Le Congrès pour la Justice dans l’Azawad n’a pas intégré la CMA

Il y a de cela plus d’une semaine, des rumeurs ont circulé sur les réseaux sociaux sur une dissolution du CJA au sein du MNLA. Face à la persistance de la nouvelle, le CJA dans un communiqué datant du 9 décembre a démenti ces « allégations mensongères ». Arrêt sur les faits.

Sur les réseaux sociaux, Facebook notamment, l’information selon laquelle  le Congres pour la Justice dans l’Azawad aurait rejoint le Mouvement National de Libération de l’Azawad a suscité des réactions et interrogations, jusqu’au sein du CJA. Il est, en effet, difficile de distinguer le vrai du faux sur ce réseau social. À travers un communiqué en date du 9 décembre, le CJA a apporté un démenti formel et officiel de ce qu’il qualifie d’« allégations mensongères L’information est de nuisance « car, elle est en train de soulever des questionnements de beaucoup des nôtres », souligne le communiqué. Une « intoxication mensongère qui n’a aucun fondement et qui ne vient ni du CJA ni du MNLA », poursuit cette mise au point.

Eléments de faits

Le Congrès pour la Justice dans l’Azawad n’a intégré ni le MNLA ni la CMA. C’est le Secrétaire général du CJA, Azarock Ag Inaborchad qui l’affirme. « On a jamais dit qu’on va intégrer la CMA, on avait dit qu’on négocie dans le cadre du processus de l’inclusivité » ainsi, il lève toute équivoque. Le Secrétaire général se veut être claire sur le sujet, « on a jamais dit qu’on sera fondu dans un groupe quelconque, mais que nous sommes en train de réfléchir ensemble », souligne-t-il avec insistance.  Selon lui, le CJA opère des rapprochements pour le moment avec la CMA. Une initiative née à la suite de la 21eme session du Comité de suivi de l’Accord, où le Représentant Spécial du Secrétaire Général de l’ONU, Mahamat Saleh Annadif avait insisté sur la question d’inclusivité. C’est ainsi que « les gens de la CMA, de la Plateforme et tout le monde sont en train de se démener pour voir qu’elles sont les rapprochements à faire », situe Azarock  Ag Inaborchad. « Nous avons écarté pour le moment toute possibilité de nous faire fondre dans un groupe même si c’est ce que la CMA souhaite », poursuit-il. Des réunions ont eu lieu entre des responsables du CJA et ceux de la CMA qui ont abouti à définir un certain nombre des schémas. « On avait discuté avec Bilal Ag Acherif, calmement, de façon très responsable et on avait dit qu’on mettrait un cadre de concertation. En plus de nous ,il y a aussi le CMFPR2 et le MSA », indique Azarock Ag Inaborchad. Toujours selon le Secrétaire général, l’objectif est d’avoir un cadre de réflexion sur des propositions et des modalités de collaboration.

Le Secrétaire général du CJA lève aussi la confusion souvent faite entre le CJA qu’il préside et celui membre de la Coordination des Mouvements de l’Entente(CME).

Colonel Abass : la paix, l’arme au poing

Le colonel  Abass Ag Mohamed Ahmad, est le chef d’état-major du Congrès pour la justice dans l’Azawad (CJA), mis au devant de la scène pour avoir bloqué l’installation des autorités intérimaires à Tombouctou. Ce vétéran, qui dit avoir eu avec ses hommes la « baïonnette intelligente », en acceptant de lâcher du leste pour régler la situation dans la cité des 333 saints, est un partisan du processus de paix, malgré qu’il voit jour après jour, sur le terrain, la situation se dégrader.

Ce Touareg Kel Ansar natif de Goundam, qui ne se destinait pas à une carrière militaire et qui imaginait plus devenir pilote ou magistrat, a été intégré comme combattant dans les rébellions touarègues des années 90, puis dans la gendarmerie, où il gravit tous les échelons. Au Mali d’abord, où il sillonna le pays au gré de ses affectations, au Sénégal, en Côte d’Ivoire puis à Goma, dans le chaos congolais au sein de la MONUSCO, à la chute de Tombouctou en 2012, où il dû fuir avec ses hommes pour sauver sa peau. Il se réfugia en brousse, dans la clandestinité, puis rencontra le MNLA. Après une lune de miel éphémère, il quitta le mouvement en décembre 2015, passa brièvement par le HCUA, avant de rejoindre le CJA et d’en devenir le chef militaire.

Après plus de 20 ans passés dans le métier des armes, l’homme, la quarantaine bien entamée, aborde le futur avec lucidité, un brin désabusé concernant l’accord de paix. « Le contenu de l’accord est bon, mais ce sont les acteurs principaux qui traînent. Chaque fois qu’un problème se pose, un acteur du processus se rétracte. Aujourd’hui, la mise en œuvre de l’accord accuse deux ans de retard pendant que certaines zones du pays deviennent des no man’s land, sans école, sans santé. Même les ONG ont peur d’y aller. Quand on entend que les mouvements parlent au nom de la population, ce n’est pas vrai, ils parlent en leur nom. Actuellement, chacun cherche à défendre les intérêts de son village, de sa région, de sa tribu. Ça pousse les gens à former de nouveaux mouvements, personne n’est là pour les défendre donc ils le font eux-mêmes. le processus de paix, c’est la seule porte de sortie viable. Il faut aller coûte que coûte vers cet accord et ramener les récalcitrants, à genoux s’il le faut ! », lâche-t-il.

La paix, ce mirage La région de Tombouctou, ce no man’s land, il le connaît bien. Ses hommes et lui tentent, autant que faire ce peut, d’en assurer la sécurité, malgré la très grande étendue du territoire. Mais sur qui d’autre compter, l’armée ? « Les FAMA ont un problème de volonté, et non de moyens ou de formation. C’est un problème d’engagement. La formation militaire qu’ils suivent donne la tactique et l’attitude mais tant que vous n’avez pas la volonté de combattre, rien ne sera possible », soupire-t-il. Banditisme, djihadisme, dans la région de Tombouctou, c’est le lot quotidien. Le CJA le constate, souvent à ses dépens, comme à Gargando le 8 avril dernier où 4 combattants du mouvement ont été tués dans l’attaque de leur quartier général par des terroristes. Abass disparaît alors des radars. On le dit quelque part en brousse. « Nous sommes régulièrement visés et nous ne savons pas pourquoi. Ce qui est étonnant, c’est que ces attaques ne visent jamais les bases de la CMA ou de la Plateforme. Certains doivent donner des informations aux terroristes de manière à ce qu’ils nous attaquent », soupçonne-t-il. Il dit détenir quelques indices qui mènent à des pistes réelles, mais quand bien même, il ne sait comment tout cela finira.

 

 

 

Azarock Ag Innaborchad : « Nous continuerons tant que l’injustice et l’exclusion persisteront »

Les autorités intérimaires à Tombouctou et à Taoudéni ont été installées le 20 avril dernier après plus d’un mois de blocage. Azarock Ag Innaborchad, président du Congrès pour la justice dans l’Azawad (CJA), revient pour Journal du Mali sur les raisons qui ont permis de débloquer la situation.
 Les autorités intérimaires sont enfin installées à Tombouctou. Le CJA a-t-il eu satisfaction de toutes ses doléances ?

Nous n’avons même pas eu la moitié de ce que nous demandions. Notre sentiment c’est que c’est injuste et nous continuerons nos revendications tant que l’injustice et l’exclusion persisteront. Nous espérons néanmoins que c’est un début et que les choses viendront petit à petit. Nous porterons ces revendications à tous les niveaux où cela peut être examiné avec bienveillance. Ce qui nous intéresse surtout c’est d’être dans le processus de paix, c’est ce qui nous garantira d’être vraiment dans l’inclusivité.

 Qu’est-ce qui vous a finalement décidé ?

Nous sommes avec les communautés et je pense que tout le monde commençait à être fatigué. Les autorités maliennes ont plus ou moins promis d’aller vers l’apaisement et vers la satisfaction des désidératas de la majorité, y compris du CJA. Il fallait commencer à leur faire confiance. La plupart pensait que le blocage venait du CJA. On ne pouvait pas continuer à porter seul le chapeau. Nous avons aussi obtenu une grande visibilité, le CJA est maintenant un mouvement reconnu, aussi pour son assise sociale et populaire diversifiée.

 L’action du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga y est-elle pour quelque chose ?

Il y a une communauté de vue avec le Premier ministre qui a rencontré toutes les parties à Tombouctou et Taoudéni. Les gens ne cherchent pas l’impossible, ils cherchent à être inclus dans le processus. Il a trouvé que c’était parfaitement normal. Il a fait des promesses et quand il a eu la possibilité de les satisfaire, il l’a fait sans attendre inutilement. Je crois que c’est quelqu’un qui a une bonne compréhension des enjeux.

 Est-ce une victoire de la CMA qui a placé un homme à elle à Tombouctou ?

On n’a pas besoin d’être un analyste averti pour comprendre que l’un des objectifs de la CMA, avec les autorités intérimaires, c’est de concrétiser leur idée de l’Azawad. Je ne dirai pas que c’est la victoire de la CMA, mais la victoire du système. La CMA c’est l’appui inconditionnel de la communauté internationale. Le gouvernement est obligé de respecter et d’aller dans le sens des dispositions de l’accord qu’il a signé. La CMA joue sur ça pour le mettre en défaut et la communauté internationale étant garante de tout ça a besoin d’avancer.

 

Azarock Ag Innaborchad : « Si rien ne change pour les autorités intérimaires nous ne serons pas prêt le 13 avril »

Azarock Ag Innaborchad, président du Congrès pour la Justice dans l’Azawad ( CJA), ce groupe politico-militaire qui bloque depuis un mois l’installation des autorités intérimaires à Tombouctou et à Taoudeni, nous a accordé un entretien où il explique ne pas accueillir à bras ouvert la décision récente du gouvernement d’installer les autorités intérimaires sans leur « inclusion » totale.

La décision d’installer les autorités intérimaires le 13 avril à Tombouctou et Taoudéni a été prise par le gouvernement. Est- ce que cela veut dire que vos revendications sont toutes honorées ?

À ma connaissance on a juste des promesses et ce n’est pas nouveau, ça fait longtemps qu’on a des promesses.

Donc allez-vous accepter l’installation des autorités intérimaires sans que toutes vos revendications soient prises en compte ?

Disons qu’il sera difficile pour nous d’accepter, d’ailleurs on n’est pas les seuls, ce n’est pas seulement une affaire du CJA, c’est une affaire de toutes les populations de Tombouctou et Taoudéni. Il serait très difficile d’accepter parce que nous sommes engagés dans des revendications de fond qui concernent l’inclusivité. Nous avons parlé de l’ouverture des autorités intérimaires; apparemment ce n’est pas quelque chose dont il faut parler. Même si le CJA essaye de se retirer, la population ne le fera pas. Nous pensons qu’on ne peut pas parler d’inclusivité sans un minimum d’ouverture et sans une implication dans le processus.

Que revendiquez-vous concrètement ?

Concrètement, on revendique une large ouverture des autorités intérimaires au CJA et aux populations, et puis essentiellement notre implication dans les organes de mise en œuvre de l’Accord tels que les commissions, les comités, le CSA et tout ce qui s’ensuit. Nous voulons être impliqués dans l’ensemble du processus.

 Vous n’êtes donc pas prêt pour le moment à une installation des autorités intérimaires le 13 avril ?

Si rien ne change pour les autorités intérimaires nous ne serons pas prêt le 13 avril.On espère que d’ici le 13 avril les choses iront mieux dans le cas contraire ce ne sera pas possible. Ce n’est pas la première décision d’installer les autorités intérimaires, c’est la quatrième fois. Mais cette fois ci, cette décision est légèrement mieux réfléchie que les autres. On parle cette fois-ci de la désignation du Président sur la base d’un consensus des membres des autorités intérimaires. C’est une avancée, c’est une bonne chose, mais on ne dit rien de l’ouverture des autorités intérimaires. C’est un tabou qu’il ne faut pas toucher. Le CJA revendique quand même d’être impliqué dans la série d’organe prévue pour la mise en œuvre de l’accord. Ce n’est pas plus compliqué que ça ! Nous avons la même vision que nos communautés. Nous pensons vraiment que l’ouverture de l’autorité intérimaire est indispensable pour que les gens se sentent concernés et ne se sentent pas exclus. Pour cela, il faut être au niveau des décisions et non des éxécutants. Le CJA est en symbiose avec les populations et ce que les populations veulent, nous, on ne peut pas les empêcher de le revendiquer.

Tombouctou : Un blocage gouvernemental

Alors que la mise en place des autorités intérimaires à Tombouctou est toujours bloquée, principalement à cause de l’exclusion du Congrès pour la Justice dans l’Azawad (CJA). Mercredi 15 mars, le collectif des élus municipaux de la région de Tombouctou, au nom de l’inclusivité, ont demandé au gouvernement de prendre un décret additif pour élargir les membres des autorités intérimaires de 13 à 21 personnes. Un soutien qui ne semble pas infléchir la décision du gouvernement.

À Tombouctou, la mise en en place des autorités intérimaires semblent, pour le moment, bien éloignée. En cause, l’exclusion du CJA de la mise en place de ces instances, malgré la libération des checkpoints par leurs éléments armés. « Quand nous sommes allés voir le gouvernement pour leur faire comprendre que nous voulons être inclus dans les autorités intérimaires pour représenter les communautés de Tombouctou. Ils nous ont dit les autorités intérimaires sont bloqués et que s’ils acceptaient, ce serait ouvrir la boîte de Pandore », révèle Azarock Ag Innaborchad, président du CJA. Le mouvement politico-militaire qui a fait défection de la CMA tente depuis, de négocier sa position avec le gouvernement qui se refuse toujours à lui faire des propositions concrètes.

Mais mercredi 15 mars, un soutien au CJA est venu des élus municipaux de la région de Tombouctou qui se sont réunis dans la cité des 333 saints. Ces élus venus de tous les cercles de Tombouctou, ont appelé à l’inclusivité du CJA dans les autorités intérimaires et dans toute activité liée à la résolution de la paix au Mali. « Ils souhaitent que les membres des autorités intérimaires soient élargies de 13 à 21 membres, pour inclure le mouvement afin d’avoir plus de représentativité pour des villes comme Niafunké, Goundam, Gourma-Rahrous et les autres communautés de la région de Tombouctou «, explique Mohamed Ag Alher, animateur à la radio Jamana de Tombouctou.

Même appréciation du côté de la société civile et de la population, comme l’explique ce citoyen de Tombouctou joint au téléphone : « la population de Tombouctou soutient l’inclusion du CJA. Comme la société civile a donné son feu vert, la population est d’accord. C’est la population qui élit les personnes, il faut qu’on accepte, qu’on obéisse à ses réclamations et revendications », affirme-t-il

Sur le terrain, des responsables du CJA sont aux côtés de la population pour voir comment ils peuvent arranger la situation et tentent de s’impliquer dans toutes les activités permettant à la paix et à la sécurité de régner. « Ils ont organisé des escortes pour les civils qui voyagent sur l’axe Tombouctou – Goundam, qui est l’axe le plus menacé. C’est une manière pour eux de prouver qu’ils sont prêts à accompagner le gouvernement et les populations », ajoute ce même citoyen

Les troupes du mouvement sont néanmoins toujours en nombre et en armes à l’extérieur de la ville, prêtes à n’importe quel moment, à l’affrontement. Exerçant sur le gouvernement une pression à double tranchant, qui sape une confiance déjà fragile à établir entre les deux parties.

La solution semble plus que jamais dans le camp du gouvernement qui malgré maintes tractations ne semble pas prêt à infléchir sa décision. « Personnellement, je ne crois pas qu’ajouter une personne ou 2 ou 3 soit un problème, si cela peut calmer la tension et résoudre la situation, je crois que c’est mieux que de se figer sur des positions qui mènent nulle part », objecte le président du CJA, qui ajoute, « Je suis absolument convaincu que cela n’intéresse pas le gouvernement car c’est à notre demande et par l’intermédiaire du Haut représentant que nous avons pu voir le ministre Ag Erlaf, sinon personne ne nous avait contacté. Tant que la question n’est pas considérée comme une question essentielle le problème ne peut pas être résolu. Mais qu’ils n’oublient pas que si les populations décident de ne pas installer les autorités intérimaires, elles ne seront pas installées, sauf si on leur marche dessus. Je crois que ce n’est pas l’objectif de l’État malien, ni de la communauté internationale, et encore moins de la communauté malienne », conclut-il.

Tombouctou – Taoudéni : vers un consensus ?

Les groupes armés contestataires sont dans une dynamique de pacification des tensions avec le gouvernement malien au sujet de l’installation des autorités intérimaires pour les régions de Tombouctou et Taoudeni, confirment des sources politiques du Congrès pour la Justice dans l’Azawad (CJA) à Bamako.

La situation est plutôt calme aujourd’hui à Tombouctou, les tirs à l’arme lourde ont cessé leur vacarme et la cité des 333 saints fait figure de ville morte, selon des sources locales.

La médiation internationale a condamné, via un communiqué rendu publique lundi soir par la MINUSMA, la prise depuis deux jours par un détachement armé de la CMA/Plateforme pro-malienne de 2 check-point de l’armée malienne à Tombouctou, en réaction à la nomination des personnes choisies par le gouvernement malien pour diriger le collège transitoire des autorités intérimaires dans la région de Taoudéni . « Les autorités intérimaires sont reportées pour le moment à une date ultérieure mais nous avons une réunion avec les membres du gouvernement et le haut représentant du président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord à 9h, aujourd’hui, à Bamako, pour discuter de notre intégration dans toutes les instances du comité de suivi de l’Accord y compris les autorités intérimaires de Tombouctou  » déclare Azarock Ag Innaborchad, président du CJA.

Qui aura quoi à Tombouctou et Taoudeni ? Les groupes en présence à Tombouctou sont le CJA et le Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA), qui protestent contre leur absence au sein des autorités intérimaires à Tombouctou et Taoudeni, et qui entendent pousser le gouvernement malien à renoncer aux personnes nommées pour diriger les autorités intérimaires et à les remplacer par des personnes choisies par leurs responsables. Les deux MAA issus de la CMA et de la Plateforme pro-malienne sont appuyés par les dirigeants de la CMA à Bamako. Le CJA qui a quitté la CMA devrait avoir des difficultés à obtenir ce qu’ils demandent.

Selon des sources proches du dossier, les membres du gouvernement malien et les chefs de la CMA ont décidé d’isoler le CJA des autorités intérimaires. En d’autres termes, le CJA ne pourrait que participer au niveau cercle et commune des autorités intérimaires. Alors que les deux MAA auront ce qu’ils veulent, malgré le fait qu’ils ont déjà une dizaine de représentants dans les régions de Tombouctou et Taoudéni et la présidence du conseil régional de Tombouctou, sans parler d’une vingtaine de représentants dans les autres organes de l’Accord avec la vice-présidence du CSA. Malgré tout, ils exigeraient la présidence de l’assemblée régionale de Taoudeni, qui deviendrait à dominante arabe, alors que les Touaregs ne sont présents qu’à Kidal, Méneka et Gao.

Le CJA qui a été a été créé pour défendre les intérêts de ses communautés est exclu de la mise en oeuvre de l’Accord et souhaite être au coeur de tous les organes de décision de l’Accord du CSA jusqu’aux autorités intérimaires, qui auront la gestion administrative et politique des régions, via la Commission Technique de Sécurité (CTS), le mécanisme opérationnel de Coordination (MOC), l’Equipe Mixte d’Observation et de Vérification (EMOV). Ce qui leur permettrait de participer pleinement à la gestion de leur région sur tous les plans: politique, défense et sécurité, développement, justice, questions humanitaires et retour des réfugiés. Ainsi que de participer au redécoupage prévu dans l’accord, pour la création des nouvelles circonscriptions en vue d’une meilleure représentativité des populations de l’Azawad dans les institutions et les grands services publiques, en décrochant la région des lacs, dans le cercle de Goundam, comme l’ont fait ceux de Menaka et Taoudeni. Il à craindre que que le duel d’influence entre CMA/MAA et CJA pourrait exacerbé les tensions, dans ces 2 régions, qui sont les deux derniers points de blocage à l’installation des autorités intérimaires.

Tombouctou : Les autorités intérimaires reportées à lundi

Une vingtaine de véhicules avec des hommes lourdement armés ont fait irruption dans la ville de Tombouctou ce vendredi 03 Mars à 2h du matin. Une première fois rompues, les négociations ont reprise avec le ministre de la Réconciliation, repoussant une éventuelle installation des autorités intérimaires à Tombouctou au lundi 6 mars.

« Les forces du congrès pour la justice dans l’Azawad  (CJA ) sont à Tombouctou aujourd’hui dans le cadre d’une opération dénommée « Tamoudre » (Survie en tamasheq – NDLR -) sur ordres des instances politiques du CJA et du lieutenant colonel Abass Ag Mohamed Ahmed, chef d’état major du CJA », a déclaré Almounzer Ag Mohamed, chef des opérations du CJA joint au téléphone, avant d‘ajouter que l‘objectif du CJA n’est pas de rejeter l’accord de paix au Mali mais d’annuler les nominations des personnes qui seront à la tête de ces autorités intérimaires à Tombouctou et Taoudeni, « qui n’ont fait l’objet d’aucun consensus ni avec le CJA ni avec les populations », précise-t-il.

Le CJA est soutenu par la société civile et le Conseil National de la Jeunesse du Mali (CNJ) à l’image de Salaha Maïga, chef du CNJ à Tombouctou, qui atteste que « toute la société civile de la ville de Tombouctou est venue accueillir les forces du colonel Abass qui ont assiegé les locaux de l’assemblée régionale et du gouvernorat de Tombouctou ».

Après une journée ville morte, hier pour protester contre la mise ne place des autorités intérimaire, la ville semble plongé dans la confusion, « il y a des mouvements armés à l’intérieur et à l’extérieur de la ville mais je ne sais pas qui maintient quelle position. À l’extérieur de la ville, sur la route de Kabara, au niveau du bureau de la Minusma, il y a l’armée régulière qui procède à des contrôles et des fouilles sur les véhicules. On a entendu dire qu’une délégation devait arriver aujourd’hui de Bamako », explique Imrane, étudiant à Tombouctou.

Selon nos informations, le CJA serait aux portes de la ville, tandis que des combattants de la Plateforme, du CMFPR2 et de la CMA seraient à l’intérieur. La Minisma empêcherait le CJA de rentrer dans Tombouctou.

Pour favoriser la négociation, les autorités maliennes et la communauté internationale ont reporté la mise en place des autorités intérimaires au lundi 6 mars. « Ces négociations doivent permettre de nous impliquer, ainsi que la population, dans la mise en œuvre de l’Accord », prévient Abou Ag Hammama responsable du CJA à Tombouctou.

« Des négociations débuteront à 14 h 30 entre la société civile , les représentants du CJA avec les autorités de la MINUSMA et de Barkhane sur comment nous pourrons intégrer le processus de mise en œuvre de l’Accord. Mais si nos doléances ne sont satisfaites à l’issue de cette réunion nous dirons immédiatement aux forces du CJA d’occuper les locaux administratifs de Tombouctou. Pour le moment les hommes du colonel Abass occupent tous les axes stratégiques des sorties de la ville des 333 saints », explique Salaha Maiga joint au téléphone.

Par ailleurs un autre chef des opérations du CJA, Taghlifte Ag Mohamed, confirme que 10 véhicules et des hommes bien armés sont positionnés à l’entrée de la ville de Goundam, située à 84 km à l’ouest de la ville de Tombouctou.

Autorités intérimaires : Installation à Kidal, fortes incertitudes ailleurs

Plus de 18 mois après la signature de l’Accord, Hassane Ag Fagaga, a été intronisé président du conseil régional de Kidal, mardi 28 février. Gao et Tombouctou devraient voir leurs présidents installés les 2 et 4 mars, mais dans ces deux villes, la résistance est encore grande, combattants et populations, protestent et sont prêt à en découdre pour se faire entendre.

Ça y est. La porte de Kidal s’est entrouverte au gouvernement malien, mardi 28 février, qui y a glissé un pied, avec l’intronisation comme président du conseil régional d’Hassane Ag Fagaga. Le drapeau national a orné, le temps d’une cérémonie, les murs de l’assemblée régionale, puis a été remisé lors du départ de la délégation. L’installation du président de l’exécutif régional de Kidal est une victoire difficilement arrachée, même si pour certains le gouvernement est parti du mauvais pied en installant cette autorité intérimaire qui devait intervenir après une certaine chronologie. « Les autorités intérimaires c’est la troisième phase de l’Accord. La première phase, c’est le cantonnement et le redéploiement de l’État et de l’administration sur tout le territoire, la deuxième phase c’est le désarmement et l’intégration, la troisième c’est dans les endroits où il n’y a pas de gouvernement, il est prévu de placer une autorité intérimaire. Le gouvernement est parti sur un faux-pas dans cette mise en oeuvre de l’Accord », estime Fahad Al-Mahmoud, secrétaire général du GATIA, qui se demandait encore il y a une semaine, alors que la mise en oeuvre de l’Accord était suspendue, quelle était la contrepartie offerte par la CMA au gouvernement, pour la nomination d’Hassan Ag Fagaga, « qui n’est pas le plus méconnu des ennemis du Mali » ajoutait-il.

Néanmoins, c’est après de multiples négociations et quelques compromis, qu’un dénouement, vendredi 24 février, a permis de relancer la mise en œuvre des autorités intérimaires, bloquée, depuis la nomination par le gouvernement de Sidi Mohamed Ag Ichrach, comme nouveau gouverneur de Kidal. L’obtention par la CMA de deux gouvernorats aura permis de débloquer la situation. « Sidi Mohamed Ag Ichrach gouvernera la région de Kidal durant toute la transition. En contrepartie, la CMA a eu le choix de proposer deux personnes pour gouverner Gao et Tombouctou », explique Alkassim Ag Ahouchel, président de la Jeunesse de l’Azawad, la branche jeune du MNLA.

Contestation Après Kidal, les autorités intérimaires devraient donc être installées ces 2 et 4 mars à Gao et Tombouctou. Mais l’application de cette mesure de l’Accord, qui a souvent pris les allures d’une barque qui prend l’eau de toute part et difficile à écoper, devra faire face, dans ces deux villes, à une résistance farouche, tant des militants de la société civile et des combattants sont mobilisés pour mettre en échec son installation. « Pour la mise en place des autorités intérimaires de Gao et Tombouctou, il faudra marcher sur nos cendres ! Nous voulons la même chose que l’on a accordé aux autres mouvements signataires. Nous voulons qu’ils reviennent sur tous leurs décrets ! », assène le Pr Younoussa Touré du CMFPR2. « Aussi bien le gouvernement que la CMA ne veulent pas de l’application de l’Accord, ils sont en train de se servir de nous, de chercher des boucs émissaires en nous mettant dans des situations difficiles, pour faire en sorte que nous devenions des hors-la-loi et que rien n’avance », ajoute-t-il.

Ces combattants du CMFPR2, du CJA, du MSA, épaulés par des populations civiles, ont annexé les locaux des conseils régionaux de Gao et Tombouctou et malgré une tentative pour les déloger lundi 27 février, ils sont déterminés à maintenir leurs actions. Depuis mardi, les forces armées du CJA convergent de toutes leurs positions vers le chef lieu de la région de Tombouctou, avec à leur tête le colonel Abass Ag Mohamed Ahmed, chef d’état-major du CJA, son objectif est clair :« il n’y aura pas d’autorités intérimaires imposées à Tombouctou sans la reconnaissance du CJA », a-t-il déclaré.

Tous se disent trahis et exclus du processus de décision et sont prêt à agir, la détermination chevillée au corps. « On maintiendra nos actions jusqu’à ce qu’on nous entendent où jusqu’à notre mort », jure ce jeune de Gao joint au téléphone. « On y est obligé, ce n’est pas notre nature, ce n’est pas non plus ce que nous souhaitions pour notre pays », conclut-il.

 

 

 

 

 

 

Autorités intérimaires : le CJA impose son autorité dans la région de Tombouctou

Après les manifestations populaires à Tombouctou contre la mise en place des autorités intérimaires, les forces militaires du Congrès pour la Justice dans l’Azawad (CJA) bloquent les routes avec des unités mobiles dans ses zones d’influence. Une équipe (clinique mobile) du Comité international de Croix rouge (CICR ) aurait été refoulé de la zone de Gargando (située à proximité de la ville de Goundam) par un détachement armé du CJA. Information aussitôt confirmée par une note de l’organisation humanitaire, mentionnant le refoulement d’un important convoi humanitaire qui partait pour s’informer de la situation des populations dans les zones de Raz Elma et Gargando.

Joint au téléphone depuis Gargando, le chef d’État major du CJA, le colonel Abass Ag Mohamed Ahmed confirme que « depuis hier lundi 20 février les organisations humanitaires et des forces militaires de l’armée malienne et de son administration sont interdites, jusqu’à nouvel ordre, de sortir des grandes villes de la région de Tombouctou ». Le colonel Abass qui ajoute que ses hommes ont respecté les consignes qu’il a donné en bloquant toutes les pistes et route pour que leurs revendications soient prises en compte par les acteurs de la résolution de la crise politico-sécuritaire qui sévit au Mali depuis janvier 2012. Le chef d’État-major du CJA a également expliqué que ce blocus des routes par ses hommes armés ne vise pas les organisations humanitaires, mais pour l’instant, décision est prise de refouler vers les villes de Goundam et Tombouctou tous les convois.

À un moment crucial de la mise en oeuvre de l’Accord, le colonel Abass Ag Med Ahmed fait à nouveau parler de lui en tordant le bras aux autorités maliennes et à la médiation internationale pour qu’elles intègrent le CJA qui contrôle un territoire allant des régions de Tombouctou et Taoudeni jusqu’en Mauritanie, et qui échappe à l’autorité de l’État malien.

Cette décision du Congrès pour la Justice dans l’Azawad intervient après la tenue, samedi dernier, d’une conférence à l’hôtel Salam de Bamako pour réclamer l’inclusion du mouvement dans le processus de mise en œuvre de l’accord de Paix au Mali signé en Mai- Juin 2015.

Les mouvements dissidents vent debout contre les autorités interimaires

Le Congrès pour la Justice dans l’Azawad (CJA) et la Coalition des Mouvements de Forces Patriotiques de Résistance (CMFPR), ont tenu ce matin à l’hôtel Salam de Bamako une conférence de presse pour dénoncer la démarche de « non inclusivité de l’accord de paix au Mali  » que mènent le ministre de l’Administration Territoriale de la Décentralisation et de la réforme de l’état et les dirigeants de la CMA pour la désignation des autorités intérimaires pour les 5 régions du nord Mali.

À deux jours déjà de la désignation des présidents des autorités intérimaires par le gouvernement malien et les chefs de la CMA, plusieurs vagues de contestation circulent dans de nombreux points du pays contre ces nominations qui, selon les mouvements politico-militaires sur le terrain, les élus locaux et les leaders des sociétés civiles des régions de Tombouctou, Taoudeni et Gao, n’ont pas été choisi par les populations locales . Le CJA, un mouvement dissident de la CMA, dirigé par Azarock Ag Innaborchad, créé en Octobre 2016, a choisi de quitter cette dernière parce que la CMA ne satisfaisait pas leurs besoins et revendications concernant la mise en œuvre de l’Accord de Paix au Mali signé en Mai /Juin 2015 à Bamako.

Les dirigeants du CJA  et ceux du CMFPR 2 ainsi que leurs chefs militaires, rejettent catégoriquement les nominations des présidents des conseils régionaux, désignés par les autorités maliennes et les mouvements armés, pour la période intérimaire qui prendra fin le 31 Mai 2017,  comme le stipule le texte de l’accord de paix au Mali.

Des contestations populaires se sont déroulées, aujourd’hui, à Goundam ,Tombouctou, Gao pour soutenir la lutte du CJA et du CMFPR2 à faire valoir les droits et aspirations des populations aux noms desquels ils se battent pour leur inclusivité dans l’accord de paix. « Nous n’allons jamais baissé les bras pour arracher ce qui nous revient de droit pour nos populations de Tombouctou et Taoudeni « , confie Alassane Ag Abba, haut représentant de la société civile, député du cercle de Goundam pendant 30 ans et qui ajoute que « les populations sont prêtes à empêcher l’installation des autorités intérimaires dans les régions de Tombouctou et Taoudeni car les gens qui ont été pris pour la gestion ces régions n’ont pas été choisis par les populations et ils ne répondront pas à leurs aspirations ».

A Kidal ce samedi , les populations sont sortis massivement dans les rues pour protester contre la nomination du nouveau gouverneur de Kidal dont la nomination serait le fait du ministre de l’Administration territoriale de la Décentralisation et de la Réforme de L’État, Mohamed Ag Erlaf, indexé par plusieurs acteurs du processus dont le  CJA et la CMA comme celui qui fait exister et placer qui il veut pour la gestion des régions du nord Mali.