CPI: près de 72 millions de FCFA pour les mausolées de Tombouctou

L’Allemagne s’est engagé à verser une contribution volontaire de près de 72 millions de francs CFA pour soutenir les mesures de réparation visant des bâtiments à caractère religieux et historiques détruits à Tombouctou lors d’une attaque dirigée le djihadiste Ahmad Al Mahdi, selon le Fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale.

Neuf mausolées et une mosquée avaient été détruits en juin et juillet 2012. Tous, sauf un, étaient inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. « L’Allemagne est très heureuse de contribuer à hauteur de 110 000 € au travail essentiel du Fonds au profit des victimes des atrocités de masse et de leurs familles », a déclaré Dr. Cyrill Jean Nunn, ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne aux Pays-Bas.

Pour le Directeur exécutif du Fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale, Pieter de Baan, cet engagement allemand « continue de faire en sorte que les victimes puissent surmonter les préjudices subis du fait de la commission de crimes internationaux et retrouver leur dignité et leur résilience ».

Le 27 septembre 2016, la Chambre de première instance VIII avait conclu « qu’Ahmad Al Mahdi était coupable du crime de guerre consistant à avoir dirigé intentionnellement des attaques contre des bâtiments à caractère religieux et historique à Tombouctou ».

À ce jour, la CPI a rendu quatre ordonnances de réparation; dans les affaires Lubanga, Katanga, Al Mahdi et Ntaganda.

Geoffroy Julien Kouao : « Les autorités ivoiriennes ont envoyé un message d’apaisement »

Condamnée en 2015 pour atteinte à la sûreté de l’État, Simone Gbagbo, l’ex Première Dame ivoirienne vient de bénéficier de l’amnistie accordée par le Président Alassane Dramane Ouattara le 6 août. Quelles sont les implications politiques d’une telle décision et peut-elle avoir des conséquences sur la procédure de la CPI ? Geoffroy Julien Kouao, analyste politique, répond à nos questions.

Quelles peuvent être les conséquences de cette amnistie ?

La première est la remise en liberté de l’ex Première Dame. Les conséquences politiques sont notamment la décrispation de l’atmosphère politique en Côte d’Ivoire. Le geste du chef de l’État est un geste d’apaisement à l’endroit de toute la classe politique.

Pourrait-il y avoir d’autres conséquences politiques, comme une participation à une élection de Madame Gbagbo ?

C’est d’abord et avant tout une femme politique, et il n’y a pas d’âge pour en faire. Elle va continuer, c’est une évidence. Maintenant, si vous me demandez si elle sera candidate à la prochaine élection présidentielle, dans tous les cas de figure la Constitution dit qu’il n’y a pas d’âge limite pour être candidat. 2020 c’est encore loin, mais elle va sûrement jouer un rôle majeur au sein du Front populaire ivoirien.

Est-ce que sur le plan personnel,  quelque chose a changé pour elle ?

Après 7 ans de prison, on ne peut être que physiquement affecté et moralement atteint. C’est une dame qui a une carapace assez solide pour endurer toutes ces souffrances. Les premières photos que l’on a d’elle sur les réseaux sociaux montrent que c’est une dame qui est physiquement et moralement  affectée, mais elle a une grande capacité de résilience et il faudra compter avec elle dans l’avenir sur le champ politique ivoirien.

Cette libération peut-elle influer sur la procédure en cours devant la CPI ?

Ce sont deux procédures différentes. Les juridictions ivoiriennes sont nationales et la CPI est internationale. Le principe de complémentarité veut que lorsque des poursuites sont faites au plan national, la CPI n’est plus compétente. Cependant ce ne sont pas sur les mêmes chefs d’accusation et la CPI avait lancé un mandat d’arrêt. Mais le message envoyé par les autorités ivoiriennes quant à l’apaisement et à la réconciliation nationale devrait être entendu et la CPI aller dans le même sens avec Messieurs Blé Goudé et Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, les Ivoiriens ont un désir farouche de réconciliation et de paix.

Jean-Pierre Bemba : L’épouvantail de Kabila

Jean-Pierre Bemba est sorti de prison, en liberté provisoire. Après avoir passé dix années en prison, condamné par la CPI pour sa responsabilité dans les atrocités perpétrées par sa milice en Centrafrique, il a été, à la surprise de beaucoup, acquitté le  08 juin 2018.

La chambre d’appel de la CPI a considéré que la responsabilité de M. Bemba dans les atrocités perpétrées par sa milice en République centrafricaine entre octobre 2002 et mars 2003 n’avait pas été prouvée. Un coup de tonnerre dans le ciel de la justice internationale. Son procès, ouvert à La Haye en novembre 2010, avait été le premier de la CPI mettant en avant la responsabilité d’un commandant militaire quant à la conduite des troupes sous son contrôle. Condamné en  première instance en 2016 à 18 ans de prison, la peine la plus lourde jamais imposée par la CPI, J-P. Bemba a déja passé près de dix années en prison. La chambre d’appel a estimé que, n’étant pas lui-même présent en Centrafrique lors des faits, il n’aurait pas pu contrôler à distance les agissements de sa milice, le Mouvement de libération du Congo (MLC).

10 ans de geôle. C’est l’un des principaux arguments avancés par sa défense pour demander sa libération immédiate. Thijs Bouwknegt, juriste en droit international spécialisé dans les pays africains, cité par Le Monde, estime que la libération du Congolais était « logique ». Reste maintenant à savoir ce que va faire l’ancien vice-président, âgé de 55 ans. « Retrouver sa famille en Belgique »,  où celle-ci est exilée depuis 2007 ;  croit savoir Saleh Mwanamilongo, journaliste congolais. « Même s’il quitte La Haye, il sera en  liberté provisoire, du moins jusqu’à l’audience du 4 juillet prochain », explique-t-il, jugeant « très peu probable » une candidature de J-P Bemba à la prochaine présidentielle dans son pays. Mais l’homme reste très influent. « Même s’il a perdu sa base qui s’est dispersée depuis son incarcération, il est toujours très écouté dans sa province de l’Equateur. Il pourrait être le faiseur de roi », poursuit M. Mwanamilongo qui, comme de nombreux Congolais, se pose des questions sur le chronogramme de cet acquittement. « Les gens se disent que c’est surtout une décision négociée, histoire d’amener une personnalité qui peut faire peur à Kabila, alors que Katumbi et Tsisékédi  n’ont pas réussi à incarner le changement. Son seul grand adversaire reste aujourd’hui Bemba », conclut-il. Bemba, l’épouvantail de Kabila ?

Djihadistes maliens à la CPI : Un pas important pour les victimes

Après la condamnation du djihadiste malien Ahmad Al Faqi en 2016 pour la destruction des mausolées de Tombouctou, un deuxième Malien vient de comparaître devant la CPI, le 4 avril 2018. Une « bonne chose » pour les défenseurs des Droits de l’Homme, même si pour les victimes le processus ne fait que commencer.

« Nous estimons que c’est positif. C’est un début de soulagement pour les victimes, qui attendent depuis 5 ans. C’est une étape importante dans le cadre de la lutte contre l’impunité et, surtout, dans le cadre de la reconnaissance des victimes elles-mêmes », se réjouit Drissa Traoré, Coordinateur de l’Association malienne des Droits de l’Homme (AMDH).

Même si la procédure devant la CPI peut être longue et complexe, « ce qui peut gêner les victimes, qui ont soif de justice », il est essentiel que des poursuites soient engagées. Une procédure longue dont la prochaine étape, « importante », est l’audience de confirmation des charges, prévue le 24 septembre, pour savoir si Alhassane Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud, ex commissaire de la police islamique de Tombouctou, sera jugé ou pas. Chez les victimes, on attend de pouvoir participer à la procédure, en vue de « la manifestation de la vérité », mais surtout pour obtenir réparation. Car si, lors du procès d’Ahmad Al Faqi, les réparations étaient plutôt « symboliques », pour des victimes personnes morales, celles qui ont subi des préjudices dans le cadre des poursuites contre Alhassane pour « crimes sexuels » sont dans des « situations catastrophiques. Certaines ont même été rejetées par la société », selon monsieur Traoré. Il s’agit de femmes victimes de viol et d’autres types d’agressions qui attendent réparation pour se reconstruire.

Plutôt qu’une incapacité de la justice malienne, le recours à la CPI est « l’affirmation des droits inaliénables des victimes à la justice », selon monsieur Traoré, qui voit une « complémentarité positive » qui permet à la CPI d’intervenir lorsque l’État n’en a pas la capacité. Même s’il est vrai que la justice nationale est « plus proche, plus accessible et en mesure d’apporter plus de réparations ». Notre interlocuteur regrette que, malgré le dépôt de plaintes depuis plusieurs années, « la justice malienne n’a pas bougé ».

Si pour certains ces arrestations sont peu « représentatives », elles restent essentielles, car, dans le cadre des poursuites, chaque Procureur a sa politique. L’important « est que des gens soupçonnés soient arrêtés », estime monsieur Traoré, qui ajoute que ce n’est pas la fin du processus. « La situation au Mali est ouverte, tout est possible », même si la procédure de la CPI se limitera à quelques personnes.

Al Hassan à la CPI: Le temps de la Justice?

Mercredi 4 avril 2018, Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud allias « Al Hassan » apparait rasé de près, vêtu d’un costume bleu nuit. Assis à la place du suspect. A la Cour pénale internationale de La Haye. Il y assiste à la toute première étape de la procédure judiciaire devant cette instance internationale en charge de dire le droit. Devant le juge unique de la Chambre préliminaire I de la Cour pénale internationale (« CPI » ou « Cour »), Marc Perrin de Brichambaut, il est représenté par Me Yasser Hassan, égyptien. Poursuivi pour crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, son transfèrement à la CPI a été salué de tous, autorités et acteurs judiciaires en passant par les organisations des droits de l’Homme. Un tel procès soulève cependant également le scepticisme dans l’opinion publique, qui se demande ce qu’il va changer dans la quête de la justice pour les victimes.

« A La Haye, c’est tout sauf une prison pour ces gens-là ». Ces gens-là, ce sont les responsables, commanditaires et auteurs, de crimes commis lors de la crise que le Mali a traversé de 2011 à 2013, « que ce soit les militaires ou les djihadistes », précise d’ailleurs notre interlocuteur, défenseur malien des droits de l’Homme. Un langage pas très « politiquement correct » du point de vue de sa position, « mais le fait est que cette justice internationale, pour l’instant, reste éloignée des préoccupations des victimes. « Les femmes qui ont été violées, les gens qui ont été amputés, persécutés, vivent aujourd’hui au quotidien avec leurs bourreaux. Qu’est-ce que la CPI peut y faire, elle qui s’attaque à des casseurs de mausolées au lieu des briseurs de vie ? », s’interroge pour sa part « Abdou » (pseudonyme), ressortissant de Tombouctou et dont un parent a été victime directe des exactions de la police islamique de Tombouctou. L’homme ignorant la procédure contre « Al Hassan » comme il l’appelle, se réjouit en apprenant que le commissaire de la police islamique qui a régenté la ville pendant les heures sombres de l’occupation va passer devant la justice. Pas encore, tempère le juge de Brichambaut. Il faudra encore tenir l’audience de confirmation des charges dont une nouvelle date a été fixée au 24 septembre prochain. Une audience de confirmation des charges sert à déterminer s’il y a des motifs substantiels de croire que le suspect a commis ces crimes. Mais, si l’on en croit le bureau du Procureur de la CPI, toutes les conditions sont réunies pour que le prévenu, en prison au Mali depuis un an et transféré à La Haye le 31 mars, soit jugé.

Crimes de guerre « Les charges retenues contre Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud sont, tel qu’indiqué dans le mandat d’arrêt émis sous scellé par la Chambre Préliminaire I le 27 mars 2018 : des crimes contre l’humanité de torture, viol et esclavage sexuel, persécution pour des motifs religieux et sexistes et autres actes inhumains. Ainsi que des crimes de guerre d’atteintes à l’intégrité corporelle et atteintes à la dignité de la personne, condamnations prononcées sans un jugement préalable rendu par un tribunal régulièrement constitué et assorti des garanties judicaires généralement reconnues comme indispensables, viol et esclavage sexuel et attaques dirigées contre des bâtiments consacrés à la religion et monuments historiques », explique Richard Nsanzabaganwa, conseiller en coopération internationale auprès du bureau du Procureur. Le djihadiste âgé de 40 ans est originaire d’Hangabera, 10 km au nord de Goundam dans la région de Tombouctou. Il aurait été membre d’Ansar Eddine et commissaire de facto de la Police islamique. Il aurait également été associé au travail du Tribunal islamique à Tombouctou et aurait participé à l’exécution de ses décisions. M. Al Hassan aurait pris part à la destruction des mausolées des saints musulmans à Tombouctou en juin 2012 grâce à l’utilisation des hommes de la Police islamique sur le terrain. Il n’est cependant pas poursuivi pour ce dernier crime pour lequel un autre djihadiste Ahmad Al Faki Al Mahdi a été jugé et condamné pour neuf ans de prison pour sa responsabilité dans ce crime de guerre. Al Mahdi a également été condamné à payer 2,7 millions d’euros en réparation.

Petit poisson « Les chefs de cet homme sont connus et ils sont en liberté », regrette Me Fatoumata Diarra, ancienne juge internationale ayant siégé une quinzaine d’années dans les cours et tribunaux internationaux. « Mais c’est aussi une question de choix. C’est bien l’Etat du Mali qui décide qui il veut envoyer devant la CPI et qui il veut juger lui-même », explique le magistrat. En effet, le Mali qui a ratifié le Statut de Rome le 16 août 2000, a renvoyé à la CPI la situation qui prévaut sur son territoire depuis janvier 2012. Les enquêtes au Mali portent essentiellement sur les crimes de guerre qui auraient été commis depuis janvier 2012, principalement dans les trois régions de Gao, Kidal et Tombouctou dans le nord du pays, et sur des faits survenus à Bamako et Sévaré dans le sud. « La justice internationale est une justice au secours en ce sens qu’elle agit que lorsqu’un État n’a pas soit la volonté ou la capacité de juger des auteurs de crimes, et cela en vertu du principe de la complémentarité positive », explique Drissa Traoré, coordinateur du projet conjoint AMDH-FIDH. « La justice nationale à qui incombe la première responsabilité de juger est dans un état inerte ne permettant pas aux victimes d’être reconnues comme telles et d’offrir des réparations à hauteur des préjudices » déplore-t-il. « Nous venons en effet en appui à la justice nationale, nous ne la remplaçons pas », explique Me Amady Ba, chef de la Section coopération internationale du bureau du Procureur. C’est donc le Mali qui envoie et enverra ceux qu’il désire voir juger à la CPI. Si certains cas ont été jugés au Mali, « c’est qu’ils entrent dans le cadre de la compétence juridique des tribunaux maliens et que la justice de notre pays est apte à les juger. Ce qui ne veut d’ailleurs pas dire que la CPI ne peut pas plus tard les réclamer pour d’autres affaires. C’est d’ailleurs le cas de Al Hassan qui était en prison au Mali depuis un an sous d’autres charges, avant l’émission du mandat d’arrêt ». « Si les gros poissons doivent venir à la CPI, ils viendront », assure un de ses collaborateurs. Plusieurs dossiers concernant le Mali sont en effet en cours d’enquête et dans les couloirs de La Haye on préfère ne pas trop rentrer dans les détails les concernant. Il n’est d’ailleurs pas exclu que Al Faki Al Mahdi revienne devant les juges. « Cette procédure avait laissé un goût d’inachevé et la FIDH, AMDH, WILDAF et d’autres organisations avaient insisté auprès du bureau du Procureur afin que d’autres poursuites soient ouvertes pour d’autres charges, notamment les crimes sexuels », explique M. Traoré.  « Cela pourrait se faire très bientôt », révèle-t-on.

En attendant la confirmation des charges, c’est une soif de justice qui anime les victimes des nombreuses exactions commises au Mali sur la période concernée. « Nous avons commencé à les rechercher et elles vont prendre part, pour celles qui le souhaitent, à ce processus qui n’est pas facile et qui peut durer des années », explique-t-on au Bureau du Procureur. « C’est pour elles qu’existe la CPI, c’est pour les victimes que nous travaillons, afin qu’elles obtiennent justice et réparation », explique pour sa part Fatou Bensouda, Procureur de la CPI. « C’est grâce à leur courage, aux risques qu’elles acceptent de prendre pour venir témoigner, la confiance qu’elles placent en notre juridiction, que la CPI a sa légitimité », se réjouit le juge de Richambaut. En septembre prochain, Al Hassan sera donc face aux juges. D’ici là, d’autres affaires pourraient arriver sur leur table. « Je n’y crois pas. Le calendrier de cette comparution est purement politique. C’est pour montrer aux Maliens qu’on veut juger ces gens », déclare « Abdou ». Il espère, à l’instar des centaines d’autres victimes ou leurs proches, que l’élan va continuer et que de l’intérieur comme à La Haye, le droit soit dit. « Pas de développement sans paix. Pas de paix sans justice », conclut Fatou Bensouda.

 

CPI : un djihadiste malien comparait ce mercredi

Les autorités maliennes ont remis samedi 31 mars, Al Hassane Ag Abdoul Aziz, à la Cour pénale internationale. Soupçonné  de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, il comparait  mercredi à la Haye.

A 17 heures GMT ce mercredi,  Al Hassane Ag Abdoul Aziz, un  ancien  commissaire de la police islamique de  Tombouctou comparaitra devant la Chambre préliminaire 1 (une) de la Cour pénale internationale (CPI). Il est ‘’suspecté de crimes de guerres et de crimes contre l’humanité commis en 2012 et 2013 à Tombouctou ‘’.  Lors de l’occupation du nord du Mali, des mouvements djihadistes avaient administrés et instaurés la charia dans plusieurs villes contrôlées.  ‘’Au cours de l’audience de cette première comparution, le juge unique vérifiera l’identité du suspect et la langue dans laquelle il pourra suivre les  procédures’’ indique un communiqué de l’organisation. Al Hassan sera aussi informé des indices de culpabilité qui pèsent  contre lui. Selon la Chambre préliminaire d’accusation qui avait remis le mandat d’arrêt aux autorités maliennes le 27 mars,  lors du règne d’Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI)  et Ansar Eddine,  l’implication de ce touareg de 41 a été déterminante.   Il ‘’aurait pris part à la destruction des mausolées de saints musulmans de Tombouctou’’ et autres actes pouvant être qualifiés de crimes graves.

Dans une note, la fédération internationale des ligues des droits de l’homme  (FIDH) et l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH) se réjouissent de cette interpellation ‘’pour les victimes de Tombouctou qui continuent d’attendre que justice soit faite ‘’. Elles estiment qu’ ‘’Al Hassan aurait pu être jugé  par une juridiction malienne comme ce fût le cas pour l’islamiste Aliou Mahamane Touré.  Ce transfèrement n’est pas la première pour le Mali.  Ahmed Al Faqi, aussi présumé membre du groupe Ansar Eddine  a été jugé et condamné par la CPI en 2016 à neuf ans de prison.  Il avait été reconnu coupable de destruction des mausolées en 2012, classés patrimoine mondiale de l’humanité.  

Pour cette première comparution, le juge Perin de Brichambaut a fixé  au 24 septembre le début de l’audience de confirmation des charges  d’Al Hassan. Pour certains défenseurs des droits de l’homme,  d’autres personnes devaient être inquiétées par cette juridiction.  Toutefois, le procureur général de la CPI, Fatou Bensouda  a  rappelé que le transfèrement  opéré est « un message fort à tous ceux qui, où qu’ils se trouvent, commettent des crimes qui heurtent la conscience humaine”.

« La CPI a reçu notre plainte » (BIPREM)

Le 7 octobre dernier, le Bloc d’intervention populaire et pacifique pour la réunification entière du Mali (Biprem) déposait une plainte contre l’ancien président français devant la Cour pénale internationale(CPI). Alors que parait un livre à charge écrit par des journalistes de Médiapart (Avec les compliments du Guide), son président Lacina Diawara se réjouit de la réponse faite par l’instance de la justice internationale et espère que c’est un premier pas vers la vérité.

Pourquoi avoir porté plainte contre Nicolas Sarkozy? 

Après avoir travaillé pendant quelques mois sur des documents très sensibles concernant cette plainte, nous avons pris contact avec une dizaine d’organisations de la société civile malienne engagées et trois d’autres pays africains. en l’occurrence, Y en a marre du Sénégal, Balai  citoyen du Burkina Faso et « Le peuple n’en veut plus » de la Guinée Conakry. Nous avons à l’occasion organisé une rencontre qui avait eu un rayonnement grâce à la présence du parrain Tiken Jah Fakoly. Cela pour montrer que les Africains ne voulaient plus rester les bras croisés devant un  certain nombre d’injustices, en Afrique comme en dehors du continent. Cela est normal dans la mesure où la CPI a déjà juger des gens qui ont commis des crimes graves, et alors qu’elle perd de la crédibilité par rapport à son impartialité, nous voulons lui donner l’occasion de montrer qu’elle traite ses affaires sans tenir de la race et de la couleur des accusés.

Sur quels éléments se base votre plainte?

Nicolas Sarkozy a décidé unilatéralement, en entraînant les autres pays, de s’attaquer la Libye. Les preuves sont là et on en trouve de plus en plus, solides, pour montrer que son objectif était d’assassiner Khadafi. en atteignant cet objectif, il a fait tuer plus de 50 000 personnes, Libyens et ressortissants africains vivant là en ce moment. Pour que justice soit faite, il faut donc que Sarkozy soit jugé devant la CPI pour ces crimes. Nous avons  63 pages d’annexes à notre plainte, qui sont des preuves que nous avons mis dans le dossier transmis à la CPI.

La CPI qui vous a donc répondu.

Cette réponse a été en deux temps. A l’envoi du document, nous avons reçu une réponse, ni codifiée, ni signée, accusant réception du courrier, cela une semaine après l’envoi. Lors de la visite de Madame le procureur Bensouda au Mali le 18 octobre dernier, nous  avons, lors de la conférence de presse, posé la question du sort de notre plainte. Nous lui avons demandé si la Cour peut s’auto-saisir de celle-ci. Elle nous a répondu que la procédure doit suivre son cours. Ce qui a été le cas puisque le 30 octobre dernier, nous avons reçu un courrier avec numéro de dossier nous indiquant que notre plainte était en train d’être traitée. Nous en sommes déjà satisfaits parce qu’au dépôt de cette plainte, nous n’avions pas été pris au sérieux.

Si la CPI rejette votre demande, quels sont vos recours?

Nous n’en sommes pas là. Mais si la CPI rejette notre requête, ce que nous ne pensons pas car c’est elle qui représente la justice internationale, nous avons d’autres instances qui ont compétence. Nous irons jusqu’au bout, jusqu’à ce que justice soit faite.

CPI: Retrait du Burundi, un signal pour la Cour?

Le retrait, effectif depuis le 27 octobre, du petit pays d’Afrique australe aura-t-il un effet boule de neige ? C’est en tout cas ce que veut éviter la Cour pénale internationale. Si les deux autres pays (Gambie et Afrique du Sud) l’ayant préalablement annoncé y ont finalement renoncé, la CPI entend œuvrer pour renforcer la confiance en ses procédures et jugements. 

Bye-bye CPI

« Une victoire pour le Burundi », se réjouissait le 27 octobre, jour du retrait de son pays du statut de Rome qui institue la CPI, le responsable de la communication présidentielle, Willy Nyamitwe. Au lendemain de ce « jour historique » des milliers de manifestants ont envahi les rues pour marquer l’évènement avec des pancartes à la main « Bye-bye CPI ». Le tribunal international créé en 2002 est chargé de juger depuis 15 ans les crimes les plus graves : génocides, crimes de guerres et crimes contre l’humanité. Depuis sa création, la CPI a eu à prendre en charge 23 affaires concernant 38 personnes mises en cause. 10 enquêtes sont actuellement en cours et ce que lui reprochent ses pourfendeurs, c’est que celles-ci ne concernent quasiment  que des pays africains.  Des mandats d’arrêt ont en effet visé des dirigeants africains, notamment le Soudanais Omar el-Béchir en 2009, Mouammar Kadhafi ou encore Uhuru Kenyatta et William Ruto du Kenya. La plus haute instance du continent, l’Union africaine avait même haussé le ton, menaçant, lors d’un sommet en 2017, d’un retrait massif des pays africains de la Cour.

Pour la présidente de la Cour, Silvia Fernandez de Gurmendi, il faut respecter « le droit de chaque Etat de ratifier le statut et de le quitter s’il le désire ». « Evidemment ce n’est pas bon pour la Cour que des Etats quittent le statut car elle a besoin du soutien de tous les pays du monde. Et la Cour avec les Etats et les Ong mettent tout en œuvre pour attirer plus de participants au statut parce que ce n’est qu’avec un traité universel que la Cour sera plus efficace » poursuit le magistrat qui travaille avec ses équipes à améliorer le fonctionnement de l’instance. Une tâche à plusieurs niveaux, « nous devons essayer d’améliorer la qualité du travail fait par la Cour dans ses enquêtes et poursuites. Ensuite, initier le dialogue avec tout le monde pour mieux faire connaître la Cour et son mode de fonctionnement mais aussi comprendre les besoins des Etats », explique-t-elle.

Raccourcir l’attente des victimes

Car, c’est d’abord pour elles et la défense de leurs droits que la CPI a été créée, aime à rappeler Mme de Gurmendi. Pour elles, « la question d’accélération des procédures et leur amélioration est une question centrale ». A ce jour, 13000 personnes participent aux procédures de la Cpi à travers des représentants légaux et elles ne peuvent aspirer à des réparations qu’à l’issue des procès, une démarche qui peut prendre des années. La célérité avec laquelle a été jugé le cas du Malien Al Mahdi Al Fakhi est en effet encore une exception dans les affaires traitées par la CPI. La réduction du délai que prennent les procédures est donc un défi pour l’équipe du procureur, la Gambienne Fatou Bensouda. « Les victimes attendent mais il est aussi très important pour le droit des accusés d‘accélérer les procédures », tient à préciser la présidente de la Cour. « Nous avons donc besoin de la coopération des Etats et de la communauté internationale », conclut-elle.

La CPI : Une compétence universelle limitée

 

La Cour Pénale Internationale est une juridiction pénale internationale permanente, chargée de juger des personnes accusées de génocide, de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et de crimes d’agression. Créée en 1998 sous les auspices de l’ONU, elle est régie par le Statut de Rome. Elle entre en vigueur en 2002, après la ratification par 60 pays du Statut. Malgré sa dimension internationale, la CPI n’est donc compétente que pour des cas spécifiques.

Acte fondateur de la CPI, dont le siège est à la Haye, le Statut de Rome, ratifié en 2002, a ouvert une ère d’espoir contre l’impunité à l’endroit des auteurs des crimes les plus graves, comme les génocides, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre et d’agression . C’est « Ayant à l’esprit qu’au cours de ce siècle des millions d’enfants, de femmes et d’hommes ont été victimes d’atrocités qui défient l’imagination et heurtent profondément la conscience humaine », qu’a été instituée la CPI. Cependant, cette institution n’a compétence qu’à l’égard des crimes commis après le 1er juillet 2002. Un monde plus juste, où règne une paix durable et la sécurité est recherché, imposant la nécessité d’une  coopération avec tous les États parties dans la lutte contre l’impunité. La CPI ne peut également exercer sa compétence à l’égard de ces crimes que lorsqu’ils ont été commis sur le territoire d’un État partie au Statut de Rome, qui a donc reconnu la compétence de la Cour, ou par l’un de ses ressortissants. De grands pays, comme les Etats-Unis n’ont pas ratifié le traité, mais le statut de Rome octroie au Conseil de sécurité de l’ONU le droit de déférer à la CPI des évènements qui se sont déroulés sur le territoire national d’un Etat ne l’ayant pas ratifié. Les victimes des différents crimes peuvent être des personnes, des organisations ou des institutions. La CPI intervient lorsque l’Etat partie n’a pas la volonté ou la capacité de mener à bien une enquête ou des  poursuites. Au Mali, Ahmed Al Faqi a été  reconnu coupable de destruction des mausolées classés au Patrimoine mondial de l’humanité. Lors de sa récente visite au Mali, la Procureure  de la CPI, Fatou Bensouda, a affirmé « tous les crimes qui sont assez graves et qui choquent la conscience de l’humanité pourraient intéresser la CPI ».

Dans toutes ses activités, la CPI dit respecter les normes les plus strictes en matière d’équité et de régularité des procédures. Mais cette indépendance fait face aux critiques de certains chefs d’Etats et organisations africains, qui l’accusent de « racisme » pour n’avoir poursuivi que des Africains depuis sa création. Une position qui ne conforte pas les objectifs de la Cour.

 

CPI: Fatou Bensouda promet le cas Al Faqi ne sera pas le dernier.

Annoncée pour septembre, la procureure générale de la Cour Pénale Internationale est arrivée dans la capitale malienne le mardi 17 octobre pour une visite de 48 heures. Un séjour qui  s’inscrit dans le cadre des présumées violations des droits de l’homme dans le nord et le centre du pays et la découverte des fosses communes par la MINUSMA à Anefis et Human Rhigts Watch dans la région de Mopti. Ella a coanimé  avec le ministre de la Justice, une conférence de presse  ce 18 octobre 2017 à l’hôtel Radisson Blu de Bamako.

Sur invitation du ministre de la justice Me Ismaël  Konaté, la procureure de la Cour Pénale Internationale a bouclé une visite  officielle de deux jours au Mali. Selon le ministre, cette visite s’inscrit dans le cadre de la coopération entre le Mali et l’institution. « Le Mali et la cour pénale internationale entreprennent depuis belle lurette  une coopération parfaite qui nous donne l’occasion dans un esprit de complémentarité de travailler ensemble » a rappelé le ministre. Pour lui, cette visite permettra dans un premier temps de fortifier la  coopération, ensuite  d’entreprendre des actions réciproques à mener  sur le terrain et enfin les échanges d’information pour permettre de lutter contre la criminalité et l’impunité. Il faut le rappeler, la République du Mali est le deuxième pays africain  à avoir ratifié dans les années 2000, le traité de Rome, instituant la CPI. C’est par ce droit de membre que le Mali l’a saisi officiellement en 2012 «  en vue d’ouvrir un examen préliminaire sur les événements qui avaient jadis lieu au nord du Mali et qui se sont prolongés » après, a soutenu Me Ismaël Konaté.

Accusations de violation de droits

Face au dernier rapport d’Human Rights Watch, qui indexait les FAMAs de graves violations de droits humains, le ministre Mamadou Ismaël  Konaté a jugé important que la procureure rencontre la hiérarchie militaire pour comprendre ce qui se fait sur le terrain. «  Nous avons eu l’occasion  dès son arrivée, de rencontrer l’ensemble des chefs militaires du Mali : le chef d’état major général des armées, celui de l’armée de l’air, de l’armée de terre,  de la garde nationale, le directeur général de la gendarmerie, de  la police nationale et de l’ensemble des officiers maliens qui étaient  assez représentatifs de l’armée malienne » a détaillé le ministre. Après cette séance  avec la hiérarchie militaire, la procureure a eu une autre séance de travail avec les procureurs généraux du Mali, «  particulièrement avec le procureur antiterroriste » précise Me Mamadou Ismail Kontaté. D’ailleurs, la CPI a jugé et condamné  Ahmad Al Faqi Al  Mahdi, pour avoir détruit des mausolées classés au patrimoine mondial de l’humanité à Tombouctou.

Dossiers en cours

Pour sa part, la procureure, Fatou  Bensouda a indiqué que la CPI a ouvert une enquête sur la situation au Mali en 2015 après avoir été saisi par le gouvernement. Elle s’est réjouit  de la condamnation d’Al  Faqi, qui, pour le moment n’est qu’un élément d’un ensemble. « Le cas Almahdi Al Faqi ne sera pas le dernier, nous espérons que très bientôt nous aurons des résultats » a-t-elle  clarifié,  laissant entendre que des personnes pourraient faire l’objet de l’attention de la cour pénale internationale soit pour crime de guerre ou pour crime contre l’humanité.  « Nous nous  intéressons aux  crimes, qui de notre point de vu tombent  sous la juridiction de la CPI» avait déclaré Bensouda avant de garantir que « tous les crimes qui  sont assez graves, pourront attirer l’attention de la CPI.» Ella a rappelé aussi que les  champs qui intéressent la CPI qui sont  les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les génocides sont des crimes qui «  choquent la conscience de l’humanité, et ce sont ces crimes qui  justifient l’intervention de la CPI » a martelé la procureure faisant savoir que des allégations sérieuses relatives aux violations graves des droits de l’homme au centre du Mali ont déjà son attention. Pour le ministre de la justice, le gouvernement n’a pas dit qu’il y a ou non des charniers mais à l’issue de la visite effectuée par le ministre des droits de l’Homme dans la région de Mopti, aucune fosse n’a été découverte par la mission.

Le ministre,  tout comme la procureure a enfin insisté sur la dynamique de la coopération entre l’institution et le Mali. Il a aussi mis l’accent sur l’importance pour un pays en situation de crise, comme le Mali en tant qu’État partie,  de mettre en avant la dynamique de la justice et la lutte contre l’impunité. «  Les crimes commis au Nord du Mali depuis la période de la saisine de la CPI,  sont des crimes qui sont accessibles à la CPI dès lors qu’il s’agit des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et de génocide » a rappelé Me Ismaël Konaté. Il prévient tous ceux qui se sont livrés ou qui s’adonnent à des exactions et crimes que « l’institution  judiciaire n’oublie pas, elle peut se réveiller tardivement, mais toujours se réveiller » a-t-il conclu en remerciant la procureure de la cour pour sa visite.

 

CPI : Ahmad al Faqi devra 2,7 millions d’euros pour les destructions de mausolées de Tombouctou

La Cour pénale internationale (CPI) a déclaré jeudi qu’un jihadiste malien avait provoqué pour 2,7 millions d’euros de dégâts en faisant détruire en 2012 des mausolées de la cité historique de Tombouctou, dans le nord du Mali, et ordonné des réparations pour les victimes, les premières pour destruction de biens culturels.

« La chambre ordonne des réparations individuelles, collectives et symboliques pour la communauté de Tombouctou, reconnaît que la destruction des bâtiments protégés a causé de la souffrance aux personnes à travers le Mali et la communauté internationale et estime M. Mahdi responsable pour les réparations à 2,7 millions d’euros », a déclaré le juge Raul Cano Pangalangan.

Le Touareg Ahmad al Faqi al Mahdi a été condamné en septembre dernier à neuf ans de prison pour avoir « dirigé intentionnellement des attaques » contre la porte de la mosquée Sidi Yahia et neuf des mausolées de Tombouctou, classés au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco et détruits à coups de pioche, de houe et de burin.

Né vers 1975, il était un membre d’Ansar Dine, l’un des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda qui ont contrôlé le nord du Mali pendant environ dix mois en 2012, avant d’être en grande partie chassés par une intervention internationale déclenchée en janvier 2013 par la France. Il était chef de la Hisbah, la brigade islamique des moeurs.

Toutefois, étant donné l’indigence du jihadiste, la Cour encourage le Fonds au profit des victimes, organe indépendant mis en place par le statut de Rome, traité fondateur de la CPI, à « compléter les réparations ordonnées » et lever des fonds à cette fin.

Créé en 2004, le Fonds, qui reçoit des contributions volontaires versées par les gouvernements membres de la CPI, d’organisations internationales et de particuliers, devra présenter d’ici au 16 février un projet de plan de mise en oeuvre des réparations.

« Une goutte d’eau »

Alors que l’Unesco a achevé à l’été 2015 la restauration à l’identique de quatorze mausolées détruits, la CPI a souligné l’importance des biens culturels « uniques (qui) revêtent une valeur sentimentale ».

« Leur destruction porte un message de terreur et d’impuissance, annihile une partie de la mémoire partagée et de la conscience collective de l’humanité et empêche celle-ci de transmettre ses valeurs et ses connaissances aux générations futures », a affirmé le juge.

Selon Luke Moffett, du centre des droits de l’homme de l’Université Queen’s de Belfast, ces réparations « donnent l’espoir que, tandis que tous les biens culturels ne peuvent être restaurés, les gens et la culture peuvent renaître des cendres et des décombres pour perpétuer leur patrimoine pour les générations futures », a-t-il remarqué dans un communiqué.

Mais pour la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), c’est une « étape insuffisante dans la poursuite des crimes commis à Tombouctou ». « Ce jugement est une goutte d’eau par rapport à ce qu’il s’est passé en termes de violation des droits de l’homme », a réagi auprès de l’AFP Kyra Wigard, membre de la délégation permanente auprès de la CPI.

Et cette ordonnance ne doit « pas faire oublier les autres crimes commis à l’époque dans la ville et qui doivent aussi être jugés », a ajouté le vice-président de la FIDH Drissa Traoré, dans un communiqué.

« Se relever »

Trois catégories de préjudices ont été identifiées par la Cour de La Haye: « l’endommagement des bâtiments historiques et religieux attaqués, les pertes économiques indirectes et le préjudice moral ».

Les réparations collectives doivent permettre à la communauté de Tombouctou de « se (relever) des pertes financières et du préjudice économique subis, ainsi que de la détresse affective ressentie ».

Les personnes dont les sources de revenus dépendaient exclusivement des bâtiments attaqués ainsi que les descendants des défunts dont les sites funéraires ont été endommagés doivent, quant à elles, bénéficier de réparations individuelles, jugées prioritaires par la Cour.

En termes de réparations symboliques, la CPI a ordonné le versement d’un euro à l’État malien et à la communauté internationale représentée par l’Unesco et suggère « l’édification d’un monument ou une cérémonie de commémoration ou du pardon ».

La Cour a également exigé la publication en ligne des excuses faites par M. Mahdi à l’ouverture de son procès l’été dernier, les jugeant « sincères, sans équivoque et empreintes d’empathie ».

Il s’agit de la seconde ordonnance de réparations dans l’histoire de la Cour fondée en 2012, après celle rendue en mars suite au procès de l’ancien chef de milice congolais Germain Katanga.

Demande de mise en liberté rejetée pour Laurent Gbagbo

Laurent Gbagbo reste en prison jusqu’à la fin de son procès. La chambre d’appel de la CPI a rendu sa décision ce mercredi 19 juillet à la Haye.

La Chambre d’appel de la Cour Pénale Internationale (CPI) vient de rejeter la demande de mise en liberté de l’ancien président de la Côte d’ivoire, Laurent Gbagbo. Après onze demandes initiées par ses avocats depuis un an et demi, la cour d’appel a rendu son verdict ; Gbagbo reste en prison jusqu’à la fin de son procès. La CPI a jusqu’ici à avancer les mêmes arguments pour maintenir l’ancien président du Front Populaire Ivoirien (FPI) durant les six années de son incarcération. Le fait que Gbagbo encourt la prison à vie, la Cour estime qu’une fois libérer, il pourrait se soustraire aux poursuites. Un autre argument est très souvent avancé par la défense. Elle craint que Gbagbo puisse s’enfuir en cas de remise en liberté, aidé par son « vaste réseau de supporters ». Un avis que ne partage pas l’un des trois juges de la cour. Le juge Cuno Tarfusser avait en effet déclaré lors de la dernière audience que la détention avait « excédé le seuil d’une durée raisonnable et que, vu son âge et son état de santé, le risque qu’il prenne la fuite pour échapper à la justice devient de plus en plus improbable ». Un avis qui semble n’avoir point aidé dans ce verdict.

L’ex-président ivoirien est accusé d’avoir fomenté une campagne de violences pour tenter, en vain, de conserver le pouvoir. Âgé aujourd’hui de 72 ans, Laurent Gbagbo dont la santé est «fragile», selon ses avocats, avait été livré à la CPI en 2011. Pour rappel, le procès s’est ouvert le 28 janvier 2016 et devrait durer trois à quatre ans.

Sur les réseaux sociaux, les réactions sont mitigées. Certains se félicitent de cette décision de la CPI de maintenir sous les barreaux l’ancien chef d’Etat. D’autres, pensent le contraire et appellent les chefs d’Etats africains à se saisir du dossier.

 

CPI : Ongwen plaide non coupable

Mardi 6 décembre a commencé le procès de Dominic Ongwen, un enfant soldat qui a fini par devenir commandant dans la sinistre rébellion ougandaise de l’Armée de résistance du seigneur. L’accusé se pose en victime. Pour la procureur, Fatou Bensouda, il ne s’agit pas de trancher s’il est un homme bon ou cruel mais de déterminer s’il est coupable de crimes commis quand il était adulte et qui lui sont reprochés aujourd’hui. »

Quelle sera l’issue du procès de Dominic Ongwen, jugé à la CPI pour « crimes contre l’humanité » et « crimes de guerre » commis entre 2002 et 2005 dans le nord de l’Ouganda. Deux jours après l’ouverture du procès, il est difficile de prédire ce qu’il adviendra de celui qui est considéré par tous comme la tête pensante de la sinistre Armée de résistance du seigneur (LRA) de Joseph Kony, qui n’est toujours pas arrêté. Hier, à l’ouverture du procès, il s’est retranché dans un discours de victimisation et a plaidé non coupable.

Fils de professeurs, Dominic Ongwen a été enlevé sur le chemin de l’école alors qu’il n’avait que 10 ans, par la rébellion LRA, crée en 1987, dirigée par Joseph Kony. La macabre rébellion tentait d’implémenter un mode de gouvernance reposant sur les dix commandements de la Bible. Bien qu’il soit jeune, Dominic Ongwen se distingue par sa loyauté et sa témérité dans les combats. Au fil du temps, il devient l’un des leaders de la sinistre rébellion ougandaise qui a tué plus de 100 000 personnes et enlevé plus de 60 000 enfants, selon l’ONU. Aujourd’hui âgé de 40 ans, Dominic Ongwen, le premier enfant soldat à être jugé par la CPI, se présente comme une victime de la LRA. Une stratégie de défense que tente de démonter la Cour. Pour la procureure Fatou Bensouda,« il a embrassé avec enthousiasme les méthodes violentes de la LRA ». Encore plus important, il a décidé de ne pas déposer les armes pour se rendre, à la différence de 9 000 combattants, « qui se sont rendus et ont obtenu l’amnistie » entre 2002 et 2005. Le substitut de la procureur a ajouté qu’en 2004, il était à la tête de 3 000 hommes coupables d’attaques de camps de déplacés.

Des témoignages d’ex-membres de la LRA et de victimes ont été cités, outre les communications radios entre les commandants de la LRA dont Ongwen collectés par les services de renseignement ougandais. Aujourd’hui, mercredi 7 décembre, les représentants des 4 000 victimes feront leurs déclarations. Alors que la défense, elle, a décidé de s’exprimer à la reprise de l’audience en janvier prochain. Pour Fatou Bensouda, « La Cour n’est pas là pour trancher si Dominic Ongwen est un homme bon ou cruel, ni s’il mérite de la compassion. Elle est là pour déterminer s’il est coupable de crimes commis quand il était adulte et qui lui sont reprochés aujourd’hui. »

La Russie se retire de la CPI

Vladimir Poutine a décidé par décret de ne pas ratifier le statut de Rome qui établit la Cour pénale internationale. La CPI, créée en 2002 essuie de nombreuses critiques quant à son impartialité et son indépendance.

La Russie a annoncé son intention de ne pas ratifier le Statut de Rome qu’elle avait signé en 2000, et aui est la condition pour adhérer à la Cour pénale internationale (CPI). Cet annonce a été faites hier mercredi par le ministre russe des Affaires étrangères. Le président russe Vladimir Poutine a signé un décret pour se retirer du statut de Rome. La Russie accuse la cour pénale internationale de ne pas être indépendante.

16 ans après la signature du statut de Rome, la Russie qui ne l’avait jamais ratifier et décide de se retirer de la cour pénale internationale

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères russe a expliqué les motivations de Moscou : « Le président [Poutine] a signé un décret sur l’intention de la Russie de ne pas être État partie au statut de Rome de la Cour pénale internationale. La notification parviendra bientôt (…) La Cour n’a pas été à la hauteur des espoirs qui ont été placés en elle et n’est jamais devenue une institution véritablement indépendante et faisant autorité en justice internationale ». 

D’autres pays ont par ailleurs annoncé leur retrait de cette juridiction internationale, à l’instar de la Gambie, le 24 octobre 2016, l’Afrique du Sud et le Burundi, ont annoncé à leur tour vouloir se soustraire à la juridiction de la CPI. L’organisation semble payer sa politisation sa politisation. 32 Etats, dont les Etats-Unis, n’ont jamais ratifié le Statut de Rome.

Départs des pays africains de la CPI : faut-il craindre l’effet de contagion ?

Des pays africains ont décidé de se retirer de la Cour pénale internationale. Après le Burundi, l’Afrique du Sud, les autorités gambiennes, par la voix du ministre de l’information, Sheriff Bojang, ont annoncé mardi le 25 octobre le retrait de la Gambie de la CPI qu’elles accusent de « persécution envers les Africains, en particulier leurs dirigeants ». D’autres pays tels que le Kenya, l’Ouganda et la Namibie ont évoqué la possibilité de se retirer. Une sorte de prolongement du processus de retrait collectif débattu il y a quelques années à l’Union africaine. Alors, est-ce le début de la fin pour la CPI ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres. De nombreux experts sont d’avis que ces départs ne sauraient sonner le glas pour la Cour. Interrogé par AFP, Alex Whiting, Professeur de droit à l’Université d’Harvard, estime que « La justice internationale, tout comme la CPI, a toujours eu des hauts et des bas : elle ne va pas disparaître ». « Mais au final, la CPI existe pour les victimes et non pour ceux au pouvoir qui décident de ratifier ou non un traité. », précise Aaron Matta, chercheur au sein de l’Institut de La Haye pour une justice mondiale. A ceux qui craignent un départ en vague de la CPI sur le continent, d’autres experts estiment que cela est improbable, en raison du fait que la juridiction bénéficie du soutien de certains pays comme le Mali, qui a ratifié le statut de la CPI le 16 août 2000, et le Botswana, la République démocratique du Congo.

Créée en 1998 mais devenue effective en 2002, la Cour pénale internationale continue de susciter les débats. Il repose sur le statut de Rome, que seulement  139 pays ont signé alors que 23 autres n’en sont pas membres. Parmi ces non-membres il y a les Etats-Unis, l’Inde, l’Israël, la Russie et Cuba. Le rôle de la CPI contribue à mettre fin à l’impunité pour les crimes contre l’humanité, le génocide et les crimes d’agression. Aujourd’hui, l’une des inévitables questions est de savoir si la CPI contribue vraiment à une « justice globale ». Mais il est surprenant qu’une  cour qui a une dimension internationale ne puisse pas réunir tous les pays membres des Nations unies, et, grand paradoxe, trois des cinq pays ayant le droit de véto, les Etats-Unis en tête, n’en sont pas membres. Il est impossible de ne pas dire que le retrait des Etats-Unis en 2002, sous l’administration Bush, a ainsi contribué davantage à la faiblesse de la Cour. Et il apparaît clairement que tous les pays ne peuvent pas être pesés à la même balance de la justice au niveau international. Parfois, c’est à se demander si la CPI n’a pas été un projet « mort-né » à partir du moment où elle n’est pas capable de poursuivre les crimes commis par les citoyens de tous les pays du monde.

C’est pourquoi, en Afrique, nombreux sont ceux qui pensent que c’est une justice à deux vitesse. Par exemple, lorsqu’un mandat d’arrêt été émis contre le président soudanais, Omar Hassan El Béchir, les pays africains ont décidé ensemble de ne pas l’exécuter. Pourquoi ? Parce que, selon Jean Ping, à l’époque président de la Commission de l’Union Africaine, « la justice internationale lutte contre l’impunité seulement en Afrique, comme si rien ne se passait ailleurs ». Ce qui n’est ni tout fait faux ni tout à fait vrai. Le fait est que de 2003 à nos jours, les poursuites engagées ont concerné des crimes commis en Afrique. Les cas les plus récents qui ont fait beaucoup de bruit sont ceux d’Omar El Béchir, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Mais ce qu’il est important de relever, c’est que le Soudan n’est pas membre de la CPI, et on se demande pourquoi la juridiction s’acharne à le poursuivre. Même si l’on sait que le cas d’El Béchir a été transmis à la Cour par les Nations unies. Il se trouve aussi que ce sont des pays africains eux-mêmes qui ont fait appel à la Cour à cause de l’incapacité de leur justice à poursuivre ces crimes.

Ces retraits, disons-le, sont tout sauf une bonne nouvelle pour le continent africain où règnent encore des autocrates qui piétinent les libertés politiques et individuelles, offensent les dignités. Le plus grave, c’est qu’ils risquent d’avoir quartier libre.

 

CPI : Jean-Pierre Bemba désigné coupable pour subordination de témoins

C’est un peu la suite du procès pour « crimes de guerre » et crimes contre l’humanité » au cours duquel, en juin dernier, Jean-Pierre Bemba a été condamné à dix-huit ans de prison, et avait tenté de corrompre des témoins en échange de faux témoignages. Ce qui lui a valu ce procès.

Décidément, Jean-Pierre Bemba n’en avait pas encore fini avec la justice. Hier mercredi 19 octobre, la CPI l’a désigné, avec ses quatre co-accusés, coupable de subordination de témoins dans un procès lié à celui pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité », et à l’issu duquel il avait été condamné à 18 ans de prison. Le juge de la CPI, Bertram Schmitt, a déclaré : « M. Jean-Pierre Bemba Gombo, la chambre vous juge coupable  d’avoir influencé de manière corrompue quatorze témoins, présenté de fausses preuves et sollicité la déclaration de faux témoignages ». En effet, au cours du précédant procès, M. Bemba a tenté de corrompre des témoins pour obtenir son acquittement. En échange de faux témoignages, il avait, avec ses avocats, offert de l’argent et des cadeaux ou promis une réinstallation. Du jamais vu dans l’histoire de la CPI.

En juin dernier, l’ancien Vice-président congolais avait été condamné à dix-huit ans de prison pour les meurtres et viols commis entre 2002 et 2003 par sa milice, Mouvement de libération du Congo (MLC), en Centrafrique. Les troupes du MLN étaient venues à Bangui à la rescousse du Président Ange-Félix Patassé, qui affrontait la tempête d’une nouvelle rébellion conduite par  François Bozizé, ancien chef d’Etat-major de l’armée qui était réfugié au Tchad. « Les soudards du MLC s’étaient alors déchaînés : viols massifs, y compris de gamines de douze ou même de huit ans ; enfants contraints, sous la menace des armes, de violenter leurs propres mères ; pillages et exécutions sommaires. », écrit Jean-Paul Ngoupandé, ancien premier ministre centrafricain et essayiste, dans son essai « L’Afrique face à l’islam » (2003). A l’époque, M. Bemba était candidat au poste de Vice-président de la République démocratique du Congo.

La sentence n’a pas encore été prononcée. Mais les accusés risquent une amende et une peine allant jusqu’à cinq ans de prison. « M. Bemba va bien faire appel de ce jugement dans tous ses aspects. Il continue à faire valoir qu’il est innocent de toutes les allégations portées contre lui. Le jugement fait 458 pages donc nous devons l’étudier avec attention pour déterminer les points spécifiques sur lesquels nous allons baser notre appel, mais Jean-Pierre Bemba conteste avec véhémence avoir été partie prenante de ce plan criminel commun pour interférer en quoi que ce soit avec l’administration de la justice », a déclaré son avocate.

Burundi : Le divorce d’avec la CPI consommé

En promulguant la loi, Pierre Nkurunziza a mis son pays sur le chemin du retrait de la CPI, à un moment où la juridiction internationale n’est pas en odeur de sainteté auprès des pays africains. Le processus prendra un an.

« La République du Burundi se retire du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) adopté à Rome le 17 juillet 1998 », peut-on lire dans la loi promulguée, hier mardi 18 octobre, par le président burundais, Pierre Nkurunziza. « La présente loi entre en vigueur le jour de sa promulgation », indique le texte. De toute évidence, le Burundi est engagé sur le chemin d’un retrait de la Cour pénale internationale (CPI), après que la juridiction a ouvert une enquête sur les violences générées par la décision de M. Nkurunziza de briguer un troisième mandat, et qui ont tué environ 500 personnes et  poussé de milliers de burundais sur le chemin de l’exil.

C’est la première fois qu’un pays africain décide de se retirer de la CPI. Pour Sidiki Kaba, actuel ministre sénégalais de la Justice et président de l’assemblée chargée des délibérations à la CPI, « Le retrait d’un Etat (…) constituerait un recul dans la lutte contre l’impunité ».  Ce n’est, en effet, que le début du processus  car selon le Statut de Rome, qui a institué la CPI, «Le retrait prend effet un an après la date à laquelle la notification a été reçue, à moins que celle-ci ne prévoie une date postérieure ».

Poursuites internationales

L’année dernière, les chefs d’Etat de l’Union africaine avaient proposé une sortie en bloc de la CPI à laquelle ils reproche de ne poursuivre que des dirigeants africains. La CPI est accusée de rendre une justice deux poids, deux mesures. C’est pourquoi, lorsqu’un mandat d’arrêt a été émis contre Omar el-Béchir, le Président du Soudan, les pays africains ont refusé de l’exécuter. Jean Ping, alors président de la commission de l’Union africaine, avait estimé que « la justice internationale n’applique ses règles qu’en Afrique, comme il ne se passait rien ailleurs. ».

Le fait est que de 2003 à nos jours, les poursuites engagées ont concerné des crimes commis en Afrique. « Cette Cour dont le financement est assuré à plus de 70% par l’Union européenne est devenue un instrument de pressions politiques sur les gouvernements des pays pauvres ou un moyen de les déstabiliser », peut-on lire dans le communiqué du porte-parole du gouvernement burundais, Philippe Nzobonariba, le 6 octobre.

En effet, le 25 avril 2016, la CPI a ouvert un examen préliminaire sur la situation au Burundi en crise depuis avril 2015 : «Mon bureau a examiné un certain nombre de communications et de rapports faisant état de meurtres, d’emprisonnements, d’actes de torture, de viols et autres formes de violences sexuelles, ainsi que des cas de disparitions forcées », avait annoncé Fatou Bensouda, la procureure de la CPI.

Mais, le retrait de la CPI signifie-t-il la fin des poursuites ? Non, pas forcément si l’on en croit l’article 127 du Statut de Rome qui stipule que « Le retrait n’affecte en rien la poursuite de l’examen des affaires que la Cour avait déjà commencé à examiner avant la date à laquelle il a pris effet ».

CPI : Neuf ans de réclusion criminelle pour Al Mahdi

La cour pénale internationale a reconnu coupable ce mardi 27 septembre,  Ahmad Al Faqi Al Mahdi. Les juges l’ont condamné à une peine d’emprisonnement de neuf ans. Il comparaissait devant le parquet pour destruction de sites inscrits au patrimoine mondial de l’humanité.

La sentence se voulait exemplaire, elle l’a été. Accusé d’avoir détruit neuf des seize mausolées de Tombouctou et d’avoir cassé la porte secrète de la mosquée de Sidi Yahia, Al Mahdi devra purger une peine de neuf ans de prison.

Un jugement historique

C’est bien la première fois qu’un djihadiste est jugé par la CPI. Ses actes qualifiés de crime de guerre par la procureure de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, devaient être sévèrement punis et servir d’exemple à tous ceux qui voudraient faire pareil, toujours selon la procureur.

Les faits remontent à 2012. Le Mali alors en pleine crise sécuritaire, voit arriver sur son territoire des bandes affiliées à des nébuleuses terroristes. Parmi elles, Ansar Dine, la plus connue. Le condamné, à l’époque chef de la Hisbah, la brigade islamique des mœurs, aurait ordonné et participé à la destruction des mausolées à coup de pioche et de houe.

Arrêté puis transféré par le Niger à la fin de l’année 2015 à la CPI, son procès s’est ouvert le 22 aout dernier. Lors de sa première comparution, c’est un Al Mahdi résigné qui s’est confondu en excuses devant les juges. « Votre honneur, j’ai le regret de dire que tout ce que j’ai entendu jusqu’à présent est véridique et reflète les évènements » confirmait-il après l’énoncé des charges retenues à son encontre. « Je me tiens devant vous dans cette enceinte plein de remords et de regrets continuait-il avant d’ajouter avoir céder à la pression : J’étais sous l’emprise d’une bande de leaders d’Al Qaida et d’Ansar Dine, j’ai cédé devant eux comme à une tempête de sable », a-t-il justifié.

La condamnation de ce terroriste repenti est une grande avancée pour la défense du patrimoine, même si le procès laissera un goût amer aux ONG : Al Mahdi est le seul djihadiste ayant fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour les exactions commises pendant l’occupation du Nord-Mali à avoir été condamné à La Haye. Aucun autre «crime de sang» ne fait l’objet d’une procédure à ce jour.

Procès Al Mahdi à la CPI: fin des audiences, verdict attendu le 27 septembre prochain

Le procès d’Ahmad Al Mahdi devant la CPI s’achevait le mercredi 24 Août 2016 dernier après trois jours d’audience. Le jugement et la peine de ce malien poursuivi pour la destruction de plusieurs mausolées à Tombouctou en 2012 lors de l’occupation jihadiste seront prononcés le 27 septembre 2016.

Toutes les parties se sont exprimées  le 24 août passé . Les débats ont porté sur la peine à infliger à ce Jihadiste. Comme Al Mahdi a plaidé coupable, le procureur a requis entre 9 et 11 ans de prison, conformément à un accord passé avec la défense. Parallèlement accusation et défense ont voulu convaincre les juges que les 9 à 11 ans requis seraient une sentence appropriée, alors que la peine maximale encourue par Al Mahdi est de 30 ans.

« C’est un juste équilibre », a estimé le procureur. Un équilibre entre d’un côté, la gravité du crime, l’impératif d’apaiser les victimes et la nécessité d’un jugement dissuasif face à la multiplication des atteintes aux biens culturels dans le monde ; et de l’autre, les circonstances atténuantes propres à l’accusé. « Sa collaboration avec l’enquête, ses aveux et ses excuses doivent être pris en compte », a-t-il souligné.

La gravité des faits, le rôle de monsieur Al Mahdi, son intention, son profil militent pour une peine qui reflète pleinement sa culpabilité et qui soit aussi de nature dissuasive. Une peine qui rende justice aux victimes.
La défense, elle, a présenté l’image d’un intellectuel honnête, qui voulait bâtir sur ses convictions, mais qui, pris dans des circonstances exceptionnelles, a fait une grave erreur qui l’a finalement amené à détruire les mausolées. « S’il demande pardon, c’est qu’il sait qu’il s’est dévoyé, il faut lui accorder une présomption de sincérité », a plaidé Me Gilissen.

Si on est capable de reconnaître sa culpabilité, d’aider à la recherche de la vérité, oui, il y a place pour une forme de repentir et une manière de réduire la peine, dans des mesures extrêmement raisonnables. Ajoute Jean-Louis Gilissen.
Une sincérité dont doutent les victimes, d’autant que les excuses arrivent tard et « profitent à l’accusé », a souligné leur représentant. Face au sentiment d’humiliation et d’anéantissement, « les mots seuls ne peuvent suffire » a insisté Maitre Kassongo.
La réalité est que les victimes prennent mal l’aveu de monsieur Al Mahdi. Certaines pensent même que l’aveu de culpabilité ne sert que le responsable de ce crime. « J’en témoigne, parce que j’en reviens. Toutes les victimes sont remontées. rassure l’avocat Kassango.
Deux visions s’opposent :
à crime historique, sanction exemplaire, a plaidé Me Kassongo, Et Me Gilissen a lui mis en garde contre la justice pour l’exemple et demandé une peine à la mesure de l’homme et des circonstances.
A Bamako, les Maliens s’étonnent de la rapidité de ce procès historique pour eux.

Le procès du djihadiste Amahd Al Faqi Al Mahdi est déjà terminé. Abderamane Ag Mohammed, un habitant de Tombouctou, arrivé à Bamako il y a quelques semaines, est déçu. Le procès ne lui a pas apporté les réponses qu’il espérait. « Si on peut nous expliquer un peu plus, qu’on puisse comprendre. Bien. Mais finir le procès, comme ça, aussi vite. Les accords, c’était quoi ? On aimerait bien en savoir un peu plus. J’aimerai bien comprendre pourquoi il s’est retrouvé dans al-Qaïda et quelle est la raison exacte, et pourquoi ils ont fait tout ce qu’ils ont fait. »
Pour Alpha San Chirfi, le gardien du mausolée Alpha Moya de Tombouctou, le fait qu’Al Faqi Al mahdi ait plaidé coupable a clairement influencé l’accusation. Mais même si la peine est réduite, c’est un mal pour un bien, dit-il.
« L’accusation, il me semble, a été beaucoup influencée par son attitude de plaider coupable. J’ai eu l’impression qu’il y a déjà une espèce de clémence de l’accusation. Peut-être pour inciter les autres à venir, ceux qui sont prêts à collaborer. Parce qu’il y a des gens qui regrettent leurs actes mais qui ont peur de la rigueur de la justice. »
La rapidité du procès est en partie dû à l’accord passé entre la défense et l’accusation. Une diminution de la peine en échange d’une reconnaissance de culpabilité.

La CPI va juger Gbagbo

L’ancien président de la Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo sera jugé devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité. La majorité des juges de la chambre préliminaire a en effet estimé ce jeudi que l’accusation suffisamment étayée. « La chambre préliminaire de la CPI a confirmé quatre charges de crimes contre l’humanité […] à  l’encontre de Laurent Gbagbo et l’a renvoyé en procès devant une chambre de première instance », a indiqué la CPI dans un communiqué. M. Gbagbo sera poursuivi pour meurtre, viol, tentative de meurtre et persécution. La décision de la Cour était attendue par les partisans de l’ex-président, accusé d’avoir fait basculer le pays dans la guerre civile en refusant de concéder sa défaite à  l’élection présidentielle de 2010. Laurent Gbagbo est passible d’une peine de prison à  perpétuité. Il est le Premier chef d’à‰tat détenu par la CPI, et ce depuis novembre 2011. Il y a un an, la CPI avait estimé que le dossier préparé par les procureurs était incomplet. Son renvoi devant une chambre de première instance avait alors été décidé par deux des trois juges de la chambre préliminaire, le troisième ayant émis une opinion dissidente, précise la CPI dans un communiqué. Laurent Gbagbo, 69 ans, suivra donc le parcours des à‰léphants de Côte d’Ivoire à  la Coupe du Monde 2014 depuis sa cellule du quartier pénitentiaire de Scheveningen.

Abidjan : une capitale qui retrouve sa fraîcheur après la crise

Les formalités aéroportuaires sont plus modernes qu’à  Bamako. Et à  peine arrivés à  notre résidence de la conférence à‰piscopale d’Afrique de l’ouest vers le crépuscule, la musique nous fait déjà  swinguer. Des demoiselles habillées indécemment et qui tentent de nous attirer dans leurs filets peuplent les rues. Mais dans le centre chrétien, les mesures sont bien rigoureuses contre les oiseaux de nuit. à‡a vit en Côte d’Ivoire deh !, s’exclame un confrère. En face, une boà®te de nuit déverse ses notes, un véritable spectacle s’offre à  l’œil nu. Femmes légères et aguichantes, jeunes joyeux devant un kiosque o๠une cuisinière aguerrie fait braiser du bon poisson. Et du poulet braisé avec allocos (frites de bananes plantains), attiéké. C’’est ça la joie de vivre à  l’ivoirienne ! La CPI de A à  Z… Le lendemain, début de la formation sur la Cour Pénale Internationale. Nos formateurs nous expliquent le fonctionnement de la Cour, le rôle du procureur, des trois juges et ses organes annexes. La CPI est surtout compétente à  l’égard des crimes les plus graves et qui touchent la communauté internationale, à  savoir le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre : « C’’est une cour indépendante vis-à -vis du système des Nations unies », explique le porte-parole de la CPI à  Abidjan, Fadi Abdallah. Abidjan, c’est doux… Après deux jours en intérieur, nous voulons découvrir Abidjan ou Yérécity, capitale économique du pays. Exemple en Afrique de l’ouest, la ville a toujours exercé un pouvoir d’attraction certain sur les touristes en dépit des stigmates de la récente crise. Ce dimanche, la circulation est fluide dans ce quartier du plateau o๠se trouve le palais présidentiel et des gratte-ciel uniques en Afrique de l’ouest. Le taximan qui nous conduit est plutôt bavard : « Vous avez de la chance, la circulation dimanche est fluide. Mais lundi, ce sont de longues files et il est difficile de faire dix minutes sans s’arrêter plusieurs fois hein… ». Un autre taximan très sage nous informe d’être prudents le soir. l’insécurité est là  et les bandits qui opèrent la nuit braquent souvent les conducteurs au volant. Alors, Adi, ce jeune chauffeur se gare dès 22 heures sous la pression de sa fiancée. Il nous dépose ensuite devant la Chambre de commerce de Côte d’Ivoire, o๠Laurent Despas, directeur du site d’informations Koaci.com, nous accueille pour une visite personnalisée d’Abidjan à  bord de son véhicule. Nous empruntons le pont qui traverse la lagune Ebrié, au bord de laquelle sont construits des édifices attractifs. Le troisième pont d’Abidjan est lui en chantier pour désengorger la circulation dense. Ensuite, dans un petit resto de Treichville, cité cosmopolite o๠vivent beaucoup d’étrangers, nous prenons un verre pour savourer le calme d’un dimanche après-midi à  Abidjan. Au menu, jus d’orange et ananas, des produits locaux très consommés en Côte d’Ivoire. Koaci.com, un site très lu Laurent a lancé Koaci.com en 2008. C’’est le 2è site le plus lu en Côte d’Ivoire. Ami de notre confrère du Républicain, Boucary Daou, son correspondant à  Bamako, Laurent avoue être un amoureux de la Côte d’Ivoire. Pendant de la crise, il a failli être tué lors d’une agression, mais il reste attaché à  ce pays qui, selon lui, donne la chance aux étrangers pour réussir. Français d’origine, Laurent parle avec un accent légèrement ivoirien. Après cette escapade avec Laurent, retour à  la résidence épiscopale. Dès lundi, nous prendrons le chemin du retour vers Bamako. Un week-end pour connaà®tre Abidjan, C’’est trop peu. Et nous voici déjà  à  l’aéroport. Nous disons au-revoir à  ce pays doux et frais o๠l’on voit rarement des motos dans la circulation comme à  Bamako ou à  Ouaga : « les Ivoiriens n’aiment pas trop les motos. C’’est très ivoirien d’éviter de monter sur une moto », confie Laurent.

Fadi El Abdallah: « La CPI ne peut pas encore commenter la procédure en cours au Mali »

En répondant aux questions des journalistes, M. Fadi El Abdallah, a tenu à  préciser qu’il ne parle pas au nom du bureau du Procureur qui est un organe indépendant, mais plutôt au nom de la CPI. Concernant le regard que l’institution porte sur la récente découverte du charnier de Diago près de Kati, il a répondu qu’il revient au bureau du procureur « de décider s’il y a lieu ou non d’ouvrir une enquête en fonction de la nature des crimes ». Selon la saisine du Mali, le bureau du procureur a ouvert une enquête sur les crimes qui auraient été commis depuis janvier 2012 sans limitation de temps » a t-il indiqué. La CPI émet le mandat d’arrêt international lorsqu’il y a des preuves suffisantes de génocide, de crime de guerre et de crime contre l’humanité. « Cela en fonction de l’existence ou non de poursuites au niveau national contre les auteurs de ces crimes » a souligné le porte-parole. Nous ne pouvons pas encore commenter cette procédure en cours au Mali A la question de savoir si la procédure en cours contre le capitaine Amadou Haya Sanogo, peut entraver toute saisine de la CPI, pour le porte-parole, C’’est lorsque le bureau du procureur demande et reçoit de la chambre des mandats d’arrêt ou des citations à  comparaà®tre pour des personnes déterminées que l’on peut se prononcer sur certaines décisions qui pourraient avoir un impact sur les procédures devant la Cour a-t-il déclaré en substance. « Nous ne pouvons pas encore commenter cette procédure en cours au Mali. On n’a pas pour habitude de refaire un procès après que les tribunaux nationaux aient rendu leur verdict » a précisé M. Fadi El Abdallah. Si le procès au niveau national ne donnait pas satisfaction aux victimes, le bureau du procureur peut mener ses propres enquêtes et peut se saisir du dossier lorsqu’il constate que « le procès n’est pas sérieux et que C’’est un procès fictif. l’enquête de la Cour pénale internationale en cours amènera le procureur à  déterminer la nature des crimes ». Des informations provenant de diverses sources Une fois les crimes déterminés, le bureau réunit les éléments de preuve qui peuvent être de tous ordres et provenir de diverses sources. Le procureur mène les enquêtes sur le terrain en envoyant ou non des enquêteurs. Il peut aussi rencontrer des témoins en dehors de la zone o๠le conflit a eu lieu. Parmi ces témoins, il peut s’agir des témoins oculaires, des experts, ou encore des témoins qui peuvent aussi faire partie des auteurs ou des victimes. Le procureur peut aussi demander des renseignements qui sont à  la disposition des autorités locales. Bref, le procureur cherche des informations quelle que soit la source. « Mais le procureur est la seule autorité à  décider sur quels éléments de preuve, il entend se baser pour demander des mandats d’arrêt ou des citations à  comparaà®tre » a ajouté M. Fadi El Abdallah.

Laurent Gbagbo va encore attendre

Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) ont besoin d’informations ou d’éléments de preuve supplémentaires de la part du procureur avant de décider de mener un éventuel procès contre l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, a indiqué la Cour lundi. Les juges ont ajourné la décision de confirmer ou non les charges de crimes contre l’humanité qui pèsent sur M. Gbagbo et «demandent au procureur d’envisager de fournir des preuves supplémentaires ou de mener des enquêtes supplémentaires», a indiqué la CPI dans un communiqué. «La chambre a estimé que l’ensemble des preuves du procureur, bien qu’apparemment insuffisantes, ne semble pas manquer de pertinence et de valeur probante» et ne peut donc pas directement décider d’abandonner les poursuites, a précisé la même source. Un nouveau calendrier a donc été établi par les juges, a souligné la CPI, ajoutant que le procureur devra remettre un document de charges complété avant le 15 novembre 2013. La défense aura, elle, jusqu’au 16 décembre 2013 pour réagir et présenter, si elle le souhaite, des éléments de preuve à  décharge supplémentaires. Laurent Gbagbo, 68 ans, est soupçonné d’avoir fomenté un «plan» impliquant notamment la commission de meurtres et de viols afin de rester au pouvoir après l’élection de son rival Alassane Ouattara en 2010, certifiée par l’ONU. Premier ex-chef d’à‰tat remis à  la CPI, Laurent Gbagbo est soupçonné d’être « coauteur indirect » de quatre chefs de crimes contre l’humanité commis pendant les violences post-électorales. Ce refus de quitter son poste après dix ans au pouvoir avait plongé la Côte d’Ivoire dans une violente crise, longue de quatre mois, qui a coûté la vie à  près de 3 000 personnes.

50 ans après, un autre Kenyatta

De nombreux chefs d’à‰tat africains et des représentants des pays occidentaux vont prendre part ce 09 avril 2013 à  l’investiture du quatrième président élu du Kenya. Uhuru Kenyatta a été élu début mars, dès le premier tour, avec très peu de voix au-dessus de la barre des 50 %. D’abord contestée par l’opposition, l’élection présidentielle a finalement été validée par la plus haute juridiction du pays – la Cour suprême – qui a rendu son verdict, le 30 mars, et qui a décrété qu’il n’y avait pas eu de fraude. Raila Odinga, candidat malheureux au scrutin du 4 mars, s’est incliné et a reconnu sa défaite. Rien de comparable avec ce qui s’est passé en 2007. l’annonce de la défaite de Raila Odinga, déjà  candidat malheureux à  l’époque face au président sortant, Mwai Kibaki, avait débouché sur de violents affrontements. En deux mois, plus d’un millier de Kényans avaient été tués et 600 000 habitants avaient dû fuir leur maison. Uhuru Kenyatta et son colistier William Ruto, sont d’ailleurs tous deux inculpés par la CPI pour crimes contre l’humanité pour leur responsabilité présumée dans ces violences. Depuis la décision de la Cour suprême, les préparatifs pour l’investiture du nouveau président ont battu leur plein, au stade Kasarani – complexe sportif qui porte le nom de l’ancien président Daniel Arap Moi – qui doit accueillir, selon la presse présidentielle, 25 chefs d’Etat et représentants des gouvernements. Parmi eux, de nombreux présidents africains dont l’Ougandais Yoweri Museveni – qui prononcera un discours – mais également le Sud-Africain Jacob Zuma, le Rwandais Paul Kagamé ou encore le Sud-Soudanais Salva Kiir. Aucun chef d’à‰tat occidental ne se rendra à  Naà¯robi pour cette cérémonie mais des représentants ont été dépêché dans la capitale kényane. Cinquante ans et poussières après son père, Uhuru Kenyatta devient donc président du Kenya. Jomo Kenyatta est le père fondateur du Kenya, Il faut dire que la situation est pour le moins inédite. C’est bien la première fois qu’un dirigeant, poursuivi au plan international, prend officiellement le pouvoir dans son pays. D’o๠le malaise au sein de la communauté internationale qui ne sait sans doute pas encore comment gérer, sans faire de vague et en particulier au Kenya, cette affaire délicate. Uhuru Kenyatta doit comparaà®tre devant la Cour pénale internationale de la Haye le 9 juillet prochain. Le Kenya représente par ailleurs la première puissance économique d’Afrique de l’Est. Et si la présence chinoise est croissante dans la région, comme sur le reste du continent, l’essentiel des investissements étrangers – notamment dans les secteurs-clés – est d’origine occidentale.

Gbagbo fut-il un démocrate ?

Gbagbo est-il le père de la démocratie ivoirienne ? Est-il l’un des premiers démocrates africains dont l’incarcération à  la CPI constitue à  ce titre un scandale absolu comme se plaisent à  le soutenir ses supporteurs qui en font même une icône du panafricanisme et de l’anticolonialisme. Le chef d’accusation sous lequel Gbagbo est inculpé ne bat-il pas en brèche sa prétention à  incarner le combat pour la démocratie en Afrique et ne permet-il pas d’en douter ? Gbagbo est-il par conséquent le démocrate sincère et l’acteur politique incontournable dont la jeune démocratie ivoirienne a besoin pour se constituer et se consolider comme semble le suggérer son parti le FPI qui fait de sa libération la condition absolue de sa participation au jeu démocratique ivoirien ? Peut-on créditer « le socialiste » Gbagbo d’avoir voulu mener une politique de classe démocratisante que la rébellion de 2002 aurait empêchée ? Est-il l’initiateur d’une démocratie sociale centrée sur la promotion des intérêts des catégories populaires en Afrique qu’un complot du « néocolonialisme » français et international aurait tué dans l’œuf ? Pour que la réponse à  ces questions fût affirmative, il aurait fallu qu’il se posât en démocrate soucieux de la représentation politique des intérêts de la diversité sociale dans toute ses composantes et en homme politique agissant dans le sens de la défense de l’intérêt national d’une République citoyenne. Il aurait fallu qu’il acceptât le principe de l’alternance du pouvoir et qu’il récusa dès sa prise du pouvoir en 2000, la politique ségrégationniste, clivante et désintégrante de l’ivoirité pour mener une politique d’intégration de la diversité sociale et culturelle fondée sur la représentativité des intérêts sociaux, la citoyenneté et la limitation du Pouvoir ! En effet comme l’écrit Alain Touraine « une politique de classe n’est démocratisante que si elle est associée à  la reconnaissance des droits fondamentaux limitant le pouvoir d’Etat et à  la défense de la citoyenneté, C’’est-à -dire du droit d’appartenance à  une collectivité politique qui s’est donné le pouvoir de faire des lois et de les changer ». Or, le premier acte politique de la mandature de Gbagbo fut de substituer le principe ethnique de la nationalité au principe citoyen de la nationalité, d’exclure une large frange de la population du droit d’appartenance à  la collectivité politique ivoirienne, de profiter de la rébellion qu’avait suscitée cette exclusion pour violer les droits fondamentaux et installer un Pouvoir sans limitation et sans contrôle. Faisant alors fi de la représentation des intérêts populaires, la politique du Front populaire ivoirien sous la direction de Gbagbo fit de la référence au peuple un instrument de manipulation au service d’un régime despotique qui se transforma en régime proprement totalitaire comme l’attestèrent les milices ethniques et les escadrons de la mort qui soumirent la société ivoirienne à  un contrôle total et livrèrent la chasse aux ennemis intérieurs et extérieurs. Le gouvernement du peuple par le peuple que Gbagbo mit en œuvre fut un gouvernement de la négation des droits du peuple par un Etat qui avait transformé la société civile naissante en communautés ethniques divisées ou coalisées les unes contre les autres et en ressource politique au service d’un Pouvoir sans borne. Si la démocratie se définit par l’interdépendance des trois principes : la limitation du pouvoir, la représentativité et la citoyenneté, force est de reconnaà®tre que Gbagbo, qui fonda son pouvoir sur la négation de ces trois principes, ne fut pas démocrate. Gbagbo n’a pas combattu pour ouvrir la Côte d’Ivoire au multipartisme afin d’instaurer pour de bon la démocratie en faisant des trois principes cardinaux de ce régime les règles d’exercice du pouvoir d’Etat et les lois de la politique en Afrique. Affilié idéologiquement au socialisme révolutionnaire qui cherche à  prendre le pouvoir pour libérer les ouvriers et les peuples opprimés, il a prétendument lutté contre le régime oligarchique du parti unique pour libérer le peuple ivoirien de l’exploitation et de l’aliénation générée par le capitalisme international dont ce régime était selon lui le complice. Fidèle à  ce type de socialisme qui finit toujours par à  instaurer un régime autoritaire comme l’histoire le prouve, Gbagbo a installé un gouvernement nationaliste autoritaire chargé prétendument de libérer la Côte d’Ivoire du néocolonialisme français et de l’épurer de l’emprise prétendue des étrangers. Gbagbo n’a pas lutté pour accéder au pouvoir suprême dans le but d’asseoir la gouvernance sur la représentation politique des intérêts de la société civile sur la défense des intérêts nationaux d’un Etat démocratique fondé sur le principe citoyen de la nationalité. La finalité de la lutte politique de Gbagbo fut d’accaparer le gouvernement afin d’exercer un pouvoir illimité qui devait réparer, dans son esprit, l’injustice faite à  sa communauté d’avoir été jusque là  exclue du partage traditionnel du pouvoir entre les groupes ethniques composant la Côte d’Ivoire. l’ethno-nationalisme xénophobe et antidémocratique de Gbagbo s’enracine subjectivement dans cette rancune et dans cette volonté de revanche. Le refus de céder le pouvoir, après dix années de gouvernement sans élection présidentielle, fut la conclusion nécessaire d’une logique d’accaparement qui refusait le principe démocratique de l’alternance du pouvoir et les règles du jeu de la démocratie représentative. l’esprit de la démocratie fut pour cela trahi, dès le départ, par l’entorse faite à  la lettre de la démocratie dans les modalités de l’élection présidentielle par lesquelles Gbagbo accéda au pouvoir en 2000. Les élections de 2000 « calamiteuses » selon sa propre expression ne le furent pas accidentellement. Les candidats des deux principaux partis d’opposition furent exclus de la compétition électorale, empêchés de se présenter par l’intimidation, la terreur et la manipulation de la constitution ! Le refus du jeu de la démocratie et la mentalité du soupçon enracinés dans une tradition du complot imprègnent et constituent la texture de la culture politique du FPI de Gbagbo comme en témoigne jusqu’aujourd’hui son refus obstiné de participer aux différentes élections lorsqu’il n’est pas assuré de les remporter. Hier au temps de sa splendeur le fameux slogan électoral « on gagne ou on gagne » était l’expression cynique de cette morgue du tricheur politique patenté qui est prêt à  tout pour conserver le pouvoir. Aujourd’hui dans la défaite son refus de jouer son rôle démocratique en tant que parti d’opposition trahit sa conception spécifiquement nihiliste du pouvoir : le pouvoir d’Etat est la propriété personnelle de son détenteur qu’une opposition politique ne fait que légitimer. Son refus de s’engager dans une opposition constructive pour tenter de reprendre le gouvernement en obtenant la majorité des suffrages aux élections, grâce à  la pertinence de son projet de société et de son programme de gouvernement, traduit ce fait que le peuple a toujours été pour le FPI de Gbagbo une ressource politique destinée à  être manipulée et instrumentalisée. Son refus de regagner une crédibilité politique par le débat et les propositions rationnelles, afin de reconquérir électoralement le pouvoir d’Etat sous l’arbitrage du peuple souverain, démontre que le FPI demeure dans la logique antidémocratique de la force qui fait peu de cas de la souveraineté de la vox populi ! Se situant dans la ligne d’un intérêt exclusivement factionnel, centré sur la restauration du pouvoir personnel de l’oligarchie du parti, il s’ingénie à  bloquer le processus de démocratisation du pays en refusant sa participation politique partisane pour faire du tort à  ses adversaires. Il se soucie ici précisément de l’intérêt général du peuple ivoirien comme d’une guigne ! Le gouvernement du FPI ne fut pas le gouvernement démocratique d’une société o๠l’autonomie de la société civile et de la société politique avait été restaurée après la chute du parti unique. Ce fut à  nouveau le gouvernement d’un parti dominant qui avait envahi la société civile naissante en clientélisant la majeure partie des ONG et en incorporant les organisations populaires dans l’appareil du parti et bientôt dans celui du parti-Etat FPI lorsque le parti s’accapara du pouvoir. Gbagbo ne fut pas le démocrate qui avait libéré la Côte d’ivoire de l’oppression interne et étrangère, restitué à  la Côte d’Ivoire la souveraineté de son peuple et rétabli le gouvernement de ce peuple par ses représentants dans un Etat démocratique qui était le produit de sa propre volonté. Gbagbo fut le chef totalitaire d’un Etat criminalisé qui ne reculait pas devant le meurtre de masse pour soumettre le peuple ivoirien à  l’oppression endogène de sa dictature personnelle.

Gbagbo à la CPI: les détails renversants du bureau du procureur

l’audience de confirmation des charges s’est poursuivie hier après-midi, avec de longues heures consacrées à  élucider les principaux massacres attribués aux forces de M. Gbagbo. On en sait un peu plus sur des événements graves survenus au cours de la période postélectorale. Notamment la marche sévèrement réprimée des militants du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix sur le siège de la Radiodiffusion-télévision ivoirienne (Rti), le massacre des femmes d’Abobo et les tueries et viols de femmes commis quelques heures après la chute de Laurent Gbagbo. l’acte 3 de l’audience de confirmation des charges, hier, à  la Cpi, a permis d’avoir d’importants détails relatifs à  ces tueries ignobles. Successivement, le premier substitut du procureur, Eric Mc Donald, puis ses collègues substituts Maria Berdennikova, Kristztina Varga et Florie Huch ont narré lesdits événements avec précision. Et surtout preuves à  l’appui. A propos de la marche sur la Télévision ivoirienne du 16 décembre 2010, l’accusation est formelle, «il s’agissait d’une attaque planifiée et coordonnée au plus haut niveau par la hiérarchie militaire des Fds (Forces de défense et de sécurité)», a laissé entendre M. Mc Donald. Prenant à  rebrousse-poil Me Emmanuel Altit qui a pointé des miliciens pro-Ouattara, mercredi 20 février à  l’audience. Le bureau du procureur, s’appuyant sur des enquêtes extérieures, comme celle d’Amnesty international, croit savoir qu’il y a eu une volonté délibérée de réprimer dans le sang tous les militants du Rassemblement des républicains (R qui tenteraient de mettre le nez dehors ce jour-là . Résultat : de nombreux manifestants « aux mains nues », mis aux arrêts, tués et blessés. Sans compter des dizaines de cas de viol. Massacre à  l’arme lourde des femmes Le deuxième fait significatif, qui a suscité de l’émoi au-delà  des frontières ivoiriennes, constitue le massacre à  l’arme lourde de sept femmes parmi les manifestantes du 3 mars 2011 à  Abobo. Les éclairages du procureur étaient très attendus sur le sujet, tant il a charrié à  l’époque dans l’opinion, des thèses les plus invraisemblables. Après recoupements des témoignages et des rapports internationaux, Mme Fatou Bensouda pointe la responsabilité partagée d’éléments de la Garde républicaine et de la Gendarmerie qui avaient comme base le camp commando d’Abobo. En outre, le nom de Bruno Dogbo Blé, ex-patron de cette Garde républicaine, récemment jugé et condamné pour l’assassinat du colonel-major Adama Dosso, est avancé. Les images de la vidéo, poignantes, projetées au cours de l’audience situent le contexte : des femmes rassemblées du côté du rond-point du Banco ont voulu jouer leur partition. Elles ont initié l’ «Opération Gbagbo dégage» croyant que l’absence significative d’hommes dans leur rang les épargnerait d’une répression habituelle de l’armée. C’’était sans compter la détermination à  « écraser tout soutien à  Alassane Ouattara et exécutée en toute connaissance de cause », dans la logique du «plan commun» élaboré. Scénario identique quelques jours plus tard, soit le 17 mars 2011. Ce jour-là , des obus de mortiers sont tirés « depuis le camp commando », selon l’accusation, et près de 25 morts et une quarantaine de blessés graves dans les secteurs du marché Siaka Koné, et des quartiers Derrière-Rails et Village Sos. Le fait nouveau, dans ce dossier, C’’est l’identification des deux officiers en service ce jour-là  dans ledit camp. Et dont les noms ont été cités, hors micro, à  la barre. Le bureau du procureur, s’appuyant sur une enquête de l’Onuci et des témoignages internes au commandement militaire indexe formellement des éléments du Bataillon d’artillerie sol-air (Basa). Cette utilisation des mortiers en zone Utilisation de mortiers en zone urbaine urbaine, d’après les conclusions du procureur, entrait dans une logique. Celle de conserver le contrôle à  tout prix de la commune d’Abobo, menacée par des harcèlements attribués au fameux «commando invisible». Pour clore ce chapitre des violences postélectorales, Mme Huck est longuement revenue sur les exactions conjointement commises par des «éléments de la police, des jeunes miliciens et des mercenaires » à  partir du 12 avril. « En représailles de l’arrestation de leur leader (ndlr : Laurent Gbagbo) et en continuité de la politique de ce dernier », des tueries, des viols et des victimes du fameux « article 125 », notamment dans les quartiers Doukouré et Mamie Faitai à  Yopougon. Bilan : plus de quatre-vingts morts. Au cours de cette troisième audience, la défense s’est simplement contentée de prendre des notes. Elle aura enfin l’occasion cet après-midi de réfuter point par point les pièces à  conviction versées au dossier de Laurent Gbagbo. La tâche s’annonce très délicate : il s’agira de démonter, par des preuves irréfutables les arguments avancés par le bureau du procureur. Une stratégie de défense axée sur une batterie d’imprécisions risque de conforter les juges de la chambre préliminaire à  renvoyer l’affaire devant une chambre de première instance.

CPI : Gbagbo de nouveau à la barre

Plus d’un an après son transfèrement à  la Haye, l’ex président ivoirien Laurent Gbagbo se retrouve publiquement devant les juges de la Cour pénale internationale (CPI) ce mardi 19 février. C’’est la première fois depuis sa comparution initiale en décembre 2011 et plus de deux ans après les faits qui lui sont reprochés, en l’occurrence les violences post-électorales de la mi-2011 qui avaient fait plus de 3000 morts dans son pays. M. Gbagbo est soupçonné d’être « co-auteur indirect » de crimes contre l’humanité commis pendant les semaines qui ont suivi son refus de reconnaà®tre l’élection d’Alassane Ouattara, son rival, dont la victoire électorale avait été proclamée par la commission nationale électorale ivoirienne. Il est soupçonné d’avoir fomenté un « plan » composé notamment de meurtres et de viols pour s’accrocher au pouvoir. Déterminer si Gbagbo peut être jugé à  la Haye C’’est l’objectif principal de cette audience qui devra se conclure le 28 février. La Cour doit décider ou non de l’organisation d’un procès de l’ancien président ivoirien pour crimes contre l’humanité. Cette audience, qui devrait par une déclaration de Laurent Gbagbo, doit permettre aux juges d’examiner si les éléments de preuves rassemblés par l’accusation sont suffisamment solides pour permettre, plus tard, la tenue d’un procès. Le procureur, qui devra prouver que son dossier est solide, dispose de 600 pièces. En Côte d’Ivoire, cette audience, reportée à  deux reprises, est attendue par les partisans du régime Ouattara comme par les fidèles de l’ancien président, d’autant qu’elle pose à  nouveau la question cruciale des rapports entre justice et réconciliation. L’horaire des audiences a été adapté en fonction de l’état de santé de l’ancien président, et sont programmées de 14h30 à  18h30 (GMT+1). Pour rappel, la CPI est le premier tribunal pénal international permanent chargé de juger les auteurs de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre et Laurent Gbagbo est le premier ex-chef d’à‰tat à  lui être remis. Ce dernier devrait prendre la parole lors du dernier jour d’audience, le jeudi 28 février.

Le Procureur de la CPI ouvre une enquête concernant les crimes de guerre commis au Mali

LA HAYE, Pays-Bas, 16 janvier 2013/ — Aujourd’hui, le Procureur de la Cour pénale internationale (http://www.icc-cpi.int), Mme Fatou Bensouda, a officiellement ouvert une enquête sur les crimes présumés commis sur le territoire du Mali depuis janvier 2012. Cette décision découle de l’examen préliminaire de la situation au Mali que le Bureau a initié en juillet 2012. « Depuis le début du conflit armé qui a éclaté en janvier 2012, les habitants du nord du Mali sont soumis aux grands troubles qui agitent leur région », a-t-elle déclaré. « Divers groupes armés ont semé la terreur et infligé des souffrances à  la population par tout un éventail d’actes d’une extrême violence à  tous les stades du conflit. Je suis parvenue à  la conclusion que certains de ces actes de brutalité et de destruction pourraient constituer des crimes de guerre au regard du Statut de Rome ». Depuis le renvoi de la situation au Mali par l’à‰tat malien, le Bureau du Procureur est habilité à  enquêter et à  engager des poursuites concernant tout crime relevant de la compétence de la Cour, commis sur le territoire malien depuis le mois de janvier 2012. Il a identifié, au cours de son examen préliminaire, d’éventuelles affaires suffisamment graves pour qu’il y donne suite. Mme Bensouda estime qu’il existe une base raisonnable pour croire que les crimes suivants ont été commis : i) le meurtre; ii) les mutilations, les traitements cruels et la torture ; iii) le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des biens protégés ; iv) les condamnations prononcées et les exécutions effectuées sans un jugement préalable rendu par un tribunal régulièrement constitué ; v) le pillage ; et vi) le viol. « Mon Bureau mettra tout en œuvre pour mener une enquête approfondie et impartiale et rendra justice aux victimes maliennes en enquêtant sur les personnes portant la plus lourde part de responsabilité dans les crimes présumés ». D’après les renseignements disponibles à  ce jour, le Bureau se concentrera sur les crimes commis dans les trois régions du nord du pays. « La confusion bat son plein au nord du Mali et les populations sont exposées à  des risques accrus de violence et de souffrance », a indiqué le Procureur. « La justice peut jouer son rôle en soutenant les efforts communs de la CEDEAO, de l’Union africaine et de la communauté internationale dans son ensemble pour mettre un terme à  la violence et rétablir la paix dans la région. Des organisations régionales et internationales clés ont reconnu l’importance de la justice dans la résolution de la crise qui secoue le Mali. Les crimes internationaux commis au Mali ont profondément heurté la conscience humaine ».