Corée du Nord : Menace numéro 1

Rien ne va plus entre les USA et la Corée du Nord, lancée dans une course à l’armement qui menace ses voisins régionaux et les intérêts américains dans cette région du monde. Le régime de Pyongyang s’est attiré les foudres de la nouvelle administration Trump, qui, par la voix de son secrétaire d’État, Rex Tillerson, a déclaré en Corée du Sud, en fin de semaine dernière, qu’une action militaire contre la Corée du Nord était possible si le pays continuait à développer son programme d’armement. « S’ils élèvent la menace de leur programme d’armes à un niveau qui, selon nous, nécessite une action, alors cette option est sur la table », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

La Corée du Nord, via son ministère des Affaires étrangères, a répondu « ne pas être effrayée » par cette possibilité, s’appuyant sur son programme nucléaire en expansion. Pour l’administration Trump, la Corée du Nord est aujourd’hui considérée comme la « menace numéro 1 ». Ce pays qui a constitué l’une des plus grandes armées permanentes dans le monde et dépense un quart estimé de son produit intérieur brut dans ses forces militaires a, pour l’année 2016, effectué deux essais nucléaires et pas moins de 24 essais de missiles balistiques.

Selon certains experts, la Corée du Nord pourrait mettre au point, dans quelques années, un missile nucléaire intercontinental capable d’atteindre le continent américain.

Cette menace est prise très au sérieux par l’armée américaine, qui a entamé le 13 mars dernier ses exercices militaires annuels conjoints avec la Corée du Sud, renforcés cette année par des armes stratégiques à grande capacité de destruction, plaçant Pyongyang et Washington dans un climat de forte tension.

 

Le tourbillon du début de l’ère Trump

En un peu plus de trois semaines à la Maison-Blanche, Donald Trump a multiplié les initiatives controversées, mais aussi connu ses premiers revers, de la suspension en justice de son décret anti-immigration à la démission de son conseiller à la sécurité nationale.

Le fameux décret anti-immigration

Photo: Alex Wroblewski Getty Images North America/Agence France-Presse

Le 27 janvier, Donald Trump signe le décret « Protection de la nation contre l’entrée aux États-Unis de terroristes étrangers ».

Cette interdiction temporaire d’entrée à l’encontre des ressortissants de sept pays musulmans et des réfugiés sème la confusion dans les aéroports et suscite un tollé dans le monde. Elle est aussi contestée dans la rue et attaquée par les plus grosses entreprises américaines de haute technologie, qui reposent énormément sur des talents étrangers.

Le 28 janvier, des associations de défense des droits civiques obtiennent d’un juge fédéral de New York qu’il empêche l’expulsion des personnes interpellées en vertu du décret.

Le 3 février, un juge fédéral de Seattle bloque temporairement l’application du décret sur l’ensemble du territoire américain. Décision confirmée le 9 février par la cour d’appel de San Francisco.

Le projet de mur à la frontière mexicaine

Photo: David McNew Agence France-Presse

Le 25 janvier, Donald Trump signe un décret lançant le projet de construction d’un mur à la frontière avec le Mexique pour endiguer l’immigration illégale, sa promesse de campagne la plus emblématique.

Le président mexicain Enrique Peña Nieto annule sa visite à Washington, prévue le 31 janvier, pour protester contre l’insistance de son homologue américain à vouloir faire financer par Mexico la construction du mur.

Trop proche de la Russie? 

Photo: Timothy A. Clary Agence France-PresseL’ancien conseiller à la sécurité nationale du président Trump, Michael Flynn

Le 13 février, Michael Flynn, conseiller à la sécurité nationale du président Trump, est contraint à la démission après des révélations de presse sur ses contacts inappropriés avec la Russie alors que Barack Obama était encore en fonctions.

« C’est une affaire intérieure aux États-Unis. […] Ce ne sont pas nos affaires », répond le lendemain le porte-parole du Kremlin.

L’Iran dans la mire du président 

Photo: Atta Kenare Agence France-PresseUne manifestation anti-Trump à Téhéran

Le 2 février, dans un tweet matinal, Donald Trump met en garde Téhéran après un récent tir de missile de l’Iran et qualifie de « désastreux » l’accord international sur le nucléaire iranien. Le lendemain, le Trésor américain prend des mesures de rétorsion contre 25 personnes et entités soupçonnées d’avoir apporté un soutien logistique ou matériel au programme balistique de Téhéran.

Le peuple d’Iran « fera regretter le langage de la menace », affirme le 10 février le président iranien Hassan Rohani.

Apaisement avec la Chine 

Le 9 février, le président américain apaise la Chine en assurant à son homologue Xi Jinping lors d’un entretien téléphonique qu’il respectera le « principe de la Chine unique » interdisant tout contact diplomatique entre des pays étrangers et Taïwan, deux mois après un coup de fil retentissant avec la présidente de l’île.

Une dent contre Obamacare et l’avortement 

Photo: Rhona Wise Agence France-Presse

Le jour même de son arrivée à la Maison-Blanche, le vendredi 20 janvier, le nouveau président signe un décret ordonnant à son administration d’accorder le plus d’exemptions possible à l’Obamacare, réforme de l’assurance-maladie de son prédécesseur.

Dans le viseur également : l’avortement. Le 23 janvier, Donald Trump signe un décret interdisant le financement d’ONG internationales qui pratiquent l’avortement ou militent pour rendre l’avortement légal.

Et il nomme à la Cour suprême un juge considéré comme hostile à l’avortement, Neil Gorsuch.

Les liens du sang et de l’argent

Photo: Saul Loeb Agence France-PresseIvanka Trump

Le 8 février, Donald Trump prend à partie sur Twitter l’enseigne Nordstrom pour avoir renoncé à vendre la ligne de vêtements de sa fille Ivanka. Une sortie qui renforce les craintes que la présidence Trump ne brouille les frontières entre politique, intérêts commerciaux et liens familiaux.

Car le président américain n’a pas entièrement coupé ses liens avec son empire immobilier, dont il a confié les rênes à ses deux fils aînés.

 

Le 18 février, la Trump Organization inaugurera un parcours de golf à Dubaï, sa première opération d’envergure depuis l’investiture du nouveau président.

 

Les médias, des adversaires « malhonnêtes »?

Photo: Don Emmert Agence France-Presse

« Je n’aime pas tweeter, mais je fais face à des médias malhonnêtes. […] C’est le seul moyen que j’ai pour contre-attaquer », avait expliqué Donald Trump à la chaîne Fox News la veille de son investiture.

Le 21 janvier, il s’en prend une nouvelle fois avec véhémence aux médias, accusés d’avoir menti sur l’estimation du nombre de personnes ayant assisté à sa prestation de serment. Les journalistes font partie « des êtres humains les plus malhonnêtes de la Terre », affirme-t-il.

USA : le conseiller à la sécurité nationale de Trump démissionne

Michael Flynn était au cœur d’une controverse pour avoir évoqué les sanctions contre Moscou avec l’ambassadeur russe, avant même d’être entré en poste.

Michael Flynn n’est plus le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump. Cet ancien général a démissionné de son poste, lundi 13 février, après avoir déclenché une importante controverse outre-Atlantique. En effet, il est accusé d’avoir évoqué les sanctions contre Moscou avec l’ambassadeur russe aux Etats-Unis, avant même d’être entré en fonction. Ce qui est formellement interdit par la loi américaine.

Des contacts prématurés avec le diplomate russe

A la fin décembre, Barack Obama ordonnait ces sanctions contre la Russie pour son ingérence présumée dans les élections américaines. Mais Michael Flynn aurait alors assuré au diplomate russe que Donald Trump serait beaucoup moins sévère à l’égard de Moscou. Certes, à cette époque, l’ancien général était déjà nommé conseiller auprès du président élu. Mais l’équipe de Donald Trump était encore en pleine période de transition, trois semaines avant l’investiture.

Un mensonge face à la presse

Pour ne rien arranger, le conseiller démissionnaire a également induit en erreur son propre camp, en particulier Mike Pence, futur vice-président. Face à la presse, début janvier, Michael Flynn avait déclaré que la conversation avec l’ambassadeur n’avait pas porté sur les sanctions, une affirmation reprise publiquement par Mike Pence. Dans sa lettre de démission, Michael Flynn présente ses excuses au vice-président et à Donald Trump.

Malheureusement, et en raison du rythme rapide des événements, j’ai par mégarde livré des informations incomplètes au vice-président et à d’autres, sur mes entretiens téléphoniques avec l’ambassadeur russe.

Michael Flynn dans sa lettre de démission

Une personnalité controversée depuis sa nomination

Michael Flynn a toujours défendu l’idée d’une relation plus proche avec la Russie. Il est donc rattrapé par sa volonté de rapprochement avec Moscou. L’ancien général était l’un des inspirateurs des idées de Donald Trump sur les questions internationales. Personnalité controversée, sa nomination avait suscité des remous.

Reste à savoir qui le remplacera. Le général Keith Kellogg, secrétaire général du conseil de sécurité nationale, va assurer l’intérim, le temps que le président Donald Trump trouve un successeur. Selon le responsable de la Maison Blanche, la candidature de David Petraeus, général à la retraite et ancien directeur de la CIA, est examinée.

Trump nomme « l’enragé » au poste de secrétaire de la Défense

Donald Trump a annoncé la nomination de James Mattis comme secrétaire de la défense des États-Unis. Ce général aguerri doit encore voir sa nomination confirmée par le congrès américain.

En effet, une loi interdit pendant sept ans aux anciens militaires d’accéder à la tête du Pentagone. Or James Mattis a quitté l’armée il y a seulement trois ans en 2013.

James Mattis, 66 ans est une figure légendaire dans l’armée américaine. « Nous allons nommer l’enragé secrétaire à la Défense, il est excellent ! » a annoncé Trump hier à Cincinnati lors d’une tournée de remerciement à ses soutiens. Le président élu avait promis lors de sa campagne d’intensifier la lutte contre le groupe État Islamique, le choix de Mathis s’imposait donc comme une évidence. « C’est le meilleur, les autres généraux disent que c’est ce qu’on a de plus proche du Général Georges Patton » a-t-il ajouté en faisant référence à celui qui s’était illustré lors de la seconde guerre mondiale.

Très respecté par ses troupes, connu pour son franc-parler et son aversion à l’encontre de l’Iran, le général a commandé sur les théâtres d’opération les plus difficiles. C’est d’ailleurs à la suite de missions en Irak et en Afghanistan que le surnom de Mad Dog ‘’l’enragé’’ lui est octroyé. Il a commandé une brigade des Marines pendant l’invasion de l’Afghanistan après le 11 septembre, avant de diriger la première division du corps des Marines en 2003, au début de la guerre d’Irak. Il a également mené l’offensive pour reprendre la ville de Fallujah en 2004. Un terrible bataille qui avait fait 800 morts dont 24 côté américains et près de 600 civils tués. Des dommages collatéraux, qui lui avaient valu des critiques. « Soyez poli, soyez professionnel, mais soyez prêts à tuez quiconque vous rencontrez » déclarait-il à la suite de cette bataille.

En 2005, il explique que « c’est vraiment amusant de se battre et marrant de descendre des gens ». Ces propos lui ont valu des remontrances de la part du Pentagone qui lui a tout de même maintenu sa confiance après qu’il se soit excusé. Face au tollé suscité par cette décision, le secrétaire à la Défense de l’époque Leon Panetta le décrivit comme « vif comme l’éclair et d’une résolution sans faille ».

Mathis c’est aussi une personnalité très atypique. Il est aussi surnommé ‘’le Moine’’ pour sa bibliothèque fourni. Il aurait environ 7000 œuvres qu’il distribue souvent à ses soldats comme liste de lecture. C’est aussi un célibataire endurci préférant « le nirvana intellectuel aux turpitudes de la vie avec une femme ».

En 2010, l’administration Obama, l’avait placé à la tête du commandement des forces américaines au Moyen-Orient. Mais ayant peur de ses prises de position, surtout sur l’Iran, la Maison Blanche le poussera vers la sortie. Dès lors, il quitta l’armée.

Si sa nomination est confirmée par le Sénat, il serait le premier général à la retraite à la tête du Pentagone depuis 1950.