G5 Sahel : Reprise des opérations, et après ?

Fin janvier, la ministre française des Armées a révélé « qu’après plusieurs mois d’arrêt (…), la force conjointe du G5 Sahel est en train de reprendre ses opérations ». Devenue muette depuis l’attentat qui l’avait endeuillée fin juin dernier, cette force antiterroriste doit encore convaincre, après six opérations déjà menées. Dans l’immédiat, cela semble aléatoire.

« Les différentes opérations menées n’auront pas enregistré en tant que tels des résultats remarquables, mais elles ont plutôt permis à l’État islamique au Grand Sahara et aux autres groupes terroristes de migrer du centre du Mali et du nord du Burkina vers l’est du Burkina. Elles ont conduit à un redéploiement du dispositif des groupes terroristes, sans pour autant les détruire », observe Mahamadou Savadogo, spécialiste de l’extrémisme violent et de la radicalisation au Sahel. L’analyse  de  ce chercheur burkinabé du Centre de recherche action pour le développement et la démocratie (CRADD) est soutenue ces derniers mois par la multiplication des attaques meurtrières dans ce pays frontalier du Mali et également membre du G5 Sahel. Lundi dernier, une attaque ayant visé l’armée burkinabé a fait quatre morts, alors que la veille une autre avait coûté la vie à dix civils.

La reprise des opérations après leur arrêt depuis l’attaque du quartier général de la force, à Sevaré, il y a sept mois, n’annonce pas du nouveau. Malgré les plaidoyers  sur son utilité au Sahel, le FC G5S, regroupant le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie et le Tchad en laisse plus d’un sur sa faim.

Montage inadapté ?

« Le G5 est une force qui ne répond pas à l’architecture de base idoine, parce qu’il a été concocté par les pays de la sous-région de manière assez autonome pour s’occuper de la sécurité. Mais toute la conduite des opérations, même si c’est avec nos forces armées, est sous tutelle étrangère, ce qui nuit au bon fonctionnement de l’organisation », estime l’analyste politique Salia Samaké.

Au total, la force G5 Sahel a conduit depuis sa mise en place six opérations. Les trois dernières ont été menées de mi-juin à mi-juillet 2018. Il s’agit de l’opération « Gourma », du 15 au 28 juin dans le fuseau Centre, à la frontière Mali – Burkina – Niger et des opérations « Odossou » (vigilance) dans le fuseau Est, à la frontière Niger – Tchad et « El Emel »(espoir) dans le fuseau Ouest, à la frontière Mali – Mauritanie, conduites conjointement du 1er au 12 juillet 2018. Ces différentes interventions ont été menées le plus souvent en coordination avec la Force Barkhane. « Il y a eu des résultats et ces forces ont eu des confrontations dans lesquelles elles ont obtenu peut-être des victoires, mais le maillon manquant est le maintien de la paix après ces opérations », souligne Salia Samaké.

Outre les difficultés à récolter les fonds promis, le regroupement semble confronté à des stratégies « complaisantes » et à une approche « molle » de la menace dès le départ. « Elle est restée théorique. Et, même en se mettant en marche, le G5 Sahel a minimisé la stratégie et l’action de ces groupes. On a l’impression qu’ils sont en avance sur la force du G5 Sahel parce qu’ils arrivent à anticiper ses actions », explique Mahamadou Savadogo, pour qui, elle est en « déphasage avec la réalité». « La stratégie mise en place depuis 2016 – 2017 pour couvrir le Sahel et pour le Burkina le nord du pays est désuète, car aujourd’hui il y a deux fronts ouverts : l’Est et l’Ouest », déplore le chercheur.  

Si l’idée de cette force demeure originale, une plus grande implication des initiateurs serait plus que nécessaire. Tous les pays engagés dans cette lutte sont ciblés par les djihadistes, excepté la Mauritanie. La coordination des armées, aux capacités et au mode de fonctionnement différents, se trouve être une autre difficulté majeure. « Sur le terrain, pour l’armée burkinabé, que je connais très bien, il y a le comment vont être rémunérés les soldats qui seront sous la bannière du G5 Sahel, d’autant qu’ils évoluent sur le même terrain que les autres, qui prennent les mêmes risques ? », s’interroge Mahamadou Savadogo. Il met aussi l’accent sur l’absence de priorités communes aux chefs d’États du G5 Sahel. Le Niger et le Burkina seront bientôt  dans la phase de leurs campagnes électorales, ce qui entrainera un relâchement  dans les efforts. De plus en plus, il s’avère que des communautés, dans les zones d’opérations, considèrent cet outil comme une force étrangère. Au Burkina, à l’Est notamment, « il y a des confirmations que ce sont des communautés locales même qui se sont radicalisées contre le système en place », révèle le spécialiste de l’extrémisme violent et de la radicalisation au Sahel, Mahamadou Savadogo.

Quoi qu’il en soit, les nouvelles opérations, annoncées depuis l’extérieur, prouvent que la force a encore des progrès à réaliser avant toute forme d’encensement.

G5 Sahel: La Mauritanie aux commandes de la Force

Après le limogeage du Général malien Didier Dacko pour « insuffisance de résultat », ce serait donc un général mauritanien Hanena Ould Sidi, qui prend le commandement de la Force conjointe du G5 Sahel. Son adjoint est tchadien.

L’information, attendue depuis le somment du G5, le 2 juillet à Nouakchott, en marge du sommet de l’Union africaine (UA), est tombée le 14 juillet. Elle avait filtré à la suite de la rencontre des chefs d’Etat mais n’avait pas été officiellement annoncée. Selon des sources officielles mauritaniennes, le chef d’état-major adjoint mauritanien, le général Hanena Ould Sidi, a été nommé commandant de la force co,jointe du G5 Sahel. Pour le seconder, le général tchadien Oumar Bikimo. Ils remplacent respectivement le général malien Dacko et son adjoint burkinabé, le colonel major Yaya Séré. Le général Ould Sidi a notamment dirigé dans son pays les renseignements militaires, un domaine dans lequel la force du G5 Sahel a besoin d’être renforcée. Quant à son  adjoint, il a été à plusieurs reprises chef d’état-major particulier au ministère tchadien de la défense, commandant du contingent tchadien en Centrafrique, dans le cadre de l’intervention militaires régionale en Centrafrique en 2006-2007, puis entre 2008 et 2013. Il a également commandé les forces du Tchad envoyées en 2013 pour chasser les djihadistes avant de servir comme chef adjoint de la force militaire de la Mission de l’ONU (Minusma), en 2015-2016.

Ce changement à la tête de la Force conjointe du G5 Sahel fait suite à un attentat djihadiste survenue le 29 juin contre le quartier général de la force conjointe à Sévaré, dans le centre du Mali. L’attaque avait fait trois morts, dont deux militaires maliens de cette force, outre deux assaillants. « La stratégie ne change pas » déclarait quelques jours plus tard, le président du Niger, président en exercice de l’organisation régionale. »Ce n’est pas un attentat qui va venir changer notre approche et notre stratégie. […]Notre stratégie est claire. Nous continuerons à la mettre en œuvre » avait-il affirmé. Ce sont donc les hommes pour la mettre en  oeuvre qui ont changé.

 

 

Gal B. Guibert, Commandant de la Force Barkhane : « Il n’y a plus de sanctuaire terroriste au Mali »

Quelques heures après une attaque contre le camp Minusma de Kidal, le Commandant de la force française Barkhane rassure : la situation tourne en défaveur des groupes terroristes. Ces derniers ont été frappé au cœur de leur dispositif grâce à une opération encore en cours et qui a permis de neutraliser ou d’arrêter des individus dont de nombreux cadres de l’EIGS et du JNIM.  

Opération de communication inédite pour le chef de la Force Barkhane. Le général de division Bruno Guibert a rencontré la presse ce jeudi 22 mars 2018. L’officier supérieur connait bien le Mali. Il y a été d’aout 2013 à avril 2014 en tant que chef de la mission de formation de l’Union européenne, l’EUTM. Depuis juillet 2017, il a pris le commandement de la force française, déployée dans cinq pays de la bande sahélo-saharienne, avec PC à N’Djamena (Tchad).

Lancée, le 1er août 2014, la Force Barkhane est déployée essentiellement au nord du Mali où  elle lutte contre le terrorisme. En près de quatre ans, des centaines de terroristes ont été mis « hors de combat », des bases démantelées etc. « Cette tâche, nous la continuons », assure le Général Guibert qui se réjouit que l’opération menée dans le Liptaco-Gourma depuis trois semaines et qui aura déjà permis de toucher près de 70 terroristes, ait permis de déstabiliser les actions des groupes installés dans cette zone. Une action qui se mène sur le terrain  en collaboration avec les différents acteurs militaires sur le terrain (troupes internationales, Forces armées maliennes et des pays voisins), mais aussi certains groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation(APR).

 Général Bruno Guibert, le 22 mars 2018, à propos de la collaboration avec certains groupes armés. Copyright JDM

« Je ne fais pas de politique »

« Barkhane est une force militaire. Donc moi je mène des combats, je ne m’occupe pas de politique, je ne me positionne pas sur le champ politique même si je comprends que l’action militaire à des impacts sur le champ politique », précise le Général français. La question de la mise en œuvre de l’APR entre en ligne de compte dans la gestion des opérations sur le terrain, « ce qui est décidé au niveau politique en CTS par exemple en ce qui concerne la circulation des armes et des munitions, n’est appliqué par personne ».  Barkhane a  des « preuves de collusion de certains  acteurs avec les groupes terroristes ». « Il faut faire preuve de courage et de détermination, choisir son camp et avancer vers la paix dans le cadre de l’APR tel qu’il a été signé par ces mêmes groupes […] Tout le monde doit faire des efforts pour que la paix progresse». De soupçon de collusion, il en a été question après la frappe d’Abeïbara qui avait causé la mort de soldats maliens. « C’est un sujet difficile et compliqué », reconnait le patron de Barkhane qui « en tant que chef militaire qui a ordonné cette opération», n’a « aucun doute sur la nature du groupe qui avait été frappé et dont le comportement était clairement caractéristique de celui d’un groupe armé » mais ne saurait dire si la situation des militaires maliens était « délibérée, volontaire ou imposée ». « On ne connaitra certainement jamais la vérité profonde de ce qui a pu se passer. Malheureusement, ça fait partie des risques de la guerre, où il n’y a jamais de certitude absolue », conclut-il pour clore le sujet en demandant de passer « au-delà de cette affaire pour avancer ensemble ».

Quid du centre du Mali ?

La zone d’instabilité descend depuis plusieurs mois vers le sud du pays. Avec des actions de groupes armés majoritairement peuls et les conflits intercommunautaires, la question de l’insécurité du centre du Mali est le sujet de préoccupation du moment. Alors que la Force conjointe du G5-Sahel commence timidement son déploiement, que la Minusma subit des pertes à cause d’engins explosifs, Barkhane est absente de la zone. « Si aujourd’hui nous ne sommes pas engagés dans le centre du Mali, c’est que les autorités maliennes ne l’ont pas souhaité », explique le Général Guibert. « Nous agissons essentiellement dans le nord du Mali, parce que c’est là que se concentrent certains foyers terroristes et les donneurs d’ordre de ces groupes se trouvent dans le nord. Pour le moment, il n’est pas prévu que Barkhane intervienne dans le centre où les Famas mènent des opérations  avec succès», précise-t-il. Des succès qui font dire à l’officier qu’il n’y a « plus de sanctuaire terroriste au Mali. Je ne dis pas que la menace n’existe plus mais il n’y a plus d’impunité des groupes terroristes au Mali. Ils sont traqués partout ».

L’armée malienne fait des efforts pour se restructurer et monter en puissance.

Général Bruno Guibert, le 22 mars 2018, à propos des FAMas. Copyright JDM

G5 Sahel : Le signal du départ ?

 

51 millions d’euros. C’est à cette hauteur que Washington a enfin décidé de contribuer à l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel. Ce don est le fruit de tractations et de négociations âpres entre Washington et les alliés du G5 Sahel, notamment l’UE et particulièrement la France, pour laquelle l’organisation est plus que bienvenue dans une zone sahélienne où elle semble être seul acteur.

Depuis la création de cette opération régionale, lors du sommet des chefs d’État de février 2017, le G5 Sahel peine à obtenir le financement de 250 millions d’euros dont il a besoin pour être opérationnel selon les estimations de la France, contre 423 millions avancés par les Sahéliens. Son volet militaire vise à confier aux armées nationales le travail qu’effectuent les contingents étrangers dans la zone.

Même si l’initiative a été saluée par la communauté internationale, Washington, dès juin 2017, avait refusé d’accorder au G5 Sahel un statut onusien. Pourtant, les États-Unis qui se trouvent aujourd’hui face à leurs responsabilités après la mort récente de quatre de leurs soldats sur le sol nigérien, ont proposé le lundi 30 Octobre une coopération bilatérale avec l’opération régionale. Washington témoigne encore une fois de sa confiance limitée en l’ONU, en optant pour cette forme de relations. L’annonce a été faite par Ty Tillerson, qui a cependant assuré que ce financement avait pour but de « renforcer nos partenaires régionaux dans leur combat pour assurer la sécurité et la stabilité face au groupe djihadiste État islamique et aux autres réseaux terroristes. C’est un combat que nous devons gagner, et cet argent va jouer un rôle-clé pour y parvenir ».

Pour les diplomates des cinq États sahéliens, avant cette somme encore hypothétique, c’est le soutien moral unanime, tant recherché, qui vient afin d’aboutir, quand bien même le ministre malien des Affaires étrangères plaide pour un soutien de l’ONU, la seule option qui permettrait selon lui de « garantir la prévisibilité et la pérennité des ressources, ainsi que le soutien opérationnel à la force conjointe ».

Le soutien financier des États-Unis, qui s’ajoute au 108 millions d’euros déjà promis par l’Union Européenne et la France, est de bon augure avant la réunion des donateurs qui aura lieu mi-décembre à Bruxelles. Quant au déploiement de la force conjointe, qui avait été initialement annoncé pour fin octobre, « il aura lieu mi-novembre », assure Cheick Oumar Coulibaly, un diplomate malien.

 

La Force conjointe du G5Sahel « débute ses opérations aujourd’hui »

La déclaration est du ministre français Jean Yves Le Drian. « 8 mois après annonce initiale, la Force conjointe G5 Sahel existe bel et bien. Elle débute ses opérations aujourd’hui même ».

Alors que le conseil de sécurité de l’ONU a bouclé la semaine dernière une visite au Sahel en perspective du lancement de la force antiterroriste du G5 Sahel, Jean-Yves Le Drian et ses pairs occidentaux ainsi que leurs partenaires annoncent aujourd’hui leurs engagements pour soutenir cette force destinée à lutter contre le terrorisme et le crime transfrontalier dans le sahel. Depuis la création de cette coopération régionale en février 2017, elle a peiné  à obtenir le financement de 250 millions d’euros dont elle a besoin pour être opérationnelle.

Le volet militaire de cette coopération sans précédent dans la sous-région vise à confier aux armées nationales le travail qu’effectue les armées étrangères dans la zone. Une transition qui a pour but d’alléger les frais engagés par la présence de différents contingents étrangers dans la zone depuis 2011. Cette fonction palliative que doit avoir la force conjointe du G5 Sahel consiste à « rendre à César, ce qui appartient à César ».  Ou pour paraphraser, Jean-Yves Le Drian « la sécurité en Afrique par les africains ».

Pourtant, la Force qui a désormais son quartier général à Sévaré n’a pas encore réuni tous les fonds dont elle a besoin pour son opérationnalisation effective. La première opération transfrontalière a lieu cette semaine, mais ne concernera la frontière commune que de 3 pays de la zone à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres avait proposé dans un rapport pour un soutien à la FC du G5 Sahel trois options envisageables. Il s’agit de soit mettre à la tutelle de l’ONU en passant par l’UA, soit d’élargir le mandat de la MINUSMA. Ce qui serait ainsi favorable qu’au Mali.. Ces options restent insuffisantes eu égard des ambitions initiales de la force.De bonnes nouvelles sont tombées ce lundi 30 octobre avec l’annonce par les Etats Unis d’une aide bilatérale de 60 millions de dollars. La France, partenaire de premier plan et porteur devant les Nations Unies de ce projet, a également annoncé un renforcement des capacités des armées nationales. Le Niger vient ainsi de recevoir du matériel pour équiper son bataillon du G5Sahel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Contre le terrorisme, sortir du « tout sécuritaire »

En un peu plus d’une décennie, le Mali comme le Sahel, est devenu l’un des points les plus chauds des conflits armés en Afrique et fait l’expérience, de façon inédite, du terrorisme, qui gagne du terrain. Les pays du G5 Sahel tentent de répondre à ces menaces en mettant sur pied une force commune pour combattre les groupes djihadistes, qui utilisent notamment le Nord Mali comme base de repli. Alors que cette force est en passe de devenir opérationnelle, des voix s’élèvent contre cette énième réponse sécuritaire et plaident pour une analyse plus profonde des causes des conflits qui ne soit pas uniquement axée sur le tout sécuritaire.

Le Mali, dont une partie importante du territoire échappe au contrôle de l’État, est une zone durement touchée par la crise sécuritaire sahélienne, où les conflits armés à grande échelle sont récurrents et la violence très répandue. Le principal facteur responsable de cette situation préoccupante serait, selon certains observateurs, si on devait le résumer en un seul mot, « l’injustice », rendue permanente ou persistante par son corollaire politique : État en déficit, mal gouvernance, corruption, crises alimentaires successives, frustrations accumulées. « Il y a une grande masse de la population qui est là, dans une situation désastreuse. D’année en année, les choses s’aggravent. Donc, à mesure que l’injustice grandit, il y a des réactions violentes et différentes forces qui essaient de tirer profit de cela », explique Moussa Tchangari, Secrétaire général d’Alternative Espaces Citoyens, à Niamey et membre de la Fondation Frantz Fanon. Les djihadistes profitent de ce « terreau favorable » créé par ces injustices pour islamiser le conflit, utiliser les frustrations pour recruter indéfiniment et attirer l’Occident dans le piège de l’intervention. « Les terroristes sont aussi des gens révoltés, qui pensent avec leurs actions pouvoir apporter un changement qui aille dans le sens de leur propre agenda politique», poursuit le chercheur.

Erreurs et stratégies Cette situation, qui échappe au contrôle de l’État, est gérée par les forces étrangères de la communauté internationale, installées dans le pays, qui doivent aider à trouver une solution. « Dans cette crise, la communauté internationale a au moins 40 ans de retard », lance le Dr Bakary Sambé, enseignant-chercheur, coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique et directeur du think tank Timbuktu. « Dans les années 70, elle n’avait pas les moyens de fournir de l’aide à l’Afrique, frappée par la sécheresse, à cause du choc pétrolier qui touchait l’Europe et les États-Unis. Les pays vendeurs de pétrole ont utilisé la prédication et l’humanitaire pour s’implanter au Sahel. Puis, dans les années 80, la communauté internationale a commis une deuxième erreur, d’appréciation. Elle a imposé aux pays des politiques d’ajustements structurels, qui voulaient dire en quelque sorte : investissez le moins possible dans l’éducation, la santé, etc. et les puissances dites islamistes sont venues carrément occuper le terrain, via des centres culturels, des écoles, des services sociaux de base, pendant que l’État tentait de faire face au défi du déficit d’État. 40 ans après, la communauté internationale élabore des stratégies Sahel pour combattre les terrorismes, alors qu’ils sont là depuis 40 ans. La situation conflictuelle est en partie due à ces deux erreurs », affirme l’enseignant-chercheur.

Armes contre idéologie Toujours est-il que pour faire face à la situation sécuritaire au Mali et dans le Sahel, les pays du G5 (Mauritanie, Tchad, Mali, Niger et Burkina Faso), soutenus par la France, se sont « unis face au terrorisme » et tentent de mettre sur pied une force régionale conjointe, qui comptera 5 000 militaires des cinq pays. Son centre de commandement a été inauguré le samedi 9 septembre, à Sévaré, par le chef de l’État malien, mais son financement, 450 millions d’euros annuels, peine toujours à être bouclé. Le premier bataillon de cette force dite du G5 devrait être opérationnel dès le mois de septembre et les premières opérations militaires transfrontalières menées dès le mois d’octobre. Pour autant, l’efficacité de cette énième force censée combattre le terrorisme au Sahel est loin de convaincre. « La façon dont on pose le problème n’est pas la bonne. On pense qu’on le résoudra avec une force militaire qui aura des moyens. Nos pays font fausse route. Il y a beaucoup de choses à destination de la population qui ne coûtent pas autant d’argent et qu’il faut faire. Il faut commencer par tout ce qui dépend de nous, ce pour quoi on a déjà les moyens, qui ne coûte pas d’argent mais demande de la volonté. Pourquoi ne commence-t-on pas d’abord par ça, au lieu de s’épuiser à obtenir le soutien de la communauté internationale quand on n’a pas celui de son peuple ? Ça montre vraiment le décalage », observe Moussa Tchangari. Pour le Dr Bakary Sambé, il faut privilégier les approches multiples et non seulement se concentrer sur le recours à la force pour résoudre un problème aux racines profondes. « Si la solution militaire était une solution pour combattre le terrorisme, il n’y aurait plus de Talibans en Afghanistan, alors que Trump veut y retourner. Il n’y aurait plus de djihadistes au Nord du Mali. Vous savez, je n’ai jamais vu une idéologie défaite par les kalachnikovs », conclut, sceptique, l’enseignant-chercheur.

 

La ministre française des armées et son homologue allemande en visite au Sahel

La ministre française des armées Florence Parly a entamé lundi 31 juillet 2017 une tournée au Sahel par la capitale Tchadienne qui abrite le commandement de la force Barkhane. Une force de 4000 hommes déployée au Sahel par la France et qui a pour mission de lutter contre le terrorisme.

« Les 4000 Hommes de la force Barkhane auront les moyens de leur mission », a déclaré la ministre. Une déclaration destinée, selon les observateurs à rassurer les armées françaises de la mise à disposition des moyens malgré le changement intervenu à la tête des forces armées françaises.

La ministre française et son homologue allemande de la défense ont aussi rencontré les autorités Nigeriennes ce 31 juillet. Le Niger et le Mali dernière, étape de cette visite, constituent avec le Tchad, la Mauritanie et le Burkina Faso les 5 pays du G5 Sahel. Le G5 Sahel, cette force conjointe qui doit compter 5000 hommes fournis par les 5 pays concernés. Sa mise en place soutenue par la France et l’Allemagne qui ont un promis un soutien logistique et l’appui dans la formation des troupes. Mais le G5 Sahel qui, en principe doit être opérationnel à partir de septembre prochain, ne dispose pas encore du financement de 423 millions d’euros nécessaires à son fonctionnement annuel.

« Il y a effectivement beaucoup de travail à faire actuellement. (…) Les postes de commandement sont en train d’être mis en place et après sou concomitamment les bataillons seront mis en place. Nous attendons donc d’avoir la pleine capacité opérationnelle de la force conjointe dans le 1er semestre de l’année 2018 », a déclaré le général Didier Dakouo commandant de la force conjointe sur RFI.

La ministre française et son homologue allemande Ursula Von Der Leyen ont clôturé leur tournée dans le Sahel à Bamako. Elles ont été reçues ce 1er août 2017 par le président Malien Ibrahim Boubacar Keïta. Avec les autorités maliennes, les entretiens ont porté sur « des progrès très substantiels » réalisés depuis la tenue du sommet du G5 Sahel le 02 juillet à Bamako.

La ministre française des armées s’est aussi rendue à Gao où sont stationnées les forces de l’opération Barkhane, qui doit relayée, par la force conjointe du G5 dans la lutte contre le terrorisme. « Je sais que vous menez déjà régulièrement des opérations conjointes transfrontalières avec les forces armées des pays du G5, ces opérations préfigurent largement ce que sera demain la force conjointe du G5 Sahel », a déclaré la ministre française des armées avant d’encourager la force Barkhane à soutenir la montée en puissance de cette force du G5. Elle a ensuite réaffirmé la volonté des autorités françaises et allemandes à mobiliser les partenaires européens et internationaux à soutenir cette initiative.

G5 Sahel : les enjeux du sommet

Dimanche 2 juillet 2017, le Mali accueille les chefs d’État du G5 Sahel et le président français Emmanuel Macron pour un sommet sur les questions de sécurité et de développement, les deux piliers de l’organisation sous-régionale. À l’ordre du jour, l’opérationnalisation de la force conjointe, voulue par les Africains et soutenue par la France.

Après avoir obtenu la « bénédiction » de l’Union africaine, un financement de l’Union européenne et le feu vert à travers une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, la FC-G5S est parée pour quitter le registre du virtuel. Avec le soutien d’un partenaire de taille, la France. Cette dernière a en effet soutenu le projet devant ses pairs et c’est grâce à son implication que les États-Unis, fort réticent face à ce énième poste de dépenses sur le continent, ont finalement adopté la résolution 2359 entérinant la création de la force sous réserve de quelques amendements liés à ses modalités de fonctionnement.

C’est en effet ces dernières qui soulèvent le plus de questions. La résolution onusienne est très claire : c’est « aux États du G5 Sahel qu’il incombe de donner à la FC-G5S les ressources dont elle a besoin ». Ce qui est plutôt mal parti, si l’on en croit les récentes déclarations du président tchadien, dont le pays contribue à travers un gros contingent, à l’effort de paix au Mali et dans les pays voisins en proie à la menace Boko Haram. «Tout cela coûte excessivement cher et, si rien n’est fait, le Tchad sera malheureusement dans l’obligation de se retirer », a menacé Idriss Deby Itno, dans un entretien accordé à des médias français, le 26 juin. Un message entendu du côté de Paris où le succès de cette force comporte également plusieurs enjeux. La présence du Président Macron sur le sol malien pour la deuxième fois en moins de 3 mois l’illustre à souhait.

Enjeux français Aider ses partenaires africains dans l’opérationnalisation rapide de cette force permettra à la France de maintenir son leadership en tant qu’acteur de premier plan dans la zone, tant militairement que politiquement. Mais aussi et surtout d’offrir une porte de sortie aux 4 000 soldats français engagés dans l’opération Barkhane, que l’Elysée n’a aucune envie de voir s’enliser dans ce qui apparait aux yeux des analystes comme « le bourbier malien ».

Basée sur le sol et sous commandement malien, la FC-G5S y sera déployée en premier, dans la zone du centre du pays, à la frontière avec le Burkina Faso, selon des sources militaires. Il convient de rappeler que le nombre d’hommes a été réduit de moitié par le filtre du Conseil de sécurité, passant de 10 000 à 5 000 hommes. Réalisme des diplomates ? Ou balle dans le pied de ce nouveau-né dont on attend encore le premier cri ? On espère l’entendre retentir dès le sommet de Bamako, le 2 juillet prochain.

 

Andrew Lebovich : « cette force commune du G5 Sahel reste à construire »

Alors que le force conjointe du G5 Sahel, forte de 10 000 hommes, se met petit à petit en place, Journal du Mali s’est entretenu avec le chercheur américain Andrew Lebovich, spécialiste du Sahel, sur l’immense défi que représente la lutte contre la banditisme et le terrorisme transnational et la sécurisation des frontières.

Andrew Lebovich

Les frontières d’un pays comme le Mali peuvent-elles vraiment être surveillées et sécurisées efficacement ?

La sécurisation des frontières reste un défi énorme. Je ne vais pas dire qu’il s’agit d’une impossibilité, mais ça nécessiterait un gros travail et des ressources en troupes, renseignement, transport et surveillance du territoire, ce qui est à peu près inimaginable pour l’instant, si on prend en compte les limites des forces régionales et les limites opérationnelles des forces françaises sur le territoire. De plus, un effort visant à verrouiller les frontières impactera beaucoup la vie des civils au Mali et dans les pays voisins, avec d’autres conséquences.

Est-ce qu’une approche seulement militaire et policière est la solution pour la gestion de ces frontières ?

Même si la gestion des frontières demande un effort militaire et policier, il n’y aura jamais une solution purement militaire pour les conflits et tensions multiples au Mali. Actuellement, même l’accord d’Alger est bien insuffisant pour traiter les problèmes politiques, sociaux, communautaires et économiques qui prévalent dans le Nord et le Centre du Mali. Une réponse coercitive à la gestion des frontières pourrait réduire le flux des armes et des combattants, mais les problèmes sont avant tout à l’intérieur des pays mêmes, pas seulement sur les frontières.

Comment les organisations criminelles et les groupes extrémistes violents conceptualisent les frontières et le territoire de l’État ?

Dans les régions sahéliennes et sahariennes, il y a une longue tradition de commerce et de déplacements sur des distances énormes pour travailler, échanger, etc. Ces déplacements sont même nécessaires pour la vie de ces régions. Ils font partie intégrante de l’existence dans ces zones. Les groupes criminels et extrémistes aussi, transitent à travers les frontières et ces zones immenses pour tisser leurs réseaux, faire du commerce, et échapper aux pressions gouvernementales.

Comment réinstaurer ou améliorer l’autorité de l’État sur la gestion des frontières dans les 5 régions du Nord ?

En théorie le gouvernement est en train de se réinsérer dans ces régions, mais en réalité la présence du gouvernement reste quasiment ou totalement inexistante. Il faut quand même donner des clarifications sur quelques points : dans plusieurs localités, le gouvernement n’est pas présent depuis longtemps ou même n’a jamais été vraiment présent, et dans d’autres, la présence gouvernementale a souvent mené à des exactions ou de l’extorsion des populations locales. Donc, la tâche n’est pas seulement de faire venir le gouvernement malien, mais de reconstruire (ou bien construire) l’État. Un État qui peut établir la justice et la sécurité et qui ne menace pas les populations civiles. Ceci ne veut pas dire que les groupes armés ont raison ou sont considérés comme meilleurs, mais c’est seulement une manière de dire que ce n’est pas qu’une question de « réinstaurer » l’État.

Avec la création d’une force conjointe du G5 Sahel, peut-on dire que le Mali et ses voisins sont enfin parvenus à une approche commune concernant la sécurité des frontières ?

D’un côté, il faut saluer les efforts pour travailler ensemble sur les questions qui touchent aux pays de la sous-région, mais on est loin d’une approche commune. Même si les pays du G5 sont largement d’accord sur des thèmes plus larges, les compositions des pays, leur histoire, leurs capacités et leurs stratégies pour traiter ces questions restent souvent très différentes. Cette force commune du G5 Sahel reste à construire, les compositions, stratégies et limites de cette force à définir.

Cette force conjointe du G5 Sahel forte de 10 000 hommes aura aussi la charge de
lutter contre les trafics qui financent notamment le terrorisme. Pensez-vous qu’elle pourra s’y attaquer efficacement ?

Même si certains trafics peuvent financer en partie les groupes armés, le fait d’y faire face demande un effort intégré qui va non seulement perturber les commerces licites et semi-licites, mais aussi avoir un grand impact sur les communautés qui vivent de l’argent généré par ces trafics. L’approche de l’Europe en particulier, comme avec la migration, est d’étouffer les mouvements sans réfléchir suffisamment sur l’impact de cette répression et de ces interdictions sur la vie sociale, politique, et économique dans ces localités. Si le commerce et la vie des populations sont fortement perturbés par les forces militaires, il faut une réflexion profonde sur l’impact de ces interventions et mettre en place un accès égal au travail, aux opportunités, à la vie des populations. De plus, ces trafics sont souvent ancrés ou fonctionnent avec l’appui ou le consentement des forces de sécurité et les gouvernements eux-mêmes.

 

 

Le général Didier Dacko à la tête de la force du G5 Sahel

Le général de division Didier Dacko, chef d’état-major général des armées du Mali, a été nommé mercredi commandant de la Force conjointe du G5 Sahel en gestation, a-t-on appris de source officielle.

Il est remplacé à son poste par le général de brigade M’Bemba Moussa Kéita, indique un communiqué publié à l’issue du Conseil des ministres présidé par le président malien Ibrahim Boubacar Kéita.

La création d’une force conjointe pour le groupe G5 Sahel, de 10.000 hommes provenant des pays membres (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad), constitue une des priorités de cette organisation.

Pour le déploiement de cette force, l’Union européenne a accordé au G5 Sahel 50 millions d’euros.

Le général Dacko est considéré par la population malienne comme « un homme pétri d’expériences », qui a acquis une réputation de meneur de troupes et de guerrier intrépide sur plusieurs fronts militaires au Mali, notamment en 2012 durant la crise du nord et dans la libération des villes occupés par l’ennemi.

Le général Dacko avait été nommé au poste de chef d’état-major général des armées le 29 juin 2016, en remplacement du général Mahamane Touré parti à la retraite.

Le G5 Sahel sera bien doté de 50 millions d’euros pour lutter contre le terrorisme

Les ministres des Affaires Etrangères des pays du G5 du Sahel sont réunis ce lundi à Bamako pour coordonner la lutte antiterroriste menée par leurs forces armées, dans un contexte où les groupes djihadistes montent en force et redoublent d’attaques meurtrières dans toute la région. L’UE apportera une aide de 50 millions d’euros pour le déploiement de cette force conjointe du G5 Sahel

Plusieurs sujets concernant la lutte contre l’extrémisme au Sahel figurent au programme de la rencontre du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad). Mais un point particulier doit être passé au crible par les ministres réunis à Bamako. Il s’agit de la force militaire commune qui sera chargée de la lutte contre les milices djihadistes au Sahel.

Les premières informations font état d’une subdivision en deux parties de cette force multilatérale. Les ministres préfèrent qu’une partie de la force commune soit composée d’unités destinées uniquement à la lutte contre les bandes terroristes.

La seconde et non moins importante assurera des missions de nature policière. Les effectifs de cette dernière auront pour objectif principal la lutte contre le trafic de drogue, d’armes et d’être humains. Ils seront probablement au front de la lutte contre l’immigration clandestine, sachant que les pays du Sahel sont devenus ces dernières années les plus grands pourvoyeurs de migrants clandestins pour l’Europe.

La force conjointe sera dotée d’un effectif avoisinant les 10 000 hommes devant couvrir toute la zone commune aux cinq pays concernés. Néanmoins une attention particulière sera accordée à la région du Liptako Gourma, située à la frontière entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso et qui a été le théâtre de nombreuses attaques de groupes islamistes armés ces derniers mois.

Les pays du G5 Sahel ont besoin de 50 millions d’euros de l’Union européenne (UE) pour mettre en place cette force multinationale et s’attaquer efficacement à cette menace transfrontalière. Selon nos informations, l’UE par la voix de la Haute Représentante/Vice-Présidente Federica Moghérini, soutiendra le déploiement de la force conjointe du G5 Sahel avec une enveloppe de 50 millions d’euros pour sa mise en place effective.

Ces pays occupant une vaste zone de 5 millions de km2 carrés pour une population globale de 65 millions d’habitants,font aujourd’hui face à la menace sécuritaire avec la prolifération de groupes terroristes. Ils sont confrontés à plusieurs défis dont l’avancée du désert, le changement climatique, le fort taux de prévalence de pauvreté, le chômage des jeunes et les problèmes sécuritaires liés au terrorisme et à la criminalité transfrontalière.

Force conjointe G5 Sahel : du bon pied

Les conditions se réunissent petit à petit pour la mise en œuvre de cette force qui devrait associer les armées des pays membres du G5 Sahel.

Prévue pour être un dispositif offensif et de stabilisation, la force commune aux pays du G5 Sahel (FC-G5S), Burkina Faso, Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, devrait permettre de faire face aux menaces sécuritaires, à savoir le terrorisme, la criminalité transnationale organisée et l’immigration clandestine. Sa mise en œuvre a rapidement été transformée en projet, objet d’un processus d’élaboration et de validation qui a connu son aboutissement avec la décision de la 679è réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS, partenaire central dans la mise en œuvre de la force) du 13 avril 2017 à Addis Abeba, qui a validé le Concept stratégique d’opérations (CONOPS) de la FC-G5S.

C’est en février 2017 que les dirigeants des 5 pays, réunis en conférence ordinaire des chefs d’États du G5 Sahel, ont décidé de la mise en place dans l’immédiat de la force conjointe, la question du mandat ayant été soulevée par le président en exercice du G5, le Malien Ibrahim Boubacar Kéïta. En attendant une résolution des Nations unies définissant ce dernier, l’Union africaine a d’ores et déjà endossé la création de la FC-G5S qui sera « déployée dans les prochaines semaines », assure une source sécuritaire.

Mutualisation C’est le maître mot de cette force. D’abord entre les armées des différents pays membres du G5 Sahel. Ensemble, elles vont effectuer des opérations militaires afin de combattre et d’empêcher une expansion des activités des groupes terroristes et des réseaux de criminalité transfrontalière organisée, conduire des patrouilles, prévenir tout transfert d’armes et de soutien à ces groupes et réseaux, et mener des actions dans les domaines du renseignement, de la protection des droits humains et de la communication. Cette force travaillera sur le terrain avec les autres forces nationales et étrangères déjà déployées sur le terrain. « Nous étudions actuellement quel soutien nous apporterons à la future opération du G5 Sahel », déclarait le 19 mai à l’issue de sa visite au Mali le secrétaire général adjoint des Nations unies en charge des opérations de maintien de la paix. Pour Jean-Pierre Lacroix, le mandat de la FC-G5S « sera différent de celui de la MINUSMA. Il convient de bien organiser la circulation entre les forces ». « Ce n’est pas un exercice nouveau pour nos forces », précisait le diplomate.

En ce qui concerne le financement de cette force, il est tributaire des partenaires du G5, même s’il est prévu que les États y contribuent. C’est cette dépendance qui est le principal défi auquel sera confrontée la FC-G5S, car elle pourrait « réduire largement la marge de manœuvre des pays qui ont besoin pourtant d’agir dans l’urgence », déplore un diplomate tchadien. L’action offensive des armées concernées urge en effet sur le terrain, ce dernier étant de plus en plus le théâtre d’actions meurtrières attribuées aux groupes terroristes et au banditisme transfrontalier, mais aussi de leur mainmise sur des pans entiers de territoires, comme c’est le cas dans le centre et le nord du Mali.

 

 

G5 Sahel : une force conjointe d’ici la fin de l’année

La rencontre pour le comité de pilotage stratégique et technique du projet d’appui au G5 sahel pour la sécurité du sahel  s’est tenue le 3,4 et Mai à Bamako. Il y a été annoncé que la création d’une nouvelle force conjointe regroupant cinq pays à que savoir le Mali, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, sera opérationnelle avant la fin 2017.

À la fin du sommet extraordinaire du G5 Sahel, les cinq chefs d’Etat ont donné une conférence de presse en présence du président en exercice de l’Union africaine et invité spécial du G5 Sahel, Alpha Condé de la Guinée.

Au cours de ce point de presse, le président en exercice a qualifié le Sommet de Bamako d’évènement important au regard de la dégradation de la situation sécuritaire dans le nord du Mali. Il s’agira pour l’organisation commune, qui regroupe le Tchad, le Burkina, la Mauritanie, le Mali et le Niger, d’endiguer le fléau du terrorisme et du trafic humain et de drogue, pour parvenir à la stabilité régionale.

Le sommet s’est engagé à faire face aux menaces en mutualisant les efforts afin de parvenir aux objectifs de paix, sécurité et développement. Il a également pris acte de mesures immédiates pour sécuriser les frontières et mettre en place des projets structurants. Il a annoncé la création de la compagnie Air Sahel qui dispose déjà de ses premiers appareils.

Le président Ibrahim Boubacar Keïta, désigné nouveau président en exercice de l’organisation, a remercié ses pairs du G5 Sahel pour leur solidarité et leur confiance avant de revenir sur le développement du processus d’Alger et de sa mise en œuvre de l’Accord handicapée par un certain nombre d’obstacles. Il a fait cas d’actes plus odieux  les uns que les autres dans l’ensemble de la région.

Par ailleurs, les partenaires du G5 Sahel se sont engagés à accompagner les ambitions de l’organisation au double plan de la sécurité et du développement. Il s’agit entre autres de l’accompagnement du Conseil de sécurité à travers une résolution autorisant la mise en place d’une force régionale. Selon le ministre des affaires Etrangères Abdoulaye Diop, l’Union Européenne (UE) et le G5 sahel ont fait un pacte, pour diverses raisons à savoir la sécurisation des personnes et de leurs biens, la lutte contre la drogue, le trafic d’armes et d’être humain. L’UE et le G5 sahel ont un même but, celui de renforcer la lutte contre le terrorisme, la criminalité transfrontalière pour qu’enfin nos pays avancent. Il est prévu une rencontre entre le chef de la diplomatie européenne,  Féderica Mogherini, les ministres des affaires étrangères des pays membres du G5 sahel à Bamako le 6 juin prochain.