Fatoumata Sacko: « Nous prônons un dialogue franc et sincère »

Lancée le 16 juin dernier, La Convention des Forces Patriotiques (CFR) multiplie ses soutiens aux institutions de la République et au président Ibrahim Boubacar Kéïta, contesté et appelé à la démission par des milliers de Maliens sous l’impulsion du Mouvement du 5 juin. Dans cette marrée politique, la CFR se positionne aux côtés de la majorité présidentielle comme un chantre de l’offre de dialogue du Président de la République. Dans cette interview, Fatoumata Sacko, vice-coordinatrice de la CFR, nous expose les propositions de sortie de crise de la coordination et ses perspectives.  

 

Le Mali traverse une crise politique depuis un peu plus de deux mois.  En vue d’une décrispation de la situation, le Président de la République a rencontré le M5 le 5 juillet dernier. IBK a demandé au M5-RFP  de discuter de leur mémorandum avec la majorité présidentielle, chose que le M5 n’a guère acceptée.  Et l’on se demande aujourd’hui si discutions il doit y avoir avec le M5 à propos des demandes du mémorandum est-ce que ce sera avec la CFR ou l’EPM ?

Nous avons été dépités de voir le M5-FRP refuser la main tendue du Président de la République et son offre de dialogue qui est la seule option de sortie de crise. Cette offre de dialogue est assortie d’une mise en œuvre rapide des résolutions du DNI et de la nomination d’un gouvernement de résultats. Face à ces propositions guidées par le bon sens et l’amour de la patrie et au vu de la situation difficile du Mali largement rappelée lors du sommet du G5 Sahel du 30 juin, le M5 décide de se radicaliser et d’appeler au chaos! Ceci est inadmissible et nous n’allons pas l’accepter. Pour répondre à votre question, la CFR dont je suis la Vice-coordinatrice sera aux côtés de la Majorité plurielle. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois et la mise en place d’un cadre d’étroite collaboration est imminente.

 

Le pays est secoué par une contestation sociale. Est-ce qu’au niveau de la CFR on reconnait qu’il y a eu des défaillances au niveau de la gouvernance ou pas ?

 

Quel pays ne connaît pas des défaillances de gouvernance? La France qui est notre modèle vient de connaître l’une des crises les plus graves de son histoire avec le mouvement des gilets jaunes qui a multiplié les actions, émaillées parfois de violences et de dégradations et des pertes en vies humaines. Cette crise qui a mis la France sens dessus dessous était une révolte en lien avec des questions de gouvernance mais pour autant ils n’ont pas appelé à la rupture de l’ordre constitutionnel. Notre pays le Mali comme certains de la sous-région est en guerre et lutte contre le terrorisme au Sahel. Alors des problèmes il y’en a comme un peu partout dans le monde et nous le reconnaissons et le Président de la République n’est pas insensible à ces problèmes; il l’a dit et l’a martelé. Oui, le Président El Hadj Ibrahim Boubacar Keita a affirmé avoir suivi avec attention les récents événements qui se sont déroulés dans notre pays. Il a entendu les colères et les cris. Il a entendu les revendications et les interpellations. Et il a pris des mesures fortes dans le sens de l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens. Il a mis fin à la crise de l’école entre autres. On n’en attend moins du Père de la nation qui a fait du Mali la dédicace de sa vie.

 

 

Au niveau de la CFR, quelle solution de sortie de crise préconisez-vous ?

 

Nous avons fait des propositions de sortie de crise et pour nous le dialogue qui est une de nos valeurs cardinales reste une opportunité à saisir. Nous prônons un dialogue franc et sincère et nous rappelons qu’il faut du courage, de la souplesse et du respect pour dialoguer. Courage pour soutenir, sans hargne ni passion, une idée; souplesse pour ne pas rejeter, d’un revers de main, un point de vue juste, et respect, en se disant qu’on tire toujours bénéfice de l’autre.

 

Vous dites que vous êtes une majorité silencieuse. On n’a jusque-là pas d’idée de votre étendue et on est en droit de se demander si vous aussi êtes légitimes de parler au nom du peuple malien.

 

Que cela soit clair pour tout le monde! Nous n’avons jamais prétendus être le peuple et ce serait jurer avec nos principes. Nous sommes la Convergence des Forces Républicaines qui s’est assignée pour seule mission la défense des Institutions de la République dans le strict respect de notre Loi Fondamentale qui stipule dans son article 26: « La souveraineté nationale appartient au peuple tout entier qui l’exerce par ses représentants ou par voie de référendum. Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice. » Nous disons que nous sommes la majorité silencieuse car nous avons porté au pouvoir en 2018 le candidat El Hadj Ibrahim Boubacar KEITA et la démocratie c’est le fait majoritaire. Ceux d’en face ont eu l’occasion de gagner les élections mais les Maliens ont renouvelé leur confiance à l’actuel Chef de l’Etat comme ils l’avaient fait en 2013. Et cela malgré les problèmes de gouvernance auxquels vous faites allusion. Cela veut dire que le peuple a décidé qu’il était le meilleur.

 

Vous avez avorté à deux reprises des meetings de soutiens aux institutions. Pourquoi cela ?

 

Nous avons certes reporté deux manifestations, la première fois à la demande du Président de la République que nous soutenons pour raison de COVID19 et la seconde fois à la demande de la MINUSMA, de l’UA qui sont au chevet du Mali depuis 2012 et qui ont payé un lourd tribut dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Qu’ils sachent que nous en avons conscience et nous leur serons éternellement reconnaissants. Des leaders religieux aussi nous ont conseillé de donner la chance aux négociations qu’ils pensaient prospérer dans le sens de la paix et la cohésion sociale. Mais ce n’est point une reculade et ne vous en faites pas. Nous allons bientôt montrer aux maliens et au monde entier que le Président a une majorité qui sait donner de la voix. Je tiens à rappeler et à préciser que nous n’avons jamais été dans l’organisation de marche ou de contremarche mais plutôt un grand rassemblement républicain.

 

Après la fin de cette crise sociopolitique, qu’envisagez-vous ? Est-ce que vous allez toujours rester un mouvement de soutien à IBK ou vous allez explorez d’autres perspectives, par exemple vous organiser en vue des prochaines échéances électorales ?

 

La Convergence des Forces Républicaines CFR est une organisation patriotique résolument engagée à défendre les Institutions de la République et elle est composée par des Faîtières, des Mouvements politiques et des Mouvements religieux. Nous ne sommes pas un Club de soutien et ne nous réduisez pas à cela.

Nous avons été profondément choqués des agissements anti-républicains de certains pseudo-démocrates qui n’ayant aucun moyen de conquérir le pouvoir par les urnes, ont décidé de prendre des raccourcis et la rue pour déstabiliser le pays et avec lui notre démocratie chèrement acquise. Ils ont décidé de semer le désordre social en manipulant nos concitoyens et leurs problèmes. Nous disons non à cela et nous resterons debout sur les remparts In Sha Allah jusqu’à ce que la paix et la quiétude reviennent dans notre pays. Alors, oui la CFR restera mobilisée et défendra l’intérêt général à travers les institutions issues du processus démocratique. La CFR se dressera contre la voie de l’incertitude prônée par le M5.

 

Mali – Bonne gouvernance: A la recherche d’une solution durable

Trois présidents maliens ont été chassés du pouvoir. Modibo Kéïta, Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré sont tous partis sur un coup de force. Le 22 mai 2012, c’est une foule en furie qui blesse Dioncounda Traoré, Président de la transition. Aujourd’hui, c’est le départ d’Ibrahim Boubacar Kéïta du pouvoir qui est demandé par des milliers de Maliens. Pourtant, si les manifestants pensent que c’est l’unique solution pour mettre fin aux différentes crises multidimensionnelles du pays, d’autres croient qu’il faudrait plutôt trouver une solution institutionnelle plus durable afin d’assurer une gouvernance efficiente.

Ce constat ne laisse pas indifférente une frange de la société civile et des observateurs de la scène politique qui pensent qu’un président peut être le problème mais que quatre, cela suscite des interrogations. Demander la démission du Président de la République est une décision souveraine du peuple. Cependant, afin d’éviter les crises à répétition, il faudra trouver une solution durable. Et cela passera par une refondation des institutions du pays. « Aujourd’hui, nous sommes dans une situation de crise systémique. Il faudrait penser à comment rendre les institutions crédibles.

Cela va au delà de la seule personne du Président de la République. Qu’il démissionne ou pas, il faut des mesures de refondation. Sans cela, on pourra remplacer un président par un autre, il y aura toujours le même système qui va demeurer et le peuple va se retrouver à chaque fois dehors », observe Khalil Dembélé, chercheur au CRAPES (Centre de recherches et d’analyses politiques, économiques et sociales). La concentration des pouvoirs institutionnels, « de manière biaisée », entre les mains du Président de la République est la cause principale de la crise sociopolitique qui secoue actuellement le Mali.

Le rôle supposé d’agent de tripatouillage électoral de la Cour constitutionnelle lors des législatives dernières, au profit du pouvoir en place, a institué une crise parlementaire dont la résolution pose problème. Aujourd’hui, l’Assemblée nationale et la Cour constitutionnelle sont discréditées aux yeux des Maliens et leur dissolution est souhaitée. Cependant, selon le politologue Boubacar Bocoum, sans une séparation stricte des pouvoirs et une réforme institutionnelle, changer les têtes des institutions ne sera qu’une solution de courte durée. « Ce qui est sûr, c’est que changer IBK n’est pas la solution. On a besoin d’une nouvelle architecture institutionnelle.  Aujourd’hui, l’Administration territoriale, qui organise les élections, est inféodée à l’État. Elle doit être carré – ment indépendante.

Il faut également changer le mode de désignation des membres de la Cour constitutionnelle, ainsi que le fonctionnement de la Cour suprême. Sans cela, vous pourrez désigner d’autres personnes, ce sera toujours le statu quo ». « Esclaves du peuple » Pour le député Moussa Mara, « le fond du problème dans notre pays est de changer de manière approfondie la gouvernance », ce qui dépasse un régime ou encore une catégorie de leader.

« La gouvernance dépend d’abord du leadership. Nous devons travailler à améliorer notre mode de sélection de nos leaders, car nous ne sommes pas souvent dirigés par ceux qui le méritent. Il faut également accroître la transparence sur les nominations et donner de la place à la collégialité, pour limiter le poids d’un seul homme dans les décisions de nomination. Après le leadership, la gouvernance doit soumettre les leaders à la redevabilité. Il faut en quelque sorte transformer les leaders maliens en « esclaves du peuple » et on engagera le pays dans la voie vertueuse du progrès ».

La médiation de la CEDEAO, envoyée le 18 juin dernier pour trouver une solution à la crise politique malienne, a proposé l’organisation de partielles afin de résoudre la crise parlementaire. Et face à la pression populaire, quatre membres de la Cour constitutionnelle ont démission – né, même si, pour l’instant, ces démissions n’ont pas été rendues publiques. Mais le Mouve – ment du 5 juin, lors de son point de presse du 22 juin dernier, a qualifié ces démissions de « distraction » et dit garder son cap : obtenir la démission d’IBK.

Boubacar Diallo

Dialogue avec les chefs djihadistes : Amadou Kouffa incontournable ?

L’idée de dialogue avec les leaders djihadistes comme piste de solution à l’épineux problème du terrorisme au Mali reçoit de plus en plus l’assentiment de l’État malien. Après son Haut représentant pour les régions du centre, Dioncouda Traoré, qui a assuré leur avoir envoyé des émissaires, le Président de la République lui-même, après plusieurs refus, est désormais favorable à d’éventuels échanges avec eux. Mais Amadou Kouffa, l’un des interlocuteurs visés par l’État est, selon de nombreux observateurs, actuellement fragilisé par des dissidences au sein de la Katiba Macina et menacé par la montée de l’État islamique au grand Sahara (EIGS).

« J’ai le devoir et la mission de créer tous les espaces possibles et de tout faire pour que, par un biais ou un autre, nous parvenions à un apaisement. Le nombre de morts dans le Sahel devient exponentiel. Je crois qu’il est temps que certaines voies soient explorées (…). Nous ne sommes pas des gens butés, bloqués ou obtus », déclarait Ibrahim Boubacar Keita le 10 février dernier à Addis Abeba, en marge du 33ème sommet de l’Union Africaine.

Pour la première fois, le Chef de l’État, longtemps opposé à toute négociation avec les chefs terroristes et djihadistes, se montrait ouvert à une telle initiative. Mais, si dialogue il doit y avoir, encore faut-il que ce soit avec les bons interlocuteurs. Si Iyad Ag Ghaly parait incontournable, vu sa grande emprise au sein des organisations djihadistes dans le pays, principalement au nord, Amadou Kouffa semble de son côté loin de pouvoir endosser le même costume dans le centre.

Kouffa pas si incontournable ?

« Amadou Kouffa peut être l’un des interlocuteurs. Mais l’idée serait de ne pas s’arrêter à l’individu, et beaucoup plus de s’intéresser à son histoire. On sait d’où il est venu, comment il a eu cette audience qui a prospéré au sein de certaines communautés. Le plus intéressant, au-delà de sa personne, est le combat qu’il a fait sien, sa trajectoire, le discours qui l’a promu et comment les communautés ont adhéré à ce discours », estime Baba Dakono, chercheur à l’Institut d’études de sécurité (ISS Africa).

Pour lui, même si un dialogue est instauré avec Amadou Kouffa, sans que les griefs et les frustrations des communautés dont il est porteur ne soient traités et que tous les autres acteurs ne soient impliqués, il sera difficile de venir à bout de l’insécurité caractérisée par l’activisme des groupes terroristes djihadistes.

Le Professeur Bakary Sambe, Directeur du think thank Timbuktu Institute, assure que Kouffa a perdu de son influence. « Il n’a plus l’emprise sur la Katiba Macina, dont certains éléments ont commencé à rejoindre l’État islamique au grand Sahara, notamment à cause des différents l’opposant au groupe de Mamadou Mombo ».

Du point de vue de Mohamed Elkhalil, spécialiste des questions sécuritaires au Sahel, l’idée même d’entreprendre des échanges avec Amadou Kouffa et ses alliés au centre serait carrément suicidaire pour le Mali.

« Négocier avec Kouffa, c’est juste signer la mort du Mali. Cela va pousser l’État malien  dans une position de faiblesse, alors qu’avec la nouvelle opération Maliko qui vient d’être lancée et une bonne coopération en renseignements des populations au centre, il peut parvenir à neutraliser ce leader terroriste sans négociations », croit-il.

Le géopolitologue Abdoulaye Tamboura est pour sa part convaincu de la légitimité de Kouffa à être un interlocuteur important dans un quelconque dialogue avec les autorités maliennes.

« Amadou Kouffa ne parle pas au nom d’une région. Il parle au nom d’une Charia qu’il veut étendre sur toute l’étendue du territoire malien. Sa vision ne se limite pas au Macina ou au Gourma et il tire sa légitimité du soutien de son mentor, Iyad Ag Ghaly, sans lequel il ne peut rien entreprendre en terme de négociations. Pour moi, il est un interlocuteur incontournable aujourd’hui si dialogue il doit y avoir », soutient-il.

Dialogue national inclusif : Faux départ ?

Lancée officiellement le 16 septembre à la suite de l’atelier de validation des termes de référence, le Dialogue national inclusif est un exercice d’une grande nécessité. Mais certains acteurs politiques, ayant des griefs contre son format, n’ont pas pris part à cet atelier. S’y ajoutent la suspension de la participation du FSD et de la CMA du reste du processus pour des raisons diverses. Faux départ pour le dialogue ?

« Nous devons poursuivre la marche du rassemblement, quel qu’en soit le prix, le salut de notre Nation en dépend », déclarait le Premier ministre, Dr Boubou Cissé, lors de l’ouverture de l’atelier de validation des termes de référence du DNI, le 14 septembre au CICB. Dans une salle pleine à craquer, les participants, dans un silence religieux, écoutaient le Chef du gouvernement avec intérêt. « Le dialogue politique inclusif n’est pas organisé pour distraire ou détourner l’attention du peuple, il est, je le disais il y a quelques semaines, l’un des rendez-vous politiques le plus important depuis la Conférence nationale de 1992 », plaidait-il.

Ce rendez-vous des forces vives apparaissait aux yeux de tous, même les plus sceptiques, comme  indispensable. Pour beaucoup, la résolution de la crise de 2012, qui a ébranlé les fondements de notre pays, passe par un dialogue inclusif et sincère. D’où les lueurs d’espoir.  Mais voilà…

Dans une déclaration en date du 21 septembre, le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) annonce qu’il ne participera plus au reste du processus « tel que mis en œuvre ». Pourtant, ses représentants avaient pris part à l’atelier de validation des termes de référence, du 14 au 16 septembre au CICB. « L’objectif de cette participation, malgré les nombreuses réserves du FSD, était que de bonne foi, au travers des débats d’idées contradictoires, il puisse partager ses observations et contribuer au cadre conceptuel du dialogue, afin d’en faire une réussite, une réelle contribution, au bénéfice d’une sortie de crise  honorable pour notre pays », soulignait le communiqué.

Le FSD conditionnait entres autres la poursuite de sa participation à la prise en compte de certains points, dont le concept du Dialogue national inclusif, l’évaluation de l’utilité de tous les participants en alliant l’inclusivité à la représentativité paritaire, tant de la majorité et de l’opposition que de la société civile, en évitant la surreprésentation de l’État, qui devait se limiter strictement à la facilitation logistique, sécuritaire et budgétaire. Mais également à l’engagement à « débattre sur les raisons des retards et blocages dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger et, le cas échéant, à envisager sa relecture ».

Ce dernier point a été évoqué par le Président IBK lors de son discours à la Nation, le 22 septembre, ouvrant ainsi, pour la première fois depuis la signature de l’Accord, la possibilité d’en revoir certaines dispositions. De quoi alarmer la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA). Le 23 septembre, elle annonçait son retrait du dialogue, considérant qu’IBK avait ouvert la porte « à tous ceux qui ne jurent que par le rejet ou la relecture de l’Accord ». Une hypothèse à prendre au sérieux devant l’insistance de plusieurs acteurs politiques et de la société civile.

Si ces deux acteurs importants avaient pris la peine de participer à l’atelier de validation des termes de référence du dialogue, d’autres, non négligeables, comme les FARE An Ka Wuli, la CNAS Faso Heré, la Plateforme Anw Ko Mali Dron, etc. n’ont pas participé aux travaux au CICB, affichant leur rejet du format.

Mauvais départ ?

Pour l’analyste politique et chercheur au CRAPES Ballan Diakité, les difficultés qui surgissent sont nées d’un départ raté. « Tous les éléments constitutifs nous prouvent  aujourd’hui que c’est mal parti, et ce dès la mise en place du Comité de pilotage. Les méthodes qui ont été à l’œuvre n’étaient pas inclusives. C’est le Président de la République qui, du haut de sa majesté, a pris la latitude de choisir un certain nombre de personnalités, que lui-même considérait comme neutres, pour piloter le dialogue. Il aurait pu faire en sorte que la nomination de ces personnalités se fasse de la manière la plus démocratique possible », dit-il, soulignant tout de même la sagesse et les qualités du Triumvirat.

Si le FSD et la CMA avaient accepté plus ou moins le format, ce n’était pas le cas de certains autres acteurs. « Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous ne participons pas à quelque chose que nous réclamons depuis plus de 8 ans. Mais nous ne voulons pas d’un dialogue spectacle, ni d’un dialogue pour l’agenda d’un régime. Nous voulons un dialogue pour l’agenda du Mali, un dialogue structuré, dans lequel le Mali profond va décliner sa vision de son avenir », se défend Mahamadou Keita, Secrétaire général des Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence  (FARE An Ka Wuli). Ce parti, membre du Nouveau pôle politique de la gauche républicaine et démocratique, se plaint de n’avoir pas reçu la visite du Premier ministre après sa nomination et de ne pas avoir été invité à l’atelier de validation des termes de référence.

Par-delà tout, les FARE tiennent à une refondation. « Nous, nous avons l’agenda du Mali, pas celui d’un parti politique ou d’un groupe de partis, parce que le Mali est tombé bas. Quand les fondements ont été atteints, on ne doit pas colmater, mais reconstruire. C’est pour cela que nous parlons de refondation. C’est pour cela qu’avec d’autres associations et partis on a créé Anw Ko Mali Dron. Nous disons oui au dialogue national mais non à un dialogue recadré », insiste le secrétaire général. Selon lui, « quand on parle du dialogue national, c’est le Mali profond. Ce n’est ni toi ni moi, c’est le paysan, le cordonnier, l’éleveur. Ce sont eux qui ont leurs problèmes, c’est à eux d’en parler et de proposer des solutions. Le Président Modibo Keita a dit quelque chose d’important « au Mali, il y a des analphabètes, mais pas des incultes » ».

Le Dr Bréma Ely Dicko estime que le processus est toujours sur les rails mais que le Président IBK doit reprendre la main et rassurer. « Ces différents acteurs n’ont pas pu être convaincus par IBK du format même du dialogue et de sa finalité. Est-ce que les résolutions qui seront faites seront appliquées ? Les gens ont l’impression que tout est bien ficelé et qu’on est en train de tâtonner ou de gagner du temps », indique le sociologue. Il ajoute que le processus peut très bien repartir si le chef de l’État descend de son piédestal. « Mais le problème est que depuis son arrivée au pouvoir,  en 2013, il a toujours délégué les choses à certaines personnes et qu’il n’est pas très accessible. Par rapport à l’Accord, il est regrettable qu’il ne dise cela qu’aujourd’hui,  parce que le Mali avait 13 pages d’amendements et que la CMA émettait aussi des réserves. Il fait des déclarations sur Jeune Afrique ou RFI qui créent des suspicions sur sa volonté de faire les choses », estime M. Dicko .

Que faire ?

Alors que les termes de références validés ne sont pas encore disponibles et que le reste du processus est en attente, des ombres planent. « C’est le Président IBK, qui est le chef de famille, qui doit montrer l’exemple. Il  doit lui-même parler, se rendre disponible et inviter l’ensemble des acteurs qui doutent du processus et qui n’y participent pas véritablement pour discuter avec chacun d’entre eux », conseille Dr Ely Dicko. À défaut, Mahamadou Keita n’écarte pas certaines options. « On peut tout récupérer. On n’a pas le choix. Que ce dialogue réussisse ou pas,  les Maliens vont trouver des mécanismes pour sortir de la crise. Si on le fait pas de façon consensuelle, cela se fera dans le sang », avertit-il, invitant le Président de la République à « revoir sa copie ».

Tables rondes de l’ADPS : Des solutions « hors dialogue » proposées

L’Alliance des démocrates patriotes pour la sortie de crise (ADPS) organise le 23 septembre prochain le 4ème round du processus des tables rondes des forces vives de la Nation enclenché depuis 2012. Cette rencontre se tient à un moment où le dialogue politique inclusif est sur les rails. Si l’ADPS n’adhère pas au dialogue tel que projeté, elle veut tout de même proposer ses solutions au gouvernement.

« Tous les partis, mouvements, regroupements et associations politiques, les centrales syndicales, les organisations de la société civile, les activistes et intellectuels engagés, ainsi que toutes les personnalités indépendantes se reconnaissant dans notre agenda patriotique sont invités à se retrouver le lendemain du 59ème anniversaire de l’indépendance pour convenir d’un manifeste de la Nation », lance Soumana Tangara, Secrétaire général de l’ADPS.

Parmi les grandes lignes de ce texte, des prises de position contre « l’accord antinational d’Alger », la révision de la Constitution démocratique de 1992, la loi d’entente nationale « consacrant l’impunité et accordant une prime à la rébellion armée », la prorogation du mandat des députés et « l’incapacité de l’État à assurer la sécurité et son autorité sur l’ensemble du territoire national ».

Méthode inefficace ?

« À l’issue  de cette table ronde nous allons nous mettre d’accord sur un document que nous allons remettre au gouvernement et à tous les Maliens. Il s’agit de l’actualisation du manifeste élaboré en 2015, parce que, de là à aujourd’hui, il y a eu des évolutions au plan national », indique Bakary Sako, Secrétaire général administratif du CNAS Faso Hèrè et de l’ADPS.

« Notre regroupement, c’est pour proposer des solutions de sortie de crise au gouvernement. Il lui reviendra ensuite voir celles qu’il y a lieu de mettre en œuvre », ajoute-t-il.

Mais, selon certains observateurs, l’ADPS ferait beaucoup plus gagner au pays en participant au dialogue politique inclusif initié par le gouvernement et en soumettant directement ses propositions de sortie de crise dans ce cadre.

« Aujourd’hui, cela ne sert à rien que chaque regroupement politique convoque des assises pour proposer des solutions de sortie de crise pour le Mali, alors qu’il existe une dynamique de dialogue enclenchée par le gouvernement », souligne un analyste politique.

« Le mieux serait de participer ensemble à ce dialogue et de faire converger les points de vue pour sortir le pays de l’ornière », préconise-t-il.

Dialogue : Les ONG à l’œuvre

Récurrents ces dernières années, les différends entre ethnies à l’intérieur du pays rappellent à suffisance que le climat socio-sécuritaire reste fragile. Pour la résolution des conflits et l’instauration d’une entente durable entre les communautés, différentes ONG œuvrent en permanence. Leurs  actions sont centrées prioritairement autour du dialogue.

Search for Common Ground, organisation de peacebuilding dont la vision est celle d’un monde sans violence, est présente au Mali depuis 2014. Avec des outils et activités qui visent le renforcement de la confiance entre les parties prenantes aux conflits, elle s’emploie  à créer des cadres de recevabilité et de dialogue entre les populations et les autorités, à assurer le partage et la diffusion d’informations fiables et de qualité et à soutenir les initiatives communautaires d’inclusion, de rapprochement, de solidarité, de vivre ensemble et de paix.

Entre formations expérientielles en transformation des conflits, sensibilité aux conflits et leadership inclusif, facilitation des cadres de dialogue communautaire inclusifs et d’actions, appui aux initiatives locales de paix menées par les jeunes et les femmes, formation de journalistes et appui technique et matériel aux radios communautaires, ou enfin élaboration d’approches nouvelles et innovantes pour la transformation des conflits et la réduction de la violence, les actions de l’organisation sont diverses et toujours adaptées au contexte et aux résultats escomptés.

Démarches conciliatrices

« Nos dialogues se tiennent au niveau des communes. Ils sont inclusifs et contribuent à réduire les préjugés entre groupes et à les aider à surpasser les stéréotypes. Nous nous focalisons plus sur le processus que sur le contenu », souligne Vianney Bisimwa, Directeur pays de Search for Common Ground Mali. « Grâce aux sessions de dialogue, des groupes se reparlent et réapprennent à se faire confiance et à imaginer collectivement les réponses aux problèmes pour préparer des actions conjointes et inclusives », ajoute t-il.

Par ailleurs, Humanitarian Dialogue (HD), une ONG internationale suisse de médiation pour la paix, a initié également depuis 2014 au Mali un dialogue intra-religieux à Gao, Tombouctou, Ménaka, Taoudéni et Mopti, avec l’objectif d’apaiser non seulement les tensions entre les différentes branches de l’Islam mais aussi de prévenir et de gérer les conflits locaux, qu’ils soient de nature communautaire ou religieuse.

L’organisation a déjà facilité en novembre 2018 la médiation d’un accord de paix entre les communautés Idourfane et Ibogolitane des régions de Gao et de Ménaka. Un autre accord entre éleveurs et agriculteurs du cercle de Djenné  a été également signé durant la même période. HD appuie en outre les parties signataires de l’Accord pour la paix dans sa mise en œuvre, à travers la facilitation de négociations sur les points de mésentente.

Pouvoir – opposition : La solution par le dialogue?

Depuis la réélection du Président Ibrahim Boubacar Keita, l’opposition ne cesse de manifester son mécontentement. Certains de ses leaders mettent en cause sa légalité et sa légitimité, en dépit du verdict sans appel de la Cour Constitutionnelle. Le 8 décembre, une nouvelle contestation est prévue sur tout le territoire. Le dialogue est- il la solution ?  

« Les concepts pouvoir et opposition ne me paraissent pas être en phase aujourd’hui dans un pays aussi vulnérable et fragile que le Mali. Je parlerai plutôt du duo démocratie et bonne gouvernance », recadre Dr Abdoulaye Sall, Président du Cercle de réflexion et d’information pour la consolidation de la démocratie au Mali (CRI 2002). Le climat entre l’opposition et le pouvoir depuis la présidentielle n’est pas à la camaraderie. La formation de nouvelles coalitions et les manifestations organisées illustrent les divergences entre acteurs de l’opposition et gouvernement. Certains d’entre eux, dont l’Honorable Oumar Mariko de Sadi, ne reconnaissent pas le pouvoir actuel. À cela s’ajoutent les dénonciations du projet de loi sur le découpage territorial et la prorogation du mandat des députés, que l’opposition a d’ailleurs largement votée. « Les différentes marches ne sont que les conséquences d’un déficit de communication. Théoriquement, le Président IBK a tendu la main, mais nous n’avons pas vu d’initiatives réelles visant à calmer la situation », souligne le Dr Brema Ely Dicko, chef du département sociologie – anthropologie de l’Université des Lettres et des sciences humaines de Bamako. Une réelle crise de confiance s’est installée entre ces deux catalyseurs de la démocratie. « Qu’ils comprennent que le Mali est dans une situation de fragilité territoriale et de vulnérabilité économique, sociale et culturelle. Il faut qu’ils s’entendent », estime Dr Abdoulaye Sall.

Premier pas

De plus en plus, une solution par le dialogue est prônée. « Si le Président IBK lui-même se rend compte qu’il n’est pas seulement Président de la République mais  aussi chef de l’État, et en tant que tel chef du pouvoir politique, il ne doit pas seulement tendre la main, mais la donner », estime Dr Abdoulaye Sall. «  La solution, c’est le dialogue, mais entre eux ils savent faire monter les enchères. C’est la même chose depuis 30 ans », affirme Dr Brema Ely Dicko. Mais qui pour la médiation ? « Malheureusement,  la société civile, qui devrait l’organiser, est politisée et les leaders religieux aussi. Peut-être faut-il voir avec la CEDEAO? », note le politologue Salia Samaké. « À part l’archevêque de Bamako, tous les religieux sont connotés », ajoute Dr Brema Ely Dicko.

« Dialogue » : exposition plurielle au LAC de Lassa

Le LAC de Lassa, situé sur les hauteurs de Bamako a lancé sa troisième exposition d’arts dénomme « Dialogue ».  Ouverte du 27 avril au 13 mai, elle met à l’honneur de plusieurs artistes sculpteurs, designers et peintres de la place. Cet évènement se veut un lieu sde rencontre et de dialogue entre les visiteurs et le mode de l’art.

Cette exposition met en lumière des objets d’art plastiques à savoir des sculpteurs et des objets de design intérieur et quelques toiles. Elle a pour objectif de rendre hommage à la sculpture malienne. Le LAC de Lassa, crée en 2012, est un espace de production de diffusion d’art et d’artisanat maliens par le biais d’une réflexion sur les enjeux climatiques et la protection de la biodiversité. « C’est un espace dédié à un processus éco-esthétique par lequel les designers transforment les déchets non-biodégradables ou des matériaux naturels en matière ou en objets du quotidien », explique Carole Refabert Traoré, Commissaire de l’exposition « Dialogue », co-fondatrice du LAC de Lassa. À travers cette exposition qui met en valeur des oeuvres réalisées à partir de matériaux recyclés, elle s’adresse aux autorités maliennes, « amener nous vos déchets, nous nous allons les transformer ».

Les œuvres de neufs artistes (sculpteurs, designers, bronziers) sont exposées à Lassa. On peut y rencontrer Thierno Diallo, sculpteur, Mohamed Diabagaté, un jeune peintre, ou encore Sidiki Traoré, designer et peintre, entres autres, dont les oeuvres sont à l’image de la rue de Bamako et l’actualité du pays. Elles évoquent les perturbations sociales, la géomancie, le savoir… De même, plusieurs tableaux et sculptures sont axés sur la paix et la réconciliation entre les fils de cette nation. « Cette exposition est l’image de la rue de Bamako et de nos savoirs-faire », déclare Sidiki Traoré, designer, co-fondateur du LAC de Lassa, qui estime que « les inventeurs du Mali sont les artistes d’aujourd’hui ». Ainsi, pour Carole Refabert Traoré, l’objectif de la structure est de créer une sorte de « dynamisme pour que les Maliens puissent avoir accès à leur culture et au savoir-faire des artistes ».

 

 

Dialogue des générations: le professeur Aly Nouhoun Diallo ouvre le bal

La maison de la presse de Bamako a accueilli ce samedi 8 août la toute première édition de l’émission Dialogue des générations animé par Ibrahim Coulibaly dit IC. Le professeur Aly Nouhoun Diallo, 77 ans et médecin a été le premier invité de cette émission. D’entrée de jeu, IC rappèlera que cette émission a pour objectif d’alimenter le dialogue entre les différentes générations notamment celles d’antan et celles d’aujourd’hui. Fils de berger et de bergère, le professeur Aly Nouhoun Diallo dira qu’il a été confronté à  de nombreuses difficultés avant de prendre le chemin de l’école. Son père qui a l’époque souhaitait le voir conduire le troupeau lui conseilla de faire toujours le contraire de ce qu’on lui conseilleraità  l’école des blancs. Quant à  sa mère, Aly Nouhoun Diallo témoignera qu’elle a tout mis en œuvre pour qu’il devienne ce qu’il est aujourd’hui. Lauréat de la faculté de médecine de Paris, ce médecin de renom et ancien président de l’Assemblée Nationale du Mali assure que lorsqu’il était étudiant, il était également militant. Cependant, en faisant la comparaison entre le mouvement syndicaliste d’aujourd’hui, il dira qu’à  l’époque « nous n’admettions jamais les déviations de l’AEEM car nous luttions afin que la vie syndicale ne prenne pas le dessus sur les études ». Quant à  l’éclatement de la fédération du Mali, il dira que la prise de position de l’ancien Soudan lors de la guerre algérienne, la volonté de créer une monnaie malienne etc. étaient les signes avant coureur de cet éclatement. Tout au long du dialogue, le professeur Aly Nouhoun Diallo refusa d’aborder le sujet sur l’ADEMA-PASJ, son parti politique car déclarera t-il, les linges sales se lavent en famille. Pour conclure, le professeur Aly Nouhoun Diallo reviendra sur l’attaque du vendredi à  Sevaré. Pour lui tous devront apprendre à  utiliser les armes afin de défendre la république en temps opportun car argumentera t-il les jeunes doivent prendre leur responsabilité en se sentant concerné par la situation actuelle. « Vous jeunes si j’étais encore jeune, j’aurais rejoins la résistance et défendre mon pays plutôt que de jeter la faute sur tel ou tel » a-t-il avoué avec fierté. Le prochain rendez-vous de l’émission dialogue des générations est prévu pour le mois prochain.

Studio Tamani reçoit la CMA pour un débat public

Dans le cadre de leur contribution pour fournir une information de référence, impartiale, équilibrée et durable pour le dialogue et la paix au Mali et d’appuyer la restauration de la cohésion nationale. Le Grand Dialogue du Studio Tamani, réfléchit sur la signature de l’accord de paix par la CMA. Cette fois, c’est acté, disaient certains, enfin le bout du tunnel s’exclamaient d’autres, la paix a remporté son pari à  Bamako le Samedi 20 Juin 2015. En plein ramadan, les groupes rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) ont à  leur tour signé l’accord de paix inter-malien, un mois après le gouvernement de Bamako et les groupes armés loyalistes. Cette signature met fin à  plus de trois années et demie de conflit et près d’un an de négociations. Une cérémonie, qui a été suivie d’une rupture du jeûne entre frères réconciliés au palais présidentiel de Koulouba. Ecouter l’intégralité de l’Interview sur ce lien http://www.studiotamani.org/index.php/grands-dialogues/4287-le-grand-dialogue-du-22-juin-2015-enfin-un-accord-de-paix-apres-3-ans-de-conflit-arme-au-mali

Alger, 3è phase : ne pas franchir les lignes rouges…

Après plus d’une dizaine de jours de pause, C’’est reparti pour les pourparlers inclusifs inter-maliens d’Alger. Les négociations directes entre le gouvernement du Mali et les groupes armés devaient reprendre le 19 octobre. Mais la rencontre a été ajournée en raison de l’absence de certains membres des délégations des groupes armés. Un fait qui avait déjà  eu lieu lors de la seconde phase des pourparlers. l’équipe de médiation internationale, sous la houlette de l’Algérie, a elle aussi tenu une rencontre samedi pour valider la synthèse des propositions faites par le gouvernement du Mali et les groupes armés en septembre dernier. La délégation malienne a aussi tenu une séance de travail. Pour Abdoulaye Diop et ses collègues Zahabi Ould Sidi Mohamed, ministre de la réconciliation nationale et Hamadoun Konaté, ministre de la Solidarité, Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord, l’objectif était de mettre au même niveau d’information tous les membres de la délégation. Le document de synthèse élaboré par les experts de la médiation internationale réitère évidemment les lignes rouges marquées par le gouvernement malien. Il s’agit en l’occurrence de l’intégrité territoriale du Mali, la laà¯cité et la forme républicaine de l’Etat. Le document en question doit en principe, être remis officiellement aux différentes parties à  l’occasion de l’ouverture officielle de cette seconde manche des négociations. Le conseil de sécurité des Nations Unies salue la reprise des pourparlers Dans une déclaration à  la presse, les membres du Conseil ont salué la rôle de facilitateur joué par l’Algérie, à  la demande des autorités maliennes, pour organiser des pourparlers de paix formels et pour réunir le gouvernement du Mali et les groupes armés qui ont signé et adhèrent à  l’Accord de Ouagadougou de juin 2013. « Les membres du Conseil de sécurité ont appelé les parties maliennes à  respecter pleinement leurs engagements inscrits dans la feuille de route signée le 24 juillet 2014 et à  s’impliquer de bonne foi et avec un esprit de compromis dans les pourparlers de paix à  Alger quand ils reprennent », ajoute la déclaration à  la presse. Ils ont exhorté toutes les parties « à  respecter pleinement l’accord de cessez-le-feu du 23 mai 2014 ainsi que la déclaration de cessation des hostilités signée à  Alger le 24 juillet 2014 et à  éviter toute action qui pourrait mettre en péril les perspectives de paix. » Les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur profonde préoccupation concernant la détérioration de la situation sécuritaire dans le nord du Mali et ont réitéré leur ferme condamnation de toutes les attaques meurtrières contre la Mission des Nations Unies (MINUSMA). Ils ont exhorté les groupes armés à  coopérer avec les Nations Unies pour arrêter immédiatement et condamner les attaques contre les Casques bleus, conformément à  la déclaration qu’ils ont signée le 16 septembre 2014 à  Alger. De son côté, à  la fin de sa troisième visite au Mali, l’expert indépendant des Nations Unies Suliman Baldo a déclaré vendredi qu’il ne fallait pas que la primauté du droit soit remplacée par des arrangements politiques qui se font au détriment des victimes des violations graves des droits de l’homme survenus depuis le début de la crise. « Les progrès observés au cours de ma deuxième mission en février 2014 dans le domaine du renforcement de l’autorité de l’Etat, du redéploiement de l’administration dans le nord et de la lutte contre l’impunité ont été remis en question suite aux évènements de mai 2014 à  Kidal », a affirmé l’expert indépendant. Les négociations directes sont annoncées pour ce lundi 20 octobre 2014 dans l’après- midi. Gageons que cette fois, de réelles avancées seront faà®tes sur le dossier.

Dialogue inclusif: le Mali face à son destin

C’est reparti pour un round. Alors que l’à‰tat malien est groggy après la défaite de Kidal, il s’assoit à  la table de négociation avec des groupes armés déterminés à  obtenir le maximum de concessions de Bamako. Pris entre le feu financier de la communauté internationale et la reprise du combat des groupes armés qui réoccupent progressivement les localités des régions de Gao et Kidal, les Maliens n’expriment que peu d’espoir en cette énième négociation avec ceux qui ont pris les armes contre le pays à  maintes reprises. Pour beaucoup, c’est contraint que le Mali se lance dans le processus qui démarre aujourd’hui, car ne disposant pas de toute la latitude pour imposer ses vues d’à‰tat souverain. Et ce n’est pas l’échange de prisonniers de ce mardi qui convaincra les sceptiques. Face à  face multi-partite A la table de discussions, le gouvernement malien sera face au MNLA(Mouvement National de Libération de l’Azawad) , au MAA (Mouvement Arabe pour l’Azawad), HCUA(Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad). A eux trois, ces mouvement représentent la branche radicale de la rébellion, celle qui continue d’exiger un statut d’autonomie. Alors que la communauté internationale exclut toute idée de partition du Mali, ces groupes sous la houlette du MNLA continuent d’oeuvrer pour la création d’un Etat d’Azawad avec ses organes institutionnels. Selon un document entériné le 14 juin dernier, signé des trois entités, la future collectivité de l’Azawad serait créée par une loi organique votée par le parlement malien. Dans ce document leur territoire se limite aux trois Régions du Nord du Mali. Cette position des groupes armés risque de rendre difficile la négociation voire de la faire tout simplement avorter. Les revendications du MNLA et ses alliés étant depuis toujours rejetées par le gouvernement qui ne veut as discuter de l’intégrité territoriale du pays. Participeront également à  la réunion d’Alger, d’autres mouvements plus modérés. Il s’agit de la Coalition du peuple pour l’Azawad (dissidence du MNLA dirigée par Ibrahim Ag Mohamed Assaleh), de la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (regroupant les mouvements armés sédentaires) et d’une partie du Mouvement Arabe pour l’Azawad . Pour ces derniers, il n’est pas question d’une partition du pays. Ils ont d’ailleurs accepté de signer une « Plateforme préliminaire d’Alger », rendue publique le 14 juin dernier. « Les signataire de cette plate forme ont tous affiché leurs volonté en s’engageant à  respecter l’intégrité territoriale et l’unité, la laà¯cité de l’Etat et son caractère républicain conformément aux accords de paix ». La Plateforme indique aussi la volonté des trois groupes est de « s’engager avec le gouvernement du Mali de manière constructive sur la voie du dialogue et de la négociation pour une nouvelle gouvernance répondant aux aspirations profondes et aux revendications légitimes des populations des Régions du Nord du Mali (…) lesquelles aspirations reflètent en réalité la diversité géographique sociale et culturelle du Mali « . Le document insiste sur la promotion d’une « plus grande participation des communautés dans la gestion de leurs affaires et des affaires publiques et une présence accrue et équilibrée de ces communautés dans les différentes sphères politiques et administrations de l’Etat ». Avec des positions aussi divergentes, le moins qu’on puisse dire est qu’à  Alger, les choses ne seront pas faciles. La délégation gouvernementale, forte de six ministres et des acteurs de la réconciliation nationale malienne, entend bien maintenir ses positions et obtenir des gages sûrs de ses interlocuteurs. Du côté des mouvements rebelles, on se sent conforté par les récentes victoires militaires et on veut garder une position ferme en vue d’obtenir le maximum. Que va donner ce rendez-vous? C’est la question que se posent les Maliens, persuadés que l’avenir de leur pays se joue là , sur cette terre algérienne qui aura vu défiler bien des « frères ennemis » maliens au cours des dernières décennies. Et quand on apprend que pour le MNLA, la rencontre d’Alger qui s’ouvre aujourd’hui n’a guère d’importance car n’étant qu' »une prise de contact avec le gouvernement malien ». L’autre n’a-t-il pas dit que « comme on fait son lit, on se couche »?

Dialogue : trois groupes armés signent une « plateforme préliminaire »

Présents à  Alger depuis le 5 juin pour des consultations « exploratoires », après l’accord de cessez-le-feu signé le 23 mai avec le gouvernement malien, les dirigeants de trois mouvements ont signé une « plateforme préliminaire » afin de parvenir à  un accord. Il s’agit du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), de la Coordination pour le peuple de l’Azawad (CPA) et de la Coordination des Mouvements et fronts patriotiques de résistance (CM-FPR). Il y aura désormais deux regroupements de mouvements armés en face du gouvernement malien. Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), dont des dirigeants sont à  Alger, devraient également signer cette plate-forme, a indiqué à  l’AFP une source proche des négociations. « Rapprocher les points de vue » Le ministre algérien des affaires étrangères, Ramtane Lamamra a estimé que les discussions avaient permis de « rapprocher les points de vue » des trois mouvements et de « clarifier » les positions, selon l’agence APS. Il a insisté sur la nécessité d’un dialogue intermalien « inclusif ». « Les négociations sont devenues prioritaires. La région sera en danger s’il n’y a pas de réconciliation », a déclaré le chef de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), Albert Gérard Koenders, à  la télévision d’Etat, à  l’issue d’un entretien avec M. Lamamra. « Nous pensons que C’’est une avancée vers le début des pourparlers inclusifs entre Maliens. Je félicite le gouvernement algérien pour le travail fait pour en arriver là  », a déclaré le Haut Représentant de l’Union africaine (UA) pour le Mali et le Sahel, Pierre Buyoya, cité par l’agence APS à  l’issue d’une rencontre avec M. Lamamra. Les facilitateurs seront notamment l’Algérie, le Maroc, le Burkina Faso, l’ONU et l’ancien Premier ministre malien Modibo Keà¯ta.

Brèves : le mouvement « An Tôrola » se mobilise !

Face à  la presse, le mouvement a présenté l’architecture générale, les projets de textes législatifs et réglementaires relatifs à  son mouvement. Le Mali traverse l’une des graves crises de son existence. Plus que jamais les fils et les filles du pays veulent apporter leur solution à  la sortie de crise. Les politiques et la société civile se mobilisent, et dans cet élan de solidarité, le nouveau mouvement Alliance patriotique « An Tôrola » s’active. « An Tôrola » qui signifie en langue bambara « on en a marre » veut apporter sa pierre à  l’édifice Mali. Contrôler les actions du gouvernement et sensibiliser les populations sur la consolidation de la démocratie sont entre autres objectifs que s’est donné ce nouveau mouvement. l’objectif de l’organisation est de faire du dialogue social un outil incontournable pour le développement intercommunautaire. « Une des voies sûres pour rendre la bonne gouvernance effective et totale au Mali est l’éveil des consciences de la société civile. Avec la création de ce mouvement, nous avons fait un pas vers ce processus souhaité », a estimé Mamadou Niaré, président du mouvement. Présent à  la rencontre, le Maire de Bozola, Binafou Coulibaly, n’a pas manqué de soutenir les jeunes et d’ajouter que les moyens d’actions des jeunes doivent être les voies légales et la sensibilisation. La société civile s’engage pour le retour de la paix La société civile malienne s’engage pour une résolution définitive de la crise malienne. Elle l’a fait savoir dans une déclaration à  la maison de la presse du Mali. Suite aux évènements survenus dans notre pays les 17 et 21 mai dernier, la société civile n’a pas voulu rester inactive. Le forum des OSC, cap Mali, Complexe Infa plus, la plateforme des cadres, et les leaders des Keltamashek, représenté par Mohamed Ag Amani, invitent le gouvernement malien et la communauté internationale à  une implication effective et responsable dans le processus de dialogue et de réconciliation. Tout en dénonçant l’absence d’une démarche cohérente et inclusive dans la résolution des crises politico sécuritaires des indépendances à  nos jours, elle a invité les participants à  rejeter la partition du pays. En plus de la déclaration, la société civile envisage d’autres activités pour une sortie de crise. C’’est ainsi, qu’elle projette de rencontrer les plus hautes autorités comme le ministre des Affaires étrangères.

Edito : dialogue malien, ne pas perdre le fil d’Ariane

Il s’en est fallu de peu pour que l’option du dialogue avec les groupes armés au Nord du Mali, ne tourne à  la bérézina complète pour le Mali après les tragiques évènements de Kidal et qui ont coûté la vie à  huit fonctionnaires maliens. Après la démission de Soumeylou Boubèye Maiga, ex ministre de la défense, qui demande l’ouverture d’une enquête parlementaire et cette autre démission du chef d’Etat Major des Armées, Mahamane Touré, les responsabilités sont partiellement assumées, mais pas totalement ; Le dialogue tant prôné par le Mali est désormais la seule voie officielle. Si les autorités s’activent pour faire passer le message aux quatre coins du monde(en témoigne la tournée européenne et américaine du ministre malien de la communication à  Paris, Bruxelles, New York et Washington) la semaine dernière et le passage d’Ibrahim Boubacar Keita vendredi au sommet de la CEDEAO à  Accra, il ne faut surtout pas perdre le fil du dialogue. Rétablir la confiance Modibo Keita, médiateur est donc celui qui tient le bout du fil. Et C’’est dans un labyrinthe pavé de bonnes intentions, qu’il s’engage. De retour de Ouagadougou, il y a rencontré certains groupes armés sous l’égide de Djibril Bassolé au moment o๠des voix autorisées s’élèvent pour clamer que ces négociations doivent se dérouler en sol malien. « Le processus de dialogue et de pourparlers inclusifs aura lieu, dans sa phase décisive, sur notre territoire au Mali. Nous souhaitons que l’administration puisse revenir à  Kidal le plus rapidement possible, dans un cadre à  convenir avec les groupes armés, avec la facilitation de la Minusma. Nous souhaitons évidemment que tous les prisonniers de l’armée malienne qui sont encore aujourd’hui aux mains de ces groupes armés puissent être libérés. C’est une mesure là  aussi de confiance. Nous sommes optimistes», a ainsi déclaré le Premier ministre Moussa Mara, dont le voyage a Kidal, le 17 Mai dernier n’aura pas été de tout repos ; Mais l’enjeu de ce dialogue est d’abord de réinstaurer la confiance entre les deux parties. C’’est donc toute la tâche qui revient au médiateur, qui envisage aussi d’autres voyages dans la sous-région. Sans doute en Algérie, qui avait proposé d’accueillir les négociations o๠en Mauritanie, o๠s’était tenue la réunion de lancement du G5 du Sahel. Une organisation destinée à  coordonner et à  mettre en synergie les efforts pour la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Autant dire que la tâche de Modibo Keita requiert patience et de subtilité. Du reste, le Maroc , un temps courtisé par les responsables du MNLA pourrait aussi faire partie du jeu. Un diplomate de l’Union Africaine, confiait, que plus il y avait de voix au dialogue, mieux ce serait. Soit, il faut pourtant donner à  chacun ses prérogatives, instaurer la confiance entre Bamako et les groupes armés rebelles. C’’est là  tout l’enjeu de cette reprise timide du dialogue, à  condition ne pas perdre le fil d’Ariane…

Dialogue inclusif: Modibo Kéita sera le négociateur

Le Président de la République avait annoncé, il y a un semaine, le choix d' »une personnalité dont le sens de l’Etat et de la Patrie, la probité et le courage politique sont de notoriété avérée, la lourde charge de conduire, sous mon autorité directe, les pourparlers, avec les groupes en rébellion certes, mais aussi, comme le stipule l’article 21 de l’Accord de Ouagadougou, avec l’ensemble des communautés du Nord, pour obtenir une paix durable conforme aux intérêts et aspiration de notre peuple(…) ». Chose promise, chose due, pourrait-on dire. Le nom de cette personnalité est connu depuis hier mercredi 22 avril 2014 : il s’agit de Modibo Kéita, un grand commis de l’Etat. Le conseil des ministres d’hier a été informé de sa nomination par le président de la République en qualité de Haut représentant du chef de l’Etat pour le dialogue inclusif inter-malien. Premier Ministre de mars à  juin 2002 Ancien ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du général président Moussa Traoré, C’’est ce vieux briscard de la vie politique et sociale du Mali qui a finalement répondu aux traits du portrait-robot dressé la semaine dernière par le président de la République pour driver les négociations au nord. En tout cas sa riche connaissance du pays pourrait bien plaider en sa faveur. l’éphémère premier ministre, de mars à  juin 2002, de Alpha Oumar Konaré après avoir été secrétaire général de la Présidence, n’est pas à  son coup d’essai dans la gestion des grands chantiers du pays. Ainsi en 2008 il fut nommé en qualité de président de la commission préparatoire des Etats généraux sur la corruption au Mali. l’homme jouit auprès de ses compatriotes du sens élevé de la patrie et est caricaturé comme un bourreau de travail avec une intégrité morale appréciable. On se souveint qu’après sa nomination comme Premier ministre par le président Alpha Oumar Konaré en 2002, Modibo Kéita faisait sa déclaration de biens adressée au président de la Cour suprême. Une première dans l’histoire du Mali, qu’il réitérera d’ailleurs en quittant son poste. Ces qualités d’honnêteté, de proité et de rigueur envers lui-même et les autres suffiront-elles à  notre sexagénaire pour réussir le pari du dialogue inclusif inter-malien ? C’’est tout le malheur qu’on lui souhaite.

Nord Mali : dialogue en vue

Des concertations pourraient avoir lieu dès vendredi, a annoncé Cheick Oumar Diarrah, ministre de la réconciliation nationale et du développement des régions du Nord, probablement à  Gao et Kidal, une zone o๠le ministre s’est déjà  rendu. Des rencontres informelles auraient aussi eu lieu mardi soir à  Bamako entre les autorités et certains représentants des mouvements armés du Nord, de sources concordantes. Après les évènements du 6 février dernier o๠près de 30 Touaregs ont été assassinés, il fallait réagir face à  une zone en proie à  l’instabilité chronique. Sans compter l’enlèvement d’une équipe du CICR, revendiqué par le Mujao, qui jusqu’à  cet incident, s’était retranché dans le silence tout comme les autres engeances djihadistes du Nord Mali. Pour le ministre Diarrah, la violence à  Tamkoutat, entre peulhs et touaregs résulte de vieilles querelles liées à  la terre et peuvent resurgir à  tout moment, d’o๠l’urgence d’établir ce dialogue rapidement. A cet égard, la Commission, Vérité, Justice et réconciliation, qui demeurait inactive et sans feuille de route véritable jusque là , devra entrer en scène. Elle aura à  recenser les différents conflits, à  établir une cartographie des crimes commis et des auteurs, pour que justice et réparation soient faites. Un travail de longue haleine et qui n’a toujours pas débuté, d’o๠les nombreuses réserves sur l’utilité de cette Commission. Après installation du gouvernement, il avait aussi été annoncé des foras intercommunautaires dans les localités du Nord, et pas seulement à  Bamako, o๠beaucoup de ressortissants du Nord, avaient estimé n’être pas représentés lors des assises du nord en novembre dernier. Alors que la médiation burkinabè semble désormais contestée par le Mali du fait de l’accointance de Ouaga avec le MNLA, plusieurs autres médiateurs entrent en scène, l’Algérie, le Maroc, afin de poser au plus vite les jalons de ce dialogue intercommunautaire. Car plus le Mali attend, plus les groupes armés, qui communiquent davantage et investissent les médias internationaux au détriment du Mali, gagnent du terrain. En témoigne cette réapparition soudaine du Mujao, qu’on croyait endormi pour un bon moment.

Dialogue de paix : aller au delà des Accords de Ouagadougou…

Il y a dans cette histoire, deux instruments. Les Accords préliminaires de Ouagadougou qui ont permis la tenue de l’élection présidentielle et que les groupes armés ont signé, sans doute pressés de voir les choses se conclure tout comme la communauté internationale, avait hâte que le Mali retourne à  l’ordre constitutionnel. l’un des médiateurs de l’accord en question, Tiébilé Dramé, ex ministre et président du parti PARENA, avait à  l’époque tiré la sonnette d’alarme, précisant qu’il fallait plus de temps pour les parties au conflit. Aujourd’hui ces mêmes parties se regardent en chiens de faà¯ence. Et les groupes armés refusent de cantonner, puis de désarmer, avant de passer à  la table des négociations pour une paix durable. On assiste désormais même à  une multitude de rencontres parallèles. Dernier fait, la rencontre entre une délégation du MNLA et les autorités chérifiennes. Face à  cela, Bamako garde une certaine réserve. Réserve qui a sans doute incité les membres de la délégation onusienne, à  entrer en scène. Au-delà  du fait, que l’ONU, représenté par la Minusma, fait de l’accompagnement au Mali, il y a une volonté de s’impliquer davantage dans le dossier et face aux Maliens qui veulent que les groupes armés désarment une bonne fois pour toutes. Comment arriver à  cela ? La voie de la force est exclue à  l’heure o๠le processus de paix, débute à  peine et les stigmates de la récente guerre ne sont pas tout à  fait effacés. En face des groupes armés piétinent les dispositions de Ouagadougou, un accord qui gagnerait à  être revu, par les parties. Préliminaires, ces accords doivent gagner en profondeur ou alors s’effacer une bonne fois pour toutes… l’autre instrument, C’’est la résolution 2100 des Nations Unies, qui ordonne le mandat de la Minusma au Mali et en même temps encourage aux pourparlers inclusifs de paix. Peut-elle servir de moyen de pression ? La délégation qui séjourne à  Bamako ces deux jours a rencontré le président IBK et a reçu en retour un gage de son engagement à  Âœuvrer pour cette paix durable. Des signaux positifs, selon Gérard Araud, représentant spécial de la France auprès des Nations Unies et membre de la délégation… Mais allons au delà  du langage diplomatique et posons de nouveaux jalons, pour enfin parachever cet accord de Ouagadougou qui tarde trop à  s’appliquer.

Michel Reveyrand de Menthon: « Le dialogue est la clé de la situation »

Les stratégies ou les questions prioritaires à  prendre en compte pour une sortie rapide de la crise au Mali sont au C’œur de toutes les préoccupations actuelles. « Il faut que le Mali tire toutes les leçons de la crise qui est passée. On a envie de dire plus jamais ça ! » martèle Michel Reveyrand de Menthon, représentant spécial de l’Union Européenne au Sahel, nommé le 18 mars dernier. Le gouvernement est en train de mettre en œuvre des actions à  travers le tout nouveau gouvernement de la réconciliation et du développement du nord ainsi que d’autres acteurs comme la commission dialogue et réconciliation qui a un mandat. Toutefois, cette entité tarde à  se déployer sur le terrain et à  informer l’opinion sur ses travaux. Pour Michel Reveyrand de Menthon, la dynamique régionale doit être au C’œur des débats et des actions dans le but d’une sortie rapide de crise au Mali. «Le dialogue aussi est important. Tous les membres de la société doivent être autour de la même table de négociation pour discuter des problèmes. Il faut parler avec tout le monde » ajoute-t-il lors d’une conférence de presse ce jeudi à  la maison de la presse de Bamako. La commission dialogue et réconciliation a été en place pour cela. « C’’est la responsabilité du gouvernement malien d’organiser ce dialogue avec toutes les composantes de la société. Les étapes préalables doivent concerner le comment » argue-t-il. Ne pas créer de phénomène d’exclusion, ne pas omettre des personnes dans ce dialogue, C’’est ce que suggère M. De Menthon. Les assises nationales sur le Nord ont eu lieu à  la fin du mois d’octobre conformément à  la mise en œuvre de l’Accord de paix signé à  Ouagadougou en juin dernier. Ce dialogue considéré comme inclusive par de nombreux acteurs de la société pourrait être un point de départ intéressant. Cette plateforme a réuni aussi bien les groupes armés que la société civile du nord comme du sud. La cohésion complète est indispensable « C’’est uniquement à  cette échelle régionale qu’on arrivera à  trouver les solutions d’autant qu’on est confronté à  des régions particulières. A travers le désert, il y a des espaces o๠souvent des trafiquants prolifèrent. Je crois que C’’est extrêmement important que le phénomène régional doit primer et trouve toute sa place. La visite du secrétaire général des Nations Unies était délibérément une visite régionale, (Mali, Burkina-Faso, Niger, Tchad) pour affirmer cette dynamique régionale. Les coopérations internationales doivent collaborer entre elles. Il y a tout de même une difficulté et essayer de trouver une passerelle. Il y a un grand nombre de communautés d’intérêt. Des initiatives ont été prises mais il faut arriver à  un consensus pour regrouper tout le monde. Nous voulons encourager le Mali à  avancer dans des réformes profondes » explique-t-il. A quelques jours de la tenue de l’élection législative, les Maliens semblent moins mobilisés que pour la présidentielle, selon M. De Menthon, ces élections sont aussi très importantes « il faut que les Maliens votent autant pour les élections législatives et communales au même titre que les autres élections. l’UE appuie ce processus comme il a appuyé les autres » conclue-t-il.

Accord de Ouaga: reprise des discussions, 60 jours après la formation du gouvernement

La signature de l’accord préliminaire de Ouaga le 18 juin dernier a ouvert la voie à  la tenue des deux tours de l’élection présidentielle le 28 juillet et le 11 août sur l’ensemble du territoire malien. Le document comprenant 25 articles décrit le « processus post électoral » qui devra permettre, après la formation du nouveau gouvernement l’établissement d’une « paix globale et définitive ». L’accord prévoit la reprise des négociations 60 jours après la nomination d’un nouveau gouvernement. « La réconciliation nationale demeure la priorité la plus pressante. (…) Je veux réconcilier les C’œurs et les esprits, rétablir une vraie fraternité entre nous afin que chacun dans sa différence, puisse jouer harmonieusement sa partition dans la symphonie nationale. (… ) A cet effet, en tant que Président de la République, je m’attellerai sans relâche à  restaurer l’autorité de l’Etat. Nul ne sera au-dessus de la loi. » a déclaré le président IBK dans son discours d’investiture le 4 septembre dernier. Méfiance des mouvements touaregs Avant l’ouverture du dialogue, les mouvements du nord Mali se préparent, font monter les enchères et maintiennent la pression. Lors de l’investiture du Président IBK, le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) avait appelé la population du nord à  manifester. Pour Mossa Ag Attaher, chargé de communication du MNLA, il s’agissait d’interpeller le nouveau président dès son entrée en fonction. « C’’est pour dire au président qui vient d’être investi que derrière les mouvements de l’Azawad, il y a une population qui est en attente, une population qui n’est plus disposé à  partir avec une tête bricolée… Pour l’instant, IBK a été vague dans le discours même s’il a parlé de justice, de réconciliation, C’’est des choses très importantes. Cependant, il faut qu’il soit précis.» a-t-il déclaré sur une radio internationale. De son côté, Sidi Brahim Ould Sidatt, Secrétaire général adjoint du Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA) et représentant du mouvement auprès de la commission de suivi et d’évaluation des accords de Ouagadougou affirme que « le Mali de lui-même ne va pas régler le problème ». « s’il n’y a pas une réelle force d’opinion internationale pour faire pression sur le Mali, il n’y aura pas de solution définitive pour ce problème. Nous attendons à  ce que le président fasse ses preuves. On a beaucoup fait confiance, on a finalement rien trouvé donc nous allons continuer notre mouvement armé, nos revendications jusqu’à  ce que les choses soient appliquées comme c’est écrit dans l’accord. » a-t-il poursuivi. Les débats s’annoncent compliqués et l’issue des discussions sera décisive. Les questions du désarmement des rebelles, de leur intégration ou réinsertion et du statut des régions du Nord doivent être tranchées. « Nous enclencherons les actions appropriées pour forger des solutions robustes en vue d’une paix durable afin que nous sortions définitivement de la répétition cyclique des crises dans le Nord du pays.. » a indiqué le président IBK lors de son discours.

Commission Dialogue et Réconciliation : les choses sérieuses ont commencé

Vite et bien ! C’’est la cadence que la Commission Dialogue et Réconciliation(C entend imprimer à  la tâche à  elle confiée. C’’est du moins l’impression apparue à  l’issue de sa toute première rencontre plénière, ce jeudi 2 mai 2013, à  son siège à  Koulouba. Au cours de cette rencontre, il a été surtout question du règlement intérieur de la Commission, de l’avant projet de programme d’activité et des visites protocolaires ou de courtoisie. Le secrétaire général de la Commission, Mamadou Diakité enverra à  tous les commissaires un projet de règlement intérieur au plus tard le lundi prochain pour examen et propositions en attendant de l’entériner éventuellement le mercredi prochain à  la faveur d’une autre rencontre à  cet effet. l’élaboration imminente de ce règlement intérieur a ceci d(important qu’il doit permettre de mieux définir et orienter le fonctionnement et les activités de la Commission. Pour les visites, Mohamed Salia Sokana souhaite que son équipe rende visite à  toutes les institutions de la République, les autorités religieuses, les notabilités… C’’est donc après avoir donné le tempo par ces activités protocolaires que la CDR amorcera la phase opérationnelle. une commission « d’écoute » Le président de la commission a souligné un certain nombre de valeurs devant caractériser les membres. Au nombre de celles-ci, il attache un intérêt appuyé à  l’écoute. « Même s’il faut prendre une année à  écouter, on le ferait. On est une commission d’écoute », affirme l’ancien ministre de la Défense avec force conviction. l’obligation de bons résultats est d’autant plus un défi à  relever pour Mohamed Salia Sokona que selon lui, tous les yeux sont rivés sur la commission tant à  l’intérieur qu’a l’extérieur. Et de se réjouir du fait que beaucoup d’organisations soient déjà  prêtes à  aider CDR dans sa mission. C’’est pourquoi il a invité les uns et les autres à  réfléchir à  des actions capables de mener la commission à  bon port. Un message entendu, car tous les commissaires ayant intervenus ont mesuré la portée de leur mission avant de faire des propositions dans le sens de l’amélioration d’un travail l’équipe. A noter que Mohamed Salia Sokona a informé ses collaborateurs de sa visite au médiateur de la Cédéao, le président burkinabé Blaise Compaoré ainsi que de l’audience qu’il a accordée à  Saà¯d Djinnit, le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest

CDR: Les acteurs du processus électoral sont sceptiques

Les acteurs du processus électoral, autant des partis politiques, de la société civile que des partenaires techniques et financiers ont tiré à  boulets rouges sur la CDR dans sa forme comme dans sa composition. Si certains n’hésitent pas à  la qualifier de ‘’commission de farce », ‘’de machin », d’autres y voient un regroupement discriminatoire et fantaisiste pour séduire la communauté internationale. Le secrétaire général de la commission, non moins ancien ministre, Modibo Diakité, était l’un des panélistes. Dans sa tentative de faire raisonner l’auditoire, il a été hué et chahuté et même offensé par certains intervenants qui ne voulaient rien n’entendre. Le modérateur a dû intervenir pour calmer les esprits. La tension était à  la mesure de la frustration des uns et des autres. Difficile réconciliation Piquant une colère noire, le député de Goundam s’est interrogé en ces termes : « pourquoi les populations, sédentaires dans leur majorité, ne figurent pas dans cette commission alors qu’une minorité ethnique y est représentée par quatre personnes ? Il s’agit des tamasheq et arabes. Ces gens vont parler de la réconciliation avec qui au nord ?» fustige-t-il. Cette commission, prévient un autre intervenant du nom d’Aghissa : « est un instrument qui peut démoraliser les militaires au front. J’ai fait des formations en Russie en stratégie de guerre même si je ne suis pas militaire, mais je pense qu’on ne doit pas parler de dialogue si, au même moment les militaires sont au front. à‡a peut les démoraliser » martèle t-il. Pour Adama Coulibaly de « l’appel du Mali », il vaut mieux parler de la justice que de parler de réconciliation. « Les personnes violées, amputées, lapidées ont plutôt besoin de la justice que de dialogue ou de la réconciliation ». D’autres intervenants vont plus loin en affirmant que la CDR est une commission imposée à  l’Etat malien par les puissances pour une sortie rapide de crise. C’’est le ministre de la Justice nigérienne, Marou Amadou, ancien président du Conseil national de la transition au Niger, qui a marqué les esprits dans la salle en expliquant l’expérience de son pays. à‰loquent et cohérent, le ministre a pu finalement calmer les esprits avant d’appeler les Maliens à  l’union, à  la vigilance et à  la cohésion. « La résolution de la crise dépend de l’attente à  Bamako. Il faut vite sortir de la transition. Une transition ne doit pas durer et elle ne fait pas de développement personnel » a-t-il conseillé.

Discours du Président de la République à l’occasion de l’installation de la CDR

Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, Messieurs les Chefs d’Institutions, Mesdames, Messieurs les membres du gouvernement, Madame, Messieurs les Anciens Premiers Ministres, Monsieur le Président de la Commission Dialogue et Réconciliation, Mesdames et Messieurs les Représentants des Chancelleries et des Institutions de Coopération bilatérale et multilatérale, Mesdames et Messieurs les membres de la Commission Dialogue et Réconciliation, Distingués invités, Mesdames, Messieurs, Chers amis ; C’’est à  la fois un agréable devoir et un réel plaisir pour moi, d’une part de vous féliciter chacun et chacune, du Président aux Commissaires, en passant par les vice-présidents, pour votre nomination au sein de la Commission Dialogue et Réconciliation et d’autre part, de vous installer officiellement aujourd’hui dans vos fonctions. M’adressant à  vous en particulier, Monsieur le Président de la Commission, je me réjouis des nombreuses appréciations qui ont accueilli votre désignation. Ces appréciations retiennent toutes un homme de consensus et d’écoute, un homme de confiance et de résultats, répondant aux aptitudes d’ensemble requises pour être à  la fois le bon chef, l’aiguilleur et le planton. Vous serez le bon chef par l’autorité et l’ascendant que confère votre riche parcours, vous le serez par la sûreté de vos jugements, par la qualité de vos arbitrages et par vos capacités d’écoute et d’anticipation. Vous serez l’aiguilleur parce que vous recevrez de nombreux acteurs, de nombreuses suggestions, de nombreuses propositions et de nombreuses réactions. Vous devrez retenir, orienter, moduler, orienter toutes ces contributions dans la direction qui nous permettra d’atteindre le plus vite possible les objectifs qui sont les nôtres. Vous serez le planton enfin parce que vous devrez porter partout la bonne parole, la bonne information, le bon argument sans jamais vous lasser ni céder au découragement. Assurément, Monsieur le Président de la Commission Dialogue et Réconciliation, ce n’est pas à  un banquet que vous convie la République. C’’est plutôt un sacerdoce qu’elle vous propose. Car vous veillerez, vous serez pris à  partie, on vous traitera de tous les noms, vos nerfs seront unis à  rude épreuve. Mais votre consolation, votre rétribution seront la confiance que la Nation et la République ont placée en vous et votre fierté sera la satisfaction qu’en retour vous leur apporterez. Monsieur le Président de la Commission Dialogue et Réconciliation, Vous et toutes les femmes et tous les hommes qui constituez cette Commission avez toutes et tous été choisis à  l’issue d’un processus exigeant et participatif tenant compte des qualifications, de la représentativité, de la crédibilité et de l’engagement pour un Mali libre indivisible et laà¯c. Participatif, le processus l’aura été, parce que toutes et tous, vous avez été proposés par les forces sociales : Organisations citoyennes, leaders communautaires, leaders d’opinion, autorités morales de toutes les régions et de tout le pays. C’’est pourquoi vous me permettrez, Mesdames et Messieurs, chers Invités, d’être quelque peu étonné quand une association comme le collectif des ressortissants du Nord Mali (le Coren), une association sérieuse et respectable s’il en est la première à  sonner la charge contre la CDR au prétexte qu’elle aurait été marginalisée, ne se reconnaitrait pas dans cette Commission et s’abstiendrait de toute relation avec cette Commission en des termes à  la limite de la courtoisie. (Le Président par intérim montre à  l’assistance la lettre que le Coren lui a envoyée et la commente). Comme vous le constatez, le Vice-président Mety Ag Mohamed Rissa et le Commissaire, Mohamed FallOuld Mohamed, ont bel et bien été proposés par le Coren ! Cette commission est constituée de 33 femmes et hommes choisis parmi plus de six cent propositions et candidatures. Ils ne sont pas dans cette commission parce qu’ils sont les meilleurs du pays. Mais ils y sont parce qu’ils sont parmi les meilleurs d’entre nous. Cette commission est constituée de 33 membres sur les 14 millions de Maliennes et de Maliens, 33 membres qui s’efforceront de les représenter et de les servir avec loyauté. Je voudrais donner ici l’assurance que nous n’avons voulu discriminer, diminuer ni exclure personne ! Mais aucune œuvre humaine n’est parfaite. Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les Commissaires, Votre commission revêt pour tous les Maliens une importante capitale, elle est la commission du salut et C’’est ce qui explique les inquiétudes, voire les frustrations de certains qui auraient souhaité en faire partie. C’’est dire que vous avez une obligation de partenariat stratégique et responsable avec des milliers de Maliens et de Maliennes qui n’ont pas eu la satisfaction d’être choisis, mais qui sont tout autant éligibles et tout autant acquis à  la cause de la Patrie. Votre mission est de rassembler pour le dialogue et d’œuvrer à  la réconciliation, à  la paix des C’œurs et des esprits. Le Mali, C’’est le Nord, C’’est le Sud, C’’est l’Est et C’’est l’Ouest. C’’est Tinzawaten, mais C’’est aussi Ambidédi, C’’est Zégoua, mais C’’est aussi Boujbéa. Le Mali est une chaine, une chaine de fraternité, une chaine de solidarité. Rendez, par votre dédicace, cette chaine encore plus solide. Faites en sorte que chaque maillon de cette chaine soit renforcé. Parce qu’une chaine a la force ou la faiblesse de chacun de ses maillons. Votre commission devra donc être un cadre, un creuset o๠tout porteur de solution ou de projet est le bienvenu. Le bienvenu pour la paix au Mali, le bienvenu pour la stabilité au Mali, le bienvenu pour l’intégrité du Mali, le bienvenu pour la laà¯cité de la République, le bienvenu pour la concorde et la solidarité dans la justice, le bienvenu enfin pour la marche en avant du Mali. Votre mission est de rassembler pour le dialogue et d’œuvrer à  la réconciliation. Mais le dialogue ne pourra s’établir qu’entre Maliens qui renoncent à  la partition du pays, qui renoncent à  imposer la charia et qui déposent les armes. Votre mission sera délicate et elle exigera de vous impartialité, responsabilité, rigueur et neutralité en plus d’un sens patriotique élevé et d’un profond attachement à  la justice. C’’est une mission que vous devrez mener en relation avec la médiation de la CEDEAO et en ne négligeant aucune facilitation d’o๠qu’elle vienne. Je voudrais demander solennellement à  toutes les Maliennes et à  tous les Maliens de vous apporter leur soutien. Car nous devons garder à  l’esprit d’o๠nous venons ! Quel était le calvaire du Mali toute l’année 2012. Quels étaient les risques qu’il courrait avant la date repère du 11 janvier 2013 et ces risques, C’’était la désintégration du pays, et o๠nous sommes aujourd’hui en termes de potentiel et d’opportunité de reconstruire la Nation et la réconcilier avec elle-même et avec ses ambitions. Dès lors, l’amour réel pour le Mali, sa paix, sa réconciliation et son progrès impliquent une grande capacité de tolérance et de pardon. Les temps graves que nous traversons ne sont ni ceux de la ranC’œur ni ceux de la vengeance. l’heure ne saurait être aux ressentiments personnels ni aux menées subversives. Les temps graves que nous traversons doivent être ceux du dépassement de soi, ceux d’un nouveau contrat social, ceux de la sincérité et de la seule sincérité avec la Nation et dans la collaboration avec la commission Dialogue et Réconciliation. C’’est cela qui rendra de nouveau possible les réciprocités sociales, humaines et économiques qui ont construit les sociétés complémentaires du Nord malien o๠le troupeau des Kel Tamasheq prospérera de nouveau le long des rizières Songhoy et o๠le sel des caravaniers arabes continuera d’être troqué contre le sorgho des sédentaires du Faguibine. Mesdames, Messieurs, Chers Invités, Inventer n’est pas forcement ce dont nous avons besoin. Ce qu’il nous faut, C’’est reproposer les pactes qui ont fait l’équilibre et la stabilité du passé. Car du terroir de Taoudéni au voisinage de Djallonbé dans la région de Mopti, il s’agissait du même continuum o๠la diversité n’empêchait pas la complémentarité et oà¹, malgré son identité, la communauté n’a jamais donné lieu au communautarisme qui est sans conteste un handicap pour la construction de la Nation. Historiquement, nous avons donc un précieux capital que nous devons défendre contre les terroristes, les narcotrafiquants et les criminels de tout bord. l’enjeu de l’Etat-Nation, c’est-à -dire notre mission de génération, n’est pas de gommer les spécificités et l’identité. Celles-ci sont à  préserver parce que source de la diversité qui a jusque-là  caractérisé notre pays et fait de lui une mosaà¯que de minorités plutôt qu’un pays o๠une majorité ethnique fait sa loi. l’expression par la violence, l’irrédentisme organisé par des groupuscules alliés objectifs des terroristes internationaux, des trafiquants de drogue et des grands criminels, ne doivent pas occulter un débat pertinent et profond sur l’intégration nationale, son état et ses préalables. Une intégration nationale de qualité, voici ce que commande la survie du Mali. La commission en plantera les jalons. Et parce qu’aujourd’hui, je suis comptable de l’état de la Nation et parce que la commission est un outil irremplaçable dans la dynamique de reconstruction sociale, morale et spirituelle de notre pays, je veillerai personnellement à  l’obligation de résultat qui lui incombe et, pareillement, je veillerai à  ce qu’elle puisse travailler dans les conditions de sérénité et de sécurité requises. Monsieur le Président de la Commission Dialogue et Réconciliation, Mesdames, Messieurs les Commissaires, Je sais pouvoir compter sur vous pour écouter, faire réfléchir, mettre en débat, analyser et synthétiser les apports de nos compatriotes afin de restaurer la confiance mutuelle, de susciter la tolérance et le pardon dans la justice et ramener la paix dans les C’œurs et les esprits. En retour, J’invite encore et encore tous nos compatriotes, toutes nos compatriotes à  l’intérieur comme à  l’extérieur, à  Kidal comme à  Kayes, partout au Mali, jeunes et vieux, femmes et hommes, à  apporter à  cette commission toute la sollicitude dont elle a besoin pour faire son travail. Son travail pour nos enfants, son travail pour nos épouses, son travail pour nos maris, son travail pour nos pères et nos mères. Son travail pour le Mali et sa renaissance. Ce Mali que le monde entier aide aujourd’hui dans un élan de solidarité sans précédent. En vous souhaitant bonne chance et beaucoup de courage, je vous renvoie à  l’exercice de vos fonctions et à  l’accomplissement de votre noble mission. Que le Tout Puissant vous inspire ! Vive le Mali un et indivisible ! Vive la Paix, la Concorde, la Justice et la Solidarité ! Que Dieu Bénisse le Mali. Merci !

Commission dialogue et réconciliation: les Maliens, pas en phase

Ironie de l’actualité sociopolitique malienne, la commission dialogue et réconciliation tant attendue semble porter en elle les germes d’une division future. Moins d’une semaine après la publication de la liste complète de la commission, l’équipe de Mohamed Salia Sokona est loin de faire rêver les Maliens. Les critiques fusent de partout pour dénoncer sa composition. Le reproche est fait à  la commission d’ignorer des franges importantes de la société et de retenir des hommes et des femmes n’ayant aucun mérite particulier. Le Collectif des ressortissants du Nord(COREN), le collectif des patriotes(COPA) et d’autres regroupements ethniques en l’occurrence les Bellahs et les Peuls ont fait part de leur indignation face à  la composition de la commission et émis des doutes quant à  sa capacité de réconcilier les Maliens. Certains vont jusqu’à  proposer au Président de la République de revoir sa copie afin de mettre des hommes à  la place qu’il faut. Autre grief, la commission ne comporterait aucun membre des organisations religieuses, pas plus que des représentants de l’association des communicateurs traditionnels. Une situation qui gêne quand on connaà®t le poids et l’influence des hommes de Dieu et des maà®tres de la parole dans la résolution des contentieux sociaux. Ce qu’ils en disent… Pour Mamadou Maà¯ga, un quinquagénaire au visage bouffé par la barbe, il est aberrant de constituer une commission sans un seul représentant du Haut conseil islamique(HCI). C’’est une volonté, conclut-il avec un brin fanatisme, de saboter la religion. La composition de la commission dialogue et réconciliation exaspère Kalifa Koné, comptable de son état, qui regrette le fait d’aller exhumer Mohamed Salia Sokona, un retraité et inconnu pour diriger une aussi importante commission. Tout aussi grincheux, Moussa Touré estime que la composition de la commission répond à  une logique de partage du gâteau. En plus de la composition, M.Touré désapprouve le nombre élevé des membres de la commission. « On aurait pu prendre une dizaine de personnes au lieu de plus d’une trentaine pour non seulement économiser les deniers publics mais aussi pour un résultat probant », analyse-t-il. Pour rappel, la commission est composée de 33 membres avec un budget de fonctionnement mensuel de 25 millions de FCFA.

25 millions par mois pour la Commission dialogue et réconciliation

C’’est par le décret N°2013-308 P/RM du 02 avril que le président de la République, le Premier ministre et le ministre de l’économie, des finances et du budget ont décidé d’octroyer des avantages aux membres et aux personnels de la Commission dialogue et réconciliation. Un million six cent cinquante mille francs (1 650 000) Cfa par mois pour le président de la Commission dialogue et réconciliation, un million deux cent mille (1 200 000) pour chacun des deux vice-présidents, cinq cent cinquante mille (550 000) pour chacun des trente commissaires, par mois. Ces avantages se composent d’une indemnité principale et d’indemnités complémentaires au titre du logement et des communications téléphoniques. En attendant les frais de carburant et les dépenses en eau et électricité, cela représente la bagatelle de plus de vingt-cinq (25) millions de Fcfa par mois.Des indemnités de logement sont exclusivement octroyées au président, aux vice-présidents, au secrétaire général et aux secrétaires généraux adjoints. Les autres commissaires n’y ont pas droit. Contestation Cette nouvelle ouverture budgétaire intervient au moment o๠4 millions de Fcfa mensuel sont destinés à  la réforme de l’armée malienne… Pendant ce temps, la liste de commissaires est contestée par le collectif des ressortissants du Nord (Coren). Vendredi, le collectif a tenu une conférence de presse pour dénoncer la liste. Le président du Coren Malick Alhousseyni, estime que la Commission dialogue et réconciliation prépare des négociations avec des groupes terroristes tels que le Mnla, Ansar Dine et le Mujao. A en croire le président du Collectif, certains membres de ces groupes armés siégeraient au sein de la Commission. «Nous nous connaissons entre nous», a précisé Malick Alhousseyni. Les populations du Nord connaissent la moralité de chacun, a-t-il affirmé, tout en ajoutant ne pas vouloir citer de noms. Ceci pousse ce collectif à  dénoncer la représentativité de la Commission au sein de laquelle il reconnait pourtant avoir deux membres.

Commission dialogue et réconciliation : à quoi ça sert?

Les haines et les disparités ne doivent plus avoir leur place dans la société malienne. C’’est dans le cadre de la recherche d’une paix durable et de la réconciliation nationale, que la Feuille de route pour la Transition approuvée par l’Assemblée nationale le 29 janvier 2013 a prévu la création d’une Commission Dialogue et Réconciliation. Ceci, en vue de faciliter la recherche des voies et moyens susceptibles de sortir le Mali des crises récurrentes qu’il connaà®t. Trois personnalités pour promouvoir le « vivre ensemble » Cette structure est chargée de permettre aux Maliens de se parler entre eux, pour que « le vivre ensemble » redevienne une réalité. Elle est chargée, entre autres, de recenser les forces politiques et sociales concernées par le processus de dialogue et de réconciliation, d’identifier les groupes armés éligibles au dialogue conformément à  la Feuille de route pour la Transition, d’enregistrer les cas de violation des droits de l’homme commis dans le pays du début des hostilités jusqu’à  la reconquête totale du pays, de proposer les moyens de toute nature susceptibles de contribuer à  surmonter les traumatismes subis par les victimes, d’identifier et de faire des propositions pour la réalisation des actions destinées à  renforcer la cohésion sociale et l’unité nationale. Les trois premiers visages de la Commission dialogue et réconciliation ne sont plus inconnus. La présidence de la commission revient à  un ancien ministre et ambassadeur. Certes, un homme habitué aux médiations. Le premier vice-président est une femme, sa nomination affiche une volonté de mettre la femme au centre du dialogue et de la réconciliation au Mali en cette période critique. Le second, un Touareg, encore un autre symbole qui va dans le sens de la promotion de la cohésion sociale. En définitive, cette structure est née pour aider les Maliens à  pardonner. Les autorités se positionnent également pour punir les coupables. Les populations du Nord du Mali doivent surmonter les traumatismes survenus au cours de ces mois de crise sans précédant. Le plus important est que les Maliens, toute ethnie confondue, se donnent la main et aillent de l’avant pour éviter tout nouveau déchirement.

Commission Dialogue et Réconciliation : premières nominations

Selon le gouvernement malien, la CDR, qui sera composée de 30 membres, a pour mission de « rechercher, par le dialogue, la réconciliation entre toutes les communautés maliennes ». Elle sera également chargée de « recenser les forces politiques et sociales concernées par le processus de dialogue de réconciliation » dans ce pays déchiré par des attaques contre l’armée entre janvier et mars 2012, suivies d’une occupation pendant plusieurs mois du vaste Nord par des groupes armés incluant rebelles touareg et djihadistes. Les djihadistes avaient fini par évincer leurs ex-alliés rebelles touareg des zones sous leur contrôle. Trois nominations Le président de la « Commission dialogue et réconciliation », Mohamed Salia Sokona , a une réputation d’homme consensuel. Ce fonctionnaire retraité est aussi un ancien ministre malien de la Défense. Il fut également ambassadeur du Mali en France. Un de ses anciens collaborateurs le qualifie d’homme réservé, mais qui a le sens de l’organisation. Une femme dans la Commission Dans sa tâche de président, il sera assisté de deux vice-présidents, un homme et une femme. Cette dernière se nomme Traoré Oumou Touré . Son statut exacte est celui de présidente de la Coordination des associations féminines du Mali (CAFO). Sa nomination est ici perçue comme une volonté des décideurs de mettre la femme au centre de ce processus de dialogue et de réconciliation nationale. Oumou Touré est connue pour être une militante de la société civile. Avant sa nomination, elle a tenu de nombreuses conférences sur l’implication des femmes dans le processus de paix et de réconciliation mais aussi dans leur rôle dans les élections générales futures à  venir. Le second vice-président de la commission est un Touareg malien originaire de la région de Kidal : Méti ag-Mohamed Rhissa. Il s’agit d’un ancien professeur de français qui a très rapidement intégré le corps de la douanes. Aujourd’hui, il a le grade de lieutenant-colonel. On le dit modéré. Sa nomination peut faciliter le dialogue entre tous les fils d’un même pays, mais qui viennent de différents horizons.

Pape François, symbole fort pour l’Eglise et le monde

Une fois la surprise passée, le monde entier s’interroge et s’intéresse de près au nouveau Souverain Pontife. Les 115 cardinaux ont en effet porté à  la tête de l’à‰glise catholique, il y a de cela 24 heures, un quasi inconnu. Cardinal Jorge Mario Bergoglio, prête jésuite devenu archevêque de Buenos Aires, la capitale argentine, ami des pauvres et défenseur des valeurs de l’à‰glise, est devenu François, premier Pape sud-américain de l’Histoire. C’est un choix éminemment symbolique qu’ont fait ceux qui ont entre les mains la destinée des catholiques, environ un milliard d’individus sur la planète. Un Pape qui vit comme Jésus D’abord symbole pour l’à‰glise. François a donné le ton lors de sa toute première apparition, juste après son élection, il est le Pape de la simplicité, de l’humilité. Il est en effet venu saluer saluer la foule qui attendait sur la place St-Pierre sans la tenue pontificale rouge, mais en habit blanc. Il a tenu son premier discours en romain, et non en italien ou en latin, car archevêque de Rome, pour que tous comprennent son message. Puis il est resté égal à  lui-même, en s’exprimant simplement, avec une pointe d’humour. Car, Jorge Mario Bergoglio est avant un homme proche des pauvres, à  l’image de Jésus. Membre de la communauté des jésuites, des religieux qui vivent comme le Christ, au service des pauvres, il s’est investi pour améliorer le quotidien des populations les plus marginales de son pays, das les prisons et auprès des malades et des toxicomanes. La lutte contre la pauvreté sera donc un de ses principaux chevaux de bataille. Mais il est aussi, un « puriste » de la religion catholique. Dans sa toute première messe célébrée ce jeudi dans la chapelle Sixtine en compagnie de ses pairs cardinaux, il a demandé aux chrétiens de construire ensemble une à‰glise plus forte, plus ancrée sur les valeurs du Christ. Le respect de la vie, de la famille, seront certainement au C’œur de son ministère. Les catholiques du monde entier comptent en tout cas sur lui pour leur redonner un nouveau souffle. Un instrument de paix dans le monde La prière la plus célèbre du saint dont le nouveau Pape porte le nom, St François d’Assises, commence par ces mots: « Seigneur, fais de moi un instrument de paix ». Au regard de l’engagement de l’homme pour le rapprochement entre les peuples et le dialogue entre les religions, on comprend mieux pourquoi il a choisi de se nommer ainsi. Il est en effet l’un des initiateurs du dialogue islamo-chrétien engagé pendant l’ère de feu Jean-Paul II. Depuis l’à‰glise catholique, même si elle commet des erreurs de parcours, ne cesse de tenter de maintenir les ponts, avec le monde musulman. L’élection du cardinal Bergoglio est donc un signal fort pour le dialogue entre les religions, mis à  mal sous le pontificat de Benoit XIV. Tous attendent maintenant son homélie du dimanche prochain lors de sa première messe sur la place St Pierre. Selon la tradition, c’est une espèce de déclaration de politique générale,qui permet d’indiquer les axes de l’action du pontificat. Mais une chose est sure, l’à‰glise comme le monde voient dans l’avènement de François, le symbole d’une page qui se tourne et surtout d’un espoir en un avenir meilleur.

Commission Dialogue et Réconciliation : mettre enfin les Maliens face à face

A défaut des concertations nationales tant repoussées, la feuille de route de la Transition, adoptée le 29 janvier 2013 vient de proposer l’établissement d’une commission Dialogue et réconciliation nationale, à  l’issue du Conseil des Ministres du 6 Mars. Cela s’avère nécessaire à  l’heure o๠la division règne au Mali. Division politique, mais aussi division sociale avec la menace d’une guerre civile au nord, entre populations d’une même nation mais d’ethnie différentes. Des exactions de toutes sortes ont été dénoncées par les collectifs de ressortissants du nord, les communautés arabes, inquiètes de la tournure ethnique que prennent les choses, suite à  l’intervention française au Mali. Sans compter la propagande menée par le MNLA, porte-voix déclaré du peuple Touaregs. Et d’un côté, ceux qui crient à  la discrimination des fameux «Â hommes bleus » du désert et que la France aura toujours soutenu et ceux qui clament que le Mali est un et indivisible. «Â Mais parmi les assaillants, il n’y a pas que des touaregs, cessons les amalgames. Ce sont ces mêmes avec qui nous mangions ensemble hier sur une natte, qui nous assaillent aujourd‘hui. Pourquoi ? », s’interrogeait Oumou Sall Seck, maire de la commune de Goundam. «Â C’’est toute une famille qui prend Kidal en otage, contre l’avis de la population », lance la député de Bourem, Mme Haidara Aichata Cissé, virulente contre le danger de la propagande pro MNLA. «Â  Aux Maliens de se parler, de se convaincre… », lance t-elle encore. Autant dire qu’il ne faudra pas seulement réconcilier le nord avec le sud mais le Nord avec le Nord. Mettre ensemble touaregs et arabes du MIA. Touaregs et Sonhrais. Sonrhais et peuls. Bellas et bambaras etc… Comprendre pourquoi certains sont passés du côté de la rébellion en oubliant l’idéal patriotique d’une seule et même nation. Il faudra sans doute remonter encore plus loin aux premières heures de l’indépendance, quand Modibo Keita, matait la première rébellion et apaiser l’esprit de vengeance des descendants de ces rebelles. Décortiquer le mal, toucher du doigt la plaie laissée par le passé. Tâche ardue. Ouvrir le dialogue national Voilà  tout le défi de cette Commission Dialogue et réconciliation. Un exercice qu’avait déjà  initié la Coalition pour le Mali, lors du forum des peuples du nord en fin 2012. Consacré pour une durée de deux ans, ladite commission devra sortir du simple projet de décret et toucher du doigt l’âme des Maliens, mettre les Maliens face à  eux-mêmes. Sur le plan législatif, elle aura à  : – recenser les forces politiques et sociales concernées par le processus de dialogue et de réconciliation ; – identifier les groupes armés éligibles au dialogue conformément à  la Feuille de Route pour la Transition ; – enregistrer les cas de violation des droits de l’homme commis dans le pays au début des hostilités jusqu’à  la reconquête totale du pays ; – proposer les moyens de toute nature susceptibles de contribuer à  surmonter les traumatismes subis par les victimes ; – identifier et de faire des propositions pour la réalisation des actions destinées à  renforcer la cohésion sociale et l’unité nationale. Placée auprès du Président de la République par intérim, la commission sera composée «d’un Président, de deux vice-présidents, et de trente commissaires», qui seront prochainement désignés par le président malien par intérim, Dioncounda Traoré qui avait déclaré fin janvier qu’au sein de la communauté touareg, «le seul groupe avec lequel nous pouvons envisager des négociations C’’est certainement le MNLA (Mouvement de libération national de l’Azawad, rébellion), à  condition que le MNLA renonce à  toutes ces prétentions territoriales».

Le NON de la diaspora aux négociations avec le MNLA

l’initiative de deux maliennes, Chantal et Ami Doucouré, militantes au sein de la diaspora malienne. Apres la libération de Konna, Diabaly, Douentza, Tombouctou, Gao, l’opération de SERVAL est aux portes de Kidal, bastion des rebelles touaregs. C’’est à  partir de cette ville que la reconquête du Mali prend une nouvelle tournure : le dialogue. Le texte des militants indique que les Maliens de France alertent les dirigeants maliens, français, de la CEDEAO et la communauté internationale sur le danger de « banalisation » et « légitimation » d’organisations terroristes comme le MNLA. Ces maliens attirent leur attention et celle du peuple français sur trois contre-vérités : dans une partie de l’opinion, il existe un mythe touareg. Mais le MNLA ne représente qu’une infime partie des touaregs maliens. Les fausses revendications indépendantistes portées par ce mouvement terroriste vise, d’une part, le développement de ses trafics (drogue, armes, otages) et, d’autre part, la confiscation du sous-sol du Mali par les puissances occidentales, qataries et saoudiennes. Mais les richesses du sous-sol malien appartiennent à  tout le peuple Malien ! De tous temps, le Mali a été, est et restera une terre d’hospitalité et de tolérance. Quelles que soient les appartenances ethniques et les opinions religieuses, il existe une tradition séculaire du « vivre ensemble ». C’’est le MNLA qui a créé et instrumentalisé la question ethnique. C’’est lui qui a pris en otage les populations du Nord, qui fait la chasse aux peaux trop foncées et veut imposer sa domination aux populations noires. C’’est le loup qui crie « au loup ! »Â…. Les régions du Nord ne sont pas les « parents pauvres » du Mali, au contraire. l’Etat Malien a privilégié le développement des ces régions au détriment de celui des autres régions ! Des milliards de FCFA ont été investis dans des équipements publics et l’Etat malien a mené une politique constante de promotion des leaders touaregs issus des différentes rébellions. Ces populations ne sont pas les « oubliés » de la République mais plutôt ses enfants trop gâtés. « Nous, ressortissants Maliens en France et amis du Mali, tenons à  dénoncer les crimes commis par le MNLA et ses complices (AQMI, Ançardine, Mujao, MIA, Boko Haram). Ces crimes odieux (comme celui perpétré le 17 janvier 2012 à  Aguel Hock) doivent être lourdement sanctionnés. Le recours ferme à  une justice nationale et internationale peut, seul, être le gage d’un retour pérenne à  la paix au Mali » indique le texte. « Nous estimons qu’il faut impérativement parachever la reconquête de l’intégrité territoriale avant d’engager la moindre discussion. Enfin, nous insistons pour que la démarche de réconciliation nationale ne concerne pas une infime partie de la population du Mali, mais l’ensemble des populations du pays. Cette réconciliation nécessitera un retour rapide à  la justice et le rétablissement de la confiance entre tous les acteurs du « mieux vivre » ensemble au Mali. Vive le Mali un et indivisible ! Vive l’amitié entre les peuples français et Maliens ! », conclut le texte