Mali – Transition : les mille et une difficultés des journalistes

Le rapport « Dans la peau d’un journaliste au Sahel », publié le 3 avril dernier par Reporters sans frontières, met en évidence d’immenses obstacles à être journaliste au Mali. Déjà confrontés au non versement de la subvention allouée aux médias depuis 2019 et à un ralentissement des mannes publicitaires, ils peinent également à faire leur travail à cause de l’insécurité et de la répression politique.

Il est de ces épreuves de vie qui sont plus dures que la mort. Depuis 2016, Birama Touré, journaliste de l’hebdomadaire Le Sphinx, est porté disparu après avoir été enlevé à Bamako. Sept ans sans donner signe de vie. « Personne ne sait s’il est vivant ou mort », dit l’un de ses proches, pour lequel la situation est toujours difficile. Le 6 avril dernier, c’est le journaliste Aliou Touré, Directeur de publication du journal Le Démocrate, qui a subi le même sort dans la capitale malienne, avant finalement d’être libéré le 10 avril par des ravisseurs non identifiés.

Une chance que n’ont toujours pas eue les journalistes maliens Hamadoun Nialibouly et  Moussa M’Bana Dicko, enlevés respectivement en septembre 2020 et en avril 2021 au centre du Mali par des hommes armés.

À Bamako comme à l’intérieur du pays, les journalistes subissent des agressions. « Il est indéniable que le métier de journaliste au Mali est devenu extrêmement difficile en raison de l’insécurité qui règne dans le nord et le centre. Les risques auxquels sont confrontés les journalistes dans ces localités sont très élevés. Les enlèvements, les menaces et les intimidations sont monnaie courante pour eux », explique Modibo Fofana, Président de l’APPEL Mali. En outre, certains se retrouvent aussi « cyber harcelés et menacés », indique le rapport, qui met l’accent sur le cas de Malick Konaté. Victime régulièrement de cyber harcèlement et d’intimidation depuis début 2023, le journaliste reporter d’images (JRI), également fondateur de la web télévision Horon32, a dû quitter le pays.

Face à la situation, les organisations de la presse s’organisent. Une cellule réunissant l’ensemble des organisations professionnelles de la presse a été créée suite à la disparition du journaliste Aliou Touré. Et elle continue d’œuvrer malgré son réapparition. « Nous demandons à l’ensemble de la presse de continuer cette synergie d’actions et de se donner la main pour faire aboutir nos revendications les plus légitimes pour une presse libre, indépendante et responsable. Dorénavant, la Cellule de crise mise en place va s’intéresser au cas Birama Touré, pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire », a indiqué le 11 avril dernier le Président de la Maison de la Presse, Bandiougou Danté.

Ménaka : Une région en souffrance, au cœur des enjeux

La région de Ménaka, martyrisée par la crise de 2012, continue de souffrir. Malgré sa libération en 2013, puis son  érection en région, ses populations vivent dans l’urgence. Si l’insécurité diminue, l’accès à l’eau, à l’électricité et à la connexion internet sont de quotidiennes préoccupations.  Des voix lasses et en colère nous interpellent.

« L’eau, c’est la vie », dit un adage touareg. A Ménaka, dans l’est du Mali, cette réalité est mal vécue quotidiennement. Ville martyre, Ménaka a subi toutes les péripéties de la crise de 2012. Région stratégique, frontalière avec le Niger, tant de fois elle a basculé, lors de l’occupation, d’un groupe armé à un autre. Libérée en 2013 des groupes djihadistes, son opérationnalisation en région, une exigence de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali signé en 2015, avait suscité de grands espoirs de changement des conditions de vie des populations. Plus de quatre ans après, la demande sociale est à son comble. Les manques d’eau, d’électricité et de connexion s’ajoutent au problème d’insécurité. Les secteurs de l’éducation, de la santé et des infrastructures n’ont point bénéficié de l’attention du gouvernement.  Pour dénoncer « la triste réalité », la société civile a organisé le 20 mars une marche pacifique. Une liste de doléances a été remise au Gouverneur de la région, Daouda Maiga  pour une suite favorable. Depuis, la situation a pourtant empiré.

Une situation intenable

« Nous sommes dans la soif, on n’a ni eau ni électricité, à plus forte raison la connexion 3 G. Les gens sont obligés de parcourir de longues distances pour ramener quelques bidons du forage », témoigne Agaly Ag Bilal, chef de famille. L’absence de services sociaux de base dans la nouvelle région est manifeste. Depuis plus de deux mois, la population fait face à des coupures d’eau, à une absence totale d’électricité et à une connexion 3 G inexistante.

La période de chaleur et les conditions climatiques peu clémentes s’ajoutent à un quotidien de calvaire. « Personne n’a rien apporté à la région. Les problèmes qui existent à Ménaka n’ont pas d’explication, ils ont trop duré. Depuis son érection en région, rien n’a bougé d’un iota. L’eau constitue la plus grande urgence aujourd’hui, c’est d’elle que les gens vivent », interpelle Eglasse Ag Ibrahim, un jeune habitant de la ville. La situation qu’il décrit est alarmante. Dans cette zone désertique, l’eau a un prix. Chaque jour la tension monte. « Bientôt c’est le mois de carême. Le ministre de l’Énergie et de l’eau est venu jusqu’à Ansongo, mais il est reparti sans venir à Ménaka. Les gens sont prêts à la désobéissance civile », dénonce Mohamed Ag Issafeytane, journaliste à la radio rurale. « Ménaka est une ville martyre. Ici les gens ont opposé leur résistance à l’occupation. Mais c’est comme si on n’existait pas dans ce pays », se révolte-t-il.

Au niveau du seul forage de la ville, les gens se bousculent. Un bidon de 20 litres d’eau coûte 100 francs CFA. Les puits et les oueds sont asséchés et les cultures maraichères mis à mal. La capacité de la seule adduction d’eau est insuffisante pour une population en pleine croissance dans une ville en expansion. « L’installation était destinée à des bornes fontaines. Mais, face à la croissance de la population, les gens ont amené l’eau dans leurs maisons. La demande est le triple de l’offre», explique Djibrilla Maiga, Président du Conseil régional des jeunes. Constat partagé par le Président de l’Autorité intérimaire, Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed. « L’expansion de la ville dépasse les capacités des anciennes installations. Il y a des quartiers où les tuyaux ne sont pas posés. Nous avons de réels problèmes pour subvenir aux attentes », reconnait-il.  Dans cette région désertique, la vie n’est pas rose, avec de faibles revenus et une économie confrontée aux aléas de l’insécurité et de la sècheresse. Si l’eau est une demande pressante, l’électricité en est aussi une. « Depuis qu’on a fait la marche, on a plus revu d’électricité. Dès que la nuit tombe, seule les lumières du gouvernorat et des ONG humanitaires sont visibles. Je charge mon téléphone grâce à la batterie de ma moto », témoigne un autre habitant. Pour Nanout Kotia, maire de Ménaka, « la situation est toujours la même » depuis la dernière action de la société civile. Certains parlent  même d’une région de « façade » au vu de manque de réponses. « Nous leur avons dit lors de la marche que si l’internet, l’eau et l’électricité ne venaient pas nous allions renoncer à la région et redevenir un cercle, mais, jusque-là, sans aucune suite », se désole Eglasse Ag Ibrahim.

Des alternatives éphémères

Les solutions alternatives proposées par les autorités  locales en collaboration avec Barkhane et la MINUSMA ne suffisent pas pour faire face aux besoins. Mais elles ont eu le mérite d’étancher un minimum la soif des habitants des quartiers périphériques. « Nous sommes dans une saison très chaude où il y a beaucoup de consommation. Nous avons réalisé un forage, installé un groupe électrogène et réhabilité l’installation existante. En partenariat avec Barkhane, nous avons positionné dans les quartiers où ils n’y a pas d’eau 11 cuves approvisionnées par les citernes de la MINUSMA. C’est là que les habitants se procurent l’eau », dit le Président de l’autorité intérimaire. Quant à la société TILGAZ, qui fournissait par intermittence l’électricité, elle a cessé de fonctionner faute de matériel. « Ses deux groupes  électrogènes sont tombés en panne. Barkhane a réparé un, qui ne suffit pas », rappelle Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed, assurant que des plaidoyers ont été menés et que l’information est montée vers qui de droit. Pour le Président du conseil régional des jeunes, « il faut des solutions durables et définitives et non des palliatifs. Ce dont on a besoin, c’est d’EDM, de la SOMAGEP et la connexion. L’État doit prendre ses responsabilités. Il est inadmissible aujourd’hui qu’une  région comme Ménaka continue d’avoir soif et d’être dans l’obscurité. On ne demande pas l’impossible. Si nous ne sommes pas des Maliens, qu’on nous le dise ! », prévient-il. Selon lui, une nouvelle mobilisation se prépare avant le début du carême. Le sentiment d’abandon invite à des rétrospections. « Finalement,  l’histoire est en train de donner raison au MNLA. Ménaka a été totalement délaissé. On parle de programme présidentiel d’urgences sociales pendant que nous avons soif et sommes dans l’obscurité », dénonce sans concession Mohamed Ag Issafaytane. Le Gouverneur Daouda Maiga assure que les demandes « légitimes » des populations retiennent l’attention des plus hautes autorités. « Tous ces problèmes sont réels et le gouvernement est à pied d’œuvre pour faire avancer ces dossiers ».

De nombreux enjeux

La région couvre environ  80 000 km2 et de nombreux acteurs y interviennent. En plus de la MINUSMA et de Barkhane, l’armée malienne, la CMA, la Plateforme et le MSA cohabitent. La présence de Barkhane a fait diminuer l’insécurité. « Depuis qu’ils sont arrivés, la situation est redevenue stable. La décision du gouverneur de faire sortir tous les groupes armés de la ville a été appliquée », souligne le Président de l’autorité intérimaire, qui se félicite la collaboration des acteurs pour les patrouilles mixtes. Il y a pour chaque mouvement trois véhicules, deux autres pour la sécurité des responsables et un autre pour les patrouilles. Au sud dans la région, vers la frontière avec le Niger, les groupes MSA et GATIA s’affrontent régulièrement avec des groupes dits « terroristes ». Ils ont été soupçonnés le 12 avril  par le Directeur de la Division de droits de l’homme et de la protection de la MINUSMA de graves violations des droits de l’homme dans certaines localités. Des accusations que le Secrétaire général du MSA a jugées sur RFI « infondées ». « Nous ne sommes pas dans une guerre communautaire, nous défendons nos communautés contre une organisation criminelle », s’est-il défendu, appelant à une enquête transparente.

La floraison des acteurs et le déploiement prévu de la force G5 Sahel le long des frontières témoignent de l’intérêt de sécuriser Ménaka. En attendant, les difficultés sociales et le mécontentement de communautés « lésées » par le récent projet de découpage territorial interpellent.

 

Les problèmes du Mali vont au-delà de la présidentielle de juillet

L’organisation d’une élection crédible est importante au Mali mais elle ne doit pas occulter le défi de l’absence de l’État dans plusieurs localités du pays.

Quatre mois avant la tenue de l’élection présidentielle du 29 juillet au Mali, le pays reste confronté aux problèmes de gouvernance et de sécurité. Sur les plans politique, sécuritaire et opérationnel, les défis perdurent et focalisent l’attention nationale et internationale.

L’insécurité au Mali, caractérisée par la persistance de la menace terroriste, a entrainé la perte de contrôle de l’État sur une grande partie des régions du Nord et du Centre du pays. De plus, la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, signé entre le gouvernement malien et des groupes rebelles, en 2015, est actuellement au point mort. Dans ces conditions, il est peu probable que les pouvoirs publics puissent gérer et superviser efficacement les élections dans toutes les localités.

La présence d’agents électoraux n’est toujours pas garantie dans environ un tiers du pays

 

Si les récentes déclarations du Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga, lèvent l’équivoque quant à la volonté d’organiser l’élection présidentielle dans les délais constitutionnels, il semble évident que seul un scrutin imparfait pourra être organisé et qu’il importera de créer les conditions de son acception.

Sur le plan politique, l’espoir que le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a suscité avec plus de 77 % des voix en 2013 s’est estompée avec en toile de fond des fractures au sein de la majorité présidentielle et une galvanisation de l’opposition politique.

Un sentiment d’insatisfaction, motivé par la perception qu’il n’a pas fondamentalement amélioré la situation du pays, grandit vis-à-vis du président Keïta. Selon un sondage réalisé en 2017 par la Fondation Friedrich Ebert auprès de 2 156 personnes, 50 % des sondés étaient « plutôt insatisfaits » de la gestion du président, contre 38,9 % qui se sont déclarés « plutôt satisfaits ».

Alors que des discussions sont en cours pour choisir un candidat unique de l’opposition, des coalitions hétéroclites se réunissent autour du mot d’ordre «Tout sauf IBK». Avec des conflits d’intérêts personnels et des dissensions stratégiques en son sein, il est cependant peu probable que l’opposition parvienne à s’unir autour d’une candidature unique.

 

Le prochain président du Mali devra faire face à de nombreux défis pour stabiliser le pays

 

Parallèlement, les partisans du président IBK restent convaincus que les résultats positifs de son premier mandat, notamment les améliorations au sein de l’armée malienne, lui permettront d’obtenir un second quinquennat.

Alors que l’opposition comme la majorité gouvernementale croient détenir les clés d’une victoire électorale, aucune d’elles n’a encore présenté de propositions concrètes pour la restauration de l’autorité de l’État et l’amélioration des conditions de vie des Maliens.

Sur le plan sécuritaire, une centaine d’attaques a été attribuée à des groupes terroristes depuis le début de l’année 2018. De plus, les affrontements entre certains membres des communautés peuhle et dogon, durant le mois de mars, ont fait 32 victimes, dans le Centre du pays. Ces tensions résultent, notamment des luttes de pouvoirs locales et de la compétition autour des ressources naturelles.

Cette recrudescence des attaques et des tensions intercommunautaires ont rendu difficile le bon fonctionnement de l’État. Depuis la rébellion armée de 2012 et la précarité de la sécurité qui s’en est suivie au Mali, l’administration publique a été absente de nombreuses localités du Nord et du Centre.

Dans ce contexte instable et à quatre mois de l’élection présidentielle, la présence d’agents électoraux n’est toujours pas garantie dans environ un tiers du pays. L’absence des représentants de l’État met en péril l’organisation des élections dans ces localités. Jusqu’à ce que la sécurité soit rétablie, le fonctionnement de l’État demeurera dysfonctionnel.

En avril 2017, le gouvernement a adopté le Plan de sécurisation intégrée des régions du Centre du pays (PSIRC). Ce plan, qui intègre les acteurs sécuritaires internationaux, devra être une réponse militaire pour notamment faciliter le redéploiement de l’administration dans le Centre en vue des élections.

L’autorité de l’État malien – et son utilité pour le peuple – doivent être restaurées sur l’ensemble du territoire

Malgré ce plan, des inquiétudes subsistent quant à la capacité de l’État à recouvrer et à conserver un contrôle territorial efficace dans le Nord et le Centre du pays. En effet, la montée en puissance de la force conjointe du Groupe des cinq pays du Sahel (G5-Sahel) – composée du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, et du Tchad – est encore attendue. Cette force prévoit de déployer 5 000 soldats pour lutter contre le terrorisme, les trafics d’êtres humains et le crime organisé dans les zones frontalières de la région Liptako Gourma (Mali, Burkina, Niger).

Sur le plan opérationnel, en vue de donner certains gages de crédibilité et de transparence à l’organisation de la présidentielle, en plus de l’audit du fichier électoral en cours, le gouvernement prévoit la distribution de nouvelles cartes électorales. Elles remplaceront les cartes NINA (Numéro d’identification nationale) qui avaient été utilisées en 2013.

Cette mesure vise à dissiper les inquiétudes de l’opposition quant à la présumée disparition de 900 000 cartes après les élections de 2013. La disposition  s’ajoute à l’audit en cours du fichier électoral. Ces solutions du gouvernement – à quelques mois du scrutin – pourraient toutefois entraîner des retards et des complications au processus électoral au lieu de le renforcer et le légitimer.

De nombreux acteurs nationaux et internationaux se demandent si l’échéance du 29 juillet est réaliste dans le contexte actuel du Mali. Tenir l’élection présidentielle dans les délais est essentiel pour éviter une crise politique aux conséquences imprévisibles au Mali. Organiser les élections et créer les conditions pour l’acceptation de leurs résultats est également important. Mais cela ne devrait pas occulter l’ampleur des défis post-électoraux qui attendent le président qui sera élu.

En 2013, le pays organisait des élections sans le contrôle total de l’État sur le Nord. En 2018, elles sont envisagées dans un contexte d’absence de l’État dans une grande partie du Nord et du Centre. Cet état de fait souligne l’urgence de rétablir, non seulement l’autorité de l’État malien sur l’ensemble du territoire, mais aussi – et peut-être plus important encore – son utilité pour les populations.

 

Aïd el-Fitr : La fête malgré tout

C’’est demain l’Aà¯d el-Fitr, la fête marquant la fin du mois de jeûne. Durant trente jours, les musulmans du monde entier ont observé une période de renoncement et de sacrifice. Au bout du parcours, une célébration qui se veut à  la fois spirituelle, familiale et festive. Grande prière, repas en famille et visites aux parents, échange de vœux, marquent cette journée que l’on appelle communément la « fête de Ramadan ». On est pourtant bien loin de l’effervescence que l’on ressent habituellement à  l’occasion de cette célébration. Coût de la vie, insécurité, les Maliens dans leur grande majorité avouent ne pas vraiment avoir le C’œur à  la fête. l’affluence dans les marchés n’est pas moindre que l’an dernier. Les étals sont bien achalandés et les embouteillages dans la zone commerciale ne démentent pas le fait que les Bamakois se préparent pour la fête. Mais au marché, dans les ateliers de couture, chez les coiffeuses, dans les boutiques, commerçants et clients se plaignent : il n’y a pas d’argent. Plus l’échéance du vendredi 17 juillet approche, « plus le stress des chefs de famille augmente », témoigne Dra Sidibé, employé de bureau. « Après les dépenses du mois de carême, nous sommes essoufflés. Or, il y a les dépenses de la fête qu’il faut impérativement gérer » poursuit-il. Tous les moyens sont bons pour fêter décemment Ne pas offrir le minimum à  la famille à  la fin de ce mois de carême est tout simplement impensable pour les chefs de famille qui cherchent toutes les solutions possibles pour clore en beauté cette période de privation et de sacrifice tant spirituels que financiers. Certains chefs de famille se tournent ainsi vers les prêts bancaires. « Je prends prêt sur prêt. Là  J’ai empoché 500 000 francs de ma banque pour faire face aux dépenses, afin d’éviter d’être la risée des miens. Je vis dans une grande cour. Si je n’achète pas un mouton, les habits de madame et des enfants, alors J’aurai des problèmes. Quel que soit notre niveau d’instruction, les pesanteurs sociales nous rattrapent», explique Simon Ouattara, responsable commercial dans une cimenterie de la place. D’autres, en revanche, n’ont pas trouvé de source financière de secours et se livrent volontiers, histoire de se décharger un tant soit peu du poids du stress. « Les temps sont durs mais que faire ? Il faut faire face !» s’exclame M. Diawara, fonctionnaire de son état. Les lunettes sur la tête, le quadragénaire joue avec la calculette de son téléphone. Il doit acheter des bazins pour ses épouses, les enfants et un oncle. Pas question de donner dans le haut de gamme, « J’ai choisi un bazin deuxième choix à  trois mille francs le mètre car arrivé à  la maison il faudra donner le prix de la couture, de la coiffure et des chaussures», avoue avec dépit ce polygame qui se contentera lui-même «de redoubler », C’’est-à -dire de mettre un habit ancien le jour de la fête. Dans les méandres du grand marché de Bamako, chaque acheteur jongle avec la bourse. Draméra Bassidy, vendeur de tissus comprend la situation et assure que tout est fait pour faciliter la tâche des chefs de famille. « Les priorités s’amoncellent, alors nous les commerçants proposons plusieurs alternatives aux clients. Nous avons des bazins à  2 000 francs, 6 000 francs et à  10 000 francs le mètre. Mais cette année il y a une floraison de pagnes Wax à  3 500 francs, sans compter les tissus légers et les saris hindous », explique-t-il. Solidarité active Pour rendre les coûts supportables, en particulier le prix du bœuf, « l’union fait la force ». «Nous cotisons 15 000 francs chacun pour l’achat d’un taureau en vue de la fête. Les moutons à  la foire de Kati, coutent 45 000 francs minimum. Nous nous partageons la viande et ainsi chacun s’en sort », explique Mohamed Cissé, rencontré à  Niamana. Mandataire de ses collègues pharmaciens, Cissé n’a pas le C’œur à  la fête et peste volontiers contre toutes ces dépenses : «mieux vaut redevenir célibataire ! Sucre du ramadan et bazin par-ci, sollicitations imprévues par-là , C’’est intenable !» Pareil pour Zoumana, chômeur célibataire, qui rejoindra le vendredi des amis avec qui il partagera un repas, histoire de ne pas « rester seul à  broyer du noir ». Dans de nombreuses familles maliennes, en ce jour de fête, les esprits seront tournés vers les absents. En poste à  Gao, Senou Koné, agent de police, passera cette journée loin des siens. Il avoue que « la grande retrouvaille à  Koulikoro va beaucoup lui manquer, mais nous n’avons pas pu obtenir de permission pour rentrer à  la maison ». Amadou Dagnogo, caporal-chef à  Diabali, est lui aussi loin de chez lui. Dans les camps de réfugiés, de Mbera en Mauritanie o๠vivent quelques 70 000 Maliens, « personne n’a la tête à  la fête » a lancé Assetou Maà¯ga, ressortissante de Gao et mère de deux enfants. « Ici nous espérons juste survivre car la situation, bien qu’oubliée des autorités maliennes est toujours préoccupante », a ajouté une autre refugiée. Selon le Dr. Gbane Mahama de Médecins Sans Frontières, « le mois dernier, la ration de riz par personne a été réduite de plus de la moitié dans le camp», une difficulté de plus pour les réfugiés maliens. à€ eux s’ajoutent les marginaux dans la rue, les malades qui passeront cette journée sur leur lit d’hôpital ou encore les prisonniers. Tous, pourtant, malgré la dureté de la vie ou de leur situation, veulent garder l’espoir en des lendemains meilleurs. « Le jour de la fête, nous allons prier pour que les choses aillent mieux pour notre pays. Il faut que la paix revienne pour que nous puissions vivre correctement. Comme avant », conclut Dra Sidibé.

Electricité: EDM doit (rapidement) mieux faire

Les coupures de courant sont devenues un fait banal dans le quotidien des Maliens. Si à  Bamako, elles ne durent que quelques minutes voire quelques heures, dans plusieurs localités à  l’intérieur, on est retourné aux bonnes vieilles lampes torches, les plus nantis investissant dans des groupes électrogènes ou des équipements solaires. On ne rouspète même plus quand en pleine nuit « le courant s’en va » ! Mais si les consommateurs lambda semblent faire mauvaise fortune bon C’œur, il y en a qui ont depuis longtemps perdu le sourire. Il s’agit des industriels et autres artisans qui subissent des pertes sèches à  cause de la fourniture énergétique devenue aléatoire… Boulangeries, métallurgies, ateliers de couture, tous ont résolu de s’adapter aux horaires de coupures, d’ailleurs la plupart du temps méconnus. Les plus gros consommateurs se sont finalement entendus avec la société Energie du Mali(EDM) pour s’ « effacer pendant les heures pleines au profit de la population la nuit tout au moins. Nous avons accepté et avons joué le jeu », affirme Cyril Achcar, premier responsable de l’Organisation Professionnelle des Industriels (OPI). Une trentaine d’industriels maliens ont ainsi tourné sur leurs propres moyens (groupes électrogènes), un surcout pour la production. Une situation qui ne doit plus durer… Une « double peine » pour les consommateurs La plupart attendait patiemment la saison des pluies pour voir la situation s’améliorer, la saison chaude étant toujours difficile pour EDM. Sauf qu’entre temps, la nouvelle tombe ! Augmentation des tarifs de l’électricité, variant de 3 à  7% et aussi des prélèvements pour l’éclairage public. Seuls épargnés, les ménages qui utilisent moins de 50khw/mois, ce qui correspond à  la « tranche sociale ». Incompréhension chez les consommateurs face à  cette mesure, pourtant présentée comme indispensable pour sortir EDM du gouffre financier o๠elle se trouve, à  force de vendre moins cher une électricité qui coute cher à  produire. A l’OPI, on « a calmement pris la nouvelle de l’augmentation pourvu que les coupures de courant soient moindres, que la fourniture en électricité soit de meilleur qualité ». A défaut, précise Cyril Achcar, « ce sera la « double peine » : payer cher et payer les réparations de nos machines causées par EDM ». Car, au-delà  des couts occasionnés par l’utilisation de groupes électrogènes, il y a aussi les pannes causées par les interruptions brusques de la fourniture d’électricité. « Nous n’avons aucune annonce de délestage ou d’entretien pour nous permettre de couper le courant nous-mêmes et passer au groupe sans casser nos productions » se plaint un industriel. A titre d’exemple, une usine fabriquant des sacs polypropylène qui se fait couper le courant brutalement sans prévenir sortira des sacs troués et de couleur grise ! « Est-ce normal de perdre de la matière première pour sortir un produit invendable ? » interroge-t-il. « EDM viendra-t-elle racheter cela ? Et je ne parle pas des pannes sur la machine parce que la coupure brutale a endommagé d’autres équipements. Bref les coupures brutales sont une malédiction pour la production industrielle »Â… Chez les « petits consommateurs » également, les pannes et autres destructions de matériels électroniques sont légions à  cause des coupures sans préavis. A ce jour, personne n’a jamais été dédommagé par EDM. Des coupures de courant qui n’ont aucune incidence sur les factures, bien au contraire. « Je n’y comprend rien, affirme une cliente croisée à  un guichet. Ma facture augmente alors qu’on est en période d’hivernage et que je consomme beaucoup moins que les mois précédents. En plus, ils (EDM) coupent le courant plusieurs fois par jour ! ». « Ma facture a doublé avec cette histoire de hausse de tarif. Et pourtant, je ne suis pas au-dessus de la tranche sociale » déclare pour sa part Fousseyni, qui vient aussi régler sa facture. « Le problème de l’EDM n’est plus seulement le prix pour lequel bien sûr ils sont trop chers. Aujourd’hui, le prix en moyenne tension coute 100F/kwh alors qu’il coute 40F en Côte d’Ivoire… l’enjeu, C’’est la quantité de courant et la qualité du courant » assure M. Achcar. « Il faut que la qualité du courant compense son cout ». Tout est dit.

Eau potable: nos enfants vont la payer 5 fois plus cher

l’Afrique de l’Ouest est relativement bien pourvue en ressources hydriques avec plus de mille milliards de mètres cubes d’eau douce renouvelés chaque année à  travers le cycle hydrologique normal de la région. De l’eau, il y en a donc assez pour tous les usages. Outre l’eau de boisson, l’agriculture, l’élevage et l’industrie, entre autres, disposent d’une réserve suffisante pour assurer le développement de la sous-région. Or, les conflits liés à  l’eau sont légion et l’accès à  la ressource encore difficile pour des dizaines de milliers de personnes. Le problème se trouve sans doute au niveau de la répartition de la ressource, de sa gestion ainsi que de sa préservation. « De nombreuses initiatives ont été prises pour étudier la question et dégager des pistes de solutions, force est de reconnaà®tre que la marche vers l’équité dans la gestion et la préservation de la ressource en eau est encore longue et semée d’embuches », reconnait M. Maxime Somda de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, UICN. C’’est pour faire face aux défis divers de la gestion au quotidien de la ressource en eau que les sociétés de distribution d’eau potable en Afrique se sont réunies au sein d’une organisation dénommée l’Association Africaine de l’Eau. Elle s’est donnée pour mission entre autres de faciliter l’échanges d’expériences entre les différents acteurs, la formation, la recherche, d’assurer la gouvernance de l’eau et de protéger l’environnement afin de garantir la quantité et la qualité des eaux. Cette dernière mission est l’une des plus importantes et sur laquelle se concentrent les efforts depuis quelques années maintenant. Car, si rien n’est fait, il n’y aura plus de source correcte pour donner de l’eau en quantité et en qualité. Le captage et le traitement des eaux raréfiées et polluées reviendront plus cher et par ricochet le coût de l’eau. « Nos enfants risquent de payer l’eau cinq fois plus cher que nous » assure même Olivier François Gosso, directeur de la production de la Société des Eaux de Côte d’Ivoire (SODECI), membre de l’AAE. Quand on sait que les usagers ont déjà  du mal à  faire face au coût actuel et que l’on va inexorablement vers la fin de l’utilisation non tarifée de l’eau en Afrique. Les sources d’eau sont en danger l’eau, C’’est la vie. A force de le dire, on finit par se demander si ce n’est pas devenu un argument creux tant ceux-là  même qui en ont besoin au quotidien en sont les premiers fossoyeurs. l’exemple des ressources en eau du Bassin du Niger est frappant. Principale source pour les différents besoins de la vie humaine, le fleuve Niger n’en est pas moins agressé par les activités de ses usagers. Dégâts auxquels s’ajoutent les effets des changements climatiques que sont la baisse de la pluviométrie, la dégradation des terres, l’ensablement, etC’… La population qui exploite les eaux du Niger est estimée à  100 millions de personnes, ceci représente une pression énorme sur la ressource. En Guinée, château d’eau de l’Afrique de l’Ouest avec plus de dix sources de cours d’eau internationaux sur son territoire, les riverains du Tinkisso, le plus important affluent sur la rive gauche du fleuve Niger, meurent de soif. Situation paradoxale s’il en est mais qui s’explique par le fait que le cours d’eau a particulièrement souffert de la rapide et profonde dégradation des écosystèmes de son bassin. Selon une récente étude de l’UICN, son débit a tellement diminué qu’il ne parvient même plus aujourd’hui qu’à  satisfaire le 1/5 des besoins qu’il couvrait il y a encore quelques années. La situation du Tinkisso est celle de bien d’autres cours d’eau et les différents acteurs s’en rejettent la responsabilité. « Au niveau des sociétés distributrices, notre rôle va du captage au robinet. Nous assurons la sécurité, la qualité de l’eau que nous livrons au consommateur. C’’est à  l’Etat de prendre en charge la préservation de la ressource, qu’elle soit en surface ou souterraine » se défend l’AAE, à  travers son secrétaire général, M. Sylvain Usher. Selon lui, les sociétés d’eau ne sont pas écoutées par les politiques. A la SODECI, on affirme avoir « tiré sur la sonnette d’alarme depuis au moins quinze ans ». « Nous avons dit à  l’Etat de Côte d’Ivoire qu’il fallait prendre en compte la protection de la ressource pour en assurer la pérennité », affirme M. Gosso. « La pollution chimique causée par les industries, la pression démographique, l’assèchement naturel des nappes, nous avons parlé de tout ça en son temps. Mais on ne nous a pas écouté et aujourd’hui, nous réagissons dans l’urgence pour faire face aux pénuries, alors que les données sont connues » ajoute-il. La balle uniquement dans le camp de l’Etat ? Dans la plupart des pays ouest-africains, en Côte d’Ivoire comme au Mali, la protection de la ressource eau est du ressort de l’Etat. l’importance des moyens à  mettre en œuvre poussent les autres acteurs à  se décharger sur les gouvernants qui ont, eux, la capacité de mobiliser des fonds importants. Les investissements infrastructurels sont donc à  la seule charge de l’Etat qui détient en quelque sorte la « souveraineté de l’eau ». Les municipalités, les sociétés distributrices, les acteurs de l’environnement, les usagers, tous pointent du doigt l’Etat qui ne joue pas ce rôle et laisse de nombreux risques peser sur l’approvisionnement à  long terme en eau. l’inexistence ou la non application des textes (principe du pollueur-payeur par exemple), la faiblesse des ressources allouées à  la préservation des sources d’eau, autant de manquements relevés du côté des autorités. Mais, il y a un mais. Si tous, consommateurs, industriels, agriculteurs, sociétés de distribution, etc. trouvent leur compte dans l’exploitation de l’eau, tous devraient se sentir solidairement responsables de sa préservation. Tous sont d’accord qu’aujourd’hui « le problème, ce n’est pas la ressource qui existe en quantité suffisante ». Même si tous n’y ont pas accès de manière équitable justement à  cause des coûts de traitement et des infrastructures à  mettre en place pour cela. La situation risque d’être encore plus difficile si des mesures courageuses ne sont pas prises maintenant pour préserver la ressource contre toutes les agressions qui pourraient rendre ces coûts plus importants et les frais d’accès insupportables à  plus une grande partie de la population. Elles Ces mesures vont de la protection des sources d’eau que sont les nappes phréatiques et les fleuves à  la gestion efficace de l’eau distribuée en évitant le gaspillage. Laisser couler le robinet, ou fermer les yeux sur un barrage illicitement installé par un particulier ou même faire des forages de manière anarchique est tout aussi coupable que de verser de la boue de vidange dans le fleuve. La conjugaison des efforts de tous les acteurs est la seule voie pour assurer la préservation de la ressource, la sauvegarde de cette eau si nous voulons en assurer la disponibilité dans de bonnes conditions pour nous et pour les générations futures.

Présidentielle 2013: beaucoup d’inquiétudes à J-30

Dans une déclaration jeudi 27 juin à  l’Agence France Presse (AFP), le président de la Céni, Mamadou Diamountani a indiqué qu' »il est extrêmement difficile d’organiser le premier tour de l’élection présidentielle le 28 juillet ». « D’ici le 28 juillet, nous avons encore beaucoup de défis à  relever », a-t-il ajouté. « D’abord, il faut reconnaà®tre que la production de la carte d’électeurs a pris beaucoup de retard. Or, c’est le seul document qui permet à  l’électeur de voter, c’est non seulement la carte d’identification, mais aussi la carte d’électeur », a-t-il affirmé. Pour le président de la Céni, « il va être extrêmement difficile de remettre les cartes aux électeurs maliens en moins d’un mois, surtout quand on sait qu’il y a plus de 6,8 millions de cartes, qu’il y a beaucoup de populations déplacées ». « Il faut se donner plus d’un mois pour que les cartes soient remises à  leurs propriétaires, parce que le mode opératoire du ministère malien de l’Administration n’est pas convainquant », a poursuivi M. Diamountani. A Kidal, le processus électoral est au point mort Il a également mis en avant la situation à  Kidal, ville du nord-est du Mali occupée par la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), o๠doivent être cantonnés les combattants touaregs, et o๠les forces de l’armée doivent se déployer, l’administration n’est pas encore revenue, et le processus électoral semble au point mort. C’est, selon lui, « une autre raison qui rend extrêmement difficile, voir impossible », la tenue du premier tour de la présidentielle à  la date prévue. Sous couvert d’anonymat, un ministre malien a affirmé ce vendredi à  l’AFP, que « tout le monde est d’accord pour le report » car « nous ne voulons pas des élections bâclées ». Délai très court La décision de tenir le premier tour de la présidentielle le 28 juillet, éventuellement suivi d’un second tour le 11 août, a été prise par le gouvernement malien de transition sous la pression de la communauté internationale, en particulier de la France. De plus en plus d’acteurs internationaux impliqués dans le processus (ONU, Cedeao, Union africaine) s’interrogent sur la date du 28 juillet. Pour éviter les contestations post-electorales, certains observateurs jugent ce délai très court. Précisons que c’est ce vendredi 28 juin à  minuit que tous les candidats à  l’élection présidentielle devront avoir déposé leur dossier. La Cour aura jusqu’au 6 juillet, veille du démarrage de la campagne, pour valider ou non ces candidatures.

Présidentielle: « Difficile d’organiser le 1er tour le 28 juillet » selon président de la CENI

«Il est extrêmement difficile d’organiser le premier tour de l’élection présidentielle le 28 juillet », a déclaré jeudi soir Mamadou Diamountani, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). « D’ici le 28 juillet, nous avons encore beaucoup de défis à  relever », a-t-il ajouté, répondant à  l’AFP sur l’avancement des préparatifs pour le prochain scrutin. « D’abord, il faut reconnaitre que la production des cartes d’électeurs a pris beaucoup de retard. Or, C’’est le seul document qui permet à  l’électeur de voter, C’’est non seulement la carte d’identification, mais aussi la carte d’électeur », a-t-il précisé. Des délais quasi impossibles Distribuer les quelque 7 millions de cartes d’électeurs en moins d’un mois « va être extrêmement difficile» , surtout «qu’il y a beaucoup de populations déplacées ». Toujours selon le premier responsable de la CENI, il faudrait raisonnablement avoir plus que les 30 jours qui nous séparent du 28 juillet, date du 1er tour. « Le mode opératoire du ministère malien de l’Administration n’est pas convainquant », selon M. Diamountani. Il a également mis en avant la situation à  Kidal, ville du nord-est du Mali occupée par la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) o๠l’armée malienne n’est toujours pas présente, en dépit d’un accord entre le gouvernement de transition à  Bamako et le MNLA conclu le 18 juin à  Ouagadougou. C’’est, selon lui, « une autre raison qui rend extrêmement difficile, voir impossible », la tenue du premier tour de la présidentielle à  la date prévue. «Tout le monde est d’accord pour reporter» Un ministre malien a de son côté affirmé ce vendredi à  l’AFP, sous couvert d’anonymat, que « tout le monde est d’accord pour le report » car « nous ne voulons pas des élections bâclées ». La décision de tenir le premier tour de la présidentielle le 28 juillet, éventuellement suivi d’un second tour le 11 août, a été prise par le gouvernement de transition sous la pression de la communauté internationale, en particulier de la France. La tenue des élections est également la condition posée par les américains pour apporter un soutien et financier au Mali, pour la reconstruction et la sécurisation du pays.

Délestage : sale temps pour les artisans

Souleymane Diallo tient un atelier de construction métallique sur la route Sébénicoro. Il y trime en compagnie de ses apprentis ce mercredi 22 mai 2013 à  22h 30 minutes au milieu des éclats d’étincelles et des bruits de fer. Un rythme inhabituel auquel s’est habitué le jeune soudeur depuis un certain temps. La raison est simple: les coupures récurrentes d’électricité qui émaillent la journée. « Cela fait près de deux mois que J’ai pris l’habitude de travailler pendant une bonne partie de la nuit en raison des coupures du courant », explique-t-il tout en regrettait au passage les désagréments causés aux voisins par les bruits tonitruants de ses outils de travail. Aussi M.Diallo nourrit-il des regrets liés à  la baisse de production et son corollaire de manque à  gagner. Quasi chômage technique « On travaille souvent moins de cinq heures pendant toute la journée. On est obligé de laisser partir les clients pressés qui préfèrent aller faire leur travail ailleurs. Depuis le début des délestages intempestifs, mon atelier gagne très peu d’argent », se lamente le soudeur de 33 ans. Le même sentiment de détresse anime Oumar Koné, tailleur de son état. Les yeux marqués par l’insomnie dan s son atelier en Hamdallaye ACI 2000, Barou comme l’appellent affectueusement ses clients, s’affairent autour de sa machine à  coudre « Je n’ai pas pu travailler dans journée d’hier, C’’est pourquoi je suis en train de travailler avec mes apprentis depuis le retour du courant vers 23 heures ». A-t-il le choix ? La réponse est non si l’on en juge à  la présence des cinq filles qui ont pris d’assaut l’atelier ce jeudi à  10 heures et déterminées à  retourner avec leurs habits de mariage. Comme Souleymane Diallo, le quadragénaire se plaint de la baisse de rentabilité. Pour ne pas laisser son commerce péricliter, Sékou Coulibaly, vendeur de poissons de mer, s’est résolu à  acheter un groupe électrogène au grand dam de son portefeuille. Grâce à  cet appareil, il parvient à  faire fonctionner son congélateur pour que les poissons ne pourrissent pas. Moins grincheux, le photographe et cameraman Youssouf Camara minimise l’impact des coupures sur son rendement. Seules les coupures intervenues dans la nuit, explique-t-il, nous cause des préjudices. Pendant la journée, poursuit-il, on se débrouille à  faire des photos avec des batteries bien chargées. Evoluant dans le domaine de la vitrerie et de l’aluminium, Amadou Traoré s’en sort plutôt. « Nous faisons le gros de notre boulot sans recourir forcement à  l’électricité. Notre rythme de production et le rendement demeurent presque au même niveau », déclare le diplômé en sociologie reconverti.

Etat d’urgence: sale temps pour les artistes

De nombreux artistes maliens vivent grâce à  des spectacles qu’ils donnent dans la ville lors de mariages et d’autres cérémonies. Nainy Diabaté est très connue au Mali et ailleurs dans le monde, elle est griotte et organise de nombreuses manifestations o๠elle gagne beaucoup d’argent. Avec l’état d’urgence, cette abondance est arrêtée net. «Aujourd’hui nous les artistes, nous n’avons plus d’argent. Nous ne recevons même plus nos droits. On nous parle d’état d’urgence mais les autorités auraient du penser à  nous pour que nous puissions joindre les deux bouts. Et pourtant, malgré l’état d’urgence, ici à  Bamako nous voyons beaucoup de gens qui font des regroupements et ne sont pas inquiétés par les représailles » s’indigne Mme Diabaté Nainy Diabaté, artiste malienne. Le musicien touareg Ahmed Ag Kaedi du groupe Amanar a vu sa ville Kidal, aux mains des islamistes qui interdisaient la musique. Il s’était réfugié au Niger durant l’occupation. Il se trouve actuellement à  Bamako. Aujourd’hui avec l’état d’urgence, Ahmed a du mal à  s’en sortir « je gagnais beaucoup d’argent avant l’état d’urgence. J’envoyais de l’argent à  ma famille mais actuellement, je n’arrive plus à  payer mes factures. A un moment donné, J’ai dû demander de l’aide à  un ami qui vit aux USA pour qu’il me dépanne » s’indigne-t-il. Les humoristes aussi paient le prix de l’état d’urgence. Certains d’entre eux sont même injoignables au téléphone. Nous avons pu approcher l’humoriste Djely Moussa Kouyaté alias ATT Junior « l’état d’urgence ne me touche pas particulièrement puisque J’arrive à  voyager et à  joindre les deux bouts. Mais mes frères qui sont ici, n’animent plus de spectacles et tout le monde se plaint. Les artistes d’aujourd’hui vivent vraiment mal », explique-t-il. Au moment o๠l’Assemblée Nationale adopte ce projet de loi sur l’état d’urgence au Mali, l’élection présidentielle s’annonce à  grands pas. Prévue pour juillet prochain, cette élection historique interpelle plus que jamais les citoyens maliens. Les artistes entendent aussi jouer leur rôle surtout dans le cadre de la sensibilisation pour un taux de participation élevée et un scrutin apaisée. l’état d’urgence prendra fin le 06 juin 2013.

Crise malienne : les ONG dans la tourmente

Après le coup d’Etat de fin mars 2012, la plupart des partenaires techniques et financiers occidentaux ont arrêté leur coopération avec le Mali. Or, ce sont eux qui financent, à  travers l’Etat malien, la plupart des activités des Organisations Non Gouvernementales(ONG). Aujourd’hui, celles-ci se retrouvent, dans leur grande majorité, en situation de cessation d’activité. Presque plus d’activités de terrain Les ONG participent de manière indéniable au développement socio économique du Mali, en particulier des populations à  la base. Dans leurs domaines d’intervention respectifs, micro finance, entreprises, santé, élevage, agriculture, éducation, radios communautaires, paix sociale, consolidation de la démocratie et de la décentralisation etc., elles apportent énormément aux communautés. Au Mali, il en existerait1261, selon la cellule d’appui au développement à  la base(CADB), dûment recensées et signataires d’accord cadre avec l’Etat. Cette structure est chargée du suivi des ONG pour la gestion des fonds de leur fonds sur le terrain. Selon le directeur fraà®chement nommé Karim Togola, la crise a durement frappé le secteur des ONGs dans son ensemble. Pour les avoir rencontrées, il y a à  peine quelques semaines, M. Togola peut aujourd’hui affirmer que ces organisations ont de sérieux problèmes. Particulièrement, en ce qui concerne leurs activités sur le terrain et leur fonctionnement interne, à  cause de l’arrêt des financements. En effet, il est que pour agir, elles dépendent fortement de l’appui extérieur. Licenciement oucoupes dans les salaires, les recettes pour la survie La plupart d’entres elles tentent de survivre en prenant des mesures drastiques, telles que la réduction du personnel, ou encore la coupe dans les salaires. Certaines ont même tout simplement mis la clé sous la porte. Sory Ibrahima Coulibaly a perdu son emploi le mois de juin dernier. « Nous évoluons dans le domaine de la bonne gouvernance. Avec la crise, l’ONG est momentanément arrêtée. Nos bailleurs ont plié bagage après le coup d’Etat » témoigne –t-il. Les coalitions Alternative pour le Développement (CAD), CAFO soufflent toutes dans la même trompette. Au niveau même de la CADB, les choses ne sont pas roses. La structure elle-même est sérieusement touchée par la crise car son fonctionnement est entravé par l’insuffisance budgétaire. « Nous avons un seul véhicule pour la visite des ONG sur le terrain, malheureusement on n’a pas le fond nécessaire pour remplir cette tache normalement », confie le Directeur Togola. Une situation qui impacte fortement les populations bénéficiaires qui sont ainsi frappées dans leurs activités quotidiennes, par manque d’un soutien qui était le bienvenu. Des fortunes diverses Au niveau des ONG internationales, la situation est différente. Bien que les aides soient suspendues, elles arrivent tout de même à  tourner grâce à  des fonds d’urgence débloqués pour les actions humanitaires sur le terrain. Action contre la faim (ACF), Oxfam, Save the Children et World Vision fournissent de l’aide d’urgence à  près de 6 millions de personnes dans la région, mais affirment n’avoir pour le moment réussi à  mobiliser qu’un tiers des besoins de financement pour poursuivre cet important travail dans les prochains mois. On estime les besoins financiers des quatre organisations à  près de 250 millions de dollars américains, mais uniquement 52 millions de dollars ont été jusqu’ici récoltés. Enfin, pour quelques unes, en particulier, celles œuvrant dans l’humanitaire, elles sont plus sollicitées que jamais. La Croix rouge ou encore Islamique Relier sont ainsi à  pied d’œuvre pour voler au secours des populations du nord Mali, occupé par les groupes islamistes et en proie à  une crise alimentaire et sanitaire sans précédent.

Sikasso : «L’hôpital est un mouroir !»

Apres l’étape de Bougouni, la caravane médiatique s’est rendue dans la cité Kénedougou. Kamafily Sissoko, le représentant du gouverneur a souhaité la bienvenue aux caravaniers dans les locaux du gouvernorat. Ainsi, Salek Ould Da de Save the children, au nom des caravaniers, a brièvement expliqué la campagne « Tous et chacun » avec comme message principal « tous ensemble pour sauver la vie de milliers de nouveaux nés et enfants de mois de 5 ans qui meurent chaque année » au Mali en général et à  Sikasso en particulier. De son coté le représentant du gouverneur s’est réjouit de cette campagne médiatique comme une bonne initiative avant de rappeler que la région de Sikasso est touchée par le phénomène de la malnutrition, facteur de mortalité maternelle et infantile. Pour lui, ce phénomène s’explique par les habitudes alimentaires de la population, l’analphabétisme et les traditions. Comme à  chacune des étapes, la délégation a aussi visité les familles fondatrices de Sikasso. Lors de cette visite dans le vestibule de Tièba et son frère Babemba Traoré , ils étaient une vingtaine des notables à  recevoir des colas de la délégation de la caravane. Le directeur régional de la santé de Sikasso, Mamadou Diakité prendra la parole pour expliquer l’objectif de la caravane. Remerciant la délégation pour cette initiative heureuse, les chefs traditionnels ont fustigé les mauvais traitements que subissent certains patients au sein de l’hôpital de Sikasso « Nous profitons l’occasion de vous souligner que certains médecins sont des véritables « assassins à  Sikasso » pour cause de leur négligence et leur manque de professionnalisme. l’hôpital de Sikasso est devenu un « mouroir régional ». Les agents de santé dans leur majorité ont peu de considérations pour la population. Par exemple, il arrive souvent que les femmes accouchent sans assistance déplorent-ils. « Ma belle fille a accouché à  l’hôpital, seule sans l’assistance de personne, l’enfant est tombé sur la table et est décédé » déplore un vieil homme présent. Dans une cacophonie totale dans le vestibule, les chefs traditionnels, très en colère, ont déclaré que la césarienne n’était pas forcement gratuite, au regard des frais médicaux connexes trop élevés pour les citoyens lambda. « La population risque de marcher sur l’hôpital » a menacé un des chefs qui a sommé les autorités de prendre leurs responsabilités. Prenant note , les caravaniers ont assuré les chefs traditionnels de transmettre le message.

Condé touché par le syndrome de l’opposant historique ?

Pour de nombreux observateurs, le pouvoir a changé en Guinée, sans rien changer. Avec, entre autres, la détérioration continue du niveau de vie, les dérives autoritaires, les problèmes d’électricité, de route… Les inquiétudes de la société civile… Selon la Société civile guinéenne, tout se passe comme si le président Alpha Condé avait oublié ses promesses électorales. Ces derniers évoquent et regrettent les « dérives autoritaires » du président guinéen «alors que le dialogue piétine avec l’opposition ». Ce sont surtout les évènements des trois derniers mois qui inquiètent. Ils se sont traduits, entre autre, par la répression contre les militants de l’UFDG qui s’était soldée par la mort d’un jeune militant, la descente de certains agents des forces de l’ordre dans des rédactions des médias privés, la suspension de certains journalistes du service public…« De nombreuses décisions prises par le nouveau pouvoir constituent des obstacles à  la mise en place d’un à‰tat de droit », juge le secrétaire exécutif de ce regroupement d’ONG et d’associations. Mais la société civile consent tout de même à  pointer certains progrès, notamment en matière de lutte contre la corruption et les détournements de fonds. Alors que, pour Sidya Touré, le comité d’audit pour lutter contre l’impunité et la corruption mis en place par Alpha Condé, est mort-né. Car, dit-il, même des proches collaborateurs du général Lansana Conté entoureraient désormais le président Condé. « Il regroupe désormais autour de lui, la quasi-totalité des cadres que le peuple juge comme étant des principaux responsables du marasme économique dont souffre la Guinée d’aujourd’hui ». …Et de la classe politique Sur le plan politique, à  quelques encablures des législatives programmées pour fin novembre, les autorités veulent lancer un nouveau recensement de la population. Cette décision, selon Alpha Condé, se justifie par le fait que beaucoup de gens ne se sont pas fait recenser à  cause de l’impôt de capitation. « Beaucoup de paysans ont refusé parce que lorsque vous recensez 8 personnes, vous payez 8 fois l’impôt. J’ai commencé par supprimer cet impôt. Deuxièmement, il y a eu beaucoup de double recensement, des enfants de 14 ans qui ont voté etC’… Et ensuite, l’étape alphanumérique n’a pas pu être utilisée. Aujourd’hui, nous faisons exactement ce qui a été fait au Congo-Kinshasa, au Sénégal et en Côte d’Ivoire, C’’est-à -dire que nous allons donner la carte d’électeur en même temps que la carte d’identité. Mais je ne vois pas en quoi recenser la population peut-être gênant ? On ne va pas aller chercher des Guinéens sur la planète Mars, donc il s’agit de donner la chance aux paysans qui n’avaient pas pu être recensés ». Pour Cellou Dalein Diallo le bilan du président Alpha Condé est plutôt décevant. « On ne va pas lui demander de régler les questions d’électricité en six mois, mais on peut apprécier les actes qu’il a posés. Nous avons d’abord constaté la violation fréquente de la Constitution et des lois de la République. Il a dissous les conseils communaux dont les maires n’ont pas voulu lui apporter le soutien pendant la campagne du deuxième tour et il a installé en place des délégations spéciales composées de gens à  sa dévotion. C’’est une violation flagrante de la loi et C’’est pour permettre naturellement d’organiser la fraude électorale dont il aura besoin pour se donner une majorité au Parlement… » Des bons points cependant Il faut toutefois signaler que sur le plan économique, le régime a réussi à  stabiliser l’inflation. « Je savais déjà  à  peu près que la situation était très difficile, mais je ne me rendais pas compte de l’ampleur réellement de l’état parce que lorsque J’ai pris mon poste, la Banque centrale était en quasi-faillite et n’avait même pas quinze jours d’importation. Nous avons trouvé vraiment une situation financière beaucoup plus catastrophique que nous le pensions. Je ne savais pas que le mal était si profond » a récemment déclaré le président guinéen. Au-delà  des reformes financières, Alpha Condé s’est attaqué à  celles du code minier. Ce qui l’a amené à  négocier avec Rio Tinto avec lequel il a obtenu le paiement de 700 millions de dollars de pénalité. « Nous négocierons avec les autres sociétés », a-t-il promis. « Je ne dis pas que Conakry aura le courant 24 heures sur 24, mais au moins 18 heures sur 24. Pour avoir du courant 24 heures sur 24 à  Conakry, il faut 300 mégawatts. D’ici la fin de l’année, nous aurons au moins 250 mégawatts. Et ensuite, d’ici quatre ans, nous allons passer à  l’énergie hydraulique par les barrages » déclarait Condé…Pour les conakrykas, toutes ces paroles ne sont que du vent, leurs problèmes l’eau et l’électricité sont loin d’être résolus.

Côte d’Ivoire : « L’incertitude empoisonne la vie quotidienne de la population »

« Les gens ont peur » « La crainte d’une explosion de violence est latente. Abidjan est la capitale des rumeurs », explique un employé français des Nations unies (qui souhaite garder l’anonymat) rapatrié fin décembre à  la suite des nombreuses déclarations anti-ONU de Laurent Gbagbo. L’incertitude est telle dans le pays que la situation qui règne à  Abidjan peut changer du jour au lendemain. « Lorsque des manifestations ou des marches sont prévues, Abidjan se transforme en ville morte, mais dès que la situation se calme, la vie reprend, les rues et les marchés sont noirs de monde », explique-t-il. « Les gens ont peur », confirme Salvatore Saguès, chercheur pour Amnesty International à  Paris, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest et de la Côte d’Ivoire. Depuis le début de la crise, l’ONG est régulièrement contactée par des Ivoiriens victimes ou témoins de violations des droits de l’homme. « Dans le Nord, les populations dioulas (ethnie d’Alassane Ouattara) vivent dans la crainte », indique-t-il. « Depuis la marche du 16 décembre, ils organisent des veilles la nuit, préviennent de l’arrivée de rôdeurs en frappant des casseroles les unes contre les autres. Les forces de l’ordre sont acquises à  Gbagbo, et la présence de miliciens et de mercenaires contribue au sentiment d’insécurité ». Restrictions de circulation Cette crise ébranle un peu plus la sécurité alimentaire de la Côte d’Ivoire, déjà  fortement touchée par la malnutrition. « Dans le Nord, les agriculteurs ont peur d’aller aux champs, explique le collaborateur de l’ONU, ce qui risque d’avoir des répercussions sur les récoltes ». « Une grande part des denrées alimentaires vendues en Côte d’Ivoire vient du Burkina Faso, ajoute Salvatore Saguès, mais avec les restrictions de circulation, les camions n’arrivent plus à  destination et les Ivoiriens doivent faire face à  une hausse importante du prix des aliments. » Le blocage des routes a également des répercussions sur la situation sanitaire du pays. « Toutes les livraisons en provenance de la pharmacie centrale d’Abidjan ont été stoppées », signale Gaà«lle Bausson, porte-parole de l’Unicef pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, basée à  Dakar, avec des conséquences potentiellement gravissimes : une épidémie de fièvre jaune a déjà  fait au moins sept morts dans le pays. Autre inquiétude pour l’Unicef : l’absentéisme dans les écoles. Effrayés, un certain nombre de parents n’envoient plus leurs enfants en classe, risquant que ces derniers, désœuvrés, ne soient embrigadés par l’un ou l’autre des deux camps. Jusqu’à  150 000 réfugiés? Pour l’Unicef, la situation des réfugiés est la plus préoccupante. « Vingt mille personnes ont le statut de réfugié et se sont installées au Liberia », indique Gaà«lle Bausson, « mais sont sans doute 25 000 à  30 000 à  avoir franchi la frontière. » Parmi ces personnes, 75 % sont des femmes (dont beaucoup ont subi des violences sexuelles) et des enfants, qui ont des besoins spécifiques. « Ils arrivent dans un état de fatigue et de dénutrition parfois sévère, et ils s’installent dans un pays dont les ressources sont déjà  faibles », souligne-t-elle. Les mouvements de population internes ont également pris de l’ampleur. « Dans le pire scénario, 150 000 personnes pourraient trouver refuge dans les pays voisins et 450 000 personnes pourraient se déplacer à  l’intérieur du pays, essentiellement vers le Nord, pour échapper aux violences », ajoute-t-elle. La peur des exactions reste palpable, s’alarme encore Salvatore Saguès. « Le plus inquiétant, ce sont les arrestations et les disparitions suspectes », explique-t-il. « A la suite de la marche du 16 décembre [des partisans de Ouattara avaient marché en direction de la télévision d’Etat, contrôlée par le camp Gbagbo], un certain nombre de personnes – impossible à  quantifier – ont été arrêtées et conduites à  la préfecture de police d’Abidjan. Nous avons appris récemment que trois d’entre elles avaient été enlevées dans leur cellule et sont désormais introuvables. » Représailles Dans les rues d’Abidjan, les rumeurs n’en finissent pas de se répandre. Depuis plusieurs jours, des histoires effrayantes de « marquage » des maisons circulent : des partisans d’un camp ou de l’autre patrouilleraient dans les quartiers en marquant les portes des maisons de lettres désignant l’appartenance du propriétaire à  une ethnie ou à  un parti politique, faisant d’eux d’éventuelles cibles pour des représailles. La gravité de ces incidents, repris dans les médias, est délicate à  évaluer. Le site « Les Observateurs » de France 24, qui appelle les Ivoiriens à  témoigner, y a consacré un article qui a par la suite été abondamment commenté par les internautes : un certain nombre d’entre eux expliquent que ce marquage n’a en fait rien à  voir avec des « repérages » menés par les deux camps, mais qu’ils correspondent à  des indications de la vie quotidienne : par exemple, un « D » peint sur une porte signifierait tout simplement « à  démolir », et pas « dioula ». Pour Amnesty International, il s’agit effectivement d’un phénomène extrêmement difficile à  vérifier. « S’il est vrai, il reste très marginal », estime Salvatore Saguès.

PDES : Un bébé très fragile

De vrais apprentis politiciens « Un géant aux pieds d’argile » titrions-nous il y a quelques mois. Apparemment, nous ne nous étions pas trompés. Et le mal semble encore plus sérieux qu’on ne le pensait. Les symptômes apparaissent déjà  moins d’un an après la création du PDES qui a pourtant reçu la bénédiction du Président de la République. Ce qui a priori lui permettait d’asseoir sa crédibilité. Loin s’en faut ! En dehors de N’Diaye Bah, le transfuge du CNID au sein du PDES, il est difficile de désigner un fin stratège politique au sein du PDES capable de penser une ligne directrice et un programme ambitieux pour le parti. Comme le serait un Soumeylou Boubèye Maiga pour l’Adema, un Abdoul Wahab Berthé pour l’URD ou encore un Bakary Tereta pour le RPM. Le PDES semble dépourvu de « penseurs » ! En effet, la plupart des ténors de ce parti sont des opérateurs économiques qui finalement semblent plus soucieux de leurs affaires que de politique en tant que telle. Exemple Jeamille Bittar, le numéro deux du PDES, qui a prouvé à  suffisance son inexpérience politique lors des législatives dernières face aux candidats du CNID en commune V. Malgré la pluie des millions sur les électeurs, le nouveau président du Conseil Economique, Social et Culturela mordu la poussière devant Fanta Mathini Diarra, qui a conservé son siège en Commune V. Le parti va-t-il vers les mêmes déboires électoraux que ces leaders ? l’onction présidentielle insuffisante ? Conformément à  la lettre circulaire n° 003 PDES en date du 05 octobre 2010, signée de son président Hamed Diane Semega, le Parti pour le Développement Economique et la Solidarité continue l’installation de ses structures de base à  travers tout le pays. A l’exception de quelques localités, les choses se passent dans une atmosphère de tension avec l’existence de deux bureaux qui s’installent et fonctionnent en parallèle. Quelle image pour un parti que se dit « rassembleur »? Parmi les nombreux cas signalés, C’’est à  Bankass o๠les uns ont porté plainte contre les autres que la situation semble plus inquiétante. Chez les amis d’ATT (comme si les autres étaient ses ennemis) le consensus a fait défaut là  o๠il est cependant nécessaire. Le PDES semble déjà  victime de son succès car apparaissant comme un synonyme de pouvoir et d’argent facile pour des acteurs et militants sans conviction. Dans tous les cas, au bal des opportunistes, se faire écraser les orteils est un bien moindre mal dont personne ne devrait se plaindre.

Le crédit Jemeni en difficulté

Cette situation est due au fait que l’institution bancaire n’arrive pas à  recouvrer ses créances auprès de l’Etat (son principal débiteur) ainsi que de certains promoteurs d’établissements d’enseignement privé En effet, l’Etat malien et certains promoteurs d’établissements privés doivent à  eux seuls plus de 2 milliards de F CFA à  JEMENI. Ce faramineux montant, s’il avait été remboursé à  JEMENI dans le délai convenu, devrait lui permettre non seulement d’honorer ses engagements vis-à -vis de ses partenaires bancaires et d’autres créanciers, mais aussi de mener avec tranquillité, ses diverses activités financières. Mais hélas, ce n’est pas le cas. Jemeni, institution altruiste Et pourtant, C’’est une part importante que JEMENI s’est engagée (depuis sa création) à  prendre en faveur de l’éducation dans notre pays. Pour preuve, l’institution alloue annuellement 60% de son financement (environ 3 500 000 000 de F CFA) dans les charges de 170 établissements privés à  travers le pays. A travers cet engagement, du reste noble, l’institution de microfinance entend non seulement apporter sa pierre au rayonnement du système éducatif, mais aussi et surtout à  mieux épauler l’Etat à  circonscrire l’épineuse question de la gestion des flux. Ainsi, JEMENI s’était assignée le financement (chaque début d’année) des charges des 170 écoles. Il revient donc aux promoteurs de ces écoles de s’acquitter du remplacement avant la fin du mois de mars. Le hic est que cette échéance n’est jamais respectée par les gros débiteurs de l’institution. Ce retard de payment, explique Ibrahima Kéno Traoré, ex D.G de JEMENI, a entraà®né des conséquences facheuses sur la bonne marche de l’institution. Toutefois, reconnaà®t-il, les problèmes de trésorerie que connaà®t JEMENI sont exogènes, . En outre, la conjoncture de crise économique (de l’année dernière) qui a frappé de plein fouet l’économie nationale y a joué beaucoup dans le remboursement des prêts alloués à  l’Etat. Détournement interne A cela, il faut ajouter le détournement du circuit de remboursement par le fait d’agents véreux de l’Etat et de la mauvaise foi (dans le remboursement) de certains promoteurs d’écoles ». Par ailleurs, a déploré M. Traoré, la situation actuelle a quelque peu ébranlé la confiance que certains partenaires bancaires avaient placée en l’institution. Malgré cela, a-t-il rassuré, « tout rentrera dans l’ordre ».Interrogé par nos soins, le président du Conseil d’Administration de JEMENI, M. Dassé Mariko dira pour sa part, que cette situation conjoncturelle n’a jamais été vécue par l’institution depuis sa création. Actuellement l’Etat s’est arrogé le devoir régalien de nommer à  la tete de l’institution, un administrateur provisoire. Ainsi, un vaste processus de recouvrement a été entamé contre les débiteurs de JEMENI, dont certains pourraient même faire bientôt l’objet d’une poursuite judiciaire.Pour le moment, l’administrateur provisoire n’a pas annoncé de licenciements massifs du personnel. Pour que la structure arrive à  sortir de l’ornière, il faut que l’Etat lui-même mette la main à  la poche pour sauver ce réseau fort de 50 milles adhérents, d’une multitude de caisse et qui emploie de manière permanente une centaine de personnes. Il ne fait l’ombre d’aucun doute, que ce financement direct de l’Etat permettra de restaurer la confiance de la clientèle.

Magouilles à la FLASH : les étudiants crient au ras-le-bol

Créée en 1996, la FLASH était jusqu’en 2002 considérée comme la faculté la plus prisée pour les étudiants des séries littéraires. Au début, les bourses des étudiants étaient payées régulièrement. Il existe deux sortes de bourses : La bourse entière qui s’élève à  26520 FCFA/mois et la demi-bourse allouée pour neuf mois. Avant ces bourses, les étudiants bénéficiaient du trousseau d’enciron 38000 FCFA et octroyée en début d’année pour l’achat des fournitures scolaires. Parfois, les étudiants peuvent attendre jusqu’ à  quatre mois sans toucher à  leurs trousseaux. Avec plus de 16.000 étudiants pour l’année scolaire 2008/2009, la FLASH vit sa pire année en matière de délivrance des bourses. Ce n’est qu’en début mai, que les étudiants des DEUG I et II, ont pu avoir leur argent. Ceux de la licence et de la maà®trise, ont commencé à  toucher les leurs à  partir de la mi-juin. La bourse ou la vie: un parcours du combattant La totalité de la somme s’élève à  236.250 FCFA, ajoutée à  la bourse de vacances de 40.000 FCFA. Pour obtenir cet argent, la plupart des étudiants passent la nuit à  l’école en espérant toucher leur argent le lendemain. D’autres passent par des voies plus rapides. Une liste est mise à  la disposition de 30 étudiants tous les jours par un comptable de la fac. Pour ceux qui ont la chance de s’inscrire sur cette fameuse liste, ils n’ont pas besoin de faire la queue comme les autres et sont directement payés par ledit comptable en échange des 5000 FCFA par personne. Il gagne ainsi 150.000 FCFA par jour. Mais , il n’est pas le seul magouilleur dans l’histoire, car certains membres de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM), font des négociations comme ils disent, à  leur niveau. Ce sont eux qui établissent les fameuses listes sur lesquelles s’inscrivent les étudiants.  » On arrive ainsi à  maintenir l’ordre… » affirme l’un deux. Parfois, ils prennent 2000 FCFA, 3000 FCFA ou 5000 FCFA avec les étudiants. Les affaires se règlent dans le bureau du comptable qui reçoit aussi sa part, donnée par l’AEEM. Même les gardiens de l’école sont dans la combine : à  l’heure o๠les comptables vont en pause déjeuner, certains étudiants les suivent dans leurs bureaux. Ceux chargés de sécuriser la porte d’entrée, réclament alors un droit d’entrée de 1000 FCFA. En clair, C’’est toute l’échelle de l’administration scolaire qui est impliquée. Difficultés des étudiants Les étudiants malienssont continuellement dans le besoin. La plupart d’entre eux viiennent des régions et n’ont pas de proches à  Bamako. Ils payent leur loyer, leur nourriture, leurs fournitures et le transport. Sans bourse, étudier prend alors des allures de lutte pour la survie personnelle. Beaucoup se plaignent de ces pratiques indignes qui salissent l’image de leur fac. Tous les jours, des membres de l’AEEM se disputent avec les autres étudiants à  cause des nouveaux infiltrés. « Ils se mettent en tête qu’ils son responsables de l’école et de l’argent des étudiants», se plaint Mahamadou, étudiant en licence de philosophie. Il est grand temps que les responsables de l’éducation agissent car cette situation n’honore nullement l’université malienne.