Les défis du nouveau gouvernement

Ils sont nombreux les défis qui attendent le gouvernement de Boubou Cissé rendu public le 5 mai 2019. Même si la question de la sécurité reste lancinante au Nord et au Centre du pays, celle sur l’éducation est aussi préoccupante au regard des grèves enchaînées ces derniers mois. A la veille des examens officiels, l’inquiétude des apprenants et des parents a toujours un regard hagard fixé à l’horizon des solutions.

24h après la formation du nouveau gouvernement, le premier ministre a tenu un premier conseil de cabinet durant lequel il a enjoint à ses membres d’œuvrer à éviter une année blanche et à garantir une meilleure justice.

D’autres préoccupations sociales comme les coupures d’eau et délestages invitent le nouveau gouvernement à repenser notre modèle économique dans un contexte qui est le notre afin d’anticiper et d’optimiser en termes de rendement dans différents secteurs économiques.

Au rang des défis, lutter contre l’urbanisation galopante afin de sortir de l’anarchie architecturale dans nos grandes villes s’inscrit comme une urgence progressive dans laquelle ce gouvernement et ceux à venir doivent pleinement s’investir. Il est d’ailleurs important sinon vital de repenser notre environnement tout en le préservant pour les générations futures. De façon progressive, une vision plus éclairée sur la question pourra certainement voir le jour pour plus de civisme.

Rentrée scolaire : A l’heure du changement et des défis

Le temps des vacances pour  la communauté éducative est terminé. Le ministère de  l’Éducation nationale annonce pour le 1er octobre la date de la rentrée scolaire 2018 – 2019. Les défis du relèvement du niveau des élèves par la formation et la réouverture des classes dans les régions du nord et du centre seront au cœur de l’action gouvernementale. La combinaison de tous les ordres d’enseignement au sein d’un seul département obéit-elle à cette volonté ?

« Le 1er  octobre, c’est le jour de la rentrée ». Ils sont rares ceux qui n’ont pas lu ou entendu cette phrase au primaire. Même si l’époque de « Ada, René ou Kipic » est révolue, la rentrée scolaire d’octobre est ancrée dans la conscience  collective du monde éducatif. « L’ouverture de toutes les écoles est programmée pour le 1er octobre. Après, nous allons faire le point pour savoir là où nous n’avons pas pu ouvrir », dit Mamadou Kanté, Directeur national adjoint de l’Enseignement fondamental.   Des parents aux élèves, du personnel enseignant à l’administration scolaire, c’est toute la communauté éducative qui se mobilise pour cette période cruciale. Sur les visages se lit l’enthousiasme et la joie de renouer avec ce milieu de socialisation. Du préscolaire au fondamental et jusqu’au secondaire, l’envie de reprendre le chemin de l’école est  perceptible, après  plusieurs mois de repos et de détente.

Pour l’enseignement secondaire général, seules les classes de 10ème accuseront du retard. « Elles vont attendre peut-être deux semaines, car les orientations ne sont pas  encore faites. La répartition n’est pas facile, vu le nombre d’admis au DEF cette année », souligne Djiguiba Konaté,  Directeur national de l’Enseignement secondaire général. « On a envoyé  des équipes de certification sur le terrain pour recenser les établissements qui seront en mesure de recevoir les enfants ». Dans la nouvelle grille de recommandation, les établissements privés sont invités à inscrire le tiers de leurs professeurs à l’INPS, faute de quoi ils ne recevront pas les enfants orientés par l’État.

Ce qui change 

Toujours est-il que l’apprenant doit acquérir au niveau de chaque ordre d’enseignement des compétences lui permettant de s’insérer dans la vie active ou de poursuivre ses études. Si l’objectif  énoncé dans la Loi d’orientation sur l’Éducation de 1999 est constant, les avancées et les circonstances diffèrent à chaque rentrée.

La rentrée 2018 – 2019 poursuit la même ambition de l’État d’éduquer le maximum d’enfant pour relever les défis du développement de notre pays. Pour ce faire, tous les ordres d’enseignement sont sous la tutelle du ministre de l’Éducation nationale, le Professeur Abinou Temé. Un choix inédit dans la gestion du système, qui s’explique par souci de souplesse. « La nouveauté cette année est d’avoir un seul ministère, qui gère l’éducation du niveau préscolaire, fondamental et secondaire jusqu’au  supérieur. Nous reconnaissons quand même que la charge est très lourde, mais cela créera une coordination entre les différents ordres d’enseignement et permettra d’aplanir beaucoup des difficultés », soutient Mamadou Kanté, Directeur national adjoint de l’enseignement fondamental. En cette veille de rentrée, c’est un ballet incessant dans les locaux du ministère. Son Secrétaire général, Kinane Ag Gadeda, mesure la tâche énorme du moment et justifie la création du département. « C’est un choix politique d’abord qui vise à ramener tout le système éducatif dans un seul espace, afin de mieux appréhender les différentes passerelles, les différentes politiques éducatives, et de mieux organiser le secteur, de telle sorte que les objectifs qui lui sont assignés soient atteints de façon efficace », commente-t-il.  Pour l’heure, le  système d’enseignement – apprentissage dans les écoles continue. Selon toujours le Secrétaire général, le curriculum de l’enseignement normal pour les enseignants a été finalisé cette année, alors ceux des écoles fondamentales et pour l’approche par compétences dans les écoles secondaires sont en cours.  « Ce sont des démarches pédagogiques qui ont montré toutes leurs forces si elles sont bien appliquées. Et il n’y a pas de raison de changer ce qui marche », souligne Kinane Ag Gadeda.

Rentrée amère au centre et au nord

Les conséquences de la crise de 2012 se font encore sentir dans le secteur de l’éducation et de l’enseignement. Dans le nord et le centre du pays, environ 750 écoles sont restées fermées pendant l’année académique 2017 – 2018. Selon le Directeur adjoint de l’enseignement fondamental, Mamadou Kanté, la situation  s’est détériorée au fil des années. « En avril  2018 nous en étions à 750 écoles fermées, mais en mai de la même année leur nombre s’est réduit à 735 », explique-t-il, espérant une réouverture accrue des écoles. Selon l’Unicef, plus de deux millions d’enfants en âge scolaire cette année sont en dehors du système éducatif. Si au centre du pays, certaines classes sont fermées depuis quatre ans, au nord c’est  depuis le début de la crise. Alors que l’éducation est un droit pour tous les enfants de la Nation, des milliers d’entre eux continuent d’errer sans aucune possibilité d’en profiter. Ils se forgent chaque jour un destin qui n’est point le leur dans des zones où la peur et les dangers règnent au quotidien.

Interpellées, les autorités entendent prendre des mesures urgentes pour amoindrir les effets de la situation. « Le gouvernement, sous l’impulsion du Premier ministre, est en train de mettre en place un programme d’urgence pour la réouverture des écoles. Pour réussir, il se propose de faire fonctionner les services sociaux de bases : l’éducation, la santé, l’action humanitaire », révèle Mamadou Kanté. Trois départements, la Solidarité et l’action humanitaire, la Santé et l’hygiène publique et l’Éducation nationale se coordonnent à cet effet et ont identifié « des actions et stratégies pour que le plus grand nombre d’écoles soient ouvertes le 1er octobre et le restent dans un avenir proche », indique le Secrétaire général Kinane Ag Gadeda.

Menaces de grèves

En cette veille de rentrée, certains syndicats d’enseignants menacent d’aller en grève à cause de doléances insatisfaites. A Gao, le collectif des enseignants de la région a déposé un préavis pour les 1er et le 2 octobre 2018. Abdel Aziz Ibrahim Maiga, Secrétaire général du Syndicat national des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales (SYNEFCT) en explique les raisons. « Le retour des services financiers, toujours à Bamako depuis 2012, le non-respect de l’accord signé le 22 mai 2017 entre le ministère de l’Éducation et nous, la sécurité des enseignants,  entre autres », énumère-t-il. Au même moment, dans la région des Kayes, une autre grève de trois jours est prévue. Mais le Secrétaire général de l’Éducation nationale  affirme que « toutes les dispositions seront prises pour que les acteurs s’entendent et que la rentrée ne soit pas compromise ». De même, le Directeur national de l’enseignement secondaire général invite chacun « à la sagesse et à l’esprit patriotique ».

Quid du niveau ?

Malgré les différents efforts entrepris dans le domaine de l’éducation et de la formation, le niveau des élèves et étudiants maliens n’enchante plus. Dans cette descente, la responsabilité de tous les acteurs de l’école semble être engagée. Les élèves peinent à être performants en lecture, écriture et calcul, les fondamentaux. Pourtant, « le Mali a toujours été le Quartier latin de l’Afrique francophone », se souvient Djiguiba Konaté, Directeur national de l’Enseignement secondaire général, indiquant que le souci du gouvernement est de cultiver l’excellence. Pour Kinane Ag Gadeda, les problèmes sont connus et il suffit de mettre en œuvre les solutions adéquates. Il cite par exemple la mise en place, depuis quatre ans, de l’approche équilibrée, concernant 4 500 écoles des régions de Ségou, Bamako et Koulikoro, avec des résultats satisfaisants. « On peut combler ce déficit et faire en sorte que notre système produise des enfants qui savent lire, écrire et calculer et sont capables d’améliorer leurs compétences », en misant sur les enseignants.

La rentrée scolaire de cette année, même si elle est fort similaire à la précédente, est très attendue. Le challenge est que tous les acteurs convergent vers le même but pour redonner à notre système éducatif ses lettres de noblesse d’antan.

Rapport Banque mondiale : Bamako face aux défis de l’urbanisation

La Banque Mondiale a présenté aux journalistes la cinquième édition de son rapport « Bilan économique AFCW3 (Afrique Occidentale et Centrale) ». Le rapport expose les défis de l’urbanisation en Afrique.

Intitulé « Les défis de l’urbanisation en Afrique », le rapport se penche particulièrement sur  trois capitales en Afrique de l’ouest à savoir Bamako, Conakry et Niamey en réfléchissant sur la manière dont ces villes pourraient exploiter et développer leur potentiel en matière de productivité et de croissance. Malgré leur contribution significative à l’économie nationale, à hauteur respectivement de 34% du PIB du Mali et à environ 27% de celui de la Guinée et du Niger, ces trois villes ne sont pas de véritables moteurs de croissance. « Dans les trois villes, la productivité du travail, calculée en tant que valeur ajoutée brute par habitant, est faible et n’a pas évolué au cours des quinze dernières années, contrairement à la moyenne de 15 autres villes d’Afrique Subsaharienne », a souligné Meskerem Brhane, co-auteur du rapport et responsable des programmes d’urbanisation de la Banque Mondiale dans ces pays.

Le rapport relève que la croissance de la population urbaine dans ces trois capitales ne s’est pas accompagnée d’un accroissement proportionnel du PIB, comparée à d’autres pays en développement. C’est pourquoi l’étude vise d’abord à comprendre pourquoi la croissance urbaine en Afrique de l’ouest n’a pas été associée au développement urbain et ensuite comment les villes de Bamako, Conakry et Niamey peuvent devenir plus productives et habitables dans le futur. Selon  Soukeyna Kane, Directrice des opérations de la Banque Mondiale pour le Mali, le Niger, le Tchad et la Guinée, « Pour devenir des vecteurs de croissance et fournir des services publics adaptés, Bamako, Conakry et Niamey doivent se concentrer sur leur urbanisme et leur organisation spatiale car les trois capitales ne disposent pas actuellement de marchés fonciers suffisamment efficaces, ce qui entraine des investissements dans des bâtiments et infrastructures éloignés des centres-villes ».

Pour faire face aux grands défis d’urbanisation, des recommandations spécifiques à l’endroit des trois villes sont faites à l’issue de cette étude menée par la Banque Mondiale.  «  Bamako doit se concentrer sur la modernisation des structures existantes et la coordination du  réaménagement du territoire en même temps que sur des investissements en infrastructure. Conakry doit donner la priorité à une meilleure connectivité entre le centre-ville et sa périphérie tandis que Niamey doit jeter les bases d’un développement urbain futur », peut on lire dans le rapport.

La série de rapports « Bilan économique AFCW3 » traite de questions de développement essentielles au Tchad, en Guinée, au Mali et au Niger. Elle vise à susciter un débat public sur des évolutions macroéconomiques et structurelles importantes pour soutenir la réduction de la pauvreté. Cette nouvelle publication contient un dossier spécial sur la Guinée.

ONG au Mali : Continuer malgré tout

Alors que sous d’autres cieux certaines ONG sont épinglées dans des scandales, celles qui opèrent au Mali, s’efforcent d’apporter assistance et espoir à des populations très éprouvées par le conflit et l’insécurité qui prévaut. Habitués aux zones de guerre et aux situations complexes, ces organisations doivent composer avec une criminalité qui ne cesse de croître, des zones très enclavées et une population nomade.

Le 24 avril 2017, les locaux de la sous-délégation du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) à Kidal ont été cambriolés par des inconnus armés. « Le deuxième cambriolage en moins de trois mois », affirmera l’organisme dans un communiqué publié dans la foulée. Le vol de trop. Excédée, l’ONG décide d’une suspension temporaire et partielle (les urgences étaient assurées) de ses activités dans cette région. Deux mois plus tard (juin 2017) Médecins Sans Frontières est à son tour victime d’actes de banditisme dans la même région. Elle suspendra également ses activités après ce qu’elle qualifiera de troisième cambriolage de son complexe en un peu plus d’un mois. Des décisions qui ont eu des répercussions quasi immédiates sur la situation déjà peu enviable des populations. Après plusieurs consultations, estimant avoir reçu des « garanties sécuritaires », les deux organisations reprennent leurs activités d’assistance aux populations.  « Il nous a été très difficile de suspendre nos actions, mais, au-delà de nous, ce sont les populations, déjà très démunies, qui sont affectées » affirme Jamal Mrrouch, chef de mission de Médecins Sans Frontières au Mali. « La situation humanitaire au Mali continue de se détériorer. L’insécurité, qui s’est propagée des régions du Nord vers la région centrale de Mopti et jusqu’à certaines zones de Ségou (Macina et Niono), affecte la mobilité des populations et perturbe leurs moyens de subsistance et accès aux services de base, tels que l’eau potable, la santé et l’éducation. Les affrontements entre groupes armés et les violences intercommunautaires continuent de provoquer des déplacements de populations, qui requièrent une assistance humanitaire et des services de protection », peut-on lire sur les premières pages du  Plan de réponse humanitaire publié en février 2018. Le document du Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) met en exergue les difficultés des organisations à mener à bien leurs activités.

Pris pour cible

Selon un autre rapport d’OCHA rendu public en septembre 2017, 100 cas de contraintes d’accès humanitaire ont été recensés au Mali. Un chiffre jamais égalé depuis 2013, au plus fort de la crise. En dépit de la signature de l’Accord de Paix en 2015, le pays s’enlise et l’insécurité chronique ne cesse de s’accroître. « Nous avons l’ensemble des garanties de sécurité de la part des parties prenantes au conflit, nous ne demandons pas plus que cela. Ce que nous craignons le plus en tant qu’humanitaires, ce sont les bandits de grand chemin », assure Jean Nicolas Marti, chef de délégation du CICR au Mali. L’ONG a notamment pâti il y a peu des conséquences de cette situation sécuritaire très volatile. Au début du mois de février, l’un de ses collaborateurs a été abattu dans la région de Gao par des bandits armés.  « Tout le monde a une arme à Gao. Dans certaines localités, des jeunes n’hésitent pas à vous lancer qu’une personne qui a un fusil ne saurait mourir de faim et ces personnes bénéficient d’une totale impunité. Elles ne se privent donc pas de commettre des actes répréhensibles », explique Mohamed Touré, coordinateur du Groupe de recherche pour l’amélioration des initiatives de la population, une ONG qui opère dans la région de Gao depuis 1995. Œuvrant pour la paix et la cohésion sociale, l’organisation de ce natif de la région éprouve néanmoins d’énormes difficultés. « Le banditisme a pris le pas sur tout ici. Nous ne pouvons pas nous déplacer sans craindre d’attaques, même dans les pinasses nous sommes pris pour cible », regrette-t-il. En plus des vols de véhicules et de matériels, les ONG sont victimes d’attaque sur les routes. En raison de l’enclavement de certaines zones, elles sont difficilement praticables et dangereuses. MSF en a fait les frais. L’organisation, qui opère au Mali depuis 1985 en offrant des soins et une assistance médicale à la population, a vue l’un de ses camions (loué) se faire attaquer dans la région de Mopti.  Transportant des vaccins destinés à une campagne dans la région de Kidal, il a été victime d’un carjacking dans le Centre, causant au passage la blessure du chauffeur.

Nombreux défis

Les observateurs l’assurent, 2018 sera une année de grands défis pour les humanitaires. La montée en puissance annoncée du G5 Sahel et le rapprochement effectué par certains groupes radicaux devraient donner lieu à des confrontations très violentes. « Nous en constatons déjà les prémices. Les conséquences humanitaires de ces combats-là seront plus importantes que tous ce que nous avons connu jusqu’ici dans le Nord du Mali », prédit Marti. « Le CICR a renforcé ses équipes à Mopti et sa capacité de réponse », ajoute-t-il.  Et ce n’est pas non plus la décision du Chef d’Etat-major Général des Armées (CEMGA) d’interdire la circulation des motos et pick-up dans les régions de Ségou, Mopti et Tombouctou qui fait des heureux. Pour certaines de ces organisations, qui avaient déjà du mal à acheminer leurs aides, la pilule passe mal. « Nous avons des patients qui viennent dans les centres de soins à moto. Il y a des zones qui sont inaccessibles avec un véhicule. Nous respectons certes la décision, mais cela va compliquer notre travail » se plaint le chef de mission de MSF. Au-delà de l’aspect sécuritaire, les effets du changement climatique devraient aussi bientôt se faire sentir. « La tendance est de conjuguer la situation humanitaire du Mali avec l’insécurité qui règne dans le pays, mais les changements climatiques causeront d’énormes besoins », souligne OCHA dans son rapport. La faible pluviométrie de l’année 2017 fait craindre à l’organisme onusien une crise alimentaire grave. « En juin 2018, lorsque la période de soudure débutera, 4,1 millions de personnes, soit plus d’un Malien sur cinq, seront en situation d’insécurité alimentaire et auront besoin d’assistance humanitaire, y compris 795 000 personnes ayant besoin d’assistance immédiate », affirme OCHA. Sur les 262 millions de dollars que le bureau souhaite mobiliser dans le cadre du Plan de réponse humanitaire pour l’année 2018, 91 seront destinés au Programme alimentaire mondial (PAM).

Actions de grâce

Les besoins sont grands, immenses même. L’urgence est donc d’anticiper pour y répondre efficacement. Mais la meilleure volonté du monde ne suffit pas sans les moyens. Et la tendance actuelle, selon Jamal Mrrouch, est à une diminution des financements destinés aux ONG. Une tendance qui, si elle se confirmait, ferait dangereusement planer le spectre d’une catastrophe humanitaire. « Notre budget est en augmentation par rapport à l’année dernière. Nous faisons le plaidoyer nécessaire pour obtenir de nos supports le plus d’actif possible, afin que le Mali ne devienne pas un conflit oublié » plaide notre interlocuteur du CICR. Avec plus d’un siècle et demi d’existence, l’organisation humanitaire a été sur plusieurs théâtres de guerre. Au Mali elle est présente depuis les années 1990, avec une longévité et des méthodes de travail, qui prônent notamment une totale impartialité, qui lui ont permis de gagner la confiance des parties signataires et non-signataires de l’Accord de Paix. Ce qui la fait bénéficier d’un dôme pour exercer ses activités. Une présence qui prend des allures de véritable bouée de sauvetage pour des populations très démunies. Dans des régions où l’autorité de l’État est absente, ces organisations apparaissent comme une lueur dans une obscurité infinie. « Dans une zone de guerre, il y a toujours un sentiment ambivalent, des populations qui nous remercient et apprécient nos actions, mais ces populations en même temps sont démunies de tout, donc elles aimeraient que le CICR en fasse plus qu’il ne le fait parfois », analyse Marti. Le Centre de Santé de Référence de Kidal fonctionne grâce au CICR, qui prend en charge les salaires mensuels d’une cinquantaine d’agents, assure la gratuité des soins dans certains cas et fournit l’eau potable. Il est difficile de quantifier les personnes qui ont bénéficié d’assistance, mais elles pourraient se chiffrer à des centaines de milliers, voire atteindre le million au Nord du Mali.

 

Sylvain Usher, Directeur exécutif de l’AAE : « 40% de la population africaine n’a pas accès à l’eau potable »

Bamako accueille ce dimanche le dix-neuvième congrès de l’Association Africaine de l’Eau (AAE) sur le thème « accélérer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement face aux défis du changement climatique ». L’occasion pour le directeur exécutif de l’organisation de faire un état des lieux des défis encore nombreux à relever.

Journal du Mali: L’accès à l’eau potable et au service d’assainissement constitue un défi dans plusieurs villes en Afrique. Quelles sont les principales difficultés à cet accès?

La situation n’est pas très reluisante en matière d’accès à l’eau potable en Afrique. Le lien entre approvisionnement fiable en eau potable et la réduction de la pauvreté est bien documenté et n’est plus à démontrer, et le gouvernant devrait tenir compte de cet aspect pour intensifier les investissements dans le secteur.  Près de 40% de la population du continent n’a pas accès à cette ressource. Certes des progrès importants ont été  accomplis pour améliorer l’accès à  l’eau en Afrique subsaharienne. En effet au cours des 20  dernières années, plus  de  230  millions  de  personnes ont  pu accéder à l’eau potable. Néanmoins avec  l’urbanisation rapide sur le continent et une population de près de 1 milliard, l’approvisionnement en eau en Afrique subsaharienne a eu du mal à suivre l’évolution de la demande.  Les  taux  de  couverture en  eau  potable n’ont  augmenté que de 11% au courant de la même période.

Mais il n’y a pas que les défis liés à l’accès à l’eau. Aujourd’hui une des préoccupations majeures est l’accès à l’assainissement. En effet en Afrique subsaharienne, il est plus courant d’avoir un téléphone mobile que d’avoir accès à des toilettes. Le manque d’accès à l’assainissement est l’un des facteurs les plus aggravants de la propagation des maladies dites d’origine hydriques. Les toilettes jouent un rôle crucial dans le développement d’une économie forte. Dans les pays en développement en général et en Afrique En particulier, l’accès à un assainissement adéquat reste un luxe pour une grande partie de la population. Ainsi, 2,4 milliards de personnes dans le monde dont 700 millions en Afrique subsaharienne, n’ont pas de service adéquat d’assainissement.

A quoi sont dues ces difficultés ?                                                                    

Ces chiffres continuent d’augmenter en fonction de la croissance démographique. Au cours des 15 dernières années, la population urbaine d’Afrique subsaharienne a presque doublé. Dans la même période, les interventions pour améliorer l’assainissement dans cette partie de l’Afrique ont atteint seulement moins de 20% de la population. Le manque d’investissements dans le secteur est l’une des principales difficultés. Les réseaux de distribution d’eau dans nos villes africaines sont non seulement vieillissants, mais ils n’atteignent pas l’ensemble des populations faute de plans directeurs précis pour l’agrandissement des villes  et les ressources en eau s’amenuisent dans certaines contrées  à cause de l’utilisation que nous faisons de cette ressource. Beaucoup trop de gaspillage. Pour ce qui concerne l’assainissement le problème est encore plus grave, car les villes se sont développées sans tenir compte de l’assainissement et maintenant il faut rattraper le retard en trouvant des solutions innovantes et des modèles économiques viables pour faire face à ce déficit.

Quelles sont les moyens pour faire face à ces difficultés ?

Il faut déjà que les populations changent de comportement vis-à-vis de cette ressource qui se raréfie. Il faut éviter le gaspillage de l’eau, il faut en faire une utilisation rationnelle. Mais ce gaspillage n’est pas seulement l’affaire des populations. Les opérateurs du secteur de l’eau doivent aussi faire un effort pour rationaliser leurs opérations et éviter les pertes d’eau dans leur réseau et améliorer leur rendement. Et cela passe inéluctablement par un renforcement des capacités des Sociétés de production et de distribution de l’eau.  Pour ce qui concerne l’assainissement aujourd’hui le constat est qu’une prise de conscience est en train de s’installer en Afrique et de plus en plus nous assistons à la création de structures gouvernementales directement dédiées à la gestion du secteur de l’assainissement. Une plus grande part des budgets des gouvernements devrait être concentrée sur la gestion de l’assainissement. Et il faut croire après l’échec total pour l’atteinte des Objectifs de Développement du Millénaire (OMD – 2000/2015) en matière d’assainissement pour l’Afrique, qu’avec les nouveaux Objectifs de Développement Durable (ODD – 2015/2030) la situation devrait connaitre une amélioration substantielle.

Le Thème du  19ème congrès de l’Association Africaine de l’eau, est « accélérer l’accès à l’assainissement et à l’eau pour tous, face aux défis du changement climatique ». Quelles mesures préconiser-vous pour faire face à ces nouveaux défis ?

Il faut d’abord noter qu’il est temps que les pays africains prennent conscience des réalités de l’existence du changement climatique et surtout des effets négatifs que ce changement apporte au quotidien des populations. Ce changement climatique affecte non seulement  les ressources en eau, mais aussi la gestion de l’assainissement. D’où le thème de la 19ième édition du Congrès international et exposition de l’Association Africaine de l’eau. Le congrès de Bamako a la particularité de mettre en exergue pour la première fois dans l’histoire de l’AAE le secteur de l’assainissement sous toutes ses facettes, s’agissant des aspects techniques avec la gestion de l’assainissement autonome et des boues vidange ainsi que l’étude du financement de manière durable de ce secteur et aussi l’exploration des cadres institutionnels propices au développement rapide et soutenu de l’assainissement en Afrique, sans oublier les aspects des impacts négatifs du changement climatique  . Nous sommes certains que ce congrès pourra donner un coup de fouet important pour la prise en compte de l’assainissement et particulièrement l’assainissement autonome dans les stratégies de politiques de développement de nos États Africains.  Le secteur de l’eau potable n’est bien sûr pas en reste. De nombreuses communications seront partagées et discutées au niveau des experts africains et des autres continents.

Qu’est- ce que l’Association préconise pour atteindre l’objectif de l’accès universel à l’eau et à l’assainissement ?

Nos objectifs stratégiques sont avant tout d’accompagner nos membres dans leurs efforts pour atteindre les objectifs de développement durable, de promouvoir une approche équilibrée des entreprises basée sur une gouvernance d’entreprise saine et une bonne commercialisation du produit. Nous visons également à promouvoir les partenariats entre les membres, à soutenir les efforts de plaidoyer auprès des gouvernements et des institutions africaines, enfin à renforcer la capacité des services et à soutenir la recherche et la production scientifique. Pour l’AAE la réponse à tous ces défis commence par le renforcement des capacités des opérateurs. Ceci est l’objectif que nous cherchons à atteindre par la mise en place de divers programmes de renforcement de capacités soutenus par nos partenaires financiers. La majeure partie des programmes de renforcement de capacité de l’AAE est basée sur le partenariat entre opérateurs dans lequel les meilleurs dans des domaines spécifiques forment ceux qui ont sollicité un renforcement de capacité  dans ces domaines.

Ainsi, les Partenariats des Opérateurs de l’Eau (WOP Africa) et les Partenariats des opérateurs de l’Assainissement (SOP Africa) visent à renforcer les capacités et à transférer les connaissances pour l’amélioration de l’accès à l’eau potable et au service d’assainissement aux populations africaines.

Mali: l’ONU plonge dans une marmite bouillante

Au Mali, même les radios ne résistent pas à  la chaleur. Ce n’est pas une métaphore. C’est Ameerah Haq, secrétaire générale adjointe des Nations unies, qui le dit pour décrire la réalité des vastes régions désolées – et pour la plupart désertiques – du nord du Mali. « Nous ne pouvons pas déployer nos systèmes de communication mobiles à  Kidal car des composants trop sensibles risquent de fondre », explique-t-elle à  propos de ce qu’elle qualifie comme « l’une des missions les plus difficiles des Nations unies au plan logistique ». L’opération a pourtant été lancée. L’Afrique ne compte plus les acronymes de charitables missions internationales de maintien de la paix envoyées sur son territoire : UNAMID, UNMIS, UNMISS, UNMIL, MONUSCO, MINURSO, MINURCAT, etc. A la liste de ces contingents de casques bleus – à  l’utilité variable – s’ajoute aujourd’hui la MINUSMA, Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali. Des défis dantesques Vue depuis les couloirs lustrés et climatisés du siège des Nations unies à  New York, la MINUSMA sera une superforce constituée de 11 200 soldats et 1 440 policiers, qui nettoieront un Mali déjà  en voie de rétablissement, avec un mandat pour « assister », « stabiliser » et « soutenir » les Maliens. Ses hommes se déploieront dans le nord du pays et veilleront à  ce que ces casse-pieds d’islamistes ne reviennent pas faire les 400 coups dans la région. Ils se chargeront aussi de préparer l’élection présidentielle que le Mali doit mettre en œuvre dans moins d’un mois. Comme l’a annoncé Ameerah Haq, le travail sur le terrain ne sera pas facile. Les problèmes logistiques sont une chose : le nord du Mali est un territoire qui ne pardonne pas les erreurs, et le déploiement de toute force militaire – a fortiori de cette ampleur – est un véritable défi. Il n’y a pas que le problème des radios qui fondent sous la chaleur. Les Nations unies se demandent sérieusement si les réserves d’eau seront suffisantes dans la région pour alimenter leurs troupes. Les spécialistes étudient la possibilité d’extraire l’eau de l’humidité de l’air afin de ne pas accaparer les ressources locales. Et c’est compter sans les difficultés politiques. Elles sont dantesques. Prenez, par exemple, la composition de la MINUSMA. Il est prévu d’envoyer de nombreux hommes sur le terrain, mais d’o๠viendront-ils ? La plupart seront d’anciens soldats de feu l’AFISMA (Mission internationale africaine de soutien au Mali), une autre force internationale dont les 6 000 hommes – originaires de divers pays africains – ont revêtu le béret bleu des Nations unies ce lundi. C’est un début mais la plupart des soldats africains sont loin d’être prêts à  remplir leur mission. D’après les estimations actuelles, il leur faudra encore au moins quatre mois d’entraà®nement avant d’être pleinement opérationnels (et nous savons ce que valent ce genre de calculs). Les meilleurs d’entre eux – les Tchadiens qui ont combattu aux côtés des Français et ont effectué quelques-unes des plus belles prises chez les rebelles – n’ont accepté de quitter N’Djanema qu’à  condition ne pas être envoyés au combat. Il faudra également vérifier qu’ils ne comptent pas d’enfants-soldats dans leurs rangs car une récente alerte a signalé le laxisme des autorités tchadiennes concernant la limite d’âge des recrues. Force internationale Paris transférera 1 000 de ses 4 000 hommes stationnés au Mali (les autres rentreront en France). L’Hexagone avait déjà  envoyé bien plus d’hommes que prévu – et pour bien plus longtemps – lors de l’opération Serval, son intervention surprise de janvier dernier. Pour les Français, la MINUSMA est une aubaine qui leur permet de sortir tout auréolés de leur opération éclair contre les rebelles, sans assumer toutes les responsabilités et le long travail de reconstruction du pays. Un contingent de 500 hommes sera envoyé – et c’est une surprise – par la république populaire de Chine. C’est la première fois que ce pays participe à  une mission de maintien de la paix en Afrique. Il s’agit d’un geste important et audacieux de la part des nouveaux maà®tres de Pékin, qui annonce peut-être une plus grande implication de la Chine dans les affaires politiques africaines, en plus de sa domination économique. Cela fait à  peu près 7 500 hommes. D’o๠viendra le reste des troupes ? Mystère. Et, disons le honnêtement, le discours des Nations unies sur les difficultés de l’opération ne va pas les aider à  recruter. Il sera difficile – et coûteux – d’obtenir davantage de soldats. Une fois établie, la MINUSMA sera confrontée à  une série de défis plus difficiles les uns que les autres.

Crise au Mali : les défis collectifs à relever

Depuis son indépendance en 1960, le Mali est confronté dans ses régions Nord (Tombouctou, Gao et Kidal) à  des rebellions armées à  répétition qui ont fini par devenir une cause d’insécurité récurrente et d’instabilité pour le pays tout en entier. A la différence de la rébellion de 1963, qui a été férocement combattue par les armes, celles de 1989 et de 2006 ont été conclues par le dialogue politique dont les supports ont été le Pacte Nationale (1992) et les Accords d’Alger (2006). Les difficultés de mise en œuvre du Pacte National et des Accords d’Alger, la criminalité transfrontalière (le trafics de cigarettes, d’armes et de la drogue), l’installation d’AQMI et des salafistes dans la zone et surtout l’arrivée des combattants armés de la Libye après la chute du régime de Kadhafi, ont créé une situation inédite et d’aggravation de la question. Vulnérabilité La crise sécuritaire, que nous étions habitués à  gérer, est rendue aujourd’hui plus complexe en raison d’une part de la persistance des facteurs de vulnérabilité de la zone (l’immensité du territoire, la faible densité de populations, la faiblesse de l’Etat et des administrations publiques et la fragilisation des structures communautaires) et de l’amplification des nouveaux facteurs liés aux intérêts géostratégiques régionaux et internationaux (AQMI et la quête de matières premières) d’autre part. Les effets cumulés des difficultés nées de la gestion faite de cette crise sécuritaire, les faiblesses politiques et institutionnelles installées par l’unanimisme d’ATT érigé en mode de gestion publique depuis 2002 et les entraves à  la reforme de décentralisation de la gestion publique ont ouvert la voie à  l’émergence de plusieurs mouvements armées qui ont fait de cette partie du pays une zone de non droit. Prenant ainsi prétexte des difficultés internes de gestion d’une armée, qui est demeurée dans les faits très peu républicaine ; une junte, constituée de soldats du rang et de quelques officiers subalternes, qui est sortie le 21 mars 2012 de ses casernes pour une simple révolte, s’est emparée du pouvoir d’Etat avec une facilité déconcertante. Ce coup d’Etat, que tout observateur avisé aurait dû voir venir vu l’atmosphère délétère en place depuis quelques mois, a mis un coup d’arrêt non seulement à  la préparation des échéances électorales de renouvellement de l’exécutif et du parlement, mais à  contribuer à  accélérer la dégradation de la situation sécuritaire et militaire dans les régions nord du pays autour de la quelle la commission et sécurité de l’UA venait de se réunir. Aujourd’hui, la situation du Mali peut se résumer comme suit : – le processus de démocratisation, en cours depuis deux décennies, a connu un coup d’arrêt et est donc fortement interrogé sur son avenir ; – l’Etat et les institutions publiques sont très fragilisés et en perte de crédibilité ; – les forces armées et de sécurité sont en difficulté réelle pour assurer la sécurité des populations et pour défendre l’intégrité du territoire national ; – les partis politiques et les autres espaces de mobilisation et de médiation sociale (les sociétés civiles) sont en panne d’initiatives ; – la partition du territoire national est un fait en raison du repli des administrations de l’Etat, des forces armées et l’occupation des régions de Kidal, Gao, Tombouctou et une partie de la région de Mopti par divers mouvements armés (MNLA, AMSARDINE et AQMI) ; – un nombre important de maliennes et des maliens, surtout des régions Nord, est réfugié hors du territoire national (Burkina, Niger, Algérie, Mauritanie), Bref, depuis l’indépendance notre pays n’a jamais été en si mauvaise posture au niveau interne et international. La remise en place des institutions publiques, le retour de la paix et de la sécurité, la restauration de l’intégrité du territoire national et l’organisation des prochaines élections (présidentielle et législatives) sont entre les mains de la CEDEAO et de la communauté internationale. Malgré les déclarations de principe, les puissances européennes et occidentales peuvent être tentées par des logiques courts termes de visée électoraliste ou de protection de leurs intérêts en nouant des alliances contre nature et conjoncturelles, l’analyse objective de la situation décrite ci-dessus nous renvoie à  trois défis majeurs à  relever : – le rétablissement et la défense de l’intégrité du territoire national pour éviter d’aller à  contresens des évolutions dans le monde qui exigent plutôt l’intégration des pays ; – la remise en place et en état de fonctionnement normal des institutions et des administrations publiques régionales et locales dans les régions Nord à  travers la restauration rapide de la paix et de la sécurité ; – la préservation du processus démocratique et de la continuité républicaine en créant les conditions de la bonne tenue des élections présidentielles et législatives. Seul un sursaut collectif et une analyse objective de la situation nous permettrons de faire émerger des réponses pertinentes et durables à  cette crise. Nous sommes face à  une crise profonde de société, évitons la solution facile qui consiste à  stigmatiser une couche particulière ou seulement extérieure. Ousmane SY

Les 100 ans de l’ANC

La célébration du centenaire de l’ANC aura tout d’abord confirmé le caractère fortement sacré et superstitieux de la société sud-africaine. C’’est ainsi qu’au programme des festivités, il y a eu des sacrifices de poulets, de chèvres et de taureaux dont la viande, vidée des viscères, aura reçu des traitements curieux. l’idée était de recourir à  ces procédés exotiques pour implorer la clémence et le soutien de l’esprit des anciens. Une approche certes irrationnelle mais à  laquelle de nombreux Sud-africains attribuent le glorieux cheminement du plus grand parti politique du pays. Un parcours dont les héros sont, entre autres, Oliver Tambo, l’archevêque Desmond Tutu, Nelson Mandela et Miriam Makeba. Si les deux premiers étaient encore là  pour se voir congratuler par la nouvelle génération et les milliers d’invités, le troisième, bien que vivant est trop âgé pour effectuer le déplacement, tandis que la dernière, elle, est d’ores et déjà , dans le monde de l’invisible. l’ANC est le symbole et l’incarnation des partis politiques qui participent à  la libération de leurs peuples et au développement de leurs pays. Maltraités et persécutés, le parti n’aura pas reculé jusqu’à  ce que l’objectif de la déracialisation de la société sud-africaine soit atteint. Une issue rendue possible grâce à  la sagesse et au sens de responsabilité dont Nelson Mandela et ses camarades avaient fait montre à  la faveur de leur accession au pouvoir au début des années 90. Un ensemble d’attitudes qui avaient notamment évité que les Noirs longtemps chosifiés ne cèdent à  la tentation vengeresse. Seulement, avec le recul et au regard de l’Afrique du Sud d’aujourd’hui, on est bien obligé de reconnaà®tre que la victoire n’aura été que très relative. Si du point de vue politique, Noirs et Blancs sont désormais égaux, il n’en est pas ainsi pour ce qui est du pouvoir économique. Dans ce dernier domaine, ce sont encore les Blancs qui trônent au sommet de la pyramide. Un déséquilibre socio-économique qui est justement le nouveau chantier qui s’offre à  l’ANC et à  ses responsables. Un chantier auquel s’ajoutent la paupérisation sans cesse accrue des populations et les scandales de corruption et de mal gouvernance qui accablent l’élite sud-africaine, et autour duquel se dessine un clivage générationnel au sein de la direction du parti centenaire. Une divergence dont Julius Malema est en quelque sorte l’incarnation.

Bonne chance, Jonathan!

l’homme Le nouveau président du Nigéria est né le 20 Novembre 1957 à  Otuéké, dans la zone du gouvernement local d’Ogbia, anciennement dans l’Etat de Rivers, actuellement dans l’Etat de Bayelsa, au Nigeria. Jonathan a étudié au Mater Dei High School, à  Emiringi, Ogbia o๠il a obtenu son diplôme en 1975. Deux ans plus tard, il a été admis à  l’Université de Port Harcourt (Uniport), l’Etat de Rivers, au Nigeria pour étudier la zoologie. En 1981, Il a obtenu sa licence ès sciences Plus tard, il s’inscrit aux études supérieures à  la même l’Université de Port Harcourt (Uniport), avec spécialisation en hydrobiologie et de la biologie des pêches. En 1985, il a obtenu son diplôme de Master. Il a demandé et obtenu à  faire un programme de doctorat en zoologie de l’Uniport. En 1995, il obtenait son doctorat en zoologie de l’Uniport. Après ses études universitaires, il avait exercé les fonctions d’inspecteur d’école, de chargé de cours et de chargé de la protection environnementale. Goodluck Ebele Jonathan est marié. Il vit avec son épouse et ses enfants à  Abuja, capitale du Nigeria. Les proches et amis de Goodluck Jonathan le présentent comme un homme d’honneur et d’intégrité. Un politicien chanceux Le Dr Goodluck Jonathan Ebele Azikiwe dirige en fait le pays depuis 2010, suite au décès du chef d’Etat d’alors d’Umaru Yar’Adua le 5 mai. Militant du People’s Democratic Party (Pdp), il est entré en politique en 1998. C’’est un Vice –président chanceux comme son prénom Goodluck l’indique. Par deux fois, il est passé de Vice-président à  président. Avant de devenir Vice-président du Nigeria, il avait servi dès 1999 comme Vice-gouverneur de l’Etat de Bayelsa, un Etat producteur de pétrole au Nigeria. Plus tard, quand le gouverneur de l’à‰tat Bayelsa, Diepreye Alamieyeseigha a été destitué à  la suite d’une affaire de blanchiment d‘argent, il est devenu le gouverneur de l’Etat le 9 Décembre 2005 et ce jusqu’au 28 mai 2007. Avant l’expiration du mandat du ticket d’avec Alamieyeseigha, il remportait avec succès sa réélection au poste de gouverneur de l’Etat de Bayelsa. Puis il fut choisi par son parti, le People’s Democratic Party (PDP) comme colistier du candidat à  la présidence Umaru Yar’Adua Le ticket Yar’Adua / Jonathan qui remporta l’élection présidentielle d’avril 2007. De pain sur la planche Réélu au terme d’un scrutin jugé le plus régulier depuis des décennies, Goodluck Ebele Azikiwe Jonathan doit relever les nombreux défis qui interpellent son gouvernement. Accusant le parti au pouvoir de fraudes, les partisans de Muhamadu Buhari, le challenger de Goodluck Ebele Azikiwe Jonathan, ont plongé le Nigeria dans des troubles dans la nuit de lundi à  mardi. Une violence quasi-chronique qui secoue le pays depuis plusieurs années sur fond d’affrontements interconfessionnels. Parmi les défis immédiats qui interpellent le président Goodluck Ebele Jonathan, il y a donc l’impérieux devoir de « pacifier » le nord et préserver l’unité dans un pays constamment en proie aux conflits interethniques et interreligieux. La lutte contre la corruption et la démocratisation sont d’autres chantiers sur lesquels il devra plancher. La victoire de Jonathan pourrait apaiser les craintes sur d’éventuelles perturbations des exportations de brut de ce grand pays africain producteur de pétrole. On lui dit goodluck !

Nouveau Gouvernement : la tâche ne sera pas aisée !

Les douze mois qui nous séparent des élections générales de 2012 seront très laborieux pour le Gouvernement. Comme le dirait certains caciques, c’est un gouvernement de défi et d’action qu’ATT vient de mettre en place. Depuis son discours à  la nation à  l’occasion du nouvel 2011, o๠il n’a nullement fait allusion à  la réforme constitutionnelle, plus d’un Malien ont pensé que le président de la République l’avait jetée aux oubliettes. Manifestement, C’’est loin d’être le cas car le 17 mars, le Chef de l’Etat Amadou Toumani Touré a saisi la tribune de la cérémonie d’ouverture de la Journée nationale des communes pour faire part de sa volonté de réformer, à  commencer par la Constitution du 25 février 1992. Il dit avoir prit le temps de constater les insuffisances des textes après presque deux décennies de pratique. Pour les besoins de cette réforme, un Ministère a été crée, celui de la Réforme de l’état et il est dirigé par Daba Diawara, celui là  même qui présidait le Comité en charge de réforme institutionnelle. Dans le volet institutionnel, la nouvelle carte judiciaire et le découpage administratif, projet cher au Général – président, annoncé fin 2010 sont autant de projets cher au Gouvernement de Mme Cissé. Mais le chantier le plus important semble être la préparation des élections de 2012. O๠en sommes-nous du Recensement administratif à  vocation d’état civil (Ravec) ? La question est sur toutes les lèvres, car C’’est sur la base du RAVEC que devra être conçu le nouveau fichier électoral qui doit permettre à  chacun de détenir sa carte d’électeur. De nouvelles régions, des cercles et arrondissements qui seront créés en vue d’approcher l’administration des administrés, seront à  l’actif du nouveau Gouvernement avec le Ministère délégué chargé de la Décentralisation. l’établissement d’un fichier électoral crédible , accepté par tous les protagonistes semble être la priorité d’ATT, d’o๠sa volonté d’écarter du gouvernement les candidats déclarés à  la présidentielle 2012. Citons Modibo Sidibé et Iba Ndiaye notamment, afin d’avoir un gouvernement que l’on ne pourra pas accuser de partialité. Organiser des élections transparentes n’est-il pas pour lui la meilleure manière d’effectuer sa sortie ? En marge de ces volets institutionnels, force est de constater que l’urgence sociale demeure avec le problème chronique de la vie chère mais également celui de la crise scolaire alors que la rentrée universitaire n’est toujours pas effective. A coté de ceci, le Gouvernement aura fort à  faire avec certaines centrales syndicales dont notamment la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (Cstm) qui, récemment, a multiplié les marches contre la politique de l’Assurance maladie obligatoire (Amo). Le Gouvernement de Mme Cissé devra redresser la barre de l’économie nationale durement secoué par les effets collatéraux des crises ivoiriennes et libyennes, qui continuent de sévir. Mme Cissé Kaà¯dama et son équipe feront face à  la problématique de l’insécurité ainsi que le narcotrafic qui, au cours des dernières années, empirent. Il conduira également des discussions autour des amendements à  apporter au dossier très sensible du Code de la famille. Un pas déterminant sera certainement dans le cadre de la lutte contre Aqmi, avec la nomination d’un grand commis de l’état, et ex Directeur de la Sécurité d’état, à  la tête du Ministère des Affaires étrangères, en la personne de Soumeylou Boubèye Maà¯ga.

Ouverture du 10ème forum de Bamako : Le défi alimentaire, la faim sur le continent au centre des préoccupations

Sur un milliard de personnes, 265 millions de personnes souffrent de la malnutrition et de faim chronique en Afrique Sub-saharienne. Cela affecte particulièrement les enfants de moins de 5 ans. Une personne sur six va au lit chaque nuit en Afrique sans manger. Pour ébaucher des pistes de réflexion, les organisateurs de la 10ème édition du forum de Bamako ont choisi de se pencher sur le thème de : « l’Afrique 50 ans :le défi alimentaire, la faim sur le continent ». La faim,un problème de comportement humain Les travaux de la 10ème édition du forum de Bamako, présidés par le Premier ministre Modibo Sidibé, par ailleurs président de la fondation du forum de Bamako, ont débuté ce 16 février au CICB. Ils se dérouleront du 16 au 20 février. Pendant cinq jours, les participants originaires d’Afrique et d’autres continents débâttront sur des thèmes allant dans le sens de la sécurité alimentaire. Afin de trouver des solutions adéquates à  ce fléau. Le vice-président de la fondation du forum de Bamako, Abdoullah Coulibaly, dans son discours de bienvenue, a laissé entendre que la faim et ses enjeux sont liés à  deux causes essentielles : les causes naturelles et humaines. De son exposé, il ressort que l’Afrique est confrontée à  des contraintes naturelles qui sont, entre autres, les grandes inondations, la sécheresse, la désertification, la faible pluviométrie. Pour lui, le défi alimentaire, la faim sur le continent tire son origine du comportement humain : les guerres commanditées, le boycott économique organisé contre un Etat, la dégradation de l’environnement, la spéculation foncière. « Chacun de ces points est une source de la faim », a-t-il dit. Ainsi selon le vice-président, le forum de Bamako -un espace d’échange et de dialogue- produira une éventuelle solution à  la famine en Afrique. Pourquoi pas à  l’instar de la révolution verte de la Chine ou de l’Inde, à  titre d’exemple. Les Nations Unies saluent l’initiative du Forum de Bamako La représentante du programme alimentaire mondial (PAM), Mme Alice Martin-Daihirou, révèle pour sa part qu’une personne sur six n’a pas accès à  une nourriture suffisante pour être en bonne santé et mener une vie active en Afrique. Et dans son analyse sans concession, « la faim et la malnutrition constituent le risque sanitaire mondial le plus important »., « En tant qu’agent des Nations Unies en première ligne dans la lutte contre la faim dans le monde, le thème de ce 10ème forum intéresse le PAM et les autres agences du Système des Nations Unies, les ONG et donateurs qui œuvrent pour lutter contre la pauvreté des populations ». Avant de mentionner que cette année spéciale, qui marque les 50 ans de l’indépendance de plusieurs pays du continent africain, est le moment de réfléchir ensemble afin de trouver des solutions à  long terme à  cette question de la faim et de la pauvreté sur le continent africain. Par ailleurs, la représentante du programme alimentaire mondial (PAM) s’est réjouie de l’opportunité qu’offre la 10ème édition du forum de Bamako pour jeter les bases afin d’éradiquer la faim, la malnutrition et d’assurer la sécurité alimentaire des populations. Le pari du Forum de Bamako est gagné Selon le Chef du gouvernement, Modibo Sidibé, la problématique du défi alimentaire est d’une grande complexité, entre autres, les infrastructures, l’eau, le foncier, la fertilité des sols, les intrants, le marché, l’environnement, les ressources humaines, le financement, la recherche et la vulgarisation, l’élevage, la pêche, les ressources forestière. Face à  ces questions, à  en croire le Premier ministre, les éclairages du forum seront d’un apport précieux pour les gestionnaires des Etats africains et les acteurs du développement agricole. Pour lui, il s’agit de la nécessité d’assurer aux producteurs africains des revenus décents, qui leur permettent de vivre de leur labeur, et qui garantissent la pérennité d’une agriculture africaine capable de nourrir les populations africaines. Modibo Sidibé a par ailleurs rendu hommage à  l’engagement des initiateurs du Forum de Bamako, qui est au service de la cause de l’Afrique. Avant de saluer l’objectif du forum de Bamako, qui est de constituer un espace de réflexion, de débats et de confrontations d’expériences au seul bénéfice du développement de l’Afrique. Et aussi un espace d’échange entre tous les acteurs tant africains qu’originaires d’autres continents sans aucun complexe, avec le seul souci de la complémentarité, de l’enrichissement et du pragmatisme. Selon Modibo Sidibé, le pari du forum est gagné. à€ signaler que la cérémonie d’ouverture des travaux a enregistré la présence des diplomates accrédités au Mali, du chef de file des partenaires techniques et financiers, des membres du gouvernement et les présidents des institutions de la République

Modibo Doumbia, candidat URD aux législatives partielles de Kati

Du haut de ses 35 ans, Modibo Doumbia est l’un des rares jeunes ayant accepté de se lancer à  la conquête du siège vacant laissé par son défunt camarade Alou Bathily de l’URD. Né vers 1974, à  Sinsina (cercle de Kati) il estime connaà®tre les principaux problèmes de développement auxquels sont confrontés les populations des 36 communes qui constituent le cercle de Kati. Des plus rassuré, le candidat de l’URD estime avoir à  son compteur tous les critères de son éligibilité. Surtout que sa candidature se trouve appuyée. Se targuant de sa qualité d’enseignant, Modibo Doumbia entend mettre tout son poids dans la balance pour voler au secours des populations du cercle de Kati à  travers un plaidoyer plus soutenu auprès des plus hautes autorités. Celui vers qui les populations de Sanankoroba n’ont jamais tari d’éloges, compte œuvrer afin de mériter l’estime placée en lui. Un militant actif Parallèlement à  son métier d’enseignant au centre El Khourafi (une structure scolaire relevant de l’Agence des musulmans d’Afrique), le mandant du parti est un collaborateur très actif du SNV (une ONG néerlandaise de plaidoyer pour la décentralisation territoriale) dans le cadre des transferts des compétences auprès des collectivités territoriales du Mali. Il dira que le choix porté en sa modeste personne pour représenter le parti est du au fait qu’il a été pendant 4 ans (de 2004 à  2009), maire délégué en charge du jumelage et de la coopération, dans la commune de Sanankoroba (Kati), avant de devenir délégué au conseil de cercle de Kati. Parlant de sa désignation par son parti, M. Doumbia a déduit que cela signifie à  plus d’un titre, le degré de maturité qui prévaut au sein de l’URD. « C’’est une concrétisation des principes démocratiques visant à  attribuer une marge de manœuvre aux jeunes ». « Il est grand temps que les populations fassent confiance aux jeunes. Je lance un vibrant appel à  tous les jeunes afin qu’ils soutiennent ma candidature, qu’ils ne se laissent plus manipuler, qu’ils me fassent confiance ». Le candidat de l’URD a un chapelet de priorités dans son projet social. s’agissant du problème d’emploi, dont souffrent principalement les jeunes, il pense y apporter sa touche à  travers des propositions pertinentes qu’il soumettra à  l’Assemblée Nationale. Une fois élu, le porte drapeau du parti n’entend pas cacher ses ambitions de lobbying auprès des plus hautes autorités en matière d’insertion socio-économique des jeunes. « En décriant le problème d’emploi, on peut résorber le problème de chômage des jeunes », juge t-il. Un projet social à  coeur Sur le plan sanitaire, Modibo Doumbia, une fois élu, compte faire un plaidoyer, pour que les centres socio-sanitaires de sa circonscription, soient dotés d’au moins un médecin. Car dit-il, nombres de centres de santé n’ont que des infirmiers, ce qui est déplorable. Détenteur d’un diplôme de maà®trise en Géographie, (option développement), Modibo Doumbia s’estime armé pour reconquérir le siège du défunt député, Alou Bathily. Surtout avec le soutien de l’Adema, premier parti du pays.