Emanuela Del Re : « l’Union européenne veut rester un partenaire important pour le Mali »

La Représentante  spéciale de l’Union Européenne au Sahel était en visite au Mali du 12 au 15 mars 2023. À la fin de son séjour, durant lequel elle a rencontré plusieurs acteurs (Gouvernement, politiques, groupes armés signataires de l’Accord pour la paix, médiation internationale…), elle s’est confiée  à Journal du Mali dans cet entretien exclusif.

Vous venez de terminer votre visite au Mali. Quel en était l’objectif ?

Ce n’est pas ma première visite au Mali. J’ai été ici plusieurs fois avant et j’ai rencontré plusieurs fois, pas seulement les autorités, mais aussi la société civile, les représentants des partis politiques et des mouvements du Nord. Cette fois, c’est particulièrement important parce que, comme vous le savez, l’Union Européenne, qui reste toujours à côté de la population malienne, veut reconfirmer son intention de rester un partenaire important pour le Mali. Je suis heureuse de dire que cela a été reconfirmé aussi par le ministre, que j’ai rencontré, ainsi que notre collaboration essentielle, surtout sur les questions pas seulement nationales mais aussi régionales.

Vous vous êtes imprégnée de la situation au Mali avec les différents acteurs sur le terrain. Quelles sont vos impressions finales sur cette situation globale?

Je peux dire que je connais déjà très bien la situation au Mali. Et je peux dire qu’à chaque fois j’ai l’opportunité, et c’est pour cela d’ailleurs que j’aime beaucoup être ici, directement dans le pays, d’apprendre un peu mieux ce qui se passe, parce que la situation ne change pas. Sur le plan sécurité, bien sûr, la situation est très grave, on le sait. On sait que les terroristes s’organisent au Nord et qu’il y a d’énormes problèmes de criminalité. C’est vraiment une situation qui a un très grave impact sur la population. C’est pour cela que l’Union Européenne est à côté de la population avec des projets qui peuvent garantir pas seulement la survie mais aussi le développement. Nous avons  à peu près 900 millions d’euros de projets pour le pays .Cela veut dire que nous sommes vraiment présents et notre activité a un impact énorme sur la situation économique, sociale, sécuritaire et surtout humanitaire. Je dois dire que nous sommes conscients de tous les problèmes et que nous comprenons très bien ce que traverse la population. Nous avons la volonté de rester partenaires du Mali. Je suis fière de dire que notre action a un résultat important.

L’UE dénonce la présence du groupe Wagner depuis près de deux ans au Mali, alors que le gouvernement la conteste. Est-ce que cela impacte sa coopération avec pays sur le plan sécuritaire et, dans d’autres domaines, où s’étend cette coopération ?

Nous avons dit à plusieurs reprises que pour nous, le choix d’appeler Wagner n’était pas un choix acceptable. En même temps, nous avons la volonté de rester à côté des populations maliennes. Cela veut dire que, pour nous, c’est important de continuer notre action, de surtout accompagner le Mali dans un processus d’appropriation. Notre rêve est de voir les FAMa, que nous avons aidées pendant beaucoup d’années, car nous avons entrainé plus de 18 000 soldats des FAMa à travers l’EUTM, combattre les terroristes et obtenir des résultats forts sur le plan sécuritaire.

L’EUTM va-t-elle poursuivre sa mission dans le pays ?

Pour le moment, comme vous le savez, cette mission a été réduite et il y aura d’autres changements. Pour toute autre décision concernant cette mission sur le territoire malien, nous attendons la fin de la Transition et les élections pour voir ce qui se passera avec le gouvernement élu, avec l’opportunité de discuter et de réviser notre présence ici et de voir s’il est possible de continuer certaines activités ou non.

Le référendum prévu pour le 19 mars a été reporté le 10 mars dernier. Avez-vous des craintes quant à un retour à l’ordre constitutionnel comme prévu en février 2024?

Nous espérons que le chronogramme va être respecté. Nous avons aussi  la volonté d’y contribuer, avec un appui financier au processus électoral, pour garantir que les institutions nécessaires soient mises en place et qu’il y a la possibilité de faire des élections libres dans une atmosphère constructive. Bien sûr, les décisions de report sont toujours un petit problème. S’il y a encore une prolongation de l’attente de la part des populations, c’est toujours quelque chose qui peut créer d’autres problèmes. Les autorités maintiennent leur attachement à rester dans le délai imparti, mais nous ne savons pas encore si cela sera vraiment traduit en réalité. Mais, pour nous, c’est important de montrer qu’il y a une volonté de retourner à l’ordre constitutionnel.

La mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation bloque depuis quelques mois. Vous venez de rencontrer les différents acteurs (groupes armés signataires et partie gouvernementale). Comment la médiation internationale compte-t-elle relancer le processus ?

Le 13 mars, pour vous dire que les choses avancent, nous avons eu une réunion de la médiation internationale au siège de la MINUSMA, à laquelle ont participé tous les acteurs, l’Union européenne, la CEDEAO, l’Union Africaine, l’Algérie, etc.  Cette réunion était très importante parce que nous avons eu l’opportunité de nous exprimer librement. J’ai parlé de la nécessité d’avoir plus de femmes dans le processus et de celle de faire marcher les commissions. Il y a la volonté de voir le processus avancer. Il y a eu la proposition de faire une autre réunion ministérielle. J’ai discuté avec les représentants des groupes armés signataires et ils m’ont dit qu’ils ont la volonté d’avancer. La volonté est là et la médiation internationale a l’intention de faire ce qu’elle doit faire : faciliter le processus, parce que nous ne pouvons pas imposer.

Doit-on s’attendre à la tenue prochaine d’une réunion du CSA ?

Nous avons évoqué cela. Je pense qu’ils vont décider de cela bientôt et j’espère qu’il y aura une grande participation. Comme je le dis, les propositions sont là, ainsi que l’énergie et la volonté. Les différents acteurs doivent trouver des compromis et des formules pour avancer dans le processus. Je crois que tous les ingrédients sont réunis et nous, en tant que médiation internationale, nous espérons pouvoir faciliter les choses.

Accord pour la paix : intégration de 26 000 ex-combattants à l’horizon 2024

Après cinq jours d’intenses débats et d’échanges, la réunion de niveau décisionnel des parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation, démarrée le lundi 1er août 2022 à Bamako, a clos ses travaux ce vendredi 5 août 2022.  Parmi les conclusions de cette réunion notamment, l’intégration de 26 000 ex-combattants d’ici fin 2024.

Réunissant les parties signataires, la Médiation internationale et la Communauté internationale autour du Comité de suivi de l’Accord (CSA), elle a permis aux participants d’aborder les questions qui fâchent et qui entravent la mise en œuvre efficiente de l’Accord pour la paix, issu du processus d’Alger. Après cinq jours de travaux, plusieurs recommandations ont été faites à l’issue de la réunion notamment l’intégration de 26 000 ex-combattants d’ici fin 2024.

 

Cette réunion de 5 jours qui se veut historique a été également l’occasion de marquer un pas décisif  vers le processus de mise en œuvre de l’Accord de paix.

Pour le Premier ministre Choguel Maïga, chaque effort consenti pour la paix est gage de cohésion. Raison pour laquelle cette réunion selon lui, est le symbole d’une aube nouvelle qui s’ouvre pour le Mali.

Après des mois de préparation et d’engagement de toutes les parties, cette réunion de niveau décisionnel des parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation, s’est bien tenue et a permis aux parties de s’accorder sur des points essentiels de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.

Réunion de niveau décisionnel : une relance de l’Accord pour la paix ?

Alors que le Président algérien Abdelmadjid Tebboune, dont le pays est le chef de file de la médiation internationale de suivi de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, a appelé le 31 juillet à l’application de cet accord, issu du processus d’Alger, les parties maliennes (gouvernement et groupés armés signataires) tiennent une Réunion de niveau décisionnel (RND)  du 1er au 5 août 2022 à Bamako. De quoi présager d’une reprise de sa mise en œuvre ?

Sept ans que la mise en œuvre de l’Accord tâtonne. La médiation internationale de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger s’inquiète. Dimanche dernier, le Président algérien Abdelmadjid Tebboune a expliqué dans la presse algérienne que « tant que l’Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger n’a pas été mis en œuvre, les problèmes auxquels est confronté le Mali perdureront, car le pourrissement de la situation est tel que n’importe qui s’arroge le droit de s’immiscer dans les affaires de ce pays ». Une situation déjà déplorée le 17 juillet dernier par les groupes signataires de l’Accord de 2015 à l’issue d’une réunion à Kidal. Selon eux, l’Accord est à l’arrêt depuis le coup d’État d’août 2020.

C’est dans ce contexte que le gouvernement a lancé cette semaine une réunion de niveau décisionnel. Tenue pour la deuxième fois après celle des 8 et 9 février 2021, elle a pour « objectif global de diligenter la mise en œuvre des actions prioritaires de défense et sécurité de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, conformément à la Feuille de route actualisée du 18 décembre 2020 », annonce le ministre de la Réconciliation, de la paix et de la cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, le Colonel-major Ismaël Wagué.

« Questions superficielles »

Elle vise également à déboucher sur des solutions visant à redynamiser la mise en œuvre de l’Accord, à créer les conditions nécessaires pour entamer le Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) global et à s’accorder sur certaines réformes politiques et institutionnelles.

« Pour ce faire, nous procèderons aux discussions relatives à la répartition des quotas pour l’intégration des ex-combattants dans les corps constitués de l’État, y compris au sein des forces armées et de sécurité, au mécanisme de gestion du cas des hauts cadres civils et militaires des mouvements et, enfin, à convenir des réformes politiques et institutionnelles non liées à la révision constitutionnelle », explique-t-il.

Les groupes armés abordent dans le même sens. Pour Attaye Ag Mohamed, chef de la délégation de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), « la paix, ce n’est pas que sur le papier, ça se construit. Pendant sept ans nous avons beaucoup discuté sur des questions superficielles ou de surface, mais là c’est l’occasion pour nous tous d’évoquer les véritables enjeux ».

De même, Fahad Ag Almahmoud, Président de la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 et Secrétaire général du groupe d’autodéfense Gatia, engagé depuis mars 2022 dans une lutte contre le groupe terroriste État Islamique dans la région de Ménaka, trouve qu’il y a « urgence que les acteurs de l’Accord se donnent la main pour faire face à ce phénomène, qui s’intensifie au nord et partout dans le pays ».

Ce mécanisme, selon l’analyste politico-sécuritaire Jean-François Camara, pourrait faire figure de relance de la mise en œuvre de l’Accord. Mais « pour quelle soit totale  il faut une relecture de l’accord. Ce que doivent accepter les groupes armés, car lors de sa signature le Mali n’était pas en position de force, ce qui a changé à présent. S’ils accordent sur ces changements, on assistera à une véritable relance de la mise en route de l’Accord », assure-t-il.

Depuis sa signature, en 2015, il y a eu 45 réunions du Comité de suivi de l’Accord (CSA) qui n’ont pas réussi à apporter des résultats probants. Cette Réunion de niveau décisionnel, qui prend fin ce vendredi, sera-t-elle la bonne ? « Nous l’espérons une fois pour toute », plaide le chef de file de la médiation internationale, El-Haouès Riache.

Blocages dans l’Accord pour la paix : à qui la faute ?

Prévue pour le 15 juin, la 40ème session du Comité de suivi (CSA) de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali doit faire un nouveau point sur sa mise en œuvre. Censé aboutir à une « paix globale et durable, garantissant une solution définitive à la crise qui affecte le Nord du Mali », l’Accord est encore loin de l’espoir suscité. Cinq ans après, aucun des axes ne connaît une mise en œuvre satisfaisante, selon les acteurs. Réformes institutionnelles et politiques, défense et sécurité, développement et réconciliation nationale, ou encore justice et questions humanitaires, « les problèmes restent entiers ». Si une relecture peut s’avérer nécessaire, l’Accord doit être mieux partagé afin que l’ensemble de la population y prenne une part active, mais aussi que les parties signataires agissent avec plus de bonne foi.

Dans un communiqué rendu public le 28 mai 2020, en prélude à la 40ème session du CSA, la MINUSMA a exhorté « les parties signataires à s’abstenir de tout acte contraire à l’esprit de l’Accord ou susceptible de remettre en cause, non seulement la souveraineté et l’intégrité territoriale du Mali (…) », quelques jours après le refus de la CMA de laisser entrer à Kidal le bataillon de l’armée nationale reconstituée. Un communiqué du gouvernement reprochait au mouvement de s’emparer de fonctions régaliennes de l’État.

Ce « manque de confiance et de bonne foi des parties prenantes, mouvements signataires, Gouvernement et médiation internationale est le premier obstacle à la mise en œuvre de l’Accord », selon un observateur. Ainsi, malgré la signature de l’Accord,  les ex-rebelles restent armés et contrôlent toutes les régions du Nord du pays, ajoute t-il. Mais ce qui a manqué le plus depuis la signature, « c’est un réel portage politique », estime Monsieur Mahamadou Diouara, sociologue. « C’est un document éminemment politique, qui engage la Nation sur un chemin réformateur qui engendre beaucoup de changements et dont la matérialisation implique la participation inclusive de l’ensemble des composantes de la Nation, au niveau national et local ».

Accord non inclusif

Ce projet politique déterminant aurait obtenu les résultats escomptés s’il avait été mieux partagé, estime les observateurs. Tous les acteurs de sa mise en œuvre concrète, notamment les populations, devraient en avoir une conscience claire, afin d’en comprendre les « tenants et les aboutissants », ainsi que leurs rôles dans le processus.

« Malheureusement, depuis sa signature, ni le gouvernement ni les groupes armés signataires ne sont allés vers le peuple » pour expliquer le contenu de ce document signé en son nom, lui faire connaître les dividendes attendus, les rôles et les risques encourus en cas de non application.

L’absence de ce préalable, essentiel à l’appréhension du processus par la majorité des acteurs, a eu pour conséquence de faire de « la mise en œuvre de l’Accord une entreprise isolée entre le Gouvernement, la CMA, la Plateforme », ajoute M. Diouara.  Entre ces acteurs, les groupes non signataires et une partie de la société civile, qui manifestent leurs désaccords pour une disposition non appliquée ou le retard accusé dans l’application d’une autre. Pendant ce temps, la question de la qualité de l’Accord reste en suspens et ne permet pas au citoyen de participer à son application.

Or le projet politique porté par l’Accord est celui de la régionalisation. Une étape dans le processus de décentralisation pour offrir des réponses locales à des questions dont la connaissance et la maîtrise échappent souvent à l’État central. Mais, dans la réalisation de cette ambition, au lieu d’une vision globale capable d’assurer une mobilisation accrue de tous les acteurs, les parties prenantes ont privilégié « des questions subsidiaires, priorités d’intérêt immédiat ».

Intérêts particuliers

Dès lors, cette défense d’intérêts partisans a transformé « en condition imparable une disposition de l’Accord » : les autorités intérimaires, celles qui devaient durant une période transitoire permettre aux parties signataires, grâce à une convention, d’assurer ensemble la sécurisation des zones à conflit avec un Mécanisme opérationnel de coordination (MOC).

Ces forces, composées de combattants de chaque groupe signataire et de militaires, sous le commandement d’un officier supérieur de l’armée, devaient effectuer des patrouilles mixtes afin de permettre aux autorités d’exercer leurs missions.

L’impossibilité d’accomplir « correctement » ces missions a conduit à la mise en place d’autorités exceptionnelles. Ce qui n’a fait que « réveiller les peurs des populations du nord qu’une communauté se voit octroyer les droits et privilèges de disposer de la destinée des collectivités », estime le sociologue Diouara. Des craintes qui se sont  d’ailleurs justifiées, contribuant à démobiliser les acteurs locaux.

L’absence de vision globale dans la mise en œuvre de l’Accord a aussi entraîné la mise en avant d’une autre question comme condition, celle du DDR. Ainsi, au lieu d’une mobilisation des énergies et intelligences de chaque collectivité, c’est la réinsertion qui a été « vendue » aux jeunes, déplore le sociologue. Engendrant une course aux armes afin d’être affilié à un groupe armé et reconnu comme ex-combattant.

Alors qu’il aurait fallu que chaque région puisse s’organiser, créer une fonction publique territoriale et mettre en place une police territoriale, sous l’autorité du chef de l’exécutif local, élu au suffrage universel direct et appuyé à chacune des échelles  par un comité consultatif local de sécurité composé de représentants des jeunes, des femmes, des autorités traditionnelles. Cela aurait permis de mobiliser les jeunes de chaque ethnie pour constituer une force territoriale afin d’assurer cette sécurité et empêché les affrontements entre différentes ethnies à Mopti.

Mais une mauvaise lecture de l’Accord a engendré une mobilisation contre lui, empêchant cette mesure et favorisant les clivages intercommunautaires et l’émergence de singularités et fondamentalismes.

Pourtant, un tel programme pour utiliser les ressources locales allait créer de l’emploi  et de l’espoir, ainsi que de nouvelles aspirations.

Mauvaise foi

Manifestement, les parties prenantes de l’Accord font preuve de mauvaise foi. « Elles font semblant de jouer leurs rôles », mais comme « au chat et à la souris, prenant en otage le peuple et le pays », parce qu’elles « semblent toutes servir des intérêts personnels et/ou communautaires », plutôt que l’intérêt général, souligne un acteur.

Les principes et les engagements sont clairs et hiérarchisés, précise M. Diouara. L’unité, la souveraineté de l’État sur le territoire, la forme républicaine et la laïcité sont des principes acquis et acceptés par toutes les parties.

À partir de là, les gestes de la CMA ne peuvent se justifier que par « l’architecture institutionnelle de la mise en œuvre de l’Accord, la faiblesse de l’État malien et la duperie de la médiation de la communauté internationale », analyse cet observateur.

Rappelant que l’Accord prevoyait que 90 jours après sa signature les groupes armés donneraient la liste de leurs combattants et armes à la Commission technique de sécurité (CTS), pendant que les MOC sécuriseraient les sites de cantonnement, dont la MINUSMA en avait construit huit une année après la signature, le sociologue Diouara déplore « qu’à ce jour, ces forces n’aient pas déposé les armes. Nous sommes comme au jour de la signature ».

S’il n’est pas exclu de relire le texte de l’Accord, parce qu’il a été rédigé dans un contexte qui n’est pas le même actuellement, certaines déclarations ayant été plus « néfastes » qu’utiles, il est indispensable que « les gens en aient une compréhension claire », suggère M. Diouara.

Il faut surtout lui « donner une chance d’obtenir l’adhésion d’une grande partie des Maliens, afin qu’il soit un instrument approprié de paix, de prévention des crises, porteur de développement équilibré des régions du Mali », conclut un acteur.

Fatoumata Maguiraga

Quelques dates…

Infographie: Boubacar Diallo et Marc Dembelé

Accord pour la paix : 38ème session du CSA tenue à Bamako

La 38ème session ordinaire du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger (CSA) s’est tenue jeudi 27 février 2020 à Bamako, au CRES de Badalabougou, regroupant comme à l’accoutumée, les représentants de la CMA, de la plateforme, de la médiation internationale, et les membres du gouvernement.

Revêtant  un caractère particulier dans la mesure où elle se tient pour la première fois dans son format ordinaire depuis six mois, cette 38ème session du CSA marque  la reprise régulière des réunions du comité.

Elle s’est déroulée en présence du président du CSA, Boualem Chebihi, du Représentant spécial du Secrétaire Général de l’ONU et chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, du Haut Représentant du Président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord, le Général Mahamadou Diagouraga, ainsi que du ministre de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale, Lassine Bouaré.

La session a été essentiellement consacrée aux suites données aux conclusions de la 4ème réunion de haut niveau du CSA tenue en janvier dernier, en relation avec cinq principaux thèmes.

D’abord, la mise en œuvre des recommandations et des résolutions du Dialogue national inclusif dans un esprit d’inclusivité et le déploiement des premières unités de l’armée nationale reconstituée.

Ensuite, le lancement du Fonds de développement durable (FDD) avec l’évaluation de la tenue de la première réunion de son comité de pilotage, et l’amélioration et le renforcement de la coordination et la concertation inter-maliennes sur la mise en œuvre de l’Accord.

La réunion s’est enfin  penchée sur la participation des femmes dans la mise en œuvre de l’Accord afin de leur permettre d’apporter leurs contributions effectives au processus de paix.

 « Les parties étaient très engagées. Nous avons évoqué toutes les questions d’actualité qui ont un lien avec la mise en œuvre de l’Accord. Des propositions concrètes ont été faites sur l’ensemble de ces questions. L’ambiance générale était très bonne et nous souhaitons que les prochaines sessions se déroulent dans le même climat de confiance retrouvée », a déclaré Boualem Chebihi au terme de la réunion.

 Germain KENOUVI

 

Kidal : Un CSA de haut niveau le 17 septembre ?

La prochaine session du Comité de suivi de l’Accord (CSA) pourrait se tenir à Kidal. Prévue pour le 17 septembre, cette réunion de haut niveau, à laquelle participeront le ministre algérien des Affaires étrangères et son homologue malien, sera une première depuis la signature de l’Accord pour la paix, en 2015.

Le 17 septembre prochain, la ville de Kidal pourrait acceuillir la 38ème session du Comité de suivi de l’Accord. Une réunion de haut niveau qui verra la participation des ministres des Affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Algérie et du Mali. Le porte-parole de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), Mossa Ag Attaher, est confiant. « Nous avons prévu de tenir la prochaine session du CSA à Kidal, pour la délocaliser et amener tous les acteurs et la communauté internationale à voir les réalités sur place. Elle devait se tenir le 9 septembre, mais elle a été repoussée, normalement au 17 ». Même si le Président du CSA reste prudent quant au lieu, tout porte à croire que la rencontre pourrait bien se tenir dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas. « Rien n’est encore définitivement décidé. Il y a plusieurs propositions à l’étude. Cela peut être Bamako ou ailleurs. Pour l’instant rien n’est tranché », souligne Ahmed Boutache. La délocalisation d’une session du CSA à Kidal, avec le cortège d’acteurs qui en sont membres et les hautes personnalités qui y participent, peut être plus qu’un symbole. La région échappe depuis plusieurs années à l’État et de plus en plus devient source de discordes. « C’est une innovation qu’on veut apporter, pour que les ambassadeurs et les autres personnalités aillent voir ce qui se passe sur le terrain. L’objectif est de voir de plus près les réalités. Les symboles de l’État dont parlait Tiebilé, il va les voir ». Mais, « si on veut vraiment les symboles qui représentent un État, il faut créer les services de l’État qui préserveront ces symboles » ajoute Mossa Ag Attaher.

Pour le retour de l’administration, le porte-parole de la CMA estime qu’il ne peut se faire que dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord. « Il n’y a pas de calendrier formel ». Quant au Gouverneur, il assure que les administrateurs sont déjà à Kidal. « On travaille dans le calme et les gens reviennent petit à petit », glisse Sidi Mohamed Ag Ichrach. 

Accord pour la paix : Une nouvelle feuille de route

Le 17 juin, le Comité de Suivi de l’Accord (CSA) a tenu, à l’invitation du ministre algérien des Affaires étrangères, sa 3ème session consultative de haut niveau. Après une évaluation de la feuille de route du 22 mars 2018, les participants ont convenu d’une feuille révisée. Avec quelles incidences ?

Ils étaient tous présents : membres des mouvements signataires, gouvernement, chef de la MINUSMA, et le ministre algérien des Affaires étrangères de l’Algérie, chef de file de la médiation, et ses homologues du Niger et du Burkina Faso, le 17 juin dernier à Bamako. Des ambassadeurs accrédités, le directeur Afrique du Quai d’Orsay et d’autres personnalités impliquées dans la mise en œuvre de l’Accord ont pris également part à cette réunion. « Ce CSA s’est tenu à un moment crucial dans l’agenda de mise en œuvre de l’Accord et ce rendez-vous était important, parce que tous les partenaires et toutes les parties avaient ces derniers mois décidé d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord, vu la détérioration de l’aspect sécuritaire au nord mais aussi au centre du pays », a justifié le nouveau porte-parole de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), Mossa Ag Attaher.

Pour avancer sur les axes prioritaires, dont certains issus de la feuille de route du 22 mars 2018, les parties ont élaboré une feuille révisée à mettre en œuvre d’ici fin 2019. Elle met l’accent, selon le porte-parole de la CMA, sur « la finalisation du DDR, l’envoi en formation des éléments du MOC qui ont fini le DDR et la mise en route rapide de la Zone de développement des régions du Nord, et invite toutes les parties à œuvrer pour que le dialogue inclusif ait lieu et que les éléments de l’Accord qui nécessitent clarification ou interaction entre les parties et les acteurs sont vus afin d’intégrer ce qui doit l’être dans la Constitution en révision ».

Le nouvel élan affiché ne convainc pas Boubacar Bocoum, analyste politique et spécialiste de la communication institutionnelle. « Je ne pense pas qu’il accélère grand-chose, parce que les aspects évoqués dépendent des moyens financiers promis par les bailleurs. L’État n’est pas entré en possession de ces montants et s’il n’y a pas d’argent les discours sont inutiles ». « Il s’agit d’une feuille de plus, qu’on ne pourra pas appliquer. Ils sont dans leur rôle, sauf que pendant ce temps la crise perdure ».

Fahad Ag Almahmoud : « Nous ne pouvons pas accepter que cette tendance prenne le contrôle de la Plateforme »

La Plateforme des Mouvements du 14 juin 2014 d’Alger, partie signataire de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale est depuis quelques semaines sujet à des dissensions internes.  Le dernier acte de discorde était le retour au CSA du secrétaire général du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) en lieu et place de son secrétaire permanent. Fahad Ag Almahmoud, secrétaire général du GATIA, membre de la Plateforme, explique les points d’achoppements.

Qu’est-ce qui explique les dissensions au sein de la Plateforme ?

Après la signature de l’Accord en 2015, on nous a communiqué le nombre des représentants de la Plateforme au sein du Comité de suivi de l’Accord (CSA). Il y a eu un tiraillement entre le secrétaire général du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), Ahmed Ould Sidi Mohamed et  son secrétaire permanent.  Nous, nous avons estimé à juste titre que le secrétaire permanent nous est plus utile que le secrétaire général, vu l’âge de ce dernier, ses problèmes de santé et sa lucidité. Nous avions donné la liste mais quelques temps après il écrit au CSA pour dire qu’il conteste. Le CSA a estimé que la Plateforme a donné une liste et il a été prié de sortir de la salle en 2016. Entre temps, il y a eu un problème d’humeur entre la branche MAA de Tombouctou et celle de Gao. Cette dernière a écrit au CSA pour lui demander d’enlever le secrétaire permanent. Le président du CSA a donné une suite favorable à cette missive, or qu’en 2016, la demande avait été déboutée. Et cela,  sans donner aux parties concernées une marge de manœuvre suffisante à fin de parvenir à un compromis.  Au sein aussi de la Plateforme et de la CMA il y a des mouvements qui ont des liens avec des groupes terroristes et d’autres qui n’en ont pas et qui les combattent comme nous. C’est en fonction de cela que défendons ou pas. C’est ce qui a créé notre proximité avec la tendance de Moulaye Ahmed Ould Moulaye Reggani (secrétaire permanent), car  nous pensons que l’autre de Gao est complètement sous les ordres de la CMA.  Nous ne pouvons pas accepter que cette tendance prenne le contrôle de la Plateforme.  Ce vieux a vécu 35 ans en Mauritanie et n’a aucune attache militaire chez nous.

Que comptez-vous faire ?

Nous ne comptons plus être assimilés à des gens qui n’ont pas le même agenda que nous. Nous tous faisons partie de la Plateforme originelle. Chacun de nous est là parce qu’il représente des hommes en armes. On ne peut pas faire sortir celui qui représente ces hommes  et amener quelqu’un qui ne représente personne. Je ne peux pas comprendre que le président (Algérie) du président du CSA (Ahmed Boutache) ait été obligé de démissionner il y a quelques  semaines parce qu’il est inapte, et que, dans le même temps, ce dernier veuille que nous acceptions une personne tout aussi inapte. Nous comptons entreprendre tout ce qui rendra audible notre mécontentement.

Ces dissensions ont –elles un lien avec Me Harouna Touré que vous récusez?

Tout le monde sait depuis très longtemps que Me Harouna Touré est au service de la CMA. Nous ne partageons plus les mêmes valeurs. Il n’est plus notre porte-parole  et même la CMFPR a officiellement écrit au président du CSA et à la communauté internationale pour leur dire qu’il ne les  représente plus. Lui et ce vieux sont tous au service d’une certaine partie obscurantiste de la CMA.

 

Dr. Anasser Ag Rhissa: « L’inclusivité est l’élément clé de ce pacte pour la paix »

Pour accélérer la mise en œuvre intégrale et inclusive de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, les Nations unies et le Gouvernement du Mali ont signé, le lundi 15 octobre 2018 à Bamako, le pacte pour la paix. Anasser Ag Rhissa, expert TIC, Gouvernance et Sécurité, répond à nos questions sur les contours de ce pacte qui doit  booster le processus.

 

La signature du pacte pour la paix marque-t-elle un tournant ?

Cette signature du pacte pour la paix entre les parties prenantes à l’Accord pour la paix et la réconciliation est un tournant décisif et une stratégie pour garantir l’engagement des acteurs concernés pour une mise en œuvre diligente, intégrale et inclusive de cet accord.

En quoi ce pacte pourra-t-il accélérer sa mise en œuvre ?

En fixant une vision et un objectif précis pour les acteurs concernés, assortis d’un chronogramme, de critères de suivi-évaluation pour valider sans complaisance le bon déroulement de la mise en œuvre de l’accord de paix. En appliquant aussi des sanctions, après des enquêtes sérieuses, si une partie prenante empêche le bon déroulement de cet accord.

En cas de divergences dans la mise en œuvre de l’Accord, les décisions de la médiation auront un caractère exécutoire. Pourquoi l’autorité de la médiation et comment pourrait-elle être accueillie par les parties signataires ?

La nécessité d’un leadership global, indépendant des parties signataires, sur le suivi de l’accord de paix explique cette autorité de la médiation. Elle serait bien accueillie par les autres parties signataires en cas d’indépendance de ce leadership et d’une bonne gouvernance, sans complaisance du suivi de cet accord de paix et des engagements pris par les acteurs.

« A terme, l’ensemble des mouvements et groupes armés est appelé à disparaitre pour laisser place à une armée reconstituée,  fondée sur la diversité et les valeurs républicaines ». Cet engagement est-il tenable ?

Cet engagement est tenable, de façon graduelle, au fur et à mesure que les différents MOC (Mécanismes opérationnels de coordination) s’installeront dans les régions du nord du Mali et au centre ainsi et que se déploiera le DDR (Démobilisation, désarmement et réinsertion) qui doit alimenter ces MOC. Tout se fera de façon progressive.

Ce pacte pour la paix implique-t-il d’autres acteurs en dehors de l’Accord ?

L’inclusivité est l’élément clé de ce pacte pour la paix. De ce fait, des acteurs maliens en dehors de l’accord de paix tels que certains membres de la CME (Coordination des mouvements de l’Entente), les milices au centre du pays et la société civile devront être intégrés dans ce pacte pour la paix. Déjà, le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga a promis l’intégration de cent membres de l’association Dan Amassagou dans ce pacte pour la paix.

 

Mohamed Ould Mahmoud : « Nous n’accepterons plus qu’un membre de la CMA soit arrêté comme ça… »

Ces derniers jours, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) secoue l’actualité. Après l’assassinat de son commandant au MOC de Tombouctou, le 9 septembre, deux de ses combattants ont été enlevés le 11 à Tinzawaten, et le 15,  un de ses officiers a été arrêté par la gendarmerie à Bamako. Le porte-parole de la Coordination, Mohamed Ould Mahmoud sur ces différents épisodes.

Comment avez-vous vécu l’arrestation de votre officier ?

Tout d’abord nous avons été surpris par le fait qu’on arrête cet officier, parce qu’il est membre du sous-comité Défense et sécurité du Comité de Suivi de l’Accord (CSA). Il était venu pour cette réunion mensuelle à laquelle il a l’habitude de participer. Pour nous, s’il faut opérer des arrestations dans nos rangs, il serait bon de le faire conjointement avec nous. Nous sommes dans un partenariat. On ne peut pas arrêter un officier d’un si haut rang dans un style qui n’est pas respectable. Dans le style comme dans la forme nous n’avons pas été du tout contents. On a voulu jouer sur notre fibre émotionnelle, mais nous avons gardé notre sang froid.

Qu’est ce qui a motivé cette arrestation ?

Notre officier MOC à Tombouctou, assassiné il y a quelques jours, travaillait sous les ordres d’Ibrahim Ould Handa, qui a été arrêté. Ils ont retrouvé un appel de lui remarqué dans les échanges téléphoniques, ce qui est  tout à fait normal. Après les interrogatoires, il a été libéré, mais ce genre de situation ne devrait pas arriver.

Des rumeurs annonçaient que vous alliez boycotter le CSA du mardi ?

Nous, nous sommes une structure qui mesure l’envergure de sa responsabilité.  Nous voudrions plutôt comprendre pourquoi on a arrêté notre officier. Ceci pose aussi le problème de la sécurité de tous les membres de la CMA qui sont en mission à Bamako pour la mise en œuvre de l’Accord. Nous n’accepterons plus qu’un membre de la CMA soit arrêté comme ça par les structures du gouvernement malien. Nous avons fait notre communiqué mais nous avons participé aux travaux du CSA, pour être dans les fondamentaux et non à la périphérie de l’Accord.

Deux autres combattants ont été enlevés à Tinzawaten. Qu’est ce qui explique cet acharnement contre la Coordination ?

La CMA est la seule qui a une présence géographique dans tout l’Azawad, même  dans les coins les plus reculés. Nous imposons la sécurité. Les intégristes ont dénoncé le MOC et les patrouilles mixtes parce qu’ils savent que ce mécanisme pourrait les mettre en difficulté. Mais, malheureusement, le Mali aussi traine les pieds depuis trois ans. Les ennemis de la paix, aussi longtemps qu’ils pourront frapper, le feront. Il faut que l’armée nationale reconstituée soit déployée rapidement. C’est la priorité des priorités si le Mali veut conserver sa souveraineté et son intégrité territoriale.

Rapport de l’Observateur indépendant : les Parties occultent les priorités

L’observateur indépendant désigné par le CSA, le centre Carter,  a présenté le lundi 28 mai à l’hôtel Sheraton son premier rapport sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. En présence des représentants des parties signataires, la présidente de l’Observateur, la conseillère spéciale Bisa William  a relevé sur une période de  4 mois ‘’un délaissement des fondamentaux de l’Accord’’ par tous les acteurs du processus.

Le 28 mai, l’équipe de l’observateur Indépendant du Centre Carter, dirigée par la conseillère spéciale Bisa William  a exposé à la presse son premier rapport depuis  sa désignation par le  Comité de Suivi de l’Accord (CSA). De 13 pages, ce rapport couvre la période du 15 janvier au 30 avril 2018. Son objectif comme consigné dans l’Accord est d’identifier les blocages dans le processus de mise en œuvre de l’Accord et formuler des recommandations pour le  faire avancer.

Le travail de l’Observateur s’est focalisé sur la dernière feuille de route pour la mise en œuvre du Chronogramme d’actions prioritaires signée le 22 mars par la CMA, la Plateforme et le Gouvernement, endossé par la 24eme session du CSA. Dès les premières pages,  l’observateur note des parties « la tendance à se focaliser sur les éléments de l’Accord revêtant un caractère périphérique  et de préalable , tels que l’installation du MOC, les autorités intérimaires, ou l’opérationnalisation des nouvelles régions au lieu des axes fondamentaux de l’Accord, tels que  : «  une nouvelle architecture institutionnelle pour le Mali, une armée nationale représentative, reconstituée, et redéployée, y compris le désarmement des combattants ; et une Zone de développement au Nord », souligne-t-il.  Aussi, ce rapport note  que le Titre IV relatif au Développement socio-économique et culturel et le Titre V abordant Réconciliation, justice et questions humanitaires « tiennent peu de place parmi les considérations principales des parties maliennes lors de la période écoulée ».

La CMA, la Plateforme, le Gouvernement, la Communauté internationale, la classe politique et  la société civile malienne, tous, sont reprochés d’une manière ou d’une autre dans la stagnation du processus de mise en œuvre de l’accord. L’observateur reconnait ‘’ le besoin d’une communication mutuelle améliorée’’ entre les acteurs.

Il recommande entre autre à l’issue de ses constats que les Parties maliennes visent les objectifs centraux de l’Accord, y consacre énergie en changeant  leurs approches et méthodes de travail  pour accélérer la mise en œuvre. Une mise en place de façon urgente d’une stratégie de  communication, à fin de faire de l’Accord une cause nationale partagée  a été formulée. Les Mouvements sont aussi invités à fournir les listes de leurs combattants et le gouvernement à prendre des mesures exceptionnelles pour doter les autorités intérimaires des moyens financiers, matériels et humains pour l’exercice effectif de leur mission.

Il reste à savoir si ces différentes recommandations seront suivies d’effet, tant les parties impliquées dans la mise en œuvre de l’Accord sont habituées à tourner en rond.

Tombouctou et Kidal : enfin le MOC

Le mécanisme opérationnel de coordination (Moc), régulièrement évoqué  tarde à se mettre en place dans les régions du Nord.  Prévue par l’Accord pour la paix, réaffirmée  comme indispensable par la feuille de route signée  le 22 mars, l’installation de cet outil annoncé le 30 avril  à Tombouctou et  à Kidal n’a pas lieu,  mais reste programmée.

Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Tieman Hubert Coulibaly avait lors de sa conférence de presse  du 19 avril affirmé que ce dispositif essentiel  allait démarrer dans « dix jours ». Engagement non tenu, témoignage  des difficiles dépassements que les parties auront  à opérer pour avancer. Prévue officiellement pour 30 avril, la mise en place du mécanisme opérationnel de coordination à Tombouctou et à Kidal a donc été de nouveau ajournée.

Le MOC et le processus de Démobilisation, Désarmement et réinsertion(DDR) constituent le volet sensible inclus dans les mesures sécuritaires intérimaires. L’un reste  un préalable pour l’autre. La 28e réunion de la  Commission Technique de Sécurité (CTS) tenue le 19 avril à Bamako avait recommandé l’installation de ces mécanismes de coordination dans les deux régions concernées. Selon la MINUSMA, les partis signataires ont annoncé lors de la dernière session du CSA, leur engagement à « démarrer graduellement  l’opérationnalisation des unités mixtes de MOCs de Tombouctou et de Kidal avec l’enregistrement d’une cinquantaine de combattants » pour chaque région. Des informations confirmées par  Ilad Ag Mohamed, porte-parole de la CMA. « Il  y a juste un problème de  regroupement des différentes parties qui n’est pas encore fait. Du côté de la CMA, tout l’effectif est regroupé à Ber et attend qu’il rejoigne Tombouctou. Celui de Kidal est sur place.  Les FAMAs  ont déjà  désigné leur effectif mais n’ont  pas rejoint le groupe », informe-t-il. Une  première vague de 51 officiers issus des différentes parties dont 17 pour chacune pour chaque région sera bientôt acheminée. « Nous nous sommes dits qu’ au lieu d’attendre  les  200, il faut démarrer pour que chaque deux semaines  le même effectif suivra », précise Ilad Ag Mohamed. Avec la signature de la feuille de route pour la mise en œuvre du chronogramme d’actions prioritaires endossées par la 23è session du comité de suivi de l’Accord, cet énième report n’entame donc pas l’optimisme des acteurs.  La poursuite de la mise en œuvre de ce nouveau  chronogramme devrait contribuer à faire avancer un processus dont chacune des étapes  est indispensable pour le succès de l’Accord.

Intersessions : Dans les coulisses du CSA

Pour accompagner la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, il a été créé un Comité de Suivi de l’Accord (CSA). Le Gouvernement, la CMA, la Plateforme et la Médiation internationale y siègent.  Dans les coulisses de cette importante instance, des sous-comités thématiques travaillent avant chaque session pour faciliter leur bonne tenue. Coup d’œil.

Pour assurer une meilleure fluidité de son travail, le CSA a mis en place quatre sous-comités thématiques : « Politique et institutionnel »; « Défense et sécurité »; « Développement économique, social et culturel » et « Réconciliation, justice et questions humanitaires ». Au sein de chaque sous-comité, toutes les parties prenantes sont représentées. « Ce sont ces sous-comités qui produisent de la matière pour le Comité de suivi. C’est la branche technique », explique Ilad Ag Mohamed, porte-parole de la CMA. « Le plus souvent, ce sont les conclusions des sous-comités qui sont à l’ordre du jour de la session du CSA. On demande au gouvernement de faire une communication sur les actions entreprises et aux mouvements signataires aussi, sur les points dont ils étaient chargés, en pointant les avancées et les insuffisances », confie un membre de la structure de suivi. La présidence et la co-présidence de chaque sous- comité est généralement assurée par la médiation internationale. « Par exemple, le sous-comité Défense et sécurité est dirigé par l’Algérie », dit le chargé de communication de la CMA.

Malgré la mise en place de ces sous-comités, de nouveaux défis apparaissent chaque jour dans le processus de mise en œuvre de l’Accord. La 24ème session du CSA, annoncée pour les 12 et 13 février, ne s’est finalement pas tenue, ce qui est révélateur des divergences profondes concernant plusieurs dispositions inscrites au chronogramme à l’issue de la 23ème session. Deux sous-comités, chargés de discuter des modalités pratiques de mise en œuvre, ne tiennent plus de réunions depuis deux semaines. « Les sous-comités Développement et Réconciliation n’avancent pas parce qu’ils ont des difficultés à s’accorder sur certaines dispositions de l’Accord. Le sous-comité Développement a également perdu du temps sur la Zone de développement des régions du Nord », regrette Ilad Ag Mohamed. Seuls les deux autres sous-comités fonctionnent, même s’ils doivent gérer eux aussi en leur sein des divergences notoires sur les questions qu’ils traitent.

Pourtant, alors que l’essentiel des points inscrits dans l’Accord pour la paix et la réconciliation est en stand-by, l’urgence de répondre aux préoccupations perdure.

 

XXIème Session du Comité de Suivi de l’Accord : Pas d’obstacle majeur

 

Le comité de suivi de l’Accord a tenu sa 21ème Session  le 24 octobre à l’ex CRES de Badalabougou. Elle était présidée par son président Ahmed Boutache en présence de toutes les parties. Au menu  des discussions, la loi portant  code des collectivités territoriales et l’opérationnalisation des autorités intérimaires et du MOC au Nord.

La 20eme  session du  CSA s’est tenue le mardi 24 octobre à l’ex-Cres de Badalabougou. Présidée par Ahmed Boutache, cette réunion a enregistré la présence de toutes parties impliquées dans la mise en œuvre de l’Accord. Le Président du CSA a salué les efforts fournis par le gouvernement qui a assuré le payement  d’une partie des indemnités des membres des groupes armés  au comité.  Avant cette rencontre les deux principaux groupes signataires ont fustigé l’attitude du gouvernement sur l’adoption de la loi portant code des collectivités territoriales malgré qu’ils aient formulés des  propositions importantes. Pour aplanir les dissensions sur la question et sur les autres préoccupations relatives au calendrier électoral et l’opérationnalisation du MOC,  les parties ont formulé leur volonté de se retrouver prochainement. La CMA et la Plateforme lors de cette réunion se sont engagées à accepter en leur sein  les autres groupes armés, notamment  de la Coordination de l’Entente, comme l’exige  le principe d’inclusivité. Le diplomate Algérien Ahmed Boutache a menacer de faire recours si nécessaire  à l’article 58 de l’Accord qui lui donne le pouvoir de faire participer aux réunions du CSA d’autres  acteurs en cas de besoin. Le ministre malien de la défense présent à cette réunion s’était réjoui de l’atmosphère qui a prévalu tout au long des échanges. Il a par la même occasion assuré de  la disponibilité du gouvernement du Mali sur toutes les questions relatives à l’Accord. Il faut dire que de plus en plus la communauté internationale s’impatiente de voir des progrès palpables de cet Accord signé depuis 2015. Les ambassadeurs des 15 pays membres du conseil de sécurité de l’ONU,  séjournés au Mali il y a peu, ont eux aussi  exprimé leur inquiétude face à l’insécurité persistante dans le pays. Ils n’ont pas  aussi caché leur   impatience  aux signataires de l’Accord.

 

 

 

La XXème Session du Comité de Suivi de l’Accord : Sous un climat de progrès

 

 

La XXeme Session du Comité de Suivi de l’Accord s’est tenue le lundi 11 septembre  2017 à l’ex CRES de Badalabougou à 15 heures. Dirigée par son Président Ahmed Boutache, la session a enregistré la participation des représentants de la plateforme, de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), des membres de la médiation internationale et  de plusieurs membres du gouvernement dont ceux de la réconciliation et de la défense.

A l’ordre du projet d’ordre du jour de cette 20ème session, l’adoption du projet d’ordre du jour, l’adoption du relevé de conclusions de la 18ème et 19ème session, la présentation par le gouvernement des progrès réalisés dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord et débats, la présentation et discussion du rapport du sous-comité Défense et Sécurité et enfin l’organisation et fonctionnement du CSA suivis des divers. Au terme de la session, le Président Ahemd Boutache,  le ministre de la défense et des anciens combattants Tiena  Coulibaly et le  représentant spécial adjoint de la MINUSMA Koen Davidse ont animé un point de presse. Dans son intervention préliminaire  le président du CSA  a exprimé sa satisfaction à l’issue des travaux. Cette 20ème session « s’est tenue globalement sous des bonnes auspices  dans un climat tout à fait positif » a indique le président. Un climat favorisé selon lui par le développement d’un certains nombres des conditions, notamment  la signature d’un accord de trêve entre la CMA et la Plateforme dans un premier temps, de 15 jours puis prolongé pour 30 jours. Ahmed Boutache, fonde un grand espoir sur la pérennité de cette nouvelle trêve  et  a appelé cette fois-ci de tous ses vœux qu’elle puisse «  ouvrir la voie à un accord global et définitif a fin de faire en sorte qu’a l’avenir les deux parties puissent vivre dans un climat de totale confiance et qu’il n’y ait plus d’hostilités ». L’autre élément qui  a servi de tremplin à cette session est le mécanisme de concertation tripartite regroupant le gouvernement, la  CMA et  la Plateforme. Un mécanisme qui permet de discuter de l’ensemble des questions relatives à la mise en œuvre de l’Accord, d’aplanir les difficultés et d’avancer efficacement dans le processus. « Cette fois ci, les parties maliennes ont longuement discuté des moyens de consolider la trêve  et de la conduire vers un accord global et définitif, du retour de l’Etat et de ses symboles à Kidal » a affirmé le Président du CSA. Toutes choses qui, globalement concourent  à la paix qui cristallise tout les efforts ; «  il ne faut pas du tout être surpris si dans les tout prochains jours, des événements heureux se produisent  en ce qui concerne la consolidation de la coopération, de la réconciliation  entre les frères maliens et chose très importante : le retour de l’Etat malien et de ses symboles à Kidal  »  a fait savoir le diplomate algérien.

Sur la question du budget, qui   posait  des difficultés, « le CSA a décidé de mettre en place un groupe restreint  qui sera chargé d’approfondir les discussions sur la question du budget et de trouver les solutions appropriées à la question », a laissé entendre Ahmed Boutache. De même, le CSA a entériné le choix des parties maliennes qui  ont décidé de retenir la fondation Carter comme observateur indépendant.  «  Il s’agira maintenant de passer aux modalités d’ordre techniques pour que ce candidat devienne effectivement  observateur indépendant  et assume ses missions » a souligné le président du comité.  Par rapport au Mécanisme Opérationnel de Coordination,  le ministre de la défense et des anciens combattants Tiena Coulibaly, a fait savoir qu’il y a déjà un MOC opérationnel à Gao. « Le MOC dont  on a le plus parlé est celui de Kidal, nous espérons  profiter des trente jours de trêve non seulement pour nous entendre sur un chronogramme pour la mise en place du MOC mais aussi mettre en place le MOC » a révélé le ministre.  Avec la bonne volonté constatée de toutes les parties engagées dans le processus, 200 soldats de l’armée malienne plus 200 combattants de la CMA et 200 combattants de la Plateforme vont se retrouver à Kidal, dans les prochains jours, un préalable pour le retour de l’administration dans la région.  De l’avis de  Koen Davidse, représentant spécial adjoint de la MINUSMA, c’est très positif qu’il y ait eu des trêves, «  maintenant il faut avancer rapidement avec la mise en œuvre, les patrouilles mixtes, les autorités intérimaires, les intégrations, avec les cantonnements, on a souligné cela aujourd’hui » souhaite Koen Davidse. Pour lui il n’y a pas une autre alternative que de continuer avec la mise en œuvre de l’Accord de paix.

Des fâchés  de la CMA et de la Plateforme

Simultanément à cette session, les mouvements signataires de l’Entente du 25 janvier 2017  ont tenu un point de presse non loin du lieu ou se tenait le CSA.  L’objectif de cette rencontre selon le coordinateur des mouvements de l’Entente et non moins secrétaire général de la Coalition pour le peuple de l’Azawad Mohamed Ousmane Ag Mohamedine, est d’informer l’opinion nationale et internationale de l’agrandissement de la famille des mouvements signataires de l’Entente du 25 janvier 2017, qui accueille deux mouvements  issus de la plateforme : le Mouvement Populaire pour le Salut de l’Azawad (MPSA) et le Front Populaire de l’Azawad (FPA). Ces deux mouvements ont acté leur adhésion  aux mouvements de l’Entente composés initialement de la Coalition du Peuple pour l’Azawad (CPA), de  la Coordination des Mouvements et Forces Patriotiques de Resistance2 (CMFPR 2), le Congres pour la Justice dans l’Azawad (CJA) et le Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA). Pour le coordinateur des mouvements de  l’Entente, «  il y avait une violation flagrante du principe d’inclusivité qui était partie de la tentation d’exclure des mouvements signataires de l’Accord ». Par cette intégration, l’Entente se dit « plus que  jamais déterminé à  continuer le combat pour l’inclusivité et la mise en œuvre de l’Accord », car selon Mohamed Ousmane Ag Mohamedine «  nous sommes dans une régionalisation et la régionalisation suppose que nous devons avoir la possibilité de pouvoir gérer nos régions  et nos administrations de proximité et là on ne peut le prendre quand on est  exclus dans processus dont nous sommes nous mêmes acteurs » se plaint le coordinateur des mouvements.  «Nous faisons notre entrée pour renforcer la position de nos frères de la CMA pour qu’ensemble nous puissions conjuguer nos efforts  et amener les autres parties à l’application de cet Accord qui est aujourd’hui notre seul espoir car notre seule attache est la République du Mali et le salut de ce pays » a déclaré Boubacar Sadick Ould Taleb, tout exprimant  leur joie d’avoir rejoint l’Entente. C’est à cause de la prise d’otage de l’Accord que certains de ces  mouvements ont été créés  pour défendre les droits de leurs populations a estimé le Président du MPSA.

Les jours à venir seront décisifs pour les parties signataires dans la mise en œuvre de l’Accord. Avec la trêve de 30 jours et des discussions pour peaufiner les détails, il est permis de croire des lendemains heureux.

 

Processus de paix : La CMA met à disposition le camp 1 l’assemblée régionale de Kidal

Dimanche 4 juin 2017, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) a annoncé, via un communiqué, qu’elle mettait le camp I de Kidal à la disposition de la MINUSMA à partir du vendredi 2 juin courant, pour permettre à la mission onusienne d’y effectuer des travaux de réhabilitation en vue d’accueillir les élémentsdu MOC de Kidal. Dans ce même communiqué, elle se dit aussi prête à mettre à la disposition des autorités intérimaires le bureau de l’assemblée régional de Kidal.

24 heures avant le tenue de la 18e session du CSA qui débute ce lundi 5 juin et qui s’achèvera mardi 6 juin, à l’ex-CRES de Bamako, la CMA dans un communiqué rendu public, annonce des mesures visant au rétablissement de le confiance pour accélérer le processus de paix, qui accuse depuis sa signature finalisée en juin 2015, 2 années de retard, quelle va mettre le camp 1 à la disposition de la Minusma pour un réfection nécessaire du bâtiment et qu’elle permettra aux Autorités intérimaires, installées mais toujours pas opérationnelles d’y siéger.

Ce communiqué intervient après la sommation, le 23 mai dernier, du président du CSA Ahmed Boutache, exigeant que la CMA libére le CAMP 1 de Kidal.

Il semblerait qu’un arrangement entre a été trouvé entre ces deux parties qui a permis de débloquer la situation.

Dans ce même communiqué, la CMA appelle le gouvernement, la médiation, la communauté internationale ainsi que les partenaires techniques et financiers à ce joindre à ces efforts pour aider les autorités intérimaires à fonctionner convenablement.

Les autorités intérimaires, leur prolongation et leur financement seront justement au coeur des débats durant cette 18e session du CSA, qui devrait faire des annonces fortes en ce sens.

Alghabass Ag Intalla : « Je ne suis pas un va-t-en-guerre »

Le 16 décembre dernier, Alghabass Ag Intalla, secrétaire général du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), accédait à la présidence de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Trois jours plus tard, il actait son leadership par un retrait unilatéral de la CMA du Comité de suivi de l’Accord (CSA), conditionnant le retour de son mouvement à la tenue d’une rencontre de haut niveau pour « sauver l’Accord ». Raison pour laquelle un deuxième CSA ministériel fut convoqué le vendredi 10 février, en présence des ministres des Affaires étrangères de l’Algérie, de la Mauritanie et du Niger. Cette rencontre a permis de mettre à plat de nombreux points de blocage et d’arriver à un consensus, remettant la mise en œuvre de l’Accord sur les rails. C’est en marge des travaux de cette rencontre du CSA, que le sulfureux nouvel homme fort de la CMA, qui se fait plutôt rare dans les médias, à accepter de s’exprimer, pour Journal du Mali, sur les sujets concernant le processus de paix et dont il fait aussi l’actualité. Interview.

La rencontre de haut niveau qui s’est tenue le 10 février marque le retour de la CMA dans les travaux du CSA et ses sous-comités. Considérez-vous que cette stratégie de la chaise vide était nécessaire pour faire bouger les lignes ?

Vous savez, on est dans un processus qui n’avance pas. Beaucoup d’amis nous ont conseillé de ne pas pratiquer la politique de la chaise vide. On l’a fait pour faire bouger les choses et obtenir un consensus, notamment entre les mouvements. Donc, notre abstention était un peu pour forcer ce dialogue qui n’aboutissait pas, malgré la pression de la communauté internationale. Il fallait que nous le fassions pour permettre à la mise en œuvre de l’Accord d’avancer.

Après cette rencontre du CSA, peut-on dire qu’il y a maintenant un retour de confiance entre les groupes armés et le gouvernement, contrairement aux négociations précédentes ?

Vous savez contrairement à ce qui se dit, nous ne nous sommes jamais focalisé sur Kidal. Notre problème c’est tout le Mali et en particulier la zone de l’Azawad. Ce qu’on a demandé durant la rébellion, on ne l’a pas demandé seulement pour le Nord mais pour tout le Mali. La preuve en est que la conférence d’entente nationale, c’est pour tout le Mali. Pour répondre à votre question, la confiance est quelque chose qui vient en travaillant ensemble. Pour la rencontre de haut niveau du CSA, on ne peut pas dire qu’il y ait eu une confiance totale et assumée, mais en posant des actions concrètes dans un travail en commun, cette confiance pourra s’instaurer avec le temps.

Le gouvernement devra décider qui sera le président du conseil régional de Kidal. Est-ce une façon pour la CMA de prouver sa bonne volonté à la partie gouvernementale ?

Bien sûr. Nous ne voulions pas, devant la communauté internationale, devant les membres du gouvernement et les différents autres mouvements, que l’on puisse dire que le blocage vient de notre côté.

La mise en place des autorités intérimaires et des patrouilles mixtes a débuté cette semaine et ira jusqu’à la fin février. Que pensez-vous de ce nouveau chronogramme?

Les populations de l’Azawad sont pro-mouvement ou pro-gouvernement. Elles ne refusent rien. C’est le gouvernement et nous qui sommes à même de dire si cela est possible ou si ce n’est pas possible. Mais sur place, les populations sont prêtes, donc ce chronogramme est possible à tenir.

 Les différentes parties ont souvent essayé d’inverser le calendrier de mise en œuvre de l’Accord. Qu’est-ce qui garantit que ce nouveau chronogramme sera respecté ?

On ne peut pas dire aujourd’hui qu’on a une garantie que l’on n’avait pas avant. Mais dans ce que l’on voit aujourd’hui, on peut dire que quelque chose a changé. Il y a un changement positif du côté du gouvernement vis-à-vis de notre position. Je vous rappelle que ce n’est pas à nous de faire des actes, c’est le gouvernement qui doit faire des actes. Nous on doit être seulement en accord avec les actes du gouvernement qui sont conformes à l’Accord.

Concrètement, comment vont se mettre en place les autorités intérimaires à Kidal ? Comment cela va-t-il se dérouler ?

Pour le moment, il y a un travail à faire avec les autres parties pour déterminer le chronogramme précis, parce que lors du dernier CSA, leur mise en place a été prévue entre le 13 et le 20 février. Mais ce n’est pas précis. On n’a pas dit Kidal c’est le 15 février par exemple. Normalement, ce jeudi tout doit être calé.

 Comment se fera le retour de la représentation de l’État et de ses services déconcentrés à Kidal ?

Dès que les autorités intérimaires seront installées, la représentation de l’État et les services déconcentrés suivront. Il n’y a aucune raison que cela traîne.

 La CMA a payé le plus lourd tribut lors de l’attentat contre le MOC à Gao. Avez-vous exigé de nouvelles garanties de sécurité pour vos combattants?

Vous savez, les combattants qui s’engagent savent qu’ils peuvent mourir au combat. Ce ne sont pas des chômeurs que nous envoyons pour toucher un salaire. Ce sont eux qui vont créer les conditions de sécurité là où ils seront déployés, ce n’est pas à nous de dire qu’on va les sécuriser. Ils vont prendre leur sécurité en charge. Les gens ont été surpris que des terroristes soient rentrés dans le camp du MOC. C’était malheureusement prévisible.

La vocation des patrouilles mixtes est d’abord de sécuriser les autorités intérimaires et les sites de cantonnement. Or, les combattants ne sont toujours pas cantonnés. Cela peut-il fonctionner ?

Dans la mise en œuvre de l’Accord, tant qu’on arrive à faire avancer les arrangements politiques et sécuritaires ensemble, on pourra aller de l’avant. Il faut éviter de vouloir ramener tout l’Accord à un problème de sécurité seulement. Il ne faut pas qu’on dise que tant qu’il n’y aura pas le MOC, on ne pourra absolument rien faire. Aujourd’hui le processus Désarmement Démobilisation Réinsertion (DDR) est très compliqué. Ce n’est pas évident de cantonner des gens dans une situation d’insécurité aussi élevée. Il y a 8 sites de cantonnement qui sont construits très loin des centres urbains pour la plupart. En réalité l’opérationnalisation du MOC est très complexe. Je crois que l’attentat de Gao nous oblige à revoir un peu toute la conception du MOC et à essayer de corriger les insuffisances liées à sa mise en œuvre.

Quel statut voyez-vous pour les combattants qui ont intégré les patrouilles mixtes dans le cadre du MOC ?

Le statut des combattants du MOC sera consigné dans un recueil de textes pris par le ministre de la Défense, de sorte que le combattant soit aligné sur son frère d’armes des FAMA en évitant toute forme de discrimination. À grade égal avec leurs frères d’armes des FAMA et ils seront considérés en phase préliminaire d’une intégration effective.

Les problèmes d’inclusivité des groupes armés comme la CPA, le CJA, le CMFPR2 et le MSA, bloquent la mise en œuvre de l’Accord. Où en sommes nous après cette réunion ?  Et pouvez-vous définir ce qu’est la CMA aujourd’hui, qui la compose ?

Je vais vous dire : ces groupes dit dissidents qui réclament de l’inclusivité, c’est un problème du gouvernement malien. C’est la mauvaise volonté du gouvernement malien qui a créé ces groupes là. C’est la sécurité d’État qui les a fait, c’est la sécurité d’État qui les a logés ici, c’est la sécurité d’État qui leur a donné l’ordre de mettre le désordre. Et ils pensaient nous faire chanter avec ces groupes là, mais ça va se retourner contre le gouvernement. Aujourd’hui, la CMA est composée d’un noyau dur, c’est à dire le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le HCUA et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), point.

Et le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) ?

Si vous démissionnez de la CMA, que vous partez rencontrer le GATIA ou bien la Plateforme ou bien le gouvernement, c’est que vous êtes de leur côté. Donc ce groupe ne fait pas partie de la CMA.

Comment entendez-vous résoudre ce problème d’inclusivité ?

Je suis sûr que si le gouvernement le veut, il va trouver une solution à tous ces mouvements. Et j’espère qu’il va gérer ce problème pour permettre au processus d’avancer.

Les divergences entre la Plateforme et la CMA sont-elles aujourd’hui normalisées ? Qu’en est-il avec le GATIA qui a un discours très va-t-en-guerre envers la CMA et notamment sur son retour à Kidal, par la force s’il le faut ?

Le GATIA a l’habitude de faire des discours très forts, pour les actions c’est autre chose. Je ne sais pas pourquoi il se sent obligé de faire ce type de publicité sur ses attitudes guerrières. Il n’y a rien à tirer de ce genre de comportement devant la communauté internationale. Avec la Plateforme, il n’y a pas de problèmes. Harouna Toureh, le secrétaire général de la Plateforme, est venu chez nous à Kidal la semaine dernière. Le vieux Ahmed Ould Sidi Mohamed, le secrétaire général du MAA pro-gouvernemental, est venu aussi chez nous à Kidal. Il voulait même rejoindre la CMA. On lui a dit qu’il y a des groupes pour garantir l’Accord, qu’il faut qu’il reste dans la Plateforme, que l’on va les soutenir et qu’ils nous soutiendrons, donc nous serons ensemble. Il y a un seul élément côté Plateforme avec qui les choses ne vont pas, c’est le GATIA.

 Doit-on craindre un retour au conflit entre GATIA et CMA ?

On craint toujours une escalade avec le GATIA, car s’ils croisent nos combattants ils vont automatiquement ouvrir le feu. En ce qui nous concerne, tout affrontement avec le GATIA n’est pas à l’ordre du jour.

On entend souvent dire que certaines forces ne souhaitent pas que le processus de paix réussisse. Quelles sont ces forces selon vous ?

Je pense que le GATIA fait partie de ces forces-là, parce que le GATIA existe pour causer des problèmes. S’il n’y a pas de problèmes le GATIA n’existe pas. L’armée malienne a mis le GATIA à sa place, elle lui a donné procuration. Ils ont des moyens, des voitures, des munitions, tout pour combattre les mouvements de la CMA. Tous les groupes que l’on dit extrémistes ne sont pas pour l’application de l’Accord. Ils préfèrent que les problèmes continuent.

La conférence d’entente nationale devrait se tenir en mars prochain. Encore un chronogramme très serré ?

Nous avons dit à toutes les occasions que la conférence d’entente nationale a pour objectif la réconciliation. Comment voulez-vous qu’on réconcilie des gens alors que des dizaines de milliers sont dans les camps de réfugiés. Les réfugiés doivent rentrer chez eux d’abord, qu’ils s’approprient les TDR de cette conférence et ensuite on pourra l’organiser avec les parties à l’Accord.

Beaucoup dans le Nord ne sont pas convaincus du bien fondé des accords. On entend encore parler d’autodétermination, de « Non au Mali ». Pensez-vous qu’il sera aisé d’y faire appliquer les mesures de l’Accord ?

Je pense que c’est au gouvernement de faire la sensibilisation sur l’Accord, de le faire accepter à tout le monde et de l’appliquer dans le sens des mouvements qui ont signé cet accord. Si on l’applique de façon unilatérale, ça ne peut pas répondre aux besoins de la population. Il est sûr qu’il y a toujours des gens ne seront pas contents de cet accord. Il ne faut pas oublier que c’est la communauté internationale qui nous a forcé la main pour accepter cet accord. Mais maintenant qu’on l’a signé, il suffit simplement de l’appliquer et tout le monde sera obligé de l’accepter.

Vous êtes l’actuel président de la CMA. Concrètement quels seront les changements que vous apporterez sous votre leadership ?

À mon arrivée à la présidence, je voulais faire de l’application de l’Accord issu du processus d’Alger ma priorité pour le bien-être de tous. Je voulais aussi prendre des mesures fortes pour unifier les Azawadiens. J’ai fait un acte fort en sortant la CMA du CSA peu de temps après mon arrivée. On dit que je suis va-t-en-guerre, mais moi je ne veux pas faire la guerre. Nous sensibilisons le gouvernement malien et les autres parties sur notre volonté à faire avancer le processus de paix.

Il y a au sein du HCUA, des éléments qui ont encore des liens forts avec Ansar Dine. N’est-il pas nécessaire de faire le ménage pour s’engager pleinement dans la mise en œuvre de l’Accord ? Pouvez-vous clarifier une fois pour toutes les relations que vous entretenez avec ce mouvement et son chef ?

Nous avons déjà répondu à cela. Nous l’avons aussi fait lors de la passation de pouvoir entre Bilal Ag Achérif et moi. On s’est retiré de l’accord pour faire respecter nos engagements. Cet engagement est aussi valable entre nous et Ansar Dine parce que nous étions chez Ansar Dine avant d’être au MIA puis au HCUA. Nous avons déclaré devant tous que nous avons quitté Ansar Dine. Si on voulait retourner à Ansar Dine, personne ne pourrait nous empêcher de les rejoindre, parce qu’ils sont là. Ce sont leurs actions radicales qui nous ont fait nous écarter d’eux. Je n’ai plus de contact ni avec Ansar Dine, ni avec son chef Iyad Ag Ghaly.

 

 

 

 

Accord de paix : une réunion de haut niveau prévue pour sortir de l’impasse

Le comité de suivi de l’Accord d’Alger (CSA), a tenu les 30 et 31 janvier dernier à l’ex-CRES, sa 15ème session ordinaire. L’absence des mouvements armés signataires de l’Accord, la CMA depuis la 14ème session et le retrait de la Plateforme de cette 15ème session, ont largement dominé les débats. La préparation d’un CSA au niveau ministériel prévu pour la 1ère quinzaine de ce mois à Bamako est en cours.

Les travaux de la 15e session du Comité de suivi s’est déroulée dans une atmosphère peu cordiale. Cette 15e session intervient après l’attentat kamikaze de Gao. Première session de l’année 2017, elle a été marquée par le boycott des principaux mouvements de la CMA et le retrait des responsables de la Plateforme, dès la première journée des travaux. « Ce qui devait être un rendez-vous de cohésion, s’est terminé en queue de poisson », jugent plusieurs participants. Les responsables de la CMA dénoncent la lenteur et la confusion qui règnent autour de la mise en œuvre de l’Accord. Contrairement aux responsables de la CMA, les responsables de la Plateforme se plaignaient de certains agissements de la Force française Barkhane sur le terrain.

La médiation internationale a déclaré que le Comité de suivi n’était pas le cadre approprié pour poser ce problème. « Ce qui s’est passé n’est as une attitude responsable, ni courageuse parce que nous savons que les civilités pour régler les problèmes c’est le dialogue, et le cadre le plus approprié pour avoir ce dialogue c’est le CSA », souligne Ahmed Boutache. Toutefois, la médiation internationale a procédé à des rencontres séparées avec les trois parties signataires, à savoir, le gouvernement, la CMA et la plateforme, qui semble-t-il, ont réitéré leur engagement à la mise en œuvre de l’Accord.

A l’issu des différentes concertations, la médiation internationale, conformément à l’article 52 de l’Accord pour la paix, a décidé de la mise en place d’un groupe de travail avec la participation de représentants du gouvernement, de la CMA et de la plateforme sous l’égide du président du CSA. Ce groupe de travail se réunira à Bamako, les 6 et 9 février prochain pour la préparation du CSA ministériel qui se tiendra également à Bamako. Il s’agira d’aplanir toutes les difficultés, de mettre d’accord les parties signataires sur la mise en place d’un cadre de concertation inter-malien qui a toujours fait défaut. «Je présiderai personnellement ce groupe de travail, croyez-moi, si j’ai décidé de m’engager dans cette opération, ce n’est pas pour qu’elle soit couronnée par un échec », explique, le Président du CSA, Ahmed Boutache.

Selon lui, ce groupe de travail s’attellera dès la semaine prochaine à l’organisation de cette rencontre de haut niveau. «La réunion aura lieu, l’accord de principe est là et des consultations sont en cours pour en arrêter la date. Ce sont les ministres concernés au niveau des pays partenaires qui seront invités à cette réunion. S’agissant des mouvements, ils seront invités et il sera particulièrement insisté sur le fait que la participation doit être impérativement au plus haut niveau de responsabilité, c’est-à-dire les dirigeants politico-militaires », a-t-il conclu.

Fahad Ag Almahmoud : « Nous retournerons à Kidal que ce soit pacifiquement ou violemment »

Une rencontre organisée par la Plateforme devait avoir lieu mercredi 1er février à Anéfis. Au programme de cette réunion, qui devrait se tenir la semaine prochaine, la situation qui prévaut actuellement à Kidal, le retard dans la mise œuvre de l’Accord, ainsi que le retour du GATIA dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas, quelles que soient les oppositions et y compris par la force. Fahad Ag Almahmoud, secrétaire général du GATIA a répondu aux questions du Journal du Mali sur ces différents points.

Le GATIA projette de retourner à Kidal, y compris par la force, pourquoi maintenant, vu les tensions actuelles entre la Plateforme et la CMA ?

Vous savez que nous avons été forcé de quitter Kidal le 22 juillet dernier, tous les habitants de Kidal qui appartiennent à nos familles ou à nos alliés ont quitté Kidal. Les forces internationales ont placé une zone de sécurité autour de la ville, pour nous empêcher d’y rentrer, mais ça n’empêche pas la CMA d’aller nous faire du mal ou de nous attaquer. Qui nous sécurise de la CMA ? nous aussi on a besoin de cette sécurité qui profite aux Maliens. Kidal est aussi chez nous, nous n’avons jamais renoncé, nous retournerons à Kidal que ce soit pacifiquement ou violemment.

Depuis l’attaque d’un poste du GATIA dans le cercle de Tinessako, revendiqué par Ansar Dine, les tensions ont redoublé entre le GATIA et la CMA, pour quelles raisons ?

Les gens qui nous ont attaqué sont parties de Kidal et sont revenus à Kidal avec nos deux véhicules. Ils s’appellent, au moment de nous attaquer, Ansar Dine et à la fin de la journée CMA, c’est un problème qui est déjà connu. Nous avons des problèmes avec une communauté particulière et ceux qui la soutiennent. Les Ifoghas et leurs soutiens, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, sont tous des ennemis pour nous, on ne fait pas de différence en ce qui les concerne. En réalité, par endroits et par moments, les mêmes combattants changent de bord. Personne ne peut faire la différence entre Ansar Dine et le HCUA.

Comment peut-on revenir à une paix durable, alors que vous désignez les Ifoghas comme vos ennemis et que vous êtes prêt à des affrontements avec la CMA ?

Tant qu’on ne dira pas la vérité, tant qu’il n’y aura pas de distinction claire, on aura toujours ce problème. Ces gens qui ont pris les armes, ils disent défendre les droits des peuples du Nord, alors qu’en réalité ils ne défendent que leur communauté. Tant qu’on ne dira pas à ces gens que c’est contradictoire, qu’aujourd’hui ce n’est plus possible, qu’il ne peut pas y avoir une rébellion qui revendique les droits pour certains au détriment des autres et qu’on ne prend pas les armes pour que la communauté internationale et nationale fasse de vous des super citoyens, on fera toujours face au problème. Vous et moi savons qu’il n’y a pas eu de critères de recyclage d’Ansar Dine, c’est la totalité du mouvement qui a été accepté. Tant que la distinction ne sera pas nette entre les groupes armés signataires et les djihadistes, ça n’ira pas. Je pense que les pays qui sont autour de la table ont les moyens pour faire cette distinction, tant que ce ne sera pas fait, on continuera toujours à se mentir. Ça, c’est une grande entrave à la paix !

La mise en œuvre de l’accord de paix est en panne, quel avenir pour le MOC qui doit être mis en place prochainement ?

Pour le MOC, la commission d’intégration doit faire son travail, fixer les critères d’intégration donner aux gens un quota et économiser certaines étapes. Les patrouilles mixtes ou bien le MOC, ce sont des mesures qualifiées par l’Accord, de mesures de confiance, mais à ce jour, tous les responsables de la CMA peuvent se promener librement à Bamako et partout au Mali alors qu’à Kidal personnes ne le peut à part eux. Je pense que cette réalité fait que cette mesure de confiance n’est pas respectée.

la CMA s’est retiré du CSA et la Plateforme lui a emboîté le pas, lors de la dernière réunion du CSA, pour quelle raison ?

Nous ne nous sommes pas retiré officiellement du CSA. Mais, je préfère attendre pour répondre à cette question.

À la mi-février, devrait se tenir, comme le demande la CMA, une réunion de haut niveau du CSA, qu’en pensez-vous ?

Les gens de la CMA ont la maladie de certains qualificatifs parmi lesquels ‘‘Haut‘‘. Le CSA est composé d’anciens ministres, il y des représentants de la communauté internationale, ce qui vous en conviendrez, est déjà assez représentatif. Je pense que c’est suffisant, pour les gens de la CMA qui nous ont déjà pas mal emmenés vers le bas, donc pas besoin d’autres choses.

Gao : les tensions sur les patrouilles mixtes se dissipent

Le blocage qui était ’installé autour du démarrage des patrouilles mixtes dans la région de Gao se dissipe petit à petit. Apparemment, la médiation engagée par la communauté internationale et les autorités maliennes semble porter ses fruits. Même si les combattants de la CMA sont toujours à l’entrée de la ville, le principal groupe, la CPA à l’origine du blocage a déposé la liste de ses combattants.

Si l’opérationalisation des patrouilles mixtes à Gao tarde à se concrétiser, la tension à tout de même baissé d’un cran en dépit de l’expiration du délai de 72 heures donné par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) à la communauté internationale et au gouvernement malien pour mettre en place toutes les conditions permettant la tenue des patrouilles dans la ville. Il s’agit notamment du désarmement de tous les groupes armés qui ne sont pas membres de la Coordination et de la Plateforme. « Les dispositions sécuritaires disent qu’en cas de patrouilles mixtes, seuls les éléments des FAMAS, la Plateforme et la CMA doivent être armés à l’intérieur de la ville. Donc toutes les autres parties armées doivent se cantonner et laisser la ville entre les mains de la patrouille mixte qui est la disposition indiquée dans l’accord pour sécuriser la ville », déclarait Brahim Ould Sadati de la CMA.

Cependant, les groupes armés (CPA, CMFPR2, le MPCA et l’EFPA) opposés à l’entrée des combattants de la CMA dans la ville de Gao dans le cadre de la mise en route des patrouilles mixtes, reconnaissent avoir reçu du gouvernement et de la médiation une offre pour commencer le processus. «Ce n’est plus le blocage, la situation s’est détendue, une offre a été faite par le gouvernement et la médiation pour permettre l’inclusion nos mouvements signataires et nous avons fait des propositions qui ont été déposées. Une fois que nos combattants auront été appelés au regroupement, je crois qu’il n’y aura plus de problème », précise, Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun, secrétaire général de la CPA. « C’est un blocage dans la légalité. Il s’agit des mouvements armés signataires de l’accord qu’on a voulu exclure des patrouilles mixtes. Ça c’est impossible. Ils ont le droit de participer à ce processus, c’est une revendication de leur droit. Ce ne sont pas de nouveaux acteurs ou des intrus », a-t-il ajouté.

Officiellement la rupture semble consommée entre les groupes dissidents de la CMA. Dans un communiqué rendu public le 2 janvier dernier. Le Congrès pour la Justice dans l’Azawad (CJA)  et le Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA), ont décidé d’unir leur force pour participer aux patrouilles mixtes. «Le sens de notre combat consiste à une insertion  effective de nos mouvements dans tous les organes de mise en œuvre de  l’Accord, notamment dans le CSA, ses 4 sous-comités, le CTS, DDR, CNRSS, les autorités intérimaires », souligne le communiqué conjoint des ces mouvements.

Dans une récente déclaration, le président du MSA, Moussa Ag Acharatoumane, avait souligné que son mouvement a envoyé depuis le 26 décembre dernier plus de 30 pick-up en hommes et en armes à Gao. «Cette force n’est pas là pour faire de la provocation, mais prendre part aux patrouilles mixtes pour une mise en œuvre diligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger », explique-t-il.

 


Alghabass Ag Intalla : «Le retour de l’administration malienne à Kidal ira crescendo »

Alors que les autorités intérimaires et le MOC ne sont toujours pas en place, que les tensions entre mouvements armés ressurgissent et que les attaques terroristes se sont notablement accentuées dans le Nord du Mali, le ministre de l’Énergie et de l’eau, Malick Alhousseini Maiga, foulait le sol de Kidal le 2 décembre dernier, un symbole et une première depuis mai 2014. Alghabass Ag Intalla, secrétaire général du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), qui a directement oeuvré à la venue de ce ministre de la République dans la capitale du Nord, a accepté de répondre aux questions du Journal du Mali sur ces sujets brûlants qui font l’actualité.

La question d’un retour de l’administration malienne est cruciale à Kidal, sous quelles conditions serait-il possible dans un avenir proche, selon vous ?

Le retour de l’administration malienne ira crescendo avec l’application des termes des Accords. La visite ministérielle du ministre de l’Énergie Malick Alhousseini Maiga en est une étape, prévue dans les mêmes accords.

Justement, la visite du ministre de l’Énergie à Kidal a été une réussite et un symbole fort. On dit que c’est vous qui avez piloté sa venue, est-ce exact ? Par ailleurs, le MNLA ne semblait pas, au début, sur la même ligne que vous pour cette visite. Quelles sont vos relations avec Bilal Ag Chérif, chef du MNLA. On les dit compliquées ?

Toute la CMA s’est impliquée dans la réussite de la visite ministérielle. Nous faisons partie de la CMA. Nos relations avec le Secrétaire général du MNLA ont toujours été très bonnes et nous convergeons ensemble vers la réalisation d’une paix juste et durable.

Suite à la désignation des autorités intérimaires, la CMA a connu des divisions et certains vous accusent d’en être à l’origine. Que répondez-vous à cela ?

Ses accusations n’ont aucun fondement. Nous sommes une composante de la CMA et je ne vois ni comment, ni pourquoi d’ailleurs j’agirais négativement pour infléchir une décision qui s’inscrit en droite ligne dans le processus des Accords d’Alger et profiterait aux ressortissants de l’Azawad.

Où en est-on actuellement dans la mise en œuvre de l’Accord ?

La mise en œuvre a accusé un retard considérable, toute chose qui avait émoussé un peu l’enthousiasme initiale des populations. L’impact des consultations et commissions diverses à Bamako n’est pas visible sur les terrains. Ce retard a été malheureusement exploité par des parties opposées au retour à la normalité qui se sont insérées dans les failles du système pour retarder d’avantage les échéances initialement prévues.
Cependant la 13ème session de la CSA a fait des recommandations que nous estimons être assez significatives dans la mise en œuvre des Accords. Nous tiendrons les engagements que nous avions pris dans ce sens.

Comment expliquez-vous le retard, les avancées et reculades dans la
mise en œuvre de l’Accord ?

Beaucoup de paramètres concourent à cette situation. L’opposition interne aux Accords, leur opérationnalisation légale, la mise à niveau des institutions de l’État par rapport à leur contenu, la mise en place des mesures de confiance, inertie administrative, déficit de moyens financiers et matériels adossé à une mauvaise volonté due essentiellement à une lecture biaisée des Accords. A cela, s’ajoutent les agendas cachés de certaines forces qui ont du mal à s’inscrire dans la normalité.

Le CSA a mis un groupe de travail en place à l’issue de sa 13ème session pour garantir le succès de ce groupe. Il est demandé aux groupes armés d’être représentés au plus haut niveau. Êtes-vous prêts à participer à ce groupe de travail ?

Nous participons déjà à ce groupe de travail et sommes prêts à apporter notre contribution au sein de tous les mécanismes susceptibles de faire avancer le processus pour lequel nous nous sommes engagés.

Les tensions semblent être ravivées entre le Gatia et la CMA, surtout depuis l’attaque d’un convoi du Gatia par Ansar Dine et dit-on, par des combattants du HCUA, en novembre dernier. Se dirige-t-on vers un nouveau conflit armé entre mouvements ?

Les évènements de Tinzaouatène en novembre dernier ne concernent pas la CMA malgré tous les sous-entendus diffusés à dessein par le Gatia. Nous ne souhaitons pas nous engager dans des querelles intestines qui ne font que déchirer encore plus le tissu social. Néanmoins, nous sommes prêts à toutes éventualités espérant qu’aucune nouvelle escalade ne vienne perturber le processus de paix engagé.

Au niveau sécuritaire on observe une intensification des attaques terroristes visant les FAMA et les forces étrangères. Que peut faire le HCUA à son niveau contre la recrudescence de ces attaques ?

Le HCUA comme l’ensemble de la CMA est aussi victime de cette recrudescence. Á ce sujet, la CMA ne peut rien faire en dehors des mécanismes prévus par les Accords. Il faut noter qu’une autre forme de terrorisme règne et est matérialisée par les attaques, les violations des droits humains, les terreurs faites sur les populations civiles imputables aux milices armées des groupes dits d’autodéfense.

Certains avancent qu’il faudrait faire entrer Iyad Ag Ghaly à la table des négociations, quel est votre avis là-dessus ?

Si ceux qui le disent pensent que cela peut ramener la paix, la cohésion sociale, la concorde souhaitée pour lesquelles nous avions signé des accords, je ne peux que m’en réjouir.

 

12ème session du CSA : les autorités intérimaires effectives entre le 1er et le 10 novembre

Malgré les différences d’appréciations apparues dans les débats au sujet des listes pour la mise en place des autorités intérimaires, les travaux de la 12ème session du CSA, annoncés périlleux ont pris fin hier dans un climat de sérénité et de compréhension mutuelle. En prélude aux élections communales du 20 novembre prochain, un nouveau chronogramme de mise en place des autorités intérimaires est prévu entre le 1er et le 10 novembre. Pour les élections communales et la mise place de ces autorités intérimaires, on attend les derniers mots de l’administration pour voir la faisabilité parce que la loi dit que les élections peuvent être générales ou partielles selon les contextes.

Le comité de suivi de l’Accord (CSA) a tenu sa douzième sesion ordinaire aux bureaux du Haut représentant du président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord, ex-CRES, les 19 et 20 octobre dernier. Dans un communiqué rendu public, le comité a exprimé de nouveau sa préoccupation concernant la situation sécuritaire et humanitaire qui prévaut dans la région de Kidal, tout en félicitant le Haut représentant du chef de l’État pour la mise en œuvre de l’Accord, pour ses initiatives en vue d’un règlement pacifique et définitif de cette crise et a appelé les parties à y souscrire pleinement.

Concernant la mise en œuvre de l’Accord, le Comité a constaté des avancées notables et a encouragé les parties à maintenir cette dynamique. « Cette fois ci, plus que jamais, nous nous sommes retrouvés, ramener dans une réelle application de l’Accord de paix, en raison notamment des décisions majeures qui ont été prises en ce qui concerne la mise la place des autorités intérimaires et l’activation des mécanismes sécuritaires », explique Ahmed Boutache, président du Comité. Pour lui, un engagement concomitant a été obtenu du Haut représentant du premier ministre pour que des rencontres se tiennent dès aujourd’hui avec l’objectif d’aplanir les petites difficultés qui sont apparues afin que les choses soient faites de façon inclusives et consensuelles et que personne ne soit laissé de côté.

En ce qui concerne la mise en œuvre des autorités intérimaires, elles devraient être effective entre le 1er et le 10 novembre au plus tard, à condition que la réunion d’aujourd’hui qui doit regrouper le gouvernement, la CMA et la plateforme parvienne à lever les obstacles.

Pour la mise en pratique des patrouilles mixtes dans le cadre du MOC, le représentant spécial du chef de la MINUSMA souligne qu’un chronogramme a été établi. «Nous pouvons commencer les patrouilles mixtes dans la région de Gao dans quelques semaines, suivie des autres régions. On est en train de préparer les cantonnements qui vont débuter avec six mille combattants », a-t-il ajouté.

Sur les questions de sécurité, le Comité a noté avec satisfaction les dépôts des listes des membres pour l’opérationnalisation des différents mécanismes sécuritaires prévus par l’Accord. « C’est vrai dans tout œuvre humaine, il y a toujours des mécontents, mais au sortir de cette 12ème session, je suis très optimiste car au niveau de la commission défense et sécurité, il y a eu des avancées notoires avec le dépôt des listes pour les commissions DDR et d’intégration «, a expliqué Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun.

Au niveau du conseil national pour la réforme de secteur de la sécurité (CNRSS), la Plateforme a déposé la liste de ses membres et la CMA qui ne l’a pas encore déposé a promis de remettre sa liste dans un délai de trois jours », indique Habala Ag Hamzata, membre de la Plateforme. Un avis partagé par les mouvements armés de la CMA qui ont décidé de continuer à dialoguer pour déposer une liste consensuelle au niveau des différentes commissions. «C’est un sentiment général d’espoir, les choses sont en train d’avancer malgré quelques difficultés signalées notamment dans la mise en place des autorités intérimaires où il y a quelques réglages à faire, nécessaires pour avancer. Globalement je pense que cette session a été positive pour avoir courageusement posé ses difficultés qui ne sont autres que des questions d’inclusivité et de représentativité, et tous sont d’accord pour dire quelles sont surmontables dans des délais très courts », explique Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun membre de la CMA au sein du CSA.

 

11ème session du CSA : des sanctions pour les fauteurs de troubles

Dans une sorte d’adresse de clôture de la 11ème session du Comité de suivi pour la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, la médiation avait cru bon de rappeler le rôle et la responsabilité des mouvements armés signataires dudit Accord. Elle menace désormais de sanctionner les auteurs des actes pouvant entraver la bonne marche du processus de paix.

La cérémonie d’ouverture des travaux était présidée par le président du CSA, Boutache Ahmed. Étaient également présents, l’ensemble des acteurs impliqués dans le processus de paix au Mali, notamment Koen Davidse de la MINUSMA, le haut représentant du Chef de l’Etat pour la mise en œuvre de l’Accord, Mahamadou Diagouraga. L’ordre du jour de cette 11ème session portait sur une présentation par le gouvernement des suites à données aux recommandations formulées lors de la dixième session du CSA, notamment en ce qui concerne la mise en place des autorités intérimaires dans les cinq régions (Gao, Ménaka, Tombouctou, Kidal et Tessalit) et la fonctionnalité du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) à travers des patrouilles mixtes. La session a aussi enregistré les présentations et discussions de chacun des sous-comités qui concernent les questions politiques et institutionnelles, les questions de défense et de sécurité, le développement socio-économique et culturel ; la réconciliation, la justice et les questions humanitaires. La médiation internationale très préoccupée par les graves affrontements et leur poursuite sporadiques dans la région entre les mouvements signataires, a condamné ces violations du cessez-le-feu. Elle estime par ailleurs que cette situation ne saurait perdurer plus longuement, sans compromettre l’essence même de l’Accord pour la paix et la réconciliation. « En absence de toute volonté manifeste ou la persistance d’entraves à la mise en œuvre de l’Accord, ceux reconnus responsables à titre individuel ou collectif s’exposeront à des sanctions de la part de la communauté internationale qui pourrait diligenter une enquête destinée à situer les responsabilités », souligne le communiqué de la médiation.

Cette 11ème session a été marquée aussi par des actes concrets, le dépôt des listes pour la patrouille mixte par les groupes armés, convergence de vue des acteurs sur la responsabilité des groupes armés à résoudre leurs différends par le dialogue et l’engagement du gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour une mise en œuvre diligente de l’Accord. « Plus que jamais, la paix un impératif incontournable pour la stabilité et la prospérité des pays de la zone sahélo-sahariennes et la situation à Kidal ne saurait prendre tout le processus en otage  et nous sommes heureux de constater que les mouvements veulent aller dans ce sens. Et la CMA a déposé la liste de ses 200 éléments devant participer aux patrouilles mixtes dans le cadre du MOC», a expliqué M. Boutache Ahmed.

Pour le représentant de la MINUSMA, la 11ème session a été très importante pour avoir mobilisé de nouveau la communauté internationale pour le Mali, afin d’améliorer son soutien et coordonner les stratégies en faveur du pays. « On a dit aux mouvements qu’il est important d’avoir de bonnes nouvelles et également demandé qu’il était important de respecter la cessation des hostilités, de faciliter l’assistance humanitaire, de continuer le dialogue mais aussi et surtout de continuer avec la mise en œuvre de l’Accord », a-t-il souligné. De l’avis du secrétaire permanent de la Commission nationale de mise en œuvre de l’Accord, M. Inhaye Ag Mohamed, la volonté affichée par le gouvernement, les groupes armés signataires de l’Accord ne s’est jamais démentie au cours de cette 11ème session. « Leur credo commun, la paix rien que la paix. Malgré les incidents enregistrés par ci par là, notamment à Kidal, il est heureux de constater que le processus est en marche, lentement mais sûrement », conclut-il

 

Décrispation au CSA : une « entente » affichée par les acteurs

Les travaux de la 9ème session du comité de suivi de l’accord, CSA, s’est achevé le 14 juin dernier au CICB sous la présidence de l’Algérie, chef de file de la médiation. À la fin des travaux, on apercevait des sourires sur les visages souriants des uns et des autres, comme pour dire qu’un espoir est permis avec l’entente entre le gouvernement et les groupes armés pour la mise en œuvre de l’accord.

Deux points étaient à l’ordre du jour de la 9ème session : la mise en place des autorités intérimaires et les arrangements sécuritaires notamment l’opérationnalisation du mécanisme opérationnel de coordination(MOC). « À la clôture, c’était la satisfaction totale », explique M. Inhaye Ag Mohamed, Secrétaire Permanent du Comité National de coordination de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Ainsi, le comité a salué l’adoption, par les parties de l’« ENTENTE » sur les modalités pratiques de mise en place des autorités intérimaires, des chefs de circonscriptions administratives, le redéploiement des services déconcentrés de l’État et le mécanisme opérationnel de coordination ». Cette entente constitue à n’en pas douter, une avancée significative dans le processus de paix. C’est dans cette optique que le comité a exhorté les parties au respect des engagements et d’en assurer une mise en œuvre diligente dès sa signature. Dans le cadre de l’opérationnalisation du MOC, il y aura une unité de six cents hommes qui seront déployés dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal. Elle sera composée de : deux cents soldats des FAMA, deux cent combattants de la CMA et deux cents combattants de la Plateforme. Les effectifs des régions nouvellement créés, (Ménaka et Taoudénit) ne sont pas encore connus et il faudra attendre les prochaines réunions pour être fixé. L’objectif de ces patrouilles est d’assurer la sécurité des autorités intérimaires qui vont être mises en place dans les jours à venir.

Concernant la mise en place des autorités intérimaires, il a été convenu de les mettre en place partout où les organes élus des collectivités territoriales ne sont pas fonctionnels. Ce qui est le cas spécifique des régions de Ménaka et de Taoudénit. Il y aura des collèges transitoires qui préfigureront les futures autorités intérimaires avant la création des collectivités territoriales dans les nouvelles régions. Pour ce qui est des compétences des autorités intérimaires, le président de chaque autorité intérimaire sera le chef de l’exécutif local. À ce titre, les services techniques déconcentrés de l’État, dans les domaines de l’enseignement préscolaire, primaire, secondaire, technique et professionnel, les centres de santé communautaires, les centres de santé de référence et les hôpitaux, l’hydraulique rurale et urbaine etc. relèveront de son autorité.

En vue de faciliter le retour de l’administration, il est prévu que la Plateforme et la CMA désignent des conseillers spéciaux à raison de : deux auprès du représentant de l’État dans chaque région et un auprès du représentant de l’État au niveau cercle et arrondissement. Pour le financement des autorités intérimaires, des dotations spéciales, sous forme de subventions, dons, et legs, seront mobilisés pour en assurer le fonctionnement, afin de leur permettre de remplir leurs missions. À cette fin, le gouvernement, la Plateforme et la CMA organiseront, très prochainement, après la signature de l’ENTENTE, une réunion conjointe avec les partenaires techniques et financiers (PTF). En ce qui concerne, les dispositions spéciales, les parties ont convenu que lorsque l’ordre public est menacé, le représentant de l’État et le président de l’autorité intérimaire prendront de manière consensuelle les mesures de police nécessaires au rétablissement de l’ordre.

Urgence alimentaire, le CSA au secours de 4 régions

Le mardi 22 novembre dernier, le gouvernorat du district abritait la réunion extraordinaire du Comité de coordination et de suivi des programmes de sécurité alimentaire (CCSPSA). Cette réunion de haut niveau faisait ainsi suite à  l’alerte donnée par le SAP (Système d’alerte précoce), relative au risque d’insécurité alimentaire dans 104 communes du Mali, notamment dans les zones sahéliennes. Le gouvernement et ses partenaires techniques et financiers n’ont pas attendu longtemps pour agir. A travers le Commissariat à  la Sécurité Alimentaire il a été ainsi procédé à  la cérémonie officielle de lancement des distributions alimentaires gratuites le 14 Décembre 2011 à  Ségou. Les 4 régions les plus affectées Cette opération de distribution alimentaire gratuite se poursuivra, dit-on, conformément aux résultats de l’évaluation provisoire de la campagne agricole 2011-2012 par le Système d’alerte Précoce (SAP). Les distributions alimentaires gratuites porteront en effet sur 45.886 tonnes de mil/sorgho/maà¯s, dans les 104 communes de la zone d’insécurité alimentaire. La quantité de tonnes seront ainsi reparties respectivement dans la région de Kayes pour 28.472 tonnes pour une population de 1.054.507 habitants ciblés repartis entre 67 communes des cercles de Kayes, Bafoulabè, Diéma, Kita, Nioro et Yélimané). La région de Ségou bénéficiera de 332 tonnes pour une population de 12 289 habitants ciblés dans la commune de Nampalari (cercle de Niono). Quant à  la région de Mopti, il est prévu 13647 tonnes pour une population de 505 423 habitants ciblés repartis entre 31 communes des cercles de Mopti, (Djenné, Tenenkou et Youvarou). Enfin, s’agissant de la région de Tombouctou, les distributions prévoient 3 436 tonnes pour une population de 127 248 habitants ciblés dans 5 communes du cercle de Niafunké. « Ces quantités de mil/sorgho/maà¯s sont prélevées sur le Stock National de Sécurité (SNS) et aussi complétées par des achats supplémentaires sur les marchés internes et externes au besoin », précise un communiqué du Commissariat à  la sécurité alimentaire. Appel au civisme Un Comité de réception et de distribution, toujours selon le communiqué, constitué de 08 personnes dont 03 femmes, est chargé de la réception et de la distribution des céréales aux populations bénéficiaires selon les clauses des décisions administratives prises à  cet effet. « Le Commissariat à  la Sécurité Alimentaire est chargé en rapport avec les gouverneurs des régions bénéficiaires, du suivi-évaluation des opérations de distributions alimentaires gratuites », précisent les recommandations du communiqué. Qui ajoutent que les gouverneurs de régions, les préfets, sous préfets et les maires sont chargés de la mise en œuvre opérationnelle et du respect des conventions de distributions convenues entre le gouvernement et ses partenaires. Par ailleurs, cette initiative étant un acte de solidarité nationale, selon le Commissariat à  la sécurité alimentaire, il est demandé le civisme et le patriotisme de tous les acteurs impliqués dans la gestion de cette œuvre humanitaire de haute portée en faveur des communes en difficulté alimentaire au titre de la campagne agricole 2011-2012.

Sécurité alimentaire au nord Mali: l’urgence de la crise

De nouveau, C’’est le nord du pays qui est touché par une crise alimentaire. Mais, selon la Commissaire à  la sécurité alimentaire, Mme Lansry Nana Yaya Haidara, la crise sévit beaucoup plus sur les éleveurs qui assistent impuissants à  la mort de leurs animaux. La vigilance et l’anticipation n’ont jamais été de trop au Commissariat à  la sécurité alimentaire (CSA). En témoigne le dispositif mis en place pour combattre l’insécurité alimentaire dans notre pays. Sur l’axe de prévention, le CSA rédige chaque année un plan national de réponse aux difficultés alimentaires. Concernant les Banques de céréales, elles sont implantées dans toutes les communes du Mali. Dans les prochains jours, le CSA prévoit d’opérer des missions de suivi-évaluation dans certaines régions pour quantifier la réception des stocks et leur fonctionnement. 23 communes touchées par la crise Aujourd’hui, elles sont 23 communes à  être en difficulté au nord du Mali entre (Gao et Kidal) et 20 autres qui font face à  une insécurité économique. Selon les données du système d’alerte précoce, la population totale des communes en difficultés alimentaires et qui a besoin d’une assistance d’urgence, est estimée à  258118 personnes. Avec les efforts du CSA et l’ensemble de ses partenaires, des mesures d’urgence sont entrain d’être prises. Au nombre des actions, il faut citer la distribution gratuite de 6970 tonnes de vivres à  travers les 23 communes, l’achat, l’acheminement et la vente de 2000 tonnes de riz et 1000 tonnes d’aliments bétail. Le rôle des ONG Par ailleurs, la mise en œuvre d’un programme d’approvisionnement en eau potable de la ville de Kidal s’élève à  plus d’un milliard de Fcfa. Sans oublier les apports du Programme alimentaire mondial (PAM),le Fond mondial pour l’alimentation (FAO), et l’UNICEF dans le volet enfants. Les ONG et le CICR, pour leur part ne sont pas en reste dans le nord du Mali (il s’agit notamment Action contre la Faim, de Save The Children, d’Hellen Keller International, d’OXFAM…). Ces organismes mènent beaucoup d’actions de lutte contre la malnutrition. Pour contribuer au renforcement du CSA, le Collectif des ressortissants de Kidal à  Bamako a mobilisé 16 millions Fcfa et 220 tonnes de riz pour les populations Des mesures d’envergure pour les éleveurs l’impact de la crise alimentaire est particulièrement ressenti sur le secteur de l’élevage. En effet, les animaux meurent comme des mouches. C’’est pourquoi l’appui du Fonds mondial pour l’alimentation (FAO) a été déterminant pour les pasteurs et éleveurs de Kidal. l’organisme est actuellement sur place à  Kidal pour les opérations de distribution de kits vétérinaires et d’aliment bétail. Plus de 4000 personnes bénéficieront de cette assistance. Quant à  l’UNICEF, elle est en phase d’exécution des opérations de désenclavement des puits et des forages tout autour de Kidal. Selon nos sources, le Ministère de l’Elevage et de la pêche recevra du Japon des fonds pour l’achat de 2 000 tonnes d’aliment bétail. l’offensive du Gouvernement contre la faim Le Gouvernement du Mali, à  travers le commissariat à  la sécurité alimentaire (CSA) a effectué une distribution gratuite de 6970 tonnes de vivres dans les 23 communes (celles de Gao et celles de Kidal) identifiées par le système d’alerte précoce (SAP). Et la répartition de 22 000 tonnes de riz et 1000 tonnes d’aliment bétail à  Kidal ainsi qu’un programme d’adduction d’eau en cours d’exécution. Rappelons que la forte pluie qui s’est abattue sur la région de Tombouctou dans la nuit du 12 au 13 juillet, a causé de grandes inondations qui ont détruit plus de 45 000 tonnes de riz. Pour une situation alimentaire qui était déjà  précaire, les choses ont empiré. Par ailleurs, l’eau a envahi 172 maisons. Du coup, le nombre de personnes sans abris a augmenté…

Vol informatique au CSA :  » les masques vont tomber ! « 

l’affaire du matériel informatique volé au niveau du commissariat à  la sécurité alimentaire (CSA) n’a toujours pas connu son épilogue. Depuis la saisine, le 17 juillet dernier, la section Police Judiciaire du 14ème arrondissement travaille d’arrache-pied pour faire la lumière sur cette affaire. Rappel des faits Dans le cadre de la bonne conduite de son programme, le Commissariat à  la sécurité alimentaire (CSA) avait émis des besoins en matériel informatique. Et C’’est sur la base clairement identifiée que la Direction de l’ USAID a répondu favorablement à  cette demande. Ainsi, l’appui technique mis à  disposition par l’Université de Michigan par le biais de l’USAID, était destiné à  améliorer les capacités techniques du CSA. Disparition mystérieuse de matériel au CSA Remis officiellement le 18 juin dernier au CSA par la représentante du Directeur général de l’USAID au Mali, Mme Jean Herman, le matériel était essentiellement composé de 22 ordinateurs de bureau, 37 ordinateurs portables, 5 imprimantes (couleur), 5 ordinateurs multiple fonctions etc… Mais 22 jours après la réception du matériel, 18 ordinateurs portables et une imprimante multiples fonctions ont disparu. Le triste constat du vol a ensuite été établi. Immédiatement, le chef du service, Mme Lansry Nana Haidara, a formulé une plainte au niveau du 14ème arrondissement pour démasquer le voleur. Ainsi, elle n’avait levé aucun doute sur certains de ses collaborateurs après les avoir convié pour audition. La société de gardiennage SOGESBA (qui est civilement responsable des actions du gardien de jour du CSA) a également été interpellée à  travers une lettre du CSA, en vue de la réparation du dommage causé. Un suspect en interne ? En tout cas la logique dans cette affaire est que le voleur ne saurait venir de l’extérieur. Car, Curieusement, le vol s’est produit sans que la porte de la salle qui contenait le matériel, ne soit défoncée. Ce qui a fait peser de lourds soupçons sur tout le personnel de la structure. Dans ses propos, le chef du bureau Approvisionnement du CSA a reconnu sa responsabilité vis-à -vis du matériel. Mais il a affirmé que la salle qui logeait le précieux matériel relevait du service communication. « C’’est ce service qui détenait la clé de la salle » a-t-il rouspété. A en croire, le chef du bureau Approvisionnement, depuis le jour ou le matériel a été hébergé dans la salle de documentation, il n’a accédé à  la salle qu’une seule fois. L’affaire entre les mains du commissaire Djiré Interrogé par Journal du Mali, le commissaire Abdoulaye Djiré, a confié que l’enquête suit son cour et que le voleur passera très bientôt devant le juge. Tout en taisant sa stratégie policière, il n’a pas dévoilé les potentiels suspects dans cette affaire. Car, dit-il, lorsque la culpabilité de quelqu’un n’est pas établie, la personne jouit d’une présomption d’innocence. Le personnel du CSA a été en parti entendu. De même, des perquisitions ont été opérées au domicile de certains hauts responsables du service et du gardien de la SOGESBA. Force est de reconnaà®tre que dans cette structure, il y’a eu de la légèreté et de la négligence dans la garde du précieux matériel. Il est grave qu’un tel vol ait pu avoir lieu dans une structure aussi spécifique que le CSA. Affaire à  suivre donc !