Ménaka : Le découpage territorial pose problème

Adopté lors du Conseil des ministres du 28 février 2018, le nouveau découpage du cercle de Ménaka ne fait pas encore l’unanimité. Une délégation des communautés non satisfaites de ce découpage s’est rendue à Bamako pour une série de rencontres avec les autorités. Déterminées à faire prendre en compte leurs préoccupations, les populations, par la voix de leurs représentants, sont engagées à poursuivre les pourparlers.

22 fractions et 7 villages représentant environ 80% du territoire du cercle de Ménaka, ce sont les « communautés lésées » qui réclament la création de 4 nouvelles communes, selon le chef de la délégation, Baba Oumar Maïga. Pour lui, les communautés dénoncent d’abord la non prise en compte de leurs préoccupations, exprimées pourtant avant la décision de création. « Les communautés se sont concertées et acceptées avec des potentialités », selon Baba Oumar Maïga et les conclusions de leurs assises ont été envoyées à Bamako en août 2017, soit  deux mois avant le Conseil de Cabinet d’octobre 2017.

Autre reproche fait à ce nouveau découpage, « il viole les textes de loi sur la décentralisation et met à mal le vivre ensemble ». Alors que les textes interdisent la création d’une commune pour une seule fraction, le nouveau découpage en autorise deux. « Greffer un village situé à 70 kilomètres de Ménaka à la commune urbaine, c’est freiner son développement », s’indigne M. Maïga.

Concentrées au sud-ouest, les 3 communes rurales nouvellement créées excluent les 2/3 de la population du cercle, selon les représentants des communautés. « Nous réclamons plus de maillage dans le cercle de Ménaka et la prise en compte des préoccupations », explique Harouna Abatane, l’un des membres de la délégation. Le découpage constitue en outre pour les représentants « une entrave à l’épanouissement et même à l’accès aux services sociaux de base ». « Les 3 communes rurales créées comptent 8 écoles, dont 4 fonctionnelles, et 1 enseignant pour 6 classes. Selon les communautés lésées, il y a 75 écoles fonctionnelles », explique M. Maïga.

Redoutant un manque de volonté politique, les représentants se disent cependant déterminés à poursuivre la mission que leur ont confiée leurs communautés. C’est pourquoi, alors qu’ils font le compte-rendu de leurs rencontres à la base, les concertations se poursuivent à Bamako, avec des prises de contact avec diverses autorités, y compris des chefs religieux et coutumiers. Même si les autorités gouvernementales sont réticentes à la création de nouvelles communes, à cause des incidences financières, Harouna Abatane prévient : « nous ne commettrons pas la même erreur qu’elles, qui ont décidé sans prendre en compte l’avis des communautés. Elles nous ont demandé de réclamer 4 communes. Nous nous en tenons à cela ».