ATT de retour, Sanogo en prison : ironie du sort

L’ex-président de la République Amadou Toumani Touré accompagné de sa famille est rentré au pays le dimanche 24 décembre dans  la mi-journée. Contraint  à un exil de plus de cinq ans à Dakar, après le coup d’État de 2012, le général a été accueilli à l’aéroport international Modibo Keïta comme un illustre homme alors que celui qui  a sonné son glas pour régner un moment croupis en prison.

Dimanche 24 décembre à Bamako, une journée mouvementée. Le retour de l’ex-président Amadou Toumani Touré a retenu une plus grande attention des décideurs, acteurs politiques et citoyens.

Il est 11 heures passées. L’avion présidentiel s’immobilise devant le pavillon du même nom. Une foule des personnalités, inconditionnels amis de l’ex-président  et des journalistes  se tenait déjà à quelques centimètres de l’appareil. Un vacarme monte, le désordre organisationnel était  remarquable. La délégation a passé plus de 30 minutes dans l’avion sans que les conditions ne permettent sa descente. Apres quelques remous, l’ancien président ATT, apparait habillé en blanc,  bonnet sur la tête, une main levée saluant l’assistance. Il était  suivi dans sa descente par son épouse Touré Labo Traoré, elle aussi souriante. Des cris de joie s’élevaient de la foule d’accueil.  Le premier ministre, Abdoulaye Idirssa Maiga, le ministre de la jeunesse et de la construction citoyenne Amadou Goïta, anciens ministres,  responsables du PDES  et autres personnalités étaient au-devant  de l’accueil. Bien que souriant, le visage de l’homme est quelques peu vieillissant par rapport à 2012.

Sur les abords de la route quittant l’aéroport, une foule des partisans scandait le nom d’ATT, brandissant des pancartes « ATT I BISSIMILA I KA SO » qui peut se traduire par ‘’ATT, bienvenu dans ta maison’’.  Le déchu d’hier  qu’on accablait des pires maux  profite encore d’une sympathie  au sein de la population malienne. Des femmes, jeunes,  regroupements associatifs,  n’ont pas manqué d’afficher leur joie de voir ce jour arriver. Par leur présence, ils entendent témoigner de leur reconnaissance à ATT.  « C’est pour exprimer ma reconnaissance à ATT que je suis là, pour les multiples projets qu’il a réalisé », justifie Sidiki Touré, militant du PDES, venu pour la circonstance.  « Je remercie Dieu qui m’a montré notre président, je suis très content », confie Mamoutou Tessougué,  agent du personnel  de l’aéroport. 

Reçu dans l’après-midi par le Président Ibrahim Boubacar Keita dans sa résidence de Sebeninkoro, l’ex-président ATT se dit ému par l’accueil qui  lui a été réservé. Il avait aussi  exprimé sa gratitude au Président sénégalais Macky Sall et à son peuple pour leur hospitalité.

Au même moment, le général Amadou Haya Sonogo et ses compagnons, ceux-là qui ont évincé Amadou Toumani Touré  à quelques mois de la fin de son mandat croupissent toujours en prison depuis 2013. Les parents des victimes attendent justice, les épouses des détenus réclament leur libération, estimant que le délai légal  de 3 ans de détention sans jugement a été dépassé. Le procès jusque-là en attente est l’un des dossiers judiciaires le plus sensible du moment. Les tests d’expertise qui devaient parvenir  fin octobre dernier ne sont pas toujours disponibles. La situation s’enlise. Entre la nécessaire réconciliation et le besoin ardent de justice des  familles des victimes, l’affaire garde toute sa sensibilité. Le temps aura certainement des pions à placer et peut être en faveur du général et coaccusés au nom d’une telle ou telle raison.

Une journée dans l’exil d’ATT

19 avril 2012- 19 avril 2016. Cela fait presque quatre années jour pour jour que, Dakar, la capitale sénégalaise, héberge le quatrième président de la République du Mali. Le général Amadou Toumani Touré occupe la confortable villa « Résidence Pasteur », avec vue imprenable sur l’àŽle de Gorée. Cette villa cossue est réservée aux hôtes de marque de l’à‰tat sénégalais et est située dans une zone sécurisée car abritant plusieurs hauts gradés de l’armée sénégalaise. Il a, depuis, déménagé avec sa famille dans une demeure plus anonyme. Aux premières lueurs du jour, l’ancien président se lève et, après avoir pris son petit déjeuner avec son épouse Lobbo, ses filles Fanta et Mabo, ses gendres et ses cinq petits-enfants, il se branche sur l’information malienne et internationale avant d’éplucher la presse. Le déjeune expédié, ATT s’accorde une petite sieste réparatrice. Les nouvelles du pays, il les partage, à  partir de 16 heures, avec nombre de compatriotes de passage à  Dakar. Dans le grand salon de la Résidence, on croise un peu de tout : hommes politiques, acteurs de la société civile ou simples citoyens qui viennent « le saluer ». Certains font le déplacement spécialement pour le voir. Le Mali revient souvent dans les échanges. Selon un proche, ATT suit de près ce qui se passe dans son pays et espère en sa pacification, durable. Ces discussions et rencontres s’achèvent rarement avant 20 heures. Très social, l’ex-chef d’à‰tat s’est intégré dans la communauté sénégalaise et participe aux grands événements qui la rythment. Il prie à  la mosquée le vendredi, prend part aux mariages, aux baptêmes. Dans la fraà®cheur des premières heures de la nuit, il descend sur la Corniche o๠il n’est pas rare de le croiser, encadré par deux gardes du corps, pour son footing quotidien. Il n’hésite cependant pas à  s’arrêter pour prendre la pose, ou échanger quelques mots avec qui le sollicite. Puis, pour clore sa journée, il s’adonne à  l’un des ses passe-temps favoris, la lecture. Et quand il ne lit pas, il écrit un livre, dit-on, ses mémoires, son parcours, sa vie, son pays.

ATT doit-il être traduit en justice ?

à€ la fin 2013, suite à  l’élection du président Ibrahim Boubacar Keà¯ta (IBK), une demande de procédure judiciaire a été transmise au président de l’Assemblée nationale par le procureur général, afin d’établir des faits susceptibles d’être retenus contre ATT. Le gouvernement mettait alors en place la Haute cour de justice, seule capable de juger un ancien chef d’à‰tat, et l’Assemblée nationale créait, le 1er juillet 2014, une « commission ad hoc » composée de 15 députés, dont 7 RPM, 3 APM, 2 ADEMA, 1 SADI (Oumar Mariko) pour la majorité, et 2 pour l’opposition, Chargée de produire un rapport et une proposition de mise en accusation devant la Haute cour de justice, ses travaux ont démarré en juillet 2014 et des auditions de plusieurs personnalités de différents secteurs de la vie publique ont eu lieu entre septembre 2014 et fin février 2015. l’objectif était d’établir les crimes, qualifiés de haute trahison, reprochés à  l’ancien président : déstabilisation du territoire national en ayant facilité la pénétration et l’installation de forces étrangères, destruction ou détérioration volontaire de l’outil de défense nationale, participation à  une entreprise de démoralisation de l’armée par des nominations de complaisance d’officiers incompétents et au patriotisme douteux, opposition à  la circulation du matériel de guerre, etc. Pour Sadou Diallo, maire de la commune de Gao, et président du PDES, parti créé par les proches d’ATT, ces accusations ne tiennent pas debout. « s’il doit être jugé, alors l’à‰tat actuel doit être jugé aussi. On l’accuse pour la rébellion au Nord, mais la rébellion n’est pas finie ! Pour quelle raison devrait-on le juger ? ». Naà¯veté ou erreurs de jugement ? Le bilan sécuritaire des dix années d’ATT semble être l’un des éléments de réponse. « Nous avions un arsenal militaire vieillissant, bon pour la parade du cinquantenaire de l’indépendance. Et au moment de la prise du Nord, nos militaires étaient armés mais n’ont pas combattu par manque d’entraà®nement et de motivation. De plus, la présence de l’armée malienne dans le nord était dispersée », confie cet ancien militaire sous anonymat. Les constats faits par les membres de la commission attestent que l’essentiel des forces était stationnée au sud alors que la réalité de l’insécurité était au nord. Pour ce diplomate, « les accords de paix des années 1990 et 2000, sous médiation étrangère, ont poussé à  une démilitarisation progressive du Nord, la présence de l’armée malienne y étant mal vue, elle s’est globalement repliée vers le Sud ». Et d’ajouter : « Le président ATT a peut-être été un peu naà¯f de croire que la solution n’était pas militaire et qu’en donnant de l’argent ou des postes à  certains, il allait calmer le jeu. Maintenant, est-ce qu’on ne lui a pas caché la réalité des choses ? » La question reste posée. Des sources militaires indiquent qu’elles ont signalé via des rapports au gouvernement, dès 2003, la présence grandissante d’AQMI. Selon elles, ces rapports étaient vidés de leur essence et témoignaient ensuite d’une situation sous contrôle… Dans ces analyses, la Commission retient que le dialogue prôné par ATT n’était pas de nature à  apaiser la situation, déjà  compromise. Le rapport indique aussi que l’arsenal militaire n’avait pas été renforcé et que le manque de matériel et d’équipements était la conséquence de la volonté politique manifeste des plus hautes autorités du pays. Ces constats et remarques confirment l’état de déliquescence des forces armées nationales du début des années 2000 jusqu’aux malheureux évènements qui ont ébranlé le pays en 2012. Pourtant, selon la commission, « les infractions reprochées à  ATT sont juridiquement délicates à  établir, et n’ont pas d’assises juridiques solides ». Un rapport qui manque de preuves matérielles La difficulté pour la commission d’apprécier la culpabilité de l’ancien président a aussi été renforcée par un certain nombre de contraintes, concernant notamment la non-transmission, par le gouvernement, d’actes réglementaires tels les décrets, arrêtés, rapports administratifs et autres, pouvant étayer les crimes reprochés à  l’ancien chef d’à‰tat. En conclusion, le rapport indique que « toutes les infractions dénoncées et reprochées à  ATT sont assimilables au crime de haute trahison », mais « qu’en l’état actuel des travaux, la commission ad hoc n’est pas parvenue à  une réelle appréciation objective des faits infractionnels dénoncés ». à€ la question de savoir quelle est la responsabilité pénale de l’ancien président, il a été difficile, voire impossible, de réunir les éléments d’appréciation. La décision quant à  la poursuite d’ATT appartient donc maintenant à  l’Assemblée nationale, qui devra voter courant avril. Un choix cornélien car, si l’ancien président devait être poursuivi, le gouvernement de consensus qu’il dirigeait dans la concertation et nombre de ses soutiens unanimes, pourraient venir grossir le rang des accusés. « ATT est un homme qui a partagé le pouvoir, pendant dix ans. Donc il ne peut pas comparaà®tre devant la barre seul ! », assène le président du PDES. Pour cet autre, « ceux qui l’ont soutenu politiquement à  l’époque lui ont tourné le dos, ils sont allés là  o๠la tartine est beurrée ». Contexte politique favorable Sur le terrain politique, Soumaà¯la Cissé, président de l’URD, en présence d’autres partis, a demandé au président IBK, lors de la conférence nationale de son parti le 26 mars dernier au CICB, de « favoriser le retour au pays d’Amadou Toumani Touré », qui selon lui pourrait aider à  la réconciliation et à  la paix. Depuis 4 ans, le contexte politique malien a évolué et aujourd’hui, à  l’heure de la réconciliation nationale, il semble difficile d’en écarter le président ATT. Pour maà®tre Konaté, avocat et co-fondateur du cabinet Jurifis, « Pour réconcilier le Mali, il faut prendre en compte tout « les Mali », celui de l’indépendance, le Mali de Moussa Traoré, le Mali de la transition, le Mali d’ATT et le Mali actuel d’IBK. Une des options principales pour les Maliens, s’ils veulent pleinement emprunter le chemin de la réconciliation nationale, serait de faire fi de toutes les poursuites, y compris politico-judiciaires, pour faire en sorte que tous les acteurs essentiels de la République du Mali puissent se retrouver pour la paix et la réconciliation nationale », conclut-il.

Blaise Compaoré trouve refuge dans le royaume chérifien

L’ex-président burkinabè était réfugié à  Yamoussoukro depuis le 31 octobre, jour de sa démission. Blaise Compaoré n’est pas le seul dignitaire africain à  avoir trouvé refuge au Maroc. Si pour l’heure on ignore o๠va résider l’ex-président burkinabè, selon une source à  la présidence ivoirienne, Blaise Compaoré séjournera au Maroc, à  l’invitation du roi Mohammed VI. Le souverain marocain a adressé jeudi dernier un message de félicitations au président intérimaire Michel Kafando au lendemain de sa prestation de serment. Ce n’est pas la première fois que le royaume chérifien accueille des dignitaires africains. Dans les années 60, Mohamed Boudiaf s’est installé à  Kenitra dans le nord de Rabat. Le cadre du FLN algérien séjourna au Maroc pendant près de 30 ans avant d’être rappelé en 1992 pour occuper la présidence de l’Algérie jusqu’à  son assassinat six mois plus tard. Le Maroc a aussi été la dernière demeure de Mobutu. En 1997, le lion du Zaà¯re est admis au Maroc pour des raisons humanitaires. Atteint d’un cancer généralisé, il s’est éteint une semaine plus tard. Sa tombe est toujours visible dans le cimetière chrétien de Rabat. Enfin, en 2009, le Maroc accueillait pendant dix jours le président guinéen Moussa Dadis Camara. Il est hospitalisé dans la capitale marocaine après une tentative d’assassinat par balles pour ensuite trouver refuge au Burkina Faso. l’ex-homme fort de Guinée vit d’ailleurs encore aujourd’hui à  Ouagadougou

Le Mali, nouvel eldorado des comédiens ivoiriens !

Les artistes ivoiriens sont très talentueux. Ils sont de fait sollicités un peu partout, au Bénin, au Togo, au Burkina… Mais aller jusqu’à  s’établir dans un autre pays pour exercer, cela sort de l’ordinaire. Eh bien, C’’est le cas de bon nombre d’entre eux. Le rire pour oublier Une destination est de plus en plus prisée pour ces derniers. Ce constat se justifie à  travers plusieurs faits. Zongo, le binôme de Tao qui a longtemps animé le ‘’Titrologue », dans l’émission ‘’Samedi ça me dit » sur la RTI, première Chaà®ne et lui-même célèbre humoriste est tête de liste. Depuis un bon moment, ce comédien a rebondi sur une télévision malienne o๠il anime un journal télévisé en humour. Aux dernières nouvelles, l’artiste est établi dans la capitale malienne depuis la fin de l’année 2010. Décothey, le seul homme qui veut se faire doter par sa femme Amélie, a emboité le pas à  Zongo. Il est lui aussi établi dans au Mali depuis un moment et est devenu promoteur de spectacles. Sans doute par leur biais, l’humour ivoirien s’est déporté à  Bamako. Pour preuve, il ne se passe pas une semaine sans que les comédiens ivoiriens ne crèvent le petit écran de la Chaà®ne panafricaine Afrikable basée à  Bamako au Mali. Zongo et Tao, Décothey, Adama Dahico, Agalawal et bien d’autres ne manquent pas de gratifier leurs fans de leur savoir-faire à  Bamako o๠ils font toujours salle comble . Aussi, ces artistes transportent-ils les populations maliennes dans leurs histoires, leurs blagues pour leur permettre d’oublier quelque peu la situation de ni paix ni guerre. En Côte d’Ivoire, on se souvient que le boom de la jeune génération d’humoristes a eu lieu dans les années 2000, au début de la crise politique qu’a connu le pays. On pourrait se demander pourquoi cet exil? L’humour ivoirien ne fait-il plus rire les ivoiriens? Les artistes ont-ils flairer une situation propice à  un renouveau de leurs carrières? Réponse de son Excellence Agalawal, l’Ambassadeur des humoristes de Côte d’Ivoire. «C’’est un déplacement qui a plusieurs explications. D’abord, le marché ivoirien est très saturé. Ensuite, les Ivoiriens étant friands des nouveautés, des comédiens étant restés scotchés à  leur style ne sont plus prisés. Ceux qui ne sont pas adaptés, se sont sentis en marge de la vague d’évolution. Ailleurs aussi, le terrain est vierge. Donc, il y a de la place à  occuper. Enfin, il y a la question sécuritaire, car C’’est après la crise post-électorale que beaucoup se sont déplacés », a-t-il fait savoir dans une interview qu’il a accordée à  un confrère.

URD : la longue absence de Soumi…

Pourquoi ce réveil matinal du parti alors que la crise malienne s’accentue avec la reprise des hostilités avec les groupes armés au nord et face au Sud qui donne pas encore d’assurances ? Ce qui est évident depuis deux semaines, C’’est que l’URD a repris les activités à  travers des conférences de sections. Après Bougouni et Kayes, la section de la commune I a reçu la délégation du Bureau national. Elle était composée du secrétaire général Lassine Kone, du vice président Kalilou Samaké et du président du mouvement des jeunes, Dr Madou Diallo sans oublier l’honorable Mamadou Diarra. l’objet de cette rencontre était de redynamiser le parti enfin de le positionner pour les élections prochaines à  venir. Dans cette commune, le parti de la poignée des mains tient, malgré la crise qui a frappé les grosses formations politiques comme l‘ADEMA ou le RPM. Selon Abdoul Aziz Dicko, secrétaire général de la section de la commune I du district de Bamako, le parti est loin d’avoir perdu son ardeur politique. Le premier responsable du parti de Soumaila Cissé a aussi signalé qu’aux premières heures de la crise, le parti était fortement mobilisé dans un élan de citoyenneté pour la défense de la démocratie et les premiers meetings à  la Bourse du travail avaient enregistré une participation massive des militants URD de la commune I. Une bien longue absence l’homme fort du parti de la poignée des mains et ancien Président de la Commission de l’Uemoa, a lui été agressé par certains porteurs d’uniforme au lendemain du Coup d‘Etat du 22 Mars d’o๠son exil forcé à  l‘extérieur. Sérieusement touché d’après ceux qu’ils ont rendu visite, suite à  son hospitalisation à  Paris, l’enfant de Nianfunké est en pleine forme désormais. Sa présence remarquée au forum Africités de Dakar en décembre dernier, le confirme. Il aurait confié avec un sourire «Â être au chômage » sans doute nostalgique de ne pouvoir se trouver au Mali. Mais qu’est-ce qui empêche Soumaila Cissé de rentrer ? De nombreux observateurs politiques estiment que l’éloignement du candidat influe indéniablement sur l’ascension du parti. D’autant qu’avec cette crise, les partis politiques ont perdu leurs crédits de 50 % aux yeux du peuple. l’un de ses proches nous a confié que Soumaila Cissé attend la stabilité des institutions pour signer son retour . «Avec la démission forcée du Premier ministre par les militaires, on ne peut pas dire que les institutions soient sécurisées. Soumaila Cissé ne peut donc se hasarder à  revenir au pays, explique t’il. Pourtant les journaux ne cessent de titrer sur son possible retour au pays et dans un bref délai. Ce qui est certain, C’’est qu’ il serait accueilli triomphalement par les militants de l’Union pour la République et la démocratie (URD)

La paisible retraite au soleil du général

Il l’avait plusieurs fois répété avant le coup d’état, qu’il était pressé de partir. Qu’il ne briguerait sûrement pas un troisième mandat. La déclaration avait plue. Eté considérée comme un acquis démocratique dans un pays stable politiquement. Le sort en a décidé autrement et précipité la sortie d’Amadou Toumani Touré à  la faveur d’une mutinerie transformée en coup d’état le 22 Mars 2012. C’est donc par le versant d’une colline qu’ATT descend des arcanes dorées du pouvoir. Porté par son fidèle aide de camp, il s‘enfuit sous les balles des putschistes mécontents. La chute aura été dure pour celui qui se voulait un sage, un chantre de la démocratie. Protégé par les Américains, ATT sera ensuite recherché par tous. Journalistes, junte, personnalités, tous se sont demandés o๠était le président déchu. A l’intérieur oà¹ à  l’extérieur du Mali… Mais en terre du Mandé, rien ne se cache et Samanko, à  quelques kilomètres de Bamako, en plein verdure, accueillera l’homme d’état que la providence a abandonné un soir du 21 Mars… Au lendemain d’un étrange retour à  l’ordre constitutionnel, ATT démissionne de son poste du fond d’une villa du quartier de l’ACI 2000, en toute discrétion et loin des caméras de télévision. l’on retiendra de cette lettre de démission, une phrase forte : « Je demande pardon à  toutes celles et à  tous ceux qui ont pu souffrir du fait des actes que J’ai posés, sans intention de nuire, durant mes deux mandats. » Ce seront enfin les murs de l’Ambassade du Sénégal à  Bamako qui serviront de transit à  l’ancien président qui embarquera à  bord de l’avion de Macky Sall. Bye-bye Bamako… De sa terre et vibrante du Mandé, ATT réside désormais sur les côtes douces et ensoleillées de la Téranga sénégalaise dans la résidence réservée aux hôtes de marque. Une retraite bien paisible pour le général et les siens… Voudra-t-il un jour parler ? Lorsque la nostalgie sera trop poignante.

Moussa Dadis, du fond de son exil…

Longtemps resté en marge du débat politique, depuis la tentative d’assassinat perpétrée contre lui par son ex aide de camp, Tomba Diakité, l’ancien homme fort de la Guinée Conakry a enfin décidé de sortir du silence. Dans une interview accordée en fin de semaine au confrère burkinabé « l’Observateur Palga », Moussa Dadis Camara aborde plusieurs questions. Ce qui s’est passé après la mort de Lassana Condé Venu au pouvoir le 22 décembre 2008, Moussa Dadis Camara dit ne jamais avoir penser à  être chef de l’Etat. A la question de savoir s’il était préparé à  cette charge, l’ex chef de la junte répond par la négative. « En toute sincérité, je n’avais jamais pensé à  être au pouvoir. Depuis l’université jusqu’à  mon incorporation dans l’armée, cette idée ne m’avait jamais effleuré l’esprit. Je faisais partie de ces contingents que feu le président Lansana Conté avait décidé de recruter pour préparer la relève dans l’armée guinéenne. En fait, à  l’époque J’avais fait aussi des tests dans des banques telles la BICIGI, la Société générale, et je devais travailler dans l’une de ces institutions… Mais le destin en a décidé autrement », explique le capitaine de l’armée guinéenne. Lors qu’il s’agit de rappeler les évènements survenus au camp Alpha Yaya dès la mort du président Lassana Condé, Moussa Dadis est bref : « Je suis allé au camp, et face aux hommes, J’ai ordonné qu’on fasse un communiqué. Tout le monde a adhéré à  cette idée. A ce moment, le général Sékouba Konaté n’était pas présent ». Le capitaine de préciser que C’’était lui qui dirigeait les opérations. « Il faut que les gens sachent que si vous n’êtes pas souvent devant une opération militaire, vous ne pouvez pas vous imposer. A l’époque, le général Sékouba Konaté ne voulait pas, idem pour le général Toto Camara. C’’est mon audace qui a prévalu », dévoile l’ancien homme fort de la Guinée. Qui explique par ailleurs qu’il n’a jamais ordonné la perquisition entreprise au domicile de l’opposant Cellou Dalein Diallo de l’UFDG (Union des forces démocratiques de la Guinée). « Si vous lui posez la question aujourd’hui, il vous le confirmera. Dalein a compris après. Il est toujours vivant, il peut en témoigner. Je le protégeais au contraire, mais dans une situation comme la nôtre, il y a des brebis galeuses. l’indiscipline battait son plein dans l’armée, et même à  présent, cela n’a pas totalement disparu ». « Je ne suis responsable de la tragédie au stade de Conakry » Parlant des évènements du 26 septembre 2009 à  Conakry, l’ex chef de la junte réfute toute accusation après la mort de plus de 150 personnes lors d’une manifestation contre sa candidature. « Je sais que les gens m’accusent de cette tragédie, parce que J’étais le président de la République et commandant en chef des forces armées. Sur le plan moral, cela se comprend. Imaginez que dans une famille, certains enfants sortent et vont agresser une autre famille. Est-ce le père de famille qui a ordonné d’aller commettre de tels actes ? Je fais cette comparaison, car, effectivement, en tant que chef de l’Etat, J’étais le patron de ces forces armées, je n’ai jamais ordonné d’aller massacrer des citoyens », se justifie l’ancien patron du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement). « Très sincèrement, entre Dieu et moi, lorsque J’ai appris ces massacres, je suis rentré chez moi, effondré, ajoute-t-il. Je voulais même aller au stade du 28 Septembre, mais des collaborateurs m’en ont dissuadé. Je suis resté cloà®tré dans ma maison, et J’ai versé des larmes. J’ai compris que la situation était grave. J’étais bouleversé ». Retraité de la politique ? « Des partis politiques se réclament toujours de vous en Guinée et espèrent votre retour…» déclare notre confrère. Moussa Dadis Camara ne dément pas. Cependant, précise le capitaine, « il y a une différence entre les leaders politiques et moi. Eux, C’’est la conquête du pouvoir qui les intéresse. Moi, je ne peux pas jouer le même rôle qu’eux. Nous n’avons pas les mêmes centres d’intérêt. Moi, je n’ai pas l’ambition aujourd’hui d’être président de l’Assemblée nationale ni d’être ministre. Non ! Mais eux, C’’est leur droit d’aspirer à  tout cela. Moi, je ne cherche plus le pouvoir, je soutiens le pouvoir pour qu’il pose des actes. C’’est deux objectifs différents ». Et d’ajouter : « Je reçois ici à  Ouaga de nombreux leaders politiques à  commencer par mon frère Cellou Dalein, et tout récemment, le jeune Moctar Diallo (ndlr : un des leaders des Forces vives de Guinée) est passé me rendre visite et me présenter ses condoléances pour le décès de mon garçon ». l’ancien patron du CNDD, qui dit garder de bons rapports avec les leaders politiques, pense qu’il est tôt de tirer un bilan du mandat du président Alpha Condé. « J’ai été président, J’ai l’expérience du pouvoir d’Etat. l’exercice n’est pas facile comme on le pense. Je sais les souffrances que J’ai enduré, donc je suis à  même de comprendre le président Alpha Condé. Je laisse d’autres faire ce jugement. Dans 2 ou 3 ans, on pourra valablement le juger » a déclaré le capitaine Dadis. Qui pense que la priorité en Guinée doit être le retour de la paix. l’ex chef de la junte militaire dit se sentir « bien » à  Ouaga. A la question de savoir ses activités de loisirs, Moussa Daidis se montre peu bavard. « à‡a, C’’est ma vie privée. Mais avant tout, je suis un être humain et J’ai ma vie de citoyen. Aller à  la chasse ou aller danser (rires), si cela est vrai, font partie de la vie d’un homme » dira-t-il pour conclure l’interview.

Revoici Blé Goudé !

C’’est par le biais d’un communiqué que Charles Blé Goudé, homme fort du régime Gbagbo, contraint à  l’exil par la chute de son mentor s’est adressé à  l’actuel président ivoirien Alassane Ouattara. Depuis l’endroit o๠il se cache depuis avril 2011(beaucoup penchent pour le Ghana voisin), il appelle Alassane Ouattara à  poser des actes allant dans le sens d’une réelle réconciliation des ivoiriens. Comme par exemple, l’intégration des ex-militaires favorables à  Laurent Gbagbo dans l’armée ivoirienne. Les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, armée loyaliste, composées en grande partie d’ex-rebelles, sont de plus en plus pointées du doigt par les organisations de défense des droits de l’homme. Elles sont accusées de nombreux abus et débordements dont le dernier date de quelques jours seulement à  Vavoua et Sikensi. Dans le communiqué rendu public ce 28 décembre, il dénonce une « atmosphère politique délétère », lourde de « menaces » du fait notamment des agissements répétés des militaires des Forces républicaines (FRCI), qui « se signalent chaque jour par des exactions ». Par ailleurs, évoquant les dernières législatives, Blé Goudé affrime que la « faible » participation « rend l’Assemblée nationale peu représentative » et « remet sur la table la nécessité d’un dialogue sincère et franc entre le pouvoir et l’opposition ». « Ouattara doit abandonner le « triomphalisme » » Recherché par la justice ivoirienne pour entre autres des détournements de fonds publics, et très probablement par la CPI, Charles Blé Goudé s’exprime régulièrement depuis son exil secret. Ne bénéficiant pas du statut de réfugié politique dans le pays, quel qu’il soit, o๠il se cache, Blé Goudé n’est pas tenu par l’interdiction d’agir sur la scène politique de son pays. Il entend donc ne pas se faire oublié et surtout jouer le rôle de « réconciliateur ». Ainsi, chacune de ses interventions va dans le sens de la reconstruction du pays et de cette réconciliation vers laquelle les ivoiriens tendent depuis la fin des violences politiques qui ont suivi le scrutin contesté de fin 2010. Le régime du président Alassane Ouattara doit, selon lui, abandonner tout « triomphalisme » et lancer de véritables « consultations avec l’opposition politique d’une part et les forces militaires d’autre part, afin de créer un climat de confiance qui aboutirait à  un nouveau consensus national ».