Marché de Noël : les acheteurs de jouets se font attendre

À la veille de la fête de Noël, le marché des jouets ressemble un peu au temps qui fait ce 23 décembre 2017 à Bamako. Timide pour ne pas dire morose, l’atmosphère n’est pas encore à la fête. Les jouets s’enlèvent au compte-goutte et les vendeurs ne sont guère optimistes.

À quelques pas de la Cathédrale de Bamako, à l’entrée du grand marché de Bamako, les vendeurs de jouets et autres accessoires de Noël attendent désespérément les clients.

Mamadou Sanogo, s’est spécialisé depuis environ une vingtaine d’années dans la vente des accessoires de Noël : sapins, guirlande et autres objets de décoration sont exposés devant sa boutique. Il relève que cette année le marché des objets de Noël est très irrégulier, quelque fois intense, d’autres fois très lent.  Difficile donc de dire qu’est ce qui s’achète le plus. « C’est chacun, selon ses besoins. Certains achètent un sapin, d’autres des guirlandes. » Les clients sont généralement des chefs de famille, qui par habitude fêtent Noël, peu importe d’ailleurs leur religion. Les prix des sapins qui varient par exemple de 3000 francs jusqu’à 40 000 francs CFA, ne sont pas différents de ceux de l’année dernière. Mais la particularité cette année, étant que beaucoup d’articles ne sont même pas arrivés en raison d’une grève dans le transport ferroviaire à Dakar, d’où transitent les marchandises, ce qui fait que les commerçants n’ont pas un large choix de produits. Malgré tout, Monsieur Sanogo espère faire de bonnes affaires, car les clients attendent souvent les dernières heures pour acheter.

Fortunes diverses

Moins optimiste, Lamine Diallo qui vend des jouets depuis environ 5 ans, estime que l’année dernière a nettement été meilleure. S’il ne connaît aucun problème d’approvisionnement, il attend toujours les clients. Difficile donc dans ces conditions de dire quel jouet a la côte. Même si la tendance générale reste aux voitures et aux pistolets pour les garçons, et les poupées et dinettes pour les filles. Il n’espère guère une amélioration de la situation, car « c’est la situation générale même qui est difficile. »

A quelques mètres de lui, Mambé Damba a un peu plus de chance, même s’il estime aussi que cette année est plus difficile. « Les prix sont abordables et le marché est bien fourni. Seulement les gens n’ont pas d’argent », affirme le commerçant qui vient de réaliser une vente de 50 000 francs CFA. Un promoteur de « jardin d’enfants » (maternelle), qui vient acheter des cadeaux pour ses jeunes élèves qui s’en vont en congé de Noël.  Chaque année, à l’occasion de la fête de Noël et à la fin de l’année scolaire, Ibrahim Badra Touré s’acquitte de cette obligation. « Cette année, le problème est que j’ai acheté beaucoup moins de jouets que l’an passé. Parce que ce sont les parents qui donnent une cotisation avec laquelle nous achetons les jouets. Cette année, plusieurs d’entre eux n’ont pas payé. Mais nous allons néanmoins donner les cadeaux à tous les enfants, pour ne pas les frustrer », en espérant que « les parents paieront quand ils auront l’argent », conclut Monsieur Touré.

Fêtes, des lendemains qui pleurent

Au lendemain des fêtes, alors que flotte encore dans l’air le parfum des repas partagés et des belles toilettes arborées, c’est un concert de lamentations qui s’élève. Les réalités du quotidien rattrapent les fêtards qui, les poches vides, voient venir des jours difficiles.

« Le salaire est fini avant d’y avoir touché ! », se lamente Aminata, jeune cadre qui a pourtant des revenus plutôt corrects. « Les dépenses du mois de décembre sont juste énormes. Entre les tenues des enfants, les cadeaux, les repas, on est morts ! Même le carburant pour aller faire les salutations, c’est un vrai budget », ajoute Papus, qui raconte à ses amis du « grin » spécial Nouvel an installé chez lui en ce 2 janvier chômé, qu’il a dû dépenser près de deux fois son salaire. C’est d’ailleurs le cas de la plupart de ses compères, chefs de famille, qui pour certains ont contracté des dettes pour faire face aux dépenses des fêtes de fin d’année. « À cause du crédit, le salaire de janvier est mort-né. On est en mode jonglage », commente Abdou, enseignant, membre du « grin ».

D’un 31 à l’autre La débrouille semble bien être le maître mot de tous pour arriver au bout de ce mois de janvier qui s’annonce donc plutôt difficile. Chez cet employé de commerce, « c’est Madame qui va devoir gérer jusqu’à la fin du mois. Je lui ai confié ce qui restait et elle va faire de son mieux ». L’épouse, à côté, semble rompue à cet exercice. « Je m’arrange toujours pour qu’il reste des vivres après les fêtes. Du poisson, de la viande et du riz, on tiendra bien avec ça et d’ici la fin du mois, on aura des rentrées, inchallah ! », explique la commerçante. Pour ceux qui n’ont pas la capacité de faire quelques réserves, c’est la sensation « gueule de bois » qui subsiste en ce début d’année. « C’est dur, parce que le salaire est encore loin et en plus, il y aura les scolarités et les factures à payer. Ça promet ! », s’exclame Abdou, qui ne veut plus y penser. « Tous les ans c’est pareil ! Au moins, on a la satisfaction d’avoir bien fêté. D’autres s’endettent pour payer des médicaments. Donc si c’est pour vivre des moments heureux, on rend grâce à Dieu », philosophe de son côté Moriba. En effet, pourvu qu’il y ait la santé…

 

Fête de fin d’année : c’est bon pour le business

Rayons bien garnis, décorations et promotions « spécial fin d’année », tout est mis en œuvre par les commerçants pour attirer la clientèle. Les fêtes sont en effet l’occasion de faire du chiffre, particulièrement pour les grandes surfaces.

Dans le supermarché Shopreate situé à Badalabougou, c’est le branle-bas de combat ! Ici, on a misé sur le chocolat, grand produit des fêtes. Toute une allée est consacrée aux grandes marques et le client n’a que l’embarras du choix. Autres produits attractifs, à quelques heures de Noël, les jouets. Les cadeaux pour les enfants sont mis en avant et les prix, déjà très abordables selon les responsables, connaissent encore une baisse significative. Dans les allées du rayon vestimentaire, certains articles connaissent jusqu’à 50% de réduction. « Nous proposons d’acheter deux produits au prix d’un, cela incite les clients à sortir les billets », confie Cissé Doucouré, responsable de rayon. « C’est une aubaine, j’en profite pour faire des emplettes pour toute ma famille », explique Cheick Keïta, un client du magasin.

À Azar Libre Service, c’est sur la vente d’alcool que l’on mise pour booster le chiffre d’affaires. « On s’attend à un mois plein. L’alcool coûte cher et pour la période, c’est ce qui se vend le plus », explique Hisham Ali, gérant, qui précise cependant que « les jus aussi connaissent un pic de vente ». « On avait une petite crainte, depuis que les déguerpissements ont emportés plusieurs maquis, mais pour l’heure nous avons plus de trois millions de francs CFA de commandes pour la fin d’année. Et ce n’est que le début. Avec les forces étrangères, c’est un finish sur les chapeaux de roues qui nous attend », s’enthousiasme Étienne Traoré, gérant d’une brasserie.

Dans les rues marchandes installées dans les communes de Bamako, les commerçants se disent confiants en cette « saison ». « On dirait que les gens ont envie de faire la fête cette année, alors ils sont là et achètent », explique Bourama, vendeur de décorations, qui avoue que « ça marche très bien, contrairement à l’année passée ». Du côté des vendeurs de poulets, c’est aussi la grande forme. « C’est notre fête à nous. On peut avoir des achats à hauteur de 200 000 francs CFA pour la soirée du 31 décembre », explique Birango Diabaté, revendeur de volailles.

 

 

Transport aérien : Aigle Azur défie Air France

Amorçant un tournant dans sa stratégie commerciale, Aigle Azur, la compagnie française filiale du groupe Chinois HNA, renforce sa présence à  Bamako et concurrence Air France avec des tarifs attractifs pour célébrer les fêtes de fin d’année entre Bamako et Paris. Aigle Azur est bien présente en Afrique, avec une part de marché annoncée de 42% entre la France et l’Algérie, mais Bamako reste sa seule destination au-delà  du Sahara. La capitale du Mali fait l’objet de toutes les attentions de la compagnie : une représentation commerciale y a été ouverte fin novembre 2014. « La Compagnie souhaite ainsi s’assurer une plus grande visibilité sur le marché malien et un service de proximité, conforme à  la demande de sa clientèle », a-t-elle indiqué dans un communiqué. Aigle Azur” ajoute également une fréquence de vol hebdomadaire du 10 décembre 2014 au 24 janvier 20154 pour satisfaire la clientèle malienne en France ainsi que les maliens souhaitant célébrer les fêtes de fin d’année en France. Ce sera donc au total 3 vols par semaine durant cette période. La deuxième compagnie aérienne française, Aigle Azur, met sur le marché des prix très attractifs sur le parcours Bamako-Paris-Bamako: 299 900 F CFA TTC pour la période de fin d’année. Pas sûr que la première compagnie Française, Air France, voit d’un bon œil la présence renforcée d’Aigle Azur au Mali qui pourrait être annonciatrice d’une expansion prochaine en Afrique. Aigle Azur veut s’y développer, alors que la région représente le troisième marché du réseau d’Air France qui y réalise 13% de son trafic. Sans oublier que, C’’est généralement au moment des congés scolaires ou autour des fêtes de fin d’année que les prix ont tendance à  flamber chez Air France. Pour trouver un vol pas cher pour le Mali depuis la France, il existe différentes stratégies. S’y prendre à  l’avance est une bonne idée mais guetter les offres de dernière minute peut également s’avérer payant, a conseillé la compagnie elle-même sur son site. Une chose est certaine, Aigle azur est désormais bien installée au Mali et compte bien y rester.

Fête du Ramadan : ça se prépare…

La communauté musulmane déploie les gros moyens pour bien célébrer l’Aà¯d el Fitr qui marque la fin du ramadan. Pendant que dans les quartiers, les chefs de famille mutualisent leurs forces pour l’achat de bœufs à  partager, les femmes font le pied de grue devant les salons de couture et de coiffure pour être élégantes le jour « j ». Bazin patché et broderie suisse Bassirou Ndiaye, couturier sénégalais établi à  Korofina a commencé à  veiller chaque nuit pour respecter les rendez-vous fixés à  sa clientèle essentiellement féminine. « Je couds pour les hommes mais ils n’aiment pas trop dépenser, rares sont les hommes qui déboursent 75 000 francs pour s’offrir un caftan super 100, par contre les femmes mettent sur la table 130 000 francs pour un complet taille basse bien brodé. Cette année, la soie imprimée, la soie perlée, la duchesse mixée à  la dentelle et le getzner sont à  la mode » explique le couturier. Nous avons trouvé dans son atelier une commerçante entourée de sacs bien remplis et à  la main des téléphones qui n’arrêtent pas de sonner. Falla Mbaye vient du Nigéria. Elle a quitté le Sénégal depuis deux mois pour le Gabon puis Lagos. Elle vend des habits confectionnés à  Dakar. « Pour les hommes, les ensembles sont à  30 000 francs s’il s’agit du lin lourd, 25 000 pour les cotonnés et 45 000 pour les super 100 huilés que portent les cadres et les initiés » affirme Falla qui estime que « les femmes sont plus intéressantes car elles achètent des tuniques en bazin patché avec de la broderie suisse à  80 000 francs ». Hommes comme femmes ont jeté leur dévolu sur les couleurs mixées à  l’image du beige-marron, orange-vert, bleu-lomassa et le très demandé rouge-gris. Mèches et froufrous En matière de coiffure, les mèches colorées sont à  la mode. Le marron associé au beige assorti de rouge se fend comme de petits pains. Les tresses ne sont pas prisées à  l’opposé des greffages de toutes sortes. Point de petite tête, l’hivernage aidant, les femmes cherchent le fun avec surtout l’effet coupe du monde et la coiffure étagée de leur idole, Neymar JR. Pour compléter le tableau, elles exigent les pose-cils, les pose ongles et les vernis multicolores. La fête prévue en début de semaine prochaine donne une petite marge aux femmes pour amadouer qui de droit afin de lui soutirer quelques billets de banque à  distribuer le jour de l’Aà¯d-el Fitr qui n’impose pas beaucoup de travaux domestiques aux femmes. Ne sommes-nous pas dans l’ère du paraà®tre !