Ils sont douze chefs d’états Africains à assister ce 14 juillet au traditionnel défilé à Paris, sur invitation de Nicolas Sarkozy, le président de la République française. La veille, un déjeuner a réuni ces souverains autour d’un nouvel acquis : l’alignement des pensions des anciens combattants sur celles de leurs homologues français. Au nombre de ces chefs d’états, le sénégalais Abdoulaye Wade, le Tchadien Idriss Déby Itno, le camerounais Paul Biya ou le Malien Amadou Toumani Touré, etc… les vieux amis de la France, ironisent certains observateurs politiques à Bamako. Batailles mondiales et historiques Lors des 1ères et 2è guerres mondiales, des troupes Africaines avaient participé au combat sur les fronts français, et servi de « chair à canon », parfois. Les fameux tirailleurs sénégalais, font partie de ces armées, venues aider l’ex puissance colonisatrice à se libérer du joug des ennemis d’antan. Plus tard, en 39-45, sous la domination Allemande du Furher, l’Afrique, une fois de plus, avec les sénégalais, les centrafricains et mêmes les Nord-Africains, ont participé au combat. C’est sans doute pour assurer une reconnaissance à ces anciens combattants, que Nicolas Sarkozy en cette année de cinquantenaire a voulu qu’ils défilent sur les Champs Elysées français. A cet effet, des corps de treize armées, venues du Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Gabon, Mali, Mauritanie, Niger, République centrafricaine, Sénégal, Tchad, Togo -, hormis la Côte d’Ivoire et Madagascar, ont fait le déplacement. Hier, ces troupes étaient à l’entrainement sous les ordres d’un commadant français avec toute la discipline militaire que cela implique; 50 ans de Françafrique, ça suffit ! D’aucuns jugent cette initiative du chef de l’état français de perpétuation de la Françafrique. Ou des relations Afrique-France. Comme on voudra. Certaines associations sont mêmes montées à Paris. Elles son 75 organisations encadrées par l’association Survie – qui milite pour de nouveaux liens entre la France et l’Afrique – et qui se sont mobilisées pour dénoncer « cinquante ans de Françafrique » ! D’o๠le ,nom de le manifestation qui a eu lieu le 13 juillet dans les rues de Paris. A Bamako, Tiégoum Maiga, directeur de publication du journal La Nouvelle République, estime que : « c’est une nouvelle moquerie de la France envers l’Afrique. L’indépendance Africaine doit se fêter en Afrique et pas en France, et l’alignement des pensions des anciens combattants n’est que justice! On n’avait pas à se battre pour ça ». Un avis pour le moins tranché. Le chef de l’état français se défend pourtant d’une quelconque nostalgie coloniale: « D’aucuns ont critiqué la proposition que je vous ai faite de nous réunir aujourd’hui. Ils ont cru y déceler l’expression d’une nostalgie coloniale. Ou encore la tentation pour la France de s’approprier la célébration de vos indépendances. C’est un contresens absolu ». Le refus de Laurent En tête de file des absents à cette célébration, le président malgache Andry Rajoelina, pour cause de sanctions et le dissident Président Ivoirien Laurent Gbagbo, a lui décliné l’invitation à venir défiler sur les Champs Elysées. De même que son ambassadeur qui voit là une affaire compliquée, un passif lourd à digérer et qui se réglera par le dialogue. Les relations entre Abidjan et Paris restent froides après le contexte politique qui a précédé les évènements de 1990. On n’en voudra pas à Laurent Gbagbo qui maintient son déni envers la France. Au grand bonheur des patriotes Ivoiriens. Les pensions des anciens Combattants Il y avait là une vraie injustice et il a bien fallu 50 ans et une célébration à Paris, pour que celles-ci soient alignées sur celles des français. Quant un ancien combattant français gagnait autour de 700 euros, les Africains touchaient moitié moins, une différence criarde qui transparaissait dans le film « Indigènes » du cinéaste Algérien Rachid Bourabeb, ou l’image de ce vieil homme qui entre dans sa misérable chambre de bonne, à un âge très avancé, seul au monde, alors que tout jeune, il combattait les Allemands dans les batailles de Verdun, de la Marne en 45… Le film à sa sortie avait fait polémique, mais servi de message aux autorités françaises. Il n’était plus possible pour la France de continuer à fermer les yeux ! Là o๠le cinéma agit, la volonté politique fait défaut à nos chefs d’états qui n’en ont pas le courage, mais préfèrent les déjeuners officiels aux revendications légitimes du sort de leur citoyens. Le chef de l’état Malien ATT reconnait toutefois le geste de la France envers ses anciens combattants… « Oublions la Françafrique, avançons et cessons de raviver les vieilles querelles ! C’est undébat éternel et facile. Le défaut de l’Africain est de toujours ressasser dès qu’une initiative vient de la France, juge cet expatrié. Il est temps de sortir des réminiscences pour avancer et considérons cette invitation comme un acte de conscience pour la France! Moi j’irai quand même à la Garden Party de l’Ambassade de France au Mali, histoire de me régaler de petits fours aux frais de la France! ». Il paraà®t qu’on appelle ça la Dette coloniale ?