L’épilepsie, une maladie méconnue au Mali

Encore appelée mal comitial et connue en bambara sous le nom de « kirikirimashyèn », l’épilepsie est une affection neurologique qui touche presque 2% de la population malienne. Nombreux sont les mythes et idées reçues sur le sujet, car la maladie, aux manifestations spectaculaires, fait peur. Aperçu sur les réalités de cette pathologie.

« L’épilepsie a un taux de prévalence qui se situe aujourd’hui entre 1,6 et 2% de la population », déclare le Professeur Youssoufa Maiga, chef du service neurologie de l’hôpital Gabriel Touré. Le constat est donc très clair : c’est une maladie courante, fréquente dans le pays. En guise de comparaison, le nombre de personnes épileptiques au Mali est plus élevé que celui des individus vivant avec le VIH.

Même si le mal comitial n’est pas une maladie mortelle, « il est établi de manière très claire que le taux de mortalité est très élevé chez les épileptiques par rapport  à la population normale », précise le Professeur Maiga. La pathologie, contrairement à ce qu’en pensent bon nombre de Maliens, n’est  pas liée à une contagion, à un « mauvais sort », à la sorcellerie, ou à un envoûtement. Tout se passe au niveau du cerveau, lorsqu’il subit un traumatisme ou une forte fièvre entraînant des convulsions. Chaque région de ce dernier ayant une spécialisation (motricité, vision, etc.), il y a un court-circuit lorsque l’une d’entre elles est touchée. Cela provoque la perturbation d’une fonction, ce qui se traduit par des crises épileptiques, dont les plus courantes occasionnent des mouvements anormaux, anarchiques, dit « toniques – cloniques », de l’agitation et des réactions diverses de tout le corps.

Contrairement à ce que l’on observe souvent dans la société malienne, en cas de crise épileptique, « il ne faut pas essayer d’empêcher son déroulement, parce que dès que le message passé, tout s’enclenche chez l’individu », indique le chef du service neurologie de l’hôpital Gabriel Touré. Habituellement, les proches mettent un couteau ou un objet tranchant dans la bouche du sujet en crise et, parfois, ils essaient même de lui tirer la langue. Le Professeur Maiga le déconseille : « il ne faut surtout pas essayer d’attraper la langue du patient et ne rien mettre dans sa bouche », insiste-t-il.

Aujourd’hui, au Mali, il n’existe pas encore de politique nationale de lutte contre l’épilepsie clairement définie. Le « kirikirimashyèn » constitue pourtant un problème de développement. « Nous pensons », estime le Professeur Youssoufa Maiga, que « l’épilepsie devrait être prise en charge par les autorités politiques de manière beaucoup plus efficace et rigoureuse ».