BNP-Paribas accusée de complicité dans le génocide rwandais

Une plainte a été déposée contre la banque française BNP-Paribas pour son implication dans le génocide rwandais.

Trois associations ont déposé une plainte mercredi 28 juin contre la banque BNP Paribas. L’ONG Sherpa et l’association Ibuka se sont jointes au collectif des parties civiles pour le Rwanda pour astreindre la banque française en justice qu’elle accuse de « complicités de génocide, de crime contre l’humanité et de crimes de guerre » pour avoir financé un achat d’armes au profit du gouvernement hutu de Kigali alors même qu’un embargo avait été décrété par les Nations-Unies.

Les faits remontent en 1994. Ente le 14 et le 16 juin de cette année, trois hommes, dont le colonel Bagosora surnommé le « cerveau du génocide » ont acheté des armes pour un montant de 1,3 millions de dollars. 80 tonnes d’armes, kalachnikov et munitions sont livrées au Zaire avant d’être acheminé vers le Rwanda. Une livraison confirmée par le colonel Bagosora lors de son procès devant le tribunal international pour le Rwanda en 2011 où une peine de 35 ans de prison lui a été affligée. La BNP Paribas a autorisé le virement des 1,3 millions de dollars sur le compte suisse de Petrus Willem Ehlers, un marchand d’armes sud-africain, qui a fourni les armes.

Quelques jours auparavant, d’autres banques dont la banque Bruxelles Lambert avaient refusé d’accéder à la demande du gouvernement rwandais. « Quand on est une banque, on a l’obligation de se renseigner sur la destination finale des fonds débloqués en cas de circonstance inhabituelles, or l’embargo et le génocide du Rwanda créaient un contexte inhabituel. Et deux lois, de 1990 et 1993, obligeaient à l’époque les banques à se montrer vigilante. C’est ce qu’a fait la banque Bruxelles Lambert, pas la BNP, qui ne pouvait pas ignorer que cette somme était destiné à acheter des armes » souligne Marie Laure Guislain, responsable du pôle globalisation et droits humains chez sherpa. Toutefois, elle précise que sur la dimension pénale, la complicité de génocide ne suppose pas « d’intention génocidaire », mais « d’avoir su que l’acte allait servir à la commission d’un génocide ».

Pour l’instant, la banque s’est abstenue de tout commentaire. « Nous avons appris le dépôt de cette plainte par voie médiatique, nous ne disposons pas d’éléments suffisants pour la commenter » a déclaré Olivier Durbize, responsable de la communication de BNP-Paribas.