphants, ce sont les combattants d’ici et l’armée de Bamako avec ses soutiens extérieurs. L’herbe, ce sont les pauvres civils, nous », lance, fataliste, Mahamane, fonctionnaire à  la retraite.

La COPAM appelle à manifester contre la CEDEAO

La  branche dissidente de la coordination des organisations patriotiques du Mali (COPAM) appelle à  marcher vendredi 28 septembre contre l’envoi des troupes de la CEDEAO au Mali. La COPAM exige également l’organisation d’une concertation  nationale souveraine et le déblocage des armes immobilisées dans les pays voisins. L’itinéraire prévu ira de la place de la liberté au ministère de la Défense.  La dernière marche contre la CEDEAO très peu suivie «Â Le peuple ne permettra pas qu’on décide à  sa place. C’’est le peuple malien qui doit détenir les pleins pouvoirs dans cette situation transitoire », a déclaré lundi à  la Maison de la Presse, Younouss Hamèye Dicko, qui revendique la direction d’une COPAM coupée désormais scindée en deux tendances. La précédente marche du MP22 (membre de la COPAM) contre une intervention de la CEDEAO le 18 septembre n’avait réuni que quelques dizaines de participants. Cette initiative intervient alors qu’après des mois de défiance, le Mali et la CEDEAO ont réussi à  se mettre d’accord sur une intervention des forces ouest-africaines au Mali. «Â Un accord a été trouvé avec la Cédéao et n’y a plus de divergences. Cela va permettre d’amorcer une véritable démarche pour faire en sorte que le Nord-Mali soit ‘libéré’, se félicitait lundi une source à  la présidence malienne. Le quartier général de la CEDEAO dans la banlieue de Bamako ? « Tout s’est accéléré ces derniers jours parce que nous voulons tout faire pour qu’un plan clair soit présenté le 26 septembre (mercredi) à  New York. Les Nations unies avaient exigé que la requête présentée par le Mali à  travers la Cédéao et l’Union africaine soit plus détaillée et réaliste. C’est ce que nous employons à  faire », a ajouté cette source jointe par l’AFP. Selon une source à  la présidence malienne, « la Cédéao aurait son QG dans la banlieue de Bamako et ses troupes combattantes sur le théâtre des opérations, près de Mopti (centre) o๠l’armée malienne a son poste de commandement. Mais nous disons que c’est l’armée malienne qui ouvrirait les hostilités et serait accompagnée par les forces de la Cédéao, avec l’appui logistique de pays étrangers, la France surtout, avec ses avions et beaucoup d’autres choses » Cette intervention, à  laquelle s’oppose l’Algérie, semble cependant encore lointaine, d’autant plus que les pays africains prêts à  y contribuer ne sont pas nombreux. Le Sénégal, la Mauritanie et le Ghana ont déclaré forfait. La Côte d’Ivoire, le Nigeria et le Burkina Faso pourraient y participer.

Mali : la France en pointe contre Aqmi

Le principe d’une intervention militaire contre Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique) est désormais acquis. Les capitales des pays concernés travaillent activement à  l’élaboration d’un scénario politico-militaire destiné à  débarrasser la région de la menace terroriste. Parce qu’elle est ciblée par Aqmi, la France est à  l’avant-garde de la future opération, dont l’ossature sera composée des forces de la Cédéao, la Communauté économique des à‰tats de l’Afrique de l’Ouest. Enlisées en Afghanistan depuis plus de dix ans, victimes de coups de rabot budgétaires qui grèvent leurs effectifs, les armées françaises ont prévenu que leur participation aux opérations extérieures se limiterait dorénavant à  un cadre multilatéral. Le passé colonial de la France et la menace qui pèserait sur la vie des otages si Paris était en première ligne dans le Sahel plaident également pour la modération. «Nous voulons seulement avoir un rôle de facilitateur. Pas question d’envoyer des troupes au sol», explique un diplomate français. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a promis une «aide logistique» pour aider à  résoudre la crise. Des Forces spéciales françaises dans la région Mais la France s’impatiente. Une centaine de membres des Forces spéciales françaises ont déjà  été déployés dans la région. Ils devraient être prochainement renforcés, notamment par les commandos de la Marine nationale. L’aide française comprend également des avions de patrouille maritimes, qui récoltent du renseignement, et un système de surveillance basé au Niger. Selon les hypothèses envisagées, notamment à  Paris, il s’agirait de former une force d’action de quelques centaines d’hommes pour reconquérir le nord du Mali, occupé depuis plusieurs mois par les groupes armés islamistes. Un noyau dur de 40 hommes, un premier cercle de 200 à  400 hommes et une piétaille de 3000 à  4000 hommes forment cette nébuleuse islamiste. «Ce n’est pas la campagne de Russie», commente un bon connaisseur du dossier. «Ils sont finalement assez peu nombreux. Un millier d’hommes occupe une partie d’un à‰tat qui n’existait plus», poursuit-il. L’opération ne doit cependant pas se limiter à  «donner un coup de pied dans la fourmilière puis s’en aller, prévient un spécialiste du dossier. Il faut inscrire l’action dans la durée, sinon le problème resurgira six mois plus tard». Selon le quotidien el-Khabar, un journal algérien bien informé sur les questions sécuritaires, les forces spéciales françaises entraà®neraient des militaires africains en Libye. «Ce n’est pas une information qui m’étonne. Les Français ont des intérêts dans la région, en Libye comme au Niger. Mais une intervention demande de la prudence et du doigté en raison de l’enchevêtrement d’acteurs aux alliances incertaines et de l’influence de puissances étrangères qui ont leur propre agenda», estime Liess Boukra, l’ex-directeur du CAERT, un centre d’étude du terrorisme basé à  Alger. L’Algérie, qui tient à  maintenir la pression terroriste hors de ses frontières – et si possible à  la repousser vers les pays d’Afrique subsaharienne -, refuse toute ingérence dans le Sahel. Cette position ne l’empêche pas d’entretenir des liens ambigus avec certains protagonistes de la crise, comme les islamistes touaregs d’Ansar Dine qui contrôlent Kidal, l’une des grandes villes du nord du Mali. «Il y a un côté trouble dans l’attitude d’Alger», déplore un diplomate français. Les Tchadiens en embuscade Le dispositif français pourrait être renforcé pour combler les lacunes de la Force africaine d’intervention. Le Niger a annoncé son intention de fournir des troupes et le Burkina Faso ainsi que le Sénégal pourraient le suivre. Des renforts venus du Tchad, un pays o๠la France dispose de bases militaires, pourraient participer activement à  l’opération. Mais les combattants tchadiens, aguerris au combat dans le désert, font peur à  leurs voisins en raison de leur réputation de soldats incontrôlables. De leur côté, les Maliens sont divisés et leur armée détruite. Or tout le monde sait que la Cédéao ne pourra guère jouer davantage qu’un «rôle tampon» dans cette affaire, selon les mots d’un diplomate. «Ses capacités militaires sont limitées. La Cédéao ne pourra jamais être en mesure de former le noyau dur de l’intervention.» Pour épauler les Africains, la Grande-Bretagne s’est rangée aux côtés de la France. Entre les deux pays, «la coopération est excellente», confie un officier. Les Allemands et les Polonais ont promis un soutien en matière de renseignement. Les Italiens et les Espagnols, leur concours politique. Les Russes ont assuré qu’ils ne bloqueraient pas le Conseil de sécurité de l’ONU pour une opération destinée à  lutter contre le terrorisme international. Les Chinois semblent partager ce point de vue. Quant aux Américains, ils ont offert leur soutien, en matière de renseignement notamment, tout en refusant le premier rôle. Plusieurs étapes, difficiles à  négocier, doivent encore être franchies avant le déclenchement de l’opération. Le président par intérim Dioncounda Traoré a demandé à  la Cédéao d’aider le Mali à  restaurer son intégrité territoriale. Il pourrait adresser la même demande à  New York le 26 septembre, à  l’occasion d’une conférence internationale qui se tiendra en marge de l’Assemblée générale annuelle de l’ONU. Si les Maliens refusent tout déploiement de forces étrangères au Sud, Bamako a donné un discret feu vert à  la reconquête du Nord. Un émissaire spécial pour le Sahel va être nommé. Le nom du diplomate gabonais Jean Ping est évoqué. Son rôle serait d’associer l’Union africaine (UA) au dossier.

La France en quête d’une solution pour le Mali

Le sort des otages français aux mains d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) semble de plus en plus lié à  celui du Mali. Dans un communiqué publié mercredi soir, la nébuleuse terroriste a pour la première fois clairement menacé d’exécuter ses prisonniers enlevés il y a deux ans à  Arlit, au Niger, si une intervention militaire était mise sur pied pour tenter de remédier à  la crise qui secoue ce pays depuis six mois. Aqmi est l’un des principaux bénéficiaires du coup d’à‰tat du 22 mars, qui a vu la sécession du nord du pays désormais sous le contrôle de groupes armés qui lui sont apparentés. Les terroristes, s’ils se disent ouverts aux négociations en vue d’une libération, laissent aussi entendre que les captifs sont aussi des boucliers humains contre une éventuelle intervention qui viserait à  les priver de ce nouveau fief. L’à‰lysée assure «tout mettre en œuvre » pour obtenir une libération. Sous couvert d’anonymat, un officiel français assure que des négociations ne sont pas écartées. Mais Paris n’entend pas pour autant ralentir ses efforts pour mettre en place une opération militaire pour bouter les islamistes hors de la zone. «Le danger de voir l’émergence d’un Afghanistan au C’œur du Sahel, avec les risques que cela ferait peser sur les pays voisins, mais aussi sur la France, est trop grand », souligne le diplomate. Aussi le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a-t-il réaffirmé jeudi soir que la France apporterait bien son «soutien logistique» à  une éventuelle intervention militaire dans le nord du Mali. Reste que, pour la France, la question des otages n’est pas le seul obstacle à  surmonter avant de pouvoir envisager une solution militaire. Il faut aussi convaincre Bamako de se joindre aux efforts. Mais les autorités au pouvoir au Mali, très divisées, rechignent à  donner leur feu vert. Option armée «rapide» Jeudi, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a reçu le premier ministre malien, Cheick Modibo Diarra. à€ l’issue de l’entretien, un porte-parole de la délégation malienne n’a pas levé les ambiguà¯tés. Tout en se disant favorables à  une option armée «rapide », les Maliens semblent néanmoins vouloir continuer à  privilégier la carte d’un dénouement pacifique. Ces contradictions laissent sceptiques sur les chances de voir émerger une solution lors de la réunion sur le Sahel, qui doit se tenir la semaine prochaine aux Nations unies. D’autant que le premier ministre est loin d’être le seul décisionnaire. Si cet ancien scientifique sans grande expérience politique apparaà®t comme le nouvel homme fort du pays, le président par intérim, Dioncounda Traoré, entend aussi jouer son rôle. Quant au capitaine Sanogo, le chef de la junte militaire officiellement dissoute, il ne cesse d’intervenir sur la scène politique. «La situation à  Bamako est devenue aussi inquiétante qu’au nord. Le pays navigue à  vue, car le pouvoir malien est une hydre à  trois têtes o๠chacun joue sa partition. Dès que l’on obtient l’accord de l’une des parties, les deux autres le contestent immédiatement », se lamente un dirigeant ouest-africain. Coincées dans un imbroglio qui les dépasse, les familles des otages essaient de ne pas perdre espoir. Marie-Line Bondu, la belle-mère de Pierre Legrand, l’un des otages, se refuse ainsi à  «baisser les bras ». «En ce qui concerne les négociations, nous n’avons pas de prise, les cartes sont dans les mains du gouvernement », dit-elle.

Nord-Mali: la Cédéao demande à Bamako de revoir sa copie

ABIDJAN – La Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a demandé à  Bamako de revoir sa copie pour remplir les conditions d’une intervention armée ouest-africaine dans le nord du Mali, contrôlé depuis cinq mois par des islamistes armés, a-t-on appris vendredi de source diplomatique. Les ministres ivoiriens des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan, et de l’Intégration africaine, Ally Coulibaly, se sont rendus jeudi à  Bamako pour remettre au président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré, la réponse à  la demande officielle d’aide qu’il a adressée début septembre à  la Cédéao. Deux des trois points évoqués par Bamako posent problème et ne permettent pas un accomplissement efficace d’une éventuelle intervention, selon des sources diplomatiques ouest-africaines. Dioncounda Traoré a expliqué clairement que le déploiement de forces militaires combattantes est sans objet à  Bamako, conformément au voeu de l’ex-junte militaire qui a renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré. Pour la Cédéao, les autorités maliennes doivent accepter le déploiement à  Bamako d’un minimum d’éléments, tant pour assurer la logistique de l’opération que pour sécuriser les institutions de transition, selon ces sources diplomatiques. Le président par intérim malien a aussi souligné qu’il ne veut pas que des troupes ouest-africaines combattent, mais qu’elles apportent un soutien logistique et aérien, ainsi qu’une participation au maintien de l’ordre, une fois les villes du Nord reconquises. De son côté, la Cédéao estime qu’une aide à  la formation de l’armée malienne et un appui logistique et aérien ne sont pas suffisants et que les troupes ouest-africaines ne doivent pas être confinées dans une position passive. Mercredi, le président du Burkina Faso Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, avait estimé que les conditions de Bamako font qu’il est impossible pour la Cédéao aujourd’hui d’être de façon efficace sur le terrain. Le même jour, une source officielle à  Bamako avait déclaré à  l’AFP, sans vouloir être citée: Le Mali a besoin de l’aide de la communauté internationale mais pas de n’importe quelle aide. Cette source officielle malienne avait insisté sur la nécessité pour le Mali de faire ses propres choix: Si une intervention de troupes étrangères est nécessaire, nous voulons que les pays volontaires se manifestent et que le Mali choisisse les pays qui lui conviennent. C’est également à  nous de déterminer la durée du déploiement des troupes chez nous et o๠elles doivent être positionnées. La Cédéao, qui prépare depuis plusieurs mois le déploiement de 3.300 soldats au Mali, attend désormais une réponse du président Dioncounda Traoré. Si un accord est trouvé, elle transmettra à  l’Union africaine un projet de résolution qui devra ensuite être examiné et approuvé par le Conseil de sécurité des Nations unies. Une conférence internationale sur le Sahel, présidée par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, est prévue le 26 septembre à  New York. Le Nord du Mali est contrôlé par des groupes proches d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), qui y ont imposé la charia (loi islamique): un couple jugé illégitime a été lapidé à  mort, des hommes accusés de vol ont été amputés et les islamistes ont détruit des tombeaux de saints musulmans. (©AFP / 21 septembre 2012 13h14)

Le Premier ministre Modibo Diarra de plus en plus au coeur de la vie poltique

Cheikh Modibo Diarra a affirmé hier que le temps « pressait » pour une intervention, réclamant « beaucoup plus de fermeté » de la communauté internationale. Après Paris, Modibo Diarra se rendra à  New York pour participer à  la 67ème session de l’Assemblée générale des Nations unies. Le Premier ministre malien qui est de plus en plus au centre de la vie politique de son pays. Notre dossier spécial Mali Certes, C’’est le président Diacounda Traoré qui a demandé lui-même à  son Premier ministre de représenter le Mali à  New York. Mais il n’y a aucun doute, chaque jour qui passe Cheick Modibo Diarra se met davantage au centre du jeu politique malien. Lors du dernier remaniement ministériel, il a non seulement déjouer tous les pronostiques en conservant son poste, mais il est également arrivé sans coup férir à  imposer ses proches à  des postes clé dans le gouvernement. Et aujourd’hui, le voilà  porte-parole du Mali en France o๠il rencontre ce jeudi 20 septembre le ministre français des Affaires étrangères et la prochaine étape sera les Etats-Unis. Devant ses interlocuteurs, il défendra notamment la position du Mali au sujet d’une éventuelle intervention des troupes étrangères pour libérer le nord du pays. D’après RFI, le Mali dira clairement oui à  une aide extérieure mais aux conditions maliennes. Et dans un premier temps, Bamako souhaite savoir les pays qui seront prêts à  envoyer des troupes et logistiques ici. Dans un second temps, le Mali entend choisir lui-même parmi les volontaires, les pays dont les troupes viendront pour participer à  la libération du nord du pays. Enfin, ces troupes viennent pour un moment. Et pour rester au-delà  de six mois, il faut là  encore que Bamako donne son feu vert. Les exigences de la Cédéao La Cédéao l’a déjà  fait savoir lors de sa dernière réunion, elle ne peut pas concevoir une intervention militaire sans avoir le droit de déployer des hommes à  Bamako. C’est une question logistique, rappelle Blaise Compaoré, le président burkinabé et médiateur de la cedeao dans la crise malienne. A l’occasion de son passage à  Paris, et dans une interview à  France 24 diffusée le 19 septembre, il précise pourquoi cette présence militaire à  Bamako est complémentaire d’un déploiement pour sécuriser le Nord aux côtés de l’armée malienne.

Blaise Compaoré à l’Elysée, un médiateur controversé dans la crise malienne

François Hollande, qui poursuit ses rencontres avec les grands dirigeants africains au sujet de la crise malienne, recevait ce mardi après-midi Blaise Compaoré, président du Burkina Faso depuis 25 ans et médiateur de la CEDEAO pour le Mali. Plusieurs organisations se sont réunies la veille pour protester contre cette « médiation à  la française ». A l’initiative de l’association Survie qui se bat depuis de longues années contre la Françafrique, ce rassemblement contre la venue du président burkinabè a reçu le soutien du Front de Gauche et du Collectif des Maliens de France pour la Paix. Une petite cinquantaine de personnes était présentes, un résultat satisfaisant pour Survie, dans la mesure o๠«nous n’avons pu lancé l’appel que samedi, et l’annonce de la venue de Compaoré a été faite seulement lundi matin sur le site de l’Elysée» explique Danyyel Dubreuil de Survie, dénonçant « un manque d’information criant de la part de l’Elysée, qui nous laisse très peu de marge de manœuvre». « Compaoré trop compromis pour être médiateur » Un changement immédiat de médiateur dans la crise malienne est réclamé à  l’unisson par les intervenants. Officiellement, Compaoré se pose en garant d’une stabilité démocratique et d’une certaine justice dans la région. Ce qui plaà®t à  Paris. « Dans la réalité, il ne fait que maintenir la Françafrique et défendre les intérêts des puissances occidentales et françaises dans la région », explique Danyel Dubreuil. Imposé par la CEDEAO pour résoudre la crise malienne, Compaoré se fait le relais d’une « médiation à  la française » qui ne ferait qu’empirer la situation. « C’’est un dictateur, en place depuis 25 ans et compromis dans de nombreuses affaires politiques et criminelles non résolues, comme l’assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara et plus récemment le procès du libérien Charles Taylor, au cours duquel il a régulièrement été cité » poursuit-il. Marine Malberg, membre du Collectif Afrique du PCF rappelle que la demande d’enquête parlementaire concernant la mort de Thomas Sankara est toujours en attente de réponse, ainsi que son soutien à  la veuve de ce dernier. « Une intervention militaire au Nord-Mali serait inacceptable» Après la guerre en Lybie, le problème de l’ingérence des états européens dans les crises africaines est donc vivement relancé. « Le peuple malien, qui n’a pas été consulté sur l’éventualité d’une intervention militaire, refuse l’idée d’une coalition armée des pays de la région. La solution de la crise malienne doit provenir des Maliens eux-mêmes. Seule une intervention soumise à  la légalité internationale, composée par exemple de casques bleus pourrait éventuellement être tolérée », affirme Pierre Boutry du Parti de Gauche, pour qui «la dynamique de redéploiement militaire français dans la région est inquiétante, notamment au Burkina Faso o๠le réinvestissement de certaines bases militaires a d’ores et déjà  été acté ». Le président Hollande sous surveillance Pour les organisations réunies lundi soir, cette visite signifie le soutien de Hollande au président burkinabè qui « a pourtant à  répondre pour ses actes devant le Tribunal Pénal International» selon les slogans repris en coeur. La déception est pour l’instant à  la hauteur des attentes suscités par l’élection du nouveau président. Deux mois après la visite du gabonais Ali Bongo, l’attention est à  présent tournée vers la visite prochaine de Hollande à  Joseph Kabila au Congo Kinshasa lors du Sommet de la Francophonie. Ces rencontres à  répétition de l’hôte de l’Elysée mettent chaque fois à  mal sa promesse de ruputure avec la Françafrique, inscrite dans son programme de campagne.

La mini-marche du MP22 contre la CEDEAO

Les marches sont de retour à  Bamako. Alors que la CEDEAO étudiait hier à  Abidjan les modalités d’un déploiement de ses troupes, des militants du mouvement populaire du 22 mars (MP22) menés par le député et secrétaire général du SADI Oumar Mariko, et par Rokia Sanogo (présidente du MP22) ont manifesté mardi matin contre cette possibilité. « Oui la fraternité mais d’abord la dignité » Moins d’une centaine marcheurs encadrés par la police ont quitté la Place de la Liberté à  destination du ministère de la Défense pour exprimer leur opposition à  la possible arrivée de troupes étrangères. Sur les pancartes et les banderoles on pouvait lire notamment « Abas la dictature de la CEDEAO », « Nous avons confiance en notre armée » ou encore « Oui à  la fraternité mais d’abord la dignité ». « Gare aux militaires de la CEDEAO qui poseront le pied sur le sol malien », ont averti des manifestants. « Ils n’ont qu’à  nous donner les moyens, on va libérer le Nord Mali », a réclamé Boubacar Sow, militant du MP22. Les Maliens suivront-ils le MP22 ? Arrivée au ministère de la Défense Oumar Mariko a remis au chef d’Etat-major adjoint Adama Dembelé une déclaration des manifestants. « Nous avons confiance en notre armée, nous estimons qu’une nouvelle armée née des cendres d’une armée de toute autre nature peut reconquérir les régions occupées. Aucune force étrangère ne pourra libérer le Mali à  notre place. Nous n’accepterons pas le dictat d’une force étrangère chez nous. Nous reconnaissons la fraternité mais nous ferons confiance à  note armée », peut-on y lire en substance. En réaction Adama Dembélé a pris la parole et salué l’initiative. «Nous sommes conscients que le peuple est derrière son armée. Notre pays est une nation d’histoire et dignité », a-t-il déclaré. « Cette marche n’est qu’un début. Nous allons mobiliser tout le peuple malien pour qu’il s’oppose à  l’envoi des troupes de la CEDAO », a ajouté Oumar Mariko. Les autorités maliennes ont indiqué début septembre qu’elles ne voulaient pas que des troupes ouest-africaines combattent, mais qu’elles apportent un soutien logistique et aérien, ainsi qu’une participation au maintien de l’ordre, une fois les villes du Nord reconquises. »

La CEDEAO met les dernières touches à son intervention au Mali, l’Algérie dans l’expectative

l’Algérie est toujours dans l’expectative, deux semaines après l’annonce de la mort de Tahar Touati, le consul algérien à  Gao, au nord du Mali, qui aurait été assassiné par ses ravisseurs du MUJAO. Les autorités algériennes continuent d’entretenir l’espoir, en affirmant prudemment qu’elles poursuivent leurs démarches pour vérifier cette information, tant qu’une preuve de la mort du consul n’est pas disponible. De son côté, la CEDEAO met le point final aux préparatifs d’une intervention militaire au Mali. Une réunion cruciale se tient lundi à  Abidjan pour décider du sort du Mali, alors que l’Algérie, empêtrée dans l’affaire Tahar Touati et soumise à  des pressions contradictoires, hésite toujours. Faudra-t-il poursuivre les efforts diplomatiques, et refuser une intervention militaire au Mali, ou faudra-t-il se résoudre à  cette intervention, qualifiée d’inéluctable par le ministre français de la défense Jean-Yves Le Drian? Les pays de la CEDEAO réunissent leurs ministres des affaires étrangères et de la défense lundi à  Abidjan, pour éventuellement avaliser une intervention militaire destinée à  reconquérir le nord du Mali, occupé depuis le printemps par des organisations islamistes, Ansar Eddine, le Mouvement pour l’Unité du Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (AQMI). Une réunion des chefs d’état-major des pays de la CEDEAO s’est tenue vendredi et samedi, toujours à  Abidjan, pour préparer techniquement une intervention, à  laquelle la France, véritable maitre d’œuvre de l’opération, apporterait une aide logistique. En fait, les pays de la CEDEAO sont prêts, et ils pressent le Mali de mieux se préparer à  cette échéance. Après la demande formelle adressée par le président intérimaire malien, Dioncounda Traoré, demandant l’aide militaire de la CEDEAO, les principaux acteurs politiques maliens ont été appelés par la CEDEAO à  faire preuve de « cohérence ». Autrement dit, à  éviter toute fausse note dans le soutien à  l’intervention militaire extérieure, et à  adopter une feuille de route consensuelle pour la suite. Ces bruits de bottes interviennent deux semaines après l’annonce de la mort de Tahar Touati, consul algérien à  Gao, enlevé le 5 avril dernier par le MUJAO, que cette obscure organisation a annoncé avoir tué le 1er septembre. Depuis, aucune information n’est venue confirmer la mort effective de M. Touati. Les autorités algériennes, prudentes, ont affirmé qu’elles ont engagé des vérifications. Le ministre des affaires étrangères Mourad Medelci a de nouveau déclaré ce week-end que ces opérations de vérifications, « difficiles », n’étaient pas encore terminées. Ce qui signifie que les autorités algériennes gardent l’espoir de récupérer le fonctionnaire algérien vivant. Cette situation est très inconfortable pour l’Algérie. Elle met les autorités algériennes dans une situation intenable face aux familles des otages, des familles qui commencent d’ailleurs à  exprimer publiquement leur désarroi. En outre, elle contraint l’Algérie à  une prudence excessive, toute initiative algérienne et tout faux pas risquant de mettre en péril la vie des otages. Perplexité à  Alger La position de l’Algérie est d’autant plus délicate qu’elle a longtemps plaidé contre le paiement de rançons aux ravisseurs, alors que le MUJAO réclame précisément le paiement de 15 millions d’euros et la libération de trois de ses membres récemment arrêtés en Algérie. Les autorités algériennes reprochaient aux pays occidentaux d’avoir donné naissance à  une véritable industrie de la rançon en acceptant de payer quelques millions de dollars pour récupérer leurs ressortissants. l’Algérie a même demandé à  l’ONU d’examiner la question. l’annonce de la mort de Tahar Touati a aussi laissé les dirigeants algériens perplexes. D’abord parce que des négociations étaient en cours pour sa libération. De plus, des spécialistes de ce genre de situation voient mal le MUJAO assassiner un otage du pays voisin le plus puissant, alors que ce mouvement prétend jouer un rôle politique au Mali. « Si le MUJAO a réellement assassiné Tahar Touati, il n’a aucun avenir politique au Mali», estime un ancien militaire algérien qui a longuement séjourné dans la région. Un ancien diplomate algérien est formel. « Si le MUJAO a réellement assassiné Tahar Touati, il prouverait qu’il sert de simple couverture à  des organisations criminelles ou à  des forces qui le manipulent. On ne peut pas prétendre diriger un Etat et assassiner des otages qui sont, de plus, des ressortissants du pays voisin le plus riche », dit-il. Pour lui, la situation va s’accélérer, avec « une décantation possible avant le début de toute intervention militaire ».

Nord Mali : entre le couteau et la pioche, la barbarie n’a plus de limites

Quand s’arrêtera le pillage de la mémoire historique et religieuse du Mali ? Après avoir coupé des mains, des pieds, et mutilé sur la place publique un présumé voleur ce samedi à  Tombouctou, « les islamistes ont détruit samedi le mausolée de Cheik El Kébir, à  330 kilomètres au nord de Gao. Ils sont arrivés sur les lieux à  douze. Avec des marteaux, des pioches, ils ont démoli le mausolée », a affirmé à  l’AFP un élu de la région de Gao qui n’a pas souhaité être cité. «Â C’’est un crime! », n’a pu que déclarer un notable de Gao effondré par tant d’obscurantisme. Du reste, cette fois, ce sont les hommes du Mujao ( Mouvement pour l’Unicité et le Djihad en Afrique de l’Ouest) qui ont commis le crime, non sans s’en être vantés auprès des habitants. Pire, ils promettent de détruire un autre mausolée. Qui peut les arrêter ? Le mausolée de Cheik El Kébir est lui très important pour la communauté des Kounta, considérés comme la communauté maraboutique des arabes. On les rencontre notamment au Mali, en Algérie, en Mauritanie et au Niger. Urgence CEDEAO Ces derniers temps, les exactions se multiplient chaque jour et les ressortissants du nord ne savent plus à  quel saint se vouer en attendant la riposte de l’armée malienne. l’entrée du Mujao à  Douentza et la bavure de l’armée malienne à  Diabali, o๠seize prédicateurs de la confrérie Dawa, ont trouvé la mort injustement apparaissent comme des signes pour certains d’une offensive imminente ? Qui attaquera le premier ? Les esprits eux sont échauffés. Les militaires piaffent d’impatience et les islamistes repoussent toujours les limites, alors que la psychose gagne certains à  Bamako, qui estiment devoir envisager de quitter la capitale malienne en cas d’attaque. Du reste, si la prudence s’impose en ces temps troubles, tout est désormais entre les mains des autorités maliennes. Au moment, o๠se tient à  Abidjan, la réunion des ministres Affaires étrangères de la CEDEAO destinés à  examiner les modalités techniques de la requête du Président par intérim Dioncounda Traoré, l’espoir est grand d’une évolution de la situation au nord, et au profit des populations martyrisées. Espérons que de cette réunion, déjà  précédée par de nombreux autres conclaves et rencontres des chefs d’Etat majors de la CEDEAO, il sortira quelque chose de substantiel et de décisif pour le Mali

La Cédéao se réunit à Abidjan pour examiner une intervention armée

Le président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré, a officiellement saisi début septembre la Cédéao d’une demande d’aide, alors que le Nord du pays est contrôlé par des groupes proches d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), qui y ont imposé la charia (loi islamique). Les ministres vont examiner les propositions des chefs d’état-major de la Cédéao, qui se sont retrouvés vendredi et samedi à  Abidjan. Cette nouvelle réunion sur la crise malienne est destinée à  préparer une future demande de résolution aux Nations unies. « Nous avons exprimé à  travers ces propositions notre détermination à  exécuter la mission qui nous a été confiée afin d’aider le Mali et le peuple maliens dans la reconquête du nord du territoire occupé », a déclaré samedi le général Soumaà¯la Bakayoko, chef d’état-major de l’armée ivoirienne. Vendredi, le président ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Cédéao, s’est rendu à  Abuja, o๠il a rencontré son homologue nigérian Goodluck Jonathan et le président du Bénin, président en exercice de l’Union africaine, Thomas Boni Yayi, afin de chercher à  « harmoniser les positions » sur la question malienne. La Cédéao, qui prépare depuis plusieurs mois le déploiement de 3.300 soldats, a d༠revoir ses projets initiaux, qui prévoyaient notamment de sécuriser à  Bamako le régime de transition. Pas de feu vert du conseil de sécurité Mais dans sa demande d’aide, Dioncounda Traoré, prend soin de préciser que « le déploiement de forces militaires combattantes est sans objet » à  Bamako, conformément au voeu exprimé à  plusieurs reprises par l’ex-junte militaire. Les autorités maliennes ont indiqué qu’elles ne voulaient pas que des troupes ouest-africaines combattent, mais qu’elles apportent un soutien logistique et aérien, ainsi qu’une participation au maintien de l’ordre, une fois les villes du Nord reconquises. « Personne ne cherche à  se substituer aux Maliens, les premiers concernés. La Cédéao ne fait qu’accompagner le pays frère », a assuré samedi Ally Coulibaly, ministre ivoirien de l’Intégration africaine. Alors que beaucoup critiquent les atermoiements de Bamako, M. Coulibaly a jugé que « les autorités maliennes sont conscientes de la gravité de la situation ». Vendredi, le président de la Commission de la Cédéao, Kadré Désiré Ouédraogo, s’était montré plus sévère, soulignant que les pays d’Afrique de l’Ouest demandent « plus de cohérence politique et militaire » avec Bamako avant toute démarche devant les Nations unies. Le Conseil de sécurité des Nations unies a demandé davantage de précisions avant d’autoriser tout déploiement au Mali. « Le Conseil de sécurité, voyant que cette opération n’est pas prête, ne l’a pas autorisée. Or le feu vert de l’ONU est une condition sine qua non », soulignait récemment un diplomate occidental en Afrique de l’Ouest. Une conférence internationale sur le Sahel, présidée par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, est prévue le 26 septembre à  New York. La France, ex-puissance coloniale au Sahel, a plusieurs fois présenté comme « inéluctable » une intervention militaire, promettant un appui « logistique », parce qu' »avec Al-Qaà¯da, on ne négocie pas ». Mais les pays africains « ne sont pas nombreux à  répondre à  l’appel » pour l’envoi de troupes, relève le diplomate occidental. Le Sénégal et le Ghana ont fait savoir qu’ils ne prévoyaient pas d’envoyer des troupes au Mali. Le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, a lui assuré que le Burkina Faso était « très disponible » en cas d’intervention.