Le 17 janvier 2012, le Mali basculait

Le 17 janvier 2012 éclatait la guerre du Mali, qui allait plonger le pays dans le chaos, trois ans durant. Cette guerre menée par des groupes indépendantistes alliés à des groupes djihadistes dans le Nord du Mali, fut, pour partie, une séquelle de la guerre en Libye lancée par la communauté internationale pour renverser la général Kadhafi, provoquant une vague de déstabilisation dans les pays de la région, dont le Mali. Une grande partie des mercenaires et de la grade prétorienne de Kadhafi, qui ont quitté la Libye après sa mort, étaient des Touaregs venant du Mali et du Niger. Quelques milliers d’hommes, revenus au pays avec armes et bagages, une rancune nourrissant un désir fort de revendication territoriale et une puissance de feu suffisante pour l’affirmer. La suite on l’a connaît, en deux mois, toutes les localités du Nord tombaient aux mains des groupes armés, le MNLA, les djihadistes d’Ansar Dine, d’Aqmi et du MUJAO, devenaient les maîtres du Nord, ce territoire qu’ils nomment Azawad.

L’impuissance du président Amadou Toumani Touré et de son armée entraîna un coup d’État. Le gouvernement chuta comme un château de cartes ; le capitaine Sanogo et ses mutins mettaient en place le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE). La junte prenait le pouvoir. Le 6 avril 2012, l’indépendance de l’Azawad était proclamée par les touaregs dans le Nord et le Mali basculait.

L’intervention française permit un an plus tard de chasser les terroristes au Nord, mais la flamme indépendantiste brûlaient encore chez les populations de l’Azawad, et les territoires du septentrion devinrent inaccessibles pour l’État malien et nombre d’habitants du Sud du pays.

Le 20 juin 2015, l’Accord de paix était signé, permettant au pays de sortir du tumulte. Aujourd’hui, à environ 18 mois de la signature de l’Accord, sa mise en œuvre fait du surplace, sans réelles avancées notables. Une de ces dispositions importantes, le MOC et les patrouilles mixtes, après divers retournements, devrait ces prochaines semaines être mis en application. Bien que les éléments des FAMA, de la Plateforme et de la CMA, sont enfin dans le camp MOC de Gao, nul ne peut dire comment ces troupes, chargées de sécuriser la région, arriveront à travailler ensemble en mettant de côté tout sentiment de rancune et de rivalité.

Si l’Azawad existe toujours, surtout dans le coeur des chefs des mouvement de l’ex-rebellion, qui font la pluie et le beau temps sur l’avenir des populations du Nord. Ces dernières pour la plupart, lassées par les combats et les privations, aspire à la paix, à rejoindre ce Mali, un temps si honni, plus pour le retour de l’administration, de l’école, de la santé, des services déconcentrés de l’État, qui changeront leur quotidien, eux, qui depuis ces années de guerre paient chèrement cet après-rébellion.

Les dates anniversaire servent à ça, tirer un bilan, se retourner sur le chemin parcouru, voir les perspectives. Mais, bien habile serait celui qui pourrait tracer les perspectives or du papier, tant la situation est floue et le futur incertain, notamment avec la situation au Centre, qui s’annonce, si rien n’est fait, comme la prochaine bombe malienne.

Malgré tout, en ce 17 janvier 2012, il reste une certaine volonté, dans la société malienne, de panser les plaies de cette triste histoire, de remettre sur pied un pays fragilisé, grévé par des luttes de pouvoir souvent mesquines que les dirigeants et les mouvements nous offrent.

La route est longue, mais il est nécessaire de repartir sur des bases solides et fortes. Cet anniversaire n’est peut-être pas à célèbrer mais il doit permettre de se souvenir que ce qui est arrivé en 2012, ne doit plus se reproduire.