Vives tensions à Kéniéba

Tout est parti, selon les premiers témoignages repris dans la presse, d’un conflit social dans la ville minière de l’ouest du Mali. Le cercle de Kéniéba abrite en effet la mine de Loulo Gounkoto, exploitée par Randgold.

Des critères d’embauche discriminatoires seraient à l’origine de la colère des jeunes de la ville qui ont violemment manifesté à Kéniéba et saccagé des biens publics. Ils avaient auparavant bloqué le travail dans la mine où des négociations avec la Direction n’ont pas permis de trouver une issue à leur revendication qui est la reprise automatique des jeunes qui ont effectué des stages de plusieurs mois au sein de la société mais qui qui ne sont pas recrutés, la société préférant la main d’oeuvre en provenance de Bamako ou d’ailleurs, selon les manifestants. Les forces de l’ordre ont finalement été déployées sur place mais  la situation a dégénéré et elles n’ont pu empêché l’incendie de la préfecture et des logements de plusieurs administrateurs le lundi 11 ainsi que celle d’un député de la localité. La ville se trouve en état de siège, rapportent des habitants. Il est également question de plusieurs morts et blessés, même si aucun bilan officiel n’est été communiqué. Le gouvernement a cependant publié une réaction ce lundi, indiquant que le lot de cartes d’électeurs récemment reçues et acheminées vers Kéniéba a été détruit dans l’incendie de la préfecture.

Au niveau de la mine, c’est le silence pour le moment. Une déclaration serait en  préparation pour faire la lumière sur la situation en cours depuis plusieurs jours. « Pourquoi aller s’attaquer à la préfecture ou au domicile du député si c’est avec la mine qu’on a des problèmes », s’interroge un cadre de la société qui pense que l’affaire a pris une autre tournure. Les jeunes manifestants, dont nombre n’ont aucun lien avec la mine, pointent eux un doigt accusateur sur la Société minière de Loulo Gounkoto (SOMILO, filialle de Randgold) qui « veut faire payer ceux qui osent parler ». Une procédure interne est en  effet en cours pour des sanctions disciplinaires de responsables du Bureau Communal employés dans la mine, que les manifestants qualifient de « chasse aux sorcières » et d’atteinte au droit d’activité syndicale ».

La publication prochaine du communiqué Randgold devrait permettre d’en savoir plus et peut-être de calmer la situation qui reste tendue dans la ville.