Carburants : ce que nous payons

Alors que le coût de la vie se renchérit, inexorablement semble-t-il, au Mali, les consommateurs portent de plus en plus l’attention sur un poste de dépense important, le transport. Et qui dit transport dit carburant. Nombreux sont ceux qui se souviennent avec nostalgie de la période « où l’essence était à moins de 500 francs »… Aujourd’hui, passée la barre des 700 francs CFA, l’inquiétude grandit. Pourquoi, même quand le prix du pétrole baisse, il reste stable, voir augmente au Mali ? Allons-nous un jour acheter le litre de gasoil à 1 000 francs ? Ces interrogations recueillies auprès du citoyen lambda nous ont poussé à nous intéresser aux prix des hydrocarbures (hors gaz liquide). De quoi sont-ils composés et qui paie quoi ?

« Quand on augmente le prix du carburant, c’est pour toujours au Mali ». L’opinion de Maïmouna, perchée sur sa Djakarta (motocyclette très répandue à Bamako), est largement partagée par tous ceux qui s’expriment sur le sujet du prix du carburant au Mali. C’est un véritable poste de dépenses pour Birama qui y injecte le quart de son salaire chaque mois, lui qui s’occupe de livraison au centre-ville. Qu’ils soient chef de famille, ou étudiant, commerçante ou chauffeur de Sotrama, tous ont le même crédo : les prix pratiqués sont trop élevés pour le consommateur. Les associations qui les regroupent montent d’ailleurs fréquemment au créneau pour dénoncer les prix de l’essence, du gasoil et du pétrole, les trois produits largement utilisés au Mali. Si les récriminations des consommateurs n’arrivent pas toujours à faire baisser les prix, elles maintiennent la pression sur l’Etat qui veut avant tout maintenir la paix sociale, nous explique un cadre d’une compagnie pétrolière, qui cumule expérience et connaissance du secteur. Il faut comprendre comment le prix du carburant est fixé : « Ce travail est fait mensuellement par une commission », nous explique notre interlocuteur. « La Commission de suivi du mécanisme de taxation des produits pétroliers est composée des deux groupements des pétroliers opérants au Mali, des associations de consommateurs, de la douane, des impôts, de la Chambre de commerce, de l’Autorité routière ainsi que de la direction des transports. Cette commission est placée sous l’égide du ministre de l’Economie, des Finances et du Budget. Son secrétariat est assuré par l’Office national des produits pétroliers (ONAP). Elle se réunit le 10 de chaque mois et a pour mission d’analyser les fluctuations des prix fournisseurs, de proposer les révisions au niveau de la structure de prix et d’élaborer les documents administratifs nécessaires (arrêtés y afférents) ».

 Décryptage

Après 2014, année où le baril de pétrole avait atteint le record de 115 dollars, les cours n’ont cessé de chuter sur les marchés internationaux. Le baril est ainsi passé en 2016 à environ 50 dollars américains. Si les pays producteurs se lamentent et cherchent à continuer à faire tourner leurs économies, les consommateurs eux se frottent les doigts à chaque baisse, espérant en voir les répercussions dans leur porte-monnaie. Or, selon les experts, les prix à la pompe ne sont pas liés directement aux prix du baril de pétrole brut. « Les prix à la pompe sont plus volatiles et composés en grande partie des droits et taxes qui constituent les recettes des différents pays importateurs. En outre, ils sont calculés sur la base des moyennes mensuelles des prix internationaux publiés par le PLATTS, alors que les prix du baril de pétrole brut varient à tout moment » explique notre conseiller technique. Il faut d’ailleurs noter que fin 2017, le cours moyen du brut est passé de 54 dollars à 62 dollars entre les mois de janvier et novembre 2017, soit une hausse de 15%, selon l’Office national des produits pétroliers (ONAP). Cette situation, évoquée lors du conseil d’administration  de la structure en décembre dernier, s’est traduite dans un premier temps par la répercussion partielle des effets de la hausse des prix fournisseurs et, depuis septembre 2017, par l’application effective du mécanisme de taxation des produits pétroliers dans une bande de 3%. En effet, le Mali a adopté un nouveau mécanisme d’ajustement automatique des prix qui vise la répercussion intégrale des variations des cours internationaux des produits pétroliers sur les prix à la pompe à l’intérieur d’un intervalle (ou marge) de 3%. Cela signifie que d’un mois à l’autre, toute variation des prix fournisseurs inférieure ou égale à 3% est intégralement répercutée sur les prix à la pompe. « Le nouveau mécanisme fonctionne dans les deux sens – hausses et baisses des prix fournisseurs – et permet de rattraper progressivement les niveaux des cours internationaux » explique un conseiller technique du ministère de l’Economie et des Finances.

 Le prix du carburant dépend de trois facteurs essentiels, explique Damien Roques, directeur général de Total au Mali. « Il s’agit du prix d’achat du produit, des frais d’approche que comprennent le transport et le stockage, des droits et taxes payés au cordon douanier essentiellement et de la marge globale qui comprend le bénéfice de l’opérateur mais aussi la rémunération du gérant de la station ». Cette marge est, d’après la structure indicative de prix de décembre (celle de janvier n’était pas publiée au moment de notre parution, ndlr), de 50 francs CFA pour le super, 40 francs pour le gasoil et de 31,40 francs pour le pétrole. Il faut préciser qu’outre ces trois produits vendus en stations, il existe plusieurs autres produits pétroliers. Ce sont entre autres, les lubrifiants, le carburant pour les avions dénommé JetA1, le fuel lourd et léger, etc. Les prix de ces produits sont fixés par l’Etat. Au ministère de l’Economie et des Finances, on nous explique que « les prix fournisseurs et les droits et taxes représentent les principales charges. Les prix fournisseurs sont calculés à partir des prix du pétrole sur le marché international (publiés par le PLATTS, société qui fournit des informations des secteurs du pétrole, de l’énergie, des produits pétrochimiques, des métaux et de l’agriculture) et des cours moyens du dollar ». La fiscalité pétrolière au Mali s’inspire du schéma de taxation de l’UEMOA et comporte les droits de porte (droit de douane et redevance statistique), le prélèvement communautaire, la TVA, la Taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP). Au Mali, les carburants supportent aussi une taxe parafiscale appelée Redevance autorité routière.

 Pourquoi des différences de prix ? 

Les prix à la pompe fixés par la Commission sont des prix indicatifs plafonds. Les opérateurs pétroliers peuvent ainsi vendre les produits à des prix inférieurs aux prix indicatifs plafonds, en jouant sur leurs marges brutes. Ils n’ont cependant pas le droit de les vendre au-dessus des prix indicatifs plafonds. Les agents de la Direction générale du commerce, de la concurrence et de la consommation (DGCC) procèdent au contrôle des prix à la pompe des carburants pratiqués sur le marché. Mais la pléthore d’acteurs ne facilite pas ce travail. Il en existe plus de 70 dont cinq sociétés internationales. Les 5 sociétés étrangères couvrent 30% du marché et 10 des opérateurs maliens 50%, selon les chiffres du Groupement des professionnels du pétrole (GPP) qui regroupe les sociétés internationales, tandis que le Groupement malien des professionnels du pétrole (GMPP) regroupe pas moins de 67 opérateurs maliens. Le marché étant libéralisé, chacun de ces opérateurs peut pratiquer les prix qu’il désire, en tenant compte du prix plafond.

Evolution à la baisse ? 

Peut-on s’attendre à voir les prix descendre ? Non, si l’on doit se référer au cours publié sur les marchés. Le brent (pétrole brut) est encore monté en ce début 2018 et a dépassé les 68 dollars. Si l’on compte également que cette dernière devise est également à un fort taux de conversion, les calculs de la commission en ce 10 janvier ne devraient pas aller vers une baisse des prix à la pompe. Et « ce sont les pétroliers qui vont continuer à payer », déplore un des acteurs qui espère cependant que la hausse des ventes en station va permettre de compenser et de faire du chiffre. « Au niveau des pays où nous sommes orientés pour nous approvisionner, nous nous battons avec les traders, les partenaires commerciaux, pour avoir les meilleures conditions d’achat et minimiser les coûts », conclut-il.

EDM SA : Consommateurs (très) mécontents

Il y a maintenant des semaines, alors que la saison hivernale battait encore son plein, les Bamakois ont été surpris de se retrouver confrontés à une de leurs hantises… les coupures de courant. Alors que l’on appréhende surtout les mois de mars à juin, c’est en août que les « délestages » ont commencé. Au grand dam des consommateurs, qui se déchainent contre la compagnie de fourniture d’électricité, EDM SA. Cette dernière peine à faire avaler la pilule, malgré une campagne de communication dans les médias et sur les réseaux sociaux. Ces « trop fréquentes » coupures font monter la grogne et les appels à une libéralisation du secteur se multiplient.

« Courant naana ! » (L’électricité est revenue, en bamanakan). S’il y a quelques années c’est avec un sourire jaune que les parents entendaient cette exclamation de leurs enfants au retour de l’électricité après une coupure, c’est plutôt de l’exaspération que l’on peut lire maintenant sur les visages. « Est-ce qu’ils se rendent compte que nous devons travailler demain ? », tempêtait quelques secondes auparavant Mahamoud, chef de famille résidant à Kalabancoro Extension, sorti sur le pas de sa porte. L’homme est excédé. C’est la deuxième coupure de la soirée et il ne dispose ni de groupe électrogène ni de lampe solaire (gros business en développement au Mali) pour prendre le relais. « Ça nous arrive presque tous les jours, c’est fatiguant, énervant et ça nous handicape dans beaucoup de choses », poursuit-il, en autorisant ses enfants à aller se coucher sans avoir révisé leurs cours, faute de lumière. « Je ne vais pas leur abimer les yeux en les faisant étudier à la bougie… ». Devant un atelier de couture, non loin de là, petit attroupement autour de la théière qui fume sur le feu. Tous les tailleurs sont venus rejoindre les jeunes du grin qui « se pose » là tous les soirs. « Pas moyen. C’est compliqué, on a des commandes et dans la journée, ça avait déjà été coupé » se désespère Mass, la secrétaire, qui était restée sur place pour mettre un peu la pression sur les ouvriers afin que le travail avance cette nuit-là. « Comment peut-on développer un pays si l’électricité demeure une denrée de luxe ? Ce n’est pas possible ! » s’insurge Adama D, communicant. « Il faut voir quand il y a une coupure. Tout le monde est au chômage ici. Du standardiste au DG, tout le monde cesse de travailler et cela pour des heures parfois. Impossible d’être compétitifs dans ces conditions », ajoute son ami H, cadre dans une structure parapublique.

« Avis de perturbations » …

Des exemples de ce genre, il y en a par centaines et par milliers dans la capitale malienne, et ce depuis le mois d’août. C’est en effet au beau milieu de la saison des pluies que les coupures de courant ont commencé. Plus aucun quartier n’est épargné et les coupures interviennent de jour comme de nuit. « On ne comprend plus rien. D’habitude, c’est en période de chaleur qu’on a des délestages, là, EDM SA nous coupe alors qu’il pleut », s’interroge-t-on. Quelques incidents techniques, vite résorbés à l’époque, répond-on à Energie du Mali (EDM) sa, la compagnie qui a le monopole de la distribution de l’électricité au Mali, précisant qu’il ne s’agissait pas de délestages. Et les coupures actuelles ? « A Energie du Mali, nous avons deux périodes de pointe. Il y a la petite pointe, de la mi-septembre à fin novembre, et la grande, de fin mars à juin. Nous sommes donc dans la petite pointe », explique Abdoul  Malick  Diallo, chef de la cellule de communication de l’entreprise.

« Or, notre offre est pratiquement tangente à la demande et il suffit qu’il y ait une difficulté, comme une panne, pour que ça bascule. Nous sommes vraiment sur le fil du rasoir. Il suffit qu’un groupe tousse pour que ça bascule », poursuit notre interlocuteur. « Ces derniers temps, nous avons des perturbations sur le réseau. Nous avons eu d’abord un problème sur la ligne Dar Salam – Kodialani (derrière Sébénikoro), qui a été résorbé. S’en est suivit un souci sur les liaisons 30 kw. C’est par elles que transite l’électricité entre les différents postes – sources qui dispatchent le courant dans la ville. Aujourd’hui, nous avons des avaries sur ces liaisons, qui sont aujourd’hui d’un certain âge et commencent à montrer des signes de faiblesse. Sans oublier que dans l’exploitation normale des installations électriques, il y a toujours des imprévus, pannes de groupes électrogènes, camions qui arrachent des poteaux électriques, etc. En permanence il y a des cas comme ça, que nous devons régler à une cadence très régulière. Quand il y a une panne, il faut réparer et, pendant ce temps, il y a des coupures. En gros, c’est cela, la situation », précise M. Diallo.

« #Antorola » (on n’en peut plus, en bamanakan), sur les réseaux sociaux, c’est le maître mot des publications, désormais directement adressées à la société. « Depuis combien d’années c’est le même problème, le même constat. Toujours les mêmes coupures intempestives » peut-on lire sur une page Facebook. Les messages sont de plus en plus durs, appelant au refus de paiement des factures ou à des demandes de remboursements pour destruction d’appareils électroménagers et même d’outils de travail. Les rumeurs ont également pris la place de l’information : « EDM est en faillite », « elle a perdu ses actionnaires majoritaires », « le DG a bloqué les contrats avec les fournisseurs, c’est la raison des fluctuations dans la fourniture », etc. Faux ! répond Diallo. La société a donc entrepris une véritable campagne de communication. Elle multiplie les messages sur les réseaux sociaux et dans les médias. Les avis de perturbation de la fourniture en électricité sont relayés sur Facebook, en particulier, EDM sa estimant que ses clients sont plus faciles à toucher sur ce média social. Plus institutionnellement, ce mardi 17 octobre, c’est son Directeur Général Adjoint Technique, Ladio Sogoba, qui a fait le point sur la situation des perturbations dans la fourniture d’électricité. Il a rencontré la presse, à laquelle il a expliqué que la solution durable passait par des investissements dans la construction de nouvelles centrales et par le renforcement du réseau, pour faire face à la croissance de la demande, de 12% en moyenne chaque année. Aujourd’hui, la demande moyenne quotidienne de la ville de Bamako est de 300 Mégawatts.

Libéraliser le secteur ?

Si EDM ne peut pas, qu’elle laisse la place à d’autres !  C’est la phrase que l’on entend de plus en plus souvent chez les usagers excédés. Libéraliser le secteur de la fourniture de l’électricité ? C’est déjà le cas au Mali. Les investisseurs privés ont, en principe, le droit de monter des unités de production d’électricité, quelle qu’en soit la source, dans le cadre de la loi, et de la vendre à EDM SA.  « C’est le cas par exemple de la centrale solaire qui est en cours de construction à Ségou. Elle vendra de l’énergie à la société, qui la diffusera dans son réseau » explique-t-on chez le fournisseur d’électricité. Cela permettra de pallier l’incapacité des infrastructures actuelles à satisfaire les besoins. « Construire un barrage n’est pas le rôle d’EDM. EDM, c’est l’exploitation, c’est à l’État de faire des investissements. Aujourd’hui, le seul barrage qui appartient en propre au Mali, c’est Sélingué. Il date de combien d’années ? », interroge un technicien, qui ajoute « on doit dépasser les discours, arrêter de tendre un doigt accusateur vers la société, qui ne fait que ce qu’elle peut avec les moyens qu’elle a ». En attendant donc que l’État, qui a plusieurs projets d’ouvrages majeurs en cours, tel que le barrage de Taoussa, puisse augmenter la production, et qu’EDM SA arrive à optimiser les infrastructures dont elle dispose pour le moment, les consommateurs resteront dans l’angoisse de la prochaine coupure de courant…

 

SOMAGEP : La qualité de l’eau en question ?

 

Ses clients sont de plus en plus nombreux à se méfier de l’eau proposée par la SOMAGEP. Manque de transparence, dépôts terreux ou goût bizarre, les critiquent fusent. Mais qu’en est-il réellement de la qualité ?

Procédons tout d’abord à une expérience. Remplissez un seau d’eau et laissez-le décanter quelques heures. A votre retour, il ne serait pas étonnant d’apercevoir au fond des particules de boue et d’observer que le liquide n’est pas aussi clair qu’il devrait l’être. Ce constat, beaucoup de consommateurs l’ont fait sans forcément le vouloir. Ils pointent du doigt la qualité de l’eau. « Nous avons des tuyaux souterrains, et souvent, lorsque certains sont cassés, avant leur réparation de la boue peut s’infiltrer. Il se peut aussi qu’il y ait une fuite, un point d’infiltration », explique Boubacar Kane, PDG de la SOMAGEP. A l’en croire, la société met tout en œuvre pour offrir une eau de qualité aux consommateurs. « Nous ne réfutons pas le fait que l’eau soit souvent d’une certaine couleur. Cela n’a aucune incidence sur la santé car il suffit de la laisser couler quelque temps pour qu’elle redevienne claire. Chaque année, la SOMAGEP dépense 2 milliards pour le traitement de l’eau », ajoute-t-il.  Avant que l’eau ne soit consommée, une batterie de contrôles en amont est effectuée pour s’assurer de sa potabilité. « Nous avons un laboratoire interne de contrôle et, au-delà, nous sommes contrôlés par le Laboratoire national de l’eau et par le Laboratoire national de la santé ».

Efforts à faire

En dépit de tous ces contrôles de qualité, de nombreux efforts restent à faire pour diminuer significativement les risques. « Pour traiter l’eau, la SOMAGEP utilise de l’Eau de Javel et il faut qu’il y en ait 0,5mm3 par litre d’eau. L’Eau de javel est très volatile, il n’est donc pas facile de garder cette concentration tout au long du processus », explique le Pr Benoit Yaranga Koumaré, Directeur général du Laboratoire national de la santé. Il estime qu’il faut absolument éviter que des micro-organismes toxiques n’infiltrent dans l’eau, ce qui serait dangereux pour la santé, et que pour ce faire la société devrait s’atteler à la protection des berges du fleuve Niger, l’une des sources principales de la SOMAGEP. « Les teinturières déversent leurs toxines dans le fleuve et l’Eau de Javel ne peut rien contre ces produits ». Le danger n’est donc pas exclu et le risque zéro pas encore atteint. Le laboratoire a mené il y a peu une étude sur la qualité de l’eau dans le District de Bamako, avec un résultat jugé « très peu satisfaisant ».

 

3 questions à Madou Diallo, point focal national du réseau des journalistes de l’UEMOA en consumérisme.

Quel rôle doit jouer l’État dans la protection des consommateurs ?

Le rôle de l’État est multiple et il incombe à des départements comme celui du commerce, de l’industrie en ce qui concerne la mise aux normes de la production intérieure, mais aussi pour sécuriser le consommateur quant aux produits de l’extérieur. Les services techniques comme la direction nationale du commerce et de la concurrence, les services d’hygiène ou encore la douane ont la responsabilité de la vérification de la conformité des importations avec la réglementation et avec ce que déclare l’opérateur économique.

Pensez-vous que cette protection est suffisante au Mali ?

Il y a des raisons d’en douter. Mais dans le cadre des échanges commerciaux il y a toujours des réglementations qui doivent être réciproquement respectées par les parties. Quand on prend l’exemple de cette affaire d’hydrocarbures et qu’on entend le directeur de l’Office national des produits pétroliers (ONAP), il apparait que le Mali s’est doté des moyens pour pouvoir être à l’abri des problèmes de ce genre. Je me fie à ce qu’il avance.

Vous reconnaissez qu’il y a des lacunes. Comment mieux protéger les consommateurs ?

Les outils dont nous disposons sont des moyens que les pays développés ont eu à maîtriser. Il existe un personnel qualifié pour faire le travail. Cela doit contribuer à assurer la rigueur dans la mise en œuvre des procédures. C’est en cela que le consommateur sera à l’abri des défaillances.

 

Ces poisons qui viennent d’ailleurs

Le 15 septembre 2016, le rapport publié par l’ONG Public Eye jetait un pavé dans la mare. Les Africains, et particulièrement les Maliens, y découvraient avec stupeur que des traders leur vendaient du carburant « dangereux », car contenant des teneurs de produits toxiques largement au-delà des normes internationales autorisées. Si les compagnies indexées bottent en touche et assurent qu’elles restent dans la légalité en respectant les normes des pays de destination de leurs produits, ce scandale qui fait suite à de nombreux autres, pose la question de la protection des consommateurs face à ces produits importés dont la qualité peut être sujette à caution. Alimentation, médicaments, mais aussi d’autres produits comme les vêtements de seconde main peuvent représenter un vrai danger quand ils ne sont pas soumis à un contrôle drastique. « Tout ce qui est importé au Mali est frelaté : sucre, lait en poudre, engrais, batterie de voiture… », disait Bakary Togola, président de l’APCAM, en juin 2015.

Attention, aliments périmés !

Directement ingérés dans l’organisme, les produits alimentaires sont ceux qui exposent l’être humain à un risque direct, en cas de mauvaise qualité. Le Mali importe la majeure partie de ses besoins alimentaires, en particulier les produits manufacturés, de l’huile aux conserves, mais aussi le riz. La libéralisation du marché a permis à de nombreux opérateurs économiques de se lancer dans l’importation et de proposer aux consommateurs un choix très large de produits alimentaires. Soumis aux contrôles des services de la douane et du ministère du Commerce à travers la Direction nationale du commerce et de la concurrence (DNCC), ils doivent, en principe, obtenir l’autorisation des pouvoirs publics avant de commercialiser leurs produits. Mais les scandales alimentaires dont celui des huiles frelatées, des engrais non conformes, et les images de destruction régulière de produits alimentaires « non conformes », confortent dans l’idée que ces contrôles ne sont pas aussi efficaces qu’ils le devraient. Il n’est pas rare, au contraire, de trouver sur les marchés de Bamako comme à l’intérieur du pays, du lait ou des boissons dont la date limite de péremption est largement dépassée. Ces produits périmés proviennent pour certains des entrepôts des commerçants, qui les cèdent à vil prix pour s’en débarrasser. Mais selon le témoignage d’un employé, sous couvert d’anonymat, d’une de ces sociétés, « les patrons achètent souvent des produits déjà périmés. On sait que les gens ne savent pas lire et que quand c’est moins cher, ils ne se posent plus de question ». Il arrive même de retrouver dans les rayons de certains supermarchés des conserves périmées, ou dont l’emballage est corrompu. En 2009, des milliers de boîtes avaient ainsi été saisies dans les boutiques et sur les marchés. La porosité des frontières mais aussi la corruption des agents en charge du contrôle sont montrées du doigt, mais les autorités, à l’image de Modibo Keïta, directeur général de la DNCC, assure que toutes les mesures sont prises pour lutter contre la présence de ces produits sur les marchés. Pour Salimata Diarra, présidente de l’Association des consommateurs, le véritable problème se trouve à un autre niveau : « il y a un laisser-aller de la part du consommateur, qui avance toujours l’argument de la pauvreté», regrette-t-elle.

Médicaments non conformes

Autres produits de consommation courante, les médicaments. Les médecins déplorent une utilisation exagérée et mal contrôlée de tous les types de médicaments, en particulier les antibiotiques, et ce du fait de l’automédication. Mais l’autre préoccupation, qui est aujourd’hui érigée en problème de santé publique, c’est l’utilisation de médicaments de mauvaise qualité, voire dangereux pour la santé. Des conditions d’importation, à celles de stockage puis du dosage à la vente, les produits pharmaceutiques, déjà sensibles par leur essence même, deviennent de véritables poisons. Les contrôles se font pourtant et selon le rapport du laboratoire national de la santé (LNS- Mali) en date de 2014, sur 218 échantillons de médicaments prélevés, 12,19% étaient non conformes. Les non-conformités concernent essentiellement des antibiotiques, des antipaludiques et des antitoussifs destinés aux enfants. D’après un agent du laboratoire national de la santé qui s’est exprimé sous anonymat, « le phénomène des pharmacies par terre est dû à la non-application de l’arrêt interministériel du 13 février 2008, portant contrôle à l’importation des médicaments, des aliments, des boissons et des eaux. La plupart de ces médicaments sont périmés ». Fodé Coulibaly, gérant d’une pharmacie au marché de Daoudabougou, indexe lui aussi les pharmacies par terre où « les produits ont des dosages souvent doublés ». « Certains pharmaciens vendent des médicaments périmés. Surtout les génériques, qui sont vendus en vrac. Des fois, il suffit de regarder la plaquette pour voir que la date est dépassée », contre-attaque Alassane, vendeur de médicaments à Railda. « Tous les médicaments qui entrent légalement au Mali sont contrôlés par la Direction de la pharmacie et du médicament », assure le Docteur Soumeylou Guindo, pharmacien, qui appelle les consommateurs à faire attention à ceux « qui entrent de façon frauduleuse et sont des poisons. Ils ont des effets secondaires ».

Friperies, nids de germes

Les friperies viennent pour la plupart d’Europe et des États-Unis et, ces dernières années, attirent beaucoup les consommateurs. On leur reconnait d’être plus solide que les produits manufacturés en Asie, et surtout d’être plus accessibles que le neuf. Parmi ces produits seconde main, il y a les appareils électroménagers, de l’informatique, du mobilier, mais surtout des vêtements et depuis quelques temps, de la literie. Ce sont ces deux dernières catégories de produits qui sont les plus dangereux, mais aussi celles qui échappent à tout contrôle, comme le confirme Oumar Togola, douanier. Au Mali, « seuls les frigos et les ordinateurs usagers sont contrôlés car ils peuvent contenir des produits dangereux pour la santé et l’environnement. Les friperies ne sont pas contrôlées. Il n’y a pas de texte qui interdit l’importation de ces produits au Mali », explique-t-il. Pourtant, elles représentent un danger pour la santé. Ces habits peuvent « exposer celui qui les utilise aux mycoses, infections dues à un champignon et autres maladies de peau, pour n’évoquer que celles-là. Les femmes sont d’ailleurs particulièrement exposées, elles qui se fournissent jusqu’aux sous-vêtements chez les vendeurs de « yougou-yougou », souvent mal nettoyés, non traités avant usage. Même si les commerçants de friperie défendent leurs produits et assurent qu’ils ne sont pas nuisibles pour la santé. « Tous les habits sont bien lavés. J’ai passé deux ans dans ce métier mais je n’ai jamais eu une balle où des habits sont sales. Il y en a qui ne sont pas lavés mais la plupart de ces habits sont neufs », dit Amidou, un vendeur de friperie, qui oublie de préciser qu’un produit est répandu dans lesdites balles pour protéger les vêtements des mites pendant le transport, et qu’il n’est pas sans effet sur la santé humaine…

Les véhicules d’occasion, pollueurs ambulants

Depuis les années 1990, l’importation des voitures de tourisme usagées, la vente de voitures d’occasion est devenue une activité dynamique au Mali et l’on a vu se déverser sur le marché les véhicules « amortis » d’Europe et depuis peu de l’Amérique du Nord. Devenus indésirables sous d’autres cieux, car ils ne répondent plus aux normes anti-pollution très strictes de ces pays exportateurs, ils sont expédiés vers l’Afrique pour être commercialisés, alors qu’en principe, ils ne résisteraient pas à une visite technique. « Le Mali est la destination de choix, la demande est exponentielle », assure Gabriel A. S, expert automobile à la Direction régionale des transports de Bamako. Au Mali, aucune restriction n’est faite à ce jour concernant l’âge et l’amortissement des véhicules d’occasion, contrairement au Sénégal qui interdit l’importation de véhicules d’occasion âgés de plus de 8 ans. D’autres pays ont pris des mesures similaires : le Gabon a fixé la limite d’âge à 4 ans, le Nigeria à 10 ans et l’Algérie à 3 ans, une manière de protéger son industrie locale. Selon Ousmane Camara, vendeur de véhicules d’occasion à Bamako, « il faut reconnaître que de nombreuses voitures en provenance de la Belgique et de l’Espagne, où se tiennent les marchés les plus importants dans le domaine, sont des automobiles en fin de course avec des compteurs trafiqués, des cartes grises douteuses et des contrôles techniques fantaisistes ».

Pour Alassane Bouaré, transitaire à Kouremalé, les véhicules à essence ayant atteint 200 000 km de conduite et ceux en moteur diesel ayant atteint 300 000 km sont moins performants et donc plus polluants. Ils devraient normalement être envoyés à la casse, et non venir rouler sur nos routes. Constat confirmé par Amara Kanté, mécanicien et vendeur de véhicules : « plus la voiture est vielle, plus elle a des effets néfastes sur l’environnement et donc sur la santé des usagers de la route ».

Carburant, la « qualité malienne » ?

L’enquête « Dirty diesel » (carburant sale) de l’ONG suisse Public Eye, qui dévoile les pratiques peu scrupuleuses des géants du négoce pétrolier suisses, qui écoulent en Afrique des carburants dont la teneur en soufre est entre 200 et 1 000 fois plus élevée qu’en Europe, a fait l’effet d’une bombe au Mali. Elle interroge encore une fois sur ce marché africain où le manque de contrôle et la seule volonté de profit justifie tout. Au vu de la croissance urbaine qui suit une courbe exponentielle, accompagnée par le nombre de véhicules, la qualité du carburant et son impact environnemental est un sujet crucial. Plus des deux tiers des échantillons prélevés dans le cadre de cette enquête contiennent un taux de soufre supérieur à 1 500 parties par million (ppm). Dans ce tableau déjà noir, le cas du Mali est le plus alarmant avec une pointe à 3 780 ppm, alors que la limite est de 10 ppm en Europe (qui est passée de 2 000 ppm à 10 ppm de soufre en 23 ans de 1993 à 2016). Or, il est reconnu que ces carburants issus de mélange avec des produits toxiques, sont particulièrement nocifs pour l’environnement et la santé. L’explosion du marché de l’automobile a été suivi d’une demande accrue en carburants alors que les législations moins strictes et le contrôle moins contraignant qu’ailleurs, permettent d’écouler ces carburants mélangés, dangereux, et que le consommateur achète pourtant cher à la pompe.

Ce n’est pas la première fois que des produits réputés toxiques sont écoulés en Afrique. La société Transfigura épinglée par l’enquête Public Eye, dont le chiffre d’affaires annuel dépasse de très loin le produit national brut (PNB) de beaucoup d’États africains, avait déjà connu un scandale en 2006. Ce géant pétrolier avait déversé des déchets toxiques en Côte d’Ivoire, suite à la fabrication de carburants bon marché dont le raffinement avait généré des tonnes de déchets, qu’il lui aurait coûté très cher de retraiter en Europe.

Au Mali, comme dans les autres pays visés par cette « qualité africaine », les populations semblent se résigner, faute de moyens, et supportent sans finalement vraiment savoir à quoi on les expose…

A quoi servent les associations de consommateurs?

Les plus connues sont de l’ASCOMA et REDECOMA. Ce sont des associations de défense des droits des consommateurs. Les Maliens ont pourtant bien l’impression qu’elles ne défendent pas grand-chose, tant le consommateur malien est laissé à  lui-même face à  une inflation galopante et à  la cherté de la vie. Après l’augmentation des prix du gaz, des hydrocarbures C’’est maintenant la tarification de l’électricité et de l’eau qui prend l’ascenseur, au grand dam des chefs de famille qui sont déjà  à  bout de souffle. Créée en 1991, l’Association des Consommateurs du Mali (ASCOMA) est présente partout au Mali et a pour objectif est de faire connaà®tre aux consommateurs leurs droits et leurs devoirs, leur favoriser l’accès aux produits et services de qualité, veiller à  la qualité des produits et services ainsi qu’au respect des usagers; sensibiliser l’Etat, le législateur, les autorités locales, les opérateurs économiques sur les conditions des consommateurs. Quant au Regroupement pour la Défense des Consommateurs du Mali (REDECOMA), il est né en 1992 pour défendre le droit des consommateurs maliens. Son objectif fixé est d’imposer des produits de qualité aux opérateurs économiques à  des prix à  la portée des consommateurs. Mais aujourd’hui, nombreux sont les consommateurs maliens qui pensent que ces deux organisations sont des coquilles vides tant elles peinent à  remplir le rôle qu’elles se sont assigné. Ces associations n’existent-elles donc que sur le papier ? Face aux augmentations récurrentes des prix des produits de première nécessité, les consommateurs maliens se sentent abusés par les opérateurs économiques et fustigent que les associations des consommateurs qui pour eux n’existent que sur le papier. On salue volontiers la vigilance il y a quelques années de l’ASCOMA qui avait dénoncé le scandale de l’huile frelatée. Mais aujourd’hui, alors que le coût de la vie ne cesse d’augmenter dans un contexte de crise économique et sociale, le silence assourdissants de ces organisations ne cesse de surprendre les maliens. Habib Sidibé est fonctionnaire. Il pense que ces associations ne servent qu’au folklore. «l’ASCOMA ou le REDECOMA n’est qu’une boà®te privée au profit de ceux qui la dirigent » ironise –t-il. Un autre interlocuteur, professeur des droits de consommateur d’une université privée de Bamako explique qu’au Mali les associations des consommateurs n’ont assez de pouvoir ni les moyens pour défendre les consommateurs. « Elles n’existent que sur le papier pour faire seulement la figuration. Ces associations ne sont pas des moyens de pression », déclare –t-il. Par conséquent les produits de consommation sont préparés et vendus dans de mauvaises conditions d’hygiène. Les dates de consommation des produits ne sont pas respectées. Des publicités « mensongères » à  la télévision et à  la radio vantent des produits dont la qualité n’est pas testée. La disproportion est grande entre le pouvoir d’achat du Malien et le coût élevé de la vie. La fréquence de certaines maladies comme les gastro-entérites par exemple a un lien avec la qualité des produits consommés. Quant aux prestations de service publics et privés, elles laissent à  désirer. Autant de raison de mécontentement pour le consommateur malien qui ne sait plus à  quel saint se vouer. Notre professeur d’appeler les associations à  un « sursaut d’orgueil » et remplir leur rôle, pour le bien-être de la population et leur propre crédibilité.

« Nous travaillons dans l’ombre »

l’Association des Consommateurs du Mali (ASCOMA) a fêté ses 20 ans le 11 janvier dernier et a célébré cet anniversaire le 15 mars à  l’occasion de la Journée mondiale du Consommateur. Celle qui en est la présidente depuis les premiers jours nous en livre le bilan. Journaldumali.com : Après vingt années d’activité, quelle est votre appréciation du chemin parcouru par votre organisation ? Mme Coulibaly Salimata Diarra : Effectivement en vingt ans, on ne s’en est pas rendu copte mais il y a eu beaucoup de choses. Il y a une forte prise de conscience par rapport aux questions de consommation alors qu’auparavant on n’y pensait même pas. Aujourd’hui la question de l’hygiène sanitaire, de la salubrité des aliments est une question d’actualité qui intéresse tout le monde. Nous avons réussi à  avoir notre agence nationale de sécurité sanitaire des aliments grâce à  l’étude que nous avons menée en la matière. Mais il faut dire que les résultats que nous avons engrangés sont les résultats partagés avec les services techniques qui ont été des partenaires efficaces en matière de protection des consommateurs. Depuis le début du mouvement, nous avons eu une collaboration intersectorielle très forte parce que chacun a joué sa partition pour que nous puissions arriver aux résultats d’aujourd’hui. Ce qui nous reste sur le C’œur, C’’est le fait de ne pas avoir de loi réelle de protection du consommateur. Avec tout ce qu’il y a aujourd’hui sur le marché, je pense qu’il y a lieu d’y penser très sérieusement et de voir dans quelle mesure amendée la proposition faite par l’UEMOA et l’adapter pour la sous-région et pourquoi pas à  toute la région africaine. Journaldumali.com : Rappelez le contexte qui prévalait à  la création de l’ASCOMA. Mme Coulibaly Salimata Diarra : l’ASCOMA a été créée pour répondre aux préoccupations et faire face à  la pression que subissaient les populations aux lendemains des programmes d’ajustements structurels. Il y avait une dégradation des conditions de vie. La pauvreté était là  avec les licenciements en masse. Alors les marchés ont été inondés par des produits de mauvaise qualité, la situation n’a d’ailleurs pas beaucoup changé. Mais la conscience est aujourd’hui plus élevée qu’en ce temps-là , ce qui est déjà  un acquis. Je pense qu’au delà  de la pauvreté, les gens essaient de mieux réfléchir à  ce qu’on leur propose, même si on ne sent pas très bien ce changement de comportement. Journaldumali.com : Pourtant, nombreux sont les maliens qui pensent que l’ASCOMA ne sert à  rien. Mme Coulibaly Salimata Diarra : Je crois que les gens ont une mauvaise perception du rôle d’une association de consommateurs. Nous faisons beaucoup de choses mais nous les faisons dans l’ombre. Vous savez, l’un des droits du consommateur, C’’est le droit à  la représentation. Ce qui nous permet d’être à  un certain niveau et d’influencer certaines prises de décisions. Prenez l’exemple du bromate de potassium qui était utilisé dans la panification. Grâce à  notre intervention, la presse a relayé l’information sur les dangers. Et cette action a fait que ce produit a été prohibé au Mali, de l’alimentation malienne comme animale. Si je prends la question énergétique, au regard des résultats obtenus aujourd’hui dans ce domaine, nous pouvons être fiers des résultats. Nous avons été les premiers à  aller sur le terrain, faire l’état des lieux, susciter l’intérêt des gouvernants qui ont fini par faire des investissements massifs pour que les services de la société EDM sa puissent tendre vers la satisfaction des besoins des maliens. Le travail est fait dans le cadre du plaidoyer et du lobbying mais il est fait en marge du public, C’’est vrai. En général C’’est le politique qui s’approprie les résultats mais nous sommes à  l’origine de nombreuses avancées. Journaldumali.com : Quelles sont les perspectives de l’ASCOMA ? Mme Coulibaly Salimata Diarra : Nous sommes en train d’envisager d’aller jusqu’au niveau des communes pour débattre des questions que vous venez de nous poser et voir les suggestions que les populations elles-mêmes par rapport à  ce que nous pouvons faire ensemble. Nous allons ensuite élaborer de nouveaux axes stratégiques à  mettre en œuvre pour mieux défendre encore les droits des consommateurs. Je voudrais signaler que l’ASCOMA pendant ces vingt ans, a travaillé sans financements. Ce n’est pas comme les autres organisations de la société civile comme les ONG féminines qui sont soutenues dans leurs actions. La consommation est prise comme un élément qui gêne les uns et les autres comme les opérateurs économiques, les gouvernants qui pensent qu’on est là  pour leur créer des problèmes. Ce n’est pas facile comme situation.