Justice-Lutte contre la corruption: Affaire « des avions cloués au sol »

Dans un communiqué en date du 16 septembre 2019, Mamoudou Kassogué, Procureur de la République, près le tribunal de Grande instance de la commune III du district de Bamako, en charge du pôle économique et financier informe les Maliens et la communauté internationale que les enquêtes sur l’affaire dite des « avions cloués au sol » sont en cours.

Il invite par la même occasion des témoins ou des personnes ayant des preuves, des documents qui pourront servir dans le bon déroulement de l’enquête à se rendre disponible ou de tout simplement mettre à la disposition de son services lesdits documents de façon physique ou sous couvert de l’anonymat.

Corruption : Où en serait le Mali sans ce fléau ?

À quoi ressemblerait le Mali sans la corruption ? La question prête à sourire pour beaucoup. Pour autant, elle mérite d’être posée, d’autant que tout le monde s’accorde à reconnaitre que les conséquences de ce phénomène qui gangrène le pays portent un sérieux coup à son développement sur plusieurs plans.

Le dernier rapport annuel du Bureau du Vérificateur Général, en 2017, fait état de nombreuses malversations financières dans différents services publics du pays. Véritable entrave au développement, la corruption fait perdre chaque année des sommes importantes, qui pourraient être utilisées à d’autres fins.

Selon ce rapport, les vérifications financières font globalement état de graves manquements à la régularité et à la sincérité des transactions financières effectuées par les différentes entités vérifiées, ainsi qu’au respect des normes et textes législatifs et réglementaires. « Ainsi ont-elles mis en exergue des irrégularités financières d’un montant total de 23,28 milliards de FCFA, dont 6,96 milliards de FCFA au titre de la fraude et 16,32 milliards de FCFA au titre de la mauvaise gestion », précise le document.

Moins de corruption, plus de développement

741,43 milliards de FCFA. C’est la somme cumulée des irrégularités financières relevées par le Bureau du Vérificateur Général de 2004 à 2017. Un montant qui ne représenterait d’ailleurs qu’une infirme partie des pertes réelles engendrées par la corruption au Mali et qui aurait pu être investi dans de nombreuses actions de développement.

« Ce montant représente 4 500 kilomètres de routes bitumées, à raison de 150 millions par kilomètre ou 12 300 centres de santé, à raison de 60 millions par centre. Il aurait également pu servir à construire 160 000 salles de classe », estimait Amadou Mallé, membre de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) en décembre dernier, lors d’une rencontre lors de la Semaine nationale de lutte contre la corruption.

Selon lui, au-delà de l’impact financier, la corruption a un effet négatif sur le climat des affaires, freinant les investissements directs étrangers et jouant également sur l’image et la crédibilité du pays et de ses institutions.

Par ailleurs, d’après l’économiste Mamadou Keita, chaque année plus de 12 000 jeunes diplômés arrivent sur le marché, mais seulement 3% ont accès à l’emploi. « Si la corruption diminue et que plus de jeunes qui le méritent ont accès aux emplois, cela crée un équilibre. Toute la société en sortira gagnante, parce qu’il y aura moins de chômage ».

En attendant, les différentes structures de lutte contre la corruption instaurées au Mali n’ont pas encore réussi à faire diminuer l’ampleur du phénomène. Au grand dam de la majorité du peuple, ce cancer continue de prospérer.

Lutte contre la corruption : Changer de méthode

Loin d’être efficace, la lutte contre la corruption au Mali semble plutôt se caractériser par le laxisme, qui crée la banalisation du phénomène. Au point que chacun devient sinon auteur, au moins complice du fléau. Malgré l’existence de plusieurs structures dédiées à la lutte contre elle, la corruption continue de prendre de l’ampleur, avec de nombreuses conséquences sur les comportements individuels et collectifs. Alors que certains préconisent une application stricte de la loi, d’autres suggèrent une redéfinition du concept en fonction de nos réalités sociologiques, afin d’adapter les méthodes de lutte.

« Il y a une clarification qui s’impose. Dans le sens général, la corruption est un phénomène que nous vivons à tous les niveaux. Mais il faut distinguer différentes formes et prendre en compte la dimension sociologique, c’est-à-dire comment nous la définissons. Généralement, quand on évoque la corruption, on se réfère au niveau des institutions de l’État, par exemple. La définition, la perception, les modes de gestion  ou même de répression sont présentés sous l’angle  de l’approche générale occidentale, étrangère », relève le Professeur Ibrahim N’Diaye, chercheur et Directeur du centre d’études multipolaire « Do kayidara ». Alors qu’à partir de ce point de vue il existe d’autres « formes de corruption », qui, dans notre approche sociologique, n’en, sont pas, ajoute le chercheur. Ainsi, certaines pratiques, comme le « woro songo » (littéralement le prix de la noix de cola en bamanan), autrefois « exécutées » avec des noix des colas ou encore des poulets, sont aujourd’hui monétarisées.

Les dépenses ainsi effectuées lors de missions ou au cours d’opérations administratives  peuvent-elles être qualifiées d’actes de corruption ?

Codifier nos pratiques

Lorsqu’un usager du service public donne de l’argent à l’agent administratif qui lui a établi un acte, fait-il de la corruption ? Oui, si l’agent conditionne la délivrance de l’acte au paiement d’une somme d’argent. Mais lorsque l’usager estime qu’il est de son devoir de « faire un geste envers la personne qui a l’âge de sa mère, de sa tante ou de sa sœur, qui peut formuler des bénédictions pour lui », fait-il pour autant de la corruption ? C’est une dimension sociologique importante dans le contexte malien, selon le Professeur N’Diaye.

« Un travail d’analyse » s’impose, qui doit s’inscrire dans la durée. En effet, il faut par exemple qu’au niveau de chaque grande communauté, de « nouveaux codes soient définis », parce que les anciens ne sont plus valables.

Tant que les méthodes de lutte et la définition de la corruption seront des concepts étrangers au corps social, qui ne s’y reconnaît pas, la lutte contre la corruption au Mali restera un vain mot, parce que nous ne mettrons pas en phase nos pratiques avec nos lois. Et ceci sans aucun complexe. C’est à nous de dire quelles valeurs nous reconnaissons et voulons préserver.  Ainsi, au lieu d’une « caisse noire » dont l’existence est justifiée pour certaines institutions et certains ministères, il faut tout simplement instaurer un système « transparent », à partir duquel les lois prévoiront les allocations faites en fonction des besoins. Les fonds ainsi budgétisés seront « légitimement et le plus officiellement du monde » consommés, ajoute le Professeur N’Diaye.

Malheureusement, c’est au phénomène contraire que nous assistons, avec la consommation de fonds non budgétisés. Et, dans une forme d’hypocrisie généralisée, nous continuons d’encourager « la farce » de la lutte contre la corruption.

Des outils inadaptés

Si chaque pays connaît ses problèmes de corruption, les moyens de lutte contre le phénomène ne peuvent être efficaces que si les lois sont conformes au style de vie de chaque Nation. Ainsi, nous devons, selon le chercheur, regarder en face nos réalités et adapter nos lois à notre éthique sociale, car les « outils étrangers » sont incapables de gérer nos « profils sociologiques ».

Ainsi, parmi les institutions « budgétivores », seul le Bureau du Vérificateur Général (BVG) peut répondre aux attentes, à condition d’être « redimensionné ». En effet, le chercheur préconise la création de BVG autonomes dans toutes les régions. Cette autonomie supposera un droit de regard, de contrôle et de sanction sur les services aussi bien publics que privés.

Plus que les institutions, ce sont les méthodes qui doivent changer pour que la lutte contre la corruption puisse aboutir. En principe, si la corruption existe dans la société malienne, c’est parce que nous sommes en porte à  faux avec nos valeurs, reconnaît M. Mohamed Ben Chérif Diabaté, traditionnaliste, chercheur et fondateur du Réseau des communicateurs traditionnels pour le développement (RECOTRADE Mali). La société malienne a même construit des mécanismes pour éviter la corruption. En effet, les premières constructions n’avaient même pas de portes, parce qu’il « n’y avait pas de vols », explique M. Diabaté. Et, malgré les évolutions de la société malienne, celle-ci a toujours mis en place des mécanismes destinés « à protéger les individus contre les vices ». Donc le « vol et la corruption n’avaient pas leur place ».

Mais l’effritement de ces valeurs suite à l’abandon de notre système éducatif traditionnel a entraîné l’apparition de plusieurs phénomènes, dont celui de la corruption. Pour combattre ce fléau, la première action est une mise  en synergie des institutions officielles chargées de lutter contre la corruption, qui doivent être réunies. « Sans complexe de supériorité », il faut accepter de confronter les systèmes traditionnels existants aux structures de l’État. Parce que ce sont « les structures informelles » qui représentent la population qui « nourrissent les structures formelles », souligne M. Diabaté. Il importe donc de leur donner la parole. Et, pour défendre des valeurs, il ne faut pas « des clubs créés de toutes pièces » et censés représenter la société civile, mais de vrais représentants, suggère M. Diabaté.

Mais combattre un système qui semble avoir pris le pas sur toutes les convictions ou valeurs n’est possible que lorsque tous les maillons de la chaîne fonctionnent convenablement.

La justice, maillon faible ?

Déterminée à mener la lutte contre le phénomène, la plateforme de lutte contre le chômage et la corruption s’engage à entreprendre des actions à long terme. Malgré la médiation menée par le RECOTRADE entre le Président du CNPM et celui de la Cour suprême, elle affirme que la « lutte ne fait que commencer ». Prévoyant de « constituer des dossiers pour déposer des plaintes collectives », elle prône de mener cependant les poursuites seulement « en cas de faits avérés ». Une démarche périlleuse et même inefficace, selon le chercheur Ibrahim N’Diaye. En effet, le système judiciaire, qui est l’ultime étape du processus de lutte, est tellement corrompu que les efforts de lutte sont voués à l’échec.

Il faut donc, même à ce niveau, envisager des « mécanismes traditionnels » et réécrire nos lois en fonction de ceux-ci, indique M. N’Diaye.

Revenir aux fondamentaux signifie l’application stricte de la loi, selon le Docteur Lassana Traoré, économiste. Même s’il reconnaît que « les mesures institutionnelles ne suffisent pas et qu’il faut éduquer les citoyens avec des règles de base et d’éthique », M. Traoré ajoute que « l’un des vrais problèmes, c’est la justice ». Et c’est le système politique qui a aggravé cette situation, en assurant la promotion d’un certain nombre de valeurs non reconnues par la société, ajoute M. Traoré. À cela s’ajoute « la faiblesse » de l’État, qui n’a même pas réussi à faire appliquer les dispositions relatives à la déclaration de leurs biens par les fonctionnaires.

La corruption n’est en tout cas pas une fatalité et nous avons les moyens de la combattre efficacement. Sans revenir vers le passé, nous pouvons cependant y puiser des mécanismes de gestion des hommes et des ressources, parce que nous « avons construit trois grands empires », relève M. Ibrahim N’Diaye. Il nous faut nous inspirer de principes qui sont immuables, conclut-il.

Soupçons de financement libyen: 2e jour de garde à vue pour Nicolas Sarkozy

L’ancien président de la République n’a pas encore répondu à toutes les questions des enquêteurs. La garde à vue de Nicolas Sarkozy, interrogé sur un possible financement de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi, a repris mercredi 21 mars au matin, a appris l’Agence France-Presse (AFP) de sources proches du dossier.

L’ancien chef de l’Etat est arrivé peu avant 8 heures dans les locaux de l’office anticorruption à Nanterre près de Paris. Mardi, son audition débutée dans la matinée avait été interrompue vers minuit, et il aurait quitté les locaux. Elle peut durer quarante-huit heures et pourrait déboucher sur une présentation aux magistrats et une mise en examen de l’ancien président ou une remise en liberté.

Alors qu’une information judiciaire avait été ouverte en avril 2013, l’ancien président était entendu pour la première fois dans cette enquête. L’un des juges d’instruction chargés du dossier, Serge Tournaire, a déjà renvoyé M. Sarkozy devant le tribunal dans l’affaire Bygmalion, qui concerne sa campagne de 2012.

L’enquête, ouverte notamment pour détournements de fonds publics et corruption active et passive, a été élargie en janvier à des soupçons de « financement illégal de campagne électorale », selon une source proche du dossier. Cette décision est consécutive à un rapport des policiers anticorruption de l’OCLCIFF, daté de septembre, qui dénonçait la circulation d’espèces dans l’entourage de Sarkozy durant la campagne 2007.

Le député européen Les Républicains, Brice Hortefeux, ancien ministre de l’intérieur de Nicolas Sarkozy (2007-2012), a également été interrogé mardi toute la journée sous le statut de suspect libre.

Israël : la police recommande l’inculpation de Netanyahu pour corruption

Impliqué dans plusieurs affaires de corruption, le Premier ministre israélien a clamé son innocence ce mardi, excluant de démissionner.

« Ces recommandations n’ont aucune valeur juridique dans un pays démocratique », a déclaré Benjamin Netanyahu en réfutant toutes les accusations de la police.

La police israélienne a indiqué mardi 13 février avoir recommandé à la justice d’inculper pour corruption, fraude et abus de confiance le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a de nouveau clamé son innocence lors d’une allocution télévisée. La décision de mettre officiellement en examen l’homme de 68 ans dépend maintenant du procureur général Avishaï Mandelblit, qui pourrait mettre plusieurs semaines ou mois avant de trancher. Dans un communiqué, la police a assuré « qu’il existait suffisamment de preuves contre le Premier ministre pour l’inculper pour avoir accepté des pots-de-vin, pour fraude et abus de confiance ». Les médias israéliens avaient au préalable annoncé que la police avait recommandé l’inculpation du Premier ministre pour corruption dans deux affaires, après deux ans d’enquête.

Peu après, M. Netanyahu a pris la parole à la télévision pour confirmer sa mise en examen et a clamé son innocence. « Ces recommandations n’ont aucune valeur juridique dans un pays démocratique », a déclaré Benjamin Netanyahu en réfutant toutes les accusations de la police. Au cours de l’enquête, il n’avait cessé de répéter la même formule : « Il ne se passera rien parce qu’il ne s’est rien passé. »

Des dizaines de milliers de dollars de pots-de-vin ?

La première affaire qui est reprochée à Benjamin Netanyahu est d’avoir reçu des cadeaux, par exemple des cigares de luxe dont il est friand de la part de riches personnalités comme James Packer, milliardaire australien, ou Arnon Milchan, producteur israélien à Hollywood. Leur valeur totale a été chiffrée par les médias à des dizaines de milliers de dollars. La police a également estimé qu’il y avait corruption à propos d’un accord secret que M. Netanyahu aurait tenté de passer avec le propriétaire du Yediot Aharonot pour une couverture favorable de la part du plus grand quotidien israélien payant.

Netanyahu a été soupçonné à plusieurs reprises par le passé, sans être inquiété. À la tête du gouvernement depuis 2009, après un premier mandat entre 1996 et 1999, M. Netanyahu a dépassé les onze ans de pouvoir. Sans rival apparent, il battra le record de longévité de l’historique David Ben Gourion, fondateur de l’État d’Israël, si l’actuelle législature va jusqu’à son terme en novembre 2019. La ministre israélienne de la Justice Ayelet Shaked a déjà affirmé qu’un Premier ministre inculpé officiellement n’était pas obligé de démissionner.

L’ANC exige la démission de Zuma

Le Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir en Afrique du Sud, a décidé mardi de « rappeler » le président Jacob Zuma, qui jusqu’à présent s’accroche à son poste.

A l’issue d’une conférence de presse ce mardi l’ANC confirme avoir exiger la démission de Jacob Zuma. Mais contrairement à ce que la presse sud-africaine affirmait, le parti dément avoir fixé une date butoir pour le président Zuma. Après une réunion-marathon à huis clos de treize heures le lundi soir, la direction du parti au pouvoir, a acté le départ  du président Jacob Zuma. « Cela a pris treize longues heures, mais le Comité national exécutif (NEC) de l’ANC a décidé de rappeler Jacob Zuma de son poste de chef de l’Etat », a écrit le site d’informations du journal The Times.

Concrètement, l’ANC va lui adresser une lettre lui ordonnant de céder le pouvoir, après avoir rejeté la demande de Jacob Zuma de conserver son poste encore quelques mois, ont rapporté d’autres médias.

D’après le sécretaire général de l’ANC, Ace Magasule, Zuma devrait répondre à la décision. La direction de l’ANC a le pouvoir de « rappeler » tous ses membres délégués à une fonction gouvernementale, comme elle l’avait fait en 2008 pour le président Thabo Mbeki, qui avait obtempéré et accepté de démissionner.

Mais le chef de l’Etat n’est toutefois pas obligé d’accepter cette décision.

Dans ce cas, l’ANC peut alors décider de présenter devant l’Assemblée nationale une motion de défiance. Ce texte peut être adopté à la majorité absolue et contraindrait M. Zuma à partir.

 

JUPREC : les jeunes maliens, désormais, outiller contre la corruption

La cérémonie de clôture de la semaine de la jeunesse contre la corruption organisée par le projet Justice Prévention et Réconciliation (JUPREC) a pris fin, le lundi 22 janvier, à l’Hôtel Olympe de Bamako. Plusieurs recommandations ont été formulées à la fin de cette seconde édition.

Durant une semaine, les jeunes universitaires, certaines associations de lutte contre la corruption et de nombreuses associations de femme, ont échangé à travers des conférences et des séries de débats. Selon les organisateurs, cette seconde édition de la semaine de la jeunesse contre la corruption a été un cadre d’échanges et de formations. « Agir contre la corruption, c’est construire l’avenir que nous voulons pour notre jeunesse », a déclaré Sidi Ould, vice-président du Conseil National de la Jeunesse du Mali (CNJ-Mali). La corruption est présente dans les structures étatiques tout comme dans les écoles et dans les universités. « L’honnête, l’intégrité et la lutte contre la corruption devrait figurer au centre du système d’éducation dans nos sociétés », estime Jean-Paul Rivérin, représentant du consortium JUPREC. Continua-t-il,« nous devons donner des outils et un environnement favorable aux jeunes afin de lutter contre la corruption.»

Au cours de la cérémonie de clôture de cette édition de la semaine de la jeunesse contre la corruption, plusieurs recommandations ont été formulées par les jeunes. Parmi les lesquelles, « institutionnaliser la semaine de la semaine contre la corruption », « appuyer les initiatives des jeunes dans la lutte contre corruption », ou encore « rétablir le dialogue et renforcer l’éducation au sein de la famille sur les valeurs morales, d’intégrité et de probité ».

Une action à pérenniser

Pour la tenue de la prochaine édition, le projet JUPREC réitère son accompagnement à la jeunesse malienne. « Nous serons avec vous pour la prochaine édition », a affirmé Rauger Aubé, chef de mission du projet JUPREC. Également, Mme Traoré Marietou Senou, présidente de la communauté de pratique de lutte contre la corruption, espère que le combat contre la corruption ne doit pas s’arrêter uniquement à cette semaine, il doit continuer avec la même détermination et la même ardeur jusqu’à l’atteinte de nos objectifs.

La jeunesse, un rempart à la corruption

 

Le lancement de la 2e édition de la semaine de la jeunesse contre la corruption du projet Justice Prévention et Réconciliation (JUPREC), prévue du 16 au 22 janvier, a eu lieu, le mardi 16 janvier 2018 à l’Hôtel Olympe de Bamako. Cette 2e édition vise à outiller les jeunes maliens afin de lutter contre la corruption.

Le Projet JUPREC a été mis en œuvre par le consortium composé d’Avocats sans frontières Canada (ASFC), du Centre d’étude et de coopération internationale (CECI) et de l’École nationale d’administration publique du Québec (ENAP). Il vise à améliorer les conditions de vie des femmes, des mineurs et d’autres victimes de la crise au Mali. A travers cette semaine de la jeunesse de lutte contre la corruption, JUPREC espère une bonne collaboration avec ses partenaires de la justice et de la société civile malienne pour édifier les jeunes. « La semaine de la jeunesse contre la corruption contribue à la valorisation des principes d’ intégrité et à la promotion des actions de lutte contre la corruption », a précisé Roger Aubé, chef de mission du projet JUPREC. Selon Jean Paul Riverin de l’ ENAP et représentant du consortium JUPREC, il veut «  qu’à travers cette semaine  les jeunes disent non à la corruption et qu’ils fassent en sorte que ces valeurs soient partagées avec un plus grand nombre. » Ainsi, le slogan de cette 2e édition est « La corruption ne passera pas par moi ».
La jeunesse, actrice de la lutte contre la corruption
Cette deuxième édition sera une occasion pour la jeunesse de connaître les dangers de la corruption. Ainsi Famory Keita, chef de la cellule juridique et vérificateur au Bureau du Vérificateur (BVG) définit la corruption comme le fait d’user les prérogatives qu’on vous confie pour les détourner à des fins personnelles. « Ce phénomène est la cause du sous-développement et le chômage des jeunes dans nos pays », a déclaré pour sa part Madame Traoré Marietou Senou, présidente de la communauté de pratique de lutte contre la corruption. Au cours de cette semaine de la jeunesse contre la corruption, plusieurs activités sont prévues. Parmi lesquelles « une conférence sur le rapport du vérificateur général avec les jeunes universitaires », ou encore « une rencontre de sensibilisation intergénérationnelle »,à l’Hôtel Olympe.

Selon le rapport 2015 du vérificateur général du Mali, plus de 37 milliards ont été dissipés à titre d’irrégularité. Sur ces 37 milliards, 16 milliards sont constitués de fraudes dont le reste est la mauvaise gestion. « Ce manque à gagner pouvait permettre à l’Etat de mettre en place un budget d’investissement au profit de la population », a affirmé Famory Keita, avant d’ajouter qu’il faudrait que la jeunesse prenne conscience.

 

Corruption : un combat multidimensionnel

« Ceux qui ont le privilège de savoir ont le devoir d’agir » (Albert Einstein). La lutte contre la corruption se situe à la connexion de ce privilège de savoir que « l’argent public est au cœur de l’État de droit et de la démocratie », et du devoir d’agir pour que cela soit.

« La corruption est une triste et dure réalité qui sévit au Mali. Elle est endémique et systémique sans autant être une fatalité. Elle découle de la cupidité d’une minorité d’hommes qui profitent de leur situation sociale et/ou administrative pour abuser des finances de l’État », déclarait devant la 2è réunion du groupe de suivi international des donateurs du 15 mai 2013 à Bruxelles, le ministre de la Défense de l’époque.

Jamais l’attelage justice, médias, citoyens, partenaires conscients de leurs droits et devoirs, n’a été placé au cœur de la lutte, demeurée le domaine exclusif du pouvoir exécutif, alors qu’elle devrait concentrer en priorité les efforts sur trois domaines : les citoyens et partenaires en agissant pour demander des comptes, en travaillant avec les partenaires et les dirigeants, en protégeant les activistes, la prévention, l’application des lois et la justice en promouvant la prévention et l’application des normes anti-corruption, en exigeant la justice pour mettre fin à l’impunité, un mouvement fort en partageant des connaissances, en donnant l’exemple, en améliorant la présence stratégique.

Pour s’y frotter, il faut un réarmement civique, politique, et patriotique, prenant en compte, et en charge, le lien de causalité existant entre le déficit de transparence et le manque d’accès à l’information, les situations de conflits d’intérêt des agents publics et la corruption pouvant en résulter, et la formulation de mesures et d’outils de politique pouvant concourir à davantage d’intégrité et de transparence par un meilleur accès du public à l’information.

L’adoption du « Document Cadre de Politique Nationale de Transparence au Mali » qui définit et propose un cadre référentiel dans lequel s’inscriront et convergeront toutes les initiatives du gouvernement constitue une avancée certaine. Mais, il faut plus. Avons-nous hérité de nos ancêtres, des pères fondateurs de la République (res publica : la chose publique) du Mali, de nos parents le phénomène de la corruption, et de l’impunité comme nous les vivons, et les subissons aujourd’hui, avec le péril grandissant de compromettre pour toujours notre devenir commun ? Les institutions démocratiques et républicaines dont nous disposons sont-elles à la dimension d’inverser la situation, et de nous faire emprunter le chemin de la vertu ? Les processus et procédures qui définissent comment le pouvoir est conquis et exercé, sont-ils en phase avec la société réelle ?

Au demeurant, la lutte au Mali se doit d’être accompagnée par des démarches permettant d‘établir les bases pour construire un « arsenal » juridique et institutionnel innovant et performant fondé sur les dispositions de la Constitution, les institutions créées (contrôle général des services publics, inspections ministérielles, cellule d’appui aux structures de contrôle de l’administration , Vérificateur général, pôles économiques … ), la Loi n° 2014-015 du 27 mai 2014 portant prévention et répression de l’enrichissement illicite…

Ce qui requiert l’apport  des médias et des journalistes d’investigation par le renforcement de leurs capacités de professionnels, de mise en pratique des compétences acquises, d’établissement d’un cadre d’échange entre les capacités des organisations de la société civile, politique et les médias, de conscientisation des responsables des médias sur le rôle de leur secteur dans la lutte contre la corruption.

C’est dire que pour lutter contre la corruption au Mali, comme l’argent public, il faut placer l’information, la communication, le plaidoyer, les séances de sensibilisation des citoyens sur les rapports de vérification et de contrôle, la transmission des valeurs, des principes et des règles du jeu de la bonne gouvernance, au cœur de la démocratie et de l’État de droit vers lesquels aspirent les populations, notamment laborieuses.

 

 

 

Master Soumy : « la lutte contre la corruption est un combat de tous les jours »

À l’occasion de la journée mondiale dédiée à la lutte contre la corruption, Master Soumi, rappeur connu pour ses tubes très satiriques, s’est entretenu avec le Journal du Mali, sur la corruption qui gangrène le pays

Une journée mondiale contre la corruption a-t-elle un sens pour le Mali ?

C’est un non-événement chez nous. La journée mondiale de lutte contre la corruption est certes célébrée dans plusieurs pays dans le monde mais pas au Mali. La preuve, il n’y a aucune manifestation prévue à cet effet ici. Il y a une mauvaise volonté des gouvernants et des gouvernés à lutter contre ce fléau dans notre pays. Au Mali lorsqu’on parle de lutte contre la corruption, c’est seulement dans les discours mais jamais dans les faits parce que les vrais voleurs de la république sont dans les bureaux. Ils volent et partagent avec ceux censés appliquer la loi. A titre d’illustration, nos prisons ne sont remplies que de petits voleurs. Les grands voleurs continuent leurs sales besognes sans être inquiétés car ils savent comment faire taire la justice. Une justice corrompue, taillé sur mesure.

Pourtant, il existe un bureau de vérificateur général qui chaque année publie un rapport faisant l’état des lieux de la corruption.

On n’a jamais vus que des sanctions ont été prises contre les individus mentionnés dans ces rapports. Tout ça ce n’est que des discours. Depuis la prise de fonction d’IBK à nos jours, des centaines de milliards ont été détournés au vu et au su de tous. Mais rien n’est fait contre cette pratique illégale et immorale. L’affaire de l’avion présidentielle reste jusqu’à aujourd’hui non résolue. Des personnes sont allées devant les députés pour défendre l’indéfendable. Avez-vous vu un ministre malien emprisonné pour avoir détourner les fonds publics ? Non moi je n’en connais pas. Pourtant, ils sont nombreux à nous voler.

Avez-vous une chanson qui traite exclusivement du sujet de la corruption ?

Non, je n’ai jusque-là pas de chanson dédiée typiquement à la corruption mais je fais mieux parce j’évoque le phénomène dans chaque morceau que je compose. Une seule chanson sur la corruption ne peut faire changer les choses. C’est un combat de tous les jours qu’il faut mener. C’est ce que je fais.

Que faut-il faire pour lutter contre la corruption au Mali ?

Il faut lier l’acte à la parole, donc appliquer la loi afin de sanctionner les individus coupables de corruption et autres forfaits. Cela passe nécessairement par un changement de comportement du Malien. Pour qu’un État change et devienne un État de droit, il faut faire des sacrifices. Cela concerne tout le monde. Pour faire, il faut que l’État s’assume.

Corruption à tous les étages

En 2014, le président de la République Ibrahim Boubacar Keita déclarait l’année, comme celle de la lutte contre la corruption. À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la corruption, retour sur 3 années de délinquances financières.

« Nul ne s’enrichira plus illégalement et impunément sous notre mandat, Inchallah ». C’est le message sans équivoque lancé par le président IBK lors de la présentation de ses vœux en 2014. Dès lors, les attentes étaient énormes. Et au début, cette politique de tolérance zéro et d’assainissement semblait sur la bonne voie.

L’ancien directeur du Paris Mutuel Urbain (PMU) en a un temps fait les frais. Particulièrement indexé et accusé d’avoir détourné près de 34 milliards de FCFA, Idrissa Haidara fut interpellé avant de bénéficier d’une liberté provisoire. Profitant de l’occasion, il quitta le pays pour joindre la France. Mais depuis c’est le calme plat. Le vérificateur remet annuellement son rapport en main propre au président et des dizaines de dossiers pour détournements continuent d’affluer sur les bureaux du procureur sans réel impact.

Interpellé sur cette question ; le vérificateur général Amadou Ousmane Touré acquiesce. « Oui effectivement, nous allons essayer de corriger, de transformer cela en une véritable action. Moi-même je suis magistrat de formation, nous avons créé à cet effet une cellule juridique au niveau du bureau ». En trois ans, près de 200 milliards de FCFA auraient été détournés. Le vérificateur général se désole que certaines personnes soient hors poursuite. « Je regrette que des ministres vis-à-vis desquels des faits précis ont été rapportés, des faits prouvés, ne comparaissent pas ».

Le vérificateur a dans ses conclusions mis en lumière plusieurs méthodes de détournements de fonds : le non reversement au trésor public des ressources collectées, la fabrication de faux documents pour justifier des dépenses ou encore les surfacturations en sont une liste non-exhaustive. L’office de la haute vallée du Niger (OHVN) a par exemple,par un de ces procédés, détourné une trentaine de millions. Le CHU Gabriel Touré est également accusé de malversations à hauteur de 1 milliard de FCFA.

Toutefois, il y’a juste trois mois le directeur général du Centre International de Conférence de Bamako (CICB), Paul Ismael Boro, a été démis de ses fonctions pour détournements et mauvaise gestion.

 

Hôpitaux du Mali : l’heure du grand nettoyage ?

Les hôpitaux du Mali sont, pour la majorité de leurs usagers, « la solution du pauvre ». « Ceux qui ont les moyens vont en clinique privée ou hors du Mali, parce que les soins prodigués sont calamiteux, sans parler de l’accueil et de l’hygiène qui laissent à  désirer », explique Fatoumata Dédé, dont l’enfant vient de quitter le service de pédiatrie. Une réalité que même les autorités ne peuvent plus se cacher, si l’on en croit le ministère de la Santé. Le nouveau chef de département, Marie Madeleine Togo, ne veut plus « de structures sanitaires o๠les agents torpillent leur serment et arnaquent, négligent ou marginalisent les patients ». La ministre de la Santé et de l’Hygiène publique a donc décidé de procéder à  un changement radical. Après avoir visité les différentes structures sanitaires, elle a pris une première mesure radicale, à  la fin du mois de janvier, en relevant de leurs fonctions les directeurs des trois centres hospitaliers universitaires (Gabriel Touré, Point G et Kati). Leurs postes sont désormais ouverts à  candidature. De fait, cette décision de la ministre a fait grincer des dents. Au CHU du Point G, le comité syndical a même organisé un sit-in pour manifester son mécontentement, car selon lui, se pose un problème de moyens matériels et humains. Un mouvement d’humeur mal perçu par les usagers dont un n’hésitera pas à  traiter « les agissements » des syndicats des hôpitaux Gabriel Touré et Point G « de nouvelle forme de terrorisme syndical ». Pour nombre d’entre eux, C’’est un « système qu’il faut casser. Si tu ne connais personne dans l’hôpital, ce n’est même pas la peine d’y aller ou d’amener ton malade», déplore Moussa C., étudiant, pour qui « ce n’est pas le départ des directeurs qui va changer quelque chose ». « Ma femme a eu un accident sur la route de Dioà¯la. On a payé 150 000 francs CFA à  l’hôpital Gabriel Touré, mais cela fait trois jours qu’elle est là , sans prise en charge », témoigne à  son tour Amadou Diallo. « Ces gens ont oublié qu’ils sont là  pour sauver des vies. Changer cette mentalité qui pousse à  se faire de l’argent sur la souffrance d’autrui va demander du temps », affirme Moussa C, qui se réjouit de la volonté affichée par les autorités et espère qu’elle porte des fruits dans un avenir proche.

Le BVG rend publics ses rapports 2013 et 2014

Monsieur Amadou Ousmane TOURE, Vérificateur Général du Mali, a rendu publics ses rapports annuels de 2013 et de 2014. Conformément à  l’article 18 de la loi instituant le Vérificateur Général au Mali, ces rapports annuels ont été solennellement adressés au Président de la République et transmis au Premier Ministre, Chef du Gouvernement, ainsi qu’au Président de l’Assemblée Nationale. Ces rapports font la synthèse des observations, analyses, critiques et suggestions formulées par le Vérificateur Général au titre des années 2013 et 2014. Le rapport annuel 2013 fait la synthèse de 18 vérifications effectuées dont 1 vérification de performance, 3 vérifications de suivi des recommandations ainsi que 14 vérifications financières et de conformité. Il ressort des vérifications financières effectuées au titre de 2013 des irrégularités financières d’un montant total de 80,21 milliards de FCFA dont 12,28 milliards de FCFA au titre de la fraude et 67,93 milliards de FCFA au titre de la mauvaise gestion. Quant au rapport annuel 2014, il fait la synthèse de 16 vérifications dont 13 vérifications financières, 2 vérifications de performance et 1 vérification intégrée de conformité et de performance. Il fait état d’irrégularités financières totalisant la somme de 72,88 milliards de FCFA dont 33,86 milliards de FCFA au titre de la fraude (soit 46,46% du montant total) et 39,02 milliards de FCFA au titre de la mauvaise gestion. Sur le montant total des irrégularités dues à  la mauvaise gestion 5,27 milliards de FCFA sont recouvrables. Ces deux rapports annuels ont concernés des services centraux et déconcentrés, des programmes de développement, des marchés publics et des délégations de service public ainsi que des établissements publics. Le Vérificateur Général a insisté sur le fait que « cette diversification des vérifications a révélé un essor considérable d’une gestion publique qui, somme toute, cacherait des formes nouvelles de fraude et traduirait les contours de l’imagination audacieuse et tendancielle de certains gestionnaires, même si, il faut le noter, certaines améliorations ont été constatées au niveau de certains services vérifiés ». Selon Monsieur Touré, « les rapports de vérification dont les synthèses alimentent ces rapports annuels ont relevé des insuffisances et faiblesses substantielles, multiformes et récurrentes, tant au niveau du contrôle interne que des opérations de la dépense publique, qui hypothèquent dangereusement la gestion des structures et organismes publics ». Ces rapports confirment une mauvaise gestion généralisée d’autant plus déplorable qu’elle devient endémique et prend des formes nouvelles de spoliation de l’Etat. D’o๠la nécessité d’un véritable sursaut national en vue de bâtir une gestion publique saine et capable d’aider à  la relance économique ». Le Vérificateur Général du Mali tient à  saluer l’étroite collaboration du Pôle Economique et Financier ainsi que la mise en oeuvre de recommandations par certaines entités vérifiées. Leurs actions combinées, en plus des régularisations financières survenues lors de missions de vérification, ont permis de recouvrer au profit du Trésor Public près de 6 milliards de FCFA, de 2011 à  nos jours. Selon lui, « ces recouvrements illustrent, d’une part, la bonne qualité de collaboration entre le BVG et les autorités judiciaires et, d’autre part, l’adhésion et l’appropriation des entités vérifiées aux résultats des travaux de vérification ».

Corruption : combien coûte une visite technique à Bamako ?

Sogoninko, mardi, le soleil darde ses rayons pendant que la poussière latéritique s’impose aux nombreux automobilistes venus passer la visite technique. En ce mois béni de ramadan, les esprits s’échauffent vite et l’ayant compris, les agents du centre imposent deux colonnes de voitures formées selon l’ordre d’arrivée des uns et des autres. Certains automobilistes réfractaires à  l’ordre, confient leur bolide à  des amis de fortune agents du centre moyennant une petite contrepartie financière. D’autres, conscients de l’état défectueux de leur véhicule, s’adressent à  des rabatteurs pour décrocher le précieux sésame. Les prix de la visite technique à  la tête du client En réalité, la visite technique coûte 7 500 francs soit 2 500 pour l’Agence Nationale de la Sécurité Routière et le reste va au trésor public. Dans les faits, infimes sont les automobilistes qui parviennent à  payer juste le montant requis. Les rabatteurs, prolongement et complices des agents chargés du contrôle, entrent en action à  la vue de jolies voitures conduites par une personne d’apparence aisée et pressée. Ils vous proposent d’abréger le circuit administratif en cinq petites minutes et de réduire la visite à  une simple formalité moyennant la somme de quinze mille francs. Le marché conclu, l’automobiliste est installé dans une échoppe adjacente au centre le temps que la file indienne bouge. Le numéro d’immatriculation communiqué aux contrôleurs, la voiture même brinquebalante, passe le contrôle avec succès. Nous avons curieusement vu ce mardi des véhicules confrontés à  des problèmes de démarrage à  l’intérieur du centre et d’autres dépourvus de feux de signalisation et d’essuie-glaces réussir leur passage. Manque à  gagner pour l’Etat l’Etat perd beaucoup d’argent dans les opérations de contrôle technique. Tout véhicule ayant échappé à  la vigilance des agents de la circulation routière en matière de contrôle technique doit payer une pénalité mensuelle de 3 500 francs. Nous avons tenté l’expérience avec un véhicule en infraction depuis mai 2013. Pour arranger la situation, un rabatteur nous a proposé 22 500 francs en lieu et place des 49 000 francs exigibles. Il finit par accepter 20 000 francs pour contourner la pénalité, abréger l’attente et « huiler » le moteur des contrôleurs avec en prime l’utilisation d’une porte latérale pour faire passer la voiture. Un automobiliste venu de Hoffenheim en Allemagne avec une Mercedes 190 de couleur rouge en cours de dédouanement se donna en spectacle en ce début d’après midi de mardi pour avoir vu sa voiture recalée. Le prétendant au précieux sésame avait pourtant versé 30 000 francs à  un rabatteur très efficace mais le passage de sa voiture a coà¯ncidé avec l’arrivée d’un inspecteur principal qui détecta un problème de frein arrière. Pour notre part, un contrôleur assez minutieux s’est approché de nous pour nous demander de supprimer les photos prises à  l’intérieur du centre et de se rapprocher de la direction pour une autorisation. C’’est dire que les agents qui opèrent ici avec éthique se comptent du bout des doigts. Le VEGAL doit se rapprocher du Centre de Corruption que dis –je, de Contrôle Technique de Bamako pour soulager les automobilistes et aider à  l’assainissement du parc automobile vieillissant de la capitale.

Corruption: le racket policier coûte près de sept millions par jour aux usagers

Selon les résultats d’une enquête de l’ingénieur statisticien et économiste, menée sur la corruption, le racket des policiers dans la seule ville de Bamako coûte au minimum 6 millions 800 mille francs par jour aux pauvres citoyens. En une année, on atteint la somme faramineuse de plus de 2 milliards 448 millions! Pour réaliser l’enquête qui a aboutit à  ce résultat, la première question posée au citoyen était: « au jour d’aujourd’hui, quelle est votre opinion sur le niveau de corruption des policiers, de l’administration publique et des juges? » En réponse au niveau de corruption des policiers, 25.4% pensent qu’il reste très élevé, 31.2% pensent qu’il est élevé et 30.9% de la population pensent qu’il est faible. Au moins 56% de la population pense donc que le niveau de corruption de la police constitue un problème. Tous les secteurs sont touchés Le sondage indique qu’au niveau de l’administration publique, 17.6% pensent que la corruption est très élevée, 28% pensent qu’elle est élevée et 39.8% pensent qu’elle est faible. La proportion de personnes qui pensent que la corruption est au moins élevée dans ce corps est de 45.6%. Au niveau des juges, 16.5% pensent la corruption est très élevée, 22.3% pensent qu’elle est élevée et 38% pensent qu’elle est faible. L’autre question « avez vous été victime d’un acte de corruption au cours des 30 derniers jours? Si oui, par qui et combien avez vous payé? » a donné des résultats pour le moins inquiétants, au vu des chiffres cité plus haut. à€ la question de savoir de qui avez vous été victime, « nous trouvons que les deux modalités qui viennent en tête sont la police et l’administration publique. Plus de 72% de ceux qui ont été victime d’un acte de corruption ont cité les policiers, contre 26.5% pour l’administration publique » précise Sidiki Guindo. A cet effet , la leçon tirée de ce sondage est que « même si les montants payés pour ces actes de corruption ne sont pas très élevés, il faut noter que, selon les résultats de cette étude, les actes de corruption par les policiers sont très ressentis par la population » indique –t-il. Concernant les montants déclarés lors des actes de corruption, ils sont assez disparates selon le statisticien économiste. « Les montants varient généralement entre 500 et 25 000 francs CFA pour la police et entre 1 000 et 55 000 francs CFA pour l’administration publique » révèle l’enquête. La lutte contre la corruption sous IBK En général, ce sondage a portait sur l’opinion de la population sur la corruption depuis l’arrivée du président Kéita au pouvoir. A la question de savoir si selon eux la corruption avait diminué au cours de six derniers mois,56,6% de la population a répondu par l’affirmative contre 32.2% qui trouve qu’elle est restée au même niveau et seulement 5.7% pense que la corruption a augmentée. Au niveau régional, dans toutes les régions sauf à  Gao, ceux qui pensent que la corruption a augmenté sont très minoritaires, le chiffre est inférieur à  8%. à€ Gao, jusqu’à  17.6% de la population pense que la corruption a augmenté. Il est donc important que l’à‰tat cherche à  savoir ce qui se passe dans cette ville en termes de corruption, a conseillé l’auteur. Dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso et Ségou, plus de 62% de la population pense que la corruption a baissé. à€ Bamako, la proportion de gens qui pensent que la corruption a baissé est de 55.3%, elle est de 40.7% à  Gao et moins de 30% à  Mopti, Tombouctou et Kidal. Dans ces trois dernières régions, la majorité pense surtout que la corruption est restée au même niveau.

Lutte contre la corruption: pour des résultats concrets

La lutte contre la corruption semble être au C’œur des préoccupations du gouvernement, malgré la tenue des états généraux sur la question en 2008, et l’organisation de nombreux autres fora dans le passé. « Ce forum n’est pas un forum de plus, je vous invite à  prendre des recommandations et nous les mettrons en œuvre » a assuré le premier ministre Oumar Tatam Ly, lors de l’ouverture du forum jeudi matin au CICB. Selon Oumar Tatam Ly, le président de la République a décrété l’année 2014, comme l’année o๠la corruption doit être prise à  bras le corps concrètement au Mali. « Le président IBK a déclaré la guerre à  la corruption » explique-t-il. Durant ces deux jours d’atelier, les membres de la société civile, les représentants des institutions étatiques et privées, entre autres vont se pencher sur les questions de mise en œuvre des recommandations du plan d’actions issu des états généraux « ce plan d’actions n’a été suivi qu’à  20 % » dénonce Mme Sy Aminata Konaté, présidente du comité de mise en œuvre des recommandations. « Il faut freiner l’évolution des fléaux. Nous avons recueilli les propositions de solutions des citoyens dans les localités les plus reculées. Un pays comme le Mali ne devrait pas vivre de subventions, de prêts, de quoi que ce soit. Le véritable problème reste l’impunité » explique-t-elle. Une loi portant prévention et répression de l’enrichissement illicite doit être examinée lors des travaux. l’Assemblée nationale se penchera à  son tour sur ce projet de loi lors de sa session extraordinaire en cours. « La volonté de lutter contre la corruption semble se dessiner concrètement avec ce nouveau gouvernement. J’ai l’impression que cela va dans le bon sens, nous gardons bon espoir » ajoute-t-elle.

Mali : tensions entre le ministre de la Justice et des magistrats anticorruption

Mais sur certains dossiers, le ministre de la Justice et les magistrats n’ont pas la même méthodologie. Une cacophonie s’étale alors au grand jour. Le linge sale se lave généralement en famille. Mais à  Bamako, le ministre malien de la Justice et ses proches collaborateurs étalent plutôt ce linge sur les places publiques. L’affaire commence lorsque le ministre malien de la Justice, Mohamed Ali Bathily, demande au Parquet de voir s’il n’y a plus matière à  poursuites contre le maire central de Bamako dans une affaire de foncier. Un procureur anticorruption, pour qui la Cour suprême du Mali a déjà  vidé le dossier, lui répond par la négative, et en profite pour présenter sa démission. Réaffirmer l’indépendance des magistrats Agacé, Mohamed Ali Bathily convoque la presse, tacle le procureur anticorruption démissionnaire et remonte les bretelles du procureur général, membre de la hiérarchie du Parquet. Selon le ministre de la Justice, ce procureur général, pourtant connu pour sa rigueur, a manqué de prendre des initiatives dans le dossier. l’affaire fait polémique, et ce lundi un groupe de magistrats maliens en colère projettent de se réunir. L’objectif est affirmer qu’ils veulent pouvoir continuer à  travailler en toute indépendance et dire le droit, rien que le droit.

La traque des cols blancs est lancée

Ce qui se passe dans ce pays rappelle à  bien des égards cet excellent film américain «Â meurtre à  Cowéta ». Le puissant John Wallace y défiait la justice avec dédain après avoir commis un meurtre avec préméditation. Tout commis de l’Etat est une cible potentielle. Un enquêteur nous confiait «Â ces messieurs gracieusement hébergés à  l’hôtel VIP de Dravéla faisaient trembler la république, le moment est venu de les faire trembler ». Dans une république, il faut impérativement une reddition des comptes. C’’est même un principe démocratique. C’’est une exigence de bonne gouvernance. Seulement, à  trop vouloir fouiller, on finit par mordre sa propre queue. Audacieuse Augias Le Mali avait besoin de signaux forts pour décourager les adeptes des pots de vin. Ces corrompus invétérés foisonnent dans toutes les sphères de décision. Dés lors, y’aura t-il assez d’eau pour le nettoyage entamé par le pouvoir ? Les juges iront-ils jusqu’au bout étant entendu qu’aucun secteur de la vie publique n’est épargné par la concussion ? Le vécu à  la Primature de l’actuel président sera t-il passé au peigne fin ? Il faut avoir le courage de le dire : IBK s’est lancé dans un exercice périlleux et inédit puisque les auteurs de malversations financières, de gabegie, de détournements de fonds et d’objectifs, de contournement de procédures, de népotisme, de clientélisme et somme toute de prévarication n’ont jamais été inquiétés dans ce pays. La nouvelle donne surprend. Elle inquiète. Elle dérange. Elle met à  nu des pratiques ancrées. Les marchés de l’Etat se négociaient. C’’est un secret de polichinelle. Sonner la fin de la récréation de rentiers argentivores et boulimiques ne se fait pas sans conséquence. Voleurs de la république ou république de voleurs ? Ecrouer des mastodontes de la scène politico-économique comme Alou Tomota et Drissa Haidara, C’’est décourager les investisseurs. Les premières conséquences sont perceptibles au niveau des institutions de micro finances o๠le lobby libanais commence à  retirer ses billes, envoyant du coup nombre de jeunes au chômage, surtout avec les menaces qui pèsent sur Jeamille Bittar. Menacer des magnats comme Modibo Keita, C’’est sevrer des familles entières et donner des relents de règlement de compte à  l’opération Augias en cours. Viser d’anciens piliers de la république comme Diango Sissoko, Ousmane Thiam, Diane Séméga, C’’est secouer des cercles du pouvoir. Att l’avait ouvertement dit à  Sidi Sosso Diarra «Â monsieur le vérificateur général, si je dois sanctionner les voleurs du Mali, je mettrai la majorité d’entre nous en prison »Â ! Explicite non ? Le président IBK veut donner des gages et tout changement irrite mais ce dont le pays a besoin ici et là  se trouve ailleurs. Emprisonner, traquer, auditionner, il en restera toujours. C’’est à  se demander si le Mali a affaire avec les voleurs de la république ou les politiciens en ont fait une république de voleurs ? Le mal est profond Cette affaire de traque est trop sérieuse. On ne joue pas avec la liberté des individus même si dans ce pays, on a pendant longtemps jonglé avec les deniers publics. Le mal est dans le fruit. Mal recruté et mal payé, le caissier comme le comptable, le menuisier comme le ministre pense à  se servir d’abord avant de penser servir le pays. Ce n’est pas demain que les comportements changeront. Pour éviter, l’avènement d’une contestation sociale sans précédent, le président IBK peut proposer aux personnes épinglées de transiger afin de renflouer les caisses de l’Etat pour concrétiser sa politique d’emploi des jeunes et des femmes. Les arrestations tous azimuts ne se mangent pas et ne peuvent constituer un bilan. Inutile donc de trop tirer sur la corde.

Corruption : la boîte de pandore est ouverte…

Ousmane Thiam, ancien ministre et ancien conseiller du temps d’ATT, Django Cissokho, ex PM de transition, dont on aurait confisqué le passeport, le colonel Abdoulaye Koumaré, actuel ministre des transports dans le collimateur, le DG du PMU Mali déjà  aux écoutes, Alou Tomota de Graphic Industries recherché et tutti quanti. Sans oublier, les DFM qui tremblent déjà  l’idée de rendre des comptes. La boà®te de Pandore a bel et bien été ouverte par les tenants du pouvoir actuel. Et pour chapeauter le tout, les poursuites judiciaires contre ATT. Signal fort ou chasse aux sorcières, le président IBK qui a maintes fois répété ne pas traà®ner de casseroles, veut faire de 2014 une année anti corruption au Mali. Un vaste défi. L’on ne se contentera plus de remettre les rapports du Végal au Président, mais de les éplucher pour y déceler la moindre imperfection, le moindre denier public, gaspillé à  coups de frais de fonctionnements par les membres de départements ministériels en quête de surfacturation abusive. Les employés de Bozola, la télévision nationale, ne sont pas épargnés avec une petite vague d’arrestations au sein des services financiers… Ménager la chèvre et le chou Du reste, tout le monde est-il coupable ? Existe t-il un heureux innocent dans toute cette affaire de corruption au sommet. Pour parler familièrement, « qui n’a pas bouffé dans les caisses de l’Etat ? ». IBK, le premier, affirme être un exemple. Et comme dirait la Bible, balaie devant ta porte, plutôt que de chasser la poussière dans l’oeil de ton voisin. En République du Mali, nous sommes tous des voisins, des  » Balimas » ou « parents » proches. Aussi, la lutte s’avère ardue, difficile, disent les uns. « Il ne faut surtout pas faire honte aux chefs de famille en fuite ». Donc ne pas écorner l’image, les susceptibilités, agir en toute cohésion sociale. Alors comment lutter contre cette grande corruption, sans donner l’exemple. Dans des pays comme le Rwanda, le président Paul Kagamé a mis ses concitoyens au pas. De grandes têtes sont tombés, d’autres aux oubliettes, dans les geôles de l’incurie étatique. Sans parler de vengeance ou de chasse aux soricères, comme beaucoup d’observateurs et de journalistes inquiets le clament, ne faut-il pas enfin donner un signal fort, comme dirait l’autre, manier le bâton, plutôt que la carotte ? N’est-il pas temps d’enfin changer les mentalités au sommet de l’Etat ? Il reste malgré tout la petite corruption…

Corruption : Un procureur, trois magistrats et un huissier écroués

Le procureur de la République près le Tribunal de première instance de Mopti, son juge d’instruction et son substitut, le juge d’instruction du Tribunal de première instance de la Commune II et un huissier de justice ont été placés hier mardi sous mandat de dépôt. Ils sont soupçonnés de corruption. Les autorités judiciaires de notre pays ont décidé de nettoyer les écuries d’Augias. Un grand coup de ballai a été donné mardi dans les rangs de la magistrature dans l’affaire de corruption présumée qui secoue le milieu judiciaire depuis quelques mois. Le procureur de la République près le Tribunal de première instance de Mopti, Fousseyni Salaha et deux autres juges de son tribunal dont celui chargé de l’instruction, le juge d’instruction de la Commune II du district de Bamako Abdoulaye Kamaté et un huissier de justice sont impliqués dans une affaire de corruption dans des affaires différentes. Le juge d’instruction de la Commune II, Abdoulaye Kamaté est incriminé dans une vente de terrain qui a mal tourné. Dans cette affaire o๠le propriétaire du terrain a nié l’authenticité de la vente en refusant le prix de dix millions F CFA qu’il dit n’avoir jamais proposé, l’huissier de justice chargé d’établir le procès-verbal sur la vente a été entendu par M. Kamaté et emprisonné pour avoir établi du faux procès verbal. Il n’a recouvré sa liberté qu’en payant 3 millions de F CFA au juge d’instruction par l’entremise de son avocat. l’huissier a à  son tour a porté plainte contre le juge pour corruption. Ils sont tous les deux arrêtes pour le même chef d’inculpation. Pour le procureur de la République près le Tribunal de première instance de Mopti et ses deux juges, nous ignorons pour l’instant le motif réel de leur inculpation même si ce sont aussi des faits de corruption. Avant d’être arrêtés hier dans la journée à  l’issue d’une procédure mise en branle par la Cour suprême, les magistrats ont fait l’objet d’une vaste enquête. Ils ont même été traduits devant le conseil de discipline du conseil supérieur de la magistrature.

Lutte contre la corruption: le Mali perd 22 places!

Le rapport annuel sur l’indice de perception de la corruption dans le monde, élaboré par Transparency International est paru ce 3 décembre. L’édition 2013 tire la sonnette d’alarme car de nombreux pays ont fortement regressé dans la lutte contre ce fléau. Au nombre desquels le Mali. Le Mali 127ème sur 177 Parmi les pays qui ont le plus perdu de points dans l’index 2013 se trouvent la Syrie, déchirée par la guerre civile, ainsi que la Libye et le Mali, tout deux en proie à  des conflits militaires majeurs ces dernières années. Grosse chute donc pour le Mali qui passe de la 105ème à  la 127ème place. «Alors qu’une poignée de pays obtient un bon résultat, aucun n’arrive à  la perfection. Et plus des deux tiers ont moins de 50», souligne l’Organisation. Pour rappel, la note maximale est de 100 points et le Mali n’en a recueilli que 28, bien loin de la moyenne. Les trois plus mauvais élèves, l’Afghanistan, la Corée du Nord et la Somalie atteignent huit points, tandis que les deux meilleurs, Danemark et Nouvelle Zélande, affichent 91 points. En queue de peloton, C’’est-à -dire entre 10 et 19, se trouvent l’Irak, la Syrie, la Libye, le Soudan et le Sud Soudan, le Tchad, la Guinée équatoriale, la Guinée-Bissau, Haà¯ti, le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Yémen. Transparency International, organisation non gouvernementale, basée à  Berlin en Allemagne, établit chaque année un indice de perception de la corruption au sein des partis politiques, de la police, du système judiciaire et des services publics dans tous les pays, un fléau qui sape le développement et le combat contre la pauvreté. «Ce qui ressort du classement : les pays les plus corrompus sont les plus pauvres et, dans ces derniers, ce sont les moins nantis qui en souffrent le plus. Jamais ces nations ne sortiront de la pauvreté si elles ne combattent pas la vénalité», a commenté l’un des chercheurs de cette organisation, Finn Heinrich. «Tous les pays sont menacés de corruption, à  tous les niveaux de gouvernement, aussi bien quand il s’agit de délivrer un permis local que lors de la mise en vigueur de lois et de régulations», met en garde la Canadienne Huguette Labelle, présidente de Transparency International

Rapport 2012 du Vérificateur Général : corruption bis repetita !

En dehors de la solennité du moment et de cette remise annuelle du rapport 2012 du Vérificateur Général au Président de la République, se redessine à  chaque fois, le problème persistant de cette grande corruption au sommet de l’Etat. A l’inverse de la petite corruption que vit le citoyen malien au quotidien et les passe droits, cette corruption affecte la gestion des finances publiques de l’Etat, et la bonne gouvernance politique en créant un véritable trou dans les deniers publics. Crée en 2004 pour contrôler, vérifier et constater, le Bureau du Vérificateur Général, institué par l’ex président ATT, a produit plusieurs rapports et épinglé de nombreuses structures d’Etat. Mais jusqu’o๠cet organe est-il efficace ? Comment le renforcer en lui donnant plus de pouvoirs que la simple saisine ? Selon l’Article 18 de la Loi n°2012-009 du 08 février 2012 : « Chaque année, le Vérificateur Général élabore un rapport qu’il adresse au Président de la République, au Premier Ministre, au Parlement et à  la juridiction Supérieure de Contrôle des Finances Publiques. Ce rapport fait la synthèse des observations, analyses, critiques et suggestions formulées par le Vérificateur Général pendant la période de référence». C’est la première étape. Mauvaises pratiques Pour Amadou Ousmane Touré, deuxième vérificateur de la structure après Sidi Sosso Diarra, le rapport 2012 corrobore certaines réalités et met en exergue plusieurs éléments récurrents du reste : « Le non-respect ou la méconnaissance des dispositifs de contrôle interne, la violation des textes régissant les marchés publics, l’irrégularité dans l’exécution des dépenses publiques, le détournement de ressources publiques dans l’encaissement et le reversement des recettes, la non-application des critères légaux dans la mise en réforme de matériels et équipements de l’Etat ». En guise d’illustration, sur les exercices budgétaires 2009, 2010 et 2011, l’Etat a acquis 1466 véhicules pour un coût de plus de 38 milliards de Francs CFA. Sur la même période, 1891 véhicules, âgés pour certains de moins de 5 ans, ont été admis à  la réforme, pour un prix de cession proposé par la commission de réforme d’environ 643.230.805 FCFA. En somme, précise le Vérificateur :  » Une véritable mafia financière mine les finances publiques, entretenue par les Directeurs des finances et du matériel et il faut le dire, certains ministres, pas tous évidemment ». Des pratiques qui ont occasionné à  l’Etat malien, un manque à  gagner de près de 50 milliards de FCFA dont environ 7 milliards de francs pour fraude et le reste pour mauvaise gestion. Mesures fortes A titre d’action, le Végal préconise qu’au delà  de la vérification, les procédures de saisine se renforcent.  » C’’est à  cet effet que nous publierons très bientôt la question de la mise en œuvre de la responsabilité pénale des Ministres, la régularité procédurale et le mode opératoire des enquêtes de la Brigade Economique et Financière, l’efficacité et l’efficience de l’architecture actuelle des Pôles Economiques et Financiers dans la lutte contre la corruption et la délinquance économique et financière, le rôle et la place de la Haute Cour de justice dans la lutte contre la corruption, etc », a déclaré Amadou Ousmane Touré. Confiscations et saisies patrimoniales Rappelant ce principe de « tolérance zéro », tant clamé par le Président de la République Ibrahim Boubacar Keita, qui dans son discours a rappelé que « nul ne sera au dessus de la loi », le Vérificateur a insisté sur la transparence, une réforme de la Direction Générale du Contentieux de l’Etat et la création éventuelle d’une agence ou une structure capable de prendre en charge les questions patrimoniales de saisies ou confiscations des avoirs prises dans le cadre des procédures mises en œuvre.Sans oublier la bonne gouvernance, l’implication du secteur privé dans la réalisation effective des bonnes mœurs de gestion financière et publique. Ces mots, l’espère t-on, ne seront pas tombés dans l’oreille d’un sourd…

IBK : « Nul ne sera au dessus de la loi »

Le premier discours d’investiture d’IBK donne le ton d’une gouvernance qui se veut une véritable rupture dans la gestion des affaires de l’Etat. D’emblée après les remerciements et louanges aux hôtes présents, Ibrahim Boubacar Keita, a clairement fait montre de sa volonté de rassembler tous les Maliens autour d’une seule et même justice. ‘  » Nul ne sera au-dessus de la loi. Elle s’appliquera de manière égale à  tous. Je mettrai fin à  l’impunité, aux passe-droits qui sont à  l’origine du dévoiement des institutions judiciaires et étatiques », a t’il déclaré en faisant écho aux propos quelques instants plus tôt, du Procureur Général, qui lui conseilla de se méfier des  » rats de palais ». Avis aux opportunistes. « Nul ne sera au dessus de la loi » Et première mesure phare, IBK promet une enquête pour situer les responsabilités suite aux récentes inondations qui on endeuillé Bamako. « Une enquête approfondie devra établir sans tarder toutes les responsabilités à  l’origine de la tragédie récente. Il en sera désormais ainsi en République du Mali, inch Allah ! Voilà  qui est dit. Par ailleurs, la lutte contre la corruption constitue un autre axe de la politique à  venir du Nouveau Président de la République. Pour cela, IBK promet une gestion rigoureuse des deniers publics et nul ne s’enrichira sur le dos des Maliens et de manière illicite. Il faut donc s’attendre à  un renforcement des institutions liées à  cette lutte qui constitue un challenge herculéen. L’urgence de la réconciliation nationale Mais avant tout cela et dès le lendemain de l’investiture, précise Ibrahim Boubacar Keita, engager la réconciliation nationale demeure le tout premier chantier. Le dialogue avec les groupes armés du Nord, les voies et moyens pour restaurer l’unité nationale :  » Elle demeure la priorité la plus pressante. Dès demain, nous enclencherons les actions appropriées pour forger des solutions robustes en vue d’une paix durable afin que nous sortions définitivement de la répétition cyclique des crises dans le Nord du pays », dixit le Président de la République. Pour l’heure, IBK vient d’être investi. Et a déjà  formé son équipe gouvernementale, affirme t-on. Il sera donc le capitaine d’un bateau Mali, qui a bien failli tanguer, mais n’a surement pas chaviré…

Transparency International: les pots-de-vin toujours en hausse

Plus d’une personne sur deux estime que la corruption s’est aggravée au cours des deux dernières années, selon le « Baromètre mondial de la corruption » de Transparency International, la plus vaste enquête d’opinion sur la corruption menée à  l’échelle mondiale. Les personnes sondées sont néanmoins fermement convaincues qu’elles peuvent changer la donne et affirment leur volonté de mettre fin aux pratiques de corruption. l’enquête, réalisée auprès de 114 000 individus dans 107 pays, démontre que la corruption est un phénomène omniprésent. Au cours des 12 derniers mois, 27 % des personnes interrogées ont dû s’acquitter d’un pot-de-vin pour accéder à  certains services publics ou à  certaines institutions. Aucun progrès n’a donc été réalisé depuis les précédentes enquêtes. Près de 9 personnes sur 10 ont déclaré vouloir agir contre ce phénomène Deux tiers des personnes s’étant vues demander un pot-de-vin ont refusé, ce qui semble indiquer que les Etats, la société civile et le secteur privé doivent intensifier leurs efforts pour inciter les populations à  lutter contre la corruption. « La pratique des pots-de-vin reste très courante dans le monde, mais les populations savent désormais qu’elles ont le pouvoir de mettre fin à  la corruption ; nombreuses sont les voix qui s’élèvent aujourd’hui contre les abus de pouvoir, les transactions secrètes et les pots-de-vin », affirme Huguette Labelle, présidente de Transparency International. Les institutions n’inspirent plus confiance Le Baromètre mondial contre la corruption 2013 montre également que, dans de nombreux pays, les citoyens ne font plus confiance aux institutions censées lutter contre la corruption et contre les autres formes de criminalité. La police est considérée comme l’institution la plus corrompue dans 36 pays, au sein desquels 53 % des citoyens se sont vu réclamer des pots-de-vin par la police. La justice est considérée comme l’institution la plus corrompue dans 20 pays, au sein desquels 30 % des citoyens ayant été en contact avec le système judiciaire se sont vu réclamer des pots-de-vin. La classe politique elle-même doit s’efforcer de regagner la confiance des citoyens. Le Baromètre mondial de la corruption 2013 fait état d’une crise de confiance vis-à -vis de la classe politique et relaie les doutes des citoyens quant à  l’efficacité des institutions de justice. Dans 51 pays, les partis politiques sont considérés comme l’institution la plus corrompue. 55 % des personnes interrogées estiment que l’action du gouvernement obéit à  des intérêts particuliers. Les dirigeants politiques peuvent montrer l’exemple en publiant leurs déclarations de patrimoine ainsi que celles de leur famille proche. Les partis politiques – et leurs candidats à  titre individuel – doivent déclarer leurs sources de financement et leurs revenus, de manière à  indiquer clairement qui les finance et révéler ainsi les conflits d’intérêts potentiels. Des recommandations pour remédier à  cette situation Il s’agit notamment de garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire, mais aussi de mettre en place des codes de conduite pour ceux qui travaillent pour les Etats. L’organisation recommande également la mise en oeuvre de lois visant à  encourager la dénonciation et l’adoption des normes des Nations Unies sur les marchés et la gestion financière. Cependant, avec un quart des personnes qui ont admis avoir déjà  corrompu quelqu’un, la lutte contre ce fléau est loin d’être gagnée car la corruption est souvent profondément ancrée dans les mœurs.

Lutte contre la corruption : Prenons-en de la graine!

Transparency International nous rassure, la corruption a encore de beaux jours devant elle sur notre continent. Dans son dernier rapport, elle alpague une nouvelle fois les pays les plus pauvres dont forcément les nôtres comme ceux o๠l’argent est le moins bien utilisé. Détournement, racket, et J’en passe. D’habitude, quand ce genre de rapport est publié, nos gouvernants crient à  la mauvaise foi et exhibent les nombreux efforts qu’ils ont fait pour vaincre le fléau : juridictions spéciales par-ci, institutions type vérificateur général par-là  et même tribune pour dénoncer les abus comme notre Espace d’Interpellation Démocratique. Malgré tout, la corruption semblait être la chose la mieux partagée… Notez bien le « semblait ».Car, on dirait bien que ce soit en train de changer. Et de bons exemples poussent à  croire que cette fois-ci l’engagement est réel. Il est vrai que le phénomène a fait tellement de mal à  nos économies et aux populations qu’il serait bien temps de prendre « ce » taureau par les cornes. l’actualité, C’’est le Niger. Le Président de la République de ce pays, au bas de l’échelle du PIB par habitant dans le monde, a décidé que quiconque avait ou détournait encore des fonds publics serait poursuivi et châtié, fut-il du camp présidentiel. Pour ce faire, il a instruit son ministre de la justice qui vient d’adresser au Président de l’Assemblée Nationale une demande de levée d’immunité parlementaire pour poursuivre des députés, proches du pouvoir ou pas. C’’est aussi le Burkina Faso o๠les dépenses pharaoniques de la famille et des amis du Directeur Général de la Douane ont finalement poussé les autorités à  l’action. Là  aussi, C’’est le chef de l’Etat en personne qui est monté au créneau et a annoncé officiellement son limogeage et l’ouverture d’une enquête. Chez nous, C’’est le tout-puissant Super Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie, qui a passé un moment, certainement pas très agréable, avec le juge anti-corruption. On applaudit donc à  tout rompre. Encore faudrait-il que cela continue et surtout que la quête de la transparence ne se transforme pas en chasse aux sorcières. Quand on voit le nombre de fonctionnaires qui possèdent des biens qu’ils n’auraient jamais pu acquérir avec leur salaire, des gamins de 20 ans au volant de grosses berlines ou propriétaires d’immeubles…on se dit qu’on a encore du boulot. La corruption, C’’est aussi ces petits faits de tous les jours, comme « déposer une pierre sur un dossier » et qui ne nous surprennent même plus. Des actions comme celle en cours au Niger ou Burkina Faso doivent, pour marquer les esprits, s’inscrire dans la durée. Si, bien entendu, le résultat recherché est bien de lutter contre la corruption et non de chercher des poux dans la tête de certains amis devenus embarrassants. Le nombre de dossiers restés sans suite dans les tiroirs des tribunaux ou ailleurs, donne malheureusement raison aux sceptiques. Un grand homme a dit un jour que « servir d’exemple est aussi une façon de servir ». Chers dirigeants, suivez l’exemple du Président Kagamé du Rwanda qui n’a pas hésité à  jeter sous les verrous son ami d’enfance, pour détournement de fonds. Ami à  qui il rend visite chaque semaine, histoire de montrer que nul, quel qu’il soit, n’est au dessus de la loi. Prenons-en de la graine…

Rififi à la FIFA

« Une crise ? Qu’est-ce qu’une crise ? Le foot n’est pas en crise, vous avez vu la finale de la Ligue des champions samedi, avec tout ce fair-play. Il y a seulement des difficultés », a lancé M. Blatter lors d’une interview accordée hier. Le scrutin présidentiel prévu pour ce 1er juin au sein de la FIFA est-elle en train d’avoir raison de la quiétude des dirigeants de l’institution ? Il faut le croire, au vu de tout le ramdan des derniers jours au cours desquels on a entendu parler d’une mise en cause de Blatter dans un scandale de corruption et la mise à  l’écart de quatre personnalités dont le principal challenger Mohammed Bin Hammam. Ce dernier, qui s’était retiré de l’élection présidentielle de la FIFA, a été suspendu le temps de l’enquête de corruption liée au scrutin présidentiel du 1er juin, tandis que le « président sortant Joseph Blatter a été blanchi », a indiqué dimanche l’instance du football mondial. Cette suspension le temps de l’enquête concerne aussi Jack Warner, président de la Concacaf et vice-président de la FIFA, et deux personnalités moins en vue, deux responsables du foot caribéen, Debbie Minguell et Jason Sylvester. Election repoussée ? Non. Le scrutin présidentiel de la FIFA est bien maintenu comme prévu le 1er juin, en dépit de cette affaire de corruption présumée. Son adversaire étant hors course, Blatter, 75 ans, est donc seul candidat à  sa succession mercredi pour un quatrième et dernier mandat. La Fédération anglaise de football a, quant à  elle, demandé le report de l’élection. Dans un communiqué, le président de la FA, David Bernstein, demande « le report de l’élection et un processus plus crédible, afin qu’un autre candidat réformateur puisse avoir l’occasion de se présenter à  la présidence ». Il a aussi réclamé « la nomination d’un groupe indépendant qui pourra faire des recommandations sur la façon d’améliorer la gouvernance » de la FIFA. Les critiques déjà  virulentes en Angleterre contre la FIFA ont redoublé depuis que le pays n’a pas obtenu l’organisation de la Coupe du monde pour 2018. C’est la Russie qui a été choisie pour organiser le Mondial 2018. Par ailleurs, une dizaine de délégués asiatiques, sur les 46 fédérations de la Confédération asiatique (AFC), qui devaient assister au Congrès de la FIFA à  Zurich mardi et mercredi, sont repartis en soutien à  Mohammed Bin Hammam, suspendu. « Neuf ou dix d’entre eux sont repartis après être arrivés ici, c’est un sentiment d’outrage qui règne parmi les délégués à  qui j’ai parlé par rapport à  la décision du comité d’éthique ». Mohammed Bin Hammam, homme d’affaires du Qatar, 62 ans, président de la Confédération asiatique, a retiré sa candidature à  la présidence dans la nuit de samedi à  dimanche, avant d’être suspendu le temps d’une enquête interne du comité d’éthique de la FIFA sur une fraude présumée liée au scrutin. Un autre membre éminent du comité exécutif de l’instance, sorte de gouvernement du football mondial, Jack Warner, originaire de Trinidad et Tobago, président de la Concacaf, purge également une suspension similaire dans la même affaire depuis dimanche. Qatar 2022, acheté? « Possibles violations » du code éthique et « fraudes » liées au scrutin au cours d’une réunion de la Confédération des Caraà¯bes (CFU), conjointement organisée par Bin Hammam et Warner. Voilà  les soupçons qui pèsent sur les personnalités misent en cause dans cette affaire. Selon des médias britanniques, Bin Hammam et Warner auraient offert pour 40 000 dollars (36 000 euros) de cadeaux à  des Fédérations nationales en échange de leurs votes à  l’élection présidentielle, lors d’une réunion à  Trinidad les 10 et 11 mai. Bin Hammam est également accusé par la presse britannique d’avoir monnayé des voix pour que le Qatar obtienne la Coupe du monde en 2022. Le vote s’était passé dans des conditions très contestées par les autres pays candidats et le Qatar avait été accusé d’avoir soudoyé des membres du Comité. Par ailleurs, Blatter a déclaré lundi qu’il n’y avait pas de preuve et donc pas de raison d’ouvrir une enquête sur l’attribution du Mondial 2022 au Qatar, en dépit d’une commission d’enquête parlementaire britannique et de révélations d’un journal anglais. Le 10 mai dernier, le député britannique Damian Collins avait affirmé que des éléments non encore divulgués d’une enquête de l’hebdomadaire Sunday Times prouveraient que le Camerounais Issa Hayatou, vice-président de la FIFA et président de la Confédération africaine (CAF), et un autre membre du comité exécutif, l’Ivoirien Jacques Anouma, avaient monnayé leur vote pour le Qatar.

Une femme chez les incorruptibles du Mali

Mariko Wassala Diallo nage à  contre-courant. Alors que les étudiantes sont souvent orientées vers les filières littéraires, elle décroche une maà®trise en finances publiques en 1975 à  Bamako, la capitale malienne. En prime, elle intègre quelques années le Trésor Public, avant de suivre une formation complémentaire en France. Retour au pays en 1983, o๠elle reprend du service au Trésor… Sept ans plus tard, changement de cap. Mariko Wassala Diallo se passionne pour l’audit, apprend le métier en Côte d’Ivoire, au Bénin et au Sénégal, o๠elle est née. En poste au Contrôle général d’Etat (rebaptisé Contrôle général des services publics) du Mali, elle constate que rares sont les employées. Il faut dire que si elles ne sont pas encouragées dans cette voie, les femmes rechignent aussi à  exercer une profession peu appréciée. «Dans le temps, au Mali, les gens n’aimaient pas le contrôle –les femmes, surtout. C’’était vraiment mal vu quelqu’un qui allait contrôler dans une entité», raconte sans complexe l’auditrice, dont le foulard aux nuances bleues est assorti au boubou. Le défi de l’anticorruption Nouvelle escale. Cette fois, Mariko Wassala Diallo entre à  la Cellule d’appui aux structures de contrôle, un organe présidentiel. Elle y reste six ans, puis se lance un nouveau défi: travailler auprès du vérificateur général. Vérificateur général? Plus prosaà¯quement, il s’agit du numéro un de la lutte anticorruption. Le Parlement avait voté le 25 août 2003 la création de cette fonction –une promesse de campagne du chef de l’Etat Amadou Toumani Touré (ATT), inspiré par le modèle canadien. Nommé par le Président, l’expert-comptable Sidi Sosso Diarra revêt en 2004 le costume de monsieur Propre pour un mandat de sept ans, non renouvelable. Un appel à  candidature est lancé pour la constitution de son Bureau (BVG). Main de fer dans un gant de velours, Mariko Wassala Diallo tente sa chance en 2005. «Lutter contre la corruption, C’’est très bien: dans nos pays, les ressources sont très limitées. Donc le peu qu’on a, on doit l’utiliser rationnellement. Comment faire? Il faut un contrôle rigoureux pour mettre des garde-fous.» Toute la raison d’être du BVG, qui se doit d’assurer un «contrôle de performance et de qualité des services et organismes publics et en particulier des programmes et projets de développement», ainsi qu’un examen de «la régularité et la sincérité des opérations de recettes et de dépenses». Des prérogatives notamment destinées à  rassurer les investisseurs étrangers et les bailleurs de fonds, qui peuvent demander un audit, au même titre que les députés ou encore le Premier ministre. Le profil de Mariko Wassala Diallo, fille d’un fonctionnaire et d’une ménagère, fait mouche. «J’ai postulé, et J’ai gagné!», résume-t-elle avec l’assurance d’une battante. Elle devient vérificatrice du BVG –la seule femme de tout le collège de vérificateurs. Aujourd’hui, le paysage n’a guère changé. «Nous sommes treize, dont une seule femme: moi.» Ses relations avec ses collègues hommes? «Sincèrement, il n’y a pas de différence entre nous. Dès le départ, je me suis confondue avec eux. On était tous pareil, J’étais traitée pareil que les hommes! Je n’ai eu aucune réflexion, et tout le monde prenait part aux décisions.» Il n’empêche qu’elle aimerait bien voir plus de boubous, tailleurs et autres jupes autour d’elle. «Il faut faire la promotion de la femme», plaide-t-elle, le regard insistant à  travers ses lunettes. D’ores et déjà , les femmes s’orientent de plus en plus dans les filières d’audit. Mais la route est longue: parmi la quarantaine de jeunes vérificateurs-assistants recrutés pour seconder les cadres du BVG, seuls neuf sont des femmes. Au final, 23% du personnel du Bureau est féminin… Changement de comportements Concernant la lutte anti-corruption, «de 2004 à  2011, le montant total du budget mis à  la disposition du Bureau du vérificateur général sur le budget national s’est élevé à  21,8 milliards de FCFA [33,2 millions d’euros, ndlr]», indique le rapport bilan 2004-2011 du BVG (PDF). Pas énorme, mais de quoi obtenir quelques résultats. «On a constaté que les comportements ont changé», salue Mariko Wassala Diallo. «On fait des recommandations concernant les dysfonctionnements dans les institutions, les services… Et elles sont suivies, même si ce n’est pas à  100%.» En outre, les rapports annuels du BVG, publiés sur son site et remis au chef de l’Etat, seraient particulièrement dissuasifs. Et bien qu’elle demande à  être affinée, la collaboration avec la justice participerait aussi à  décourager la corruption et la mauvaise gestion. Le BVG peut en effet saisir directement le procureur de la République en cas d’infraction pénale. «Il y a eu des condamnations, des remboursements: quelques dizaines de milliards ont été remboursés», confie avec fierté Mariko Wassala Diallo, en feuilletant la présentation qu’elle a délivrée lors du premier Forum des femmes élues locales d’Afrique à  Tanger (Maroc, du 8 au 11 mars 2011). Toujours est-il que «quelques dizaines de milliards» de francs CFA, C’’est une goutte d’eau. «Sur la période 2004 à  2010, le BVG a effectué 102 vérifications financières dans 79 entités. Ces vérifications ont mis en lumière près de 382,93 milliards de FCFA [584 millions d’euros] de manque à  gagner pour le Trésor Public et les entités vérifiées, dont 252,81 milliards de FCFA [385 millions d’euros] proposés au recouvrement», indique le rapport bilan. Soit un manque à  gagner équivalent aux estimations d’investissements nécessaires pour faire passer la couverture en eau potable de 62% en 2004 à  82% en 2015… Fin mars 2011, Sidi Sosso Diarra a rendu son tablier. Son successeur, le magistrat Amadou Ousmane Touré, a prêté serment le 18 avril devant la Cour suprême du Mali. Familier des questions de délinquance financière, il est réputé plus discret que Sidi Sosso Diarra Â–à  qui certains reprochaient, même au plus haut niveau de l’Etat, des rapports à  sa charge ou des discours «spectacles» sur la corruption… «C’’est normal de faire de la publicité, souligne Mariko Wassala Diallo, très touchée par l’arrestation de Sidi Sosso Diarra en 2009, dans le cadre de déboires judiciaires avec d’ex-employés. Cela empêche les autres de mal se conduire, C’’est une manière de lutter contre la corruption!» Après un long lobbying, des administrations commencent à  se faire à  l’idée d’être chaperonnées. Mais d’autres font preuve de mauvaise volonté. «Des services sont réticents, témoigne avec un calme olympien Mariko Wassala Diallo. Ils font de la rétention d’information, de documents même, parfois. On met des mois à  obtenir ce dont on a besoin, on nous fait tourner en rond: « Revenez dans un mois, dans deux mois… » Alors on les harcèle, et ça les rend un peu nerveux…» A-t-on essayé de les soudoyer? Peut-être par prudence, elle précise juste qu’«on a mis le paquet». En clair, «les vérificateurs et les vérificateurs-assistants sont bien payés pour éviter la corruption». Elle conclut cependant: «Le Bureau a eu énormément de problèmes, énormément de pressions. Notre indépendance [pose] un vrai problème.»

A quoi servent les rapports anti-corruption au Mali ?

«Â Je serai très exigeant sur la gestion des ressources publiques. Et la lutte contre la corruption et la délinquance financière sera mon cheval de bataille ». C’’est en ces termes que le président Amadou Toumani Touré s’est exprimé sur la corruption dès le début de son accession à  la magistrature suprême en juin 2002. Par cette déclaration, le chef de malien faisait preuve d’une volonté politique de s’attaquer à  un phénomène aussi délicat que la lutte contre la délinquance financière. Neuf ans après, de sérieuses interrogations demeurent quant aux résultats de cette déclaration. Du moins si l’on se réfère aux cas de détournement des biens publics et de corruption dénoncés par les différents rapports de contrôle. De 2002 à  nos jours, près d’une dizaine de rapport de contrôle sont produits. Le seul Bureau du Vérificateur Général, un instrument de vérification de contrôle de la gestion des ressources publiques, a fourni trois rapports édifiants parmi les 7 livrés pendans le mandat de Sidi Sosso Diarra. Le premier a porté sur un manque à  gagner de 20 milliards, le deuxième sur plus de 100 milliards, et le troisième a concerné un déficit constaté de d’environ 80 milliards de francs CFA. Par ailleurs, d’autres vérifications effectuées courant 2005-2006-2007 ont signalé un manque à  gagner de 138,58 milliards de F CFA, et seuls 31,78 milliards de F CFA ont été recouvrés. Le dernier rapport de la CASCA (Cellule d’Appui aux Services de Contrôle de l’Administration), remis la semaine dernière au président de la République, ne relève pas une baisse du phénomène. Encore moins les assises des «Â Etats généraux sur la corruption et la délinquance financière » organisées fin 2009. « C’’est de la diversion » A quoi servent alors les rapports de contrôle au Mali ? En réponse à  la question, Etienne Sissoko est catégorique. Pour lui, « ils ne servent qu’à  faire diversion ». Selon ce docteur en sciences économiques (diplômé de l’Université Paris X à  Nanterre), « les rapports au Mali sont publiés pour amuser la galerie ». « Le principe est connu, dit-il. Lorsqu’il s’agit d’attribuer de l’aide au développement à  des pays comme le nôtre, les bailleurs de fonds procèdent par tranche de 3 volets : les deux premiers sont mis à  disposition, et la troisième tranche n’est débloquée qu’après publication de rapports de contrôle. Comme une façon de montrer que la bonne gouvernance est mise en avant. Mais en réalité, ajoute, notre interlocuteur, ce sont des rapports pour la formalité ». Comme solution, le Dr Etienne Sissoko préconise que l’Etat prenne ses responsabilités. « On connait les secteurs o๠il y a problèmes » dit-il, plaidant pour la création de véritables structures répressives. « Le détournement et la corruption sont des fautes graves et répréhensibles dans le Code pénal. Il faut donc punir les fauteurs et les auteurs des malversations », préconise notre interlocuteur. Qui déplore « les limites du Pôle économique », dirigé par le juge anti-corruption. La faiblesse des revenus en cause Amadou Garan Kouyaté, lui, n’en dira pas moins. Professeur d’économie à  la FSJE (Faculté des sciences économiques de l’Université de Bamako), il dirige le Groupe de réflexion et de recherche sur la corruption. Pour lui, tout contrôle a un intérêt. Cependant, ajoute-t-il, l’impact de ces rapports semble très faible dans la réduction de la corruption. l’une des explications à  l’ampleur du phénomène réside, selon lui, dans la faiblesse du revenu des gens. « Tu ne peux pas demander à  quelqu’un de bien gérer des millions, alors qu’il a le salaire le plus bas. Et je crois que C’’est pour cela l’Etat lui-même, a pris les précautions en attribuant un salaire faramineux au Vérificateur général. Pourquoi n’en fait-il pas de même pour ses autres employés ? s’interroge notre interlocuteur. Qui ajoute que dans tous les pays du monde, toutes les enquêtes ont démontré que l’une des causes de la corruption, C’’est la faiblesse du revenu. On attribue des salaires de misère au gens et leur demander d’être transparents. C’’est absolument impossible. Je crois que l’Etat doit protéger les gens en augmentant leurs revenus », a déclaré M. Amadou Garan Kouyaté. Qui déplore par ailleurs le système de lutte adopté par le chef de l’Etat. « En lieu et place des poursuites judiciaires, l’Etat exige que le coupable rembourse ce qu’il a volé. Je crois que cette approche ne fait qu’empirer le phénomène. Car, C’’est comme si on avait prêté de l’argent à  l’Etat. Rembourser est obligatoire, mais le côté pénal, à  travers des poursuites, est impératif. Il faut que cette sanction soit là  pour dissuader les gens » conclut l’universitaire.

Corruption à la FIFA : Trois ans de suspension pour Amadou Diakité

De lourdes sanctions, pour l’exemple Après un mois de procédure, suite à  une enquête publiée par le journal britannique Sunday Times le 17 octobre, la FIFA a donc sévit. A l’origine de cette affaire, des journalistes qui se sont fait passer pour des lobbyistes favorables à  l’organisation du Mondial par les Etats-Unis. Ils ont approché des membres du comité exécutif de la Fifa – enregistrés à  leur insu – en leur proposant de monnayer leur vote lors de la désignation des prochains pays d’accueil de la Coupe du monde en 2018 et 2022. Le Nigérian Amos Adamu, président de l’Union des fédérations ouest-africaines (Ufoa), aurait accepté le deal en réclamant, en échange de son vote, quelque 580 000 euros. Le Tahitien Reynald Temarii, vice-président de la Fifa et patron de la Confédération océanique de football (OFC), aurait réclamé pour sa part 1,7 million d’euros pour créer une académie. à€ l’issue de trois jours de réunion, la commission d’éthique de la Fifa a rendu sa décision le jeudi 18 novembre, au siège de l’organisation, à  Zurich (Suisse). Amos Adamu, membre du Comité exécutif et président de l’Union des fédérations ouest-africaines (Ufoa) écope d’une « interdiction d’exercice de toute activité relative au football (administrative, sportive ou autre) à  un niveau national et international pour une durée de trois ans » et d’une amende de 10 000 CHF (francs suisses, environ 7 440 euros), pour s’être rendu coupable de corruption, selon le code d’éthique de l’instance mondiale du football. Quant à  Reynald Temarii, vice-président de la Fifa et patron de la Confédération océanique de football (OFC), il a écopé d’une interdiction d’activité d’un an et a été condamné à  une amende de 5 000 CHF (3 720 euros). Les quatre autres officiels, anciens membres du Comité exécutif ont également été sanctionnés, tous accusés par la Fédération d’avoir enfreint plusieurs articles du code d’éthique. Chacun d’entre eux devra s’acquitter d’une amende de 10 000 CHF et est interdit d’exercer une activité liée au football aux niveaux national et international pendant deux à  quatre ans. C’’est le cas du Malien Amadou Diakité (membre de la commission des arbitres de la Fifa) qui écope de trois ans de suspension. Pressenti pour briguer un mandat au Comité exécutif de la Fédération, il voit ses ambitions s’envoler. Des réactions contrastées Du côté de Bamako, les réactions sont nombreuses et contrastées. « Nous allons interjeter appel au niveau du tribunal arbitral des sports (TAS). C’’est une aberration et une conspiration contre Amadou Diakité, qui n’est même pas membre de la FIFA, a réagi un parent du dirigeant sportif. « l’acte de Diakité ternit l’image de l’ensemble des acteurs du football malien et réduit profondément à  néant les chances du Mali à  siéger au sein du comité permanant de la FIFA. Surtout qu’il avait été jusqu’en 2006 membre africain à  la FIFA. C’’est vraiment dommage que Diakité arrive à  une telle extrémité », a déclaré un responsable du ministère malien des Sports. Pour l’instant, aucune déclaration officielle n’est venue ni de la fédération malienne de football et ni du ministère de la Jeunesse et des Sports concernant la sanction qui frappe Amadou Diakité. C’’est surtout le silence de M. Diakité qui trouble le plus. Le principal intéressé par cette affaire n’a fait aucune déclaration et la presse malienne, qui ne veut pas le desservir, est obligée elle aussi d’observer une certaine réserve. « Je ne comprend rien à  cette histoire. Je voudrais savoir aussi les raisons qui font que Amadou Diakité s’enferme dans un mutisme total, en refusant de donner sa version des faits aux médias nationaux. Se reproche-il quelque chose ? s’interroge Drissa Koné, journaliste à  la télévision malienne. Il relève en outre que cette affaire « est très mal venue » pour Amadou Diakité qui était en campagne pour reconquérir son fauteuil de membre du comité exécutif de la FIFA. « Mais nous ne savons pas quelles attitudes prendre pour le défendre, tant qu’il refuse de communiquer »,a constaté Drissa Koné.

Dossier : Enquête sur l’état de la corruption au Mali, un phénomène vieux comme le monde

Mal social aux origines séculaires, la corruption s’est irrémédiablement instaurée dans les habitudes. Aujourd’hui, elle gangrène tous les secteurs de la vie publique au Mali et est devenue un mode de fonctionnement normal. Englués dans ce système qui n’épargne aucun secteur de la vie quotidienne, il apparait illusoire de le combattre. Selon de nombreux témoignages, la lutte contre la corruption est une grande illusion à  laquelle se livre à  visage découvert, certains pouvoirs publics au Mali. Nombre de Maliens sont conscients de la perversité du phénomène et de ses conséquences néfastes sur le développement du pays. Pour eux, rien ne bougera, si l’exemple ne vient pas d’en haut. Le mauvais exemple vient très souvent des milieux les plus nantis. Ce milieu censé être à  l’abri de besoin, est par excellence celui qui s’adonnerait le plus aux actes de corruption. Genèse d’un phénomène social Le point d’histoire sur la corruption est très évocateur. La corruption au sens moderne est arrivée au Mali dès le début de l’aventure coloniale. En effet, le premier homme de pouvoir identifiable à  avoir succombé à  la tentation de la corruption au Mali, fut Dioukha Samballa Diallo, roi du Khasso Dembaya. Hawa Demba Diallo, fondateur de la dynastie, avait établi dans sa capitale de Médine des règles privilégiant le dialogue des cultures. En témoignage de ces règles, il donna sa fille en mariage au chef des marchands français du nom de Duranton. Plus tard son successeur, Dioukha Samballah Diallo, accepta de vendre aux Français 4 hectares de terre à  5000 F de l’époque ; montant public de la transaction. En réalité, il accepta aussi de recevoir 1200 F des représentants français voulant le « remercier ». Ce « cadeau » sous forme de rente était payable à  lui personnellement et annuellement. C’’est sur ces 4 ha de terre, que Faidherbe fit construire, en 1855 le fort de Médine. C’’est de ce fort que partira, sous la conduite du colonel Brière de Lisle, la colonne armée qui étendit sur le Mali l’étendard de la colonisation dont la première étape fut la prise par la force de Logo-Sabouciré le 22 septembre 1878. Le reste est devenu de l’Histoire. Plus tard sous le Mali indépendant, les premiers cas retentissants de corruption rendus publics étaient ceux liés à  des « billeteurs » du ministère de l’Education nationale. Les sociologues, historiens, et autres psychologues auraient pu expliquer comment et pourquoi les « nouveaux » leaders nés d’une révolution sanglante de 1991 ont tant voulu s’enrichir si vite au point de faire de la corruption une industrie à  part entière, et même l’industrie la plus profitable au Mali. Dans ce pays, o๠le sens de l’honneur et de la dignité étaient très forts, il est arrivé que des hommes et des femmes n’hésitent plus à  se vanter de posséder des biens soustraits à  autrui. Ceci est une tragédie morale nationale et historique. Pour la première fois dans l’histoire du Mali, nous avons vu, depuis 1991, l’apparition de véritables ingénieurs de la malversation, du détournement de fonds publics à  des fins personnelles. Lorsqu’il a fallu procéder à  des audits, les termes de référence furent écrits de façon à  ce que « les aiguilles recherchées soient sous certains pieds pendant que les auditeurs avaient mandat explicite de chercher partout sauf sous les pieds ». Ampleur d’un phénomène «Â Vu l’ampleur de la corruption, l’arrêter sans créer des sources alternatives de financement reviendrait soit à  arrêter l’économie toute entière soit à  voir apparaà®tre d’autres formes plus sophistiquées de malversation », pense un observateur. De ce fait, dit-il, il faut créer, sans attendre des possibilités de créer de la richesse et de permettre à  chaque Malien d’accéder à  la richesse créée. « Ici, C’’est comme ça », explique pour sa part cet opérateur économique précisant même que, « C’’est une spécificité malienne… Bouffer l’autre, sinon, bouffer tout simplement est devenu normal ».Ainsi, selon cet agent du foncier, chargé du relevé de terrains qui doivent être morcelés, discutant avec l’un de ses amis : « Tu sais le travail marche mal… », se plaint-il. « Mais, s’étonne l’ami, tu es toujours fonctionnaire ? » Sa réponse est révélatrice : « Oui, mais il n’y a pas assez de clients ». C’’est clair, pour lui, son travail ne consiste pas à  effectuer une tâche pour laquelle il perçoit un salaire de l’Etat, mais à  faire des affaires en faisant payer une certaine somme d’argent à  chaque « client » qui a besoin d’un relevé. Ainsi, ce chauffeur de taxi interrogé à  propos de l’attitude des policiers de la circulation explique : « nous, on préfère payer 500 Fcfa ou 1 000 Fcfa au policier que 5 000 Fcfa au GMS ». Dans l’administration, « bouffer, C’’est devenu normal ». Aux médecins dont nombre, de mèche avec les pharmaciens de quartier touchent une commission sur les médicaments vendus et allongent sans utilité les ordonnances ? A ceux qui prescrivent des examens de laboratoire sans rapport avec la maladie afin d’avoir leur pourcentage sur les examens effectués ? Aux juges censés défendre les honnêtes gens, mais qui ont pris l’habitude de se renseigner auprès des avocats avant les procès pour savoir combien sont prêts à  payer les uns et les autres afin d’avoir gain de cause ? Aux journaux qui ne cessent de dénoncer les « détournements de fonds » et la corruption dont usent les partis politiques, mais qui ne sont pas à  l’abri de ces pratiques ? La corruption et son impact sur la vie économique. Selon une étude anonyme, il nous est revenu que 80 % des maisons en villa appartiendraient à  des fonctionnaires ou assimilés et 90 % des terrains appartiendraient à  la même catégorie d’individus ; les fonctionnaires. En d’autres termes, 85 % des projets immobiliers en cours, chaque projet revenant à  plus de 70 millions CFA, seraient entrepris par des fonctionnaires dont le revenu annuel connu serait inférieur à  un million CFA. C’’est dire que si ces entreprises étaient faites honnêtement, ces personnes devraient travailler 70 ans et dédier la totalité de leurs revenus durant ces 70 ans pour les réaliser. Tous les témoignages concordent pour dire que ces projets durent en moyenne 2 ans. Ainsi la seule conclusion crédible est que ces projets sont financés par de l’argent ayant une origine non déclarée. Des structures de contrôle pour rien ? Malgré la panoplie d’instruments crées par les autorités, la lutte contre la corruption ne semble véritablement pas déclenchée. Les plus hautes autorités, garant de cette lutte, donnent-ils raison au Dr Daniel Téssougué (magistrat malien) qui, à  propos de lutte contre la corruption, aime à  dire que «Le moustique ne fabriquera jamais l’anti-moustique». Idéologues qu’il soit, Daniel A. Téssougué invite toutes les forces vives maliennes à  se lever comme un seul homme pour demander aux autorités maliennes d’arrêter la comédie en cours dans le pays pour exiger une véritable politique de lutte contre la corruption dans le pays. La Cellule d’appui au structures de contrôle de l’administration (Casca) en passant pas le contrôle général des services publics, tous sont des instruments crées par l’Etat pour juguler le fléaux de la corruption au Mali. Aussi, l’Institution du Vérificateur général dans notre pays suscite les commentaires les plus divers. Si pour certains, c’est une structure de trop, pour d’autres le Vérificateur général a bien sa place dans l’arsenal juridique anti-corruption au Mali. Ingénieur agronome, Modibo Diakité, membre fondateur de Transparence Mali, se penche sur les chances de succès de la nouvelle institution dans l’environnement malien. Il faut noter que la structure a été créée pour renforcer l’arsenal répressif de la corruption au Mali est une promesse du candidat Amadou Toumani Touré (ATT). Ainsi par la Loi N°03-030 du 25 août 2003 il a été institué au Mali un Vérificateur Général, autorité indépendante chargée de la vérification générale. L’une des composantes de sa mission étant «de contrôler la régularité et la sincérité des opérations de recettes et de dépenses effectuées par les institutions de la République, les administrations d’Etat, les collectivités territoriales, les établissements publics ou tout autre organisme bénéficiant du concours financier de l’Etat». Il est légitime que la volonté politique de lutter contre la corruption en général et d’instituer l’institution du Vérificateur Général en particulier suscitent scepticisme et méfiance de bon nombre de maliens. Elle est pourtant pertinente quant il s’agit de relever certaines anomalies de gestion comme dans la dernière affaire, du Fonds Mondial ou d’importants détournements au ministère de la santé, ont révélé l’ampleur du mal au Mali. En tout état de cause, la lutte contre la corruption s’établit comme une entreprise de longue haleine si complexe et difficile que le pragmatisme devrait être de mise pour tester si possible au moindre coût l’adaptation au Mali de tout arsenal anticorruption jugé satisfaisant sous d’autres cieux.