Sékou Keïta, chorégraphe : « Etre différent, être solidaire et être dans l’excellence »

Entre « Le Mali des merveilles » et le « Boubou », présentés lors du sommet Afrique France tenu à Bamako en janvier 2017, le chorégraphe malien Sékou Keïta continue d’enchaîner les succès. Il vient de confirmer récemment lors des jeux de la francophonie à Abidjan du 20 au 31 juillet dernier. Il nous confie ici sa passion pour la danse, ses perspectives et son envie de partager, ce qui le définit à savoir « la solidarité, le partage et la diversité ».

Pouvez-vous vous présenter, pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?

Je m’appelle Sékou Keïta chorégraphe danseur résidant à Zurich en Suisse et assez souvent à Bamako et dans d’autres pays pour pratiquer mon métier.

Parlons de votre actualité récente, c’est la participation aux jeux de la francophonie à Abidjan. Comment cela s’est-il passé ?

Cela s’est très bien passé. Il y avait une cinquantaine de pays participants dans les domaines sportifs et culturels. J’ai donc été invité sur le plan culturel pour quelques dates. C’était prévu de faire 3 spectacles. Finalement il y en eu 4 et Dieu merci cela s’est bien passé.

Quel est le spectacle que vous avez joué ?

Le spectacle s’appelle le boubou. C’est une création que j’ai faite il y a quelques années où j’aborde plusieurs thèmes, comme la guerre, le dérèglement climatique, le djiguiya et simplement la joie de la danse. C’est un spectacle d’une heure 54 mn avec 22 artistes sur scène. J’ai joué avec ma troupe. J’ai aussi eu la chance de travailler avec Toumani Diabaté et Bassékou Kouyaté. Babani Koné a aussi fait une vidéo pour moi et j’ai invité sur scène une cantatrice malienne Paye CAMARA qui a été très appréciée. Babani Koné et Oumou Sangaré ont aussi fait des vidéos pour ce spectacle.

Certains vous ont découvert à Abidjan et ils vous ont apprécié. Quelles sont les perspectives ouvertes à partir de là ?

Pour moi, le succès c’est d’abord tous ces spectateurs qui se sont déplacés pour voir le spectacle. Ce public qui applaudit ou qui reste scotché. Cette interaction cette vibration que vous transmettez et que vous recevez. C’est aussi tous les contacts que j’ai noués, cette visibilité. Je pense que d’ici la fin de l’année, il va se passer pas mal de choses, même si je ne veux pas en dire davantage. J’ai présenté « le Mali offre ses merveilles pour la première fois ici à Bamako lors du sommet Afrique France. J’ai envie de présenter le « Mali offre ses merveilles » à Abidjan.

Qu’est-ce qui vous a amené à la danse ?

Tout petit déjà, j’aimais bien danser. J’ai été assez vite attiré par le côté artistique. Mais on m’a demandé de faire d’abord des études. Je pense que c’est très important et j’invite tous les jeunes, quelque soit le domaine choisi, à étudier. Ensuite, je pense que dans toute chose il faut d’abord avoir la passion. Sans passion, on arrive à rien. Les moments où je me sens vraiment bien c’est en 1er les moments de doute, les moments de la création. En 2ème lieu, quand je suis sur scène.

Vous enseignez la danse à Zurich. Qu’en est-il au Mali ?

J’enseigne la danse à Zurich, c’est un gagne-pain, cela me permet d’avoir une certaine stabilité. Ici, je suis là avec une troupe de jeunes. Parce que moi aussi j’ai eu la chance d’être épaulé quand j’étais jeune. Avec eux, je crée des chorégraphies. Au Mali et en Afrique de l’Ouest nous avons tout. Nos contes, nos instruments, nos pas de danse. Il suffit de créer et chaque artiste selon sa vision.

Dans « le Mali offre ses merveilles », vous avez réuni plusieurs artistes de divers horizons. Comptez-vous rééditez cet exploit ?

Je suis chorégraphe, ce qui m’intéresse c’est de mettre ensemble les gens de divers horizons. Artistiquement c’est intéressant. La musique et la danse sont différents. Moi j’ai eu la chance de travailler pour des chanteurs comme Salif Keîta ou Oumou Sangaré. Ils chantent tellement bien qu’ils n’ont pas besoin de danseurs. Mais ils m’ont donné la chance de travailler avec eux. C’est l’union qui fait la force. Pour moi, c’est ce qui me définit. Etre différent, être solidaire et être dans l’excellence. J’envisage de reproduire « Le Mali offre ses merveilles » au moins une fois par an. Je souhaite aussi dans un futur proche organiser un spectacle accessible à un public plus large. Par exemple à la maison des jeunes ou au carrefour des jeunes à 500 ou 1000 francs au maximum.

 

 

 

 

 

Kettly Noël, déesse de la danse contemporaine

La danse depuis l’enfance Kettly fait son premier spectacle de danse à  l’âge de 12 ans. Mais déjà  à  7 ans, elle dansait dans les écoles primaires lors des concours. Elle commence réellement à  vivre de son métier de danseuse, à  18 ans. Elle n’a aucune contrainte parentale. Sa mère lui disait Elle est la fille unique de sa mère mais, a des demi-frères et sœurs. Elle est la seule artiste de sa famille. En 1990, elle obtient son diplôme en Science Eco à  l’université de Port au prince (Haà¯ti). Elle a suivi des cours de danse à  Haà¯ti, avec des particuliers, puisqu’à  l’époque, il n’y avait pas d’école de danse. Elle s’exile ensuite en France o๠elle se mariera et de ce mariage, naitra une petite fille. A paris, elle prendra des cours dans un centre de danse pour parfaire son art. Ketly suivra des stages de formations avec des chorégraphes français et des artistes aussi. Elle bosse un moment avec les Touré Kounda. Retour aux sources Elle fera aussi du théâtre, du cinéma, combiné à  la danse. Elle réalise son premier film avec l’acteur américain Léonardo Dicaprio, intitulé ‘Rimbo Verlaine’. Le film sera tourné en 1994 à  Djibouti. Elle joue le rôle d’une somalienne qui sera la femme de rimbo. Celui-ci homosexuel, connaitra le grand amour avec cette belle africaine qui lui fera oublier son homosexualité. L’Afrique, berceau de l’humanité Kettly reviendra deux ans plus tard sur la terre de ses ancêtres. Elle passe quelques temps au Bénin ou elle travaillera avec la chanteuse béninoise Angélique Kidjo et le camerounais Manu Dibango. Elle réalisera deux clips d’Angélique avant de repartir en France. En 2000, Kettly revient en Afrique mais cette fois-ci, avec son mari et sa fille pour une mission de travail qui durera quelques années. A la fin de sa mission, le compagnon de Kettly retourne sans elle parce qu’elle tombe amoureuse du pays. Elle ne peut se détacher du Mali o๠elle ouvre son école de danse contemporaine ‘séko donko’. Le festival ‘Dense Bamako danse Après la création de son école, Kettly initie le festival de danse contemporaine ‘Dense Bamako danse’. Il se tient tous les ans à  travers les espaces culturels de la cité des trois caà¯mans : Le centre culturel français, l’espace séko donko et le stade omnisport de lafiabougou (un quartier de Bamako). Ce festival représente pour Kettly, un espace de diffusion, de rencontre entre les professionnels du métier, et sert de lieu de développement et de brassage de liens. Elle précise avoir initié ce festival, afin de compléter les objectifs du séko donko. Ces objectifs étant de promouvoir l’écriture artistique et culturelle africaine. C’’est la vitrine de représentation de tout le travail qui est fait dans l’ombre au sein de l’école. Il permet de donner la chance aux autres, de montrer leurs talents au plus grand nombre. A ce festival le public a pu apprécier une quinzaine de spectacles de jeunes chorégraphes Maliens et Africains. Ketly déplore pour cette 6è édition, le faible taux de participation du public comparé aux années précédentes. Le festival ‘Dense l’Afrique danse’ à  Bamako l’an prochain ] Pour la première fois depuis sa création, Bamako accueillera l’évènement le plus prestigieux, de la danse contemporaine, (b les rencontres chorégraphiques de l’Afrique et de l’Océan indien dénommé ‘Danse l’Afrique danse’. Ketly affirme avec fierté que le nom, est inspiré de son festival ‘Dense Bamako danse’. Lors de la première édition en 2003 à  Madagascar, Ketly a décroché deux prix. Celui de meilleur chorégraphe de l’année et le prix découverte RFI. Elle fera d’ailleurs des tournées et des créations artistiques pendant deux ans avec RFI. Ketly est la directrice artistique du festival qui coà¯ncidera avec le Cinquantenaire de l’accession du Mali à  l’indépendance. Le festival est successivement passé à  Madagascar, à  Luanda, en France, et l’année dernière en Tunisie. Toute l’Afrique sera projetée sur scène et toutes les créations contemporaines africaines vibreront dans la capitale malienne dans un an.