IBK invité du Sénat français

Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keà¯ta, est arrivé à  Paris mardi soir pour participer vendredi et samedi au Sommet de l’Elysée pour la paix et sécurité en Afrique auquel doit prendre part une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que plusieurs responsables d’organisations internationales dont le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon et la présidente de l’Union africaine, Mme Nkosazana Dlamini-Zuma. l’objectif de ce sommet qui est mettre sur pied une force d’intervention africaine capable d’agir rapidement en cas de crise et conflit sur le continent sera agencé autour de trois composantes thèmatiques : « la paix et la sécurité », « le partenariat économique et développement » et « changement climatique ». En attendant l’ouverture du sommet prévu ce vendredi, le président de la République, fortement sollicité par les médias français et internationaux, mais aussi par des leaders et hommes d’Etat de tous horizons, était mardi l’hôte du Senat français. Accueilli au Palais du Luxembourg par le président de la haute chambre française, M. Jean-Pierre Bel qui avait à  ses cotés plusieurs sénateurs dont Jean-Pierre Chevènement, le président de la République, Son Excellence Ibrahim Boubacar Keàta a eu un entretien avec les membres du bureau Senat et le président de la Commission Afrique du Sénat. Au cours de cet échange, très productif, le président de la République n’a pas manqué de d’expliquer à  M. Jean-Pierre Bel et ses collègues sénateurs les préoccupations et inquiétudes unanimes des autorités et des citoyens face à  la situation angoissante et injuste qui prévaut à  Kidal et attiré leur attention sur la montée de plus en plus d’un sentiment anti-français au sein de l’opinion malienne, moins d’un an qu’après que l’intervention Serval. Les inquiétudes et les préoccupations du peuple malien portées par son président devant les sénateurs français ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd. Ce qui augure pour notre pays d’un succès certain pour le sommet de l’Elysée pour la paix et sécurité en Afrique. s’exprimant à  l’issue du déjeuner organisé en l’honneur de Son Excellence, Ibrahim Boubacar Keà¯ta, M. Jean-Pierre Bel dira que sa visite permettra au Senat français de continuer, sans ingérence aucune, à  s’intéresser à  notre pays et à  l’accompagner ; parce que, ajoutera-t-il, le Mali et la France sont proches et obligés de cheminer ensemble. Le président de la République est accompagné pour cette visite par une importante délégation comprenant 5 ministres qui ont tous des agendas particulièrement chargés : le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed, le ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, le ministre du Plan et de la Prospective, Cheickna Seydi Ahamadi Diawara et le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, Ousmane Ag Rhissa.

France: après le Mali, la Centrafrique

A propos de la présence prochaine de soldats français sur le sol centrafricain, le ministre de la défense Le Drian se veut rassurant. « Rien à  voir avec le Mali » a-t-il déclaré sur la radio Europe1. « Là , c’est l’effondrement d’un Etat et une tendance à  l’affrontement confessionnel » a-t-il ajouté. Après le Mali, la France s’apprête en effet à  intervenir en Centrafrique, pays en proie à  l’anarchie depuis le renversement du président François Bozizé en mars. « Un millier de soldats » vont être déployés « pour une période brève, de l’ordre de six mois à  peu près », a annoncé hier mardi Jean-Yves Le Drian. « La France accompagnera une force africaine déjà  en cours de constitution, composée d’éléments militaires venus des pays voisins pour faire en sorte que ce massacre s’arrête », a précisé le ministre français. « Gendarme de l’Afrique »? C’est bien la question que tous se posent en voyant les nouvelles propensions de va-t-en-guerre de l’Hexagone.Après la Lybie, le Mali, maintenant la RCA o๠la France se pose en redresseur de tort et en défenseur de la liberté et de la démocratie. « Il ne faut pas le voir ainsi mais plutot comme une application des valeurs de solidarité de la France » déclare un diplomate français. C’est justement pour se déprtir de cette image que Paris insiste sur le fait que la France est «en appui» et qu’elle ne réédite pas son intervention au Mali, qui visait à  neutraliser des groupes islamistes armés. Elle n’en apparaà®t pas moins comme pour ce pays à  la manoeuvre et sur tous les fronts, diplomatique comme militaire. A l’ONU, Paris a soumis lundi soir à  ses partenaires du Conseil de sécurité un projet de résolution visant à  renforcer la Mission internationale de soutien à  la Centrafrique (Misca) déjà  présente, avec la perspective de la transformer en force de l’ONU de maintien de la paix. Jusqu’à  présent plusieurs pays, notamment les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne, semblaient réticents à  financer une nouvelle opération de maintien de la paix en Afrique. En attendant l’ONU Dans un premier rapport examiné lundi par les 15 membres du Conseil, Ban Ki-moon avait évoqué le déploiement de 6.000 à  9.000 Casques bleus pour sécuriser le pays. Selon l’ONU, sans «action rapide et décisive» en République centrafricaine, il existe le risque «que la crise échappe à  tout contrôle» et s’aggrave dans un «conflit religieux et ethnique», entre chrétiens et musulmans, qui pourrait mener à  des «atrocités généralisées». L’ONU redoute aussi que la Centrafrique devienne «un vivier pour les extrémistes et les groupes armés». Lundi, l’ambassadeur français à  l’ONU Gérard Araud a estimé que le projet de résolution proposé par Paris pourrait être adopté la semaine prochaine. La résolution est placée sous le chapitre 7 de la Charte de l’ONU, qui prévoit le recours à  la force. Elle autorise la Misca à  se déployer «pour une période initiale de six mois» pour tenter de rétablir la sécurité et de protéger les civils. La force panafricaine compte actuellement 2.500 hommes, sur un total prévu de 3.600, mais elle peine à  atteindre son effectif plein et manque de moyens. La résolution demande à  l’ONU de mettre en place un fonds pour financer la Misca et invite les Etats membres à  y «contribuer généreusement et rapidement». Le projet de résolution, qui réclame «l’application rapide des accords de transition» en RCA, avec dans la foulée des élections libres et équitables, «autorise les forces françaises» présentes en RCA à  «prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca». Mais en attendant le vote de la résolution, Paris a déja commencé à  envoyer ses militaires sur le terrain. Ils sont 410 à  débarquer aujourd’hui en Centrafrique, basés à  l’aéroport de Bangui. A l’issue d’une rencontre lundi à  Paris avec le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, le Premier ministre centrafricain de transition Nicolas Tiangaye avait annoncé que la France était prête à  envoyer en Centrafrique 800 soldats supplémentaires. La Centrafrique est en proie aux violences depuis le renversement, le 24 mars, du régime de François Bozizé par Michel Djotodia, chef de la coalition rebelle Séléka, devenu depuis président. Il y a quelques mois, les chrétiens, largement majoritaires, et les musulmans vivaient en bonne intelligence. Mais les exactions à  répétition de l’ex-rébellion Séléka, à  majorité musulmane, ont rapidement généré des tensions, poussant des populations chrétiennes à  former des « groupes d’autodéfense » (appelés « anti-balaka ») pour s’en prendre aux musulmans.

Assaleck et Tako: réfugié et déplacée à la quête du bonheur!

« J’ai laissé mes deux parents, mes frères et sœurs à  Kidal ». La vie en France n’est pas rose, non plus. « Ici, C’’est autre chose, le marché du travail est saturé. Je n’arrive à  exercer mon métier de journaliste que très ponctuellement. Le chômage est partout, même ceux qui ont de l’expérience n’arrivent pas à  trouver du travail à  plus forte raison, moi. Vraiment je me débrouille de temps en temps pour trouver quelque chose à  faire sinon C’’est très dur » confie-t-il. Pour Emmanuel Ekouli, un Camerounais qu’Assaleck a rencontré lors de son voyage en France, « C’’est un garçon sympathique, et je crois qu’il a beaucoup d’avenir. l’Europe est dur, mais je pense qu’il va s’en sortir et retourner au pays la tête haute ». Joint au téléphone à  la veille de la tenue des Assises nationales sur le Nord, Assaleck s’exprime en ces termes pour justifier la tenue de cette rencontre : « C’’est une opportunité d’ouverture car cela va faciliter le dialogue. Il faut que les populations à  la base soient concernées. Généralement, il y a du favoritisme dans le choix des personnes représentées lors de ces discussions. Je crois qu’il faut revoir cela et discuter davantage des questions relatives à  la justice et à  l’éducation ». Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 90% des déplacés internes souhaitent retourner dans leur localité d’origine. La Commission Mouvement de Populations (CMP) a publié un rapport le 30 octobre dernier qui fait état de 283.726 personnes déplacées sur l’ensemble des régions du Mali dont près de la moitié ont pu retourner. Toutes les conditions sont-elles réunies pour leur retour? Le samedi 02 novembre 2013, deux journalistes français de RFI ont été assassinés à  Kidal. Le ministre de la réconciliation nationale et du développement du Nord Cheick Oumar Diarrah a affirmé sur les ondes de Radio France Internationale (RFI) que Kidal n’est pas sécurisée. « Lors de notre passage dans cette ville nous avons été victimes d’un attentat que nous avons minimisé. La région de Kidal ne bénéficie pas de sécurité suffisante pour permettre aux journalistes de s’y rendre ». «Je souhaite, du fond du C’œur, retourner à  Kidal. Avec un peu de stabilité, je serai le premier à  y être. Cette partie du Mali a besoin de nous tous ainsi que de toute l’Afrique. On serait plus utile là -bas. Ce n’est pas pour faire l’éloge des Touaregs mais J’aimerais que les gens n’oublient jamais que nous sommes les seuls Africains qui ne souhaitent pas immigrer lorsqu’il y a la paix chez nous. Ce désert je ne pourrai, pour aucun paradis sur cette terre l’échanger, ni l’oublier ». Marié, Assaleck Ag Tita rêve de revoir « tous les frères et sœurs maliens se donner la main à  nouveau et dans la paix». Quant à  Tako, elle est âgée de 26 ans et a vécu toute son enfance chez sa tante dans la ville de Tombouctou. Il y a un an et demi, quand des combats ont éclaté elle a repris le chemin de Bamako avec sa tutrice. « Ma tante est rentrée avec ses enfants, moi je voudrai travailler ici et rester avec ma mère et mon grand-père qui ne veulent pas non plus que je reparte » relate-t-elle. Titulaire d’un diplôme d’une école de santé, Tako est stagiaire dans le laboratoire d’un centre de santé à  Bamako. En plus de ces acquis, elle a pu bénéficier d’une formation de l’APDF à  l’endroit des femmes et filles déplacées. Cette initiation en activités génératrices de revenus (AGR) a concerné l’apprentissage de la teinture, de la savonnerie et du séchage de légumes. « Moi personnellement, je préfère la teinture. Je voudrais ouvrir ma propre entreprise un jour et apprendre aussi ce métier à  d’autres personnes. Tel est mon souhait le plus ardent » explique-t-elle. 1,80 pour 60 kilogrammes, Tako Kéà¯ta a une pensée pour ses frères et sœurs retournés au Nord « je vais rester ici. Mais je sais aussi que C’’est difficile pour ceux qui sont partis, la vie est chère ». Selon une déplacée retournée à  Diré, Fanta Diabaté, cette dernière a suivi la formation de l’ADPF en compagnie de Tako « C’’est une fille qui a de l’avenir, elle parle peu et se consacre au travail qu’on lui donne » décrit-elle. Tako est célibataire et sans enfant et souhaite « rencontrer quelqu’un à  Bamako, un jour ».

Hommage à Ghislaine Dupont et Claude Verlon à Paris

Lors de cette cérémonie d’environ 90 minutes sur les antennes de Radio France Internationale (RFI) et sur rfi.fr, journalistes, personnalités politiques françaises et maliennes et amis ont rendu un dernier hommage aux deux journalistes. Pour Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, « Cet assassinat est un crime contre l’amitié entre l’Afrique et la France, dont RFI est un symbole ». Après avoir rassuré RFI et l’ensemble de la presse, il a encouragé les journalistes à  poursuivre leur travail. « Vous faites un travail formidable reconnu dans le monde entier, ce travail doit continuer et J’en suis sûr que ce qu’aurait voulu Jean et Claude » a t-il poursuivi. « Beaucoup de Maliens et beaucoup d’Africains ne connaissaient pas de visu Ghislaine et Claude mais je pense que leurs voix étaient très proches de nous » a déclaré, pour sa part, Jean-Marie Sangaré, ministre malien de la communication. Durant la cérémonie, le public a suivi des extraits de reportage réalisés par Ghislaine et Claude, des vidéos de souvenirs ainsi que des messages des auditeurs. Envoyés spéciaux de RFI au Mali, Ghislaine Dupont,57 ans, et Claude Verlon, 55 ans, ont été assassinés à  Kidal le 2 novembre dernier.

Otages français au Niger: enfin libres!

Plus de mille jours après leur enlèvement, Thierry Dol, Marc Féret, Daniel Larribe et Pierre Legrand ont enfin retrouvé la liberté. Ils ont été libérés ce mardi 29 octobre après trois ans passés aux mains des hommes d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Un calvaire pour les otages et leurs proches Pendant ces trois ans de captivité, leurs proches n’ont pas baissé les bras. La mobilisation pour demander leur libération n’a pas flanché malgré la crainte du pire. L’annonce du président français cet après-midi de ce mardi depuis la Slovaquie a donc été un soulagement pour tous. «Thierry Dol, Marc Féret, Daniel Larribe et Pierre Legrand étaient détenus depuis le 16 septembre 2010, a rappelé François Hollande. Trois ans d’épreuve pour ces ressortissants capturés et détenus par des geôliers sans scrupules. Trois ans de souffrance pour des familles qui vivaient un calvaire». «Je veux exprimer toute ma gratitude au président du Niger qui a obtenu la libération de nos compatriotes», a-t-il ajouté. les ministres des affaires étrangères, Laurent Fabius, et de la défense, Jean-Yves Le Drian, sont dans la capitale nigérienne, Niamey, « pour faire en sorte que nos quatre concitoyens désormais libres puissent revenir vers la France ». Arlit, le 16 septembre 2010… Les désormais ex-otages français ont été enlevé cette nuit-là . Un commando faisait irruption dans la ville minière dans le nord du Niger, et enlevait sept personnes à  leur domicile, travaillant pour Areva ou Sogea-Satom, une filiale du groupe Vinci. Dans les environs d’Arlit, on extrait l’uranium qui fait tourner une partie des centrales nucléaires françaises. La sécurité devrait y être particulièrement soignée. Mais, comme le rapelle le site internet du journal LeMonde.fr, quelque chose n’a pas tourné rond, ce soir-là . Le préfet de la région avait pourtant averti de la présence d’un groupe appartenant à  AQMI dans la région, loin de leurs bases du nord du Mali. Or, le groupe des ravisseurs pénètre dans le périmètre théoriquement protégé par des gardes armés nigériens, mais se rend aux domiciles des otages, s’en saisit, puis sort à  grand-peine de ce lotissement en se trompant plusieurs fois, sans essuyer de tirs ou de réactions. Une victoire pour le Niger En début de soirée, le président nigérien déclarait que «depuis l’enlèvement des otages il y a trois ans, le Niger s’est employé aux conditions de leur libération. Aujourd’hui, C’’est chose faite. On s’en félicite». Mahamadou Issoufou a accueillait les quatre hommes dans l’enceinte de l’aéroport de Niamey.Quelques minutes plus tôt, il accueillait avec le ministre français des Affaires étrangères les quatres ex-otages. «Ils sont en très bonne forme» a affirmé Laurent Fabius qui n’a pas voulu en dire davantage sur les conditions de leur libération, notamment sur la question de savoir s’ils avaient été libérés par la force ou par la négociation.

IBK de retour aujourd’hui

La visite officielle du Président IBK, débutée le dimanche 29 septembre prendra fin ce mardi au lieu du jeudi initialement prévu. Le chef de l’Etat malien avait auparavant participé à  la 68ème Assemblée générale de l’ONU à  New York la semaine dernière. La cause de ce retour précipité, le regain de tension au nord du Mali et les échauffourées qui ont secoué le camp Soudjata de Kati, ville-garnison située à  15 km de Bamako. A Tombouctou et Kidal, les djihadistes et les indépendantistes du MNLA ont fait parlé la poudre, respectivement dans un attentat suicide qui a endeuillé la cité des 333 saints et des échanges de tirs avec l’armée malienne et des attaques de services administratifs. A Kati, ce sont des soldats mécontents des récents avancements dont ils n’ont pas profité qui ont semé le trouble dans la ville. Juste après l’audience que lui accorde ce matin son homologue français, Ibrahim Boubacar Kéita reprendra le chemin du Mali. « La situation exige sa présence et n’eut été l’audience de mardi, il serait déjà  rentré » au Mali, a t-on indiqué dans l’entourage du président malien, sans plus de détails. Des combats entre soldats maliens et rebelles touareg ont de nouveau secoué le Nord, tandis que dans le sud, des soldats mécontents ont protesté lundi à  coups de tirs en l’air.

Le coton bio du Mali séduit la Bretagne

Elle a perdu le marché des uniformes de la police, mais l’entreprise Armor Lux habille toujours les 2.700 agents techniques des lycées de Bretagne. Le conseil régional a accueilli, mercredi dernier, une délégation d’acteurs impliqués dans la filière coton bio équitable au Mali. Depuis 2008, la Région Bretagne et l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) accompagnent, en partenariat avec l’ONG Helvetas, cette filière innovante qui lie cotonculteurs africains et industriels du textile implantés dans l’Ouest. Pour les vêtements de travail Cinq ans après les débuts, cette expérience concrète a permis de consolider 10 000 emplois de producteurs au Mali. La Région s’est engagée dès 2008, en commandant des vêtements de travail en coton bio du Mali pour équiper les agents techniques des lycées. « Le coton est envoyé à  TDV Industries, à  Laval. Les balles y arrivent pour être filées, tissées et teintes. Ensuite, les vêtements sont fabriqués chez Armor Lux, à  Quimper », décrit Alain Yvergniaux, conseiller en charge de l’international à  la Région. La société finistérienne célèbre pour ses marinières, a toute de suite adhéré au programme. 17 000 pièces ont été confectionnées l’an passé, pour un montant de 300 000 €. Le coton malien est réputé pour les vêtements professionnels. Sa fibre longue est très résistante. « La commande publique est essentielle, insiste Alain Yvergniaux, car elle permet à  la filière d’être moins exposée aux aléas de la conjoncture mondiale. » D’autres collectivités pourraient emboà®ter le pas à  la Région Bretagne, comme le conseil général d’Ille-et-Vilaine ou la Ville de Rennes.

Mali: un site Internet pour tracer l’aide apportée par la France

Le ministère des Affaires Etrangères lance ce mercredi un site Internet dédié à  la transparence de l’aide française au Mali (http://transparence.ambafrance-ml.org/). Développé en interne, il propose au grand public un accès simple aux projets et programmes financés par l’aide française dans le pays. Ainsi, les internautes maliens comme français peuvent visualiser les différents projets, géolocalisés sur une carte, grâce à  des pictogrammes qui varient selon les secteurs d’intervention (santé, agriculture, éducation…). Ils peuvent également accéder à  la fiche de chaque projet, qui contient une description, son secteur géographique, le montant et le type de financement (don, crédit), ainsi que les dates de début et de fin de réalisation et son état d’avancement. Participatif Ces «fiches-projets» seront réactualisées pour mettre en ligne une information qui correspond le plus possible aux préoccupations des bénéficiaires.A l’ambassade de France au Mali, un poste à  plein temps est ainsi dédié à  l’alimentation des fiches, d’après les retours des équipes sur le terrain. Mais la personne en charge de la gestion du site devra également répondre aux remontées des internautes. En effet, le site fait la part belle au participatif: via l’onglet «contrôle citoyen», chaque internaute peut réagir sur un projet. «La France ne peut pas être déployée partout pour faire un suivi de l’efficacité de l’aide, explique-t-on au ministère du Développement. Le site permet une décentralisation du contrôle citoyen, et nous améliorons ainsi notre efficacité.» l’internaute pourra pour ce faire remplir le formulaire en ligne ou envoyer un SMS. Un outil parfaitement adapté au Mali, qui compte plus de 10 millions d’abonnés mobiles -68% des Maliens détenaient un téléphone portable en 2011. Transparence Car l’objectif principal de ce projet est de faire toute la clarté sur l’utilisation de l’aide française dans le pays. «Avec ce site, nous voulons garantir la transparence de l’aide française, due au contribuable français et au citoyen malien», explique à  20 Minutes le ministre délégué au Développement, Pascal Canfin, qui en fera la promotion auprès des autorités maliennes dès jeudi, à  l’occasion de la cérémonie d’investiture du président Ibrahim Boubacar Keà¯ta, à  laquelle assistera également François Hollande. «Ce site sera un vrai succès s’il permet éventuellement de détecter un problème qu’on n’aurait pas détecté autrement, et également s’il y a une appropriation de la communauté, des bailleurs, des ONG… qui l’utiliseront et nous feront des retours de qualité.» Reste à  savoir si la transparence sera aussi de mise sur les problèmes rencontrés et leur éventuelle résolution.

F. Hollande: « La France va rester au Mali différemment d’aujourd’hui »

La conférence des ambassadeurs réunit jusqu’à  demain, jeudi 29 août, les représentants de la diplomatie française. Il s’agit d’un rendez-vous traditionnel du chef de l’Etat français. Cette année le discours d’ouverture de François Hollande, prononcé hier, mardi, a été dominé par la crise syrienne. Les moyens de la défense, l’Afrique, le conflit israélo-palestinien et l’économie ont également été largement évoqués au cours de cette allocution d’une heure qui a donné les orientations de la diplomatie française. « La France va rester au Mali différemment d’aujourd’hui » Dès le début du chapitre africain de son discours, François Hollande est revenu sur le Mali. Après l’opération Serval, après un scrutin qui a permis l’élection d’un nouveau président, Ibrahim Boubacar Keà¯ta, la France, a-t-il dit, restera aux côtés des Maliens. « La France va rester au Mali différemment d’aujourd’hui, a-t-il indiqué. Avec une présence militaire bien sûr réduite. Mais nous continuerons à  accompagner ce pays. Restaurer l’Etat, améliorer la gouvernance, préserver la sécurité, mener à  bien le développement. Voilà  les défis communs, a résumé le chef de l’Etat. Et rester d’une vigilance extrême ». François Hollande a également fait état des « atrocités » en Centrafrique. « J’appelle l’Union africaine et le Conseil de sécurité à  se saisir de la gravité de cette situation (…) Nous, Européens et Africains, devons unir nos forces pour accompagner, encadrer et former les armées », a-t-il précisé. « C’est aux Africains d’assurer leur propre sécurité », a-t-il toutefois affirmé, comme il l’avait annoncé lors du discours de Dakar, le 12 octobre dernier. « Le continent africain est plein d’avenir », a-t-il poursuivi. « La France sera toujours à  ses côtés, sans rien chercher pour elle-même. » Le discours présidentiel n’a pas oublié le Maghreb. « Notre responsabilité est aussi d’accompagner les pays arabes dans leur changement », a-t-il réaffirmé. « Aucune religion n’est incompatible avec l’exercice de la démocratie », a-t-il soutenu, à  propos de la Tunisie. Le Président a également appelé les autorités égyptiennes à  rétablir « au plus vite » la paix civile.

Aide au développement: la France va recentrer son aide

Alors que se tenait ce mercredi 31 juillet la première réunion depuis quatre ans du Comité interministériel de la Coopération internationale et du développement (CICID), Jean-Marc Ayrault a annoncé un « recentrage » de l’aide française au développement aux pays les plus pauvres. Il s’agit de 16 à‰tats africains : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Centrafrique, Djibouti, Comores, Ghana, Guinée, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, RD Congo, Tchad, Togo, Sénégal. Le Premier ministre français a rappelé le contexte difficile des comptes publics français, mais tenu à  rassurer les bénéficiaires de l’aide au développement : « Nous sommes engagés dans une maà®trise de nos comptes publics (…) mais pour autant, la France maintient son effort en matière de développement » Contrôle de l’efficacité de l’aide Le gouvernement souhaite aussi mettre l’accent sur la « transparence » avec un « contrôle de l’efficacité des aides ». Ainsi, pour les aides apportées au Mali, un site internet sera mis en ligne dans les prochaines semaines afin de donner des informations précises sur les projets financés. Un premier projet de loi d’orientation et de programmation sur la politique de développement et de solidarité internationale de la Ve république sera présenté au Conseil des ministres en novembre pour un débat au Parlement début 2014. Cette réunion du CICID faisait suite aux assises de développement durable et de la solidarité internationale, clôturées en mars à  Paris par le président François Hollande. La France consacrera en 2013 9,4 milliards d’euros à  l’aide publique au développement. Elle est le 4e pays contributeur de l’aide et représente 10% de l’aide mondiale.

Présidentielle au Mali : l’inévitable ingérence de la France

« Nous serons intraitables. » C’est en ces termes que François Hollande a exigé en avril des autorités maliennes de transition l’organisation des élections présidentielles en juillet, après le succès de l’opération Serval. Une requête qui paraà®t aujourd’hui irréaliste, tant les obstacles à  la tenue d’un scrutin sur l’ensemble du territoire sont légion. Sur les 6 830 000 nouvelles cartes électorales biométriques indispensables au vote, seules 60 % avaient été distribuées dans le pays à  la date du 18 juillet. Le précieux sésame ne sera pas délivré aux 500 000 déplacés qui ont fui les combats ainsi qu’aux Maliens de l’étranger, notamment en France. Une autre faiblesse du scrutin tient dans la date choisie. Le 28 juillet tombe en pleine période des pluies, peu propice aux déplacements. Le premier tour a également lieu durant le mois de ramadan, ce qui de fait complique toute mobilisation populaire. Enfin, la situation dans la région de Kidal, au nord-est du pays, est loin d’être stabilisée. En dépit de la signature d’un accord de paix, le 18 juin à  Ouagadougou, entre les rebelles touareg et Bamako, des violences ont fait la semaine dernière quatre morts et de nombreux blessés. Samedi, des agents électoraux ont également été brièvement enlevés dans la région. Crainte d’attentats L’élection pourrait donner l’occasion aux groupes djihadistes de rebondir. Comme l’a récemment admis le général Grégoire de Saint-Quentin, qui a commandé l’opération Serval, « il faut reconnaà®tre à  nos adversaires leur extrême faculté à  se fondre dans l’immensité de cet océan de sable qu’est le désert ». Si la majorité des islamistes ont fui pour les pays limitrophes, notamment la Libye, d’autres se cachent toujours dans le septentrion malien. « La stratégie des djihadistes a toujours été de faire parler d’eux par leurs attaques », explique André Bourgeot, directeur de recherche émérite au CNRS. « Des attentats le jour du scrutin ne sont donc pas à  exclure. » Conscient des entraves insurmontables à  la tenu de l’élection, le président malien de transition a publiquement admis que « l’élection à  cette date sera imparfaite ». D’après l’hebdomadaire Jeune Afrique, Dioncounda Traoré aurait décidé fin juin de repousser le premier tour du scrutin au 28 octobre, soit trois mois après la date prévue. « Mais la pression des pays occidentaux, notamment la France, a été si forte que la date originelle a été maintenue », affirme depuis Tombouctou le journaliste et écrivain Serge Daniel. Ingérence française Les 6,9 millions d’électeurs sont donc appelés à  choisir ce dimanche entre 27 candidats. Ils étaient à  l’origine 28, mais l’un d’eux, Tiébilé Dramé, l’un des grands artisans de l’accord de Ouagadougou, a préféré jeter l’éponge, en dénonçant un scrutin « ni libre, ni équitable ». « Je constate que Laurent Fabius est devenu le directeur des élections au Mali », a-t-il lancé, regrettant que « certains responsables français accumulent les maladresses ». à€ Paris, on affirme ne « pas vouloir entrer dans la polémique », tout en rappelant que « ce sont les Maliens eux-mêmes qui ont fixé la date du scrutin ». « Le Mali est sous tutelle », estime pourtant André Bourgeot. « C’est François Hollande qui a fixé la date du scrutin, une attitude qui a provoqué le mécontentement de la nation malienne. L’image de la France est désormais écornée », juge le spécialiste du Mali. Pour Paris, l’opération Serval ne sera un succès total que si elle aboutit à  la mise en place d’un gouvernement malien démocratiquement élu, seule instance à  même de lancer un véritable processus de réconciliation entre les communautés du nord et du sud du pays. C’est à  cette condition que le Mali a obtenu, le 15 mai dernier, des promesses d’aides de 3,25 milliards d’euros pour sa reconstruction et son développement. Le boulet de la France « La France veut se débarrasser du boulet malien », soutient André Bourgeot. « Outre son souhait d’un retour à  une situation politique normale dans le pays, Paris veut se décharger du fardeau économique que représente la présence de ses soldats au Mali, notamment dans le contexte actuel d’austérité. » Avec 4 000 soldats au plus fort de la mission Serval, le contingent français devrait compter quelque 1 000 hommes d’ici à  la fin de l’année, en complément des 12 600 combattants de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Une sortie honorable pour Paris, qui lui permet d’écarter tout risque d’enlisement dans le pays. Pour l’heure, tous les observateurs sur place s’accordent à  dire que l’élection, qui prétend couvrir tout le territoire malien, sera entachée d’irrégularités. Le 18 juillet dernier, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a ainsi admis que la présidentielle était « imparfaite », mais que les résultats devraient être respectés. « Le futur président ne pourra se prévaloir d’avoir été élu sur l’ensemble du territoire et donc par la totalité de la population », prévient pourtant André Bourgeot. « Il lui sera dès lors très difficile d’affirmer son autorité. » « Ce sera une élection à  la malienne », estime pour sa part Serge Daniel. « C’est-à -dire qu’elle ne sera pas régulière à  100 %. » Le journaliste juge toutefois ce mal nécessaire pour sortir le pays de la crise dans laquelle il est plongé depuis le coup d’à‰tat militaire de mars 2012. « Le scrutin vise à  mettre fin à  l’influence des membres de la junte militaire dans le gouvernement de transition », explique le journaliste et écrivain. Plusieurs ministres de l’actuel exécutif sont en effet des proches du capitaine Sanogo, l’homme qui a renversé le président Amadou Toumani Touré il y a un an. Un putsch qui a plongé le pays dans l’instabilité et favorisé l’insurrection des djihadistes.

Au Mali, les affaires reprennent pour les entreprises françaises

Les pays donateurs ont promis en effet d’engager 3,287 milliards d’euros en deux ans dans le développement du Mali (dont 280 millions pour la France). Paris, qui a été leader dans l’opération militaire, entend bien récupérer une bonne partie du gâteau. Et éviter le scénario libyen o๠«les Anglais et les Italiens ont eu plus de marchés que nous», décrypte une source diplomatique. Avant la guerre, la France était déjà  le premier partenaire économique non-européen du Mali avec un stock de 70 millions d’euros d’investissements en 2011. «Mais on était grignoté par les Chinois», glisse une source proche des milieux d’affaires. Une délégation du Medef était sur place «Les entreprises françaises sont présentes au Mali depuis longtemps. Elles sont plus stables, apportent des emplois aux Maliens et désormais les positionnent à  des places de direction», se réjouit-on au Medef international, qui a envoyé il y a quelques jours à  Bamako une délégation composée de 25 sociétés hexagonales. Un atout pour remporter les marchés publics. «l’accueil des Maliens est excellent. l’opération Serval a certainement un impact. Mais est-ce que cela va se traduire en marchés? Il est trop tôt pour le dire. Les Français, en tous les cas, sont prêts à  redémarrer», constate la fédération patronale française. Qui prévient toutefois: «Sur le plan sécuritaire, au Sud, on peut retravailler. Au Nord, C’’est encore incertain». Or, C’’est bien au Nord, zone jusqu’alors négligée par le pouvoir central, que les besoins de revitalisation économique sont les plus criants. Bamako y travaille à  un plan de sécurisation des activités ainsi qu’à  la restauration des aéroports, endommagés par les combats. Des chantiers emblématiques C’’est dans cette zone que le chantier de la route Léré-Tombouctou, géré par la société Sogea-Satom, une filiale de Vinci, doit reprendre prochainement. Il avait été interrompu en raison de la situation sécuritaire en 2012. Parmi les autres grands projets lorgnés par la France: une usine d’adduction d’eau et une déchetterie centralisée à  Bamako ou encore la privatisation de l’aéroport de la capitale malienne. «Nous n’avons pas de chiffres précis sur le nombre de contrats remportés mais la proportion est très favorable aux entreprises françaises», fait valoir une source proche du dossier. Des marchés publics emblématiques ont d’ores et déjà  remportés: Bull pour un serveur informatique qui profitera aux douanes, Safran-Morpho pour la carte d’identité/d’électeur Nina à  destination de près de sept millions d’électeurs appelés aux urnes pour l’élection présidentielle de la fin juillet. Un avantage qui pourrait s’estomper «La France a eu une place particulière au Mali, ils nous aiment bien. Mais on ne va pas leur rappeler tous les jours leur dette de sang. Cet avantage va progressivement s’estomper», met en garde une source diplomatique. Autre marché convoité: les 130 millions d’euros de marchés publics qui accompagnent la mise en place de la mission de l’ONU pour la stabilisation du Mali (Minusma). «Traditionnellement, les Français sont très mauvais sur les marchés onusiens mais là , on va faire le maximum.» Si la France n’a pas obtenu le catering, C’’est bien Total qui a remporté l’approvisionnement en pétrole. Et Paris vise la construction des camps chargés d’accueillir les Casques bleus. Dans le secteur privé, les Français souhaitent investir dans l’agro-industriel et le textile. Un projet d’hôtel trois étoiles, sous l’enseigne Onomo, est aussi sur les rails à  Bamako. Un signe en soi de l’espoir de voir les hommes d’affaires revenir en masse.

Fabius et Le Drian décorés par le Mali

Les ministres français des Affaires étrangères et de la Défense, ainsi que des officiers de l’armée française, ont été décorés samedi 13 juillet de l’Ordre national du Mali, au cours d’une cérémonie à  Paris. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a reçu la Croix de Grand Officier de l’Ordre national du Mali, des mains de son homologue malien, Tiéman Coulibaly. « Laurent Fabius, le peuple malien a retenu le rôle combien important qui a été le votre dans la crise profonde qui a secoué le Mali », a souligné M. Coulibaly au cours de la cérémonie à  l’hôtel Meurice, en présence du président par intérim, Dioncounda Traoré. « J’ai fait mon possible », a répondu Laurent Fabius, citant l’ancien chancelier allemand Willy Brandt. Jean-Yves Le Drian, a reçu la même décoration des mains du ministre malien de la Défense, Yamoussa Camara. L’armée française est intervenue à  partir du 11 janvier contre les groupes islamistes armés qui occupaient le Nord du Mali. Plusieurs généraux et colonels de l’armée française ont également été décorés de l’Ordre national du Mali, « en raison de leur engagement, de leur professionnalisme et de leurs qualités de chefs au combat », ainsi que plusieurs civils français. « La France a versé son sang » « Je me souviens du 11 janvier, o๠mes propres soldats sont arrivés à  Mopti-Sévaré pour arrêter les colonnes adverses qui arrivaient pour prendre Bamako », a déclaré l’un des récipiendaires, le général de division Christophe Gomart. « La France a versé son sang au côté de nos frères maliens pour leur permettre de retrouver l’intégrité de leur territoire », a ajouté le général Gomart, ancien patron des forces spéciales françaises et nouveau directeur du renseignement militaire. Les soldats maliens ouvriront dimanche le traditionnel défilé militaire du 14 juillet à  Paris, devant un détachement de la Minusma, les casques bleus de l’ONU chargés de prendre la relève des Français et d’assurer la sécurisation du Mali. Environ 3.200 militaires français sont toujours déployés au Mali, pour faciliter notamment la tenue de l’élection présidentielle dont le premier tour est prévu le 28 juillet. François Hollande doit recevoir lundi les insignes de Grand Croix de l’Ordre national du Mali, des mains de Dioncounda Traoré.

Coût de l’opération Serval: plus de 400 millions d’euros en 2013

En mai dernier, 300 millions d’euros ont déjà  été engagés. Au total, explique le chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud, le surcoût des opérations extérieures (OPEX) devrait « dépasser, comme en 2011, le milliard d’euros ». Cette année-là , les OPEX avaient coûté au budget français 1,24 milliard d’euros, gonflé notamment par les surcoûts de l’opération Harmattan en Libye (368,5 millions d’euros pour sept mois d’intervention environ). Une telle « perspective est préoccupante », a souligné le CEMA au moment o๠la contrainte budgétaire est très, très forte. En 2012, Paris devrait avoir réduit la facture autour de 900 millions d’euros. Soit une stabilisation des dépenses à  l’image des montants déopéenses en 2010 (860 millions d’euros) et en 2009 (870 millions). 100.000 euros par homme et par an La facture globale d’une telle opération est « de l’ordre de 100.000 euros par homme et par an », a précisé le CEMA. Au Mali, au pic de l’engagement des troupes françaises, il y avait 4.500 hommes mobilisés appartenant à  101 formations différentes, soit 3.000 hommes en moyenne annuelle, en incluant les forces présentes au soutien – à  la périphérie. Une fois consommés les crédits dédiés (630 millions d’euros), « il faudra trouver de l’argent ailleurs et, le ministère du budget proposera probablement de prélever une partie des sommes sur notre propre budget, Matignon accordant éventuellement une rallonge », a expliqué l’amiral Guillaud. Car depuis quelques années, les provisions inscrites dans la loi de finances initiale (LFI) permettent de couvrir une partie des coût des opérations à  hauteur de 630 millions d’euros (soit autour de 70 % à  l’exception de 2011). Cette enveloppe est incluse dans le budget général du budget de la Défense. Une base française au Mali ? Le président malien Dioncounda Traoré a demandé à  François Hollande « l’installation, au Mali, d’une base militaire française comparable à  celle qui existe à  Dakar ». « Nous ne pouvons évidemment être partout », a expliqué l’amiral Guillaud. En revanche, des détachements d’instruction comme d’assistance militaire opérationnelles demeurent, et pas seulement à  base de forces spéciales, a expliqué le chef d’état-major des armées. « Le plan Sahel se poursuit également et la coopération avec les Maliens, interrompue en janvier 2012, reprend, y compris dans un cadre bilatéral, en complément de la mission européenne de formation – celle-ci ne concerne que le Mali, mais il existe aussi un plan EUCAP Sahel Niger, que les instances bruxelloises ont toutefois du mal à  ajuster à  la situation : l’hystérésis est d’au moins dix-huit mois, délai particulièrement long au regard du rythme de développement des crises dans la région ».

Présidentielle 2013: des élections sur commande de Paris

« Les élections se tiendront à  date prévue, dans tout le Mali, dans toutes les villes du Mali, et donc à  Kidal. » D’une part, cette déclaration de François Hollande du 5 juin laisse entendre que le Mali semble être gouverné à  partir de Paris. D’autre part, le président français semble complètement déconnecté de la réalité quand il affiche un tel enthousiasme sur la tenue des élections du 28 juillet prochain. Sur quoi est fondée cette certitude de François Hollande à  propos de la mise en place du scrutin de juillet ? Sur sa propre volonté peut-être, mais sûrement pas sur la réalité sociopolitique qui prévaut au Mali, encore moins sur le fait que tout a été mis en place pour que les choses se passent dans les règles de l’art. En effet, pour établir les fondements d’une élection présidentielle, à  fortiori dans un Etat à  l’image du Mali actuel, il est impératif de prêter une attention toute particulière à  trois éléments fondamentaux : un calendrier respectant un délai suffisant, un fichier électoral unanimement validé par les formations politiques concernées et des candidats assez préparés à  ces joutes. A moins d’un mois du démarrage de la campagne, aucune de ces conditions ne semble être respectée par le processus. Etonnant ! La France modifie tout à  sa guise Sur la question du calendrier, le Mali s’apprêtait à  organiser des élections en 2012. A cause du coup d’Etat du capitaine Sanogo et de tous les évènements qui ont suivi, le processus n’aboutira pas. La France, appelée à  la rescousse le 11 janvier 2013, va tout modifier à  sa guise. Et en mars déjà , les contours d’un pseudo calendrier électoral étaient dessinés par Paris. l’idée n’ayant pas enthousiasmé un grand nombre d’analystes politiques et certains cadres maliens, Laurent Fabius se déplace en personne à  Bamako le 4 avril dernier pour s’assurer auprès des partis politiques représentés à  l’Assemblée Nationale du « respect de la volonté du sauveur ». Ainsi, moins de 5 mois semblent suffire pour mettre en marche toute la logistique du scrutin. Mais en réalité, il s’agit là  d’un camouflage de l’imperfection totale du processus. Une légèreté volontaire de Paris pour replonger le Mali dans un chaos postélectoral afin de légitimer davantage la présence des troupes françaises au Mali. Les délais sont courts et ne permettent pas la tenue correcte d’élections de sortie de crise. l’enveloppe de 3,5 milliards d’euros obtenue à  la conférence des donateurs du 15 mai à  Bruxelles, n’est qu’un moyen de pression de plus sur Bamako. Mais, comme on dit justement, l’argent ne règle pas tout. Beaucoup d’électeurs non inscrits Plus grave, le fichier électoral est à  un stade quasi embryonnaire. Même si le général Siaka Sangaré, président de la Délégation Générale des Elections (DGE), affirme, à  3 semaines du début de la campagne électorale prévu le 7 juillet, être encore dans les délais, il est certain que ce sera, là  aussi, un bricolage fait plus pour satisfaire les exigences de Paris que pour garantir des élections apaisées aux Maliens. Parmi les facteurs qui compliquent la tâche à  la DGE, on trouve en bonne place le recensement des électeurs. En effet, un nombre important de Maliens ont été déplacés par le conflit. Près de 400 000 Maliens du nord ont fui vers le sud et vers les pays limitrophes. A Kidal par exemple, seuls près de 40 000 personnes seraient recensées à  ce jour sur une population estimée à  7 millions. Au niveau national, si on en croit certaines analyses, le collège électoral ne dépasserait pas 7 millions d’inscrits sur une population de près de 16 millions de personnes. Aberrant ! Une contestation inévitable ? La troisième question fondamentale de la préparation des candidats reste aussi improvisée que les deux premières. Ils seront près d’une vingtaine à  briguer le fauteuil de Koulouba. Pour s’assurer de leur bonne foi, on leur fait signer un « code de bonne conduite » tels des enfants à  l’école. Cela suffira-t-il à  éviter des contestations postélectorales par exemple ? J’en doute bien. Quand on sait les rivalités qui opposent les formations politiques maliennes o๠des partis ont « donné » naissance à  leur adversaire, on a du mal à  croire à  ce miracle dans un contexte de crise politique et sociale. Pendant ce temps, les accords signés mardi 18 juin à  Ouagadougou entre le gouvernement et les rebelles touareg n’augurent rien de bon. En effet, selon le texte, le désarmement des éléments des groupes touareg ne doit intervenir qu’une fois qu’un accord « global et définitif de paix » sera signé entre les nouvelles autorités installées après la présidentielle, d’une part, et les communautés et groupes armés du Nord, d’autre part. Avec toutes ces incertitudes, Bamako se lancera le 28 juillet prochain dans une aventure dans l’issue est imprévisible. Fingers crossed!

Edito: les coulisses d’une guerre éclair au Mali

Le gouvernement malien et les rebelles touareg du MLNA ont finalement enterré la hache de guerre, ouvrant la voie à  la tenue de l’élection présidentielle prévue le mois prochain. Mais cette étape n’était encore qu’une éventualité lorsque l’ouvrage d’Isabelle Lasserre et de Thierry Oberlé – tous deux journalistes au Figaro – était sous presse, ils n’ont donc pas pu l’évoquer. Ces livres écrits à  proximité immédiate de l’événement qu’ils relatent sont appelés « instant books » dans le jargon éditorial. Ils s’apparentent donc plus en principe à  une enquête journalistique rapide qu’à  un examen fouillé d’un événement historique. Pourtant, cette fois, la première guerre de François Hollande est décrite avec recul. Car les auteurs ne la font pas débuter le 11 janvier dernier, avec la descente de colonnes armées vers Bamako brutalement stoppée par les forces spéciales françaises, qui y perdront un pilote d’hélicoptère Gazelle. Ils ont choisi de remonter plus haut, plus précisément en 2009. Requin à€ cette époque, l’état-major des armées met au point, parmi d’autres scénarios, le plan Requin. Depuis des mois, les djihadistes d’Aqmi se sont implantés dans une zone montagneuse, l’adrar des Ifoghas, frontalière de l’Algérie. à€ Paris, on n’est pas dupe : le groupe Aqmi est instrumentalisé par Alger, qui se garde bien d’imperméabiliser sa frontière, laissant les ravisseurs d’otages occidentaux se ravitailler sur son sol. Dès cette époque, écrivent Lasserre et Oberlé, le cadre général d’une intervention au Sahel était prêt. Ne manquait que la date : « Rarement une opération militaire fut aussi bien préparée. Seul le déclenchement de Serval n’avait pas été anticipé par les officiers généraux. Officiellement, en tout cas. Les planifications successives visaient à  reconquérir le Nord et non pas agir au Sud pour bloquer une colonne de djihadistes en mouvement. » Guerre éclair La guerre que la France va conduire sur le terrain met en oeuvre un savoir-faire exceptionnel. En quelques jours, les troupes arrivent du Tchad et de Côte d’Ivoire pour renforcer les forces spéciales, bientôt rejointes par les forces envoyées de France. Sur le terrain, la reconquête est rapide, les Français se tenant officiellement aux côtés des forces maliennes, alors que celles-ci n’ont en réalité pratiquement joué aucun rôle. Le cadre des opérations est, rappellent les auteurs, différent de celui mis en oeuvre en Afghanistan, dans un contexte, il est vrai, totalement différent : « Bouger, ne jamais s’arrêter. L’autonomie du chef sur le terrain, l’intelligence de la situation, les effets d’opportunité sont systématiquement privilégiés. (…) De cette conception de la guerre naà®t la folle équipée qui conduit les militaires français, à  très vive allure, jusqu’à  la frontière de l’Algérie. » Il faudra trois semaines aux Français pour chasser les gangstéro-djihadistes de la partie nord du Mali. Confusion sémantique La guerre n’est pas finie et le gros des 3 500 soldats français demeurant au Mali y restera jusqu’à  la fin du processus de l’élection présidentielle. On appréciera aussi que les auteurs, fines mouches, n’aient pas voulu s’associer à  la vulgate des spin doctors de l’à‰lysée et de la défense, qui emploient systématiquement le terme « terroristes » pour désigner les djihadistes maliens, parfois purs et simples gangsters et trafiquants de tout poil, voire nationalistes touareg qui ne se sont pas associés aux Français. Nos deux confrères pointent la « confusion sémantique » des raconteurs d’histoires qui oublient que « les islamistes, combattus par Paris dans le Sahel, sont souvent nos alliés en Syrie face à  Bachar el-Assad, ou le furent en Libye ». On l’aura compris : il s’agit d’un bon livre, dont la rapidité de réalisation n’exclut pas la justesse et la qualité des informations. Il aide à  comprendre ce qui s’est passé et sera utile à  l’avenir, malgré l’absence d’un index qui aurait été fort profitable !

Du Rwanda en 1994 au Mali, les généraux Kazura et Saint-Quentin

Le général rwandais Jean-Bosco Kazura, combattant de la première heure du Front populaire pour le redressement (FPR), devrait prendre les commandes de la Minusa. Seule manque la confirmation officielle de l’ONU. Le général de Saint-Quentin par contre, a été confirmé à  son poste. Il dirige l’opération Serval au Mali depuis janvier. Et il n’y a pas de limite à  la durée de son mandat. Cela dépend de l’évolution de la situation sur le terrain. Les deux hommes devraient donc se croiser et même travailler main dans la main. «C’est plutôt cocasse, explique un fin connaisseur du Rwanda. Puisqu’ils étaient tous les deux à  Kigali en 1994». Les deux nouveaux hommes forts de l’opération militaire qui se déroule au Mali étaient donc tous deux au Rwanda en 1994. Jean-Bosco Kazura était dans la garde rapprochée de Paul Kagamé, à  l’époque chef de la rébellion du FPR. Et Grégoire de Saint- Quentin était, lui, assistant technique militaire auprès des forces armées rwandaises (FAR). Il habitait juste à  côté de l’endroit o๠dans la nuit du 6 au 7 avril 1994, l’avion de l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana s’est écrasé. C’est même lui qui a donné l’alerte côté français et qui a été parmi les premiers à  se rendre sur les lieux de l’attentat. C’est donc un témoin clef pour l’instruction française. Il a d’ailleurs été à  nouveau auditionné par le juge d’instruction en charge du dossier Marc Trevidic sur ce qu’il avait constaté ce soir-là . Est-ce que cela risque de gêner la bonne marche des opérations au Mali ? Non, assure-t-on côté français : l’objectif, c’est le déploiement de la Minusma, c’est la priorité et tout le monde ira de l’avant. Même son de cloche du côté rwandais. Nous sommes prêts à  travailler avec tout le monde pour le succès de l’opération, dit une source diplomatique rwandaise.

Mali : les secrets d’une guerre éclair

Ce lundi 14 janvier 2013, dans le salon vert qui jouxte le bureau du chef de l’Etat, le débat est intense. François Hollande a réuni le deuxième conseil de défense depuis le déclenchement de l’intervention au Mali, trois jours plus tôt. Les principaux protagonistes de la plus importante action militaire menée par la France depuis un demi-siècle sont présents : Jean-Yves Le Drian, Laurent Fabius, le général Puga, conseiller militaire du président, l’amiral Guillaud, chef d’état-major des armées, et les patrons des services secrets. Tous sont d’accord sur un point : malgré la mort d’un officier français, le début de l’opération Serval est un succès. Les frappes des Mirage 2000 et des hélicoptères ont stoppé la descente des djihadistes vers le sud. Mais, sur la suite de l’intervention, les opinions divergent. A la table du conseil, deux logiques s’affrontent. « L’amiral Guillaud souhaitait concentrer tous les efforts vers un seul but : frapper Aqmi le plus fort et le plus loin possible, dit un important responsable français. Le président, lui, voulait aussi des victoires symboliques, la prise de villes, pour rassurer l’opinion publique. » Il y a un autre différend. « L’état-major imaginait une guerre façon Otan, dit un officiel de haut rang. C’est-à -dire lancer l’offensive vers le nord une fois seulement toute la logistique parvenue sur le terrain. » Obsédé par le risque d’enlisement, François Hollande veut, lui, rogner sur les délais au maximum, mener une « guerre à  la française ». Le 14 janvier, l’amiral Guillaud prévient que l’acheminement du matériel et des 4 000 hommes au Mali va prendre deux semaines. Il ajoute qu’il prévoit de libérer une seule ville, Gao, la plus facile à  prendre. « Non, il en faut deux, dit François Hollande, Gao et Tombouctou. » L’amiral répond que cela ne pourra se faire que fin février. « Fin janvier », ordonne le président de la République, qui refuse toute pause. Un pari risqué – qui sera gagné grâce à  plusieurs facteurs. Les amis à  la rescousse L’aide des alliés est indispensable. « Avec ses moyens propres,assure un officier, l’armée française ne serait pas parvenue à  tenir les délais fixés par le président. » Elle manque cruellement d’avions de transport et de moyens de renseignement. Le drone Harfang n’est pas encore opérationnel. Pour suivre les déplacements en temps réel des 2 000 djihadistes, les militaires n’ont que des ULM et de vieux appareils Atlantic. Les Britanniques viennent immédiatement à  leur rescousse. Dès le lendemain des premières frappes, ils mettent un avion de renseignement dans le ciel malien. Les Etats-Unis sont moins rapides. Un mois avant, Jean-Yves Le Drian a bien obtenu, en secret, un accord de principe pour le déploiement de drones américains, en cas d’intervention. « Mais certains drones dépendaient de la CIA, d’autres du Pentagone et le superavion de surveillance, Global Hawk, d’un commandement en Italie », raconte un haut responsable. Il faut coordonner le tout. Si bien que, pendant une semaine, les militaires français n’ont pas d’images de l’ennemi vingt-quatre heures sur vingt-quatre. « Pour les avions-cargos, on a loué des Antonov 124 à  des sociétés privées russes et ukrainiennes, dit une source à  la Défense, mais il n’y en avait pas assez. » Les Belges et les Allemands en fournissent quelques-uns, mais pas suffisamment. Après trois semaines de tergiversation, la Maison-Blanche accepte de mettre des C-17 à  la disposition de Paris. « Les alliés nous ont fait gagner trois semaines dans le déploiement des forces et deux semaines dans les frappes », estime-t-on au ministère de la Défense. Les erreurs des djihadistes L’intervention est d’autant plus rapide que les djihadistes font de mauvais choix tactiques. « Nous avions prévu que la prise de Tombouctou durerait cinq jours, confie-t-on à  la Défense. Mais ils ont fui et, en un jour, tout était fini. » « S’ils avaient décidé d’organiser la résistance à  Gao et Tombouctou, il nous aurait manqué deux compagnies », précise un officier. Les djihadistes n’ont pas non plus l’idée de poser des bidons vides sur la route. »Nous aurions dû envoyer une équipe de déminage pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’engins explosifs. A chaque fois, cela nous aurait retardés de plusieurs heures. » « Pendant quelques jours, ajoute un autre responsable, nous tenions le pays avec seulement trois compagnies d’infanterie. S’ils nous avaient harcelés, nous aurions beaucoup souffert. » Mais, à  part une brève embardée vers l’ouest, les djihadistes choisissent de filer vers leur citadelle de l’Amettetaà¯, au nord. « Ils ont cru que nous ne les attaquerions pas là -bas », conclut-il. Tuer Sanogo ? Alors qu’ils commencent à  tenir le pays, une question taraude les Français. N’ont-ils pas là  l’occasion de régler l’épineux problème Sanogo ? Le capitaine de l’armée malienne, auteur du coup d’Etat de mars 2012, gène bigrement Paris. Il risque de vouloir reprendre le pouvoir et de mettre à  mal toute la stratégie de l’Elysée. Que faire de lui ? « Le tuer ? Certaines capitales africaines nous l’ont demandé, et nous nous sommes interrogés, reconnaà®t un responsable français. Mais on ne l’a pas fait de peur d’aggraver la situation politique. » On préfère le neutraliser. On lui donne un titre ronflant, président du Comité de Suivi de la Réforme de l’armée. Des Africains lui proposent un exil doré. En vain. Sanogo reste. Les encombrants journalistes Très vite, la France doit gérer un autre problème : l’information. Les journalistes reprochent à  l’armée de les empêcher d’aller dans les zones de combat. Paris rejette la faute sur l’armée malienne, « qui a peur des enlèvements ». Non sans raison : « On a intercepté des communications qui indiquaient que, lors de leur raid du 9 février à  Gao, les djihadistes voulaient prendre des journalistes en otage », révèle un officiel français. Ce n’est pas toute la vérité. Furieux d’avoir à  agir aussi vite, les militaires refusent de s’encombrer de la presse. Avec le pouvoir politique, c’est donnant-donnant : on fonce, mais sans journalistes. De toute façon, quoi montrer ? Menée surtout par les forces spéciales, la guerre se résume à  des accrochages violents entre des petits groupes, alors le ministre gonfle l’importance des opérations. « Quand Le Drian annonçait une offensive, ça se résumait à  trois véhicules blindés », dit un militaire. Sus au Quai-d’Orsay ! Début février, une autre guéguerre fait rage à  Paris. Depuis la chute de Gao et de Tombouctou, le ministère de la Défense n’en démord pas : les diplomates sont trop mous, ils ne feraient rien pour régler le dossier de la réconciliation entre le pouvoir central malien et le mouvement indépendantiste du Nord. Du coup, les militaires redoutent de se retrouver coincés longtemps au Mali, à  cause d’un abcès de fixation, à  Kidal, troisième ville du Nord, tenue par les séparatistes touaregs du MNLA. « Fin janvier, la France pouvait exiger du pouvoir à  Bamako qu’il négocie avec ces rebelles, assure-t-on à  la Défense. A ce moment-là , le président Traoré aurait signé n’importe quoi. » Pourquoi avoir laissé passer cette opportunité ? « Vous vouliez que l’on fasse comme Foccart ? », demande, agacé, un haut diplomate, en référence au « Monsieur Afrique » de De Gaulle. La querelle entre la Défense et les Affaires étrangères se solde le 21 mars par la désignation d’un bouc émissaire : l’ambassadeur de France à  Bamako, Christian Rouyer, qui est débarqué. « Il ne convenait pas pour un tel poste en Afrique,juge un officiel, il aurait été parfait comme ambassadeur en Finlande. » La victoire des militaires est complète puisque ce sont eux qui soufflent le nom de son successeur, Gilles Huberson, un ancien de Saint-Cyr qui a déjà  pris langue avec le MNLA. Le MNLA, un allié gênant Les diplomates ont du mal à  digérer les reproches des militaires : si Kidal pose problème, disent-ils, c’est parce que le MNLA est protégé par la DGSE . « Les services secrets ont besoin de ces Touaregs parce qu’ils ont des liens avec les preneurs d’otages », lâche un responsable français. Pour la chasse aux djihadistes aussi, ils sont utiles, du moins le croit-on. A ce sujet, Jean-Yves Le Drian reconnaà®t que les Français « se coordonnent » avec le groupe touareg dans la guerre contre Aqmi. En vérité, « entre le MNLA et la France, il y a un deal historique : parce que c’était une force laà¯que qui a pour ennemis les terroristes islamistes, la DGSE les aide depuis dix ans », admet un haut responsable français, confirmant ce que « le Nouvel Observateur » avait révélé il y a un an. A Bamako, la mise sous protection française du MNLA agace. On reproche aux « libérateurs » de s’être alliés à  ces rebelles considérés comme responsables de la crise. Une attitude jugée d’autant plus incohérente que, selon un officielmalien, « le MNLA a vendu à  la France plus de beurre qu’il n’avait de lait ». De fait, au Quai-d’Orsay, on reconnaà®t qu' »ils ont été moins utiles qu’on ne l’avait espéré », notamment pour préparer l’assaut dans l’Amettetaà¯. 700 djihadistes tués C’est là , tout au nord du Mali, dans une vallée de 10 kilomètres sur 20, que débutent, en mars, les affrontements les plus violents. L’Ametteta௠est la citadelle des djihadistes. « Depuis trois ans, nous avions repéré qu’ils s’y étaient sédentarisés », dit un responsable. Il y a là  400 personnes, des jardins potagers et un important stock d’armes prises à  l’armée malienne en 2012 et « un peu en Libye ». « Ils avaient mis en place des canons, des lance-roquettes, mais ils ne savaient pas s’en servir, explique un officier. L’Ametteta௠a été leur péché d’orgueil. Ils ont affirmé que ce serait la mère de toutes les batailles et ils ont perdu. » Selon le ministère de la Défense, 130 djihadistes ont été tués durant ces combats-là . Aqmi y a subi une très lourde défaite militaire et psychologique. « Il a perdu la face vis-à -vis des leaders d’Al-Qaida. Et pour les jeunes tentés par le djihad, le Sahel est désormais beaucoup moins attractif que la Syrie », affirme la même source. Mais la menace n’est pas totalement écartée pour autant. Depuis le début de l’opération Serval, 600 à  700 djihadistes sont morts. Il en reste donc plus de 1 000 dans la nature. O๠? « Une moitié s’est fondue dans la population et a renoncé (provisoirement ?) au combat ; l’autre s’est dispersée plus au nord ou dans les pays limitrophes », assure une source au ministère de la Défense. Nos amis tchadiens Dans ce combat inachevé, les alliés tchadiens ont été « très utiles », reconnaà®t-on à  la Défense. C’est de N’Djamena que décollent les Mirage 2000 qui frappent les djihadistes dès le 11 janvier. Et 2 000 soldats tchadiens, seules troupes de la région aguerries au désert, sont employés au nettoyage de l’adrar des Ifoghas, le bastion d’Aqmi. Ils vont payer le prix fort : au total, 38 morts contre 6 côté français. Ont-ils servi de chair à  canon ? Nul ne l’admettra, bien sûr. A Paris, on voit dans ce nombre élevé de tués le résultat d’une « erreur tactique ». « Les Tchadiens ont voulu prendre imprudemment un piton et des tireurs les ont alignés. » A N’Djamena, on invoque « une culture de combat basée sur le risque et sur l’homme ». Quoi qu’il en soit, le président tchadien saura tirer les dividendes de son alliance avec Paris. Alors qu’il accueillera en héros les 700 premiers soldats de retour au pays, il arrêtera des opposants sans que l’Elysée ne proteste bien fort. Guéguerre à  l’Onu La France ne s’embarrasse pas de détails. Elle est pressée de partir et veut passer au plus vite le témoin à  une force de l’ONU. Les Américains acceptent à  une condition : que la France conserve sur place des troupes antiterroristes. « Pas plus de 300 hommes », dit Paris, qui veut que cette force dite « parallèle » soit commandée par un Français et que celui-ci ne prenne pas ses ordres à  l’ONU. A New York, les fonctionnaires tiquent. Ils veulent plus de soldats français et un commandement onusien. Un compromis est trouvé le 25 avril. Une résolution du Conseil de Sécurité crée une force de maintien de la paix de 12 600 hommes, la Minusma, et une force d’appui d’environ 1 000 soldats français. Sous commandement national, ces derniers interviendront « à  la demande du secrétaire général des Nations unies », mais « notre feu vert ne sera pas automatique », précise-t-on à  Paris. Comprenne qui pourra. Autre imbroglio toujours en suspens : le choix du commandant de la Minusma. Le président tchadien réclame le poste pour son fils adoptif, qui vient de rentrer duMali . A Paris, « on souhaite que ce soit un Africain… compétent ». Des élections au forceps La France devrait bientôt tourner la page de la guerre – du moins le croit-elle. La force onusienne doit se déployer le 1erjuillet. Le but : sécuriser l’élection présidentielle prévue pour le 28 juillet. Bien qu’elle s’en défende, la France a imposé ce calendrier très serré. Hollande se dit « intraitable » sur le sujet. Quitte à  ne pas entendre tous ceux qui jugent ce scrutin prématuré (qui va se dérouler en plein ramadan !). Le secrétaire général de l’ONU a émis de sérieux doutes quant à  sa faisabilité et sa légitimité. « Il n’a pas une meilleure connaissance du Mali que nous », répond un diplomate français. »Seul un gouvernement légitime pourra mener la réconciliation », argumente un autre. Et puis les Etats-Unis subordonnent la reprise de leur aide au Mali au retour d’un pouvoir démocratique à  Bamako. Mais le sera-t-il ? Des négociations entre rebelles et pouvoir central ont enfin commencé. Le président par intérim, Dioncounda Traoré, a promis à  Paris qu’il »ne reconquerrait pas Kidal [le sanctuaire des rebelles touaregs] par les armes ». Mais il a récemment changé de ton : »L’armée doit être à  Kidal avant le premier tour », a-t-il dit, laissant ainsi planer le spectre d’une nouvelle guerre civile. Le pire des scénarios pour la France.

France: l’ancien Premier ministre Pierre Mauroy n’est plus

L’ancien Premier ministre français Pierre Mauroy, qui fut le premier chef d’un gouvernement socialiste (1981-1984) de la Ve République sous la présidence de François Mitterrand, est décédé à  l’âge de 84 ans, a annoncé vendredi le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.M. Fabius s’exprimait devant des journalistes à  Tokyo, o๠il accompagne le président François Hollande en voyage officiel. « C’est un pilier du socialisme démocratique qui s’en va », a dit le chef de la diplomatie française. Pierre Mauroy, qui fut maire de Lille (nord) pendant 28 ans (1973 à  2001) avait été opéré d’une tumeur cancéreuse au poumon en avril 2012. Il avait été à  nouveau hospitalisé dans la nuit du 1er au 2 juin dans un établissement de la région parisienne, compte tenu de son état de fatigue, avait dit un proche dimanche dernier. Pierre Mauroy a semble-t-il fait « un malaise à  la suite d’une hospitalisation qui était prévue » dans le cadre du traitement qu’il reçoit régulièrement pour cette maladie, selon ce proche. François Hollande lui a rendu hommage de Tokyo en saluant « un homme qui a servi la France à  des moments exceptionnels ». « Pierre Mauroy était socialiste, il voulait que la justice sociale puisse inspirer tous ses actes », a poursuivi le chef de l’Etat. « Pierre Mauroy ne trompait pas, il ne mentait pas, il allait jusqu’au bout de ses convictions en prenant la réalité telle qu’elle était ».

Kidal: à quoi jouons-nous?

D’aucuns affirment que la grande muette est déjà  présente à  Kidal, d’autres disent qu’elle n’est qu’à  quelques encablures de la ville. D’après le capitaine Modibo Traoré, l’un des porte-parole de l’armée malienne, « l’armée fait désormais la reconnaissance de la zone s’étendant entre Kidal et Anefis. Un petit groupe de militaires peut aller jusqu’à  35 km de Kidal et revenir en arrière. L’armée ne serait pas en mesure d’attaquer Kidal aujourd’hui, car il faut que la zone d’Anefis soit d’abord sécurisée». Le Chef de la diplomatie malienne avait déclaré lors d’une conférence de presse qu’«il est hors de question que les groupes armés continuent d’exister. Nous serons disposés à  discuter avec ceux qui déposeront les armes. Dans le cas contraire, nous serons obligés d’utiliser d’autres moyens que nous jugerons utiles pour reconquérir Kidal». A la veille des négociations officielles entre le gouvernement malien et le MNLA, qu’est-ce qui a pu motiver l’exécutif à  aller à  l’offensive ? Est-ce les récents évènements survenus à  Kidal o๠le MNLA affirme détenir des officiers du service de renseignement ? Est-ce les exactions commises par les rebelles et l’expulsion des jeunes à  « peau noire »? Est-ce une planification de longue date ? La promptitude avec laquelle la France a réagit face à  l’avancée des islamistes en janvier dernier a été saluée par tous. Pour que François Hollande mérite totalement le prix de l’Unesco pour la paix qui lui a été décerné, il devrait faire autant à  Kidal. Lors de la remise de ce prix, il a appelé au désarmement des groupes armés. La présence de l’armée française à  Kidal devrait en principe aider au désarmement de ces groupes. Pourquoi n’était-elle pas intervenue lors des exactions commises par le MNLA le weekend dernier contre de paisibles citoyens? Aujourd’hui C’’est comme si la France fait face à  un dilemme et joue à  la prudence pour des questions d’intérêts certainement. Qu’en sera-t-il du dialogue qui débute entre le gouvernement et le MNLA ce vendredi 7 juin à  Ouagadougou ? Wait and see !

Nelson Mandela : l’exposition historique sur le premier Président noir d’Afrique du Sud

La saison sud-africaine débute cette semaine en France. Jusqu’à  la fin de l’année, il y aura plus de 200 événements : de la musique, du théâtre, du cinéma, du sport, de la dance et de la gastronomie. Le premier événement est une exposition à  l’Hôtel de Ville de Paris sur la vie de Nelson Mandela, jusqu’au 6 juillet. Devenu le premier Président noir d’Afrique du Sud après 67 années de lutte dont 27 passées en prison, il est aujourd’hui considéré comme un véritable héro. Dans cette rétrospective, c’est toute sa vie, et du même coup celle de l’Afrique du Sud, durant ces années sinistres de l’Apartheid, que le public découvre. Le rôle des artistes a été primordial Dès le parvis de l’Hôtel de Ville, une reproduction à  échelle réelle de la cellule de Nelson Mandela accueil le visiteur. « C’était sa cellule à  Robben Island. 2,4 mètres sur 2,1 mètres. Un banc, un matelas parterre, un sceau d’aisance et c’est tout.Il y a vécu comme ça pendant 18 ans », raconte Laurent Clavel, commissaire général des Saisons France – Afrique du Sud. Le spectateur le voit à  sa sortie de prison avec Winnie Mandela, sa deuxième épouse. Il assiste également au massacre de Sharpeville, qui a fait au moins 69 morts. Pour ceux qui n’ont pas connu cette période, ils pourront découvrir à  quel point les artistes ont joué un rôle important dans ce combat contre ce régime raciste. Le rôle ambiguà« de la France pendant ces années sombres Les visiteurs pourront découvrir cet accord secret entre de Gaulle et le fondateur de l’Apartheid qui fait de la France le premier fournisseur d’armes de ce régime répressif. Il y a également les côtés positifs comme lorsque Mandela, à  peine sorti de prison, est accueilli par François Mitterrand. Le public peut aussi découvrir une sculpture d’exception. En Afrique du Sud, elle fait 10 mètres de haut, à  Paris, c’est une reproduction plus petite. Il s’agit de poteaux noirs, tels des barreaux d’une prison, et lorsque que l’on se met à  3 mètres de haut, les pieds sur un rond de marbre noir, on voit avec émotion apparaà®tre, dans cette forêt de barreau, le visage de Nelson Mandela. Le héro sud-africain « va plutôt bien pour un homme de son âge », d’après son arrière petit-fils, « il aura 95 ans l’an prochain donc je dirais même qu’il va très bien », a confié Luvuyo Langa-nani Mandela, présent lors du vernissage de l’exposition.

VIDEO: Gao se moblise pour Kidal

Femmes, jeunes, enfants, personnes âgées. Ils sont tous descendus dans les rues de Gao pour manifester leur attachement à  un Mali Un et Indivisible. Et surtout pour la libération totale de la vile de Kidal, toujours contrôlée par les éléments du mouvement National de Libération de l’Azawad. Les manifestants ont interpellés le Président français sur la gestion de cette situation, la France « soutenant » le MNLA et proposant de sécuriser grâce à  ses troupes les élections.

La question de Kidal toujours en suspens

C’est presque un ouf de soulagement général qui a traversé les acteurs de la crise au Mali, à  l’annonce officielle par les autorités maliennes de la tenue du premier tour de l’élection présidentielle le 28 juillet. La confirmation de ce scrutin, sur lequel repose de nombreux espoirs de normalisation de la situation, répond notamment à  la demande pressante de Paris, qui s’était dit « intraitable » sur le calendrier électoral. Pour François Hollande, le Mali doit se doter d’un président légitime, qui ait autorité pour entreprendre la transition. Cependant de nombreux observateurs regrettent la précipitation de ce scrutin : les problèmes logistiques restent importants, la situation sécuritaire n’est pas stabilisée, les tensions communautaires ne sont pas éteintes et surtout, la situation de Kidal n’est pas réglée. Le nom de cette ville du Nord du Mali est sur toutes les lèvres depuis des mois. Les rebelles touaregs du MNLA (Mouvement de libération nationale de l’Azawad) et du MIA (Mouvement islamique de l’Azawad, une dissidence des islamistes d’Ansar Dine), qui tiennent la ville, refusent que l’armée et l’administration malienne y pénètre. Difficile du coup d’y organiser un vote… Or l’élection doit se tenir sur l’ensemble du territoire, pour éviter tout risque d’aggravation de la situation. Laurent Fabius, qui s’est rendu à  Bamako dans la soirée du mardi 29 mai, a réaffirmé que « pour la France, il est évident qu’il ne peut y avoir deux pays dans un même pays. Les dispositions seront prises pour qu’à  Kidal, on puisse voter comme partout ailleurs ». Pour résoudre ce problème principalement, des discussions ont été entamées depuis lundi à  Ouagadougou avec le médiateur et président burkinabé Blaise Compaoré. Pression de Bamako Comment donc parvenir à  un accord ? Compaoré est à  pied d’œuvre, avec les autorités maliennes et les Touaregs. L’opération devrait se dérouler par étapes. Selon une source à  l’AFP, il y aura des consultations séparées, puis des discussions avec les partenaires (France, ONU et Union africaine) et enfin un dialogue direct. Le MNLA a envoyé le chef Bilal Ag Cherif, Bamako sera représenté par Tiébilé Dramé et le MIA par son secrétaire général, Algabass Ag Intalla, au nom du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), organisation qui veut fédérer tous les groupes armés encore installés dans le Nord. Cette dernière a indiqué qu’elle ne s’opposerait pas à  la tenue d’élections, afin qu’un « pouvoir légitime » puisse être installé, ainsi qu’un « président élu », avec qui « il y aura des négociations sur l’avenir de l’Azawad ». Le MNLA de son côté avait indiqué se tenir prêt à  permettre la tenue du scrutin mais a réclamé qu’il soit sécurisé par l’ONU et non par l’armée malienne. L’entrée des militaires semblaient donc, voici quelques jours, une option encore écartée. Sauf que lundi, le chef de l’Etat malien par intérim, Dioucounda Traoré, de passage à  Paris, s’est voulu plus ferme et a assuré que « l’armée malienne doit être à  Kidal avant le premier tour […] Nous sommes déjà  engagés dans un processus de dialogue. Kidal sera libérée ». Réelle intransigeance ou simple coup de pression avant le début des négociations ? Cette déclaration a en tout cas froissé quelque peu les Touaregs à  qui a été proposé que seule l’administration malienne pénètre dans la zone, provisoirement. Un compromis possible L’enjeu à  Ouagadougou doit, a priori, se concentrer sur un accord intérimaire. « Cela peut-être une solution transitoire, le temps du scrutin », admet une source diplomatique française. « Il y a une urgence, ce sont les élections. Cela implique une administration civile qui puisse fonctionner sans avoir la peur au ventre. Ensuite on pourra avoir quelque chose de plus complet… », explique la même source. Et de reconnaà®tre : « Il n’y aura certainement pas un transfert général de compétences du jour au lendemain entre le MNLA qui exerce réellement sur la zone et le retour plein à  la souveraineté malienne dans toutes ses formes ». Paris, impatient de voir reprendre les négociations, se dit enfin « relativement optimiste » depuis que le médiateur est entré dans les discussions. Selon une autre source proche de l’Elysée, « les autorités maliennes ont donné des signes forts de vouloir pousser le dialogue et la réconciliation avec des groupes comme le MNLA ». Avant d’ajouter : « il y a aussi une compréhension du côté du MNLA qu’il faut que leurs revendications soient raisonnables ». Le rôle de la France Reste à  savoir quel sera le rôle de la France dans l’organisation de ces élections. Toujours en première ligne, même sur le plan politique, elle devrait jouer un rôle de supervision, bien qu’elle se défende de toute implication dans les affaires maliennes. « Dans certaines régions compliquées, l’administration malienne doit être transportée et aidée. Le mandat des Nations unis n’est pas un mandat de supervision des élections, mais la sécurisation sera le fait de la Minusma installée », explique une source diplomatique avant de préciser : « On aidera si nécessaire ». Si les Maliens restent reconnaissants envers François Hollande pour son intervention, la France supporte quelques critiques sur son indulgence envers le MNLA, désigné par les populations comme les principaux responsables de la crise. La France a en effet toujours ménagé un acteur encombrant mais précieux. Fins connaisseurs de la région, les Touaregs ont proposé leur aide pour aider la France à  débusquer les djihadistes, voire pour retrouver les otages français. De nombreux membres du MNLA séjournent souvent en France, alors même que des mandats d’arrêt ont été lancés contre eux par Bamako. Paris a toujours démenti tout traitement particulier. « Les discussions à  Ouagadougou vont permettre à  d’autres groupes que le MNLA de s’exprimer. Tous ont vocation à  participer au dialogue ». Reste un problème non résolu pour la France : le désarmement des groupes touaregs. Au quai d’Orsay, on indiquait qu’il était nécessaire que le MNLA dépose les armes et pourquoi pas, que le mouvement devienne un parti politique. Cette hypothèse n’a pour l’instant pas été reprise et des mesures de cantonnement ne sont pas l’ordre du jour. « La ligne des Touaregs fluctue, mais il est certain que nous ne pouvons pas souhaiter un parti armé », indique un responsable diplomatique. « Nous souhaitons que toutes les forces qui se disent politiques soient désarmées pour qu’elles puissent entrer dans un cadre démocratique. Si le MNLA devenait un parti politique, ce serait positif ». Si un accord n’est pas trouvé à  Ouagadougou, le calendrier électoral pourrait être chamboulé.

Ça Vous Regarde : « Mali : vers la fin du conflit ? »

Le Mali parviendra-t-il à  trouver une stabilité politique et se reconstruire ? La France arrivera-t-elle à  éradiquer définitivement le terrorisme au Sahel ? Faut-il craindre des attentats islamistes sur le sol français ? Invités : – François Loncle, Député de l’Eure – Thierry Oberlé, Grand reporter au Figaro et co-auteur de Notre guerre secrète au Mali – Moussa Ag Assadir, fondateur du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) – Pierre Lellouche, député UMP de Paris

Paris fête Nollywood!

Il n’y a pas qu’Asa, la chanteuse nigériane née à  Paris, qui lie la France au Nigeria. Car l’Hexagone a maintenant son propre festival du cinéma nigérian, la Nollywood Week, dont la première édition, du 30 mai au 2 juin, présente sept productions made in Nigeria, toutes inédites en France. Aux commandes de ce festival inattendu, Serge Noukoue, qui a déjà  Âœuvré pour la connaissance du cinéma français au Brésil, et sa bande d’afficionados de films estampillés «Naija». Parmi les milliers de productions qui inondent le marché nigérian chaque année, un grand nombre de «films jetables». Les organisateurs du festival ont donc extirpé, au gré de voyages au Nigeria et de rencontres avec les cinéastes et les producteurs, sept petites «perles». Des films qui ont en commun d’avoir été des succès commerciaux au Nigeria et de posséder les qualités techniques et narratives pour intéresser le public français. Au programme, «une diversité dans les thèmes et le genres», résume Serge Noukoue. Le choix s’est, entre autres, porté sur Inalé, une comédie musicale qui suit les amours contrariées de la fille du roi du peuple Idoma, ou sur le bien moins léger Man on Ground, drame traitant de xénophobie en Afrique du Sud. Dans Last Flight to Abuja (« Aller sans retour »), un énorme succès au Nigeria en 2012, le réalisateur Obi Emelonye, dont la présence au festival est espérée, met, quant à  lui, en scène une catastrophe aérienne… Lisez la suite sur Slateafrique.com en recopiant ce lien dans la barre d’url http://www.slateafrique.com/238723/cinema-nollywood-week-nigeria-paris-films-festival

Guerre au Mali: “le gouvernement français actuel a un côté néoconservateur”

Pourquoi assurez-vous que l’intervention malienne était programmée de longue date ? Thierry Oberlé, (grand reporter habitué de la région sahélienne depuis une dizaine d’années) : On a vu venir la crise de loin. Plusieurs sources nous ont convaincus qu’il y aurait une intervention. A chacune de mes visites dans la région, “l’histoire” montait car, au fil du temps, l’Algérie a réussi à  repousser le conflit à  ses frontières. Quand J’arrive en février au Mali, le bouquin je l’ai dans le stylo depuis longtemps. Isabelle Lasserre, (grand reporter spécialiste des domaines de défense et de stratégie) : Au niveau de mes sources, dans l’armée notamment, je voyais aussi le truc venir depuis longtemps. Vous expliquez que les militaires français désiraient ardemment faire cette guerre… IL : Oui, ils grattaient des pieds. Les militaires pensaient qu’il fallait y aller, que cette guerre était plus indispensable que celle en Afghanistan. Est-ce pour cette raison que l’opération Serval trouve sa source dans “le plan requin”, rédigé par l’armée dès 2009 ? IL : Ce plan, je ne l’ai pas vu moi. En revanche, je sais qu’il existe et qu’il a été fait par le patron du CPCO (Centre de planification et de conduite des opérations) qui est chargé de planifier des opérations dans tous les pays o๠la France est susceptible d’intervenir, si le président le décide. Le CPCO travaille par exemple aujourd’hui sur des scénarios d’interventions françaises en Syrie. TO : Cette planification débute avec la multiplication des otages, à  partir de 2008, et le fait qu’Aqmi (Al-Qaida au Maghreb islamique) désigne la France comme son principal ennemi. Dans votre livre, vous semblez parfois presque admiratifs de cette opération militaire, non ? IL : Moi oui, tout à  fait. J’ai rarement vu une opération militaire aussi bien préparée que l’opération Serval. C’’est vraiment un modèle du genre, avec très peu de morts. Sur le sort des “terroristes” qu’il fallait “éliminer”, selon les mots du président de la République, on ne dispose d’aucune information précise… IL: C’’est normal, les mecs qui font le boulot ce sont les forces spéciales. Et on ne communique pas sur les forces spéciales. Comme en Afghanistan. Du coup, votre seule critique est que la France ne soit pas intervenue plus tôt ? IL : Cela aurait facilité la tache. TO : Quand il s’est créé une sorte de Malistan, peu peuplé, aussi grand que la France et occupé par des djihadistes, cela s’est avéré très déstabilisant pour l’ensemble de l’Afrique de l’ouest. On le voit au travers des documents d’Al-Qaida que la France a récupérés au Mali. Ils voulaient pacifier le Malistan et s’en servir comme base de départ pour déstabiliser toute la région. De plus, avec la multiplication des prises d’otages qui s’accumulaient au Niger, Aqmi se constituait un véritable trésor de guerre. Cette guerre ne contredit-elle pas le discours de Dakar o๠Hollande affirmait que les interventions de la France en Afrique, sans forces africaines, C’’était du passé ? IL : Oui, il y a avait deux promesses : plus jamais seuls et plus jamais de troupes au sol. Le problème, C’’est qu’à  moins d’être la Suisse, il y a un principe de réalité qui s’applique. On ne choisit pas ses guerres. Et aujourd’hui encore, à  part le Tchad et le Niger, il n’y a toujours pas de forces africaines conséquentes au Mali. Sur les raisons de l’intervention, vous évoquez également la sécurisation de la mine géante d’uranium d’Imouraren, au Niger, o๠Areva a investi un milliard d’euros. TO : Effectivement, Areva C’’est important, mais cela ne constitue pas le fondement de l’intervention. C’’est plus l’influence de la France dans la région qui était en jeu. Et le fait que personne d’autre ne voulait y aller. La guerre du Mali aurait-elle eu lieu sans l’intervention de la France en Libye ? TO : Il y a eu un pillage des arsenaux de Kadhafi. Ces armes se sont retrouvées au Mali avec, notamment, les combattants touareg qui se sont trouvés une nouvelle cause. IL : Pour moi, l’intervention de la France en Libye a accéléré et amplifié le phénomène. Mais cette intervention au Mali aurait eu lieu sans la guerre en Libye. La différence, C’’est que la France n’a pas communiqué sur les vrais buts de la guerre en Libye. C’’est-à -dire ? Et bien, tuer Kadhafi. Aujourd’hui, pour le Mali, le gouvernement socialiste n’a aucun complexe à  dire qu’on va rester après la guerre, qu’on va dégommer les terroristes… Ce problème de la communication et du choix des mots, vous écrivez qu’il a varié en fonction des étapes de la guerre. IL : Après hésitation, le gouvernement a communiqué sur le mot “terroriste”. Ensuite, C’’est le terme “djihadiste” qui a prévalu. Et depuis l’attaque au Niger de jeudi (23 mai) dernier, “terroriste” revient. C’’est très “néo con” tout ça. l’équipe du gouvernement actuel a un côté néoconservateur, à  la fois dans sa manière décomplexée de mener la guerre mais aussi dans sa rhétorique. Car ils assument de rentrer dans le choux “des salopards”. C’’est marrant que ce soit un pouvoir de gauche… Un général français que vous citez anonymement sous-entend qu’on ne “détruira” jamais totalement “les terroristes”. “On n’y arrive même pas en Corse”, ajoute-t-il. Résume-t-il l’esprit actuel de l’armée française ? IL : Les forces armées pensent qu’il va falloir rester là -bas. Et qu’on va continuer à  agir en Afrique régulièrement, comme on l’a toujours fait. TO : l’idée, C’’est aussi de dire que l’on sait désormais que l’on ne peut pas éradiquer le terrorisme. Il faut être habitué à  être confronté à  une menace de basse intensité. Et réaliser de manière ponctuelle des opérations. Vous évoquez brièvement “les carences de l’armée française” supplée par les à‰tats-Unis au Mali. N’est-ce pas étonnant que cette dépendance conséquente ne soit jamais évoquée ? IL : Oui, C’’est énorme. Il ne serait pas possible de faire cette guerre sans le soutien des Américains. On a des trous capacitaires dans plusieurs domaines : le renseignement type drone, le transport stratégique et le ravitaillement en vol. Pour cela, on dépend des Américains. Le général Desportes dit toujours : “on n’a pas d’autonomie stratégique car on ne peut faire la guerre que si les Américains veulent bien qu’on la fasse“.

Belmokhtar, vivant et toujours actif

Le djihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar a « supervisé lui-même » les attentats meurtriers commis jeudi 23 mai au Niger contre l’armée nigérienne et le groupe français Areva, a affirmé le porte-parole de son groupe, « Les Signataires par le sang », cité par l’agence mauritanienne en ligne Alakhbar. |b Opération « Abou Zeid »] D’après El-Hassen Ould Khlil, alias « Jouleibib », « plus d’une dizaine de combattants ont participé à  ces attaques », menées conjointement selon lui avec le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), qui avait auparavant revendiqué les attentats. Jouleibib a indiqué que l’opération avait été nommée du nom d’Abou Zeid, un des dirigeants d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), tué fin février dans le massif des Ifoghas (nord du Mali) par l’armée française. Mokhtar Belmokhtar, un ancien dirigeant d’AQMI, avait quitté ce groupe fin 2012 pour créer son propre mouvement, dont la première action d’envergure avait été une prise d’otages massive et sanguinaire en janvier sur un site gazier à  In Amenas, dans le sud de l’Algérie. La vengeance du « Borgne » Le président tchadien, Idriss Déby, dont l’armée intervient au Mali avec l’armée française, avait affirmé en avril que Belmokhtar s’était « fait exploser » peu après la mort d’Abou Zeid. La France avait confirmé le 23 mars la mort de ce dernier, mais pas celle de Mokhtar Belmokhtar, dit aussi « le Borgne ». « Nous allons lancer plus d’opérations » au Niger, affirme le groupe, en menaçant également la France et tous les pays engagés militairement au Mali. Le groupe, Les signataires par le sang, écrit dans son communiqué que les deux attentats de jeudi étaient sa « première réponse à  une déclaration du président du Niger, Mahamadou Issoufou, inspirée de ses maà®tres à  Paris, affirmant que les jihadistes ont été écrasés militairement » dans la région. Il menace de « déplacer la guerre (au Niger) si ce pays ne retire pas ses troupes de mercenaires engagées » au Mali. Menaces directes contre la France et la MISMA « Que la France sache qu’elle n’a réalisé qu’une victoire médiatique dans sa croisade », ajoute le groupe, en affirmant que son retrait des villes maliennes n’était qu’un « choix imposé par la loi de la guerre et la volonté de préserver le sang des musulmans ». « La France tente actuellement de fuir (le Mali) et d’y engager des mercenaires à  sa place », affirme encore le groupe en référence au remplacement progressif des troupes françaises par des unités africaines. « Nous prévenons tous les pays qui ont l’intention de participer à  cette croisade, même au nom du maintien de la paix, que nous allons leur faire goûter la saveur de la mort », poursuit le communiqué. « Les colonnes de jihadistes et de candidats au martyre se tiennent prêtes et n’attendent qu’un ordre pour foncer sur leurs cibles », indique le texte.

Sida: un vaccin curatif à l’étude

l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM)de France a donné le 24 janvier son autorisation au démarrage des essais cliniques de ce vaccin curatif, après un avis favorable délivré le 9 novembre 2012 par le Comité de protection des personnes (CPP). Le premier bénéfice escompté par ce vaccin serait de pouvoir remplacer la trithérapie, le traitement médicamenteux qui permet actuellement de traiter les malades du virus de l’immunodéficience humaine (VIH). « Ce n’est pas la fin du sida, ce n’est même pas le début de la fin, C’’est juste, peut-être, la fin du commencement », souligne dans le quotidien La Provence le directeur du laboratoire de biologie structurale de l’hôpital marseillais de la Timone, Erwann Loret, « l’inventeur » du vaccin mis au point par la structure marseillaise. Ces essais cliniques ont pour objectif de valider l’efficacité d’un vaccin thérapeutique contre le VIH-1 ciblant la protéine Tat, qui semble jouer un rôle majeur dans la persistance des cellules infectées par le virus. l’objectif de ce vaccin thérapeutique est de faire produire par le système immunitaire des anticorps qui neutralisent Tat pour permettre l’élimination des cellules infectées par le VIH-1. Le vaccin, qui doit être expérimenté sur l’homme, a donc une visée curative. Les résultats seront connus en 2015 Concrètement, 48 volontaires seront répartis en quatre groupes. Les patients des trois premiers groupes recevront trois injections intradermiques du vaccin espacées d’un mois, mais à  des doses différentes. Le quatrième groupe se verra administrer un placebo. Cette première phase a pour but, si aucun effet indésirable n’est observé, d’évaluer la dose optimale du vaccin. Cette dose sera déterminée à  l’issue de l’arrêt de deux mois de la trithérapie des volontaires et du constat que la charge virale reste indétectable pour un nombre significatif de patients. En cas de succès, une deuxième phase verra 80 patients traités pour moitié avec la dose optimale du vaccin tandis que l’autre groupe sera placé sous placebo. Cette nouvelle phase a pour but de démontrer l’efficacité du vaccin sur un groupe de patients statistiquement significatif. Ces essais se dérouleront en « double aveugle », C’’est-à -dire que ni le volontaire ni le médecin qui injectera le vaccin ne sauront si la seringue contient le vaccin ou le placebo, une méthode qui doit garantir scientifiquement les résultats des tests. Le début des essais cliniques et du recrutement des 48 patients volontaires pour participer aux essais cliniques ont débuté au mois de février. Les résultats des analyses des deux premières phases des essais devront être connues en décembre 2013. Si elles se révèlent concluantes, la deuxième phase portant sur 80 patients s’étalera ensuite entre janvier 2014 et mars 2015. La publication des résultats de la globalité des essais cliniques est attendue au mois de juin 2015.

Valérie Treirweiler à Bamako: tonalité humanitaire

Valérie Treirweiler sera à  Bamako les 15 et 16 mai 2013. L’information a été divulguée ce lundi 13 mai par l’entourage de Mme Treirweiler. Elle y est invitée par la Première dame, Doucouré Mintou Traoré qu’elle avait rencontrée lors d’un voyage en France de cette dernière. Lors de cette visite au Mali, il sera question de soutien aux enfants, aux femmes mais aussi aux «populations déplacées» du fait de la guerre, a-t-on précisé de même source dans son entourage. Mme Trierweiler a déjà  témoigné de son engagement sur les questions d’éducation et de jeunesse lors de déplacements en France, mais jamais encore à  l’étranger. Il s’agit de la première visite de la Première dame hors des frontières sans le président François Hollande. Lors de sa visite, Mme Treirweiler pourrait également plaider pour le déblocage des dossiers d’adoption d’enfants maliens par des familles françaises, dossiers bloqués depuis le début de la crise. Dioncounda et Hollande à  Bruxelles Alors que sa compagne arrive au Mali, le président François Hollande sera de son côté à  Bruxelles pour une conférence des donateurs pour le développement du Mali, à  laquelle doit aussi participer Dioncounda Traoré. Le président malien doit également s’entretenir avec François Hollande vendredi à  l’Elysée, d’après l’agenda du président français.

Hawa Dème : « Réussir en France en tant que femme africaine, c’est possible »

Aujourd’hui, cette détermination a payé. Cadre dans une société de gestion d’actifs (Asset management), Hawa Dème, 29ans, originaire du Mali, veut donner l’exemple. Frêle, physique de mannequin des années 2000 et regard assuré, Hawa me reçoit dans un bureau, installé dans son entreprise, dans le quartier chic de la tour Eiffel à  Paris. Chemise orange, pantalon gris et dossier à  la main, C’’est bien une femme commise à  un poste de responsabilité que J’ai rencontrée. Elle s’assoie à  une table, elle parle avec calme et sans faux fuyant. « C’’est important que les gens comprennent que C’’est possible. » lance t-elle avec conviction. A seulement 17 ans avec un bac économique obtenu au Lycée Technique de Bamako, elle quitte sa famille pour la France. « Je suis arrivée en 2001 pour mes études supérieures » . Et C’’est dans la ville de Metz qu’elle fait ses premiers pas. « J’ai effectué mon master en finance internationale à  l’Université Paul Verlaine de Metz. » Son master en poche, Hawa n’entend pas s’arrêter là . « Dynamique et ambitieuse jusqu’au bout », elle opte pour un MBA. Elle quitte Metz pour Paris, la ville lumière. « Je ne dois rien laisser passer » La qualité n’attend pas le nombre d’années. La petite fille des années 80 débute sa carrière comme consultante, et est aujourd’hui Responsable de la conformité et du contrôle interne (compliance officier) dans une société de gestion. Dans son entreprise, la native de Bamako a comme mission de s’assurer que la société respecte les règles « Je dois tout surveiller. Je suis au C’œur de l’activité. Tout doit être conforme aux procédures en place et je ne dois rien laisser passer. C’’est un secteur très règlementé » explique-t-elle avec passion. Faisant partie des plus chanceux, Hawa est consciente du défi à  relever. A la tête d’une association de cadres et étudiants ressortissants maliens en France, (ADEM : Association des Diplômés et Etudiants Maliens de France), elle a toujours été attirée par le social et le soutien des autres. Pour elle « guider les plus jeunes est une manière de contribuer au développement du Mali ». Mariée et mère d’une fille, cette jeune femme de 29 ans veut donner l’exemple par son dynamisme. « Aujourd’hui, on peut dire que C’’est tout à  fait possible : être noire, faire de bonnes études, réussir sa vie professionnelle et avoir une vie de famille. Et tout ça en France. » conclut-elle avec le sourire.