Enlèvements : comment se déroulent les négociations ?

Qu’ils soient Occidentaux ou Africains, les otages des groupes terroristes au Sahel sont rarement libérés sans contreparties. Avant d’aboutir aux libérations, des négociations sont menées. Parfois longues et à rebondissements, elles sont conduites dans une grande discrétion.

Dès la prise d’otages, une première revendication est généralement faite par le groupe qui détient les captifs. « Une  vidéo dans laquelle l’otage s’exprime et qui fait en même temps office de preuve de vie », explique une source proche des négociations avec le JNIM.

À l’en croire, à partir de ce moment, le pays d’où est originaire l’otage cherche un médiateur. Ce dernier se dirige ensuite vers les ravisseurs. « Cela peut être aussi des coups de téléphone, mais c’est plutôt rare, parce que tout le monde écoute tout le monde dans la zone », nous glisse-t-elle.

Les ravisseurs posent ensuite leurs conditions au médiateur, qui  rend compte à son tour à un représentant des pays concernés ou à un diplomate. Les services de renseignement de certains pays sont généralement impliqués, selon notre source.

Le médiateur repart à nouveau vers les ravisseurs, avec une réponse qui est souvent la demande d’une preuve de vie particulière des otages, à travers des questions intimes auxquelles seuls ces derniers peuvent répondre. « Par exemple, la date de son mariage, ou celle de la naissance de son premier fils ». Il revient vers ses employeurs avec les réponses et repart avec de nouvelles questions.

« Cela peut prendre des semaines, voire des mois. Généralement ça bloque sur deux choses. Le montant, parce qu’il n’y a pas de prix fixe. On fait monter les enchères. Ensuite, comme preuve de bonne foi, on peut amener des médicaments à l’otage jusqu’à sa libération ».

Une fois que les deux parties tombent d’accord, le processus de libération est enclenché. Un dispositif de sécurité est mis en place pour s’assurer que toutes les conditions sont réunies. Selon notre interlocuteur, tout est calibré. « Les djihadistes ont le temps de compter l’argent et de se mettre en sécurité et l’otage repart avec le médiateur ou l’intermédiaire ».

Dans la plupart des cas, les otages sont très peu tenus au courant de l’évolution des négociations. Olivier Dubois, otage français libéré des mains du JNIM en mars dernier après près de 2 ans de captivité, assurait dans la longue interview qu’il nous a accordée ensuite qu’il était maintenu dans le flou.

« Seul moment où je comprends qu’il y a des négociations, c’est en novembre 2021. Parce qu’ils viennent me voir pour tourner une vidéo preuve de vie. On me dit qu’ils sont en train de discuter avec les Français et que ces derniers demandent cette vidéo. Mais je n’étais pas tenu au courant de ce qui se passait ».

JNIM : le lucratif business des enlèvements

Même s’il n’en détient pas le monopole, le JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) a érigé au fil des années les enlèvements au Sahel en modus operandi. Depuis que sa rivalité s’est accentuée, à partir de février 2020, avec l’EIGS (État islamique au grand Sahara), le groupe d’Iyad Ag Ghaly a multiplié les rapts. Expatriés européens, nationaux de divers profils, la liste des otages passés, ou qui sont encore dans les mains du JNIM au Mali, est longue. Que tire ce groupe terroriste de ces enlèvements ?

Officiellement, pour la libération le 20 mars 2023 de l’ex-dernier otage français dans le monde, Olivier Dubois, détenu pendant près de deux ans par le JNIM, et de l’humanitaire américain Jeffrey Woodke, enlevé au Niger en 2016, les autorités françaises et américaines sont catégoriques : aucune rançon n’a été versée et aucune libération de prisonniers n’a servi de monnaie d’échange.

Mais difficile de s’en tenir à ces versions quand on sait que dans la plupart des enlèvements d’Occidentaux en Afrique, la libération n’intervient qu’après des paiements de rançons et/ou la remise en liberté de terroristes prisonniers. À en croire certaines sources issues du renseignement malien et relayées par des médias locaux, au moins quelques millions d’euros auraient été versés pour obtenir la libération des deux ex-otages.

L’ancien Président François Hollande reconnaissait en 2016  que des rançons avaient été payées pour certains Français retenus en captivité, en l’occurrence les journalistes Hervé Ghesquière et Stéphane Taponnier, enlevés en Afghanistan en 2009 et libérés en 2011, et  Florence Aubenas, enlevée en 2005 en Irak puis libérée quelques mois après.

Comme pour Olivier Dubois, près de 3 ans plus tôt, Paris a toujours démenti avoir payé, en plus d’échange de prisonniers,  pour la libération de Sophie Pétronin, autre otage française longtemps détenue au Mali et libérée en octobre 2020 en même temps que l’ancien Chef de file de l’opposition malienne Soumaïla Cissé et 2 Italiens, Nicola Chiacchio et Pier Luigi Maccalli.

Dans la foulée, sur RFI, Ahmada Ag Bibi, ancien membre d’un groupe djihadiste qui sert quelquefois d’intermédiaire lors des négociations, affirmait que 2 millions d’euros avaient été versés comme rançon au JNIM  pour l’ancien Président de l’URD, décédé depuis.

De l’argent et des concessions

La manne financière que le JNIM et les groupes terroristes tirent des enlèvements est très importante. Une source spécialiste de ces mouvements djihadistes l’estime à « 40 à 50 milliards de francs CFA perçus de 2003 à aujourd’hui ». « La prise d’otages européens  a fait des djihadistes au Sahel des milliardaires en francs CFA, cela ne fait aucun doute », avance cette source, qui a requis l’anonymat. De son point de vue, c’est d’ailleurs pour cette raison que les Occidentaux, et plus particulièrement les Européens, sont les cibles privilégiées du JNIM, parce que les pays d’où ces derniers sont originaires entament vite des négociations pour obtenir leur libération.

« Lorsqu’ils prennent des Européens et des Africains, ils libèrent plus rapidement les Africains pour deux raisons. D’abord, parce que ces derniers n’ont pas de valeur marchande, leurs États n’ont pas d’argent pour payer. Ensuite parce qu’ils font attention à ne pas enlever des locaux dans les zones qu’ils occupent. Cela pourrait amener des relations difficiles entre eux et les autochtones », explique notre source.

En dehors de l’argent qu’il perçoit à travers les rapts, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, affilié à Al Qaeda, tire d’autres avantages. « Les enlèvements rapportent soit de l’argent, soit une occasion de négocier pour aboutir à des concessions ou obtenir des accords. Souvent, ils enlèvent des chefs de villages pour faire un forcing afin d’obtenir un accord local ou un avantage quelconque », affirme un ex-otage malien.

« Dans le centre du Mali, quand le JNIM enlève des personnalités locales, politiques ou influentes dans un village ou dans une ville, il négocie des concessions qui peuvent être endogènes. Si, par exemple, on les empêche de se ravitailler en carburant dans un village qui fait de l’autodéfense, s’ils y enlèvent quelqu’un ils poussent les pions pour qu’on leur ouvre la route, qu’ils puissent quelquefois venir à la foire se ravitailler en denrées, acheter des engins ou vendre leur bétail », confie celui qui a passé deux mois au centre du Mali en 2018 dans les mains d’un groupe affilié au JNIM.

Selon lui, d’autres profils en dehors des Occidentaux intéressent le groupe dirigé par Iyad Ag Ghaly. Administrateurs civils, militaires, politiques ou encore journalistes, « dès  qu’ils jugent pouvoir tirer contrepartie d’une cible, ils n’hésitent pas ». Dans plusieurs cas, les libérations d’otages interviennent aussi après celle de prisonniers, de certaines voies ou encore l’obtention d’une garantie de non coopération avec l’armée de la part des populations.

Manque de ressources ?

C’est inédit. Quatre vidéos de revendication d’otages enregistrées et diffusées sur les réseaux sociaux en l’espace de quelques jours (entre le 28 et le 30 mai 2023). Jamais le JNIM n’avait autant « exhibé » ses captifs dans un délai aussi court. Comme à l’accoutumée dans ce genre de vidéos, le message de fond reste le même. Les otages, 1 Sud-africain et 3 Maliens, appellent les autorités de leurs pays et leurs familles à négocier leur libération.

Dans deux vidéos enregistrées le 26 mai et diffusées deux jours plus tard, le Sud-africain Gert Jacobus van Deventer, 48 ans, demande d’urgence de l’aide ou toute forme d’assistance pour faciliter ou activer toute action qui puisse conduire à sa libération.

Pour sa part Abdou Maïga, ancien député, et proche du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga selon certaines sources, appelle également le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, et le Chef du gouvernement à tout faire pour négocier sa libération, affirmant souffrir de glaucome, de diabète et de tension.

« J’ai été arrêté par les djihadistes le 18 mars 2023 entre Koala et Nara et actuellement je suis en vie. J’étais blessé le jour où l’on m’a arrêté. Actuellement, je suis en bonne santé. Je veux que le gouvernement m’aide pour que je rentre à la maison », implore de son côté, dans une autre vidéo enregistrée le 28 mai, le Caporal Oumar Diakité, élément du 34ème Bataillon du Génie militaire.

Tout comme lui, le même jour, Abdoulaye Kanté, garde forestier enlevé fin mars dans un poste à Kita, demande dans une autre vidéo de l’aide des autorités, à ses collègues et à sa famille pour recouvrer la liberté.

La nouvelle méthode employée par le JNIM, d’autant plus avec des otages relativement peu connus, suscite des interrogations. Le groupe est-il en manque de ressources financières et est-il en train d’activer des leviers de négociations pour le combler ? Est-il en train d’expérimenter une nouvelle stratégie ? Pour l’analyste sécuritaire, spécialiste des groupes djihadistes du centre et du nord du Mali, Yida Diall, la réponse à ces deux interrogations est négative.

« Pour moi, ces vidéos ne sont  pas pour chercher de l’argent, parce que en général les otages africains ne sont pas susceptibles de faire gagner beaucoup aux terroristes. Je pense qu’ils sont en train de le faire pour un autre motif, un échange de prisonniers. Ces derniers mois, ils ont eu certains lieutenants importants arrêtés, certains, pendant que Barkhane était encore là et d’autres avec la montée en puissance de l’armée ».

Quelques otages occidentaux, dont la « valeur marchande » est réputée plus grande, sont toujours aux mains du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans. Parmi eux, entre autres, le quadragénaire roumain Iulian Ghergut, enlevé en avril 2015 au Burkina Faso puis transféré vers le Mali, et trois Italiens, Rocco Antonio Langone et Maria Donata Caivano, 64 et 62 ans, et leur fils Giovanni, 43 ans, capturés au Mali  le 19 mai 2022.

Olivier Dubois : 6 mois de captivité

8 avril 2021- 8 octobre 2021. Cela fait 6 mois jour pour jour qu’Olivier Dubois, journaliste français, ancien collaborateur de Journal du Mali, a été enlevé à Gao par un  groupe djihadiste.

Pour marquer cette date, le comité de soutien à Olivier Dubois a organisé à la Maison de la presse une masterclass autour de six journalistes pour évoquer « un métier d’engagement ».

Le doyen Diomansi Bomboté, Maciré Diop, journaliste-reporter presse écrite, Mahamadou Touré de Studio Tamani, la correspondante de France 24 au Mali, Anne-Fleur Lespiaud, le photographe Nicolas Réméné, et Abdoulaye Guindo de la plateforme Benbere, ont successivement partagé leurs expériences pratiques du métier avec le public essentiellement composé de jeunes étudiants en journalisme.

Parralèlement, en France, à l’initiative de Reporters sans frontières, 12 grandes villes, en plus du 10è arrondissement de Paris, porteront à 13 le nombre de mairies qui déploient une banderole de soutien à la libération d’Olivier Dubois sur leur façade à partir de ce 8 octobre. Il s’agit de Paris, Bayeux, Fort-de-France d’où est originaire la famille du journaliste, Marseille, Nantes puis Lyon, Nice, Bordeaux, Pau, Montpellier, Rennes, La Rochelle et Reims.

Dans l’espoir d’une libération prochaine

Déborah Al Hawi Al Masri, la compagne d’Olivier, avec qui il a deux enfants de 13 et 5 ans, reste confiante et ne doute « pas un seul jour » de le revoir.

«C’est très dur. Nous à la maison, nous sommes passés de la vie avec un super papa à la vie sans papa. On n’était pas préparé mais on reste unis, soudés et forts, parce qu’on l’aime et il compte sur nous pour qu’on puisse tenir et c’est cela notre motivation, tenir pour lui jusqu’à son retour pour reprendre tous ensemble une vie normale », confie-t-elle.

Les Etats malien et français engagés dans sa libération travaillent dans la discrétion. Une  discrétion que Déborah comprend et respecte mais qui lui est « douloureuse » parce que « c’est difficile de se lever chaque jour sans avoir une seule nouvelle de lui. C’est cela qui est le plus dur pour lui et pour nous, de ne pas avoir de contacts ». Pour autant, elle n’abandonne pas l’espoir d’une libération prochaine.

Pour rappel, dans une vidéo de 21 secondes diffusée sur les réseaux sociaux dans la nuit du 4 au 5 mai Olivier Dubois, qui s’était rendu à Gao début avril, confirmait son enlèvement par le GSIM (Groupe de Soutien à l’Islam et aux musulmans) et demandait à sa famille, ses amis, et aux autorités françaises de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour le faire libérer.

Oumar Aldiana : « Avec Sobame, nous avons atteint un nouveau seuil »

Après deux semaines de captivité, Oumar Aldiana a été libéré début juin par ses ravisseurs. Membre actif de la communauté peul, adhérent du MNLA et ancien chef d’un éphémère mouvement armé, Aldiana se présente comme un « acteur majeur » du Centre. Dans cet entretien, il revient sur sa captivité, la situation dans le centre et la possibilité de négocier avec les djihadistes.

Vous avez été enlevé par des hommes armés dans la nuit du 19 au 20 mai, avant d’être libéré deux semaines plus tard. Qui étaient vos ravisseurs ?

C’étaient des individus qui sont venus à motos et qui parlaient peul.

Pourquoi avez-vous été ciblé ?

Je crois que c’était une erreur. Ils sont venus vers une heure du matin. J’étais couché avec famille. J’ai entendu une kalachnikov engager une balle. J’ai éloigné mon épouse de moi. Directement j’ai pensé que c’était des personnes qui venaient pour me tuer. Ils m’ont touché afin que je me réveille, car je faisais semblant de dormir. Celui qui essayait de me réveiller m’a dit de ne pas avoir peur, qu’ils souhaitaient simplement me poser des questions. Je me suis donc levé, je les ai suivis et une fois devant la porte ils m’ont demandé si je savais qui m’arrêtait. J’ai rétorqué que non et ils m’ont dit qu’ils étaient d’Al Qaeda. Nous avons pris la route et traversé un petit fleuve, jusqu’à arriver dans une forêt. Une fois là-bas, ils m’ont bandé les yeux et ligoté. Nous avons été dans trois localités. Dans la troisième, j’ai été présenté à un homme qui m’a posé la question de savoir si j’avais connaissance du motif de mon arrestation. J’ai dit non. Il m’a demandé si je connaissais une certaine personne, j’ai répondu « oui, de vue je le connais ». « Quel lien avez-vous ? » a-t-il rebondi. « Nous nous rencontrons chez certains doyens peuls à Bamako. La dernière fois, je l’ai vu au lancement du DDR de Mopti ». « Il a été arrêté avec son accompagnant » m’a-t-il coupé. « Lors de son interrogatoire, il a parlé de toi concernant le DDR ». Il a ajouté qu’ils allaient me donner l’audio afin que je puisse écouter moi-même. Ils m’ont assuré qu’ils n’allaient ni me torturer, ni me faire mal d’une quelconque manière. Toutefois, mon interlocuteur a précisé qu’aucune intervention ne saurait me libérer et qu’il ne me fallait que dire la vérité. Ils m’ont ensuite transféré ailleurs. Au fur et à mesure que les jours passaient, mes conditions de captivité s’amélioraient. Ils ont même fini par me donner une couverture, seule la nourriture ne me plaisait pas. Au bout de ma deuxième semaine de captivité, l’un de leurs agents de liaison est venu me voir. Il m’a fait savoir que le motif qui m’avait été donné comme ayant conduit à mon arrestation n’était qu’un prétexte. « C’était autre chose ». Ils ont fait des vérifications et se sont rendu compte qu’ils s’étaient trompés et qu’en aucun cas je ne m’étais mêlé de leurs activités. Mes liens m’ont été enlevés. J’ai essayé de savoir quel était réellement le motif de mon arrestation mais je n’ai pas eu gain de cause. J’ai été escorté vers un village voisin. Je voulais qu’ils m’emmènent ailleurs, mais les ordres reçus ne le permettaient pas. Ils m’ont remis 20 000 francs CFA pour le transport. J’ai donc pris la route pour arriver chez moi le lendemain.

Des négociations entre votre famille et les ravisseurs auraient-elles abouti à cette libération ?

Je ne pense pas que les négociations de la famille puissent changer quoi que ce soit avec ces gens. La seule chance que j’ai eu, c’est que je n’avais rien fait. Lors de mon arrestation, l’un de mes frères a assisté la scène. Ma femme ne dormait pas non plus. Mes frères ont appelé les médias, envoyé des messages dans différents groupes WhatsApp. Il n’y a pas eu de négociation, aucune rançon, rien de tout cela.

En 2016, vous avez lancé un mouvement politico-militaire pour la sauvegarde de l’identité peule, avant de déposer les armes la même année. Au regard de la situation actuelle, le regrettez-vous?

Non, je ne le regrette pas. Je n’ai jamais été sur le plateau dogon. Je n’ai jamais eu de problème avec les Dogons, ce sont mes frères. Depuis que le conflit intercommunautaire a débuté, je n’ai jamais rien commenté. Je suis le fils d’un chef de canton qui regroupe plusieurs communautés. Je ne peux pas prendre position pour une d’entre elles. Je n’ai jamais tiré sur un Dogon. L’État doit savoir qu’entre nous, Peuls et Dogons, il n’y a aucun problème. Je veux même organiser une rencontre intercommunautaire à l’intérieur du Macina, pour mettre tout le monde ensemble.

Comment en est-on arrivé à une situation aussi explosive dans le centre ?

L’État a fait de son mieux, mais il a été incomplet. L’État reçoit de nombreuses informations mais il n’arrive pas à les trier. Il invite les maires, les élus locaux et beaucoup d’autres acteurs. Il y a eu plus de 1 000 rencontres. Si je t’appelle pour résoudre un problème dans ta localité et que tu n’y arrives pas, je te mets de côté et je chemine avec un autre acteur, plus actif. Mais non, l’État ne change pas l’équipe qui échoue. C’est cela le problème. Un adage peul nous apprend « au lieu de donner à celui supplie celui qui te frappe, donne directement à ton tortionnaire, il arrêtera ».  C’est ce que l’État fait, donner à celui qui supplie. Il y a certains grands acteurs dans le centre auxquels aucun groupe n’oserait toucher et qui bénéficient de crédit, mais ils disent que s’ils ne sont pas mandatés par l’État ils ne bougeront pas. Je connais tous les acteurs qui œuvrent sur le terrain. Quand la zone a été désertée, j’y étais encore. Les populations du centre ont été laissées à l’abandon. Je l’ai dit à l’Assemblée nationale : les méthodes des djihadistes plaisent plus aux populations que celles de l’armée. Ils viennent pour prêcher, en disant que c’est ce que le Prophète a dit, et cela va droit au cœur des populations, puisqu’elles sont musulmanes. Quand l’armée vient dans la zone, c’est pour les impôts, c’est pour torturer, c’est pour tuer. Le pire pour un peul c’est l’humiliation. Lors de certaines rencontres, l’État procède même à des arrestations dans la salle. Et cela lui fait perdre du crédit. Il y a également un manque d’honnêteté de la part de beaucoup. De fait, lorsque certains viennent à ces rencontres et que des questions leur sont posées, ils rechignent à répondre, car après ils doivent retourner chez eux. Ce n’est pas dans une salle avec des officiers et des hommes en armes qui les gens auront le cœur de parler. La MINUSMA est dans le Centre. Lors d’une rencontre avec Annadif, j’ai eu l’occasion de lui dire que le Peul était très méfiant. Il ne parle pas à un inconnu, il ne fait pas confiance à des inconnus. Il n’est donc pas crédible de mandater des Congolais ou d’autres pour parler avec cette communauté, mieux vaut avoir des acteurs venant de la zone. Et le centre ce n’est que pas que Mopti ville, les rencontres ne devraient pas s’y tenir.

International Crisis Group préconise de dialoguer avec les djihadistes. Estimez-vous que la solution passe par ce dialogue ?

Oui. Un adage peul dit « quand tu ne peux pas, tu encaisses ». Ils sont nombreux, lourdement armés, très bien équipés, et, c’est le plus important, déterminés. Ils ont aussi une apparence trompeuse. Ils portent la même tenue que les civils. En aucun cas je ne vois pas comment l’armée malienne, qui est une armée composée de toutes les communautés, peut mener des assauts dans le Macina si ce n’est pour tuer des civils. Puisque c’est comme cela, mieux vaut négocier. Et le faire avec prudence, intelligemment et lentement. Il faut savoir qui épauler. Je soutiens à 100% la négociation avec eux. Si l’Occident, la France ou tout autre pays, nous dit de ne pas négocier, je comprends sa position. Et je pense qu’aucune négociation n’a eu lieu pour leurs otages. Ils ont été tranquillement réacheminés chez eux. Pour le Mali, il est bon de négocier. Il a déjà un point en commun avec ces gens : ils n’ont jamais voulu la division de ce pays. La Charia, c’est le mot arabe qui renvoie à la justice. Qui dit justice dit clarification. Si tu veux la clarification et moi aussi, pourquoi un conflit ? L’État doit s’engager en toute dignité à parler avec ses fils en tête-à-tête. Sans la médiation de l’Algérie, de la Guinée ou du Burkina. À continuer ainsi, la situation risque de lui échapper.

N’est-ce pas déjà le cas ?

Après ce qui s’est passé le 10 juin, nous avons atteint un nouveau seuil. Les Peuls disent que Dana Ambassagou a été épaulé, financé, formé par l’État pour les massacrer. Le même discours est repris par Dana Ambassagou. L’État, c’est qui alors ? Sur quel pied danse-t-il ? Que gagnerait l’État à faire massacrer ses fils ? Ça n’a pas de sens.

Comment dialoguer quand les positions sont aussi tranchées ?

C’est une question complexe. Les terroristes ne peuvent pas imposer à tout un État ce qu’ils veulent, mais l’État non plus ne pas leur imposer toutes ses conditions. Ils définissent la Charia comme étant la justice. Dans la Constitution, il peut y avoir le respect de la justice. Pas la Charia, mais le respect de la justice.

Pendant l’occupation du nord, ce n’était pas vraiment cela leur conception de la Charia…

Il est bon d’essayer de privilégier le dialogue. Ceux que je connais parmi eux ne coupent pas les mains et ne tabassent pas non plus. Si ce n’est durant ma captivité, je n’ai jamais été dans leurs bases. Je ne pense qu’ils soient à ce niveau. Négocier avec eux va soulager le pays

CMA et MSA-GATIA : la guerre des mots

Entre la CMA et le MSA-GATIA, la tension monte. Le 15 mai, le président  de la CMA à Ménaka aurait été enlevé par le MSA, puis relâché.  La CMA accuse, le MSA dément. Le même jour, des responsables du GATIA  du cercle de Gourma Rharous (Tombouctou) adhèrent au HCUA, membre de la CMA. Le GATIA  réagit.

Le 11 octobre 2017, plusieurs chefs de fraction ont démissionné du MSA, dont Siguidi Ag Maditt pour rejoindre le HCUA, membre de la CMA.  Un revirement que Moussa Ag Acharatoumane, l’un des fondateurs du MNLA et actuel secrétaire général du MSA ne digère pas, mais  considère de même  sans impact.

Le démissionnaire du MSA, Siguidi Ag Madit,  devenu président de la CMA à Ménaka a été enlevé le 15 mai 2018 alors qu’il sortait d’une mosquée. Le 2ème  adjoint au maire de Ménaka est aussi le chef de la fraction Idoguiritane de la communauté Daoussahak .

La CMA, dans un communiqué publié le lendemain informe que l’intéressé a été enlevé « par un certain Almahmoud Ag FANGAS, homme de main de Moussa Ag Acharatoumane ». Le communiqué poursuit : « cette montée verbale, suivi des enlèvements pourrait mettre à mal les relations déjà entamées entre la CMA et cette milice dans la zone de Ménaka. Les hommes de cette milice sont à leur énième fois de s’en prendre ouvertement à des populations pour leur appartenance à la CMA », accuse ainsi la coordination. La réponse ne s’est pas faite attendre. Le MSA, lui aussi, dans un communiqué dément ce qu’il qualifie d’ « allégations mensongères et honteuses  dictées par le HCUA ». Il rappelle que le contentieux qui a opposé Siguidi Ag Madit et Almahmoud Ag Fangas « a été réglé à l’amiable et en famille », excluant toute implication d’un quelconque mouvement.  Le MSA dit « condamner l’intimidation orchestrée par les groupes armés terroristes (GAT) à l’endroit des populations des régions de Ménaka, Gao et Tombouctou au profit du HCUA. » De même, il accuse le HCUA d’avoir assassiné deux de ses officiers,  et enlever puis massacrer plusieurs civils », soutient-il.

 CMA et GATIA : la discorde

Le 15 mai 2018,  des élus et notables du cercle du Gourma Rharous démissionnent du GATIA et adhèrent au HCUA. Dans le même communiqué du 16 mai, la Coordination des Mouvements de l’Azawad s’était réjouie de la nouvelle estimant que ce « retour n’est qu’une délivrance du joug du GATIA ». Par la même occasion, elle informe que « depuis un certain temps, des communiqués de certains responsables du GATIA affichent une rhétorique tendant à mettre à mal les accords du 20 septembre 2017 signés entre la CMA et la Plateforme », note la déclaration, appelant « à la retenue et au sens élevé de responsabilité. »

De son côté, le GATIA dans son communiqué du 16 mai,  dit prendre acte de cette  démission et  « informe que ces revirements s’opèrent en application des directives des Groupes Armés Terroristes, qui viennent d’arriver massivement dans le Gourma », réplique-t-il.  Il invite les acteurs du processus  de paix « de cesser de se voiler la face et à faire face à la réalité en dénonçant et combattant la collusion que certains mouvements signataires continuent d’entretenir avec les Groupes Armés Terroristes » conseille le communiqué.

La flambée de ses  échanges  est  indicatrice des divergences entre la coalition MSA-GATIA et la Coordination des Mouvements de l’Azawad.  Pour l’heure,  les différents mouvements appelle à sauvegarder les acquis et réaffirment leur volonté de poursuivre la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.

La religieuse colombienne disparue apparaît dans une vidéo djihadiste

L’agence mauritanienne Al-Akhbar et le centre américain de surveillances des sites djihadistes ont rapporté lundi 29 janvier 2018 que la religieuse colombienne enlevée il y a près d’un an au Mali apparait dans une vidéo. Elle appelle à l’intervention du pape François.

Enlevée le 7 février 2017 à Karangasso, près de Koutiala, la sœur Gloria travaillait depuis six ans comme missionnaire. Sa dernière preuve de vie publique reste une vidéo diffusée en juillet 2017 par le « Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans », lié à Al-Qaïda.

Dans cette nouvelle vidéo de 4min 44 secondes accompagnée d’une voix off en anglais, la religieuse s’adresse directement au pape pour qu’il intervienne pour sa libération et le félicite pour son passage récent en Amérique latine.

Par ailleurs, elle indique que sa captivité continue au moment où les chrétiens de par le monde célèbrent Noel. Cela porte à croire que la vidéo a été enregistré fin décembre.

Le Mali est le théâtre d’enlèvements djihadistes depuis 2012 avec le déclenchement de la crise au Nord. En 2015, ces enlèvements et attaques se sont étendus vers le centre et le sud. Les groupes djihadistes demandent régulièrement des rançons pour la libération de leurs otages mais dans quelques cas aussi les otages sont tués.

Enlèvement du juge du tribunal de grande instance de Niono

Soungalo Koné, Président du tribunal de grande instance de Niono a été enlevé, jeudi 16 novembre, à son domicile. Une atteinte à une autorité étatique aux portes de Bamako qui soulève bien des inquiétudes.

Soungalo Koné, Président du tribunal de grande instance du cercle de Niono (Ségou) à 240 km du nord de Bamako, a été enlevé, à son domicile jeudi entre 19h et 20h par des hommes armés a annoncé le ministre malien de la Justice Mamadou Konaté sur Twitter. Six ravisseurs seraient arrivés près du domicile à bord d’un pick-up et de trois motos. Il a été enlevé devant sa femme qui a tenté de s’y opposer. 

Selon Ibrahim Maiga, chercheur à l’Institut d’Etudes en Sécurité (Institute for Security Studies ISS) « Cet évènement est à mettre dans un contexte plus large. Encore, jeudi deux individus ont enlevé le véhicule du procureur de Gao, qui, finalement a été retrouvé à Kidal. Sans revendication également. Les actes de terrorisme et les actes de banditisme ou de règlement de comptes se chevauchent. Et au Centre, subsiste un véritable désaveu des autorités administratives et en particulier des autorités judiciaires. Sur la base de ces éléments, je pense qu’il n’y a pas une piste à privilégier par rapport à l’autre ».

Survenu exactement à un mois des élections régionales et locales, ça rappelle que la crise multidimensionnelle malienne, n’est pas encore résolue. « On est dans un contexte d’insécurité généralisée et d’absence d’état. Ne pas réussir à assurer la sécurité d’une autorité dans une contrée aussi proche que Niono soulève des interrogations sur la capacité de l’état malien à organiser des élections crédibles »relève M. Maiga. 

Cet enlèvement fait écho à l’évasion de 93 détenus de la prison de Niono, en décembre 2016, suite à une attaque de présumés djihadistes, et ayant entraîné la mort de deux surveillants pénitentiaires. 

Qui est Sophie Pétronin, l’humanitaire française enlevée au Mali ?

Spécialisée dans l’assistance aux enfants mal nourris au sein de l’association Aide à Gao, elle a été enlevée par des hommes armés la veille de Noël. Originaire de l’Ardèche, un département français, elle avait déjà réchappé aux violences à Gao en 2012. Mais ce 24 décembre, la militante humanitaire n’a pas eu autant de chance.

Le ministère des Affaires étrangères a confirmé que Sophie Pétronin a été enlevée à Gao, dans le nord du Mali, par des hommes armés. Des recherches se poursuivaient dimanche pour retrouver cette Française sexagénaire à la tête d’une association d’aide à l’enfance. Le parquet de Paris a ouvert une enquête.Âgée de 66, Sophie Pétronin, connaissait bien la région et ses dangers. Elle vivait depuis le début des années 2000 dans la grande ville du nord du Mali. Médecin nutritionniste, elle était spécialisée dans l’assistance aux enfants malnutris, au sein de l’association suisse « Aide à Gao ». Elle avait échappé de justesse en 2012, grâce à l’aide de rebelles touaregs qui l’avaient exfiltrée vers l’Algérie, aux islamistes armés qui avaient pris pendant plusieurs mois le contrôle de Gao. Dimanche, le ministère français des Affaires étrangères a confirmé le rapt, la veille de Noël, de Sophie Pétronin, assurant « qu’en lien avec les autorités maliennes, les autorités françaises sont pleinement mobilisées pour rechercher et libérer, le plus vite possible, notre compatriote ». « Nous poursuivons les recherches pour retrouver Sophie. Nous avons des hommes sur le terrain pour la retrouver. Mais jusque-là, il n’y a pas de résultat », a confié dimanche matin une source de sécurité malienne. « Des soldats français de la force Barkhane (4 000 hommes dans la région du Sahel) participent activement aux recherches au côté des Maliens », a pour sa part indiqué une source militaire française.

En août 2014, l’opération Barkhane a succédé à l’opération Serval. Laquelle, en janvier 2013, avait mis en déroute les islamistes armés qui avaient conquis une grande partie du nord du Mali, et menaçaient de fondre sur la capitale. Malgré cela, les immensités désertiques de la région sont impossibles à contrôler et le nord du pays reste un secteur instable, où les maquis djihadistes, les rebelles et les contrebandiers dictent par endroits leur loi.Si elle n’est pas libérée rapidement, et l’expérience a prouvé qu’en la matière les premières heures après le rapt sont cruciales, Sophie Pétronin risque de devenir une nouvelle otage française au Sahel. La dernière otage française en date était la Franco-Tunisienne Nourane Houas, enlevée au Yémen en décembre 2015 et libérée en octobre 2016, grâce à une médiation du sultanat d’Oman.Depuis qu’elle a appris la nouvelle de l’enlèvement, non revendiqué à l’heure où nous écrivons ces lignes, la famille de Sophie Pétronin – qui a repris depuis un peu plus d’un an un hôtel-restaurant à Orgnac-L’Aven, (toujours en Ardèche, à la limite du Gard) – est bien évidemment plongée dans l’angoisse. « On ne peut pas s’exprimer pour des raisons de sécurité ; nous avons reçu des consignes très claires des autorités », a expliqué Séverine à un adjoint au maire d’Orgnac-L’Aven qu’elle a eu au téléphone hier matin, alors que la famille est actuellement en vacances.
Entre 2010 et 2013, treize Français ont été enlevés ou tués dans la région du Sahel, par des groupes djihadistes plus ou moins liés à Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), voire des malfaiteurs désireux de revendre leurs prises à Aqmi.Si les revendications proclamées par les djihadistes sont politiques, les enlèvements dans la région sont bien souvent des histoires de rançon et relèvent principalement d’un « business des otages » auquel participent de nombreux intermédiaires.La France paie-t-elle des rançons ?

Pour les cellules spécialisées dans ces négociations au sein des services secrets français, le principal écueil est de parvenir à identifier les bons intermédiaires, ce qui peut prendre des mois. Si officiellement la France refuse de verser des rançons, dans les faits des arrangements financiers, parfois complexes, ont parfois été montés pour permettre des libérations d’otages.
Dans un récent livre de confessions à deux journalistes du Monde, qui a provoqué un tollé politique, le président socialiste François Hollande affirme que depuis son arrivée au pouvoir en 2012, « on n’a pas versé un seul centime ». Mais il nuance ensuite ses propos : « La France ne verse pas de rançon, mais elle a suffisamment d’amis pour que, si ce ne sont pas des rançons, ce soient des services. C’est un geste de courtoisie, de bons rapports, ce ne sont pas de grosses sommes. »

Chibok, il y a 6 mois…

Mais o๠sont-elles passées ? Comment peut-on expliquer que 200 jeunes femmes disparaissent ainsi de la carte ? Qu’est-il advenu d’elles ? Sont-elles seulement encore vivantes ? Quelques unes des questions qui empêchent, depuis six mois, les proches des jeunes filles de Chibok de dormir. Après avoir battu le pavé, en vain, pendant plusieurs semaines, après avoir reçu l’appui de nombreuses personnalités dans leur combat, après avoir été reçus par le Président Goodluck, après les annonces d’intervention internationale pour les recherches…plus rien ! Le silence ! Même leur ravisseur, Abu Bakar Shekau, qui brandissait leur triste sort comme une épée de Damoclès au dessus du Nigéria, n’en parle plus. A-t-il été découragé par le peu d’intérêt que finalement ces jeunes femmes ont aux yeux des autorités nigérianes ? Quand on pense à  la libération des otages camerounais, cette semaine, l’amertume est encore plus grande. Michèle Obama est retournée aux petits obèses américains, Valérie Trierweiler à  son bouquin, Ban Ki Moon a fort à  faire avec Netanyahu et la presse grignote l’os Etat Islamique. Les jeunes filles qui ont battu le pavé de part le monde sont retournées aux frasques de la Kardashian. Aux oubliettes les filles de Chibok. Et pourtant, Boko Haram existe toujours. Ces fous de Dieu continuent d’enlever des jeunes gens, de les embrigader, de tuer. l’armée nigériane continue de faire le black-out sur les combats sur le terrain qu’elle perd les uns après les autres. Chrétiens et musulmans mènent des vendettas cycliques et la mort rôde à  chaque coin de rue dans le grand nord. La charia fait son chemin au fur et à  mesure que l’à‰tat fédéral recule. Pendant ce temps, les parents des 219 jeunes filles, âgées de 12 à  17 ans, prient pour qu’elles reviennent. Aujourd’hui, six mois après, « six mois de douleur, de peine, d’angoisse et de stress », ils sont dans la rue pour demander à  tous, à  l’intérieur comme à  l’extérieur du Nigéria de ne pas les oublier. « Bring back our girls » Ce cri doit retentir, jusqu’à  ce qu’elles reviennent ! Ramenez-nous nos filles !

Mobilisation mondiale pour les jeunes nigérianes

Il faut sauver les filles ! C’’est un élan de solidarité qui s’est créé à  travers le monde depuis environ une semaine. En effet, les fous de Dieu de la secte islamiste Boko Haram annonçaient en début de semaine que les 223 (276 selon les familles) jeunes filles qu’ils avaient enlevées seraient vendues ou traitées en esclaves. Ils en ont enlevé onze autres mardi dernier lors d’une attaque à  la frontière du Cameroun qui a couté la vie à  300 civils. La mobilisation s’intensifie et plusieurs personnalités sont montées au créneau pour demander aux islamistes de relâcher les jeunes filles. #Bringbackourgirls Une pétition en ligne sur le site change.org pour mettre la pression sur le gouvernement nigérian afin que ce dernier mette tout en oeuvre pour la libération des jeunes filles. Goodluck Jonathan, le président du Nigeria a lancé un appel à  l’aide à  la communauté internationale, appel qui a reçu des réponses positives de la France, la Chine, les Etats Unis, entres autres… Sur les réseaux sociaux, les internautes se mobilisent. En trente jours, il a été utilisé près d’1,3 million de fois.Sur Facebook, les appels aux manifestations se sont multipliés. Certaines ont déja eu lieu comme dans plusieurs villes aux Etats Unis, ici Syracuse Ou encore à  Bamako o๠une marche est prévue la semaine prochaine Ce sont les cris et les larmes des mères des jeunes filles qui ont ému le monde entier. Depuis trois semaines, elles ne s’accordent aucun répit et manifestent quasi quotidiennement pour réclamer une action en leur faveur. Sur Twitter, les ONG et de nombreuses personnalités, de Whoopy Goldberg à  Hillary Clinton, multiplient ainsi les appels pour soutenir les recherches et mettre sous pression ceux qui les mettent en œuvre. Leur hashtag de ralliement: #BringBackOurGirls. En attendant le déploiement de l’aide étrangère, la police nigériane a offert, mercredi, 50 millions de nairas (215 000 euros) à  quiconque fournirait des informations permettant de retrouver les otages. Le département d’à‰tat américain a indiqué disposer d’indications selon lesquelles les adolescentes auraient été emmenées dans des pays voisins.

Nord Mali: le retour du MUJAO

En fin de semaine dernière, le massacre de Tamkoutat avait couté la vie à  une trentaine de touareg, assassinés par des membres de l’ethnie peuhl. Selon Bamako, les agresseurs sont des «terroristes », le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA), quant à  lui, pointe un doigt accusateur sur les membres du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO). Lié à  Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (AQMI), ce groupe avait occupé avec d’autres engeances de la nébuleuse terroriste, le nord du Mali en 2012 avant d’en être en partie chassés par une intervention militaire internationale lancée début 2013 à  l’initiative de la France, et toujours en cours. Présent particulièrement dans la région de Gao, o๠ses membres s’étaient rendus coupables des pires exactions, C’’est dans le même périmètre géographique qu’il réapparait après avoir fait profil bas pendant plusieurs mois. Si le massacre de la semaine dernière n’a pas fait l’objet d’annonce officielle du MUJAO, le groupe a formellement revendiqué l’enlèvement d’une équipe du Comité international de la Croix-Rouge. Le CICR avait en effet indiqué le lundi 10 février être sans nouvelles de son équipe depuis le 8 février. l’ONG se disait « inquiète », car n’ayant aucune information sur ce qui leur était arrivé. Enlevés par le MUJAO C’’est à  un journaliste de l’AFP qu’un responsable du mouvement a confirmé ce que l’on craignait. Les quatre travailleurs humanitaires ont bel et bien été enlevés. « Nous avons pris (…) un (véhicule) 4X4 des « ennemis de l’islam » avec leurs complices », a déclaré Yoro Abdoulsalam, responsable connu du Mujao, dans un bref entretien téléphonique avec un journaliste de l’AFP à  Bamako. s’agissait-il de l’équipe du CICR ? Il a répondu : « Oui », avant de préciser qu’« ils sont en vie et en bonne santé », sans donner plus de détails. En plus des quatre travailleurs du CICR enlevés, un cinquième homme, un vétérinaire appartenant à  une autre organisation se trouvait à  bord du véhicule. Les cinq personnes sont toutes de nationalité malienne. Elles voyageaient sur le trajet entre Kidal (extrême nord-est) et Gao (nord-est), d’après un porte-parole du CICR, Alexis Heeb, qui indique l’ONG est en contact régulier avec les autorités maliennes, ainsi qu’avec les divers groupes armés opérant dans le nord du Mali. Ces deux évènements confortent l’hypothèse d’un retour en force du MUJAO dans la région de Gao. Plusieurs habitants ont évoqué le fait que des éléments connus du groupe avaient été vus dans la zone. Un responsable au gouvernorat de la région a indiqué lundi que des dizaines de combattants supposés du Mujao avaient fait irruption dans la localité de Djébock, à  une cinquantaine de kilomètres de Gao. Ils étaient à  la recherche d’un chef touareg absent au moment de leur passage et sont finalement repartis après deux heures de présence sur les lieux, sans être inquiétés.

Présidentielle J- 7, Kidal sous haute tension

L’attaque a eu lieu samedi dans les secteur de Tessalit. Des hommes armés ont surgi et enlevé 5 agents électoraux de nationalité malienne et l’adjoint au maire de Tessalit et les ont acheminé vers la frontière algérienne. Une attaque qui survient après les violences de cette semaine entre sympathisants du MNLA et communautés noires. Des actes qui ont conduit à  la mort de quatre personnes et fait plusieurs blessés. Alors que la campagne électorale, bat son plein et entre dans sa dernière semaine, des velléités identitaires resurgissent. Du côté des autorités, c’est d’abord un officiel de l’administration qui a pointé du doigt le MNLA de tout faire pour empêcher le scrutin du 28 juillet. Cheick Bouaré, a déclaré sur RFI : « Je confirme l’enlèvement de certains membres des équipes de diffusion des cartes Nina (Numéro d’identification nationale, NDLR). Les membres des équipes se sentaient menacés depuis trois jours, et passaient donc la nuit au camp militaire d’Amachach. Et ce matin, quand ils sont arrivés en ville, ils ont été appréhendés par des éléments armés du MNLA à  Tessalit. Le MNLA est contre l’élection présidentielle à  Tessalit. Ils ont rencontré la population et ils l’ont menacée de représailles. Ils s’en sont pris aux membres de la commission, parce que sans distribution des cartes Nina, il n’y aura pas d’élection. » En réponse, le MNLA, par la voix de son porte parole, Mahamadou Djéri Maiga, interrogé sur RFI, nie avoir perpétré cet acte. Le groupe séparatiste accuse même les autorités et certains candidats qui n’auraient aucune chance, de vouloir saboter l’élection du 28 juillet à  leur dépends. L’accord préliminaire du 18 juin signé à  Ouagadougou prévoyait le  » cantonnement » des hommes du MNLA et l’arrivée de quelques 200 militaires maliens, à  Kidal, pour permettre un retour de l’administration et bonne tenue du vote. Malgré la récente visite du gouverneur Kamissoko, le 10 juillet, la tension persiste au nord du Mali. Un candidat Tiébilé Dramé, s’est lui désisté cette semaine, et retiré sa candidature en mentionnant les lacunes du processus électoral à  Kidal. Il souligne par ailleurs, la violation des termes de l’Accord de Ouagadougou, qui était censé permettre l’élection sur tout le territoire malien. L’enlèvement des agents électoraux en charge de la distribution des cartes NINA à  Tessalit et environs, risque de perturber les derniers jours avant le scrutin du 28 juillet. Il est à  craindre une nouvelle montée de tension, malgré la présence des soldats de la Misma sur place.

Les liens troubles entre Boko Haram et AQMI au Nigeria

Après les années d’obscurité, celles de la violence. Boko Haram, secte qui revendique à  présent des liens avec le voisin d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), est engagé dans une insurrection qui frappe, au jour le jour, une partie du nord du Nigeria. Un exemple ? Pour le seul lundi 5 mars 2012, jour ordinaire, trois militants de Boko Haram étaient tués par les forces de sécurité alors qu’ils tentaient d’incendier une école de la ville de Maiduguri (dans le nord-est), et trois policiers étaient tués dans le mitraillage du domicile d’un commissaire de Kano (dans le nord). Encore était-ce un lundi sans batailles rangées ni attentats, ni comme le 20 février, lorsque les combattants de Boko Haram avaient ouvert le feu sur le marché de Maiduguri et tué une trentaine de personnes. Un mois plus tôt, il y avait eu 185 morts à  Kano dans des attaques de la secte. A la mi-janvier, Human Rights Watch avait calculé que Boko Haram avait tué 935 personnes au Nigeria depuis la reprise de ses actions militaires, à  la mi-2009. On ne dispose pas de chiffres sur le nombre de personnes tuées par les forces de sécurité. Boko Haram, qui signifie « l’éducation occidentale est un péché », n’est qu’un surnom, donné au Jama’atu Ahlis-Sunnah Lidda’awati Wal Jihad (« disciples du Prophète pour la propagation de l’islam et de la guerre sainte »), qui a fait allégeance à  AQMI en octobre 2010. Boko Haram est-il en train d’ouvrir à  Al-Qaida une voie royale en Afrique de l’Ouest ? Le mouvement nigérian est beaucoup de choses à  la fois. Ses membres sont en rupture avec l’islam des confréries soufies du nord-est du Nigeria, mais exigent le strict respect de la charia dans cette région. Ils essayent aussi de venger la mort de leur chef charismatique, Mohamed Yusuf, en juillet 2009. Après ce décès, le mouvement donnera l’impression d’être éteint. Les survivants sont simplement entrés dans la clandestinité, notamment à  la campagne. Certains militants – plusieurs centaines selon certaines sources – se réfugient dans les pays voisins : au Tchad, et surtout au Niger, o๠on les trouve à  Zinder, Maradi et Diffa. Dans cette dernière ville, l’un des responsables actuels de Boko Haram est installé à  demeure. Des liens se sont tissés entre Boko Haram et AQMI. L’opération d’enlèvement par AQMI de deux jeunes Français à  Niamey, au Niger, qui s’est terminée dans le sang, avait été organisée grâce à  des renseignements collectés par un membre de Boko Haram présent dans la capitale nigérienne. D’autres indices font état de liens plus profonds. Des militants de Boko Haram arrêtés au Niger étaient en possession « de cartes SIM avec les numéros de téléphone satellitaire des chefs de plusieurs katiba (phalanges) », note une source de l’antiterrorisme. Ce qui ne signifie pas qu’Al-Qaida soit présent, à  travers Boko Haram, dans le nord du Nigeria. Marc-Antoine Pérouse de Montclos, chercheur au Ceped (Centre population et développement), spécialiste du Nigeria, relève que la secte s’apparente avant tout à  un « mouvement de protestation sous l’égide d’un leader spirituel ». Il précise : « Sur le plan idéologique, Boko Haram ne répond sûrement pas aux canons du wahhabisme car ses militants croient aux forces de l’invisible et utilisent des amulettes pour se protéger des attaques de la police ou de l’armée. Quant au chef spirituel du mouvement, Mohamed Yusuf, il professait des idées syncrétiques et était réputé pour avoir recours à  la sorcellerie pour envoûter ses fidèles en droguant leur thé. On voit mal ses successeurs se fondre dans un vaste réseau destiné à  entretenir et promouvoir l’héritage politique de Ben Laden. » Plus préoccupant est le « saut technique » opéré par les membres de Boko Haram dans l’organisation d’attentats-suicides. Un spécialiste de ce secteur, qui a travaillé sur la montée de la vague d’attentats organisés par le groupe d’Abou Moussab Al-Zarkaoui, en Irak, a été surpris de découvrir des similitudes dans les techniques opératoires. Ce qui suppose un apprentissage et une transmission qui « ne peuvent se faire que sur Internet », selon la même source. Certains éléments de Boko Haram se seraient rendus chez les Chabab, en Somalie. Certains d’entre eux sont présents dans les katiba d’AQMI. En attestent les témoignages d’otages libérés et de négociateurs, qui les ont rencontrés. Mais on est loin de l' »allégeance » complète. Comme le note James Forest, professeur à  l’université du Massachusetts et spécialiste des questions de terrorisme : « Al-Qaida a longtemps cherché un groupe affilié en Afrique de l’Ouest, et de préférence au Nigeria. Bien qu’on distingue des tentatives avec Boko Haram, rien n’indique que cela ait eu du succès. Mais il y a quelques relations personnelles entre AQMI et Boko Haram qui ont facilité des échanges d’armes et de renseignements ; ceux-ci ont été accompagnés de quelques déclarations publiques de coopération au niveau de leurs organisations. »

Cameroun : sept Français, dont quatre enfants, enlevés et emmenés au Nigeria

«Il s’agit de trois adultes et de quatre enfants», a affirmé par téléphone à  l’AFP une responsable sur place, qui venaient de visiter le parc naturel de Waza (nord), une réserve de biosphère classée à  l’Unesco. De Grèce, François Hollande a confirmé qu’il s’agissait bien trois adultes et quatre enfants d’une même famille, appelant les touristes français à  la prudence et précisant que les auteurs de l’enlèvement était un groupe de terroriste identifié au Nigeria. Jointe à  Yaoundé par leParisien.fr, l’ambassade de France au Cameroun affirme que les recherches sont en cours. Interrogé par leParisien.fr à  15 heures, le Quai d’Orsay refusait pour l’instant de confirmer ou d’infirmer l’information, assurant que «le ministère des Affaires étrangères était en lien avec l’ambassade de France au Cameroun» et que «des vérifications supplémentaires devaient encore être menées». C’est la première fois que des touristes occidentaux sont enlevés au Cameroun, bien que des prises d’otages au large des cotes camerounaises surviennent régulièrement, la dernière en date étant survenue le 8 février. Lundi, le groupe islamiste nigérian Ansaru a revendiqué l’enlèvement ce week-end de sept employés étrangers de la société de construction libanaise Setraco, la plus importante prise d’otages jamais réalisée dans le nord du Nigeria. Les kidnappings ont eu lieu pendant la nuit de samedi à  dimanche à  Jama’are, à  environ 200 kilomètres de Bauchi, capitale de l’Etat du même nom, dans le nord du Nigeria, une région souvent secouée par des attaques menées par des groupes islamistes mais o๠peu d’enlèvements se sont produits. A l’heure actuelle, rien ne permet de dire qu’Ansaru est responsable de l’enlèvement des Français au nord du Cameroun ce mardi. Le groupe est considéré comme relativement nouveau et en pleine expansion depuis sa revendication de l’enlèvement d’un ressortissant français en décembre. Certains pensent qu’il est directement lié à  la secte extrémiste Boko Haram, dont les actions violentes ont fait des centaines de morts dans le nord et le centre du Nigéria depuis 2009.

Des hommes armés tentent d’enlever la DG de l’APEJ…

Après sa nomination, visiblement mal digérée par l’ex junte de Kati, l’ancienne ministre de la Promotion de la femme, Sina Damba, a eu maille à  partir avec les tombeurs d’ATT. Ce qui s’est passé ce mardi matin à  la Direction Générale de l’APEJ n’a rien à  envier à  un Far west américain. Alors que le rétablissement de l’ordre constitutionnel et la sortie de crise semblaient définitivement lancés, l’on a failli assister à  une autre arrestation ou arrestation arbitraire. La énième du genre, avec le même mode opératoire, sauvagement instauré par les putschistes du 22 mars 2012, à  la solde du capitaine de Sanogo. Tentative d’enlèvement Sans mandat d’arrêt, témoignent certains agents de la structure, les visiteurs de Kati au nombre de huit (8) environ ont débarqué en tenue civile à  bord de véhicules non immatriculés. Après irruption dans l’enceinte de la structure, ils ont investi le bureau de la nouvelle directrice, avant de lui demander de la suivre. « Qu’avez-vous contre moi ? » a interrogé Sina Damba. « C’’est Kati qui nous envoie pour vous arrêter Madame. Tous ceux qui ont eu à  être interpellés par Kati, s’y sont rendus sans commentaires. Vous allez nous suivre ! », auraient lâché, les visiteurs, selon des témoins. Puis, s’en est suivi un vif attroupement des agents du service autour de leur Directrice. La farouche opposition de ceux ci ainsi que l’arrivée d’une unité de la police dépêchée par le ministère de la sécurité intérieure à  permis d’empêché l’arrestation de la dame. « Comment Kati peut-il se donner le pouvoir d’arrêter des gens ? De surcroit sans mandat… » s’insurgent les travailleurs. Même si la gestion de la militante du CNID au département de la Famille a souvent soulevé du tollé, la thèse d’un complot contre cette vaillante dame n’est pas à  écarter. Un membre du cabinet nous a confié que la passation de service avec le DG sortant Issa Tiéman Diarra a eu du mal à  s’effectuer. Détournements supposés En effet, une source proche de Kati nous indique que le DG sortant serait un proche du Lieutenant Konaré, bras droit de la junte. Est-ce la raison véritable des ennuis causés à  la dame qui s’apprêtait à  s’attaquer aux chantiers de l’emploi des jeunes ? D’aucuns répondent que non. En ce sens que Sina Damba serait au centre de détournements de fonds, alors qu’elle présidait, sous le régime déchu d’ATT, aux destinées du département de la femme, de l’enfant et de la famille. Selon lui, les ténors de l’ex junte n’ont pas digéré le changement opéré à  la tête de la Direction Générale de l’APEJ. Raison de plus pour fouiner dans les dossiers salles de l’ex ministre de la promotion de la femme. A la question de savoir ce qui est reproché à  la nouvelle directrice, aucune réponse ne filtre chez les agents de l’APEJ qui décrient que la nouvelle DG a eu du mal à  prendre fonction, à  cause de la mauvaise foi de son prédécesseur. « La passation de service ne s’est opérée que samedi dernier, explique un haut responsable de l’APEJ. En tout cas, jusqu’à  midi (12h), l’arrestation de la nouvelle DG s’est avérée impossible. La dame a été conduite à  la Cité Administrative pour être placée en lieu sûr, apprend t-on par une source.

L’enlèvement de Gilberto Rodriguez Léal revendiqué

Gilberto Rodriguez Léal, un Français d’origine portugaise âgé de 61 ans a été enlevé mardi soir vers 22 heures dans la région de Kayes, à  l’ouest du Mali. Il avait quitté la Mauritanie quelques heures auparavant pour se rendre au Mali o๠il a été enlevé. Le Français, dont la profession reste inconnue, aurait été capturé «par au moins six hommes armés à  la peau claire», à  Diéma. Pour la France, Gilberto Rodriguez Léal n’aurait pas été enlevé à  Diéma mais à  Nioro, une ville située un peu plus au nord, à  la frontière mauritanienne. Le rapt a été revendiqué par téléphone à  l’AFP par les djihadistes qui occupent le nord du Mali. «Les moujahidines, avec la bénédiction de Dieu, ont dans leurs mains un Français venant d’un pays qui veut diriger les armées contre les musulmans», a déclaré Abdoul Hicham, membre de la direction du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) qui n’a pas dit explicitement si c’était son groupe ou ses alliés d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) qui détenait l’otage. Vidéo de la conférence de presse de François Hollande,21 novembre 2012 Le président de la République française, François Hollande a confirmé cette information ce mercredi lors d’une conférence de presse. «Je confirme qu’il y a eu l’enlèvement d’un ressortissant français dans le sud-ouest du Mali, c’est-à -dire pas dans la partie o๠il y avait le plus grand danger», a-t-il expliqué. «Nous devons tout faire pour retrouver notre ressortissant. J’ai déjà  averti tous ceux qui pourraient se trouver dans la région de prendre toutes les précautions nécessaires», a ajouté le chef de l’à‰tat. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a de son côté appelé les ressortissants français à  «ne pas se rendre dans cette partie du Mali, o๠ils exposent leur vie et leur sécurité». «Les services de l’à‰tat sont pleinement mobilisés à  Paris comme à  Bamako et les autorités maliennes nous apportent leur totale coopération», a-t-il ajouté.

Police : les dessous du clash de la semaine dernière

Arrêtés le jeudi 15 novembre vers 15 heures, les six policiers ont été sérieusement molestés par leurs camarades sous-officiers de la police au Groupement Mobile de Sécurité qui les ont relâchés le vendredi tard la nuit. Ousmane Diallo, l’une des victimes et non moins secrétaire général du Syndicat national des commissaires de police (SYNACOMPOL) a livré son témoignage. Les faits racontés par une des victimes M. Diallo affirme qu’ils étaient six policiers à  être enlevés. Mamadou Keà¯ta secrétaire général adjoint du Synacompol, Mamadou Fasirirma Keita allias Mandemassa, Tapa Diallo secrétaire à  l’information et à  la communication, Aà¯ssata Cheick Tandia, commissaire au 2ème arrondissement, le commissaire Oumar Samaké de la Brigade d’intervention à  Badalabougou et lui-même. Selon lui, la réunion sur la relecture des textes de la police a été à  la base du bras de fer entre les commissaires et les sous-officiers. « Nous, les commissaires invités à  prendre part à  cette rencontre, ignorions l’ordre du jour » affirme -t-il. Lors de cette rencontre, Mamadou Keita adjoint du secrétaire général du Synacompol en tant que chef de la commission de relecture des textes, a fait le point sur la situation actuelle des textes et sur le statut avant de le proposer à  toutes les unités de la police pour d’éventuelles suggestions. Droit de grève et recasement interne… Dans ce texte deux articles demeurent la pomme de discorde entre les deux syndicats de la police. Il s’agit de l’article 38 relatif au droit de grève et l’article 126 relatif au reclassement interne. Dans le premier article relatif au droit de grève, les commissaires proposent d’écarter certaines unités de la police (l’unité de l’aéroport, transmission et communication et autres) compte tenu de la nécessité de la présence des forces de l’ordre dans ces services quelle que soit la situation. Quant au second article, a expliqué le commissaire, un sérieux problème divise la police par rapport à  sa complexité. « Raison pour laquelle quand le cabinet du ministre de la Sécurité intérieure a convoqué la deuxième réunion le même jeudi sur la relecture du texte, les commissaires ont demandé une motion afin de se concerter avant de procéder à  la lecture du texte » explique M Diallo. Il argue que C’’était pour éviter de prendre une décision unilatérale et contestable à  l’avenir. Au regard de la tension ambiante, le ministre Tieling Konaté, a pris sa responsabilité de reporter la réunion à  une date ultérieure indique notre interlocuteur. « Mais avant une fausse information circulait à  travers des affiches dans les unités de police que le texte sur le statut de la police a été retiré de l’Assemblée Nationale. C’’était une fausse information » affirme le commissaire. Pour lui, le texte se trouve toujours à  la Direction de la Police. Le texte modifié doit d’abord être adopté au Conseil des Ministres avant d’atterrir sur la table de l’Assemblée Nationale. Or, ajoute-t-il, C’’est cette fausse information qui a contribué à  creuser le fossé entre les deux camps. Les commissaires arrêtés et séquestrés… Il est environ 15 heures, peu après l’annonce du report de la réunion au cabinet, les arrestations ont commencé. «J’ai été informé de l’enlèvement de mon adjoint Mamadou Keita. Juste après notre départ du cabinet, il a été enlevé devant son bureau par les éléments encagoulés en Pick- up. Après lui, C’’est le commissaire du 2ème Arrondissement Aà¯ssata Cheick Tandia, enlevée dans son service. C’’est pour cette raison que J’ai appelé Tapa Diallo secrétaire à  l’information et Mamadou Fasirima Keita, de se joindre à  moi pour demander la libération de nos camarades qui ont été emmenés au GMS. Quand nous sommes arrivés au GMS, des gens encagoulés se sont jetés sur moi, me rouant de coups de bâtons et de pieds avant de me jeter en prison. Sans compter les injures graves à  mon endroit» a relaté le commissaire Diallo. C’’est grâce à  la médiation des leaders religieux qui ont été démarchés par mes camarades commissaires, que nous avons tous été libérés. Nous avons toujours agi avec humilité et responsabilité. Aucune information officielle n’a pour l’instant été donnée sur cette affaire.

Enlèvement du Lieutenant colonel Seydou Moussa Diallo

L’homme avait adressé il y a quelques jours une lettre vibrante au Président de la République par intérim demandant une réaction rapide des autorités du Mali à  agir pour le nord du Mali, lettre qui a fait le tour des Médias maliens : Aussi l’homme avait demandé à  ce que les autorités agissent au plus vite : «l’armée doit engager le combat avec les moyens disponibles et attaquer l’ennemi sans délai et sans attendre les soldats de la CEDEAO». Ensuite, le Lieutenant Colonel Moussa Diallo avait entamé une grève de la faim, pour montrer toute sa détermination et son engagement pour la cause du Mali, en demandant une remobilisation rapide des forces armées. Enlèvement Hier lundi, nous avons appris l’enlèvement du Lieutenant colonel à  son domicile de Sébénikoro. D’après les dernières infos :  » l’enlèvement a été opéré par un groupe d’une quinzaine de militaires arrivés à  bord de trois véhicules Pick up », à  la tombée de la nuit. Information confirmé par un témoin sur place. Le Lieutenant-colonel Diallo qui, précisons-le, est démobilisé depuis plusieurs années à  la suite d’une blessure à  la jambe reçue au cours d’un affrontement avec des rebelles, avait indiqué dans sa correspondance que celle-ci n’était pas «un appel à  la révolte». Pour Assane Koné, journaliste, le Lieutenant colonel aurait subi une sanction disciplinaire qui permet à  l’autorité militaire de le faire déplacer de sa garnison à  une autre à  l’intérieur du pays, notamment à  Kayes. Comme pour dire, loin de Bamako, s’il tient à  faire sa grève de la faim, il pourra la faire sans attirer trop de regards et d’attention. Affaire à  suivre !

Sécurité : La stratégie de Bruxelles

Ce mardi 8 décembre 2011, Mme Ashton, Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité pour l’Union Européenne, a reçu MM. Maiga et Bazoum Ministres des affaires étrangères du Mali et du Niger, ainsi que M. Messahel, Ministre délégué aux Affaires Africaines de l’Algérie. Ils étaient accompagnés de l’Ambassadeur de la Mauritanie. En effet, les quatre pays dits « pays du champs » que sont, le Mali, la Mauritanie, le Niger et l’Algérie sont profondément affectés par la récente recrudescence des activités terroristes au Sahel. Il y a seulement 10 jours, cette situation s’est exacerbée par l’enlèvement de 5 nouveaux otages européens et l’Assassinat d’un ressortissant allemand. Dans un contexte marqué par les conséquences de la crise libyenne, et o๠de nouvelles menaces terroristes font jour au Nord du Nigeria, cette démarche commune de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger s’inscrit, selon l’Union Européenne, dans la suite de la Conférence d’Alger visant à  promouvoir la coopération régionale dans le lutte contre le terrorisme au Sahel. « Cette démarche rencontre le plein soutien de l’Union européenne d’autant plus que seule la coopération régionale apportera la réponse nécessaire à  une menace qui ne connaà®t pas de frontières ». Notons que dans cette perspective, l’Union européenne a mis au point une Stratégie pour la Sécurité et le Développement au Sahel, d’ores et déjà  pleinement opérationnelle. Cette stratégie est dotée de 150 millions d’euros, et couvre en priorité la Mauritanie, le Mali et le Niger. Dans une approche se voulant globale, elle englobe l’action diplomatique, la sécurité, le développement et la prévention de la radicalisation. Le déplacement des 4 personnalités témoignent de la solidarité de L’union européenne avec les pays du Sahel affectés par la menace terroriste, et notre soutien continu à  la coopération régionale pour lutter contre cette menace. A savoir : Mme Ashton est une personnalité politique britannique, haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité‎ pour l’Union européenne à  compter du 1er décembre 2009 Les Ministres Maiga et Bazoum ont également rencontré les Commissaires Piebalgs (développement) et Georgieva (aide humanitaire) pour évoquer le risque de crise alimentaire au Sahel. Pour faire face à  cette crise, l’union européenne met sur pied une réponse qui devra répondre aux défis à  court terme d’aide alimentaire, mais également à  moyen et long terme de relance de la production agricole et de réduction de la vulnérabilité.

Les enlèvements au Mali illustrent l’échec de la coopération militaire au Sahel

DAKAR (AFP) – Cinq enlèvements et un meurtre d’Européens en moins de 48 heures dans le nord du Mali, illustrent l’échec de la coopération militaire entre les pays de la bande sahélo-saharienne face aux activités des groupes armés, dont la branche maghrébine d’Al-Qaà¯da. En avril 2010, quatre des pays les plus touchés par les actions d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et d’autres groupes criminels armés (Algérie, Mali, Niger, Mauritanie) ont créé un Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cémoc) basé à  Tamanrasset (sud de l’Algérie). Doublé d’un centre de renseignement à  Alger, l’objectif du Cémoc est de mieux coordonner les actions des quatre armées dans la lutte anti-terroriste et d’arriver à  mener des opérations conjointes dans chacun des pays affectés. Opérations d’autant plus urgentes que le retour au Mali et au Niger de milliers de combattants lourdement armés ayant servi l’ex-régime libyen de Mouammar Kadhafi – en grande partie touareg – a renforcé l’insécurité dans cette vaste région difficile à  contrôler. Attentats, tentatives d’attentats, enlèvements, trafics: en 17 mois depuis la mise en place du Cémoc, les activités d’Aqmi se sont intensifiées dans les quatre pays concernés. Jeudi et vendredi, deux Français, puis trois touristes européens, ont été enlevés à  Hombori et Tombouctou o๠un quatrième touriste, un Allemand qui avait résisté à  son enlèvement, a été froidement abattu d’une balle en pleine tête. Au total, neuf Européens, dont six Français, sont désormais retenus en otage dans le Sahel. Les chefs des armées du Cémoc se réunissent tous les six mois, sans jamais jusqu’à  maintenant être parvenus à  mettre sur pied des patrouilles conjointes. Or, souligne Gilles Yabi, responsable à  Dakar de l’ONG International Crisis Group (ICG), « tout le monde réalise que cette coopération (devent aboutir à  des opérations conjointes) est nécessaire pour porter un véritable coup aux groupes armés ». Un temps « assez clairement critiqué comme le maillon faible de la lutte anti-terroriste », le Mali, o๠Aqmi a depuis plusieurs années implanté des bases d’o๠elle « rayonne » dans la région, a désormais « une réaction plus claire », souligne-t-il. Bamako a vigoureusement réagi aux derniers enlèvements et au meurtre du touriste allemand, dénonçant une « action terroriste » considérée comme « une attaque perpétrée contre la sécurité et la stabilité de notre pays ». Rapts et meurtre au coeur de la cité historique de Tombouctou, ancien haut lieu du tourisme du Mali, portent un coup dur à  l’économie de ce pays pauvre. L’armée malienne, sans gros moyens, mais épaulée par des militaires français implantés dans la région, a été mobilisée pour tenter de retrouver la trace des otages, dont les dernières informations indiquent que certains ont été emmenés dans le grand nord malien, vers la frontière algérienne. En marge de la dernière réunion du Cémoc à  Bamako, le 21 novembre, c’est l’Algérie qui a été désignée comme un frein à  la coopération militaire régionale. Un délégué nigérien a noté que « l’armée algérienne, à  elle seule, a plus de moyens que les armées nigérienne, malienne, et mauritanienne » réunies, ajoutant: « Je ne comprends pas pourquoi elle ne va pas sur le terrain pour nous aider à  lutter contre Aqmi ». L’Algérie s’oppose à  la volonté de certains de ses voisins d’élargir la lutte anti-terroriste à  son rival marocain et apprécie peu l’intervention de la France, ancienne puissance coloniale dans tous les pays concernés, avec laquelle elle a des relations complexes, note-t-on de source diplomatique. « En ne faisant rien en commun contre Aqmi, les pays du Sahel laissent le champ libre aux terroristes », a estimé à  Bamako un responsable mauritanien dont le pays est celui qui s’est le plus impliqué, n’hésitant pas en 2010 et 2011 à  mener en territoire malien des opérations militaires contre Aqmi.

« On est venus pour les blancs »…

La « ligne de démarcation » est encore descendue hier. Elle est passée ce 24 novembre de la région de Tombouctou à  celle de Mopti. Hombori se trouvait jusqu’ici en « zone orange », ce qui signifie que le risque sécuritaire y est modéré par rapport au région de Tombouctou et Kidal, placées elles en « zone rouge » par le gouvernement français. Cet enlèvement de deux géologues français, Philippe Verbon et Serges Lazarevic, vient aggraver un peu plus la situation sécuritaire de la région. Bien qu’il n’y ait pas pour l’instant de revendication, tout porte à  croire que qu’AlQaida au Maghreb Islamique se trouve derrière cette attaque armée. Les deux hommes étaient en mission à  Hombori dans le cadre d’une étude de faisabilité sur le projet de cimenterie de la localité, pour le compte de la Banque mondiale, selon des informations recueillies auprès des autorités locales. Arrivés de Bamako mardi, ils devaient quitter la ville le jeudi matin. Leurs ravisseurs étaient donc bien informés et ont bien planifié le rapt. Selon le gérant de l’hôtel, ses collaborateurs et lui ont été attachés et contraint de dire dans quelle chambre se trouvaient les deux hommes. « On est venus pour les blancs » aurait déclaré l’un des ravisseurs à  leur arrivée. Puis «à  un moment donné, j’ai entendu un cri. C’était un des Français. J’ai vu des traces de sang dans une chambre», raconte encore le gérant. Après avoir réussi à  se libérer, le gérant a contacté les autorités. Le maire de Hombori, Amadou Maà¯ga a «aussitôt engagé les recherches avec toutes les forces de sécurité présentes dans la zone notamment, la gendarmerie, la garde mobile de Gossi et l’armée. Mais pour le moment, nous n’avons aucune trace des ravisseurs, ni aucune information sur leur identité. Depuis ce vendredi, des soldats français patrouillent dans la zone aux côtés de l’armée malienne. Ces soldats ont été dépêchés de Sévaré, près de Mopti, non loin d’Hombori, o๠ils forment habituellement des soldats d’élite de l’armée malienne. Militaires maliens et français ont été envoyés dans cette zone pour tenter de retrouver la trace des ravisseurs, qui selon le personnel de l’hôtel, étaient « blancs de peau ». Nouveau coup dur pour le tourisme Hombori est une zone à  fort potentiel touristique qui recevait auparavant des visiteurs du monde entier. Mais depuis que le Mali a été classé comme « pays dangereux » et déconseillé par les pays occidentaux à  leurs ressortissants, le secteur touristique est dans l’impasse. Selon le maire, l’espoir était pourtant de retour ces dernières semaines. « Les touristes ne venaient plus. Ils ont commencé à  venir il n’y a même pas un mois. Un important groupe est arrivé il y a 15 jours. Voyez comment cette affaire tombe mal ! ». La psychose d’insécurité risque donc de repartir de plus belle et ce quelque soit l’issue de cette prise d’otages qui ne pouvait tomber plus mal.

Le récit de l’enlèvement des 2 français : « Où sont les blancs? « 

« O๠se trouvent les blancs » ? Les faits se déroulent en pleine nuit, vers 1 heure, mercredi, à  l’hôtel Le Dombia, à  Hombori, une localité située entre Mopti et Gao. Sept individus, vêtus de boubous et armés de kalachnikov et d’armes blanches pénètrent dans l’hôtel après avoir bâillonné le chauffeur des Français. « Ils ont brusquement attaché les gardiens, après ils sont venus vers moi, pointant leurs fusils, leurs kalachnikovs. Ils m’ont attaché, ensuite ils ont enfoncé la porte de l’hôtel pour entrer », raconte Mamadou au micro d’Europe1. Une fois dans l’hôtel, les ravisseurs séquestrent alors le propriétaire des lieux et lui demandent de leur indiquer la chambre o๠se trouvent « les deux blancs ». » Ils m’ont dit : ‘on n’est pas venu pour toi, on est venu pour les blancs’. Ils m’ont dit : ‘ne crie pas, ne fait rien' », raconte au micro de RFI le dirigeant de l’hôtel. Des traces de sang retrouvées Là , les deuxFfrançais sont réveillés en plein sommeil. l’un d’entre eux aurait été victime de violences. « J’ai entendu des cris », poursuit le dirigeant de l’hôtel. « Il y en a un qui était en bonne santé, l’autre ils l’ont sauvagement frappé », confirme le chauffeur des deux Français. Selon les premières constatations, des traces de sang ont été retrouvées sur le tapis et les oreillers de la chambre d’hôtel des victimes. Un autre témoin a aperçu les Français embarqués de force dans un véhicule. Une heure plus tard, les ravisseurs et leurs otages avaient disparus dans le désert. Les deux Français ont en effet été emmenés vers le grand Nord malien. Une région classée en zone rouge par la France, ce qui signifie que les voyages y sont strictement déconseillés. Ils ne s’étaient pas signalés à  l’ambassade Les forces maliennes ont été déployées pour retrouver les otages et les ravisseurs. En vain. Interrogé par Europe 1, le porte-parole du Quai d’Orsay assure que tous les moyens sont déployés pour retrouver les victimes. Les deux géologues, qui ne s’étaient « pas signalés à  l’ambassade française ni au consulat » résidaient à  l’hôtel depuis mardi. Ils effectuaient une mission pour le compte de la Banque mondiale dans une cimenterie de la région. Peu de temps avant leur enlèvement, ils venaient de faire un compte-rendu de leur journée de travail à  leurs collègues maliens. Pour l’heure, l’enlèvement n’a pas été revendiqué, mais Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) figure dans les pistes les plus probables pour expliquer ce rapt.

7 personnes enlevées dans le nord du Niger : les représailles d’Aqmi ?

Ces informations qui ont été relayées sur les antennes de RFI, tourne au grand désarroi de la France qui, encore une fois, voit ses citoyens malmenés. Cependant une question demeure en suspens. Pourquoi c’est la population française qui, apparemment, demeure la proie à  abattre dans ces histoires d’enlèvements. La France doit s’interroger à  plus d’un titre. Les français sont victimes presque de toutes les attaques terroristes perpétrées dans la bande sahélo saharienne. Hier, au cours de son discours à  propos des conseils de défense sur les menaces sahélo-sahariennes, Nicolas Sarkozy s’est engagé à  tout faire pour retrouver ses compatriotes ainsi enlevés au nord du Niger. Mais, comme le dit un éditorialiste malien, « au fond, il ne sait pas exactement o๠il ira chercher ces otages dans l’immense désert que se partagent l’Algérie, le Niger, le Mali, le Tchad, la Libye et la Mauritanie, avec des geôliers extrêmement mobiles de surcroà®t ». En tout cas, pour le moment les assaillants ne se sont pas encore dévoilés. Même si le lourd soupçon pèse sur Aqmi, il n’en demeure pas moins que l’acte soit signé par d’autres groupes terroristes locals à  l’instar des rebelles du MNJ. En effet, ces derniers avaient, eux aussi, déjà  enlevé des citoyens, dans la même zone. Meme si cet enlèvement est fait à  la manière d’Aqmi, il faut signaler que cette organisation terroriste n’est pas encore sorti de son silence. En général, quant elle prend des otages, elle ne parle que si elle est à  l’abri. Ce coup survient juste deux mois après le raid franco-mauritanien contre des bases Aqmi au Nord Mali o๠sept salafistes auraient été tués. Aujourd’hui, la manière dont ces cinq Français se retrouvent entre les mains d’inconnus se révèle bizzare. Est-ce un moyen pour Aqmi de se venger ? La France fera-t-elle à  son armé pour une présence militaire plus soutenue dans la Bande sahélo saharienne ?

Enlèvement du tourisme français au Niger : Affaire Camatte bis ?

Comme l’on peut imaginer, la France activera à  nouveau sa machine diplomatique pour faire pression sur le Mali enfin d’obtenir la libération de son ressortissant comme pour l’affaire de Pierre Ca matte. Comment ? Une affaire de routine Jeudi 22 avril? un touriste français et son chauffeur d’origine algérienne ont été enlevés au Niger. Comme à  l’accoutumée, les ravisseurs auraient acheminé les otages sur le sol malien o๠ils exigeront le payment d’une rançon. Les autorités maliennes s’étant illustrées comme de véritables négociateurs et « libérateurS d’otages », l’affaire Camate a ainsi permis la libération de quatre présumés terroristes dont deux sont des ressortissants d’Algérie en échange de Pierre Camate. Par la suite, l’Algérie et la Mauritanie ont rappelé leurs ambassadeurs pour consultation. Cette fois ci, la situation serait plus complexe pour toute éventuelle négociation. Et pour cause des troupes malienne seraient mobilisées pour retrouver le touriste français, septuagénaire et son chauffeur algérien qui ont été enlevé au nord du Niger. [b Offensive militaire ) Si l’intervention des troupes maliennes en état d’alerte, est une stratégie d’anticipation ( celle d’empêcher les djihadistes de fouler le sol malien), des inquiétudes demeurent d’autant que les éléments d’Aqmi agissent selon une stratégie bien rodée: une demande de libération de leurs éléments détenus dans la bande sahélo-saharienne par l’armée malienne. Ce que craignent les autorités: « Nous voulons éviter à  tout prix que les ravisseurs viennent chez nous avec les otages », explique un militaire malien sur RFI. Trop tard. Un autre ajoute que « leur mission est de poursuivre les ravisseurs et de les traquer » chose difficile dans une zone vaste et bien connue des mouvements terroristes, dont AQMI. Coopération militaire sous régionale Le dispositif militaire qui est une alliance formée par quatre pays contre la menace terroriste, a été lancée mercredi 21 avril dans le sud de l’Algérie, à  Tamanrasset. Il s’agit pour ces Etats de regrouper leurs moyens pour améliorer l’efficacité de la surveillance du territoire, et des zones frontalières en particulier. Il faut espérer que le Mali n’ait plus revivre le scénario Pierre Camatte, dont la libération a provoqué les foudres de nos voisins en l’occurrence l’Algérie et la Mauritanie. Mais le Mali étant le lieu de détention habituel des otages, et donc du touriste français et de son chauffeur, cela nécessite obligatoirement l’implication des autorités malienne pour leur libération. D’o๠l’hypothèse d’un scénario Pierre Camatte bis et un déploiement de la diplomatie française. L’on se souvient des déplacements de Bernard Kouchner, ministre français des Affaires Etrangères et du président Sarkozy en personne, lors de la libération de Camatte. Qu’en sera t-il cette fois du touriste français enlevé au Niger ? « Nous sommes pleinement mobilisés, tant à  Paris que sur le terrain, pour obtenir la libération de notre compatriote », a affirmé un porte parole du Quai d’Orsay lors d’un point de presse au journal Le Point. Pour l’heure, le Quai d’Orsay préconise la prudence pour les déplacements de touristes dans la zone du Sahara. Affaire à  suivre…