Broulaye Kéïta, conseiller technique au ministère des Maliens de l’Extérieur (MMEIA)

Les Maliens qui vivent à l’extérieur restent-ils attachés à leur culture ?

Nous sommes un pays de départ, mais les relations de la communauté malienne de l’étranger avec le Mali sont très intenses. La grande majorité des Maliens est fortement attachée à son terroir. La communauté malienne conserve avec le pays des relations qui impliquent un grand nombre de domaines.

Le ministère des Maliens de l’Extérieur leur apporte-t-il un appui ?

Notre vocation, c’est la protection et la défense des intérêts des Maliens de l’extérieur. Nous avons une Politique nationale de migration qui est le cadre de référence qui favorise l’implication de la diaspora dans tous les domaines (économie, développement, culture). Nous avons aussi, avec le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur, organisé il y a 2 ans des colonies de vacances qui permettaient aux enfants nés en France de visiter les localités d’origine de leurs parents. Nous envisageons également la création de centres culturels pour leur apprendre l’histoire, la géographie et les valeurs culturelles du Mali.

Les Maliens s’intègrent-ils bien dans leurs lieux de résidence ?

La question de l’intégration est fondamentale si on est appelé à séjourner pendant longtemps dans un pays et à y avoir des enfants qui vont plus se reconnaître dans le pays d’accueil. Cela reste un défi pour nous, pays de départ, et pour le pays d’accueil. Le niveau d’intégration dépend souvent aussi du niveau d’éducation et de la capacité à comprendre l’autre.

 

Moussa Bengaly « Je ne peux qu’accepter la situation »

C’est avec rage et colère que Moussa Bengaly évoque « son bad trip ». Âgé de 27 ans et voulant fuir à tout prix une situation familiale difficile, il se laisse persuader par un  « facilitateur » de voyage peu scrupuleux d’embarquer en direction du Koweit. Il débarque donc dans ce petit pays du Moyen-Orient en mai 2017, plein d’espérance.

Mais son rêve se heurte brutalement à la dure réalité du terrain. « A peine arrivé, mon employeur m’a confisqué mon passeport et tous mes papiers » raconte-t-il. Puis direction le désert, pour s’occuper de la bergerie de son patron koweitien, qui compte une centaine de têtes. D’un pays à un autre, il est donc passé de diplômé au chômage à berger improvisé. Une tâche pour laquelle il n’a aucune qualification, ni aucune envie. « Je ne peux qu’accepter la situation, me taire et faire le travail qui m’est confié ». Il a dû ravaler sa fierté, sous la menace d’une dénonciation calomnieuse aux autorités koweitiennes, qui peuvent ne pas se montrer très tendres avec les étrangers. Pour sa peine, une rémunération mensuelle de 60 dinars koweitiens (113 000 francs CFA) lui est promise. Mais pour l’heure, après deux mois, il n’en a pas encore vu la couleur. Ce qu’il ne savait pas au moment de s’engager, c’est qu’il venait de se faire happer par une nébuleuse.

« Tous ceux qui viennent ici sont pris en charge par l’employeur, qui leur paie la totalité de leurs frais de voyage ». Selon lui, son cas serait différent, ce qui contribue à alimenter encore plus sa colère. Il a payé plus d’un million de francs CFA pour son voyage, une somme qu’il veut récupérer avant de tenter d’aller vers une nouvelle destination, plus avantageuse. « Le Malien que je suis venu retrouver ici est celui qui est derrière toute cette scabreuse affaire. C’est un ex-détenu qui promet aux Arabes de leur trouver des bras valides pour travailler. Les intermédiaires comme lui sont tous rémunérés en conséquence » dénonce-t-il.

Dans son nouveau boulot, le sommeil est volage, la chaleur constante et la nourriture difficilement mangeable. « Je n’avais jamais cuisiné au Mali, mais ici je suis obligé de le faire, si je veux manger. Il n’y a eu personne pour m’apprendre comment faire, mais je me résous à manger pour remplir mon ventre. C’est infect ».

Et la nourriture ne semble pas être la seule inquiétude pour lui. « Nous avons monté nos propres tentes, mais nous ne bénéficions même pas de l’électricité. Il fait très chaud ici, souvent les températures peuvent monter jusqu’à 54°C » affirme-t-il.

 

Nathalie Dembélé « J’aime ma vie, peu importe où je me trouve »

 

San Luis Potosi, centre-nord du Mexique, à un peu plus de 300 kilomètres de la capitale, Mexico. La ville, située à 1 860 mètres d’altitude, accueille Nathalie Dembélé, jeune Minianka bon teint, depuis « trois ans et trois mois ». Etudiante en marketing et communication, le choix de cette destination, bien éloignée de sa Bamako natale, « était plus pour découvrir que pour étudier, car j’ai toujours adoré voyager et que j’éprouve une passion folle pour la diversité culturelle ».

Un choix qu’elle ne regrette pas, décrivant son séjour avec enthousiasme. « J’aime ma vie, peu importe où je me trouve. J’aime le fait qu’ici il n’y ait pas de discrimination sur mes origines. Je suis aimée et acceptée par ceux qui m’entourent, telle que je suis. Malheureusement, le Mali, comme toute l’Afrique en général, a une image de pauvreté ici. C’est la triste réalité à laquelle nous faisons face chaque jour ».

Pour s’adapter, aucune difficulté pour cette globetrotteuse qui, malgré sa petite vingtaine, a « eu l’opportunité de visiter d’autres pays, de vivre avec différentes mentalités. Tous les voyages que j’ai effectués m’ont faite mûrir en tant qu’être humain et m’ont appris à m’adapter facilement à mon entourage. Maintenant, je sais que la plus grande leçon de vie ne s’apprend pas forcément à l’école ».

« Du Mali, tout me manque. La nourriture, mes amis (es) et surtout ma famille. Elle est ma principale source de motivation, dans tout ce que je fais ». L’actualité du pays est présente et les nouvelles ne réjouissent pas Nathalie. « Je suis terrifiée face à l’actualité de mon pays. Et, souvent, je me demande si ceux qui m’encouragent à rester ici n’ont pas raison ».

Son retour, justement, elle l’envisage, mais pas encore. « Même avec toutes les opportunités que j’ai ici, j’aimerais bien retourner chez moi après mes études, pour contribuer au développement de mon pays. Mes amis qui sont au Mali me découragent de retourner m’y installer. Ils disent que cela va de mal en pis, mais, après tout, j’aime ma terre ». « Le Mali n’est comparable à aucun autre pays car il y a le « Diatiguiya » (hospitalité, ndlr) chez nous et c’est là que ta famille est également ma famille, contrairement à ici, au Mexique » conclut Mlle Dembélé, qui reconnaît cependant que par leur accueil des étrangers, les Mexicains ressemblent un peu aux Maliens.

 

 

Demba Almamy Dramé « Il faut s’intégrer pour réussir »

Originaire de la région de Kayes, Demba Dramé vit au Japon, à Tokyo, depuis 2014. Après une formation en Corée du sud en mécanique industrielle, il s’essaie d’abord au commerce, mais y renonce très vite, « parce que ça n’a pas marché et que j’ai préféré venir à Tokyo tenter ma chance ». « C’est mon frère qui m’a invité ici. Il y vit et a pensé que j’y aurai des opportunités, parce que la vie est bonne et que les salaires sont intéressants », explique le jeune homme d’une trentaine d’années. Bien qu’il existe une communauté malienne au Japon, le pays étant un archipel, « il est difficile de maintenir les liens », déplore-t-il.

Qu’à cela ne tienne, les Maliens de Tokyo se sont organisés et se retrouvent pour ne pas trop avoir le mal du pays. « On fête ensemble. On a ici une mosquée tenue par la communauté et, avec l’aide de l’ambassade du Mali, on essaie de se retrouver de temps en temps. Mais ce n’est pas facile, à cause des distances ».

Pour s’intégrer, pas de choix, il faut apprendre le japonais. « Les Japonais ne parlent que leur langue. Alors, si tu veux avoir du boulot, il faut pouvoir te vendre, et, pour se vendre, il faut parler la langue, faire ton CV et tout. J’ai donc dû prendre une année pour apprendre. Ça facilite aussi l’intégration. Aujourd’hui, j’ai mon boulot, mais aussi des amis japonais. Tout se passe bien », confie notre Tokyoïte. Mais difficile de manger le tô ou un autre plat malien à Tokyo, « à moins de le cuisiner soi-même ». Une tâche peu aisée pour ce célibataire, qui mange donc « japonais », mais « pas les sushis, quand même ! »

Le racisme, Dramé connait, mais il considère que c’est surtout une question d’ignorance. « Les gens, ici comme ailleurs, ont peur de l’étranger. Il faut juste bien se comporter et ne pas se faire remarquer négativement », conseille-t-il. La situation au pays ? Il y pense, mais « je préfère me concentrer sur mon travail et aider ma famille du Mali. La distance est grande, on s’informe, mais on préfère ne pas se faire de mauvais sang ».

Selon notre interlocuteur, il est important de conseiller les jeunes qui veulent partir à l’aventure aujourd’hui. « Ce qui importe c’est de savoir ce que l’on veut. Partout dans le monde aujourd’hui, les gens cherchent un meilleur avenir. Ici, au Japon, il y a des Américains, des Européens, des Asiatiques… Tout le monde vient pour travailler. Il faut donc être bien qualifié. Partir à l’aventure sans rien faire, c’est s’assurer l’échec ». « Il faut avoir une compétence, et surtout s’intégrer, pour réussir à faire valoir ce que l’on sait faire ». Alors, le mariage avec une Japonaise ? Dans un grand éclat de rire, il dit s’en remettre à Dieu. « Il y a des frères et sœurs ici qui ont des conjoints japonais. Moi, je me concentre sur mon travail, pour le moment »…

 

Mohamed Touré « Ce que j’ai aimé dans ce pays, c’est sa beauté sauvage et libre »

Pour ce qui est de défricher les terres inconnues, Mohamed Touré n’est pas en reste. Il y a 10 ans, en rencontrant sa femme, une Islandaise, à New York, il décide de la suivre et s’envole pour cette petite île volcanique située sous le cercle polaire, à quelque 300 km du Groënland, un glaçon au cœur de braise, où se mêlent le vent, la pierre, le feu et la glace.

C’est sur cette « terrae incongnitae » que ce jeune bamakois (24 ans à l’époque), décide de poser ses valises et de fonder une famille.. « Ce que j’ai aimé dans ce pays, ce sont ses paysages authentiques, sa beauté sauvage et libre, ce calme particulier, le côté paisible de l’île. On y est peu nombreux, il n’y a pas de problèmes de sécurité. Pour fonder une famille, c’est l’endroit idéal », confie-t-il.

De mémoire, Mohamed est le seul Malien à avoir résidé sur l’île. Les Africains en Islande sont rares et tous ceux qui y habitent se connaissent. « Les premières années, c’était bizarre, car il n’y a pas une grande concentration d’hommes noirs. Vous pouviez passer un bon bout de temps sans en voir un seul et, quand vous en rencontriez un, vous vous dévisagiez avec étonnement et le lien se créait tout de suite » sourit-il. Si les Africains sont peu nombreux en Islande, cela tend à changer peu à peu, mais beaucoup d’Islandais ont une image encore un peu «folklorique» de l’Afrique. « Certains Islandais pensaient qu’au Mali ont vivait dans des villages avec des animaux sauvages. Je leur répondais que je croyais qu’ils vivaient, eux, dans des igloos et chassaient le phoque», plaisante-t-il.

A Reykjavik, la capitale aux airs de petit village avec ses maisons colorées, notre Malien apprend à s’habituer au long hiver islandais, quand la nature revêt sa parure polaire 9 mois durant, au soleil de minuit « qui peut déboussoler les premières fois » et aussi à la langue, bien plus compliquée à parler que le bamanan.

Pour preuve, tentez de prononcer le nom du sommet culminant du pays, le Hvannadalshnjúkur. Même s’il admet ne pas parler l’islandais couramment, Mohamed se débrouille et le reste se fait en anglais, langue largement parlée en Islande. Pour autant, il n’en oublie pas son Mali natal et, malgré la distance, reste connecté. « Je suis l’information malienne tout le temps. La connexion Internet est vraiment très bonne, donc pas de problème pour rester informé. J’ai suivi la crise du Nord, c’est un problème d’abord politique. J’ai été triste pour mon pays et parfois j’essayais de ne pas y penser ».

Tous les deux ans, Mohamed revient à Bamako. En janvier dernier, il y a amené sa femme et ils ont fait une halte au campement Kangaba. « J’ai été atterré de voir ce qui s’y est passé récemment ». Aujourd’hui, Mohamed aimerait s’installer définitivement au Mali, « parce que je veux aider mon pays», explique ce trentenaire, qui après 9 ans passés dans la seconde ville la plus septentrionale au monde, estime que le Mali et l’Islande font indéniablement partie de lui.

Salif DIALLO « L’aventure, c’était mon rêve »

Après 20 ans à travailler dans les mines d’or à Kayes, dans la première région du Mali, Salif Diallo décide enfin de réaliser ses projets. « L’aventure (l’émigration, ndlr) était mon rêve depuis longtemps et, avec tous les problèmes dans les mines, j’ai décidé de partir ». Destination le Qatar, où vit actuellement environ une centaine de Maliens, d’après lui qui est secrétaire général de l’association des Maliens résidant dans ce pays du Golfe.

Mais pourquoi ce choix? « Je connaissais un Malien qui était là-bas. Et puis, pour le visa, on peut s’adresser à des sociétés intermédiaires spécialisées dans son obtention », explique M. Diallo qui a accompli ces formalités il y a juste deux ans. Il obtint donc un visa d’une durée de 5 ans, après avoir déboursé 2 millions de francs CFA, sans compter le billet d’avion à environ 800 000 francs CFA. Pourtant, ce visa est gratuitement donné aux compagnies internationales qui souhaitent embaucher du personnel étranger. Salif travaille aujourd’hui pour la société chinoise CGGC BURHAN JVJ dans le domaine des travaux publics.

Chef d’équipe sur un chantier de construction de réservoirs d’eau, Salif Diallo réside dans la localité d’Al Watra, à environ 20 km de la capitale. « Je suis le seul Malien. Je travaille avec des Ethiopiens, des Pakistanais… avec qui j’échange en anglais ». Une langue dans laquelle il « se débrouille », puisqu’il a quitté l’école en classe de 8è. Après quoi il a travaillé dans le domaine des transports, dans lequel évoluait sa famille.

Pour un Sahélien, l’acclimatation à ce milieu désertique du Moyen Orient devait s’avérer facile. Pourtant, « ici, tout est extrême. Quand il fait chaud, il fait très chaud, et durant le froid, il y a un brouillard qui rend la visibilité presque nulle ». C’est pourquoi, lorsqu’il ne travaille pas, Salif Diallo reste chez lui et passe le temps en allant sur Internet. Les vendredis (correspondant au week end) « puisqu’on ne travaille pas, on se retrouve avec les autres Maliens à l’ambassade, pour discuter de nos problèmes et du Mali », explique le quarantenaire. Et même s’il ne souhaite pas se prononcer sur le débat actuel concernant la réforme constitutionnelle, cet adepte des réseaux sociaux, qui se tient régulièrement informé de l’actualité au Mali, souhaite simplement qu’il y ait la paix.

Originaire de Kati, ville située à 15 km de Bamako, dans la région de Koulikoro, l’homme, qui a quitté le Mali il y a seulement deux ans, souhaite y retourner lorsque les conditions seront remplies. « On part à l’aventure pour gagner quelque chose, de quoi construire sa vie. Je ne souhaite pas passer ma vie au Qatar. J’ai laissé ma famille au Mali et je souhaite la retrouver quand j’aurai plus de moyens ».

 

Des Maliens aux quatre coins du monde

Avec la mondialisation et la migration, les Maliens sont aujourd’hui présents sur tous les continents. Ils n’avaient pas les mêmes projets en partant, ni les mêmes rêves et objectifs, mais ils ont en commun, au-delà de leurs réussites ou de leurs échecs, la même mère patrie : le Mali. Voici les témoignages de quelques-uns de ceux qui vivent au loin et dont certains résident dans des contrées très exotiques pour qui est resté au pays !

Seydou TRAORÉ : « Je suis devenu un amateur de football s’en m’en rendre compte ! »

Avec la mondialisation et la migration, les Maliens sont aujourd’hui présents sur tous les continents. Ils n’avaient pas les mêmes projets en partant, ni les mêmes rêves et objectifs, mais ils ont en commun, au-delà de leurs réussites ou de leurs échecs, la même mère patrie : le Mali. Voici les témoignages de quelques-uns de ceux qui vivent au loin et dont certains résident dans des contrées très exotiques pour qui est resté au pays !

C’est par un « Hola » qu’il répond aux appels téléphoniques, et non par le traditionnel « Allô » si cher aux Francophones. Signe d’une adaptation réussie dans un pays, l’Argentine, connu à l’international grâce à son football et à ses ambassadeurs que sont entre autres Diego Maradona ou encore Lionel Messi.

Dans la capitale du pays, Buenos Aires, Seydou Traoré, la quarantaine, doté d’un très fort accent bambara, s’épanouit pleinement. Après un bref passage en Libye, où il a travaillé sur des chantiers, il décide de tenter une toute nouvelle aventure, un dépaysement hors d’Afrique, convaincu par un Sénégalais rencontré en Libye et dont le cousin vivait en Argentine.

Il prend alors un visa en direction du Brésil, d’où il gagne l’Argentine en 1996. Un pari fou, risqué, dans un pays considéré par beaucoup comme très raciste. « Je m’étais un petit peu documenté avant de venir. Historiquement, ils (les Argentins) ont eu des problèmes avec les Noirs. La plupart furent d’ailleurs massacrés, mais, après ils ont vu que chez tous leurs voisins, hormis le Chili, les Noirs vivaient en harmonie avec les Blancs. La nouvelle génération a donc décider d’ouvrir ses portes aux Noirs » raconte-t-il. Une aubaine pour lui, qui ne connut pas de réelles difficultés à son arrivée.

Menuisier de formation, il trouva rapidement du travail dans une petite entreprise du « barrio » (quartier) de San Telmo, l’un des plus anciens de Buenos Aires. Puis, avec les fonds récoltés et en vivant de manière modeste, il ouvre en 2001 une petite alimentation dans le quartier touristique de « Recoleta », boutique apparemment très prisée des expatriés et de la classe bourgeoise de la ville. « C’est un commerce qui marche. Je remercie Dieu pour cela » souffle-t-il. Au départ, seul à tenir son « business », il travaillait toute la semaine 15 heures par jour. Un rythme infernal qu’il a tenu trois ans, avant d’embaucher un Argentin, Juan, qui le seconde aujourd’hui. Maitrisant parfaitement l’espagnol, après avoir pris des cours durant un an demi, il s’est fondu dans la masse et se considère désormais comme un authentique argentin. De cette population à la culture riche, il a adopté l’amour inconditionnel du football. De nombreux clients se pressent d’ailleurs dans sa boutique pour visionner les rencontres entre les deux plus grandes équipes de la ville, River Plate et Boca Junior. « C’est sacré le football. Je n’étais pas un grand amateur, mais j’en suis devenu un sans m’en rendre véritablement compte, en les voyant se passionner autant pour ce sport ».

De son côté, il fait découvrir le Mali, bien aidé, il l’avoue, par Seydou Keïta, le footballeur, qui a évolué avec Messi au FC Barcelone. « Je mets souvent Salif Keïta et Mangala Camara dans ma boutique. Mes clients adorent leurs chansons » se réjouit-il.

Malgré la distance, Seydou Traoré se tient constamment informé, grâce à Internet, de l’actualité malienne. Le constat qu’il fait est assez amer : « nous sommes un pays historiquement fort. Voir que des minorités en armes nous malmènent me fait un pincement au cœur ».