Jeux de la Cedeao : le Ghana en or !

Présents et actifs, les sportifs ghanéens ont dominé de la tête et des épaules cette 2e édition des Jeux de la Communauté économique des à‰tats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). A domicile, ils ont raflé 37 médailles (17 d’or, 11 d’argent et 9 de bronze). Ils sont talonnés de près par le Nigeria qui a réussi à  décrocher 39 médailles dont 13 en or, 20 en argent et 6 en bronze. Les belles performances ghanéennes ont été enregistrées en volley-ball. Face au Bénin en finale masculine de handball, les Ghanéens ont souffert, puis profité de la non concentration des Béninois pour arracher sur le fil la médaille d’or. Score final : 29-28. « Je suis très heureux de venir à  bout du Bénin qui a gagné tous mes matches avant la finale », a déclaré Hilary Mios, le capitaine du Ghana. Quant à  Romaric Akozé, le capitaine du Bénin, il justifie cette défaite par un réveil tardif de l’équipe qui a accusé le coup durant 55 minutes avant de rentrer dans le match dans les 5 dernières minutes. « On est passé tout simplement à  côté de cette finale », s’est-il contenté de dire tristement. Pépinière l’autre atout du Ghana : sa puissance dans le domaine du noble art. Pour le tournoi de boxe, les Ghanéens ont prouvé pouvoir assurer la relève. Les Blacks Starlettes ont amassé nombre de médailles d’or dans les différentes catégories de poids ce qui fait dire à  un spectateur francophone : « Le Ghana demeure le Ghana en boxe. C’’est le pays formateur des grands boxeurs de l’Afrique de l’Ouest ». En ce qui concerne la prestation des autres pays, le Sénégal a fini 3e avec 4 médailles d’or en lutte traditionnelle. Le Niger a suivi avec 3 médailles en or toujours en lutte. Vient ensuite la Côte d’Ivoire qui a remporté chez les dames, les médailles d’or de volley-ball et de handball. Le Bénin a terminé 6e avec une médaille d’or, 2 d’argent et 5 de bronze. La Sierra Leone ferme la marche avec juste une médaille de bronze.

L’UM-RDA critique de la médiation de la CEDEAO

«Notre parti est un vieux parti fondé par les indépendantistes de l’Afrique sur la base des idéaux démocratiques », explique Amadou M Maiga 2è vice président de l’UM RDA, face à  la presse. Les leaders politiques sont revenus sur les étapes de la crise malienne depuis le coup d’état du 22 Mars, pour apporter des solutions. En outre, ajoutent-ils, la médiation de la Cédéao critiquée à  bien des égards, a crée une situation confuse, avec la signature de l’Accord cadre le 6 Avril. Un gouvernement politique Mal négocié par la CEDEAO, l’Accord Cadre a crée, selon les responsables de l’UM-RDA, un pouvoir à  trois têtes : « Le président de la république, le premier ministre et le président du CNRDRE. Mais le vrai pouvoir reviendra à  celui détient les armes. C’’est évident ! ». En outre, l’agression de Dioncounda Traoré a contribué à  donner une mauvaise image de la République : « Les partenaires ont suspendu l’aide au développement, sous la condition de former un gouvernement d’union nationale ouvert aux partis politiques et la société civile». En clair, un gouvernement technocrate ne peut pas résoudre une crise politique dans un pays comme le Mali. « La crise du Mali est une crise politique, il faut un gouvernement politique pour sortir le pays de l’impasse. Sur la question sur l’intervention de la CEDEAO, la position de l’UM RDA est claire : « Un pays qui a plus de 2000 militaires en fuite vers les pays voisins ne peut pas faire face à  un groupe armé qui est pistonné par les terroristes et certaines forces étrangères. Il faut impérativement l’intervention de la CEDEAO et précisément des pays voisins comme la Mauritanie et le Niger » d’après Sabrou Bocoum.

Que peut-on vraiment négocier avec les islamistes d’Ansar Dine?

Des émissaires du groupe islamiste Ansar Dine (…) à  Ouagadougou. Même si aucune confirmation officielle n’en a été donnée, on se demande bien pourquoi cette frange de la rébellion du Nord-Mali a choisi de sortir maintenant du bois, au lendemain même de la rencontre des chefs d’états-majors de la Cédéao à  Abidjan. Ansar Dine se sentirait-il menacé et isolé, au point de devoir se déplacer à  Ouagadougou pour négocier, étant donné la probabilité d’un conflit sous-régional? Peu d’informations ont filtré quant à  la composition de la délégation des islamistes. Encore moins sur la durée du séjour et sur un éventuel entretien avec le président Blaise Compaoré, médiateur officiel de la Cédéao dans la résolution de la crise malienne. Des interlocuteurs infréquentables On ignore ce que veulent bien les islamistes qui occupent illégalement la partie septentrionale du Mali et actionnent la machine de la charia sur ce territoire. Le groupe Ansar Dine exerce de multiples exactions et brimades sur des groupes de populations vulnérables dont les femmes et les jeunes. Outre la répression, on lui reproche d’être à  l’origine de l’introduction, dans la sous-région, d’individus peu recommandables comme les narcotrafiquants et des terroristes venus de pays étrangers au continent. Cette complicité, ajoutée à  la mise en application aveugle de la charia, a sérieusement contribué à  discréditer l’organisation d’Ansar Dine aux yeux des masses ouest-africaines. Celles-ci, très religieuses, sont soucieuses du respect de leurs traditions et des valeurs humaines que véhiculent leurs cultures depuis des temps immémoriaux. Mais pourquoi recevoir ce groupe jugé non recommandable et aujourd’hui en apparence soucieux de mieux se faire connaà®tre? Il a toujours été dit que la porte du dialogue reste ouverte. Aussi ne doit-on pas exclure de les recevoir, au nom de la paix et de la culture démocratique. Même si eux savent bander du muscle et sortir des griffes. Il faut les recevoir en espérant qu’ils seront prêts à  s’amender. Car, eux et leurs alliés méritent d’être jugés par la Cour pénale internationale (CPI), pour les actes posés. De fait, de quels droits un groupe d’individus non élus peut-il s’approprier des préceptes religieux pour soumettre des groupes de populations paisibles, dans un pays souverain, reconnu au plan international comme étant une République indivisible, laà¯que et ayant choisi de vivre en démocratie? Quelles sont les raisons de ces pourparlers? Pour l’exemple, en aucun cas cette agression des institutions républicaines ne devra rester impunie. Ansar Dine et autres doivent comprendre qu’il leur sera très difficile de convaincre l’opinion ouest-africaine du bien-fondé de l’Islam dont ils sont promoteurs. Encore moins lorsqu’ils s’acoquinent avec des sécessionnistes! Par leurs pratiques, ils ne feront que du tort à  cette religion qui a trop souffert de l’égarement de certains prétentieux. N’empêche, il faut les recevoir tout en demeurant vigilant. C’’est pourquoi une foule de questions taraudent les esprits. Qui est donc à  l’initiative d’une telle rencontre? Ansar Dine? Le médiateur, de façon unilatérale? s’il s’agit d’une initiative du médiateur, à  quel jeu jouerait-il? A moins qu’il n’y ait eu concertation entre la médiation et la Cédéao. On se rappelle, l’organisation sous régionale avait recommandé de négocier avec tous les groupes rebelles, à  l’exclusion des organisations terroristes dont celles d’Ansar Dine. Pourquoi donc le Burkina Faso a-t-il accepté de recevoir les islamistes qui sèment la terreur dans le Nord-Mali ? En le recevant à  Ouagadougou, le médiateur se sentirait-il redevable après le rôle joué par Ansar Dine dans la libération d’une otage suisse il y a quelques mois? Ansar Dine serait-il devenu fréquentable et partenaire au point d’envisager des actions similaires? En tout cas, ce mouvement doit en savoir beaucoup sur la situation des otages français au Mali. Il détient de ce fait une arme entre les mains. Une donne que n’ignore pas le médiateur… La stratégie de l’usure Ansar Dine cherche aussi à  miser sur le temps. Tout en donnant l’air de vouloir négocier, le groupe pourrait en même temps fourbir les armes. Car, il doit se rendre à  l’évidence: par ses pratiques anachroniques, il s’est fait aujourd’hui plus d’ennemis que d’amis en Afrique de l’Ouest. Chercher par ces temps-ci à  se repositionner semble bien trop tard. En tout cas, ses tentatives de négociations semblent plutôt viser à  déstabiliser la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) déjà  sur le sentier de la guerre. Ansar Dine voudrait brouiller les cartes, confondre le médiateur et la Cédéao qu’il n’aurait pas mieux fait. Et qu’en dira la partie des officiels maliens? Dans tout ce méli-mélo, le principal intéressé, le gouvernement malien, semble aujourd’hui répondre aux abonnés absents. Son silence, surtout le temps qu’il prend à  demander officiellement assistance en vue de reconquérir le territoire perdu, n’est assurément pas de nature à  faciliter la tâche à  la Cédéao. l’organisation sous-régionale qui a entrepris des démarches auprès du Conseil de sécurité des Nations unies attend toujours le feu vert des autorités maliennes pour venir les épauler. Dans cette attente, qu’attendre des autres composantes de la rébellion? Recevoir Ansar Dine peut bien paraà®tre comme un élément de motivation et d’encouragement à  venir négocier. Après Ansar Dine, il ne reste plus qu’Aqmi à  venir voir le médiateur! Le Pays

Mali : l’Afrique de l’Ouest envisage d’envoyer une force de 3 300 hommes

« L’effectif que nous avons estimé pour cette opération est de 3.270 hommes », a déclaré devant la presse le général Soumaà¯la Bakayoko, chef de l’armée ivoirienne. Les « gros effectifs » seront « fournis par le Nigeria, le Sénégal, le Niger » mais « tout le monde participera, y compris la Côte d’Ivoire », a-t-il ajouté. Il s’exprimait à  l’issue d’une réunion de plusieurs chefs d’état-major de pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), actuellement présidée par la Côte d’Ivoire, sur la force d’intervention que la région prévoit d’envoyer au Mali. La réunion d’Abidjan est intervenue alors que le Conseil de sécurité de l’ONU s’est abstenu par deux fois cette semaine d’apporter son soutien au projet de force d’intervention au Mali présenté par l’Union africaine (UA) et la Cedeao, le jugeant notamment trop imprécis. « Dès la semaine prochaine », des éléments de l’état-major de la Cedeao « iront à  Bamako travailler avec leurs camarades de l’armée du Mali pour voir les modalités pratiques » de l’envoi de la force, a ajouté le général Bakayoko. Engager la « reconquête » du Nord-Mali La « dernière planification » de l’opération aura lieu à  Bamako, a-t-il précisé, soulignant que le chef d’état-major du Mali, présent à  la rencontre, « a montré la volonté de l’armée malienne d’accueillir » cette force, qui devrait intervenir en soutien à  l’armée régulière. Le Mali a insisté jusque-là  sur le fait que tout éventuel déploiement d’une force ouest-africaine devait se faire à  sa demande. La réunion d’Abidjan devait servir à  valider le « concept d’opération » élaboré ces trois derniers jours dans la capitale économique ivoirienne par les militaires de la Cedeao, assistés d’experts de l’ONU, de l’UA et des Etats-Unis, entre autres. La force ouest-africaine servirait à  « stabiliser et consolider » les institutions de transition à  Bamako et, aux côtés de l’armée malienne, à  « engager la reconquête du Nord-Mali », contrôlé depuis fin mars par des rebelles touareg et des islamistes armés, avait expliqué le général Bakayoko à  l’ouverture. Il n’y aura de recours à  la force qu’« en dernier ressort, après épuisement de toutes les voies de dialogue », avait-il insisté. Le chef d’état-major de l’armée malienne, le colonel-major Ibrahima Dahirou Dembélé, a cependant jugé devant la presse « très difficile » que la situation au nord se dénoue « sans une solution militaire ». « Même s’il y a négociation, je ne compte pas beaucoup sur (la) bonne foi » des groupes armés, a-t-il souligné. Compaoré doit recevoir Ansar Eddine Le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la Cedeao, a engagé des discussions avec la rébellion touareg et devrait recevoir dimanche le groupe islamiste Ansar Eddine. Le président du Niger Mahamadou Issoufou a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à  ne pas « s’éterniser dans des débats sans fin », faisant valoir que « les jihadistes sont en train de se renforcer », dans une interview au Journal du Dimanche. Dans la foulée d’un putsch le 22 mars à  Bamako, l’immense région désertique du nord du Mali est tombée aux mains du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) et surtout d’Ansar Dine et de son allié jihadiste Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi).

Mali : la prochaine guerre

Pendant que le Conseil de sécurité de l’ONU n’arrive pas à  s’entendre sur le dossier syrien, il pourrait dans le même temps décider rapidement d’une intervention au Mali. Inquiet de l’installation de « troupes terroristes » dans le nord du pays, François Hollande a garanti, lundi, le soutien de la France à  une opération militaire de la Communauté économique des à‰tats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), sous l’égide de l’ONU. « Si une intervention est décidée, c’est aux Africains de la mener, la France comme d’autres puissances se mettant au service des Nations unies », a précisé le président français. « François Hollande se montre particulièrement prudent sur la question », note Antoine Glaser (1). « L’Algérie, principal partenaire dans la région, ne veut pas entendre parler de forces françaises à  ses frontières, d’autant plus que la constitution algérienne lui interdit d’intervenir chez ses voisins », ajoute le spécialiste de l’Afrique. On se souvient, de la même manière, que l’Union africaine s’était fermement opposée à  une action de l’Otan en Libye, avec le résultat que l’on connaà®t. Mais dans le cas du Sahel, l’adversaire comme le terrain demeurent autrement plus instables. L’enfer du Sahara Dans l’enfer du Sahara, un soutien international, tout du moins logistique, paraà®t indispensable. « Les moyens de la Cedeao ne sont pas appropriés à  la région, au niveau tant matériel que financier », explique Pierre Jacquemot, chercheur associé à  l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). « Agir au Sahara suppose des moyens aériens, de petits équipements rapides au sol ainsi que des soldats aguerris : tout ce dont une armée africaine classique n’est pas dotée », ajoute le spécialiste de l’Afrique subsaharienne. Une intervention africaine pourrait-elle dès lors ouvrir le chemin à  un envoi futur de casques bleus ? Une hypothèse « crédible en cas de besoin », juge le journaliste Serge Daniel (2). Un scénario qu’écarte de son côté Pierre Jacquemot, « étant donné les difficultés que connaà®t déjà  l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci), o๠sept casques bleus ont été abattus vendredi dans une embuscade. Une fois et demie plus grand que la France, pour une densité de population qui ne dépasse pas 1,2 habitant par kilomètre carré, le nord du Mali est historiquement revendiqué par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), un groupe touareg musulman – mais laà¯que -, qui lutte depuis cinquante ans pour arracher à  Bamako l’indépendance de la région. « Il a été aidé dans ce sens par l’ex-gouvernement français de Nicolas Sarkozy, notamment pour contrer les ambitions du groupe touareg islamiste d’Ansar Dine (Défenseur de l’islam, en arabe, NDLR) », indique Antoine Glaser. Ce dernier mouvement, proche d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), prône l’instauration de la charia. à‰tat islamique Or ces deux groupes touaregs, aux ambitions pourtant divergentes, se sont alliés au début de l’année dans leur lutte contre l’armée malienne. Leur percée explique en partie le coup d’à‰tat militaire du 22 mars dernier, qui a mis fin à  dix ans de règne d’Amadou Toumani Touré. Les putschistes reprochaient notamment au président malien de ne pas assez oeuvrer pour remédier au chaos dans le nord du pays, qui a entraà®né, selon l’ONU, la fuite d’au moins 126 400 Maliens à  l’étranger depuis janvier dernier. Or, bien loin de freiner l’avancée des rebelles, la faiblesse du nouveau pouvoir s’est révélée contre-productive. Privée de tout commandement, l’armée malienne n’a pu contenir les assauts touaregs, qui se sont emparés de Tombouctou, Gao et Kidal, les trois grandes villes du nord. Et coup de théâtre, le 27 mai dernier, les frères ennemis, le MNLA et Ansar Dine, ont annoncé leur fusion et proclamé la création de l’à‰tat islamique de l’Azawad. Une déclaration par la suite démentie par plusieurs ailes au sein du MNLA, faisant apparaà®tre d’importantes dissensions sur l’application « pure et dure » de la charia. Les erreurs afghanes « On ne peut avoir de vraie collusion entre les deux tendances », estime Pierre Jacquemot. « Les touaregs du MNLA n’accepteront jamais un à‰tat islamique sur leurs terres de Tombouctou, ni à  Gao », insiste le chercheur. Problème, selon le journaliste Serge Daniel, les forces du MLNA seraient pratiquement absentes sur le terrain face à  Ansar Dine, allié à  Aqmi. Prônant le djihad en Afrique de l’Ouest, la branche régionale d’al-Qaida aurait récemment enregistré l’arrivée de combattants venus tout droit d’Afghanistan et du Pakistan. « Aqmi a trouvé dans les pays pauvres du Sahel son nouveau fief », affirme Antoine Glaser. « Une planque parfaite », ajoute Serge Daniel. L’organisation vit aujourd’hui principalement du trafic de drogue ainsi que de rapts de civils occidentaux, dont les six otages français toujours retenus au Sahel. Aqmi s’appuierait également sur des combattants binationaux, selon Serge Daniel, formés à  perpétrer des attaques directement en France. à€ l’instar de l’Afghanistan, o๠les talibans avaient été armés par les à‰tats-Unis contre les Soviétiques, les djihadistes bénéficieraient de l’aide bien involontaire de l’Occident. « La chute de Kadhafi a provoqué la dispersion d’armement sophistiqué dans le nord du Mali, note Antoine Glaser. Nombre de touaregs travaillaient pour les forces de sécurité libyennes, qui leur assuraient un financement correct. Aujourd’hui, on les retrouve dans les rangs de la rébellion. » Par Armin Arefi (1) Antoine Glaser, spécialiste de l’Afrique, coauteur de Sarko en Afrique, avec Stephen Smith (éditions Plon) (2) Serge Daniel, correspondant de l’AFP à  Bamako, auteur de Aqmi, l’industrie de l’enlèvement (éditions Fayard)

Quand l’inaction du gouvernement inquiète (2/2)

C’’est en 2006 qu’Amadou Toumani Touré a posé son premier acte qui compromet gravement la souveraineté nationale. Il n’a pas hésité à  ordonner à  son représentant, le Général Kafougouna Koné, de signer l’accord dit Accord d’Alger avec les sécessionnistes de l’Alliance Démocratique du 23 mai 2006 pour le Changement, dirigée par Bahanga, un officier touareg déserteur de l’armée régulière dans laquelle il a été incorporé en 1992 à  l’occasion des Cérémonies de la Flamme de la Paix. Dans le dit accord, les indépendantistes touaregs exigent et obtiennent une sorte d’autonomie avec la démilitarisation des zones urbaines de Kidal et la création d’unités spéciales de sécurité rattachées au commandement de la zone militaire mais composées essentiellement de Touaregs et d’Arabes. Une zone de non-droits est ainsi créée d’o๠est marginalisée, voire exclue, l’autorité de l’à‰tat. De l’année 2006 à  l’année 2012, le temps a joué en faveur des Touaregs et des Arabes indépendantistes qui l’ont mis à  profit pour conforter leurs assises. C’’est ce qui explique, en grande partie, l’alliance objective facilement conclue, au début de la guerre d’occupation, entre les groupes d’assaillants dont les motivations sont fort différentes. Le Mnla veut la «Â décolonisation » de l’Azawad, selon les propos d’un de ses porte-parole ; Al-Qaà¯da ambitionne de continuer tranquillement son activité de prise d’otages et de trafic de stupéfiants ; Ançar Dine est déterminé à  imposer la charia dans toute la région et particulièrement à  Tombouctu o๠cela a déjà  commencé, les intentions du Mujao et de Boko Haram sont peu connues. Certes, la période qui s’étale du 17 janvier 2012, début de la guerre d’occupation, à  ce jour n’est pas comparable, dans la durée, à  celle qui va de l’année 2006 à  l’année 2012. Mais en charge émotionnelle, elle est infiniment plus dense et plus dramatique. Ce sont des populations entières qui sont dépossédées de leurs terres ancestrales par des étrangers à  qui l’hospitalité a été offerte à  leur arrivée. Il ne faut jamais perdre de vue que lorsqu’ils ont décidé d’abandonner le nomadisme pour se fixer dans le nord du Mali, notamment, les Touaregs et les Arabes y ont trouvé les Sonrhaà¯s, sédentarisés depuis la nuit des temps. Les preuves indiscutables de l’antériorité de ce peuple négro-africain sont brandies par les noms des villages, des rues, des cours d’eaux, de la faune et de la flore de tout cet espace. Ils ne sont pas touaregs ni arabes mais bel et bien sonrhaà¯s. De même ATT a laissé le temps aux indépendantistes pour se préparer, de même l’actuel gouvernement, en renonçant à  toute option militaire immédiate, permet aux envahisseurs de consolider leurs positions. Les envahisseurs tirent avantage de son inaction et mettent à  profit l’aéroport de Tessalit, surtout, qu’ils contrôlent, pour recevoir les armes, les munitions, la nourriture et les renforts dont ils ont besoin. Au nombre de trois cents au départ, selon des sources mauritaniennes, il est fort probable qu’ils soient bien plus nombreux aujourd’hui ; ce que le gouvernement n’est même pas en mesure de confirmer ou d’infirmer ne disposant d’aucune source d’information sur place. Ne maà®trisant aucun paramètre, dans cette zone devenue totalement inconnue, le gouvernement, par sa lenteur à  intervenir, risque de rendre la guerre de reconquête plus longue et plus coûteuse en vies qu’il ne faut. La Cédéao n’est pas la solution Du fait de son attentisme injustifié, le gouvernement aura du mal à  convaincre que ses véritables intentions ne sont pas d’équiper l’armée malienne mais, plutôt, de préparer l’arrivée des troupes de la Cédéao. La Cédéao est d’autant moins la solution que sa disponibilité à  participer à  l’effort de guerre par l’envoi de troupes est relativement récente. Ce serait une erreur d’oublier que le jour de son sommet extraordinaire tenue à  Abidjan le 27 mars 2012 sur le coup d’à‰tat au Mali, son Président en exercice, Alassane Ouattara, avait qualifié les événements dans le nord non pas de guerre d’occupation mais plutôt de guerre civile ; il excluait de la sorte et à  l’avance toute intervention de l’organisation interétatique, puisque du point de vue de celle-ci, il s’agissait, et peut-être s’agit-il toujours, d’un conflit maliano-malien. Voilà  sans doute pourquoi, au lieu de proposer le déploiement immédiat, en appui à  l’armée malienne, de ses troupes afin de stopper, dans un premier temps, l’avancée des assaillants, qui ont pris entre temps Tombouctu et Gao, et, dans un second temps, d’entreprendre, toujours avec l’armée malienne, la reconquête de l’intégrité territoriale du Mali, la Cédéao à  préféré tenter de faire plier le Cnrdre en imposant, dès le 02 avril 2012, un embargo total au pays dont elle sait, pourtant, qu’il ne touchera véritablement que les couches les plus fragiles de la population. Il ne faut pas perdre de vue non plus que le jour de la signature de l’Accord Cadre que la Cédéao a contraint les militaires à  parapher, est ce même jour o๠les agresseurs ont affirmé la partition du pays avec la déclaration d’indépendance de la partie qu’ils ambitionnaient de conquérir. En tout état de cause, la Cédéao lie, à  présent, son intervention à  l’accompagnement de l’Union Africaine laquelle se propose de saisir le Conseil de Sécurité des Nations Unies et de solliciter l’appui des partenaires financiers et techniques de l’Afrique pour préparer les troupes qui doivent être envoyées au Mali. l’expérience à  monter qu’il faut plusieurs mois de prise de contacts avant de parvenir au résultat souhaité. Autant dire que les envahisseurs ne sont pas près d’être délogés et les populations du nord de retrouver la tranquillité de leurs foyers. l’absence de consultation nationale sur l’arrivée des troupes de la Cédéao, rejetée par la majorité des Maliens conscients des enjeux, en tête desquels les militaires, explique, sans doute, pourquoi le gouvernement n’a pas compris cette autre réalité douloureuse. Quand bien même les troupes de la Cédéao auraient réussi à  libérer le nord, après leur retrait avec tout leur matériel militaire, l’armée malienne, qui n’aurait pas été équipée pour libérer son pays elle-même, resterait toujours aussi sous équipée et fragile. Et la honte continuerait d’envelopper toute la nation de sa couverture infâmante. l’unique option honorable Les militaires maliens ont pris le pouvoir le 22 mars 2012 parce que, contrairement aux promesses qui leur avaient été faites, les armureries étaient vides des armes qu’il leur fallait pour combattre et mettre fin à  l’hécatombe dont étaient victimes leurs camarades sur les différents fronts. Ils se trouvent toujours dans cette situation de dénuement qu’il faut corriger au plus vite. Eux-mêmes ni le peuple malien n’ont besoin d’aucune force d’appoint étrangère pour renforcer leur effectif largement suffisant. Tout ce qu’il leur faut, ont-ils dit et répété, C’’est un armement moderne et la logistique. Dans la situation chaotique que vit le Mali aujourd’hui, aucun pays au monde n’aurait pris autant de temps pour fournir ses forces combattantes en armes suffisantes et immédiatement opérationnelles. Un large éventail de choix est disponible sur la scène internationale pour traiter avec les pays dont les délais de livraison sont les plus courts. Le défaut de liquidités ne peut être un frein pour le Mali, puisque dans ce genre de transaction, la règle générale est l’endettement comme mode de règlement. Le gouvernement se doit de faire face, ici et maintenant, à  l’impérieuse nécessité de pourvoir l’armée en moyens convenables pour reconquérir l’intégrité territoriale du pays. C’’est à  elle et à  elle seule qu’incombe cette noble mission. Le 1er juin 2012, le Premier Ministre a pris cet engagement dans le camp militaire de Ségu ; mieux vaut tard que jamais. Cependant, il aurait mieux valu faire le déplacement à  Sévaré pour y prêter le même serment ; car C’’est Sévaré qui est proche de la ligne de front et C’’est à  Sévaré o๠sont cantonnés les premiers soldats déjà  psychologiquement prêts pour entreprendre la libération du pays. Il est plus qu’urgent que le gouvernement comprenne que le Mali, le Très Grand Mali est tombé bien bas et qu’il doit, au plus, vite se redresser et se toiletter pour que les Anciens, qui ont perdu la tranquillité de leurs tombes, puissent se reposer en paix. En effet, de Dinga à  Modibo Keà¯ta, en passant par Sunjata, Tiramagan et Fakoly, Sakura, Soni Ali Ber et Askia Mohamed, Biton, Damonzon et Bakarijan, Babenba, Samory et El Hajj Oumar, Amadou Cheikhou et tant d’autres, tous ces devanciers, qui ont défendu la terre de leurs origines jusqu’au sacrifice ultime, et sans aucune aide étrangère, ne se reconnaissent plus dans l’image si dévalorisante que leur renvoie leur peuple aujourd’hui. Plus que jamais, le Mali a besoin de filles et de fils remplis de l’amour oblatif indispensable à  la restauration de son honneur. Plus que jamais le Mali doit compter sur lui-même et sur lui seul. Doumbi-Fakoly, écrivain.

M. Diallo : « Se dire Malien aujourd’hui est une honte »

Journaldumali.com : Depuis quelle année êtes vous au Benin ? Baba Diallo : Depuis 1978. Je suis venu avec mon père. Journaldumali.com : Combien de Maliens vivent au Bénin ? Sont-ils bien intégrés ? Baba : Les 10 000 Maliens du Bénin vivent ici paisiblement. Je ne dis pas que nous ne rencontrons pas quelques problèmes mais les relations intercommunautaires se passent globalement bien. Journaldumali.com : Quelles sont les motivations des Maliens qui ont choisi d’émigrer au Bénin ? Baba: Le Bénin est un carrefour commercial, surtout Cotonou. La majorité de nos ressortissants sont donc des commerçants. Journaldumali.com : Quel regard portez-vous sur le coup d’Etat militaire du 22 mars ? Baba : Je pouvais tout imaginer sauf ça. Il n’y a aucune justification au coup d’Etat, même si on nous a fait croire que C’’est suite au problème du Nord. Depuis le 22 mars les putschistes et les hommes politiques s’entredéchirent. l’intérêt du pays est complètement relégué en second plan. Le problème du Nord est mis à  l’écart au profit d’une guerre effrénée d’intérêts personnels égoà¯stes. Je crois ce coup n’a fait que reculer le Mali. Ce que ces putschistes n’ont pas pu empêcher pendant les années du mandat d’ ATT, ils prétendaient l’empêcher à  38 jours de la fin de son mandat. Nous sommes la risée du monde aujourd’hui. J’ai honte !! Journaldumali.com : Que pensez-vous de l’implication de la Cédéao ? Baba : Il va de soit que si nous Maliens n’arrivons pas à  trouver une solution pacifique à  nos problèmes, la Cédéao devra intervenir. Actuellement le problème principal du Mali n’est pas la guerre pour Koulouba. l’urgence est au Nord. Et pour cela la Cédéao a bien voulu nous aider en activant son dispositif militaire. Et on voudrait empêcher quelqu’un qui veut nous venir en aide ? Journaldumali.com : Un appel à  l’endroit de vos concitoyens Maliens ?  Baba : l’agression du président intérimaire Dioncounda Traoré est déplorable. Le nom du Mali a été terni par le propre comportement de ses fils. Se dire Malien aujourd’hui est une honte. Qu’ils se ressaisissent rapidement. C’’est tout.

Nord du Mali: les rebelles touareg et les islamistes d’Ansar Dine fusionnent

Ce protocole d’accord transmis à  l’AFP, aboutissement de plusieurs semaines de discussions parfois difficiles entre deux mouvements longtemps séparés par leurs objectifs et leurs idéologies, marque un tournant dans l’immense Nord malien, qui a échappé au pouvoir central de Bamako depuis fin mars. Le mouvement Ansar Dine et le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) proclament leur auto-dissolution dans l’Azawad (région nord du Mali, ndlr). Les deux mouvements créent le Conseil transitoire de l’Etat islamique de l’Azawad, indique l’accord. Nous sommes tous pour l’indépendance de l’Azawad, nous acceptons tous l’islam comme religion, le Coran et la Sunna (paroles et actions du prophète Mahomet rapportées par la tradition) sont la source du droit: tels sont les principaux points de ce document. A Gao, l’une des grandes villes du Nord malien, o๠des responsables des deux mouvements menaient leurs discussions, comme à  Tombouctou, la conclusion de cet accord a été accueillie par de nombreux coups de feu en l’air, ont rapporté à  l’AFP des habitants. Après les rébellions touareg des années 1990 et 2000, le MNLA, mouvement indépendantiste qui affichait une idéologie laà¯que, avait lancé mi-janvier l’offensive contre l’armée malienne, qui s’est amplifiée avec l’entrée en scène d’Ansar Dine (Défenseur de l’islam, en arabe), prônant de son côté l’imposition de la charia (loi islamique) dans tout le Mali. Ansar Dine, dirigé par l’ex-chef rebelle touareg Iyad Ag Ghaly, a été appuyé sur le terrain par les jihadistes d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). A eux deux, Ansar Dine et Aqmi sont devenus dominants – aux dépens du MNLA – dans le Nord, tombé entièrement aux mains des groupes armés à  la faveur du putsch du 22 mars à  Bamako. Ibrahim Assaley, maire de la localité de Talataye (nord) et membre du MNLA, a jugé après cet accord qu’Ansar Dine se démarque du terrorisme mais refuse pour le moment de déclarer la guerre au terrorisme. Allah a gagné Aqmi opère depuis plusieurs années dans toute la bande sahélo-saharienne, y commettant des rapts, en particulier d’Occidentaux, et l’Afrique de l’Ouest comme le reste de la communauté internationale redoutent désormais une afghanisation du nord du Mali. Allah a gagné, a lancé le porte-parole d’Ansar Dine à  Tombouctou, Sanda ould Boumama, en commentant ce protocole d’accord. Sa conclusion intervient alors que les principaux responsables d’Ansar Dine et d’Aqmi sont réunis depuis jeudi à  Tombouctou pour évoquer leurs relations futures. Dans un message rendu public cette semaine, le chef d’Aqmi, Abdelmalek Droukdel, dit Abou Moussaab Abdelouadoud, a conseillé à  ses combattants du nord du Mali d’imposer graduellement la charia pour y réussir la création d’un Etat islamique. L’accord MNLA/Ansar Dine et l’incertitude autour de la place d’Aqmi dans l’Azawad créent une nouvelle donne pour les autorités de transition de Bamako et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la Cédéao dans la crise malienne, a fait savoir récemment que des contacts avaient été établis avec notamment le MNLA et Ansar Dine. Les autorités maliennes de transition ne cessent de proclamer leur volonté de restaurer l’intégité territoriale du Mali. Mais elles semblent pour l’heure impuissantes, d’autant qu’elles ont peiné jusque-là  à  s’imposer à  Bamako même face à  l’ex-junte du capitaine Amadou Haya Sanogo, qui avait renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré. Agressé et blessé le 21 mai par des manifestants, le président de transition, Dioncounda Traoré, chargé de conduire le pays pendant un an et qui est depuis jeudi à  Paris pour des examens médicaux, va bien et devrait rentrer la semaine prochaine dans son pays, a-t-on appris samedi auprès de son entourage.

Le Premier ministre malien rencontre à Abidjan le président ivoirien Ouattara

Arrivé dans la matinée, M. Diarra a été reçu au palais présidentiel par M. Ouattara, président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), au lendemain d’un entretien à  Ouagadougou avec le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne pour la Cédéao. « La transition maintenant a commencé et avant de nous mettre au travail, je suis venu dire merci à  la Cédéao pour son accompagnement pendant la période de crise », a déclaré devant la presse le chef du gouvernement malien à  l’issue de l’entretien. « Je suis venu également donner l’assurance au président Ouattara qu’après l’agression dont a été victime » le président de transition Dioncounda Traoré le lundi 21 mai, la justice « travaille d’arrache-pied à  travers une enquête et que les auteurs seront retrouvés et punis conformément à  la loi ». Interrogé sur le déploiement d’une force militaire de la Cédéao au Mali, envisagé par l’organisation pour sécuriser la transition, M. Diarra s’est simplement référé aux dernières décisions de la Cédéao: « nous avons convenu que la force militaire de la Cédéao sera tenue prête pour une intervention immédiate dès que les autorités maliennes en feront la requête ». Le Premier ministre malien devait quitter la Côte d’Ivoire pour le Mali dans l’après-midi. Le président Dioncounda Traoré se trouve depuis jeudi en France pour des examens médicaux, après avoir été frappé et blessé par des manifestants hostiles à  son maintien au pouvoir en vertu d’un accord conclu entre l’ex-junte et la Cédéao le week-end dernier. Il conduit depuis mardi la transition pour une période d’un an. Le coup d’Etat militaire du 22 mars a par ailleurs précipité la chute de l’immense région nord du pays aux mains de rebelles touareg et surtout d’islamistes armés, coupant de fait le pays en deux.

Faut-il désigner un autre président de transition?

La raison médicale a été officiellement avancée pour justifier le voyage en France de Dioncounda Traoré, président malien de la transition. Cet argument est d’autant plus convainquant que l’ancien intérimaire a récemment été physiquement victime du courroux des manifestants pro-putschistes qui ne veulent point le sentir. Si ce justificatif d’ennui sanitaire vaut son pesant de logique, l’ex-président de l’Assemblée n’ayant plus la résistance physique d’un jeune homme de 25 ans, il ne manque cependant pas de susciter quelques commentaires. Ne serait-ce pas plutôt un alibi avancé par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et la médiation de la crise pour maquiller une vérité dont le vrai visage est peut-être difficile à  présenter? Dioncounda sur la sellette? Les partisans du dernier coup d’Etat au Mali n’ont jamais fait mystère de la haine viscérale qu’ils éprouvent à  l’endroit du régime du président Amadou Toumani Touré (ATT) et tous ses acolytes. Leur aversion pour tout ce qui leur rappelle le pouvoir d’ATT est si grande qu’après avoir salué le coup de force, ils ont toujours préféré aux ex-gouvernants qu’ils taxent de traà®tres, un pouvoir militaire anticonstitutionnel. La détermination des manifestants acquis à  la cause des bérets verts à  ne pas laisser Dioncounda Traoré diriger la transition après son intérim constitutionnel a sans doute contraint la Cédéao à  revoir sa méthode. Plutôt que de s’entêter à  imposer un président qui ne fait pas l’unanimité, qui est violemment contesté et qui risque de plus en plus sa vie, l’institution sous-régionale a peut-être trouvé la parade: écarter Dioncounda du processus avec subtilité. Car, après l’avoir échappé belle et convaincu que le capitaine Sanogo peut passer par d’autres moyens pour l’atteindre, le président de la transition va-t-il profiter de ce malheureux incident pour démissionner? Et même s’il revenait au Mali, ce ne serait peut-être pas pour y jouer un rôle de premier plan dans la résolution de la crise. Il semble en tout cas de plus en plus clair pour lui qu’il doit choisir entre la présidence de la transition avec le risque de voir sa vie constamment menacée et l’exil forcé pour lequel il semble avoir opté pour sauver sa peau. Qui pour être le troisième homme? Mais quel que soit le motif du départ de Dioncounda Traoré, que ce dernier revienne au Mali ou non, il est plus que jamais urgent de trouver à  ce pays un président consensuel pour diriger la transition. Au-delà  de Traoré et de Sanogo, il faudra dénicher au plus vite le troisième larron qui rencontrera l’assentiment de toutes les forces vives maliennes, y compris la société civile et les partis politiques. Jusque-là , l’accord-cadre et l’accord de principe ont été négociés entre les putschistes, la Cédéao, le président et le Premier ministre. Les organisations de la société civile, les partis et formations politiques ont pourtant, eux aussi, des partisans, et leur opinion doit compter. Autrement, à  force de les marginaliser, l’on court le risque, alors qu’on croira tout avoir réglé, de se voir obligé, quand ils commenceront à  donner de la voix ou à  bander les muscles, de repartir à  zéro. Pour éviter de tomber dans le cercle vicieux du perpétuel recommencement, il serait mieux indiqué de ne laisser personne sur la touche et d’associer tout le monde au choix d’un président accepté de tous. Pour aller peut-être plus vite, l’on peut avoir recours à  l’actuel Premier ministre à  qui le président de la transition a d’ailleurs confié certains de ses pouvoirs par un décret qu’il a signé avant de prendre l’avion pour Paris. Le premier ministre pourrait convenir Cheick Modibo Diarra a l’avantage d’être déjà  imprégné de la situation de crise et des tentatives de sa résolution. Il bénéficie en outre de préjugés favorables du fait qu’il n’a pas soupé à  la même table du régime renversé et encore contesté. Autant d’atouts qui lui permettront d’avoir les mains libres et les compétences nécessaires pour conduire le processus à  bon terme. La Cédéao pourrait ainsi jouer la carte de l’astrophysicien pour, en même temps, mettre la junte à  l’épreuve. l’on saura à  coup sûr si le capitaine Sanogo et sa bande ont rejeté Dioncounda Traoré pour pouvoir s’emparer à  nouveau du pouvoir ou s’ils l’ont fait dans le souci réel de préserver l’intérêt général des Maliens. Dans ce dernier cas, ils n’auraient plus d’argument contre la désignation de l’ancien fonctionnaire de la NASA comme président de transition. Sauf s’ils ont fait le coup d’Etat et toute cette résistance aux propositions de la Cédéao juste pour le fauteuil présidentiel.

Bamako, des manifestants s’en prennent à Dioncounda Traoré

Quelques heures après la signature d’un accord entre l’ex-junte et la CEDEAO censé sortir le pays de l’impasse institutionnelle dans laquelle il risquait de se trouver à  partir du 22 mai, des centaines voire des milliers de personnes ont battu le pavé dans la capitale malienne. La raison de leur colère, le maintien de Dioncounda Traoré, ex-président de l’Assemblée Nationale, président par intérim, au poste de président de la Transition. Selon l’«accord de principe» signé ce 20 mai, M. Traoré doit diriger le Mali pendant les 12 prochains mois avec pour mandats essentiels de gérer la crise du Nord et d’organiser des élections crédibles. Pour la convention nationale Mais pour les associations et mouvements proches de l’ex-junte, en l’occurrence, le COPAM, le MP22, l’Appel pour le Mali, il ne saurait en être question. Ce dernier a appelé ses membres à  tenir sit-in au Monument de l’Indépendance en plein centre-ville jusqu’au départ de Dioncounda Traoré. En attendant, ils se joints aux autres manifestants qui au départ réclamaient la tenue de la « convention nationale » annoncée la semaine dernière par le président du CNRDRE. « On ne veut pas de Dioncouda Traoré comme président de la transition, la CEDEAO doit nous respecter, capitaine Amadou Haya Sanogo est notre président » tels étaient en substance les propos des marcheurs. Ils ont tous simplement menacer de bloquer Bamako, ce qu’ils ont d’ailleurs réussi en coupant le pont Fahd et plusieurs grandes artères de la ville à  l’aide de barricades. « A bas Dioncounda et la CEDEAO » Mais cette manifestation s’est très vite transformée en une marche contre la CEDEAO et le président de la transition. Survoltés, les marcheurs ont quitté le Centre International de Conférences de Bamako pour se rendre à  la primature. Parmi eux, on pouvait voir Amion Guindo de la coordination des syndicats des travailleurs du Mali(CSTM), Pr Rokia Sanogo, la présidente du MP22. Ces derniers ont eu avec le Premier Ministre un entretien de 30 minutes. Après quoi, Cheick Modibo Diarra a appelé les marcheurs au calme. « Vos marches ont un impact négatif sur le Mali, et découragent les partenaires. Je sais, vous êtes en colère, prions pour que le Mali puisse sortir de l’impasse. Je transmettrai vos messages au président de la République» a-t-il déclaré. D’autres manifestants en colère, comme Mamadou Diakité, président cercle de réflexion des jeunes de Sikasso, menace littéralement Dioncounda : « nous ne voulons plus des corrompus à  la tête du pouvoir, il faut forcement un changement même s’il faut notre sang. Je suis spécialement venu de Sikasso pour prendre part à  cette marche de protestation. On ne comprend pas la décision de la CEDEAO qui nous impose ces loups à  crocs pointus » fulmine-t-il. «Je n’aime pas la tête de Dioncounda Traoré, il a cautionné la gestion calamiteuse d’ATT. Pire, ils ont forcé le capitaine à  se replier, à  accepter la décision de la CEDEAO » affirme une femme dans la foule. Dioncounda Traoré blessé Mais avant d’autres groupes sont partis à  Koulouba pour parler au président de la République. Là , ils auraient, selon une source proche de la Présidence, agressé Dioncounda Traoré qui est blessé. Toujours selon notre source, un manifestant a perdu la vie suite aux bousculades qui se sont déroulées sur les lieux. Aucune information officielle n’a été donnée suite aux événements de ce matin et à  Bamako, la tension est perceptible, plusieurs sociétés et commerces ont fermé.

Accord sur la Transition, le Mali sort de l’impasse

La fin tant redoutée de l’intérim de Dioncounda Traoré a finalement suscité plus de peur que de mal. Deux jours avant le terme officiel de l’intérim constitutionnel de l’ancien président de l’Assemblée nationale, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et les militaires du CNRDRE sont tombés d’accord. Dioncounda Traoré restera président pendant la durée de la transition, fixée à  un an. Le chef de la junte obtient le statut d’ancien chef de l’Etat Les auteurs du coup d’Etat « adhèrent aux décisions de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest […] Un accord de principe a été trouvé », avait annoncé le 19 mai à  l’ORTM le capitaine Amadou Aya Sanogo, après avoir reçu les médiateurs burkinabé Djibrill Bassolé et ivoirien Adama Bictogo. Les parties sont parvenues à  un compromis. En échange du maintien de Dioncounda Traoré, le meneur des putschistes bénéficiera du statut d’ancien chef d’Etat, avec tous les avantages liés. Il pourrait également diriger une mission consacrée au renforcement des capacités de l’armée. D’autres membres de la junte pourraient faire partie de missions internationales en faveur de la paix. La Cédéao maintient la pression Cet accord est l’aboutissement de deux mois de négociations houleuses. Le 26 avril à  Abidjan, les chefs d’Etat de la Cédéao avaient appelé les putschistes à  « retourner dans les casernes » et décidé de rendre à  Dioncounda Traoré les pouvoirs constitutionnels du président de la République pendant un an. Des décisions alors rejetées par la junte militaire, qui ne s’est jamais véritablement mise à  l’écart du pouvoir. Un ballet diplomatique et des discussions tendues à  Bamako et Abidjan s’en étaient suivies. Après la signature de cet accord de principe, la communauté internationale entend maintenir la pression. « La junte doit rester en dehors du processus politique », et des sanctions seraient « appliquées automatiquement » à  la moindre entorse, a rappelé samedi la Cédéao par la voix du ministre ivoirien des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan. Interrogations La signature de cet accord permet aux Maliens de souffler et d’espérer des lendemains meilleurs, mêmes si des interrogations demeurent. Il s’agira notamment de définir les pouvoirs du président et du Premier Ministre puisque selon l’Accord cadre du 6 avril le Premier ministre dispose des pleins pouvoirs. Une feuille de route claire sera nécessaire afin d’éviter des blocages dans la gestion des questions primordiales du Nord et de l’organisation des élections. Une autre inquiétude concerne la réaction des organisations pro-CNRDRE. Déjà , ce lundi matin, à  l’annonce du nouvel accord, des manifestants ont envahi la cité administrative o๠sont rassemblés les ministères en scandant des slogans hostiles au désormais président de la transition. Ce mouvement d’humeur fait suite à  un appel du COPAM, du MP22 (proches de l’ex-junte) et d’associations de la société civile.

Bassolé, point ultime sur les négociations

« Pour créer les conditions d’un dialogue fructueux, la Médiation s’est attachée à  obtenir le retour à  l’ordre constitutionnel comme l’a exigé la CEDEAO, afin que les nouvelles autorités maliennes soient reconnues et acceptées par la communauté internationale et qu’elles engagent avec les groupes armés du nord du Mali un processus crédible de sortie de crise », a déclaré Djibril Bassolé, devant les confrères burkinabés. « Poursuivre l’ordre constitutionnel » Après l’échec des dernières négociations avec la junte, Djibril Bassolé est revenu sur le processus de retour à  l’ordre constitutionnel enclenché avec la déclaration solennelle du Capitaine Sanogo le 1er avril 2012, et par laquelle il s’engageait à  rétablir la Constitution du 25 février 1992 et les institutions républicaines.Un ordre constitutionnel du reste troublé par l’omniprésence de la junte au pouvoir et de multiples incursions des hommes du CNRDRE dans la vie politique malienne. Mais la CEDEAO fonctionne par étape avec la signature de l’Accord cadre. Un accord selon Bassolé, qui a permis d’obtenir l’installation du Président de l’Assemblée Nationale M. Dioncounda Traoré comme Président de la République par intérim le 12 avril 2012 en application de l’article 36 de la Constitution malienne et la nomination de Cheick Modibo Diarra comme Premier Ministre de transition le 17 avril 2012, suivie de la formation d’un gouvernement de transition le 24 avril 2012″. Du reste, cet Accord ne mentionne en rien la prorogation du mandat du président intérimaire. Point sur lequel s’appuie Sanogo pour exiger le départ de Dioncounda Traoré. « Aller au delà  des 40 jours » Le désaccord est donc survenu avec la décision de la CEDEAO de prolonger la transition à  12 mois avec Dioncounda comme président : «La CEDEAO considère être soucieuse de la stabilité des institutions républicaines, et estime que ce délai de 40 jours pour organiser l’élection présidentielle ne saurait être considéré comme la durée limite du mandat du Président de la République par intérim, surtout que l’organisation de l’élection présidentielle s’avère matériellement impossible dans les conditions actuelles d’occupation des 2/3 du territoire malien par des groupes armés » « Le délai de 40 jours prévu à  l’article 36 de la Constitution pour l’intérim du Président de la République, qui polarise les débats au Mali, ne doit pas être une source de blocage ou de remise en cause du processus de normalisation », explique Bassolé. Pour contraindre la junte à  accepter ces dispositions, la CEDEAO a brandi de nouvelles menaces de sanction sur le Mali. « Intervention au nord » ? Dans sa démarche, la CEDEAO met désormais en avant l‘urgence du nord. Si elle a déjà  prévu d’envoyer une force militaire en Guinée Bissau, pour le Mali, il faudra élaborer un agenda de sortie de crise au nord du Mali. Il s’agira de parvenir dans les meilleurs délais, à  un accord entre le gouvernement de transition et les mouvements armés qui préserve l’intégrité du territoire national malien… La convention nationale proposée par Sanogo a elle été boycottée par certains partis politiques maliens. Ce sera donc la main de fer de la CEDEAO contre l’obstination de la junte.

Dioncounda Traoré à Abidjan, la CEDEAO va-t-elle reculer ?

C’’est une visite éclair qu’effectue ce 16 mai Dioncounda Traoré en Côte d’Ivoire. Il doit y rencontrer le chef de l`Etat ivoirien Alassane Ouattara, également président en exercice de l`organisation ouest-africaine. Plus la date du 22 mai, échéance de l’intérim au Mali, approche, plus la tension monte entres les différents acteurs de la crise politico-institutionnelle que traverse le pays depuis de coup d’Etat du 22 mars dernier. Depuis cette date, la junte dirigée par le Capitaine Amadou Haya Sanogo dirige de fait le Mali. Et ce, malgré la pression internationale qui l’avait obligé à  rendre le pouvoir aux civils suite à  un accord signé avec la CEDEAO, le 6 avril. Cet Accord-cadre stipulait une période intérimaire de 40 jours dirigée par le Président de l’Assemblée Nationale, puis une Transition. Qui doit diriger cette transition ? C’’est là  la question qui divise les maliens, du sommet à  la base, depuis maintenant plus d’un mois. Et à  6 jours de la date fatidique, aucun consensus ne semble se dégager. Ras-le-bol de Dioncounda Traoré Si le pays s’est doté depuis l’Accord-cadre d’un Président, d’un gouvernement dirigé par un Premier Ministre, la réalité du pouvoir semble toujours se trouver entre les mains du Capitaine Sanogo et de ses camarades, logés à  Kati, ville garnison, siège de CNRDRE. Après avoir tenté d’imposer Dioncounda Traoré comme Président d’une Transition qui durerait 12 mois, l’organisation sous-régionale a fait marche arrière face au refus du Capitaine qui n’entend pas être écarté même si, comme il l’a maintes fois répété, il n’a aucun objectif « pouvoiriste »(il n’entend pas s’accrocher au pouvoir, ndlr). La semaine dernière a été longue pour les deux médiateurs dépêchés par la CEDEAO à  Bamako. Ils ont tenté en vain d’aboutir à  un plan acceptable pour toutes les parties. En fin de semaine, C’’est donc bredouille qu’ils ont repris l’avion pour se rendre au Burkina Faso, faire le point avec le Président Blaise Compaoré. De sources proches de la présidence burkinabé, Dioncounda Traoré aurait appelé ce dernier pour lui faire part de son intention de jeter l’éponge, face au « refus de bouger » du CNRDRE. Une rencontre a eu lieu hier mardi entre M. Traoré, son Premier ministre Cheick Modibo Diarra, et le capitaine Amadou Haya Sanogo. Rien n`a filtré de cette rencontre. Alors, les choses ont-elles évolué ? Quid de l’initiative de la Convention Nationale prise par le Capitaine et qui doit débuter ce 17 mai et qu’une partie de la classe politique entend boycotter? Dioncounda va-t-il démissionner ? Un schéma à  la « malienne » ? Si Dioncounda Traoré démissionne avant la fin de la période d’intérim, ce sera de nouveau l’incertitude pour le peuple malien. La CEDEAO, qui s’est impliquée dès les premières heures de la crise malienne et qui a de nouveau menacé le pays de sanctions le lundi dernier, va-t-elle se retirer de la médiation et laisser les maliens trouver une « solution locale » ? C’’est du moins ce que soutiennent nos confrères de Koaci.com qui cite une source proche de la présidence burkinabé. « Faute de mieux, Blaise Compaoré, le médiateur de la Cedeao pour la crise malienne et Djibril Bassolé, son émissaire à  Bamako, auraient tranché pour la solution du chef de l’ex junte au Mali. Compte tenu du mauvais bilan du tandem Traoré-Diarra, initialement imposé par l’institution, cette dernière verrait en Sanogo finalement l’homme de la situation même si temporaire » peut-on lire sur le site. Pourtant, le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (F, s’oppose à  cette option et demande le retour pur et simple du pouvoir effectif aux civils. Pas question pour eux que le Capitaine dirige le Mali dans une période difficile comme celle qu’il traverse actuellement. Dans la rue à  Bamako, nombreux sont ceux qui pensent cependant que «laisser Sanogo diriger est un moindre mal». «Si C’’est ce qui peut résoudre le problème, finalement pourquoi pas. Le pays souffre trop» déclare N. Sidibé, garagiste désabusé. « Aucun politique ni militaire ne songe aux populations. l’essentiel, C’’est le Nord, alors finissons les querelles et occupons nous de cela » conclut-il. Les regards sont donc tournés vers Abidjan ce soir et le Centre International de Conférences de Bamako à  partir de demain. Les Maliens retiennent leur souffle, espérant qu’au 22 mai, un jour nouveau se lève sur leur pays territorialement désintégré.

La CEDEAO doit-elle intervenir rapidement au Mali ?

Les 3 régions du nord Mali s’enlisent davantage après leurs annexions fin mars par différents groupes rebelles. La population elle hausse le ton et manifeste contre les envahisseurs. En témoigne la descente lundi 14 Mai, de jeunes de Gao dans la rue pour dénoncer l’invasion des rebelles depuis maintenant 40 jours. «Â Tout le monde en a marre des groupes armés », déclare Ousmane Telly, un fonctionnaire à  Gao. A Kidal, d’autres se sont levés pour soutenir le MNLA, en rejetant le mouvement Ancar Dine qui impose la charia. Une pratique incompatible avec les réalités des habitants du nord. Face à  une telle situation, la question d’une intervention militaire de la CEDEAO fait débat. «Â  Le bras de fer CNRDRE/CEDEAO » Le CNRDRE, suivi par une bonne partie de la classe politique et même de la société civile ont affiché leur opposition au déploiement à  Bamako pour dit-on «Â sécuriser les organes de la transition ». Pour eux, l’urgence demeure le nord. «Â Nous ne voulons pas d’une force étrangère à  Bamako. s’ils veulent nous aider, qu’il descendent au nord », disait le leader du CNRDRE, Amadou Haya Sanogo, dans l’une de ses déclarations. La rencontre des Chefs d’Etats de la CEDEAO, le 3 mai dernier à  Dakar, avait instruit à  la commission de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de préparer la force en attente de la CEDEAO en vue de son déploiement immédiat dès que le Mali en ferait la demande. Tout serait déjà  prêt militairement coté CEDEAO pour appuyer le Mali. La CEDEAO prête à  intervenir » Dans sa dernière déclaration, faite à  Abuja, sur la situation au Mali, les chefs d’Etats Majors de la CEDEAO ont réitéré leur engagement ferme pour le rétablissement rapide de l’unité et de l’intégrité territoriale du Mali. «Â A cet égard, la Commission est prête, dès qu’une demande formelle sera faite par le Gouvernement, pour déployer la Force en Attente de la CEDEAO afin de protéger les couloirs humanitaires et d’apporter une assistance aux efforts de rétablissement de l’intégrité territoriale de la nation », indique le communiqué. C’’est dire que la balle est dans le cas du Gouvernement malien. Mais, assurément, l’avènement des forces Ouest africaines n’est pas pour l’immédiat. Vu que leur présence n’est sollicitée qu’au nord. Le Gouvernement de la transition s’attelle plutôt à  adopter un plan de dialogue avec les différents groupes rebelles au nord, en prélude à  toute initiative militaire. Concernant la crise au Nord, l’émissaire Djibrill Bassolé a indiqué que des contacts sont en cours en vue d’un dialogue entre gouvernement malien et mouvements armés. «Â Je pense que très bientôt nous aurons les premiers entretiens, », a t’il dit, sans autre précision.

Déclaration de la CEDEAO à Abuja sur la situation au Mali

La Commission de la CEDEAO a observé avec une profonde préoccupation les déclarations et actions inquiétantes des membres du CNRDRE et de leurs associés civils au cours des derniers jours, qui tendent visiblement à  interrompre la transition politique et à  déstabiliser davantage la situation au Mali. Au moment o๠le Nord du pays est encore occupé par les rebelles, le refus persistant du Capitaine Amadou Sanogo et de la Junte de concentrer leurs efforts sur le rétablissement de l’intégrité territoriale de la nation et leur interférence continue dans la Transition, en particulier leur tentative de marginaliser le Gouvernement de transition sont extrêmementregrettables. La Commission de la CEDEAO condamne fermement ces actes qui vont à  l’encontre des dispositions de la Constitution du Mali, ainsi que de «l’Engagement Solennel » pris par le CNRDRE le 1er avril 2012, et de « l’Accord Cadre » du 6 avril 2012. Ils témoignent également du non respect des décisions prises par les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO sur le Mali depuis le coup d’état du 22 mars 2012. La Commission de la CEDEAO suit de très près la situation et ne permettra à  quiconque (individus ou groupes) de prendre la transition en otage. Elle prévient encore une fois que si le CNRDRE et ses alliés civils ne réaffirment pas clairement, au cours des prochains jours, leur engagement envers la transition et ne s’y abstiennent de toute ingérence future, ils s’exposeront au rétablissement immédiat des sanctions ciblées qui avaient été prises à  leur encontre par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement le 2 avril 2012 mais levées après la signature de l’Accord Cadre du 6 avril 2012. A cette fin, la Commission de la CEDEAO collabore étroitement avec l’Union africaine. La Commission de la CEDEAO félicite le Médiateur, S.E. Blaise Compaoré, pour ses efforts continus dans l’appui au Gouvernement et au peuple du Mali à  trouver les solutions appropriées à  la double crise à  laquelle le pays est confronté. La CEDEAO réitère son engagement ferme pour le rétablissement rapide de l’unité et de l’intégrité territoriale du Mali. A cet égard, la Commission est prête, dès qu’une demande formelle sera faite par le Gouvernement, à  déployer la Force en Attente de la CEDEAO afin de protéger les couloirs humanitaires et d’apporter une assistance aux efforts de rétablissement de l’intégrité territoriale de la nation. S.E. Désiré Kadré OUEDRAOGO Président de la Commission de la CEDEAO Abuja, le 14 mai 2012

Echec de la médiation de la Cédéao après de multiples tentatives de résolution de la crise

Aucun accord avec l’ex-junte sur le nom du prochain chef de la transition n’a été trouvé. Pendant cinq jours, les envoyés de la médiation ouest-africaine, ont rencontré plusieurs fois la junte, le Premier ministre, le président par intérim Dioncounda Traoré. Rencontre également avec les religieux et des diplomates. Mais à  l’arrivée, échec, blocage, chacun choisit ses mots, mais la réalité est la même : les envoyés de la médiation ouest-africaine et junte au pouvoir au Mali n’ont pas pu se mettre d’accord sur le nom du futur président de la transition, une transition qui commence dans exactement huit jours. Pour les médiateurs, qui affirment ne soutenir aucun candidat, C’’est la Constitution malienne qui permet de résoudre la question. Celui qu’on surnomme « l’homme au cigare », le ministre ivoirien Adama Bictogo, est l’un des deux envoyés de la médiation. Il explique : « la Constitution malienne prévoit qu’en cas d’impossibilité d’organiser des élections dans les 40 jours d’intérim, ce qui est actuellement le cas, la Cour constitutionnelle annonce un nouveau délai pour l’organisation des élections. Et puisque la non organisation des élections ne dépend pas de l’acteur, mais de la mission, c’est-à -dire de la situation sur le terrain, il appartient au président par intérim de poursuivre sa tâche ». l’argument n’a pas convaincu la junte malienne, qui a donc dit « non ». Tous les regards sont maintenant tournés vers le 22 mai, date de la fin du mandat de 40 jours confié au président intérimaire, mais peut-être qu’avant cette date, une solution sera trouvée.

Transition au Mali : les médiateurs restent à Bamako pour éviter l’échec

Les deux médiateurs ouest-africains présents à  Bamako pour obtenir un accord sur la transition malienne ont accepté vendredi de continuer leur mission à  la demande des autorités, alors qu’ils s’apprêtaient à  partir sur un constat d’échec, a appris l’AFP de sources concordantes. Les deux médiateurs ouest-africains présents à  Bamako pour obtenir un accord sur la transition malienne ont accepté vendredi de continuer leur mission à  la demande des autorités, alors qu’ils s’apprêtaient à  partir sur un constat d’échec, a appris l’AFP de sources concordantes. « Nous avions effectué un constat d’échec, et alors que les médiateurs s’apprêtaient à  se rendre à  l’aéroport, les autorités maliennes ont demandé qu’ils restent sur place pour poursuivre le dialogue. Et ils ont accepté », a affirmé une source proche de la médiation. Les deux médiateurs dépêchés par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao), les ministres burkinabè des Affaires étrangères Djibril Bassolé et ivoirien de l’Intégration africaine Adama Bictogo, sont à  Bamako depuis mardi. Vendredi, le Premier ministre malien de transition, Cheikh Modibo Diarra, accompagné du porte-parole du gouvernement Hamadoun Touré, a dû se rendre dans l’après-midi à  l’hôtel o๠logent les médiateurs pour s’entretenir avec eux, après quoi les envoyés de la Cédéao ont accepté de rester, a constaté l’AFP. Le blocage se situe toujours au niveau de la désignation du chef de la transition. Rencontre avec les chefs religieux L’ex-junte militaire, qui a rendu le pouvoir aux civils après le coup d’Etat du 22 mars mais reste omniprésente, souhaite voir son leader, le capitaine Amadou Haya Sanago, diriger la transition, mais la Cédéao a déjà  quasiment désigné pour ce poste l’actuel président par intérim, Dioncounda Traoré. La médiation avait rencontré dans la journée successivement le président Traoré, le capitaine Sanogo, le Premier ministre Modibo Diarra ainsi que des diplomates occidentaux à  Bamako. Dans la soirée, ils rencontraient les chefs religieux. « Les lignes bougent, mais ne jurons de rien », a déclaré à  l’AFP une source proche de la médiation. Prévu pour durer 40 jours, l’interim du président Traoré, en poste depus le 12 avril, doit s’achever le 22 mai selon la Constitution. Le putsch a favorisé la chute du nord du pays tombé aux mains de rebelles touareg et surtout d’islamistes armés, notamment Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), qui y occupe désomais une position dominante.

Bassolé et Bictogo : le duo pour sauver le Mali

L’un est ministre de l’Intégration africaine de la Côte d’Ivoire. L’autre est ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso. Depuis le coup d’Etat du 22 mars ils ont fait plus de voyages entre Bamako, Abidjan, Dakar et Ouagadougou que les plus actifs des commerçants ou hommes d’affaires. Leur mission n’est pas simple : sauver le Mali. Le premier, Adama Bictogo, posait souriant derrière Amadou Toumani Touré (ATT) lors du sommet de l’Union africaine de Bamako le 20 mars. L’Ivoirien était alors loin de s’imaginer que deux jours plus tard, le président malien serait renversé par des militaires, et que lui-même serait appelé au chevet du Mali. Deux hommes d’expérience A 50 ans Adama Bictogo est un homme de mission. Cadre du Rassemblement des Républicains, il est un intime d’Alassane Ouattara pour qui il bat campagne en 2010 à  l‘intérieur du pays. Ses talents de négociateur, la finesse et la pertinence de ses analyses politiques sont appréciés par tous. Cet ex-conseiller spécial de Robert Guei – c’est dire s’il connaà®t l’âme militaire – aime parvenir rapidement à  des accords. L’homme a le contact facile et tend sa carte de visite avec courtoisie, rapporte une journaliste mandatée à  Ouagadougou. Djibril Yipéné Bassolé, ministre burkinabè des Affaires étrangères, est de 5 ans son aà®né. Il jouit de toute la confiance du président Blaise Compaoré. Il a occupé le ministère de la Sécurité puis celui des Affaires Etrangères. De 2008 à  2011, il est le médiateur de l’Union africaine au Darfour. « Bassolé est un homme discret, en retenue, il a le sens de l’‘écoute et de la diplomatie », confie un de ses collaborateurs. Derrière le duo, se cache un troisième homme, l’ambassadeur du Burkina Faso au Mali Mohamed Sané Topan. Il gère presque tous leurs déplacements. Décollage manqué L’entrée en scène de Bassolé et Bictogo est agitée. Le 28 mars, au lendemain du sommet post coup d’Etat de la Cédéao à  Abidjan, ils attendent dans le salon d’honneur de l’aéroport de Bamako Sénou l’arrivée des 5 chefs d’Etat mandatés. Ils ne les verront pas. Une manifestation de pro-putchistes envahit le tarmac, empêchant les atterissages. Après la confirmation de l’annulation de la rencontre, les journalistes assaillent de questions Djibril Bassolé. Il se contente finalement de déclarer qu’  » un certain nombre de conditions n’étaient pas réunies pour l’atterrissage des chefs d’Etat « . Repli à  Abidjan. Vient ensuite le temps des aller-retours à  Kati, le quartier général de la junte entre le 28 mars et le 6 avril, date de la signature de l’Accord-cadre entre la Cédéao et le CNRDRE. En toutes circonstances, Bassolé reste un homme calme, aux propos mesurés. Cela a sans doute joué pour parvenir à  la signature du fameux Accord Cadre du 1er Avril qui prévoyait l’installation d’un Premier ministre de transition et d’un gouvernement de mission. C’est désormais chose faite. Crise de confiance Le sort de Dioncounda Traoré, président par intérim se ficelle hors du Mali. A Ouagadougou il rencontre Blaise Compaoré et Djibril Bassolé. Les deux ministres l’accueilleront ensuite à  Bamako, le consulteront à  plusieurs reprises à  l’hôtel Salam, avant d’assister à  son investiture officielle comme Président par intérim le 12 avril 2012… La médiation menée par Djibril Bassolé a pour le moment la confiance de la junte. La donne change après le sommet d’Abidjan du 26 avril. Les chefs d’Etat africains décident de rendre à  Dioncounda Traoré ses pouvoirs constitutionnels, de le maintenir à  son poste pendant un an (durée maximum de la transition) et d’envoyer une force à  Bamako pour sécuriser la transition. Des décisions contraires à  l’Accord-cadre qui rendent furieux le CNRDRE. A Kati, on affirme que le président du CNRDRE se sent trahi par Djibril Bassolé, l’homme qu’il recevait avant tout autre visiteur. A Kati, o๠Bassolé et Bictogo accourent le 27 pour calmer les esprits, la tension entre les militaires et les médiateurs est à  son comble. Amadou Aya Sanogo doit calmer ses militaires face aux réactions hostiles à  l’égard des deux hommes. Bassolé tente comme il le peut de faire baisser la température :  » Nous sommes venus à  Bamako pour faire comprendre un certain nombre de mesures prises par la Cédéao.  » Et d’élargir le problème, en bon diplomate, à  la sous région, en insistant sur le danger que représente l’instabilité au Nord pour toute l‘Afrique subsaharienne. Bis répétita, le dialogue continue Nouveau rebondissement le 30 avril. Des bérets rouges de la garde présidentielle attaquent des positions des militaires putchistes. Nouvelle réunion de la Cédéao à  Dakar le 3 mai. L’organisation ouest-africaine met de l’eau dans son vin. Plus question d’envoyer unilatéralement sa force à  Bamako. On évoque le déploiement immédiat de la force « dès que les autorités en feront la requête ». Reste qu’au goût des voisins, le CNRDRE est toujours beaucoup trop présent. Ils demandent au médiateur de « procéder à  la revue du rôle du CNRDRE dans la transition ». La mission de Djibril Bassolé et d’Adama Bictogo est loin de toucher à  sa fin. Après le sommet de Dakar aucun accord n’est trouvé entre les militaires et la médiation, qui se retrouvent au Burkina Faso. Les deux ministres sont de retour au Mali le 9 mai. « Nous sommes revenus à  Bamako pour poursuivre le dialogue avec l’ex-junte, avec toutes les parties, déclare alors M. Bictogo. Le peuple frère du Mali mérite qu’on l’accompagne le temps qu’il faut. Tout le monde est mobilisé pour ça. » Le gant de velours de la médiation qui cache la main de fer de la Cédéao est pour le moment parvenu à  maintenir le dialogue ouvert avec des militaires échaudés par les revirements de l’organisation ouest-africaine. La fin des 40 jours de l’intérim présidé par Dioncounda Traoré sera un nouveau test pour le duo dont la patience sera mise à  rude épreuve…

Elus du nord : «Halte au dilatoire!»

Les élus du Nord disent être à  bout de souffle. A Bamako, leurs maisons sont devenues des camps hébergeant des centaines de réfugiés et des déplacés dans un état de misère inqualifiable. C’’est pourquoi, au terme d’une séance de concertation, le 30 avril dernier à  l’Hôtel Royal de Faladiè en commune VI du district de Bamako, les élus du Nord ont décidé de dire leur préoccupation face au drame qui frappe les régions de Gao, Tombouctou, Kidal et une partie de Mopti. Pour eux, la manière dont les choses se passent depuis un moment à  Bamako est source d’inquiétudes au sein des ressortissants du Nord en général et des élus ces régions en particulier. A ce point de presse, on notait la présence des députés Abdou Sidibé de Gao, Abdoul Malick Diallo d’Ansongo, Nock Ag Attia de Diré, Oumar Bouri Touré dit Billy de Goundam, le maire de Gao Sadou Diallo et plusieurs autres responsables locaux dont des maires, des présidents des conseils de cercle et de région. Devant un parterre de journaliste, le Collectif des élus du Nord du Mali n’est pas allé de main morte pour s’exprimer sur la crise qui prévaut dans le septentrion Mali. Ils dénoncent le comportement dilatoire des nouvelles autorités devant l’urgence que constitue le problème du nord. « Le tissu social est en train de se disloquer Le député El Hadj Baba Haà¯dara, député élu à  Tombouctou, a expliqué que les actions des gouvernants ne montrent pas véritablement que la « priorité des priorités », C’’est bien la libération du Nord du pays, assiégé par des hordes de criminels. « Aujourd’hui, pas même un petit couloir humanitaire initié par les autorités en direction de ces populations meurtries », s’est insurgé un autre élu. l’élu de Tombouctou fait remarquer en outre que « quand le Premier ministre déclare que le Gouvernement est encore en train de chercher à  mettre sur pied ce couloir humanitaire d’une extrême urgence », cela aussi est source d’inquiétude. En dehors de ce que l’association Collectif Cri du C’œur a amené en terme de dons, rien n’est fait par qui que ce soit en direction des femmes, des enfants, des hommes sans abri soumis à  toutes sortes de traumatismes par des envahisseurs. « Il faut aller très vite, car le tissu social est en train de se disloquer », a proposé le conférencier, selon qui l’intervention militaire de la Cédéao est une absolue nécessité. Vivement les forces de CEDEAO Le député Haà¯dara a rappelé, documents à  l’appui, que la mission principale des troupes de la CEDEAO, au Mali (MICEMA), fortes de 5 500 hommes, constituées de personnels militaires, de policiers et de civils, est de protéger les populations civiles, assister les organisations humanitaires dans le cadre de la mise en œuvre de l’assistance aux victimes, faciliter la libre circulation des personnes et des biens, faciliter le retour des réfugiés et des personnes déplacées. Il a plaidé pour que la CEDEAO intervienne vite, très vite. « Nous, élus de la région sommes disposés à  participer à  toutes les actions visant à  rétablir l’intégrité du territoire national », rassure-t-il.

Sommet de Dakar : le communiqué final

Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont pris note du compte rendu de S.E.M. Blaise Compaoré, Médiateur de la CEDEAO pour la crise au Mali ainsi que du rapport du Président de la Commission de la CEDEAO sur l’évolution récente de la situation politique et sécuritaire au Mali et en Guinée-Bissau. Ils ont également pris note du rapport du Président du Groupe Régional de Contact sur la Guinée-Bissau (GRC-GB), S.E.M. Goodluck Ebele Jonathan portant sur les consultations du Groupe avec les protagonistes de la crise Bissau-guinéenne. 6. Après une analyse attentive des rapports, la Conférence a décidé de ce qui suit: Sur le Mali 7. La Conférence condamne avec fermeté les affrontements débutés le 30 Avril 2012 à  Bamako et déplore leur impact négatif sur la vie et la sécurité des populations maliennes traumatisées déjà  par les récents événements dans le pays. 8. La Conférence a entendu le Président par Intérim S.E.M. Dioncounda TRAORE et Le Premier Ministre et prend acte de leur exposé sur l’évolution de la situation au Mali. La Conférence les encourage à  continuer leurs efforts visant à  consolider les Institutions Républicaines et, en liaison avec le Médiateur, à  faciliter la coopération entre le Gouvernement du Mali et la CEDEAO. 9. A cet égard, le Sommet demande aux autorités de transition d’accélérer l’élaboration de la feuille de route de transition, avec un chronogramme d’actions (dispositions législatives, organisationnelles et opérationnelles) devant conduire à  la tenue d’élections présidentielles et à  la restauration totale de l’ordre constitutionnel y compris la mise en place d’un cadre de concertation sur les questions importantes relatives à  la mise en oeuvre de la transition avec la facilitation du Médiateur. 10. La Conférence renouvelle son appel aux forces armées du Mali à  se consacrer aux missions régaliennes de protection de l’intégrité territoriale et des populations. A cet égard, le Sommet demande au Médiateur de procéder à  la revue du rôle du CNRDRE dans la transition en consultation avec les autorités de transition et, dans le respect de l’Accord cadre, faire des recommandations appropriées à  la Conférence. 11. La Conférence rappelle que toute personne qui déstabiliserait le processus de transition s’exposera aux sanctions ciblées telles que contenues dans sa décision du 29 mars 2012. 12. Le Sommet instruit la Commission de transmettre cette décision au Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, au Conseil de Sécurité des Nations Unies et aux autres partenaires à  l’effet de solliciter leur appui sur la question. 13. La Conférence instruit la Commission de préparer la Force en Attente de la CEDEAO (FAC) en vue de son déploiement immédiat dès que les Autorités maliennes en feront la requête. A cet égard, la Conférence instruit la Commission de définir, en consultation avec les Autorités maliennes, les modalités de coopération militaire entre l’armée malienne et la FAC en vue dudit déploiement. La Conférence instruit également la Commission de prendre contact avec tous les partenaires au développement en vue de les amener à  participer au financement effectif et rapide de cette intervention. 14. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement expriment leur gratitude à  S.E.M. Blaise Compaoré, Médiateur pour la crise au Mali, pour les inlassables efforts qu’il déploie dans la résolution de la double crise au Mali et l’encouragent à  persévérer dans cette direction, y compris le maintien des contacts avec la rébellion dans le nord. A cet égard, le Sommet salue la disponibilité S.E.M. Goodluck Ebele Jonathan à  assister le Médiateur dans la recherche d’une solution négociée à  la crise au nord. 15. La Conférence mandate le Groupe des Six Chefs d’Etat chargé du suivi du dossier malien de se saisir de toute question pertinente relative à  ce dossier. Sur la Guinée-Bissau 16. La Conférence salue la libération du Premier Ministre M. Carlos Gomes Junior et du Président par Intérim M. Raimundo Pereira le 27 Avril 2012 et demande au Commandement Militaire de libérer toutes les autres personnalités encore illégalement détenues dans le pays. 17. La Conférence salue les efforts déployés par le Médiateur de la CEDEAO dans la crise Bissau-guinéenne, S.E.M. Alpha Condé, Président de la République de Guinée et félicite le Groupe de Contact Régional pour les initiatives diligentes prises en vue de trouver les solutions appropriées à  la crise. 18. La Conférence remercie S.E.M. Sheikh Prof. Alh. Dr. Yahya A.J.J. JAMMEH Président de la République de Gambie, pour avoir abrité et dirigé les consultations sur la crise en Guinée-Bissau à  Banjul le 29 Avril 2012. 19. La Conférence réitère sa ferme condamnation du coup d’état survenu le 12 avril 2012 et rappelle son principe de «tolérance zéro» pour toute accession ou maintien au pouvoir par des voies non constitutionnelles. 20. En conséquence, le Sommet réitère son exigence pour un retour immédiat à  l’ordre constitutionnel. 21. Après un examen attentif du contexte national et des positions des différentes parties prenantes à  la crise, la Conférence confirme sa décision antérieure d’instaurer une transition de douze (12) mois au cours de laquelle il sera procédé à  une révision des textes légaux (constitution, code électoral etc.) pour une plus grande efficacité ; à  la réforme du secteur de défense et de sécurité et à  d’autres réformes avec l’assistance de la CEDEAO, afin de préparer le terrain pour la tenue de nouvelles élections visant à  choisir un Président titulaire au bout de la transition. 22. Pour diriger la transition et tout en se conformant à  la Constitution, la Conférence recommande que l’Assemblée Nationale procède au renouvellement, par vote, de son bureau et le nouveau Président de l’Assemblée Nationale ainsi élu assurera la fonction de Président par intérim. 23. Le nouveau Vice-Président élu deviendrait alors le Président de l’Assemblée Nationale. 24. Un Premier Ministre de consensus doté de pleins pouvoirs sera désigné pour conduire un gouvernement de large ouverture chargé de conduire à  son terme la transition. Page | 7 25. Le Président intérimaire et le Premier Ministre de la transition ne seront pas candidats aux élections présidentielles à  venir. 26. Le mandat des députés de l’Assemblée sera prorogé selon les mécanismes appropriés pour couvrir la période transition. 27. La Conférence décide que la Force en Attente de la CEDEAO, conformément au nouveau mandat approuvé, sera déployé dans le pays pour : garantir le retrait de la Mission Angolaise d’Assistance Technique (MISSANG) ; assurer la sécurité de la transition et aider à  la mise en oeuvre du Programme de réforme du secteur de défense et de sécurité parallèlement à  la transition. 28. La Conférence charge la Commission de la CEDEAO de rechercher l’assistance de l’Union Africaine, de l’Organisation des Nations Unies et de la Communauté Internationale pour la mise en oeuvre de ces initiatives en Guinée-Bissau. 29. Le Sommet décide de maintenir les sanctions décidées jusqu’à  l’acceptation par tous les protagonistes des modalités de retour à  l’ordre constitutionnel. 30. La Conférence demeure saisie de la situation en Guinée- Bissau et mandate le Groupe de Contact Régional pour prendre, en son nom, les mesures urgentes nécessaires pour l’application de ses décisions. Fait à  Dakar, le 03 mai 2012 LA CONFERENCE

Sommet de la CEDEAO à Dakar : la transition malienne maintenue à 12 mois

Pour le président sénégalais Macky Sall, hôte du sommet extraordinaire de la Cédéao qui s’est tenu à  Dakar sur les crises malienne et bissau-guinéenne :  » La situation n’évolue de manière positive au Mali ». l’attitude de défiance des deux juntes militaires nous amène à  faire un pas supplémentaire vers la mise en œuvre des décisions de notre organisation ». «Â  Sanctions » La déclaration de Macky Sall a donné le ton de la conférence. En présence d’une dizaine de chefs d’Etat, dont l’ivoirien Alassane Dramane Ouattara, président en exercice de la CEDEAO, le burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la crise ou encore la libérienne Ellen Johnson Sireaf, la conférence a très clairement signifié son engagement à  maintenir les organes de la transition, dont le président en intérim Dioncounda Traoré. Sous peine de sanctions. «La prorogation à  douze mois de la durée de la transition est maintenue, les organes de la transition y compris le président de la République par intérim, restent en place durant la même période. Et toute personne qui tentera d’entraver le retour à  la normalité constitutionnelle, s’exposera à  des sanctions sévères. « Une force si le Mali en fait la demande « La conférence instruit la commission de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) de préparer la force en attente de la Cédéao en vue de son déploiement immédiat dès que le Mali en fera la demande ». Cette décision intervient après les récentes conclusions du Sommet d’Abidjan du 26 avril dernier, qui avaient stipulé l’envoi d’une force de 600 hommes pour sécuriser la transition à  Bamako. Ce qui n’avait pas été approuvée par la junte. Violation de l’Accord cadre, ingérence, pressions de la CEDEAO, avaient été les sentiments parmi la population malienne. Que va-t-il se passer le 17 mai à  l’issue des 40 jours du président intérimaire Dioncounda Traoré ? Ce dernier, dans son discours du 1er Mai, avait affirmé ne pas vouloir faire un jour au-delà  des 40 jours. Sa présence au sommet de Dakar démontre clairement que la décision finale ne lui appartient pas. Et en dépit des avertissements de l’ex junte. Faut-il craindre de nouvelles tensions à  Bamako à  l’issue du délai constitutionnel ? Les Maliens retiennent leurs souffles.

Le Haut conseil islamique prend ses distances avec l’ex junte…

Demeurant l’une des premières personnalités consultées par l’ex junte après le coup d’Etat du 22 mars dernier, Mahmoud Dicko semble annoncer une rupture entre son institution (HCIM) et le Comité national de redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE). «Â Mauvaise stratégie » Si le président du HCIM avait félicité la junte afin de préserver l’intérêt et la quiétude de la population malienne, Dicko désapprouve désormais la stratégie de la junte. Le président du Haut conseil islamique, est précis dans son analyse : «Â Les erreurs de l’ex junte ont commencé avec les négociations qu’elle a entamées avec la Cédéao. Bien que rejetée par son illégitimité, elle a opté pour la stratégie solitaire », signale l’imam Dicko. Concernant la signature de l’accord-cadre, l’ex junte a négocié seule avec la Cédéao en excluant les Forces vives de la nation. Affirmation nuancée par un éditorialiste, pour qui la faute revient surtout aux partis politiques d’avoir boycotté la première proposition de convention nationale de la junte. Mais l’imam de la Mosquée de Badalabougou va jusqu’à  pointer les récentes attaques dont fait l’objet le capitaine Amadou Haya Sanogo, dues à  son propre comportement. «Â  Absence de consultations  »Â  Sur les décisions de la Cédéao, fixant la transition à  12 mois, et l’ envoi de forces pour sécuriser les organes de la Transition, Dicko renvoie la junte à  ses responsabilités. l’accord cadre a lui été clairement violé par l‘institution panafricaine… Et souligne Dicko, Sanogo aurait du consulter les Forces vives de la nation pour adopter une position commune face à  ces nouvelles mesures concernant l’avenir du Mali : «Â A la surprise de tous, le chef de la junte a fait une déclaration à  la télé en donnant sa position de façon unilatérale. Toutes ces erreurs auraient pu être évitées, si le peuple était derrière le chef de la junte.», conclut Dicko.

CEDEAO : La crise malienne discutée à Dakar

Toute la question est de savoir si l’organisation ouest-africaine va confirmer ou non, les décisions prises il y a une semaine à  Abidjan. Des mesures rejetées par l’ex-junte qui n’avait pas apprécié que la Cédéao, Comission économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, revienne sur les dispositions prévues dans l’accord cadre du 6 avril, signé par le représentant du capitaine Amadou Sanogo. La Cédéao va-t-elle aujourd’hui lâcher du lest pour contenter les militaires? Elle devrait être en tout cas certainement très inspirée par la situation volatile qui règne à  Bamako depuis plusieurs jours. Hier soir, des tirs nourris étaient encore entendus, et des ratissages étaient signalés dans le quartier de Djikoroni para qui abritait il y a deux jours encore des bérets rouges. Toute la journée, la tension a été palpable. Depuis l’offensive menée par les parachutistes lundi, et la contre-attaque des hommes du capitaine Sanogo, la capitale malienne tourne au ralenti, la situation n’est pas encore stabilisée. Le Premier ministre l’a d’ailleurs reconnu lui-même dans un discours. Les écoles ont du fermer hier dans la matinée tout comme l’administration. La crise malienne évoquée à  Ouagadougou La situation au Mali a été aussi évoquée mercredi à  Ouagadougou o๠le médiateur Blaise Compaoré a reçu une délégation de la junte (la rencontre d’abord prévue mardi avait été annulée en raison des affrontements à  Bamako). Les participants ont évoqué les points de blocage. Le 28 avril dernier le capitaine Sanogo avait rejeté les décisions des chefs d’état de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, notamment sur la fixation de la période de transition à  douze mois, et l’envoi de soldats au Mali. Les discussions d’hier ont été jugées utiles, mais en partant, la délégation de la junte s’est contentée d’indiquer qu’elle devait « revenir à  la base ». Cet exercice d’explication de texte a duré quatre-vingt-dix minutes. Autour de la table, le médiateur, ses collaborateurs et les membres de l’ex-junte qui a renversé le président Toumani Touré le 22 mars dernier. à€ la fin de la réunion, certains malentendus ont été dissipés selon Djibril Bassolet, le ministre burkinabè des Affaires étrangères : « Les décisions des chefs d’Etat n’avaient pour seul but que de stabiliser les institutions militaires au Mali, de les rendre aptes à  coopérer efficacement avec la communauté internationale. C’’est normal que nous puissions donner ces explications à  nos partenaires du CNRDE », Conseil national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat. Pour l’ex-junte, il s’agissait de mieux comprendre les décisions prises par les chefs d’Etat de la Cédéao. Pour le commandant Abdoulaye Moukalout, le chef de la délégation de l’ex-junte, l’objectif a été atteint : « s’il y a des points d’incompréhension, C’’est notre devoir le plus absolu de venir à  côté de nos aà®nés, de leur exprimer nos sentiments vis-à -vis de cela. Ils nous ont déjà  répondu de la manière la plus correcte. Donc de cette manière là , nous allons une fois de plus revenir à  la base, échanger sur comment nous allons adopter une stratégie commune avec la Cédéao ». Djibril Bassolet a également insisté sur le fait qu’il faut vite consolider les institutions maliennes pour éviter que le Mali revive l’incident survenu lundi dernier. La crise vue du Nord La situation tendue à  Bamako ces derniers jours montrent à  quel point la crise politique est grande. Ce climat de crise, qui bloque également toute évolution de la crise au Nord, est différemment perçu par les groupes armés qui contrôlent cet espace du Mali. Les troubles à  Bamako retardent, tout début de négociations officielles avec le MNLA, mouvement national de libération de l’Azawad, et Ansar Dine. Et puis, chaque jour, ces deux mouvements s’implantent un peu plus dans la zone. Pour Moussa Ag Achratman, l’un de fondateurs du MNLA, la crise actuelle dans la capitale est révélatrice de la fin d’un système politique : «C’’est la fin d’un cycle politique. Une politique essentiellement basée sur la corruption et le laxisme. Nous, ce qui nos intéresse, C’’est de pouvoir discuter tranquillement autour d’une table et qu’on puisse engager bien évidemment des discussions avec eux. Donc nous sommes des observateurs très attentifs. Nous suivons de très près ce qui se passe à  Bamako ». Ansar Dine ne demande pas l’indépendance de l’Azawad mais l’application de la charia dans tout le Mali. Et pour le porte-parole du mouvement à  Tombouctou, Sanda Ould Boumama, cette crise au Sud complique surtout la vie des populations du Nord : « Notre inquiétude C’’est cela. Maintenant, ce n’est même pas qui dirige le Mali (…)». Isolées au Nord, en brousse comme en ville, des milliers de personnes vivent dans des conditions difficiles depuis des mois. Le Mali est toujours coupé en deux et faute d’accalmie au Sud, le ravitaillement du Nord reste aujourd’hui très compliqué.

Accord Cadre : la CEDEAO et la junte à couteaux tirés

Si l’institution panafricaine avait déjà  été décriée pour avoir imposé un embargo aux Maliens dès les premières heures du putsch, sa légitimité est désormais contestée par bon nombre d’observateurs. En cause, sa capacité à  gérer les crises maliennes et bissau-guinéennes. On se souvient que la mission de cinq chefs d’Etat, mandatée par le président en exercice Alassane Dramane Ouattara, n’avait pu atterrir à  Bamako pour discuter d’un retour rapide à  l’ordre constitutionnel avec la junte. Cette fois, la CEDEAO met le paquet et annonce une transition d’une durée de 12 mois, dirigée par le Président intérimaire Dioncounda Traoré, alors que la constitution ne prévoit qu’une durée de 40 jours pour ce dernier.  » La junte rejette les décisions de la CEDEAO  » Aussitôt la décision prise à  Abidjan, le capitaine Amadou Haya Sanogo n’a pas attendu pour monter au créneau. Dans une intervention télévisée, le putschiste a annoncé que le délai constitutionnel des 40 jours du président intérimaire sera respecté. En clair, avertit l’ex-chef de la junte, pas question de prolonger de ce délai. Que va-t-il se passer désormais du côté des putschistes, qui venaient d’obtenir trois ministères clés dans le nouveau gouvernement de transition que préside Cheick Modibo Diarra. La Cédéao a également annoncé l’envoi de 600 hommes à  Bamako pour sécuriser les organes de la transition. « A quoi va servir cette force ?, s’indigne un citoyen. Ce qu’il nous faut, C’’est de l’aide au nord, pas à  Bamako ! ». Face à  la radicalisation des décisions de la CEDEAO, d’aucuns estiment qu’elles sont dictées par les récentes arrestations de personnalités politiques à  Bamako par la junte.  » Violation de l’Accord Cadre » Alors que l’Accord cadre du 1er Avril, signé entre la junte et la CEDEAO, avait fixé une convention nationale o๠devait être discutées la durée et les modalités de la transition malienne suite au coup d‘état du 22 Mars, cette ingérence de la CEDEAO dans le processus normal de retour à  l’ordre constitutionnel, confirme une gestion bizarre de la crise malienne, selon un observateur. Au profit de qui ? «Ces chefs d’Etat qui sont pour la plupart arrivés au pouvoir de façon anti-démocratique, peuvent-ils appliquer de telles décisions au peuple malien ?, s’interroge un éditorialiste. Pour d’autres, la sortie médiatique du capitaine Sanogo, n’arrange pas le processus de sortie de crise. Si le capitaine est dans son droit de rester attaché à  l’esprit de l’Accord-cadre, il ne fait aucun doute que la junte compte revenir au pouvoir après les 40 jours du président Dioncounda Traoré, exigé par la Constitution. Les putschistes chez Blaise Selon plusieurs sources, une délégation de la junte militaire devrait se rendre aujourd’hui à  Ouagadougou chez le médiateur de la CEDEAO. Il s’agira pour les militaires de signifier au président Blaise Compaoré leur opposition à  la décision du sommet et de proposer une alternative. Mais en attendant, les observateurs sont formels. De grosses incertitudes planent désormais sur la transition. Et l’après 17 mai (devant marquer la fin de l’intérim), s’annonce sous haute tension entre le président Dioncounda, appuyé par la CEDEAO et l’ex chef de la junte. Ce blocage du processus intervient au moment o๠le gouvernement de transition, mis en place le 25 avril par Cheick Modibo Diarra, tient aujourd’hui une réunion de cabinet. Sur leur table, plusieurs dossiers brûlants, dont l’épineuse question du Nord et la crise humanitaire. Pour la gestion de la transition, tout reste à  jouer en attendant un compromis entre les émissaires de la junte et le médiateur Blaise Compaoré.

Le blocage persiste après les refus du capitaine Sanogo

Les médiateurs, arrivés en urgence à  Bamako samedi matin, n’ont pas réussi à  infléchir les positions du capitaine, alors que la population civile désapprouve les choix de la Cédéao. A Bamako, le blocage continue depuis vendredi, au moment o๠l’on a appris dans la capitale malienne les décisions prises la veille par la Cédéao. Rapidement, dans la journée de vendredi, la fronde est montée du camp de Kati sur les hauteurs de Bamako, sous forme de fin de non recevoir de la part des militaires. Le capitaine Sanogo a consulté des personnalités influentes dans la nuit de vendredi à  samedi, avant de s’entretenir avec les médiateurs burkinabè et ivoirien. La pression autour de lui a été très forte. Des soldats « sur les dents », qui ont compris que le texte de la Cédéao les mettaient à  l’écart, des hommes qui ont même menacé samedi les deux émissaires de la Cédéao Djibril Bassolé et Adama Bictogo, armes aux poings samedi en criant « A bas la Cédéao ! ». Un véritable coup de sang dans le camp de Kati, que le capitaine Sanogo a dû calmer à  plusieurs reprises. Les militaires ont même tenté de bloquer la voiture des médiateurs à  la sortie de ce camp militaire. La Cédéao accusée d’avoir outrepassé ses prérogatives En réalité, les Maliens ne comprennent pas bien que la Cédéao décide unilatéralement de l’avenir de la transition de leur pays. En effet, il y a un grand écart entre le premier accord-cadre signé le 6 avril dernier et la déclaration des chefs d’Etat de la Cédéao le 26 avril. Dans le premier texte, la junte devait participer au débat sur le rôle qu’elle pourrait jouer dans les mois à  venir et aussi sur la durée consensuelle de la transition. Mais trois semaines plus tard, jeudi dernier, le ton a été très différent et beaucoup plus radical vis-à -vis des militaires qui ont été priés de se soumettre aux autorités civiles. Au Mali, les différentes décisions prises par la Cédéao ont vraiment été vécues comme un affront, comme une mise à  l’écart. Ce n’est pas seulement au camp de Kati que l’on désapprouve cette attitude. Beaucoup de Maliens estiment qu’on ne peut pas revenir sur le premier accord, que ce n’est pas honnête. « Il y a un capitaine à  bord » dit le maire d’une des villes du nord du pays, et « il faut faire avec lui ». Ce dimanche matin la Copam, une coalition de partis d’associations et de syndicats favorable au capitaine Sanogo, a décidé d’organiser jeudi une marche anti-Cédéao. Dans une déclaration, la Copam se dit décidée à  faire échouer cette tentative de déstabilistion et d’humiliation du pays. La Cédéao est donc entièrement invitée à  revoir sa copie.

Sommet de la CEDEAO à Abidjan : le communiqué final

SOMMET EXTRAORDINAIRE DES CHEFS D’ETATET DE GOUVERNEMENT DE LA CEDEAO — Abidjan Côte d’Ivoire, 26 avril 2012 COMMUNIQUE FINAL 1. à€ l’invitation de S.E.M Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire et Président en exercice de la CEDEAO, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Economique des à‰tats l’Afrique de l’Ouest, ont tenu une Session extraordinaire le 26 Avril 2012 à  Abidjan, République de Côte d’Ivoire. 2. Cette session a été convoquée à  l’effet d’examiner la situation politique, sécuritaire et humanitaire au Mali et en Guinée Bissau. 3. Etaient présents les Chefs d’Etat et de Gouvernement suivants ou leurs représentants dûment accrédités : • Son Excellence Thomas Boni YAYI Président de la République du Bénin • Son Excellence Blaise COMPAORE Président du Burkina Faso • Son Excellence, Jorge Carlos FONSECA Président de la République du Cap Vert • Son Excellence Alassane OUATTARA Président de la République de Côte d’Ivoire • Son Excellence Sheikh Prof. Alh. Yahya AJJ JAMMEH Président de la République de Gambie • Son Excellence Alpha CONDE Président de la République de Guinée • Son Excellence Dioncounda TRAORE Président par Intérim de la République du Mali • Son Excellence Goodluck Ebele JONATHAN Président de la République Fédérale du Nigeria • Son Excellence Macky SALL Président de la République du Sénégal • Son Excellence Faure Essozimna GNASSINGBE Président de la République Togolaise • Son Excellence Brigi RAFINI Premier Ministre de la République du Niger • Son Excellence Alhaji Mohamed MUMUNI Ministre des Affaires Etrangères de la République du Ghana • Son Excellence Augustine Kpehe NGAFUAN Ministre des Affaires Etrangères de la République du Libéria • Son Excellence Joseph B. DAUDA Ministre des Affaires Etrangères de la République de Sierra Leone 4. Les représentants des Etats et des organisations suivants ont également pris part à  cette session en qualité d’observateurs: • S.E.M. Mohamed Ould Abdel Aziz, Président de la République Islamique de Mauritanie ; • l’Algérie ; • La France ; • Les Etats Unis d’Amérique. • Union Africaine ; • l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) : • l’Organisation des Nations Unies ; • l’Union Européenne ; 5. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont pris note des rapports du Président de la Commission de la CEDEAO sur l’évolution récente de la situation politique et sécuritaire au Mali et en Guinée Bissau ainsi que du Président du Comité des Chefs d’Etats Major sur l’état des préparatifs de la Force en Attente de la CEDEAO. Ils ont également pris note des comptes rendu de S.E.M Blaise Compaoré, Président du Faso, Médiateur de la CEDEAO au Mali et de S.E.M Alpha Condé, Président de la République de Guinée, Médiateur de la CEDEAO en Guinée- Bissau. 6. La Conférence a rappelé la déclaration du 6 avril 2012 du Président en exercice de la CEDEAO sur la signature de l’Accord cadre par les parties prenantes de la crise constitutionnelle au Mali ainsi que les déclarations du 12 et 19 avril 2012 du Président de la Commission portant respectivement sur le coup d’état en Guinée Bissau et la mise en place d’un « soit disant » Conseil National de Transition par le Commandement Militaire. 7. Après avoir longuement délibéré sur la situation au Mali et en Guinée Bissau, la Conférence a pris les décisions suivantes: Sur la restauration de l’ordre constitutionnel au Mali. 8. La Conférence prend note de «l’engagement solennel» pris le 1er Avril 2012 par le Comité National de Redressement pour la Démocratie et la Restauration de l’Etat (CNRDRE), de restaurer rapidement la légalité constitutionnelle au Mali. 9. Le Sommet se félicite de la signature, le 6 avril 2012, de « l’Accord Cadre de la mise en oeuvre de l’engagement solennel » par les parties prenantes de la crise constitutionnelle sous l’égide du Médiateur, S.E.M Blaise Compaoré, Président du Faso et le félicite chaleureusement pour cette avancée significative. 10. La Conférence prend acte de la mise en place des organes de transition conformément à  l’Accord cadre, en particulier de l’installation du Président par Intérim, de la nomination du Premier Ministre et du gouvernement. Elle se félicite de l’esprit de sacrifice et de dépassement dont ont fait preuve les populations maliennes et leurs dirigeants, dans l’intérêt de l’unité et de l’intégrité de la Nation. 11. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement décident de porter la transition au Mali sur une période de 12 mois, au cours desquels les élections présidentielles doivent être organisées pour choisir un nouveau Président. Le Sommet décide également d’étendre le mandat des organes de transition, notamment le Président par Intérim, le Premier Ministre et le Gouvernement sur cette période de 12 mois pour assurer, dans la limite des pouvoirs qui leurs sont conférés par la Constitution, la continuité de la gouvernance du pays. 12. La Conférence exhorte toutes les parties prenantes concernées à  s’engager résolument dans la mise en oeuvre de la feuille de route jusqu’à  la tenue des élections présidentielles et la restauration de l’unité et de l’intégrité territoriale du Mali. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement demandent que les autorités de transition garantissent non seulement le droit de retour au Mali de l’ex Président, M. Amadou Toumani Touré et de toutes autres personnalités forcées de quitter le pays mais aussi leur sécurité une fois au pays. 13. Le Sommet exhorte les autorités de transition de prendre toutes les mesures pour déployer, durant la période de transition, les services centraux de l’administration dans tout le pays en particulier dans le Nord. 14. Le Sommet salue la libération des personnalités détenues par les Militaires le 17 avril 2012 et demande au CNRDRE d’honorer scrupuleusement son engagement pris dans le cadre de l’Accord en respectant l’ordre constitutionnel et en se soumettant aux autorités civiles de la transition. A cet égard la Conférence demande aux membres du CNRDRE de retourner dans les casernes et de se consacrer à  leur mission régalienne de défense du territoire. 15. La Conférence met en garde le CNRDRE que ses membres qui commettraient désormais toutes actions arbitraires et unilatérales seront passibles de sanctions individuelles ciblées. 16. Le Sommet exprime sa gratitude aux six (6) Chefs d’Etat désignés par la CEDEAO pour le suivi du dossier Malien, aux pays du Champ (Algérie, Mauritanie), à  l’Union Africaine, aux Nations Unies, et aux Partenaires au Développement, pour leur coopération dans le processus de retour à  l’ordre constitutionnel au Mali. Sur la Rébellion au Nord du Mali: 17. En dépit de la prétendue déclaration unilatérale de cessez-le-feu par le MNLA le 5 avril 2012, le Sommet constate, avec préoccupation, la poursuite des atrocités au nord du Mali perpétrées par les rebelles, les groupes terroristes et les autres réseaux de criminalité transnationale organisés transformant ainsi le territoire occupé en une grande zone de banditisme et d’insécurité aigue avec des conséquences humanitaires graves. 18. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement dénoncent l’occupation continue des régions de Kidal, de Gao et de Tombouctou par les rebelles. Ils réaffirment leur attachement à  l’unité et l’intégrité territoriale du Mali et réitèrent leur détermination à  assister le gouvernement du Mali dans la restauration de sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire, conformément aux dispositions pertinentes des Protocoles de la CEDEAO. 19. La Conférence réaffirme la proposition de médiation de la CEDEAO en vue d’un règlement négocié de la crise au nord du Mali. A cet égard, la Conférence renouvelle sa confiance au Médiateur, S.E.M Blaise Compaoré et l’encourage à  persévérer dans ses efforts de médiation en concertation avec les pays du champ (l’Algérie et la Mauritanie) jusqu’à  la restauration de l’unité et de l’intégrité territoriale du Mali. 20. La Conférence salue et entérine le souhait exprimé par S.E.M Goodluck Ebele Jonathan, Président de la République Fédérale du Nigeria de se joindre aux efforts du Médiateur S.E.M Blaise Compaoré dans la résolution pacifique de la crise au Mali. 21. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement décident de prendre toutes les mesures nécessaires visant à  assister le Mali dans le rétablissement de son unité et de son intégrité territoriale. A cet égard, les Chefs d’Etat et de Gouvernement instruisent la Commission de commencer, avec effet immédiat, le déploiement de la Force en Attente de la CEDEAO conformément au mandat approuvé. 22. La Conférence réaffirme son engagement à  aider le Mali et les pays membres limitrophes à  faire face aux conséquences humanitaires de la rébellion. En conséquence, elle instruit la Commission de prendre toutes les mesures nécessaires pour mobiliser les ressources, assister les populations affectées, protéger les corridors, ainsi que les acteurs et les biens humanitaires en consultation et en collaboration avec les pays du champ et les partenaires. La Conférence instruit la Commission de mettre à  disposition une dotation dont le montant sera déterminé au titre de fonds de roulement initial conformément au rapport du Comité des Chefs d’Etat-major. 23. Le Sommet exprime sa gratitude aux partenaires au développement qui ont promis d’accompagner les efforts humanitaires et de médiation de la CEDEAO à  travers leur soutien technique, financier et logistique. Elle lance un appel à  toutes les agences humanitaires et à  la Communauté internationale d’intensifier leur assistance à  cet égard. 24. La Conférence lance un appel à  tous les pays, notamment ceux du champ non membres de la CEDEAO, et à  tous les partenaires désireux d’accompagner la CEDEAO dans ses efforts de restauration de l’ordre constitutionnel et l’intégrité territoriale du Mali. A cet égard, le Sommet instruit la Commission de prendre les mesures nécessaires pour mettre en place un mécanisme de concertation et de coordination avec ses partenaires pour la mobilisation des appuis à  ces efforts. Sur la Situation Politique et Sécuritaire en Guinée Bissau 25. Le Conférence réaffirme le principe fondamental de « tolérance zéro » pour la prise ou le maintien du pouvoir par des moyens non constitutionnels ainsi que le rôle apolitique des militaires dans une démocratie tels que consacrés par le Protocole Additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance. 26. Le Sommet condamne fermement le coup d’état du 12 avril 2012 perpétré par le Commandement militaire et ses associés et dénonce l’interruption du processus de l’élection présidentielle ainsi que la détention du premier Ministre et du Président par Intérim par la junte. 27. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement réitèrent la dénonciation de l’accord du 17 avril 2012 établissant un soit disant Conseil National de Transition et réaffirment que la CEDEAO ne reconnaà®tra aucune transition anti-constitutionnelle. 28. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement demandent la libération immédiate et sans condition du Premier Ministre M. Carlos Gomes Junior, du Président par Intérim M. Raimundo Pereira ainsi que de toutes personnes illégalement détenues par la Junte, et leur remise à  la disposition de la CEDEAO, l’Union Africaine ou de l’ONU. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement demandent également la restauration immédiate de l’ordre constitutionnel. 29. La Conférence exhorte toutes les parties prenantes à  s’en remettre à  la médiation de la CEDEAO visant à  s’accorder sur les modalités d’une transition consensuelle vers la tenue d’élections dans un délai de douze (12) mois en tenant compte de l’engagement écrit pris par le commandement militaire le 16 avril 2012 d’accepter le retour à  l’ordre constitutionnel selon les modalités à  définir avec l’assistance de la CEDEAO. 30. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement instruisent la Commission de déployer, avec effet immédiat, un contingent de la Force en Attente de la CEDEAO (FAC) en Guinée Bissau pour entre autres, faciliter le retrait de la Mission d’Assistance Technique et Militaire de l’Angola en Guinée Bissau (MISSANG), d’assister à  la sécurisation du processus de transition et d’anticiper sur la mise en oeuvre effective de la feuille de route du programme de réforme du secteur de défense et de sécurité. Dans cette perspective, la Conférence a approuvé le mandat de la FAC en Guinée Bissau. 31. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement mettent en garde le Commandement militaire que s’il n’accepte pas toutes les demandes de la Conférence dans les prochains 72 heures, la CEDEAO imposera, avec effet immédiat, des sanctions ciblées sur les membres du Commandement Militaires et leurs associés ainsi que des sanctions diplomatique, économique et financière sur la Guinée Bissau sans exclure des poursuites de la Cour Pénale Internationale (CPI). La Conférence décide, en addition de ces sanctions, de prendre toutes autres mesures nécessaires pour l’atteinte de ces objectifs. 32. La Conférence décide de la mise en place d’un groupe régional de contact placé sous la responsabilité du Nigeria et aussi constitué du Bénin, du Cap-Vert, de la Gambie, de la Guinée, du Sénégal et du Togo, dont la mission sera de coordonner le suivi de la mise en oeuvre des décisions du Sommet sur la Guinée Bissau. 33. La Conférence réaffirme son engagement pour une collaboration étroite entre la CEDEAO, l’Union Africaine, les Nations Unies et les autres partenaires dans les efforts collectifs de maintien de la paix et de la sécurité en Afrique de l’Ouest. Elle en appelle à  un renforcement de cette coopération basée sur le principe cardinal de subsidiarité. 34. Le Sommet exhorte la Commission de la CEDEAO à  diligenter la mise en oeuvre du Plan Opérationnel de Lutte contre la Drogue de la CEDEAO, en particulier en Guinée Bissau par la recherche de financement au niveau interne et auprès des partenaires. 35. Les Chefs d’Etats et de Gouvernement félicitent S.E.M Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire Président en Exercice pour son leadership dans la région et pour ses efforts infatigables dans la consolidation de l’Etat de droit, de la paix et de la sécurité en Afrique de l’Ouest. 36. La Conférence accueille chaleureusement en son sein S.E.M Macky Sall, Président nouvellement élu de la République du Sénégal et l’assure de son engagement à  travailler étroitement avec lui dans l’intérêt de l’intégration régionale, la paix et la sécurité en Afrique de l’Ouest. 37. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement félicitent S.E.M. Dioncounda Traoré, Président par Intérim de la République du Mali, pour sa nomination et l’assurent de leur soutien dans l’accomplissement de sa mission. 38. La Conférence reste saisie des situations au Mali et en Guinée Bissau et prendra toutes autres mesures additionnelles nécessaires pour y faire face. Fait à  Abidjan, le 26 Avril 2012 LA CONFERENCE

Mali, Guinée-Bissau : L’Afrique de l’Ouest annonce l’envoi de forces militaires

Dans le communiqué final, ils demandent à  la commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) de « commencer avec effet immédiat le déploiement de la force d’attente de la Cédéao » au Mali, o๠le coup d’Etat militaire du 22 mars a favorisé la chute du Nord il y a un mois aux mains de rebelles touareg et de groupes islamistes armés. Il s’agit d’aider à  « sécuriser les organes de la transition et le gouvernement intérimaire en attendant que le processus arrive à  son terme » et de « parer à  toute éventualité dans l’hypothèse de l’usage de la force pour le recouvrement de l’intégrité territoriale du Mali », a expliqué devant la presse le président de la commission de la Cédéao, Désiré Kadré Ouédraogo. « On attend les négociations d’abord. Le premier contingent sera un contingent de maintien et de sécurité de la transition, mais il n’est pas exclu que des unités combattantes soient envoyées plus tard » en cas d’échec des discussions, a-t-il expliqué. Les dirigeants ouest-africains ont également décidé de « déployer avec effet immédiat un contingent » en Guinée-Bissau, plongée dans une nouvelle crise depuis le putsch du 12 avril, selon le communiqué final. « Cinq cents à  six cents hommes seront déployés », fournis par au moins quatre pays (Nigeria, Togo, Côte d’Ivoire et Sénégal), a précisé M. Ouédraogo. L’objectif de cette force, commandée par le colonel-major burkinabè Barro Gnibanga, est de « faciliter le retrait de la Mission d’assistance technique et militaire de l’Angola en Guinée-Bissau, d’assister la sécurisation du processus de transition » et de préparer la réforme du secteur de défense et de sécurité, indique le communiqué final.

La CEDEAO lance un avertissement aux putschistes

Le président malien Dioncounda Traoré a rejoint ce 26 avril à  Abidjan les chefs d’Etat du Burkina Faso, Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, son homologue sénégalais Macky Sall, le mauritanien Abdel Aziz et l’ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt, et le président de la Commission de l’UA, Jean Ping assistent aussi à  ce sommet extraordinaire consacré aux crises malienne et bissau-guinéenne. Les deux pays sont suivis de très près par l’organisation sous régionale et la communauté internationale en général, depuis les coups d’Etat qui y ont eu lieu respectivement le 22 mars et le 12 avril dernier. Un avertissement aux putschistes Malgré la formation d’un gouvernement au Mali, il y a à  peine 24 heures, C’’est un langage de fermeté qu’ont tenu les chefs d’Etat présents à  Abidjan ce jeudi. « Notre réaction ferme et l`engagement de nos alliés sont plus que jamais vitaux pour que notre sous-région ne bascule dans le terrorisme et la criminalité transnationale » a déclaré le président en exercice de la CEDEAO, l’ivoirien Alassane Ouattara. Il a appelé les partenaires occidentaux à  s’impliquer dans la résolution de ces crises parce que « la sécurité de l`Europe et des Etats-Unis commence désormais au Sahel et dans le Golfe de Guinée ». La CEDEAO avait entrepris en début de semaine une mission à  Bissau pour obtenir la libération des anciens dirigeants détenus par l’armée. Elle s’est soldée par un échec. L`ONU, l`Union africaine et l`Union européenne ont exigé le retour à  l`ordre constitutionnel et menacé les putschistes et leurs soutiens de sanctions. l’organisation envisage même d’envoyer une force de « stabilisation » dans ce pays abonné aux coups d`Etat. Accompagner le Mali Le Mali est « dans une dynamique de transition » a déclaré le président Ouattara. Le pouvoir remis aux civils est cependant encore fragile, en témoignent les dernières arrestations de dirigeants politiques et militaires opérées par la junte. Le président de la commission de la Cédéao, Désiré Kadré Ouédraogo a, à  ce propos, dénoncer « les velléités de comportement autocratique des éléments de la junte. l’appui de la CEDEAO sera également humanitaire et militaire au besoin. Ainsi, le sommet devrait proposer des solutions pour ouvrir des corridors humanitaires vers le nord du Mali, o๠les populations manquent de vivres et de médicaments. Si les négociations entre les rebelles touareg et d`islamistes armés et le gouvernement, notamment Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), échouent, une intervention de la Force d’Attente pourra intervenir dans un bref délai.

La classe politique conteste le gouvernement Diarra

24 heures après sa mise en place, la nouvelle équipe gouvernementale doit faire face à  l’indignation des partis politiques. La réaction ne s’est pas faite attendre au Front pour la restauration de la démocratie et de l’Etat (F, anti-putsch, qui dit n’avoir pas été consulté dans le processus de sa formation. «Â Ce gouvernement n’a rien de consensuel, et ne respecte pas l’article 6, alinéa B de l’Accord-cadre du 6 avril, qui exigeait un gouvernement d’union nationale », a déclaré Amadou Goà¯ta (du PDES) sur les antennes de la télévision nationale. Dans une déclaration rendue publique, le FDR dénonce que les militaires y occupent des postes clés au moment o๠l’accent est mis sur le retour effectif de l’armée dans les casernes, comme le Conseil de paix et de sécurité de l’union Africaine l’a réaffirmé lors de sa session ministérielle tenue à  Addis-Abeba le 24 avril 2012. Cependant, précise le communiqué, le FDR jugera le gouvernement à  l’acte, et l’interpelle à  faire face l’urgence des défis sécuritaire et humanitaire. «Â Ce gouvernement n’incarne pas le changement » La Coordination des organisations patriotiques (COPAM), elle pense qu’il s’agit d’un gouvernement qui répond aux attentes exprimées par les populations. Hamadoun Amion Guindo, qui croit en la capacité des hommes et les femmes à  relever les défis assignés à  la transition, a exprimé la disponibilité de son organisation à  accompagner ledit gouvernement. Le Mouvement populaire du 22 mars (membre de la COPAM) lui réfute ce gouvernement. Dans une déclaration rendue publique, le mouvement pro-putschiste estime que «Â ce gouvernement n’incarne pas le changement auquel aspirent les populations maliennes après plus de vingt ans de gestion des affaires ayant conduit notre pays dans l’impasse actuelle et à  l’occupation d’une partie de notre territoire ».  » Le MP 22 sonne la mobilisation » «Â Le MP 22 note que ce gouvernement n’est aucunement le gouvernement d’union nationale tel qu’appelé par l’Accord Cadre du 6 avril 2012, encore moins celui souhaité par les forces vives de la nation », a déclaré la porte-parole du mouvement, Rokia Sanogo. Qui constate que «Â ce gouvernement fait la place à  des Maliens certes, mais des hommes plus engagés auprès de chefs d’Etat étrangers et des institutions régionales et internationales que dans la vie publique malienne ». Pour le Mouvement populaire du 22 mars, l’équipe formée par Cheick Modibo Diarra «Â n’est en aucune façon capable de mobiliser l’énergie de notre peuple pour libérer le Mali, sécuriser notre peuple et nos frontières et répondre aux aspirations des populations ». Le MP 22, qui tient ce samedi un meeting au pavillon des sports du Stade Modibo Keà¯ta, exige l’organisation sans délai d’une Convention nationale pour la transition, afin les poser les bases d’un réel changement. Autant dire que le nouveau gouvernement est mal parti, au moment Cheick Modibo doit bénéficier du soutien de l’ensemble des forces vives pour réussir sa mission.