Musulmans et Chrétiens : Maintenir le dialogue

Au Mali la coexistence entre différentes croyances est garantie par la Constitution. Et, dans la pratique, elle se manifeste à différents niveaux. En famille, au travail ou à l’école, Chrétiens et Musulmans cohabitent depuis toujours. Un équilibre qui ne saurait être remis en cause par des actes marginaux, selon plusieurs spécialistes.

« Les attaques contre les églises, partout dans le monde et ici au Mali, sont des actes condamnables. La cohabitation entre Musulmans et Chrétiens est très ancienne », note Youssouf Diagouraga, islamologue. Il ajoute que le Prophète de l’Islam Mohamed (PSL), lorsqu’il est arrivé à Médine, y a trouvé des Chrétiens et des Juifs, à qui il a laissé la liberté d’exercer leur religion, interdisant à ses disciples de leur faire du mal. Ceux qui commettent ces agressions contre les églises et les justifient au nom de l’islam n’agissent pas conformément à cette religion, car « l’islam bannit toute violence à l’égard de qui que ce soit », poursuit M. Diagouraga.

Les fondements mêmes de la société malienne facilitent la cohabitation. Les mariages entre différentes communautés, des valeurs comme le sinankuya et le respect dû à l’autre contribuent à cet équilibre, selon Thierno Hady Thiam, Vice-président du Haut Conseil Islamique du Mali. « Ces attaques font mal au cœur et ne peuvent être attribuées à l’Islam, qui reconnaît d’autres religions dans plusieurs versets ».

Pour ne pas remettre en cause une coexistence séculaire, M. Thiam préconise une anticipation. Il ne faut pas attendre que les problèmes surgissent pour essayer de les résoudre. Tous les acteurs ont un rôle à jouer. Il revient aux religieux « d’enseigner que la cohabitation fait partie de la religion », et à l’Etat d’organiser ce cadre et de « faciliter le rapprochement entre les religions ». Les périodes de tension n’étant pas les plus favorables au dialogue, il faut maintenir les ponts et se retrouver autour de l’essentiel. Nous « avons le devoir de défendre et de protéger notre pays », conclut le leader religieux.

Curé de la Cathédrale de Bamako, l’Abbé Timothée Diallo avoue n’avoir aucun problème avec les Musulmans, avec lesquels il continue à vivre en harmonie. Il invite cependant « à reprendre l’école en main », car, sans éducation, on ne peut s’en sortir.

Rejeter les intégrismes de tout bord et respecter la différence est une manière de maintenir cette harmonie. « J’aurais toujours un ami Patrice et Patrice aura toujours un ami Youssouf. Nous continuerons à être ensemble dans les facs, dans les lieux publics. Le Mali est un tout qui appartient à tout le monde », conclut M. Diagouraga.

 

Commune de Dioungani : Les Chrétiens pris pour cible

Il est 14h30 quand, dans une cacophonie motorisée, 12 hommes armés convergent vers l’église catholique du village de Douna, chef-lieu de la commune de Dioungani, dans le cercle de Koro. Aux cris d’Allah Akbar, ils s’élancent en direction du bâtiment religieux. Les villageois comprennent vite ce qui va se passer et rentrent se cloîtrer chez eux. Nous sommes le vendredi 6 octobre, une date que la population et la communauté chrétienne de Douna n’oublieront pas. Deux longues heures d’une séquence violente et choquante, mais qui dans la commune, ces 8 derniers mois, est loin d’être inédite.

Une poignée d’hommes a pris position sur les principaux axes menant à l’église, tandis que d’autres escaladent le bâtiment et entreprennent méthodiquement de casser la croix en béton équipée d’un haut-parleur qui trône sur le toit. Elle finit par dégringoler et se briser au sol, accompagnée de clameurs de satisfaction. « Une femme est sortie et a essayé de leur faire entendre raison. Ils l’ont battue ! Malgré les coups, elle leur a dit qu’elle préférait être tuée que de ne rien dire. L’un des hommes a pris son coupe-coupe et lui a tailladé le bras », se remémore un habitant de Douna qui tient à garder l’anonymat. Une fois le lieu de culte décapité de son symbole, les hommes pénètrent dans l’église et rassemblent tout ce qu’ils peuvent : meubles, crucifix, portrait de la Vierge, effigie de Jésus, rideaux, nappe d’autel. Ils jettent le tout sur le sol en un grand tas. « Avec de l’essence, ils y ont mis le feu. Tout a flambé. Ils ont pris leur temps », témoigne un autre villageois. Les flammes ont déjà bien noirci les murs de l’église et calciné ce qui s’y trouvait, quand les profanateurs quittent le village en trombe, criant à la population abasourdie qu’il est interdit désormais d’y prier.

Malgré la destruction de nombreuses antennes-relais dans la commune, où plusieurs villages sont coupés du monde, la nouvelle se propage comme une traînée de poudre. 24 h plus tard, un contingent de l’armée malienne se rend sur place, inspecte l’église, fait une ronde, puis s’en retourne à sa base de Koro. À Douna, l’attaque a surpris, comme dans la paroisse de Barapeli, dont le petit village dépend. L’effroi a saisi les communautés qui redoutent que les djihadistes ne mettent en péril la présence chrétienne dans la commune.

Actes antichrétiens en augmentation « C’est la cinquième communauté visée », souligne un élu de la commune, « les djihadistes veulent imposer leur loi. Ils brûlent les églises et veulent chasser les Chrétiens ». « Depuis quelques mois, ils interdisent toutes les activités religieuses chrétiennes. Si ce n’est pas respecté, ils menacent de revenir pour sévir plus fort », confirme l’Abbé Edmond Dembélé, Secrétaire général de la Conférence épiscopale du Mali.

C’est le 15 avril dernier, lors de la nuit de Pâques, qu’une première attaque contre une église chrétienne est signalée à Didia, un village de la commune de Dioungani. Là-bas, les djihadistes ont intimé aux Chrétiens du village de ne plus sonner la cloche et de ne plus se rassembler. Le 15 août, ils s’en prennent au village de Djanwelli, dans la même commune, avec un procédé particulier. « Ils ont rassemblé Chrétiens et Musulmans sur la place publique et ont prêché le coran durant 3 heures, avant de leur ordonner de ne plus jouer du tam-tam et de ne plus chanter pendant la prière », raconte un commerçant du cercle de Koro. Le 26 août, c’est l’église du village de Bodwall qui est attaquée. « Ils ont voulu casser la cloche de la petite église, mais ils n’ont pas réussi. Alors, ils sont allés au hangar à palabre des Dogons et leur ont dit de dire aux Chrétiens de détruire leur église », poursuit le commerçant. Le 19 septembre dernier, ils défoncent les portes de l’église de Dobara, toujours dans la commune de Dioungani, rassemblent à l’extérieur tout ce qu’ils peuvent y trouver et y mettent le feu, avant de menacer de mort tous ceux qui dorénavant viendraient y prier.

Chasser les Chrétiens Dans l’importante paroisse chrétienne de Barapeli, qui s’étend sur 8 150 km², forte de 45 églises et de plus de 130 communautés dynamiques qui n’hésitent pas à bousculer les prêtres pour l’apostolat (propagation de la foi), on ne comprend pas pourquoi ces attaques visent seulement la commune de Dioungani. « La cohabitation entre Chrétiens et Musulmans était bonne. Dans les différentes fêtes religieuses, ils se rendaient mutuellement visite. Depuis l’arrivée des djihadistes, les choses ont changé. Certains, à l’est de Barapeli, pensent qu’il y a plus d’églises que de mosquées », relève un habitant. Une affirmation plausible pour ce prélat de la paroisse : « il est vrai que ces hommes armés, quand ils sont venus à Douna, ont dit à certains musulmans, « ils ont des églises partout et vous vous n’avez même pas assez de mosquées », et ils ont ordonné à ces gens d’en construire. En se basant là-dessus, on peut se dire que, peut-être, le dynamisme de nos communautés fait qu’ils pourraient se sentir un peu menacés », avance-t-il.

Une autre raison est évoquée par cet employé d’une ONG locale, qui rappelle que depuis des mois les djihadistes, au nom de l’Islam, ont interdit le tabac ainsi que les boissons alcoolisées. « À Douna, il y a deux églises. Ils ont seulement attaqué celle des Catholiques, pas celle des Protestants. L’église catholique a été attaquée parce que la consommation d’alcool n’y est pas prohibée alors que les Protestants l’interdisent. Dans le village, il y avait un maquis à côté de l’église attaquée. Après l’avoir saccagée, les djihadistes sont partis trouvés des consommateurs là-bas. Il y en avait deux, un Dogon et un Peul. Ils les ont frappé, ont bandé les yeux du Peul et sont partis avec. On a plus de nouvelles depuis », ajoute-t-il.

Pour l’Abbé Edmond Dembélé, la consommation d’alcool reste une explication négligeable. « Ce n’est pas seulement du côté des Catholiques, les adeptes de la religion traditionnelle, partout sur le territoire du Mali, sont aussi des consommateurs d’alcool. Je pense qu’il y a d’autres explications un peu moins sommaires ».

Dans les villages attaqués de la commune de Dioungani, désormais les Chrétiens font profil bas. Ils ne vont plus prier à l’église, conscients que ces lieux de culte sont devenus une cible privilégiée des djihadistes. « Nous leur avons dit de ne pas aller y prier pour leur sécurité et parce qu’il y a eu une forme de profanation de ces lieux de culte. Pour nous Chrétiens, ce qu’il s’est passé, ce sont des blasphèmes contre Dieu, Sa parole et Son église. Les fidèles sont inquiets. On est passé à un cran supérieur. Ils ne savent pas si demain ils se lèveront sur leur pied. Mais ils ne souhaitent pas partir, parce que le Mali est un pays laïc, que c’est leur village et qu’ils espèrent que des solutions seront trouvées et que le calme et la cohabitation pacifique qui régnait jusqu’ici reviennent », explique un curé.

À Douna, les blessures du 6 octobre mettront beaucoup de temps à se refermer. Pour les Chrétiens les plus âgés du village, qui ont vu la communauté se constituer, l’église se bâtir, ces images indicibles, ne pourront jamais être effacées.

Noël, comment fêtent les chrétiens du Mali

Elle est fêtée partout dans le monde. Au-delà de son aspect commercial, c’est bien la célébration religieuse de la Nativité de Jésus. Au Mali, qu’ils soient catholiques, protestants ou évangélistes, les chrétiens marquent à leur façon cette journée spéciale.

La communauté chrétienne ne représente qu’environ 5% de la population malienne, auxquels s’ajoutent des milliers d’expatriés qui fréquentent les lieux de culte chrétiens. Noël, ou fête de la Nativité du Christ, est une date importante du calendrier liturgique qui se caractérise par des célébrations particulières, à commencer par la veillée de minuit, à laquelle participent des milliers de fidèles dans les différentes églises et temples. Dans la famille Dembélé qui vit à Adeken en Commune 5, on est catholique. « La célébration commence la veille, c’est-à-dire la nuit du 24, lors de la grande messe à la cathédrale de Bamako. Une cérémonie de deux heures où l’on entend le fabuleux récit de la Nativité. Ensuite, place au traditionnel réveillon en famille jusqu’à l’aube avec parents et amis autour d’un repas copieux. La fête se poursuit encore toute la journée du 25 », explique Madame Dembélé. Même scénario chez les Coulibaly de Sebenikoro, d’obédience protestante. « La veille, il y a église. Tout le monde est content, et le lendemain la fête continue. On invite nos amis musulmans aussi. On se retrouve autour de très bons plats. On rend gloire au Seigneur, on donne des cadeaux aux enfants », témoigne le chef de famille. Dans les familles d’expatriés, on fête en général en communauté. « Nous cotisons et nous nous retrouvons après la messe de Noël pour partager des plats de chez nous. Ça nous rappelle le pays », affirme Firmin, un Togolais de Bamako.

Ce ne sont cependant pas tous les chrétiens qui fêtent Noël. Les témoins de Jéhovah n’en font pas cas, « car Jésus n’est pas né en décembre mais plutôt en octobre. Cette fête serait d’origine païenne » et « il n’est dit nulle part dans la Bible qu’on doit fêter sa naissance mais plutôt sa mort », explique Rachel Doucouré.

 

Ascension: les chrétiens sont en fête

Dans la tradition et la foi chrétienne, elle marque l’élévation au ciel de Jésus de Nazareth après sa résurrection et la fin de sa présence terrestre. Selon la tradition chrétienne, l’ « Ascension du Seigneur » désigne le moment o๠Jésus a été élevé au ciel, après avoir été mis sur la croix. Présent dans le Nouveau Testament, l’Ascension est un thème que l’on trouve dans la mythologie gréco-romaine (Hercule, Romulus) : monter aux cieux, C’’est symboliquement rejoindre le domaine divin. Il ne faut pas confondre l’Ascension de Jésus Christ avec l’Assomption de la Vierge Marie qui est célébrée le 15 août.Symboliquement, l’Ascension est donc la fin de l’existence de Jésus en tant qu’être humain et son entrée dans le monde du divin. L’Ascension est une fête majeure dans la tradition catholique, bien que confondu pendant longtemps avec la fête de la Pentecôte. Ce n’est que vers la fin du IIIème siècle que l’évêque Eusèbe décréta la célébration de l’Ascension en tant que fête distincte. Toujours célébrée un jeudi, la messe de l’Ascension est parfois précédée d’une première messe le mercredi. Le prêtre lit les Actes des Apôtres faisant référence à  la montée aux cieux du Christ. Les fidèles participent à  une prière universelle; c’est l’occasion de rappeler que l’intérêt de cette célébration réside dans la propagation de l’évangile par les chrétiens.

Noël, malgré tout !

Cette nuit du lundi à  mardi, les chrétiens du monde entier célébreront Noà«l. Les chapelles seront à  nouveau parées de leurs crèches dorées et de décors lumineux… Les fidèles du Mali, quoique vivant sous l’épée de Damoclès des groupes rebelles déterminés à  islamiser le Mali, ne seront pas en reste. Certes, la fête ne donnera pas lieu à  l’effervescence d’antan. La preuve, les horaires de certaines églises ont été ramenées en début de soirée, à  la demande de l’archevêque de Bamako, Jean Zerbo. Ce changement d’horaire répond à  une exigence de sécurisation des fidèles. Le curé de la Cathédrale, Abbé Timothée Diallo, indique que la veillée débutera chez lui à  21 heures au lieu de 23 heures. l’ambiance…malgré tout Noà«l est pour beaucoup l’occasion de se réunir, de partager de bons moments en jetant un regard rétrospectif sur l’année qui s’est écoulée. « Quand on pense aux fêtes de Noà«l qui arrivent, nous sommes souvent heureux parce qu’elles nous font penser à  beaucoup de choses bien sympathiques. Mais ce qui est la chose la plus agréable à  Noà«l, c’est de le passer en famille », affirme Marc Diarra, un fidèle de la Paroisse Ste Monique de Badalabougou. « On s’imagine tous assis à  une table o๠de nombreux mets plus gourmands les uns que les autres sont exposés », se réjouit Germaine Keà¯ta, administratrice en Banque. Joie et recuillement Comme toute célébration liturgique, Noà«l obéit à  une liturgie spéciale. Traditionnellement, trois textes sont tirés de la bible et parlent de la venue du Messie. « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière », annonce le prophète Isaà¯e. Cette lumière brille dans l’évangile avec la naissance du Seigneur Jésus christ. Selon l’Abbé Jean Marie Traoré, « la gloire du Seigneur éclaire les bergers et la grâce de Dieu se manifeste pour le salut de tous les hommes, comme l’écrit Paul ». Et le curé de la paroisse de Badalabougou d’ajouter que « la naissance de Jésus Christ donne l’occasion à  tous les chrétiens de renaitre et de vivre en vrais enfant de Dieu ».

Kita : ville de pélerinage des chrétiens du Mali

De par son histoire, Kita est l’une des plus vieilles localités maliennes et qui n’a pas fini de livrer ses mystères. La localité faisait partie intégrante du royaume ( Manding) de l’emblématique Soundjata Keita. Distante de Bamako de seulement 180 km, Kita se singularise par sa réputation de ville carrefour de grandes civilisations. A mi-parcours entre Kayes et Bamako, la ville est peuplée de plus de plus de 34 000 habitants. Kita se distingue aussi par son relief accidenté et une végétation touffue. On y voit des grandes montagnes qui portent l’histoire. Kita Koulou, la montagne des génies Selon Madou Tounkara, griot, « Kita koulou » est la montagne qui abrite les génies protecteurs de la ville. l’activité dominante est l’agriculture. Les populations misent beaucoup plus sur les cultures de rente telle que l’arachide. C’’est d’ailleurs pourquoi la localité porte le nom : «la cité des arachides». Pour avoir jouéun rôle dans la culture malienne, Kita, C’’est également la cité des griots du manding. Nombreux sont ces artistes maliens qui sont sortis des entrailles de Kita. Entre autres, on peut citer le rossignol Kandia Kouyaté, Mariétou Diabaté, Soumaila Kanouté, MBaou Tounkara… Kita, ville des pères missionnaires C’’est dans cette petite ville de la région de Kayes que les premiers missionnaires (pères blancs) de l’Eglise catholique ont déposé leur valise. C’’est là  que l’évangélisation a commencé au Mali. C’’était en 1888. Avec cette présence des missionnaires évangélisateurs, l’Eglise malienne a commencé son aventure. « C’’est à  Kita que la graine de blé a pris corps et a porté ses fruits », a confié le Père Gérard, prêtre. Un haut lieu de pèlerinage Pour pérenniser le site de Kita, l’Eglise catholique y organise chaque année le pèlerinage national du Mali. Voilà  un événement religieux qui attire chaque année des milliers de fidèles à  travers le pays et ailleurs. Situé en plein C’œur de la ville, dans le quartier « Mission », C’’est le majestueux sanctuaire marial qui accueille les fidèles. A 2 km du sanctuaire se trouve dressé sur la colline la magnifique statue de la vierge Marie (la mère de Jésus). C’’est là  que se recueillent les pèlerins la nuit de leur arrivée dans la ville.

Affrontements meurtriers au Nigéria : chrétiens et musulmans s’entretuent à Jos

Une situation difficilement maitrisable Le Nigéria est depuis quelques années, le foyer de tensions entre chrétiens et musulmans qui arrivent difficilement à  cohabiter ensemble. Ce riche pays anglophone, situé en Afrique de l’Ouest, est le plus riche et le plus peuplé de tout le continent après l’Afrique de Sud. Rappelons qu’en 2008, un différent est né suite à  la tentative de reconstruction des habitations touchées par des heurts subis cette là . En effet,les violences de Jos sont la suite logique de ce différend qui avait opposé chrétiens et musulmans du pays. Jos est une province située au centre du pays. Les autorités nigérianes n’ont pas su gérer ce conflit interreligieux présent depuis deux ans. l’absence depuis des mois du président Oumarou Yar’Adoua n’arrange rien dans l’affaire. 20 000 déplacés Signalons que le Nigéria a adopté la charia (loi musulmane) qui ne fait pas l’unanimité au sein de la population. A Jos, malgré le couvre-feu décrété par la police, les affrontements continuent et ont fait à  la date d’aujourd’hui, plus de 300 morts, 300 blessés, 20.000 déplacés et le bilan s’alourdit au fur et mesure. Cette province du centre du pays avait en 2008, mis plusieurs semaines avant que les autorités du pays parviennent à  y rétablir l’ordre. il semblerait que la même situation se répète puisque cette année, les affrontements ont débuté la semaine dernière. Avec le couvre-feu permanent, c’est-à -dire 24 h sur 24, les populations sont tenus de rester cloitrés entre les quatre murs de leurs maisons. Mais, malgré cet état de fait, le bilan ne cesse de s’alourdir. Les habitants sont attaqués à  l’intérieur même des maisons oà¹, des familles entières sont victimes de meurtres atroces. Hommes, femmes, enfants, personne n’est épargné. Un habitant de Jos explique qu’il ne sait pas o๠se trouve le reste de sa famille. « Il nous attaqué en pleine nuit alors que tout le monde dormait. Mais le bruit a réveillé tout le monde et chacun de nous a pris la fuite. Il fallait que chacun songe d’abord à  sa propre vie. Cela s’est passé cette nuit et depuis, je ne sais pas o๠se trouvent les autres. Je ne sais même pas s’ils sont encore en vie. » Cette guerre interreligieuse mérite d’être calmé et maitrisé par les autorités nigérianes avant qu’elle ne se repande sur le reste du pays. Il est impératif que l’Afrique évite une nouvelle guerre contribuant à  la fragiliser encore plus qu’elle ne l’est déjà .

Deuxième forum Islamo-chrétien, un bel exemple de tolérance religieuse

Deux jours durant, chrétiens et musulmans du Mali échangeront autour du thème : « pourquoi le dialogue inter-religieux ? » Le Mali, est certainement l’un des pays africains o๠l’aspect de laà¯cité est prôné tous les jours. Chrétiens et musulmans cohabitent ensemble sans distinction aucune. Tant au niveau des institutions publiques et privées qu’à  celui des secteurs informels et non formels. Et ce, malgré l’infériorité numérique des chrétiens face aux musulmans. Moussa Moudir Diallo est un jeune garçon de 13 ans fréquentant l’école coranique depuis deux ans. Il maitrise une multitude de sourates du coran et émerveille par sa voix divine. Fils de l’imam de Torokorobougou ( un quartier de Bamako) également président de l’association malienne pour la paix et le salut (AMPS), Mahamadou Diallo. Moussa explique que son père, fervent musulman, ne l’empêche pas de fréquenter ses amis chrétiens. Ils échangent parfois sur les préceptes de la bible et du coran. C’’est un bel exemple cohésion sociale que chacun devrait suivre afin de maintenir la stabilité et la paix dans notre pays. C’’est ainsi que le président de l’AMPS, Mahamadou Diallo, prêche le développement de bons rapports entre ces deux religions. Citant le président américain Barack Obama, M. Diallo précise : « Tant que les divergences persistent entre le monde musulman et l’occident, il n’y aura jamais de progrès ! » Et il signale qu’Obama est lui-même un exemple de progrès. Car issu d’un père musulman et d’une mère chrétienne. « Le coran s’adresse à  tous sans distinction de race ni de religion », précise-t-il. Favoriser le dialogue inter-religieux Le délégué général de l’église protestante M. Daniel Coulibaly rejoint la thèse de son compatriote en indiquant qu’il ne faut pas se limiter à  la tolérance entre les religions, mais aller à  l’action. Montrer la volonté de changement, de partage et d’acceptation à  travers les actes que l’on pose tous les jours. Le président de l’assemblée nationale du Mali, M.Dioncounda Traoré, a démontré l’attachement du pays à  la paix à  travers le thème abordé : ‘’pourquoi le dialogue inter-religieux ? » Autrefois source de conflits, les religions peuvent et doivent être une source de paix, de cohésion et d’entente. « Le peuple malien a réussi à  faire l’économie de nombreux conflits fratricides. Car, les conflits inter-religieux mettent à  mal toutes les valeurs sociétales. Il faut donc éviter les combats à  dimension religieuse. » Les maliens ont mainte fois démontré qu’ils pouvaient surmonter les guerres inter-religieuses et maintenir la stabilité du pays. Espérons que ce climat de stabilité et cet esprit de cohésion sociale règnent et se pérennisent après ce forum qui durera deux jours. En effet, le Nigéria présent à  ce dialogue, prendra note et suivra certainement l’exemple malien. On sait que le Nigéria, le plus grand pays d’Afrique est le foyer de conflits permanents entre chrétiens et musulmans. Le délégué musulman venu au nom de son pays, promet de faire en sorte que ses compatriotes suivent l’exemple du Mali et apprennent qu’il n’est pas impossible de vivre en parfaite harmonie avec des personnes de confession religieuse différente. Chaque individu a alors le droit de pratiquer la religion qu’il souhaite. On dit bien que tous les hommes naissent libres et égaux en droits ?